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L'ANCIENNE BARONNIE DE LA ROCHE-BERNARD

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RÉSIDENCES DES BARONS DE LA ROCHE-BERNARD ET DE LEURS VASSAUX.

I. — LA ROCHE-BERNARD.

Il n'est pas douteux que Bernard ait établi son premier donjon sur le promontoire qui porte son nom ; on peut en être assuré, bien que le temps n'ait rien respecté de sa forteresse. Était-elle à l'extrémité des rochers du Ruicard, qui dominent immédiatement la Vilaine, près des restes de maçonnerie ancienne qui se voient sur le bord de l'escarpement, ou un peu en arrière ? Il est difficile de le dire aujourd'hui que le terrain a été modifié par l'ouverture de la nouvelle route de Férel, dans le flanc du coteau : en excavant les rochers, on a peut-être anéanti quelques vestiges qui nous auraient éclairé dans nos recherches. Si nous explorons la surface de l'emplacement qui formait la meilleure assiette, nous verrons une vieille tour qui mérite de nous arrêter : la construction circulaire qu'on nomme la Prison, au sud de la place du Bouffay, et qui, aujourd'hui, se trouve renfermée dans une petite cour, était autrefois sur le bord même de l'escarpement. Il est très possible qu'elle ait fait partie de l'enceinte fortifiée, derrière laquelle s'abritaient les fondateurs de la Roche. Cette tour ronde, de 3 mètres de diamètre, a l'aspect des constructions du XIIIème siècle [Note : Un acte de 1095 donne le nom d'oppidum à la résidence de Bernard. — « Bernardus opidi vocabulo Rupis dominus. » (Cart. de Redon, p. 340)]. Dans tous les cas elle est antérieure au XVIème siècle, puisqu'elle est masquée par deux hôtels de la Renaissance qui, faute de place sur l'escarpement, ont été obligés de descendre leur maçonnerie jusqu'au fond du vallon, pour tenir contre le rocher. De ce qu'elle a servi de prison, il ne faut pas conclure qu'elle a été construite pour cette destination. Il y a plus d'un exemple de transformation de château fort en lieu de détention. On sait qu'à Nantes la prison du Bouffay fut, à l'origine, la résidence des ducs de Bretagne.

Les deux derniers descendants directs de Bernard, Payen et Eudon, ayant suivi le parti de Charles de Blois, il est probable que Jean IV fit démanteler le château pour se venger. Les Montfort et les Laval, qui vinrent après, avaient de nombreuses résidences ; ils ne furent pas tentés de relever les ruines, ils se contentèrent d'entretenir un logement pour le châtelain et le prévôt qui percevaient leurs revenus.

Il existe cependant un document qui parle de l'existence d'un château fort, à la Roche-Bernard, au moment des guerres de la Ligue ; il le place sur la rive droite de la Vilaine, c'est-à-dire dans la paroisse de Marzan. L'auteur était sans doute étranger au pays ; il avait vu en passant les ruines du château de Lisle, qui est en aval, et il en fait une dépendance de la ville. Cette pièce est un rapport non signé, adressé à Philippe II, roi d'Espagne, pour lui indiquer ce qu'il conviendrait de préparer, dans le cas où il tenterait la conquête de la Bretagne. « En la rivière de Redon qui porte bateaux jusques à Rennes, il y a à l'entrée et au mellieur d'icelle unq chasteau que l'on nomme Roche-Bénard, duquel seroit besoing de s'emparer et y emploier promptement seullement deux mille livres pour le repparer. Le hâvre y est tout faict où les vaisseaulx y sont tousjours à flot et au calme. Il seroit nécessaire d'y mettre seullement cent soldats en garnison qui seront fort aysez à faire paier par les parroisses des environs. Mais lorsque l'on fera la prinse de Saint Lezaire (Saint-Nazaire-sur-Loire), il fault en mesme temps s'emparer dudit chasteau qui est accompaigné de l'aultre costé de l'eaus d'une petite ville, non fermée et touttefois riche et bonne et en bon païs, etc. » [Note : « Estat de ce qu'il est requis et nécessaire de faire en Bretagne pour le service du Roi, » 1591. (Arch. nationales, K. 1579.)].

L'auteur du mémoire aurait pu ajouter qu'il n'était pas nécessaire de pratiquer de grands travaux pour se retrancher à la Roche-Bernard, car la nature a accumulé, sur un seul point, tous les obstacles qu'on peut souhaiter pour une place de guerre. Du côté de Nantes, l'étang du Rodoir, profondément encaissé, ne laisse qu'un passage étroit au tracé de la route ; au midi un cours d'eau et un étier rempli par les marées coulent au pied d'un coteau très élevé, formé d'un entassement confus de rochers ; au nord les pentes du mamelon ne sont pas moins abruptes, et à l'ouest elles plongent leur pied dans les eaux bourbeuses de la Vilaine.

En creusant un fossé au bas de la place de l'église, on faisait un camp inexpugnable de 450 mètres de long sur 200 mètres de large. Ainsi cette petite ville n'avait pas besoin de mur d'enceinte, elle était suffisamment couverte par les obstacles naturels. Quelques auteurs se sont demandé inutilement si la Roche-Bernard était une ville close ; il est avéré qu'elle n'a jamais eu d'enceinte, et que, d'ailleurs, elle n'en avait pas besoin.

 

II. — LE CHATEAU DE LA BRETESCHE.

Après la bataille d'Auray, la baronnie de la Roche-Bernard tomba entre les mains de la puissante maison des Montfort-Laval ; alors s'ouvre une ère nouvelle de richesses et de faveurs, permettant les délassements et les dépenses de luxe. Raoul de Montfort, le mari d'Isabeau de la Roche, dernière descendante des barons de ce nom, doit être le premier seigneur qui voulut installer une résidence champêtre, loin des bords de la Vilaine. Il n'y a pas lieu de s'arrêter à l'examen de l'emplacement, voisin de la Couarde, en Saint-Dolay, que la carte désigne sous le nom de Château du Comte, au-dessus de l'étang de Kernevy ; il n'y avait là qu'une habitation ordinaire, peut-être un pavillon de repos. Il suffit de voir le champ qui contenait les ruines et le site environnant pour juger que cette appellation est absolument trompeuse. Personne n'y a vu même une apparence de tours et de fossés.

Le vallon de Missillac offrait, au contraire, toutes les conditions topographiques qu'on recherchait autrefois : un ruisseau dont le cours est abondant, un lit disposé en forme de bassin, large en amont, étroit en aval, un emplacement de chaussée commode, avec facilité de chute d'eau pour un moulin, et des rives prêtes à subir tous les terrassements désirables. C'est le lieu qui fixa le choix du baron, et où il jeta les bases de l'habitation qui est devenue le château de la Bretesche.

Avant d'entrer dans le détail de la description des châteaux qui se sont succédé, il est utile de dire en quoi l'assiette primitive a été modifiée. Aujourd'hui les fossés reçoivent leur approvisionnement d'eau directement de l'étang, et subissent toutes les variations de niveau qu'entraîne la succession des saisons, tandis qu'autrefois l'étang n'était qu'un réservoir absolument indépendant. La communication était fermée par une grande chaussée parallèle à la façade de l'est, munie de deux bondes à coulisses, par lesquelles on remplissait ou vidait les fossés du château à volonté, de telle sorte que, si l'ennemi parvenait à épuiser l'étang en ouvrant la vanne du moulin, l'eau restait néanmoins dans le périmètre de la ceinture fortifiée à la même hauteur.

