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LES CAPUCINS D'AURAY

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Si l'on veut connaître l'origine des Capucins d'Auray, il suffit d'ouvrir le registre des délibérations de la communauté de ville au 5 février 1610. On y lit, non sans peine, ce qui suit :

« Sur la remontrance faicte par Frère Didace Thomas de l'ordre des Frères Mineurs de Monsieur Sainct François, quel a permission de ses supérieurs, comme il a apparu par les lettres de son obédience, de se transporter en nostre province de Bretaigne, pour y trouver quelque lieu commode, où il et deux autres frères du d. ordre pouront s'establir et vivre en forme d'hermites, faisant le service qu'ils doibvent et sont tenuz faire en l'esglise, selon les statutz de leur dict ordre, visitantz amicalement et consolantz le peuple, selon leur première et principalle profession, et faisant tout ce qui sera en eux à l'honneur et gloire de Dieu et salut de leur prochain ;

Qu'en passant par ceste ville, il auroit remarqué une et appelle délaissée ès confins d'icelle, appellée la chappelle de Saincte Marie Magdelaine, joignant laquelle on pouroit aisément faire quelques haies et clostures, avecq quelques cellules pour leur commodité, requérant qu’il pleust à Messieurs de la ville leur permettre de demeurer près du d. lieu pour y faire leur chervize spirituel, et y vivre des aulmosnes qu'ils pouront recueillir tant des habitantz de la d. ville que aultres lieux circonvoisins.

La chose mise en délibération, a esté la dite requeste admise et receue, pourveu qu'ils aient le consentement de Monseigneur l'évesque de Vennes, qui est supplié d'admettre aussi la d. requeste, et le procureur des bourgeois chargé de faire ung rolle de ceux qui volontairement voudront contribuer à l'establissement du d. hermitage, closture et aménagement d'iceluy ».
Signé : Phe. Cadio, seneschal. — J. Gillouard, proc. du roy. — J. Le Livec, syndic »
.

Ville d'Auray (Bretagne).

L'évêque de Vannes était alors Mgr Jacques Martin de Belleassise, et il donna volontiers son consentement à l'établissement projeté. Le procureur syndic était alors Julien Le Livec, qui fut remplacé en 1611 par Pierre Cadio, sieur de Loguiviec. La quête, faite dans le pays, produisit près de 8.000 livres, et servit à acheter un terrain, non loin de la chapelle de Sainte-Marie-Madeleine, et à faire les premiers travaux. Les lettres patentes du jeune roi Louis XIII confirmèrent la fondation et lui donnèrent une existence légale.

L'église, qui existe encore, fut commencée en 1616, comme l'indique une date placée sur le frontispice. C'est un long rectangle, ayant au fond le chœur des religieux, et en avant le sanctuaire avec l'autel et les statues de saint François et de sainte Claire. Du côté de l'évangile, on voit deux chapelles latérales, renfermant l'une la statue de la sainte Vierge, l'autre le saint sépulcre, avec l'image du Sauveur étendu sur un linceul : cette représentation provient de la chapelle du Saint-Esprit. Devant la porte de l'église, il y avait un portique ou abri, qui a disparu depuis. (Voir le plan).

Plan du couvent des capucins d'Auray (Bretagne).

Après la maison de Dieu, vint celle des moines. Une délibération du 29 juillet 1619 porte ce qui suit : « Les habitans ont esté d'advis que la première pierre du bastiment des Pères Capuchins en nostre ville d'Auray se mette le jour du pardon, qui est d'aoust prochain, et ont nommé et député le procureur syndic (Pierre Le Livec) avecq Cristofle Giquel, pour aller trouver Monseigneur de Vennes et le supplier de descendre pour y faire les solennités et cérémonies requises ; et sera le dit seigneur logé chez M. J. de Saint-Girouart ? Le procureur des bourgeois étant chargé de faire les fraiz de sa nouriture de lui et de son train, pendant son séjour en ceste ville ». (BB. 1).

