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L'ANCIENNE BARONNIE DE LA ROCHE-BERNARD

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LES BARONS DE LA ROCHE-BERNARD.

L'histoire des sires de la Roche-Bernard est curieuse à plus d'un titre, elle nous fait assister à la création et à l'application du système féodal dans le comté nantais. Le nom seul de Bernard est un document, il est germain, sans aucun doute, et nous indique que le premier auteur de nos barons n'était pas un descendant de ces Bretons qui, chassés par les Saxons de la Grande-Bretagne, vinrent se réfugier en Armorique, à la fin du Vème siècle. Ce Bernard ne pouvait être que le chef de l'une des bandes de pirates, connus sous le nom de Normands, qui, pendant deux siècles, ravagèrent nos côtes occidentales, et, contre lesquels Alain Barbetorte lui-même fut obligé de guerroyer. Cette origine paraît d'autant plus certaine que parmi les petits-fils de Bernard nous en trouvons un qui porte le nom de Normand (Normandus). Un breton n'aurait pas baptisé de la sorte son héritier, à une époque où le nom des Normands était abhorré [Note : M. l'abbé Le Mené a ébauché la lignée des sires de la Roche-Bernard. (Bull. de la Soc. polym. du Morbihan, 1879)].

Bernard ne vint pas seul, il avait des frères, des parents, des compagnons qui se groupèrent autour de lui et se partagèrent les terres des alentours. Coquard, Normandeau, Richard, Fredor, Daniel, dont les noms figurent dans les chartes du prieuré de Penbé, en Assérac, ne sont pas de race bretonne ; ils appartiennent à la famille de Bernard et gravitent sans cesse dans l'orbite du seigneur de la Roche [Note : « Aliique stirpis illius toparchae consensu prolis, necnon totius consanguinitatis. » ( Cartulaire de Redon, pp. 314, 315, 340, 441, 445)].

Un texte contemporain nous rapporte que Bernard avait des ennemis acharnés et qu'il succomba sous leurs coups. Nous n'en sommes pas surpris. Il n'était pas facile de faire oublier qu'il était de la race des adversaires les plus redoutés du royaume d'Erispoë, et qu'il avait peut-être lui-même commandé plus d'une expédition meurtrière et allumé plus d'un incendie.

RIVALLON.

Son fils Rivallon vengea sa mort en exterminant ses meurtriers, mais il périt lui-même dans la lutte (D. Morice, Histoire de Bretagne, Preuves, tome I, col. 373). Cette double immolation fut considérée sans doute comme une expiation suffisante, car les chartes de l'époque nous représentent leurs successeurs comme les propriétaires paisibles du territoire de la Roche-Bernard.

SIMON I.
Simon, second fils de Bernard, jouissait d'un pouvoir si étendu et d'une souveraineté si bien assise sur la contrée, qu'il put librement détacher une portion de ses domaines, pour en faire un fief ecclésiastique, un bien de main-morte, aussi étendu que la paroisse de Saint-Gildas. Il parle dans les actes comme un feudataire de vieille souche et non comme le descendant d'un usufruitier ; il transfère ses droits à d'autres de sa pleine autorité, en invoquant uniquement l'hérédité.

En 1026, il construisit un monastère au lieu nommé Lampridic, et y installa une colonie de religieux qui ne vivaient pas du tout dans le désert. La charte de donation dit formellement qu'il leur abandonne tous les droits fonciers et seigneuriaux qu'il exerce tant sur les nobles que sur les roturiers du pays, et la propriété du bourg où s'élève l'abbaye [Note : « Omnia jura et domania que in tota contreda et parrochia Sancti Gildasii tam super militibus quam super villanis jure hereditario possideo. » Dom Morice, Pr., tome I]. Le donateur veut honorer saint Gildas, dit-il, mais il désire aussi s'assurer une grande abondance de prières pour obtenir la rémission de ses péchés. Ainsi, dès la seconde génération, ces terribles hommes du Nord sont déjà domptés par l'ascendant de la civilisation chrétienne ; de loups ravisseurs et sanguinaires, ils deviennent des agneaux dociles ; les persécuteurs se transforment en fils soumis de l'Eglise. Simon vivait aussi en bonne intelligence avec le souverain de la Bretagne, puisque celui-ci l'appela au nombre des témoins qui assistèrent aux formalités de la donation de Belle-Ile à l'abbaye de Redon (D. Morice, Pr., t. I, col. 357).