A première vue et sans aucune étude, le visiteur s'aperçoit qu'il est en face de deux châteaux accolés l'un à l'autre, ayant une physionomie bien distincte. La partie qui comprend la grosse tour, située à l'angle nord-est, et les deux corps de logis, qui s'allongent à la suite vers le sud, ne sont pas de la même conception que le reste : c'est en effet le plan que nous considérons comme le plus ancien, celui que nous sommes tenté d'attribuer au sire de Montfort. L'impression du visiteur ne changera pas en examinant les soubassements et les ouvertures qui se dérobent dans les caves ou sous les eaux de l'étang. Les vestiges de la Bretesche du XIVème siècle sont encore assez nombreux pour que nous osions en parler avec quelques développements. Quand les eaux sont basses dans la douve du nord, on aperçoit les fondations d'une petite tour qui était destinée, avec la plus grosse, sa voisine, à protéger un passage ouvert de ce côté. En effet, l'entrée du castel se trouvait, non pas à l'ouest, mais au nord ; elle regardait la voie romaine de Saint-Gildas à Férel, dont nous avons signalé le tracé au chapitre par ailleurs, et à laquelle elle se rattachait au moyen d'une route qui porte encore le nom de Chemin du Comte. C'est là ce qui nous explique pourquoi les écuries et les basses-cours sont demeurées de ce côté jusqu'en 1830, bien que l'entrée fût reportée depuis des siècles à l'ouest.

Cette petite tour avait environ 4 mètres de diamètre, tandis que l'autre, sa voisine, en avait 12m50. Cette dernière, qu'on appelle tour de Liburin (Lez-Burin), sans doute parce qu'elle est dans la direction du village de ce nom, n'a pas changé dans ses soubassements : elle conserve ses 3m90 d'épaisseur et son petit appareil ; sa salle basse voûtée en plein cintre, ses meurtrières évasées, ses dimensions exceptionnelles, sa structure ronde, n'annoncent pas une construction du XIIIème siècle, et n'accusent pas non plus la manière de faire des architectes du XVème. Nous devons donc rechercher sa date dans l'époque intermédiaire, c'est-à-dire au temps où les tours massives étaient en usage. Nous savons que dans l'épaisseur des murs on avait pratiqué un escalier dont les marches n'avaient pas toutes disparu quand M. le comte de Montaigu.

En entreprit la restauration. Ce procédé qu'on retrouve dans le vieux donjon de Coucy est une marque d'antiquité : il fut également employé par les architectes qui ont bâti, dans la Loire-Inférieure, la fameuse tour d'Oudon, datée de 1380 d'une façon certaine, et la tour d'entrée du château de Blain, qui porte le chiffre du connétable de Clisson, mort en 1404 [Note : L'épaisseur des murs de la tour de Clisson, à Blain, est de 3m15. L'escalier a une largeur de 1m 35]. La tour de Liburin était à la Bretesche la pièce principale, comme dans les deux châteaux dont nous parlons ; elle y jouait le même rôle, et peut donc être regardée comme un édifice contemporain.

Le corps de logis en forme de galerie qui s'appuie sur la tour de Liburin, et le pavillon qui fait suite, au midi, remplacent deux autres constructions à peu près semblables, car l'architecte moderne, avant de rebâtir, a recherché les anciennes fondations pour les utiliser. Il serait même possible que le petit escalier de service actuel remplaçât, d'une façon exacte, l'escalier principal qui desservait les pièces d'habitation du castel.

Au delà des cuisines d'aujourd'hui et d'un gros mur biais de 3m d'épaisseur, qui était évidemment un mur extérieur, il existait une poterne très étroite, toujours visible dans les caves, qui s'ouvrait sur l'étang, et qui a tous les caractères de la construction du XIVème siècle. La tour dans laquelle elle était pratiquée, suivant les usages du temps, était ronde, et je ne serais pas étonné que sa maçonnerie tout entière fût masquée par la tour à pans coupés qu'on a édifiée, dans notre siècle, par amour de la symétrie. Elle est indiquée comme ronde dans un croquis de la Bretesche antérieur aux restaurations de M. Perron, en 1840.

Là s'arrêtait le castel du XIVème siècle ; il présentait, sur la façade de l'étang, un front de 45 mètres. A l'ouest, une courtine enveloppait sans doute une petite cour intérieure nivelée à la hauteur actuelle des cuisines, et reliait ensemble la porte et la poterne. Tel est le périmètre primitif que l'observation nous permet de présenter comme une probabilité très acceptable.

Une résidence même modeste a besoin de dépendances. Nous supposons que les constructeurs du XIVème siècle ne se sont pas bornés à occuper le petit espace que nous venons de décrire, mais qu'ils ont enclos également une basse-cour que leurs successeurs ont transformée plus tard en cour d'honneur, en exhaussant le terrain au moyen des déblais sortis des douves pendant leur élargissement.

Même réduite aux proportions que nous indiquons, l'habitation fortifiée des Montfort méritait mieux que le nom de Bretesche. A la mort de Raoul, en 1419, ses héritiers firent aveu au duc de Bretagne pour le « chastel, douves et foussés de la Bretesche », et ils ajoutent, dans l'acte, que tous les ans, le samedi de chaque semaine de carême, les habitants assujettis à la corvée de la plesse le renforçaient au moyen de haies et de palissades [Note : Aveux de la Roche-Bernard. (Archives départementales, série B)].

L'appellation de Bretesche n'éveille pas l'idée d'un château féodal aussi complet et aussi bien muni de défenses ; c'est pourquoi nous n'osons rien affirmer en ce qui touche les origines de la place.

En architecture militaire, c'est un terme qui s'emploie spécialement pour désigner une construction en bois dont la destination était de servir d'abri au poste d'avant-garde. Si les noms sont la représentation exacte des choses, nous sommes forcé d'en conclure que la somptueuse demeure que nous avons sous les yeux a eu des commencements très modestes. L'emplacement qu'elle occupe près du bourg de Missillac, à trois lieues de la Vilaine, se trouve entre deux grands chemins qui remontent aux Romains, non loin de leur point de rencontre, comme nous l'avons indiqué plus haut, c'est-à-dire entre deux courants de circulation qui, en temps de guerre, avaient besoin d'être surveillés. Il ne répugne pas de croire que les barons de la Roche aient voulu entretenir une petite garnison d'hommes d'armes, sur ce point, pour courir le pays, et les prévenir contre toute surprise de la part d'un ennemi quelconque, dès le temps des Croisades, ou tout au moins pendant la période agitée qu'on appelle la Guerre des Penthièvre contre les Montfort. Cependant ce n'est pas la première pensée qui se présente à l'esprit, quand on approche de la Bretesche actuelle, et qu'on la considère au point de vue pittoresque.

Ce château, qu'on serait tenté de prendre pour un lieu de plaisance ou un rendez-vous de chasse princier plutôt que pour une forteresse, offrait tous les avantages d'une retraite sûre, sans imposer à ses maîtres les tristesses d'un site abrupt et dénudé. La construction n'est pas sur un plateau aride, à la rencontre de deux vallées, imposant la terreur au loin par la hauteur de ses mâchicoulis, semblable à une sentinelle avancée qui veille jour et nuit. La Bretesche, adossée à une grande forêt, se cache dans le pli d'un vallon à pentes douces, et ne domine aucun passage, ni aucun gué. Elle paraît faite avant tout pour l'agrément de ses maîtres, non pour attaquer, mais plutôt pour attendre l'ennemi et se défendre au besoin.