Le couvent, situé au midi de l'église, est formé d'un carré de bâtiments, rangés autour d'un cloître. On y trouvait, suivant l'usage, une cuisine, un réfectoire, une salle capitulaire, et, au premier étage, des cellules pour les religieux. Au dessus s'étendaient de nombreux greniers. — Le jardin très vaste fournissait des légumes et des fruits pour la nourriture des cénobites. Combien de temps dura la construçtion du couvent ?

— On l'ignore. Mais la bénédiction solennelle de la chapelle ne fut faite que 11 avril 1627 par Mgr Sébastien de Rosmadec, évêque de Vannes.

Dans l'intervalle, les Capucins d'Auray avaient été mêlés à l'établissement du pèlerinage de Sainte-Anne. Le P. Modeste avait reçu dès 1624 les confidences du bon Nicolazic, au sujet des apparitions de la sainte. On sait toutes les oppositions que se produisirent, de la part du clergé et des Capucins eux-mêmes, au projet d'y batir une chapelle. Mais quand l'évêque permit enfin, le 26 juillet 1625, d'y célébrer la messe, les Capucins, sur l'invitation du prélat, se chargèrent provisoirement de desservir le pèlerinage. Ils ne purent s'en occuper à titre définitif, parce qu'il y avait à manier l'argent des offrandes et des honoraires de meses : ce qui répugnait à leur règle de rigoureuse pauvreté. Délivrés de cette préoccupation, ils continuèrent les œuvres de leur institut : l'office divin, les confessions, les retraites et les missions.

La ville d'Auray eut toujours une affection particulière pour le couvent des Capucins ; il est vrai qu'elle n'avait pas d'autre communauté d'hommes. Elle fournissait des secours à la maison, tantôt pour les réparations du couvent, tantôt pour compléter les aumônes particulières qui avaient diminué ; parfois pour la nourriture du provincial en tournée de visite, et quelquefois pour la subsistance des capucins étrangers, réunis en chapitre provincial à Auray. Ces enfants de Saint-François, vivant au jour le jour, étaient au-dessous de leurs affaires, quand il se présentait une dépense extraordinaire.

En 1713, les Capucins d'Auray, comme ceux de Vannes et d'ailleurs, accueillirent, avec la joie la plus vive la canonisation de saint Félix de Cantalice, religieux de leur ordre, et célébrèrent a cette occasion des fêtes aussi magnifiques que le leur permettait leur pauvreté.

Les gardiens d'Auray sont peu connus. On rencontre les Pères :

Yves de Morlaix en 1634 ;
Anastase d'Auray en 1670 ;
François-Joseph en 1776 ;
Casimir de Quintin en 1780.

Le 1er novembre 1790, le couvent des Capucins d'Auray ne comprenait plus que quatre religieux, à savoir :

1° Charles-Joseph Chevrier, gardien, 58 ans ;
2° Pierre-Louis Bloyet, dit le P... 53 ans ;
3° Maurile Le Provost, P. Clément, de Saint-Brieuc, 41 ans ;
4° Franç.-Antoine Labrély, Fr. Gabriel, de Vannes, 48 ans.

Tous déclarèrent vouloir continuer la vie commune.

Leur couvent fut néanmoins fermé avant le 1er avril 1791 ; le P. Le Provost et le Fr. Labrély se refugièrent à Vannes, d'où ils furent expulsés définitivement le 27 juin suivant. Leurs deux autres compagnons s'étaient dispersés volontairement.

L'église, le couvent et l'enclos des Capucins furent achetés par la ville d'Auray, le 4 juillet 1791, pour, la somme de 12.096 livres. La commune les possède encore aujourd'hui : elle prête l'église à la congrégation des femmes, tient un asile dans une partie des bâtiments, et exploite ou loue le jardin.

Jh.-M. Le Mené.

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