BERNARD II.
Bernard fils de Simon, fut, comme son père, un des bienfaiteurs de la même abbaye. A la terre de Camarel que les religieux avaient reçue de Simon, en 1026, il ajouta la dîme de tous ses revenus, à la condition qu'ils célébreraient à perpétuité la messe au bourg de la Roche-Bernard (D. Morice, Pr., t. I, col. 422). Cet acte était gros de conséquences pour l'avenir, il entraînait la création d'une succursale ou trève dans la paroisse mère de Nivillac : c'est là sans doute l'origine de la chapelle de Notre-Dame élevée près de la Vilaine et rattachée plus tard à Notre-Dame de Penbé en Assérac (Cartulaire de Redon, 314, 340). Quand il appela les religieux de Saint-Gildas, après ceux de Redon, il ne fut pas moins généreux pour ces derniers. Il leur donna la dîme de tous les vins transportés par la Vilaine, en montant ou en descendant, la moitié du produit des taxes perçues au passage de la Roche, la moitié des impôts et amendes qui se prélevaient par les prévôts des moissons et des routes, et la moitié des revenus du moulin de Pomena (D. Morice, Pr., t. I, col. 494). Dans la frairie de Cran, Bernard jouissait de droits de corvée, de partage sur les moutons et sur le froment, et de taille sur les étagers ; il les abandonna tous pour l'entretien du prieur de Saint-Jacques de la Roche [Note : Bernard, en 1076, assistait parmi les conseillers du comte Hoël à une donation de l'évêque Quiriac en faveur de Quimperlé. (Cartulaire manuscrit de Quimperlé, n° 58)]. Ce fait se passait vers l'an 1100.

Il était alors bien près de sa fin, car il n'eut même pas la force de déposer lui-même, suivant l'usage, le contrat de donation sur l'autel. Ses fils s'acquittèrent de cette formalité et le firent transporter à l'abbaye de Saint-Gildas où il voulut mourir sous l'habit religieux.

RIVALLON.
Rivallon, fils de Bernard, paraît, vers 1096, dans une concession gracieuse faite au prieuré de Pontchâteau (D. Morice, Pr., t. I, col. 473). Il vit la réconciliation de l'église de Redon, en 1127, et assista à la donation qu'Olivier de Pont-Château souscrivit, en 1131, en faveur de l'abbaye de Redon. Il eut trois fils qui n'ont pas laissé de traces. Son frère Simon paraît être le père du suivant [Note : Simon de la Roche est témoin dans une donation du comte Mathias à l'abbaye de Quimperlé en 1091. (Cartulaire manuscrit, n° 60)].

IOSSELIN.
Iosselin est connu par les libéralités qu'il fit, en 1116, à l'abbaye de Blanche-Couronne et au prieuré de Pont-Château, en présence de sa femme Agathe, de son fils Olivier, de sa sœur Agnès, dame de Pont-Château, et de sa nièce Hilarie (Dom Morice, Pr., t. I, 912, 531).

OLIVIER.
Olivier, fils aîné de Josselin, figure dans plusieurs actes de donation, notamment dans la fondation de l'abbaye de Bon-Repos, qui eut lieu en 1181 (Dom Morice, Pr., t. I, 588, 653, 697, 769). Plus tard, avec le consentement de sa mère et de ses frères, il fonda deux chapellenies à l'église de Saint-Gildas, vers 1199, afin, dit-il, de racheter l'énormité de ses fautes. On ne sait pas si ce personnage est le même qu'Olivier de la Roche, qui combattit à Bouvines, en 1216, parmi les chevaliers bannerets.