Son aspect est riant, ses fenêtres s'ouvrent sur un vaste étang qui fait sa force, et sur des bois de haute futaie qui composent un paysage gracieux, bien autrement réjouissant pour les yeux que les bords austères de la Vilaine. Rien ici ne rappelle le séjour des rudes barons auxquels on était obligé d'imposer la Trève de Dieu ; au contraire, tout, jusqu'au site, nous parle de l'époque où les seigneurs, las de guerroyer, prenaient goût aux habitudes de la vie domestique et aux douceurs d'une demeure agréable.

Les Montfort ne manquaient pas de résidences, surtout après le jour où Jean épousa la comtesse Anne, la dernière héritière des Laval. Ils demeuraient trop peu de temps dans leur baronnie de la Roche-Bernard pour souffrir de l'exiguité du château de la Bretesche. Le comte de Laval, Guy XIV, ne le fréquentait qu'au temps de la chasse, nous dit le duc de Bretagne, François II [Note : « Le comte de Laval fréquentoit en temps de chace la maison et chatel de la Bretèche, laquelle estoit pour le temps assez petitement logée » (Lettres de 1466. Chancellerie de Bretagne, livre IV, fo 32)] ; cependant il voulut en faire le siège d'une véritable châtellenie. Son mariage avec Isabeau de Bretagne, la fille du duc Jean V, en 1430, l'aida singulièrement dans l'exécution de son projet, et lui procura les ressources dont il avait besoin, en le rapprochant de son suzerain. Jean V n'avait rien à refuser à son gendre, surtout quand il lui demandait à augmenter le nombre des forteresses qui devaient rehausser la valeur de son duché et intimider les Anglais victorieux. Il lui octroya la permission de percevoir à son profit, sur les ménages, les taxes foncières nommées fouages, et même l'impôt des boissons, nommé devoir de billot, dans l'étendue des paroisses de Nivillac, d'Assérac, d'Herbignac, de Missillac et de Saint-Dolay, et d'en employer le produit à augmenter les fortifications de la Bretesche.

Par un fragment de compte, on voit que le comte Guy IX recevait des allocations dès les années 1433 et 1434, détail précieux qui nous fournit la date des commencements du second château [Note : Ce don était destiné « à faire réparer et ediffier le chastel de la Bretesche uquel mondit seigneur desiroit au temps à venir y faire le plus de sa demeure et y faire faire certaines chambres et mesnages à sa plesance ». Compte du trésorier Guinot. (Cabinet du baron de Wismes)]. L'entreprise était trop considérable et trop dispendieuse pour être terminée en une seule campagne ; elle dura de longues années, et s'exécuta toujours avec le concours des vassaux de la baronnie. Il est avéré que, sous le duc François Ier, la fortification et le logis se continuaient avec les mêmes ressources, grâce à l'autorisation de ce prince, qui, à l'exemple de son prédécesseur, prorogeait toujours la levée du fouage et du billot [Note : Voir les Lettres du duc François II, au livre de la Chancellerie, n° 4, f° 32. (Archives de la Loire-Inférieure, B)]. Les actes constatent que, sous son règne, « iceulx maison et chastel furent et sont bon et grandement édifiiez ».

Cependant, malgré ces subventions répétées, le comte de Laval n'eut pas le plaisir de mettre la dernière main à l'œuvre qu'il avait entreprise. Quand il abandonna la baronnie de la Roche en apanage à son fils puîné, Jean de Laval, en 1453, il lui livra plus d'une tour inachevée. Il ne paraît pas que le connétable de Richemont, Arthur III, se soit intéressé aux embellissements de la baronnie de la Roche-Bernard.

François II, en 1466, considérant que la fortification de la Bretesche pouvait lui être utile le jour où il lutterait contre Louis XI, estimant qu'elle « estoit de nécessité pour le bien, sureté de la chose publique et du païs, » décida qu'elle serait terminée. La charte relate formellement qu'il veut la « perfection et accomplissement de l'édiffice desdits maison et chastel » [Note : Livre de la Chancellerie de Bretagne, n° 4, f° 32].

Pour y parvenir, le duc ordonna que, pendant quatre ans, le trésorier général, Landois, verserait, sur la recette des fouages des paroisses susnommées, la somme de 500 livres au baron de la Roche-Bernard, à la condition que celui-ci emploierait ce don « à la fortiffication et emparement de ladite place de la Bretesche et non ailleurs ». Jean de Laval ne trompa point la confiance de son suzerain, il finit la Bretesche et la mit en état de tenir garnison pendant l'invasion de l'armée de Charles VIII [Note : Le capitaine qui commandait la garnison de la Bretesche, de la part du duc, en 1488, se nommait Guillaume de Marbré. (Ogée, Dictionnaire de Bretagne, Missillac)]. D'après le document que nous citons, les travaux, commencés en 1430, se continuaient en 1466, et n'ont sans doute été terminés que vers 1470. Essayons d'en indiquer les résultats en les résumant.

La Bretesche, à la fin du XVème siècle, offrait l'aspect d'une véritable forteresse, capable de résister aux armes offensives qu'employaient alors les hommes de guerre. L'entrée, reportée à l'ouest, était défendue par deux tours rondes, très saillantes, de 11 à 12 mètres de diamètre, bâties en murailles de 3 mètres d'épaisseur, dans lesquelles on avait pratiqué quelques meurtrières et de rares fenêtres, dans le goût de celles qui se voient au château de Nantes. Au-dessus de la passerelle des piétons et du large pont-levis, deux couronnes de mâchicoulis menaçaient les assaillants.

Aux trois tours du siècle précédent, on avait ajouté une tour à l'est, du côté de l'étang, et deux tours au sud, reliées par des courtines crénelées. Ces deux dernières, plus petites que les autres, n'avaient que peu de diamètre : l'une d'elles a conservé le tiers de sa hauteur, l'autre est rasée jusqu'à la base. La ceinture défensive de la Bretesche se composait donc de huit tours rondes inégales, et décrivait un polygone dont les grands côtés regardaient le nord et l'est, et dont la surface embrassait une superficie de 75 ares, environ.

La partie habitable s'était accrue considérablement. Sur la façade de l'étang, on avait bâti, d'abord, un grand corps de logis à deux étages sur rez-de-chaussée, percés chacun de quatre fenêtres doubles, qui éclairaient de vastes salles de réception. Je n'ai rien à dire de la décoration intérieure, qui a été complètement ravagée par deux incendies.

Les murs extérieurs de la tour à pans coupés qui renferme l'escalier principal n'ont pas été touchés ; ils nous indiquent exactement quel était l'appareil employé par l'architecte du château, et nous aident à distinguer les remaniements postérieurs. Dans le pignon qui regarde le sud, on aperçoit encore dans la maçonnerie les montants d'une vaste cheminée de granit, qui faisait partie d'un autre corps de logis bâti en retour, et qui n'a pas été relevé. On ne conserve que le petit escalier de service qui en desservait les appartements et le chemin de ronde. Il y a encore un vestige de la construction du XVème siècle, que nous devons signaler : c'est la marque irrécusable de l'emplacement d'une cheminée qui se trouvait plaquée sur le mur extérieur du château, du côté de l'étang, à la hauteur du premier étage, à peu près vers le milieu de la galerie. D'après ce détail, nous devons supposer qu'il y avait là, dans le principe, une chambre en saillie, bâtie en forme d'échauguette, pour un guetteur qui surveillait une poterne ouverte en cet endroit, après la suppression de la poterne du XIVème siècle, dont nous avons parlé. On en comprendra mieux la nécessité quand nous aurons rappelé que les assiégés pouvaient s'esquiver de ce côté, quand ils étaient trop pressés à l'ouest, au moyen de la chaussée établie pour la retenue des douves, ou se retirer dans la forteresse, après avoir défendu cette chaussée, si les deux têtes de pont qui la protégeaient venaient à être enlevées par l'assaillant.

Un auteur rapporte, sans indiquer la source de ses informations, que le château de la Bretesche fut endommagé par un incendie, en l'an 1500, et ne nous instruit pas davantage sur les conséquences fâcheuses qui en furent la suite (Ogée, Dictionnaire de Bretagne).

Pendant les guerres de la Ligue, on devait craindre que la Bretesche ne fût assiégée ; cependant le péril n'était pas assez imminent pour que le capitaine fît exécuter des bastions et des éperons en maçonnerie. Il se borna, du côté le plus faible, à creuser quelques terrassements, et à établir des demi-lunes qui tenaient l'ennemi à une distance respectueuse du pont-levis, mais qui malheureusement ne l'empêchaient pas de le canonner. Ces tranchées sont sans doute l'ouvrage du prince de Dombes, lieutenant du roi Henri IV en Bretagne, lequel eut la mission d'organiser la défense contre les Ligueurs.

Nous possédons de lui une commission adressée au juge de la Roche-Bernard, à la date du 21 septembre 1589, dans laquelle il prescrit de lever un impôt de guerre, dont le produit était destiné à la solde de la garnison de la Bretesche. Son ordre de service désigne le chevalier de Carentoir comme capitaine du château, et comme lieutenant, le sieur de Saint-Ermé ; et il leur donne à commander trente chevau-légers et cinquante arquebusiers [Note : Le chevalier de Carentoir se nommait Jean Le Pelletier ; il était commandeur du Temple de Carentoir. (Enquête de 1604, E 1229, Arch. du département)].

Les précautions qu'on avait prises pour protéger la Bretesche furent impuissantes contre l'impétuosité des gens de Mercœur. Celui-ci se présenta sous ses murs avec du canon, au mois d'octobre 1591, et fit un feu si épouvantable que les assiégés ne purent résister (Voir la lettre de Louveau au chapitre du Protestantisme).

Les batteries du duc de Mercœur étaient placées auprès de la basse-cour actuelle ; de là elles dominaient l'entrée, et pouvaient prendre en écharpe les deux tours gardiennes du pont-levis. Malgré leur épaisseur, les murailles ne tinrent pas longtemps contre la canonnade des armes perfectionnées du XVIème siècle : elles s'écroulèrent dans les fossés avec leurs créneaux, et montrèrent, une fois de plus, la faiblesse des places féodales en face de l'artillerie à feu. En examinant de près l'appareil des pierres employées pour les réfections, on distingue parfaitement les parties entamées par le feu de Mercœur; il est visible que les brèches ont emporté le ventre de chaque tour dans toute la hauteur.

Les habitants de Nantes, qui étaient de fervents ligueurs, applaudirent en apprenant le succès de leur parti, mais ils blâmèrent le vainqueur quand ils surent qu'il se contentait de rançonner ses ennemis. Ils ne demandaient rien moins, dans leur pétition, que la démolition complète des fortifications, dans la crainte qu'elles ne servissent de nouvel abri aux protestants [Note : Livre des délibérations municipales. (Archives de Nantes)]. Le duc de Mercœur ne resta pas sourd à ces sollicitations, il convoqua les habitants d'Herbignac, et leur imposa la corvée de démolir les murailles [Note : Enquête de 1604. (Arch. dép. E. 1229)].

En lisant la description de l'état du château au temps de Louis XIV, faite à l'occasion de la réforme du papier terrier des Domaines Royaux, on acquiert la conviction que les démolisseurs se lassèrent vite dans leur œuvre de destruction. On lit en effet dans ce recueil, qui est de 1680, que le château de la Bretesche « est composé de grand corps de logis flanqué de 6 grosses tours, entouré de fossés et douves pleins d'eau, contrescarpes revestus de pierre, demi-lunes, première et seconde basse cour, orangerie, etc. » [Note : Vol. XVII, pp. 170-172. (Arch. de la Loire-Inférieure)].

Cent ans auparavant, un notaire ne l'aurait pas décrit autrement ; on doit donc croire que les ordres du duc de Mercœur n'ont pas causé de dégâts importants, et que le couronnement des tours seul est tombé après son passage. Les deux tours de l'entrée, sur lesquelles le feu s'était concentré, portent bien la marque des reconstructions telles qu'on les ordonnait après la Ligue, leurs murailles sont beaucoup moins épaisses dans leur développement que dans leurs amorces anciennes. M. de Coislin, qui se plaisait beaucoup à la Bretesche et qui, pour nous, est le restaurateur du pont-levis, n'a pu être autorisé à rebâtir qu'en acceptant, comme les autres seigneurs, la condition de ne pas dépasser trois pieds d'épaisseur. Ce n'est pas au moment où toutes les forteresses féodales tombaient sous les coups de Richelieu, qu'il aurait pu rendre à la Bretesche un aspect redoutable.

On est tenté de lui attribuer une transformation qui a complètement changé les lignes de la façade baignée par l'étang. Il existait une muraille beaucoup plus épaisse que du côté opposé, sur laquelle on avait appuyé une échauguette et un chemin de ronde pour surveiller le passage de la chaussée. Il est parvenu, en rasant tous les ouvrages de guerre, à créer une galerie très agréable au premier étage, et en élevant contre le mur extérieur cinq arcades massives et profondes qui augmentent notablement la largeur de l'ancien chemin de ronde. Cette addition est trop lourde et trop dénuée d'ornements pour qu'on puisse l'attribuer aux architectes de la Renaissance.

Quand la Révolution éclata, le comte de Boisgelin était loin de penser que son château pût jamais servir de centre de résistance ; il avait si peu prévu les conséquences des décrets de l'Assemblée Nationale qu'il n'avait même pas de quoi armer ses fermiers. Les commissaires du Directoire se présentèrent en juin 1792, pour faire une perquisition, et ne trouvèrent qu'un arsenal à peu près vide : Six obusiers ou perriers de fonte ; Trois fusils simples ; Deux piques et une lance ; Une paire de pistolets d'arçon, garnis en argent ; Une paire de pistolets de ceinture ; Trois poires à poudre ; Une gibecière garnie en cuivre ; Deux gibecières à plomb ; Un sceau rempli de mitraille [Note : Cartons du District de Guérande (Arch. dép. 4)].