JOSSELIN II.
Josselin II, arrière-petit-fils de Josselin I, comme il le dit lui-même dans une charte, vivait dans la première moitié du XIIIème siècle. Il perdit sa femme Stéphanie en mai 1239, et la fit enterrer dans l'église de l'abbaye de Blanche-Couronne à laquelle il donna une saline en partant pour la Croisade [Note : Archives de la Loire-Inférieure, série H, nos 1, 7 et 20]. Il confirma aussi les mêmes religieux dans la possession d'autres salines et de moulins dont ils jouissaient du temps de Josselin, son bisaïeul (atavus), et fonda une chapellenie à l'autel Saint-Georges nouvellement érigé dans l'abbaye. Il se remaria à Mahaud de Montfort, qui lui donna un fils du nom d'Alain (Dom Morice, Pr., t. 1, 912).

GUILLAUME.
Guillaume de la Roche-Bernard, dont on ignore le père, vendit au duc de Bretagne Jean Le Roux ses droits de passage sur la Vilaine [Note : « Dedimus etiam passagium de Rupe Bernardi quod emimus a Guillelmo de Rocha, milite. » (D. Morice, Pr., t. I, col. 953)]. Il ne s'agit pas ici du péage qui se percevait au port de la Roche, mais d'un autre service de bac établi au gué de Lisle où ce prince avait bâti un château dans une sorte de presqu'île défendue par le fleuve (D. Morice, Pr., t. I, 953, 1006). Les moines de Prières auxquels il donna ce manoir, avec la coutume du passage, reçurent aussi, en 1252, des vignes et un pressoir situés près du port, de la Roche.

EUDON I.
Eudon ou Eon, qualifié écuyer vers 1275, épousa, en 1279, Hermine de Lohéac, héritière de la seigneurie de Lohéac. En 1294, Eon comparaît dans le dénombrement de l'armée du duc de Bretagne qu'on nomme le Livre des Osts (Archives de la Loire-Inférieure, série E, n° 132). C'est là qu'il se reconnaît débiteur de trois chevaliers qu'il devait équiper par moitié avec le concours de Thibaud de Rochefort, son vassal, à raison de la terre d'Assérac. Il maria deux de ses enfants, en 1301, et ne mourut que quelques années après (Dom Morice, Pr., t. I, col. 1039, 1111, 1174). Le contre-sceau d'Eon, d'après dom Morice, portait pour armes d'or à l'aigle à deux têtes, éployé de sable, armé et becqué de gueules.

BERNARD III.
Bernard, fils d'Eudon, devint seigneur de Lohéac du chef de sa mère, vers 1289, et reconnut, en 1294, devoir au duc trois chevaliers d'ost à raison de ce domaine. Il épousa, en 1301, Amice de Léon et mourut, en 1306, sans postérité.

PAYEN.
Payen ou Péan, frère du précédent, portait un sceau mi-parti de Lohéac et de la Roche. Il épousa Isabeau, fille de Guy IX, seigneur de Laval et de Vitré, et périt au siège de la Roche-Derrien, en 1347, sous la bannière de Charles de Blois [Note : Dom Morice, Pr., t. II, col. 424. Duchesne, Histoire de la maison de Montmorency, le nomme Jean de Lohéac].

EUDON II.
Eudon ou Eon, fils de Payen, épousa Beatrix de Craon dont il eut quatre filles et un fils. Il jouissait, comme son père, des seigneuries de Lohéac, de Brécilien, de Plelan, de Néant et de Campzillon. Il suivit le parti de Charles de Blois sous le nom de Lohéac, et périt à la bataille d'Auray, le 29 septembre 1364.

 

MAISONS DE MONTFORT ET DE LAVAL.
Isabeau de Lohéac et de la Roche, fille du précédent, porta la terre de la Roche-Bernard dans la maison de Montfort en épousant Raoul VIII, sire de Montfort et de Gaël. Veuve en 1394, elle abandonna l'année suivante tous ses biens, c'est-à-dire les baronnies de Lohéac et de la Roche, en faveur de son fils Raoul, sire de Kergorlay (Arch. dép. de la Loire-Inférieure, E 224).

RAOUL DE MONTFORT.
Raoul, sire de Montfort et de Gaël, épousa Jeanne de Kergorlay. Il mourut le 19 septembre 1419, suivant une déclaration faite à la Chambre des comptes (Arch. dép., série B).