L'inventaire général du château, qui fut dressé le 12 décembre 1792 et les jours suivants, constate qu'il existait à la lingerie 175 douzaines de serviettes, 185 nappes, 95 paires de draps, 17 douzaines de napperons, et le reste dans les mêmes proportions. Dans la cave et dans l'office on trouva les vins les plus recherchés : du Xérès, du Champagne, du Château-Lafitte, du Grave, du Médoc, du Barsac, du Château-Bonnier et du Madère. Nous connaissons ces détails intimes par le procès-verbal du 14 juillet 1793 [Note : Mobilier des Emigrés. Boisgelin. (Arch. dép. Q)].

Quant à l'argenterie, il n'en est pas question ; elle avait été sans doute emportée par M. de Boisgelin, quand il partit pour Paris. Les trente-deux chambres ou cabinets du château étaient remplis de mobilier de toute espèce, quelques-unes étaient ornées de tapisseries flamandes. Le tout fut laissé à la garde du citoyen Angenard, régisseur, qui fut obligé d'assister, sans mot dire, à la dilapidation et au pillage de tout ce que son maître avait amassé pendant de longues années. Ceux mêmes qui combattaient pour l'Ancien Régime ne respectaient pas mieux que les autres les propriétés seigneuriales.

La cave et le garde-meuble étant bien approvisionnés, il n'est pas surprenant que la Bretesche ait été assaillie de visiteurs. Le général Beysser, dans ses courses à travers le département, après l'insurrection de mars 1793, n'avait pas manqué de séjourner au château ; il y avait repris des forces avec ses hommes, en disposant de trente bouteilles d'eau-de-vie. C'est lui qui en fait part au Directoire du département : « Avant de quitter votre département, dit-il, je dois vous faire part d'un fait qui intéresse essentiellement votre administration. Le château de la Bretesche, qui, sous plusieurs rapports est une propriété nationale très intéressante, est, pour ainsi dire, au pillage. Les brigands qui plusieurs fois y ont cherché un asile ont brisé les scellés ; les meubles et effets sont ainsi à leur discrétion. Les vins qui y sont très précieux et en grande quantité sont abandonnés à la fidélité d'un concierge déjà très suspect » (Corresp. des généraux. Beysser).

Angenard était suspect, parce qu'il était dévoué à M. de Boisgelin, son maître. Il est douteux que la Nation ait eu le temps de faire vendre le mobilier ; on sait seulement que, le 14 juillet 1793, le Directoire fit enlever, sur des charrettes de réquisition, pour être dirigées sur Savenay, toutes les provisions et le linge que les troupes pouvaient utiliser en marche ou dans les hôpitaux. Les vins et la literie eurent toutes les préférences du commissaire Huard et de son escorte.

A la fin de la même année, 1793, le 17 octobre, la Bretesche était la proie des flammes, ses toitures s'effondraient ; cette riche demeure, embellie à grands frais, ornée d'un somptueux mobilier, n'offrait plus que l'aspect désolé d'une ruine. Le général Avril, qui surveillait la basse Loire et les rives de la Vilaine, en avait chassé les révoltés, et, dans la crainte qu'ils n'en fissent une place forte, il en avait ordonné la destruction. « J'étais instruit, écrit-il au district de Savenay, du passage de quarante coquins, qui vous ont été dénoncés par le district de Paimbœuf ; je leur ai donné la chasse dans la forêt de la Bretèche, et je me suis déterminé à mettre le feu au château dans la crainte que des brigands ne s'en emparent » [Note : Corresp. des généraux. (Arch. dép. Série L)].

Pendant cinq ans, la Bretesche demeura sans propriétaire. Elle fut vendue aux enchères, par la Nation, le 28 fructidor an VI, à M. Lebeau, qui paya son acquisition 400,000 francs, en assignats. Il est clair, que dans l'estimation, on avait compté pour rien l'habitation féodale des barons de la Roche. La ruine avait été complète, et l'effondrement total, après l'incendie allumé par Avril, comme le témoignent les lithographies qui parurent sous la Restauration. Jusqu'en 1830, on ne voyait que des tours tronquées et découronnées, des pignons noircis et dénudés, des ouvertures béantes, sans portes ni fenêtres, des murs à moitié renversés, des toitures et des plafonds écroulés. Les oiseaux de nuit et les corbeaux seuls pouvaient se faire un gîte au milieu de ces ruines.

M. Formon, député, qui devint propriétaire de la Bretesche sous Charles X, faisait une spéculation, sans penser à s'établir dans le pays ; il passa sans entreprendre la moindre restauration. M. Perron, son successeur, attiré par la beauté du site, comprit que cette résidence n'était pas perdue sans ressources, et qu'il était possible, en la relevant, de voir réapparaître quelque chose de sa physionomie primitive. Les murs du grand corps de logis du XVème siècle n'avaient pas souffert de l'épreuve de 1793 ; ils furent employés à soutenir de nouveaux planchers, de nouvelles toitures, et composèrent une habitation assez spacieuse qui suffit aux besoins de son propriétaire. L'escalier principal, qui était très dégradé, fut aussi refait du haut en bas, en gardant intacte la cage, et le travail a été exécuté avec autant de talent que par l'architecte primitif.

Du côté de l'étang la plus petite poterne était percée dans une tour ronde devenue disgracieuse ; elle fut masquée par les pans d'une nouvelle construction hexagone, qui n'est pas conforme au style général de l'édifice, mais qu'on accepte cependant comme le complément d'un ensemble. Elle fait pendant à une autre tour semblable qui est à l'angle sud, et qui, elle aussi, doit être une addition postérieure au XVème siècle. Là s'arrêtent les. restaurations entreprises par M. Perron, avec le concours de M. Lalande, architecte, et de M. Garreau, entrepreneur.

Le pavillon carré qui touche l'escalier, au nord, sortait à peine des fondations quand M. le marquis de Montaigu acquit le domaine de la Bretesche, en novembre 1847. Il s'empressa de terminer ce qui était commencé par son prédécesseur, et eut l'heureuse inspiration d'exécuter sur deux autres parties des améliorations que tous les visiteurs approuvent. Le vieux pont de bois qui conduisait au pont-levis a été remplacé par un beau pont de pierre, et le tas de décombres qui restait amoncelé au pied des murs, sur la façade de l'étang, a été d'abord nivelé, puis transformé en terrasse. Il restait à relever la grosse tour qui est au nord, et à la réunir aux autres parties du château, en utilisant les bases qui n'ont pas été ébranlées. M. le comte de Montaigu, qui est un admirateur de Viollet-Leduc et un ami éclairé des arts, a voulu que ce travail de restitution fût étudié avec conscience et exécuté avec le souci des vraisemblances. Sous la main de M. Boismen, son architecte, la tour de Liburin, avec le corps de logis qui la relie au pavillon carré, est devenue le bijou de la Bretesche, le morceau le plus achevé au point de vue du choix des matériaux et de la décoration. Nous n'avons pas la tour primitive, qui aurait été inhabitable et froide, mais nous avons une élégante tour du XVème siècle, en harmonie avec l'escalier principal, desservie elle-même par un escalier à vis qui tourne avec souplesse, et éclairée par des fenêtres dont le style est irréprochable.

Avec le concours de M. Le Diberder, son architecte actuel, M. le comte de Montaigu a continué les travaux de restauration des tours d'entrée, du pont-levis, des courtines ; puis l'intérieur du grand logis a été repris dans son ensemble et décoré dans le style du XVIème siècle, et, telle qu'elle est aujourd'hui, la belle masse du château de la Bretesche donne bien une idée de son importance à l'époque où Mercœur vint l'assiéger.

 

III. — LE CHATEAU DE LA ROCHE-HERVÉ.

Aucun territoire n'était mieux gardé que celui de Missillac. La Bretesche était environnée d'une ceinture de petites forteresses qui pouvaient avertir ses maîtres de l'approche de l'ennemi, sans pourtant l'arrêter, car aucune d'elles ne commande un passage. A défaut de rochers inaccessibles et de sommets escarpés, elles se sont établies à proximité d'un cours d'eau, pour s'en faire une barrière. La Roche-Hervé est dans une situation identique à celle de la Bretesche, elle se cache dans un vallon, sur les rives d'un vaste étang qui lui permet de doubler sa force de résistance. Les fossés sont creusés en rond dans un rocher assez résistant, dont les moellons ont été utilisés pour la construction des tours. Ce qu'était le château primitif, il est difficile de le dire aujourd'hui, c'est à peine si le second est reconnaissable sous le lierre et les transformations modernes qu'il a subies. Quand M. Terrien en est devenu propriétaire, les ruines étaient abandonnées depuis trop longtemps pour supporter une reconstruction dans le style primitif, comme à la Bretesche. Il a fallu raser plusieurs tours, et se servir simplement de leurs bases, pour y asseoir un logis habitable qui ne fût pas trop dispendieux. C'est à peine si l'emplacement du pont-levis peut être déterminé d'une façon certaine, tant la ceinture de courtines a subi de remaniements. L'entrée était placée à l'ouest, entre les deux plus grosses tours, et non dans l'endroit où le propriétaire a édifié un pont en bois pour arriver en voiture jusque dans la cour. Les anciens seigneurs arrivaient à cheval par la chaussée du moulin, le seul accès possible, et tournaient à gauche pour franchir le fossé. L'écartement des deux tours principales accuse une large porte, ce qui n'est pas conforme aux habitudes des premiers temps féodaux, et me fait présumer que nous sommes en face d'une forteresse remaniée.

J'attribue le choix de l'emplacement et les premiers travaux de retranchement au seigneur dont le nom est resté attaché aux ruines. La Roche-Hervé a été baptisée dans les mêmes circonstances que la Roche-Bernard, Château-Thébaud, et bien d'autres localités féodales. Hervé ne peut être que le nom du seigneur qui barra la vallée par une chaussée, construisit un moulin, et édifia un donjon sur le petit mamelon actuel qui domine l'étang. Quel est cet Hervé ? Je l'ai cherché parmi les descendants de Bernard, dans la pensée que celui-ci en avait fait un établissement pour l'un de ses fils, et je n'en ai trouvé aucun. Le premier Hervé qui se présente dans la lignée des seigneurs de la Roche-Hervé est un Hervé de Volvire de Ruffec, de la puissante famille des Volvire qui possédait, en Plessé, la baronnie de Fresnay. Dans la guerre de la succession, il avait pris parti pour Charles de Blois, et avait encouru la confiscation de ses domaines. Jean IV, néanmoins, lui restitua ses châteaux, mais à la condition qu'il ne les aliénerait pas sans son autorisation (Arch. de la Loire-Inférieure, E. 162).

D'après une mention authentique, conservée au papier terrier des Domaines, Hervé, par acte du 6 novembre 1396, fit don de sa terre de la Roche-Hervé à son fils Morice de Volvire. Il est à présumer qu'avant de l'installer il avait tout préparé pour lui offrir une demeure habitable et sûre (Arch. dép. B, sénéchaussée de Nantes. Sentences, vol. XV. f° 2). Le château de la Roche-Hervé serait donc une construction du XIVème siècle, augmentée au XVème siècle.

Je n'ai rien vu qui aille à l'encontre de cette conjecture. Les tours, au nombre de sept, sont rondes, de grandeur inégale ; leurs murs ont une épaisseur de 2 m 50, et les dernières meurtrières visibles sont faites pour les archers. On a ramassé, en nettoyant les fossés, un certain nombre de boulets en pierre qui attesteraient que les seigneurs ont été assiégés. Par qui et comment fut-il démantelé ? Nul ne le sait. On croit dans le pays qu'il est inhabitable depuis plusieurs siècles.

La Roche-Hervé a souvent changé de propriétaire. Aux Volvire ont succédé les Téhillac [Note : René de Téhillac, en 1549, était seigneur de Beaumont, de Téhillac et de la Roche-Hervé]. Au XVIIème siècle elle appartint à B. Lebreton, marquis du Colombier, époux de Gabrielle de Téhillac, puis aux Gabard ; au XVIIIème siècle aux Becdelièvre. Le dernier propriétaire, en 1790, était un Derval, le même que celui qui possédait la Haie-Eder.

 

IV. — LE CHATEAU DE LA HAIE-EDER.

Les seigneurs de la Haie-Eder étaient encore de ceux qui vivaient en relations étroites avec les barons de la Roche-Bernard, et remplissaient près d'eux des fonctions administratives ou judiciaires. La redevance de quarante-cinq charretées de bois, inscrite à leur profit dans les déclarations de domaines, devait être la rétribution de l'office de forestier qui leur était assigné dans la répartition des charges [Note : Voir la concession de Guy de Laval, à Pierre Eder, en récompense de ses services. (Arch. dép. E 439)]. Le siège de la maîtrise des eaux et forêts de la Roche était établi dans un auditoire, au bourg de Missillac, pour juger tous les délits de pêche et de chasse qui se commettaient dans le ressort de la Roche. Nous ne pouvons rien dire du château de la Haie, il a été rasé et remplacé par une grande maison moderne sans caractère. Le premier logis était dans la prairie basse qui s'étend au nord devant l'habitation ; c'était encore une demeure triste, humide, entourée d'une ceinture de douves toujours pleines d'eau, puisqu'elles étaient dans une dépression de terrain qu'on transformait à volonté en étang.

Le nom de Eder, ajouté à celui de la Haie, est venu de la famille Eder, établie à Beaumanoir, dans le comté de Rennes. Pierre Eder, qui vivait en 1430, eut pour successeurs Jean et Guillaume. Puis vient Jean de la Brosse en 1664, et la lignée des Derval, seigneurs de l'Espinefort, qui conservent la Haie jusqu'en 1790.

 

V. — LA COUR DE TEHILLAC ET LES CHATEAUX DE MISSILLAC.

Le nord du même territoire de Missillac était gardé par le château de la Cour, dont la silhouette n'a rien de pittoresque. Ses douves, taillées dans les marais de la Vilaine, faisaient toute sa force, et abritaient le manoir des sires de Téhillac, vieille famille établie là sans doute dès l'origine de la Féodalité, et qui ne s'est éteinte qu'au XVIIème siècle. G. de Téhillac vivait en 1360. Sa fille épousa Tristan de la Lande, qui eut pour successeurs François de la Lande, puis René de Téhillac, en 1549 : les Gabard au XVIIème siècle, et les Becdelièvre au XVIIIème siècle. Quand on a reconstruit le logis, au temps de Louis XIV, on a respecté un escalier en pierre, logé dans une tour ronde, et une porte ogivale, qui nous reportent au XVème siècle.

Les barons de la Roche-Bernard, en s'établissant à la Bretesche, avaient attiré autour d'eux beaucoup de gentilshommes qui leur faisaient cortège les jours de chasse, et bâtissaient des tourelles qui égayaient le paysage. Rollieu était habité en 1541 par Jean de Rollieu, en 1620 par R. de Mareuil, en 1626 par François de Bernières, puis par les Gabart et les Begasson.