JEAN DE MONTFORT-LAVAL.
Jean, fils du précédent, épousa, le 22 janvier 1404, Anne, unique héritière de la maison de Laval, dont, il prit le nom et les armes. En revenant d'un pèlerinage aux Saints Lieux, il contracta la peste et mourut à Rhodes où il fut inhumé par les chevaliers de cette île, le 12 août 1414.

GUY XIV DE LAVAL.
Guy, vicomte de Rennes, comte de Laval, sire de Vitré, de Châteaubriant, de Montafilant, de Beaumanoir, de Montfort, etc., fils du précédent, épousa Isabeau, fille du duc Jean V de Bretagne (1430), puis Françoise de Dinan, la veuve du malheureux Gilles de Bretagne. Il jouissait des terres de Montfort, de Gaël, de Brécilien et obtint de Charles VII l'érection de la baronnie de Laval en comté. Il mourut le 2 septembre 1486. Jeanne d'Arc l'eut pour fidèle compagnon dans toutes ses expéditions.

JEAN DE LAVAL.
Jean, sire de Belle-Isle et de Beaufou, fils cadet de Guy XIV de Laval, épousa Jeanne du Perrier, comtesse de Quintin. Son père, par acte du 7 juin 1453, lui constitua un apanage comprenant la baronnie de la Roche, la châtellenie de la Bretesche et la terre de la Roche en Nort (Arch. dép., E 222). Il mourut en 1496.

NICOLAS DE LAVAL.
Nicolas, fils unique des précédents, eut la bonne fortune d'être aussi l'héritier de son oncle le comte de Laval, Guy XV. Après l'an 1500, il s'intitule comte de Caserte, de Laval, de Montfort, de Quintin, seigneur de Vitré, de Gâvre et de la Roche-Bernard, baron d'Aquigny. Il épousa d'abord Charlotte d'Aragon, puis Anne de Montmorency et enfin Antoinette de Daillon. Appelé par le roi François Ier aux fonctions de lieutenant général et d'amiral en Bretagne, il prit part à toutes les actions d'éclat de son époque, et s'illustra, en chassant les Anglais des côtes de Bretagne. Sa mort arriva en mai 1531 (Duchesne, Histoire de la maison de Montmorency, p. 577).

 

MAISON DE RIEUX.

CLAUDE DE RIEUX.
Claude, sire de Rieux et de Rochefort, comte d'Harcourt et d'Aumale, devint seigneur de la Roche-Bernard par son mariage avec Catherine, fille de Nicolas de Laval et de Charlotte d'Aragon, princesse de Tarente, en novembre 1518. Ils eurent deux filles, dont l'une, Claude, porta la seigneurie de la Roche dans la maison de Coligny. il mourut le 19 mai 1532.

 

MAISON DE COLIGNY.

DANDELOT.
François de Coligny, seigneur de Dandelot, colonel de l'infanterie française, connu sous le nom de Dandelot, épousa, en 1547, Claude de Rieux, qui mourut en 1561 et se fit enterrer à la Roche-Bernard, dans l'église de l'hôpital. François, qui mourut en 1570, voulut être inhumé près d'elle. Ils établirent un consistoire protestant à la Roche, appelèrent des ministres autour d'eux et firent prêcher dans tout l'Ouest l'évangile de la religion réformée.

PAUL DE COLIGNY.
Paul de Coligny, seigneur de Dandelot, fils aîné de François et de Claude de Rieux, comte d'Harcourt, de Laval, de Montfort, de Quintin, vicomte de Rennes et de Donges, seigneur de Vitré et de la Roche-Bernard, de Rieux, de Rochefort et de Largouet, d'Aubigné, de Lillebonne et de Becherel, épousa Anne d'Alègre, en 1583. Il alla au secours de Cambrai, assiégée par les Espagnols, et fit la guerre en Saintonge, sous le prince de Condé. Il mourut au château de Taillebourg en 1586.

FRANÇOIS DE COLIGNY.
François de Coligny, seigneur de Dandelot, fils unique du précédent et héritier de tous ses titres, était très lettré et très adroit dans les exercices du corps. Elevé à Sedan, dans la religion protestante, qu'il abjura ensuite, il fut exempt de la rigueur des lois, à cause de son jeune âge, et mis sous la tutelle de Charles de Lorraine. Maurice de Nassau l'emmena à la prise de l'Ecluse en 1604. Enfin, l'année suivante, étant allé chercher la gloire en Hongrie, il périt aux environs de Comorrh, en combattant les Turcs, sans laisser de postérité.

 

MAISON DE LA TRÉMOILLE.

HENRI.
Henri, prince de Talmont et de Tarente, duc de Thouars, marquis d'Espinay, comte de Montfort, de Laval, de Guines, de Benon, de Taillebourg et de Jonvelle, vicomte de Rennes et de Rays, hérita de la baronnie de la Roche-Bernard par représentation d'Anne de Laval, sa bisaïeule, laquelle avait épousé, en 1521, François de la Trémoïlle. En février 1606, Charlotte de Nassau, princesse de la Trémoïlle, veuve du comte de Laval, sa mère et sa tutrice, fit hommage au Roi en son nom pour la baronnie de la Roche [Note : Mandements royaux, livre XVI, f° 325 (Arch. de la Loire-Inférieure, B)]. La succession de son père étant très obérée  ; Henri fut obligé d'aliéner la baronnie [Note : Ce fait est consigné dans les trois permissions d'aliéner qui lui furent accordées en 1627, en 1634 et en 1654 (Ibidem, vol. XXIII, XXIV et XXIX)].

 

MAISON DE FERVAQUES.

GUILLAUME.
Guillaume de Haultemer, seigneur de Fervaques, maréchal de France, et Anne d'Alègre, son épouse, acquirent la baronnie de la Roche-Bernard. Les droits de lods et ventes étaient encore dus au receveur du Domaine, en 1636, à raison de cette acquisition, qui eut lieu avant 1622 [Note : Son nom figure parmi les créanciers opposants à l'adjudication (Ibidem, E 439)].

 

MAISON DE LORRAINE.

CHARLES.
Charles de Lorraine, pair et grand chambellan de France, duc de Chevreuse, se disait donataire et légataire d'Anne d'Alègre, dame de Fervaques. Ses créanciers ayant obtenu une sentence d'exécution contre lui, à la Chambre des Requêtes du Parlement de Paris, le 27 août 1622, pour une somme de 48.000 livres qu'il ne pouvait pas payer, la saisie fut mise sur ses domaines, et les panonceaux du Roi furent apposés au poteau de la halle de la Roche-Bernard, à la porte principale de toutes les églises du ressort et à la Bretesche. La première adjudication fut un bail judiciaire, la seconde, qui eut lieu au Parlement de Paris le 21 janvier 1636, fut une aliénation au profit de Charles du Cambout, pour la somme de 165.000 livres (Archives de la Loire-Inférieure, série E 439 et série B. Mandements, livre XXI, f° 10).

 

MAISON DE COISLIN.

CHARLES DU CAMBOUT.
Charles, premier marquis de Coislin, fils de François du Cambout et de Louise du Plessis-Richelieu, était, en 1613, lieutenant du duc de Vendôme et commandait, en 1620, une compagnie de chevau-légers. En 1624, son père, très avancé en âge, lui transmit par démission la baronnie de Pontchâteau ; et cette seigneurie lui donna dans le même année la présidence de la noblesse aux États de Bretagne. Il fut nommé, en janvier 1631, gouverneur de la ville de Brest et, au mois de septembre suivant, gouverneur commandant des évêchés de Saint-Brieuc, de Léon, de Quimper et de Tréguier. En 1634, sa terre de Coislin, paroisse de Cambon, fut érigée en marquisat. Les lettres patentes de cette érection sont conçues dans les termes les plus honorables ; on y rappelle les titres et les services du postulant et de ses ancêtres, leurs alliances avec les maisons de Richelieu, de Matignon, de Rohan et de Tournemine. Comblé d'honneurs et de dignités dans son pays, membre du Conseil privé, il eut encore l'avantage de marier ses filles au duc d'Epernon et au comte de Harcourt. Il mourut, à 71 ans, en mars 1648, au château de la Bretesche, chef-lieu de la baronnie de la Roche-Bernard, et fut inhumé dans le chœur de l'église de Missillac où sa seconde femme, Lucrèce de Quincampoix, lui fit élever un tombeau. Le monument fut détruit en 1790, sous prétexte qu'il gênait les cérémonies : il n'en resta, jusqu'à ces derniers temps, qu'une épitaphe latine, dans le style ampoulé et déclamatoire de l'époque, dit M. de Bizeul [Note : M. Bizeul, auquel nous empruntons nos renseignements, a publié, dans le recueil de la Biographie bretonne de Levot, une série de notices très complètes sur les du Cambout de Coislin].