La Haie-de-Ros, baptisée par la famille de Ros, venue de Nivillac, appartenait à Jean de Ros en 1561. Elle passa ensuite à Jean de Téhillac en 1605, puis à Cl. de Lesquen en 1634, aux Thomail, aux Lemaistre, aux Eslye, et enfin aux Cramezel de Kerhué, que nous retrouvons aussi au Crolan.

La Martinais, aussi nommée la Matinais, conserve le grand corps de logis où habitait Paul de Valladoux, marquis d'Arcy, en 1726. Il avait eu pour prédécesseurs O. du Bois Guéheneuc en 1681, X. Lemaistre en 1580, N. de Tregus en 1565, et Jean Éder en 1445.

Les Renouard étaient à la Chauvelière, les Pelaud à la Baronnie, les Avril à Couëmeur, les Langourla au Bois-Marqué, les Legall à Islac, dans des demeures bâties avec goût, après la Ligue, en pierre de granit, ornées de grandes salles, entourées de vastes dépendances qui dénotent que les propriétaires vivaient largement sur leurs terres. Les Laval avaient apporté avec eux le goût du luxe ; ils entraînèrent leur entourage dans le même mouvement, à tel point que les plus petits seigneurs voulurent les imiter.

On peut voir au Crolan un escalier à vis en ruines, qui n'est pas inférieur aux œuvres des meilleurs architectes de la Renaissance.

 

VI. - LES CHATEAUX DE SAINT-DOLAY.

La paroisse de Saint-Dolay possédait les châteaux du Plessis, de la Bernardière, du Clio, de la Fresnaie et de Cadouzan. Ce dernier était de beaucoup le plus important. La porte d'entrée est encore flanquée de deux grosses tours rondes, qui ne sont pas postérieures au XVème siècle, bien qu'elles soient reliées par un arc en plein cintre ; elle donne accès dans une immense cour, au fond de laquelle s'élève un logis style Henri IV, divisé en deux corps, et desservi au centre par un escalier monumental d'une ampleur rare. Les marches en pierre qui se succèdent jusqu'au second étage n'ont pas moins de deux mètres de longueur. On n'a rien changé au gros fossé qui délimite la réserve, et qui se développe sur quatre côtés, en forme de parallélogramme. Cadouzan a été habité par la famille du Beizit, au XVème siècle, puis par les Rogon, les Quelo et les Cramezel, au XVIIème siècle (Archives de la Loire-Inférieure, E 1355). P. de Jacques, seigneur de Saint-Marcel et de Hirel, était seigneur de Cadouzan, en 1689. Les Quelo reviennent ensuite au XVIIIème siècle.

 

VII. - LES CHATEAUX DE NIVILLAC.

Dans la paroisse de Nivillac, les terres nobles et les manoirs étaient aussi nombreux qu'en Missillac ; leur emplacement n'est plus guère indiqué que par un vieux portail en ruines, comme à Lormois. Le château de Condest était le mieux situé et le plus doté de prééminences féodales. Il a donné son nom à une famille qui s'est perpétuée jusqu'au XVIème siècle, et s'est fondue dans celle du Bois de Baulac, en 1553 [Note : Sur la famille de Condest, on peut consulter les articles E 139, 142, 162, 164, 1355. (Archives de la Loire-Inférieure.)]. Les Guillermo viennent ensuite, et les Dupont d'Aubevoie de la Roussière, au temps de Louis XV.

La terre de Lormois donnait des produits dont nous pouvons mesurer l'étendue par les vastes magasins de la Roche-Bernard, qui ont conservé le nom de Greniers de Lormoie. Les propriétaires qui ont joui de ce domaine sont : Tristan de la Lande, en 1427 ; X. de Trevecar, en 1451 ; N. Apvril, en 1600 ; et enfin les Talhouet de Bonamour.

Le château de Ros doit être classé aussi parmi les plus anciens. Ses derniers possesseurs, les seuls que nous connaissions, sont : N. Lelong de la Coudraie, en 1668 ; G. le Douarain, en 1700 ; J. Gastechair, en 1710, et X. Renouard, en 1775.

 

VIII. — LES CHATEAUX DE RANROUET ET D'HERBIGNAC.

Ranrouet est un château situé dans une position absolument inattendue, à un kilomètre du bourg d'Herbignac. Quand M. Bizeul a émis l'opinion qu'il devait être construit sur l'emplacement d'un vieux camp romain, il n'a pas regardé autour de lui. Jamais les conquérants de la Gaule ne se seraient établis dans un endroit bas et humide, loin de toutes les routes, sans autre horizon que celui des marécages de la Grande-Brière ; car telle est la situation de Ranrouet. Le pays environnant est plat, sans la moindre ondulation, et ne se prête pas du tout à l'établissement d'une forteresse. Il a fallu créer des étangs, établir des chaussées, creuser des fossés, faire un travail gigantesque pour se retrancher en cet endroit, et, comme l'eau pouvait manquer l'été, on a même été forcé de creuser une double ceinture sur les côtés faibles.

Il y a cent ans, cette demeure, d'un caractère absolument féodal, était encore habitable ; aujourd'hui, il ne faut y pénétrer qu'avec prudence, pour n'être pas blessé par les matériaux qui tombent de tous les côtés. Quand les habitants ont vu que les toitures n'étaient plus entretenues, que les portes restaient ouvertes, ils ne se sont pas fait scrupule d'emporter les plus belles pierres, et les propriétaires eux-mêmes ont puisé là, comme dans une carrière, pour reconstruire les fermes.

Malgré ces dévastations, les ruines de Ranrouet présentent un aspect imposant ; les tours d'entrée ont encore les fenêtres qui éclairaient les trois étages, fenêtres larges et spacieuses qu'on n'est pas habitué à rencontrer dans un château fort, à l'extérieur. Cette partie, qui est la plus ancienne, a été remaniée sans habileté ; la tour de gauche est bien plus saillante que celle de droite, ce qui produit un effet disgracieux, et la porte, étroite à l'excès, n'est ni assez large, ni assez haute pour un cavalier. Le logis principal était en face de l'entrée, au fond de la cour, comme à la Bretesche ; c'est à peine si l'on reconnaît l'emplacement des cheminées. L'enceinte se compose de six tours illégales, reliées par des courtines, dont les bases résistent encore aux injures du temps. La plus grosse, celle du nord, contenait de vastes salles où il était facile d'aménager de beaux appartements. Les mâchicoulis ont disparu ; en revanche, j'ai aperçu plusieurs meurtrières faites pour les armes à feu, couleuvrines ou fauconneaux. Je n'ai trouvé nulle trace de l'empreinte du XIVème siècle, tandis qu'au contraire, le XVème siècle s'accuse dans le plan, qui est polygonal, et dans la multiplicité des tours. Le château de Ranrouet a dû être construit sous Charles VII, à l'époque où les Anglais triomphants menaçaient de tout envahir. Le seigneur de Ranrouet, Pierre de Rieux, maréchal de Bretagne, tomba lui-même entre leurs mains et fut détenu en Angleterre jusqu'au moment où il consentit à grever son domaine. Le duc Jean V, dont il était le neveu, lui vint en aide en lui accordant quinze mille écus, qui devaient servir à racheter les terres d'Assérac et de Ranrouet engagées pour sa rançon (1431). Richard de Bretagne, futur beau-père du maréchal, les avait prises en gage de vingt-cinq mille écus d'or, chiffre considérable qui nous montre que la guerre n'avait pas ruiné les campagnes (Arch. dép., B. Concessions).