ARMAND DU CAMBOUT.
Armand, petit-fils du précédent, fut comblé d'honneurs dès sa jeunesse. Il avait à peine 17 ans, quand l'Académie Française lui ouvrit ses rangs, en 1652, sous le patronage de Jean Balesdens, son précepteur. Capitaine d'une compagnie de chevau-légers, en 1655, conseiller d'État en 1656, il présida trois fois l'ordre de la Noblesse aux États de Bretagne. Il ne lui fut pas difficile d'obtenir l'érection du marquisat de Coislin en duché pairie, en 1663 [Note : Les deux érections de 1634 et de 1663 sont enregistrées dans le même volume. Livre des mandements, n° XXXI (Archives de la Loire-Inférieure, série B)]. Les lettres patentes du Roi rappellent qu'Armand est « sorti d'une des plus anciennes maisons de la province de Bretagne, alliée à plusieurs princes et illustres familles du Royaume, » et qu'il a donné des preuves éclatantes de son courage.

En 1665, il fut promu maître de camp général de la cavalerie et, en 1668, l'un des lieutenants généraux du Roi en Flandre. Il prit part, en 1672, à la campagne de Hollande et fut l'un de ceux qui se distinguèrent au passage du Rhin, en s'élançant des premiers dans le fleuve. En 1693, on le retrouve encore à la défense de la ville de Saint-Malo bombardée par les Anglais. Il mourut à Paris, à 67 ans, le 46 septembre 1702. Il avait épousé Madeleine du Halgouet, en 1654. Le duc de Saint-Simon, qui connut le duc de Coislin, nous a tracé son portrait : « C'était un très petit homme, dit-il, sans mine, mais l'honneur, la vertu, la probité et la valeur même, et qui, avec de l'esprit, était un répertoire exact et fidèle, avec lequel il y avait infiniment à apprendre ».

PIERRE DU CAMBOUT.
Pierre, fils du duc de Coislin, n'aimait pas la guerre comme son père : il garda peu de temps le titre de colonel d'un régiment de cavalerie, pour courir les salons du grand monde où il était très recherché. Saint-Simon le dépeint comme un homme de beaucoup d'esprit qui avait le tort de viser à l'originalité. Il remplaça son père à l'Académie Française, en 1702, et mourut en 1710.

HENRI-CHARLES DU CAMBOUT.
Henri, évêque de Metz, duc de Coislin, pair de France, prince du Saint-Empire, pair et président né des Etats de Bretagne, premier baron de Champagne, premier aumônier du Roi, commandeur de l'ordre du Saint-Esprit, frère du précédent, était destiné dès son enfance à l'ordre de Malte. Son oncle, l'évêque d'Orléans, devenu plus tard le cardinal de Coislin, dirigea ses études et en fit un théologien très érudit. Il n'avait que dix-huit ans, quand, le 3 mars 1682, il fut nommé premier aumônier du Roi. D'abord pourvu de l'abbaye de Saint-Georges de Boscherville, il fut promu ensuite, le 26 mai 1697, au siège épiscopal de Metz. Lorsque la mort de son frère le mit en possession, avec le titre de duc et pair, de tous les biens et de tous les honneurs de sa maison, il saisit avec empressement cette occasion de mettre en vue la fameuse collection de manuscrits du chancelier Séguier et travailla à enrichir les bibliothèques de son diocèse. Non seulement il remplaça son frère à l'Académie Française, mais encore il se rendit digne d'être appelé à l'Académie des Inscriptions par son érudition. L'évêque de Metz fit un noble usage de ses richesses en fondant un séminaire, un hôpital et en restaurant une foule d'églises et de monastères. Il n'oublia pas non plus les populations de la baronnie de la Roche-Bernard. Son testament porte un legs de 50,000 livres à distribuer entre toutes les paroisses de son duché. Sa mort arriva le 28 novembre 1732. Avec lui s'éteignit la branche aînée des du Cambout et le titre de duc de Coislin. Il aurait pu le transmettre à la branche cadette de sa maison dans la personne de Pierre-Armand du Cambout, vicomte de Carheil, son parent au Xème siècle degré. Il préféra abandonner sa succession aux princes de Lorraine, ses alliés au VIIIème degré.

 

MAISON DE LORRAINE.

LOUIS DE LORRAINE.
Louis de Lorraine, prince de Lambesc, cousin du précédent, hérita de la baronnie de la Roche-Bernard. Il en fit la cession à Charles de Lorraine, par contrat du 20 août 1741 (Archives de la Loire-Inférieure, E 394).

CHARLES DE LORRAINE.
Charles de Lorraine ne garda pas longtemps la baronnie de la Roche. Dès le 14 janvier 1744, il la transporta au suivant, pour la somme de 410.000 livres (Minutes de Sohier et Barbier, notaires à Rennes. Ibidem, E 706).

 

MAISON DE BOISGELIN.

GABRIEL DE BOISGELIN.
Renaud-Gabriel de Boisgelin, né à Rennes le 25 mars 1691, connu sous le nom de marquis de Cucé, devint président à mortier au Parlement de Bretagne en 1730. Il mourut à Rennes le 19 septembre 1774 (Voir la Biographie bretonne de Levot).

LOUIS-BRUNO DE BOISGELIN.
Louis-Bruno de Boisgelin, connu sous le nom de comte de Boisgelin, né à Rennes, le 17 novembre 1734, prit du service dans les Gardes Françaises, en 1748, sous le titre de chevalier de Cucé, et devint le chef de la branche, après la mort de René-Louis à la bataille de Saint-Cast, en 1758, et après la renonciation de son frère l'abbé. Cornette dans les mousquetaires, avec le grade de colonel en 1758, il porta alors les deux titres de comte de Boisgelin et de baron de la Roche-Bernard ; devint, en 1762, colonel des Gardes-Lorraine, en 1778, chevalier du Saint-Esprit, en 1780, maréchal de camp, maître de la garde-robe du Roi et ambassadeur de France à Parme. Il avait épousé Marie-Stanislas-Catherine de Boufflers, sœur du poète, dame d'honneur de Madame Victoire de France, l'une des filles de Louis XV. Président de l'ordre de la Noblesse, par le droit de sa baronnie de la Roche-Bernard, en 1778 et 1780, il joua un rôle particulièrement actif dans la question de la libre élection des députés à la Cour et à la Chambre des Comptes, et il prouva plusieurs fois dans les discussions qu'il partageait les idées politiques de son ordre : il voulait le maintien, non le développement, des institutions de la Bretagne. Aussi protesta-t-il, en février 1789, contre la violation des formes constitutionnelles et contre les imputations qui poursuivaient la Noblesse depuis les scènes de janvier. Puis, lorsque le Roi eut décidé de convoquer les Etats Généraux en donnant au Tiers une représentation égale à celle des deux autres ordres, il se joignit à ses pairs pour refuser de députer, et l'ordre de la Noblesse, réuni à Saint-Brieuc, le 16 avril 1789, le chargea le 19 d'envoyer en son nom une copie de sa protestation, signée de lui, aux princes du sang, au garde des sceaux et aux présidents des trois ordres des Etats Généraux. Dans les mauvais jours, Boisgelin n'émigra pas, et cependant, arrêté comme conspirateur, en 1793, il fut traduit avec sa femme devant le tribunal révolutionnaire de Paris, condamné à mort le 7 juillet 1794 et exécuté, en même temps qu'elle et un de ses cousins, de Kerdu, vingt jours avant la chute de Robespierre [Note : Cette notice est extraite de l'excellent répertoire de Bio-bibliographie bretonne publié par M. Kerviler, IXème fasc., p. 209]. Ainsi finit le dernier des personnages qui portèrent le titre de baron de la Roche-Bernard [Note : Potier de Courcy dans son Nobiliaire de Bretagne adopte l'orthographe de Boisgeslin, qui semble la plus conforme à l'origine du nom. Geslin est un nom connu].

(L. Maître).

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