Un seigneur, aussi bien en cour que le maréchal, devait ambitionner une résidence capable de résister aux nouvelles armes en usage ; son crédit lui assurait le concours de son suzerain.

A l'exemple du comte de Laval, il a dû reconstruire le château sur un plan plus étendu, multiplier les tours, étendre et élargir les fossés, comme l'ont fait beaucoup de ses contemporains ; enfin, lui donner les dimensions que nous voyons. Bien que la fortification couvre une superficie de deux hectares et demi, elle ne peut entrer en comparaison avec celle de la Bretesche. Ici, tout est réduit, jusqu'à la porte d'entrée, qui ressemble à une simple poterne. Il y avait des usages féodaux qui ne permettaient pas au vassal de rivaliser avec son suzerain, quand bien même sa richesse personnelle lui en aurait fourni les moyens.

Nous ignorons si cette forteresse a été témoin de beaucoup d'exploits guerriers ; son nom ne figure pas dans nos annales du XIVème et du XVème siècle. Il faut arriver jusqu'à la Ligue pour saisir quelques détails sur les faits et gestes de ses maîtres. On est certain qu'elle fut une des places livrées au duc de Mercœur. Jean VI, marquis d'Assérac, s'était d'abord rangé dans le parti du Roi, puis il devint ligueur et se renferma dans le château de Ranrouet, avec ses hommes d'armes, pour imiter trop souvent ceux qui saccageaient le pays, sous prétexte de pourchasser les Protestants. Il amassa contre lui tant de haines, en donnant toute liberté à ses gens, que les États de 1614 signalèrent Ranrouet comme l'une des forteresses qui devaient être rasées après la pacification.

Le Roi approuva la démolition demandée et en ordonna l'exécution, mais sans succès, car son jeune âge favorisait l'insubordination. En 1616, les États assemblés à Rennes représentèrent au Roi que, malgré ses ordres, on a recommencé des fortifications à Ranrouet et ailleurs, « au très grand dommage de ses pauvres sujets » [Note : Nous devons la connaissance de ces documents à M. Trévédy. Revue hist. de l'Ouest, 4° année, Ve livraison, p. 550 et suivantes]. Dans le préambule de ses lettres patentes de 1618, Louis XIII rapporte encore qu'on a relevé les murailles qu'il a abattues. Il ordonne alors « que toutes les fortifications qui ont esté faictes à la maison de Ranrouet soient desmolies et les tranchées et autre travail faicts à l'entour de la basse cour d'icelle ruinés, sans toute fois faire préjudice à ce qui a pu estre restabli en la dite maison sur les antiens fondements ».

Cet acte nous explique pourquoi nous apercevons tant de traces de remaniements à l'entrée et dans l'intérieur. La date de 1639, qu'on aperçoit sur le bâtiment construit au fond de la place fortifiée, est sans doute celle de l'achèvement des travaux de restauration. La partie entretenue se réduisait à quelques appartements, dans lesquels les seigneurs n'habitaient qu'en passant, de loin en loin [Note : Des réparations furent faites au château de Ranrouet en 1736]. Ranrouet n'avait plus aucun attrait pour eux depuis que ses murailles étaient découronnées de leurs créneaux.

La puissante famille des Rieux, qui possédait ce domaine seigneurial au XVIIème siècle, ne manquait pas de résidences plus agréables. Jean-Gustave de Rieux était aussi comte de Châteauneuf et vicomte de Donges.

Le premier seigneur d'Assérac connu est désigné sous le nom de Frédor ; il devait appartenir à la même rare que Bernard de la Roche. Au XIIIème siècle, Thibaud de Rochefort, par suite d'un mariage, prend la succession et fonde une lignée qui, pendant un siècle, réunit dans ses mains la baronnie d'Ancenis, la vicomté de Donges, les seigneuries du Henleix, de Béac, de Quéhillac et bien d'autres. Puis, en 1374, arrive par mariage Jean II de Rieux, l'époux de Jeanne de Rochefort, qui installe sa famille à Ranrouet pour trois siècles [Note : Outre les PP. Anselme et du Pas, il faut voir, sur la généalogie des sires de Rieux, les travaux de M. de Kersauson et de M. Trévédy (Congrès archéol. de France, Nantes, 1886, p. 298 et 311, et Revue hist. de l'Ouest, 5ème année)].

La seigneurie d'Assérac fut longtemps une simple châtellenie sans prérogatives. Jean de Rieux, le lieutenant du Roi en Bretagne, sous le duc de Montpensier, obtint des lettres patentes du 27 septembre 1576, qui érigeaient son domaine en marquisat [Note : Mandements royaux, aux série B. et série E., n° 1169 (Archives de la Loire-Inférieure)]. Cent ans plus tard, Ranrouet passa aux mains de la famille de Lopriac, qui, à son tour, s'en dessaisit quelques années avant la Révolution, en faveur de Jean de Querhoent.

Les autres châteaux d'Herbignac ne méritent qu'une mention rapide ; leur construction et leur emplacement ne se prêtent à aucune description : ce sont de grandes maisons, dont le principal charme est dans les bois qui les environnent et dans le vaste horizon qui se développe devant la façade. Kerolivier, le plus important, appartenait, au siècle dernier, à la famille de Trevelec, Kerdavy aux Chomart, Kerrobort aux Corbun, Coëtcastel à C. de la Landelle, enfin, Trégrain, après avoir été aux du Verger et aux Le Pennec au temps de la Ligue, tomba dans la famille de Sesmaisons.

 

IX. — LES CHATEAUX DE DREFFÉAC, DE CROSSAC ET DE SÉVÉRAC.

Pour Beaubois, en Drefféac, je me bornerai à l'énumération des seigneurs qui l'ont habité. Comme toutes les anciennes résidences féodales, il a donné son nom à une famille représentée, en 1427, par Jean de Beaubois. La dernière fille de cette souche épousa G. Le Guennec, vers 1609, dont les successeurs furent remplacés par les Rogon, par les Lopriac et J. de Querhoent.

Belesbat, en Crossac, appartenait aussi aux Rogon en 1681. En 1790, M. Espivent de la Ville-Boisnet était seigneur de ce domaine.

Dans la paroisse de Sévérac, nous n'avons à mentionner qu'un seul château, la Cour, vaste habitation brûlée par les Huguenots et relevée sans prétention sous Louis XIII. Ses possesseurs se nommaient, au XVème siècle, Jean et Pierre de Sévérac, puis Henri de Parisis de Keroualan et Pierre de Langournez en 1510. François de Banquet, président au Parlement de Bordeaux, et son épouse Jeanne de Chaffaux, vendirent la Cour de Sévérac, en 1555, à Radegonde des Déserts, dame de Bois du Lys ; enfin, les Talhouët s'y installèrent par acquisition, en 1592, pour y demeurer jusqu'à la Révolution [Note : La paroisse de Sévérac aux XVIIème et XVIIIème siècles, d'après les registres des anciens recteurs, par H. Le Gouvello, br. in-18. Redon, 1877].

(L. Maître).

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