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Aumônerie et Hôpital d'Ancenis

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A la fin du XIIIème siècle, le baron d'Ancenis Geoffroy se croyant près de mourir, se reprochait d’avoir pratiqué trop étroitement le précepte de la charité et afin d’apaiser ses scrupules, il voulut que les pauvres eussent leur part dans ses dernières dispositions. Le jour de Saint-Jean-Porte-Latine 1297, il rassembla autour de lui son épouse Aliénor, son fils aîné et les principaux seigneurs de sa cour pour les rendre témoins de ses intentions et, en leur présence, il dicta un testament qui, pendant. plusieurs siècles, fut l’acte fondamental de l’aumônerie d'Ancenis.

Le baron Geoffroy veut que son fils fonde un asile qui sera tout à la fois un refuge pour les passants et une maison de secours pour les malades qui réclameront des soins jusqu’à leur guérison. Pour première ressource, il assigne 100 livres de rente à prendre sur la recette du trépas de Loire et afin que ses vassaux s’intéressent à la prospérité du nouvel Hôtel-Dieu, il ordonne de convoquer le curé et trois bourgeois de la ville quand le procureur rendra ses comptes au seigneur. Tout le bois de chauffage nécessaire aux pauvres se prendra dans les bois des Roncerais. Aucun droit de mouture ne sera prélevé sur le blé destiné à l’aumônerie.

Le gouverneur ne sera pas nommé à vie, sa gestion sera examinée tous les ans et, s’il est incapable, les bourgeois pourront le remplacer par un clerc ou un laïque, à leur gré. L’élection devra toujours avoir lieu avec le concours de quatre bourgeois et du recteur de la paroisse. Le gouverneur élu fera serment d’administrer loyalement les biens de la maison. Il tiendra un registre d’inventaire pour le mobilier et un rôle rentier pour la recette des revenus.

Dans la chapelle qui sera édifiée, le fondateur demande que trois fois la semaine la messe soit célébrée pour lui et sa famille.

Telles sont, en résumé, les volontés exprimées par le fondateur de l’hôpital d'Ancenis. Le texte nous en a été conservé dans l’acte de confirmation délivré par son fils en l’année 1315, à la requête sans doute du gouverneur. Il est d’une époque où les documents sur l’assistance publique n’abondent pas, je crois donc que beaucoup de lecteurs seront heureux de le retrouver ici sous sa forme originale.

J’ai en vain cherché un mot qui révélât la date précise de l’année où l’héritier du baron Geoffroy posa les premières assises de l’édifice projeté ; les termes de sa confirmation nous autorisent seulement à penser que l’aumônerie devait être terminée en 1315. Il avait choisi pour emplacement le lieu même où se trouve l’hôpital actuel, comme étant le plus accessible aux voyageurs. Pour apprécier les avantages de cette situation, il faut se représenter la ville d'Ancenis à l’époque où son territoire formait une île complète [Note : Le nom d'Ancenis ne signifie pas autre chose. En inisi, qui paraît le radical exact d'Ancenis, signifie en breton : dans les îles].

La Loire ne baignait pas seulement ses murs au Midi, elle se répandait aussi dans les marais de Grée et de la Davrais. De plus, une douve assez profonde pour porter des bateaux, l’isolait au Nord du faubourg des Hauts-Pavés. Les vieillards se rappellent avoir vu un port de déchargement dans l’endroit occupé par la gare et la Sous-Préfecture.

Trois petits ponts rattachaient cette île au rivage, en face des trois portes de Saint-Pierre, de la Davrais et du Pontreau, et donnaient passage aux voies romaines venant de Nantes, de Châteaubriant et d'Ingrandes, mais l’accès n’était pas toujours praticable des trois côtés. La véritable entrée d'Ancenis était celle du Nord, celle qui s’ouvrait sur la rue du Pontreau, aujourd’hui nommée rue de la Gare [Note : Aux ponts de la Davrais, de Grée et au Pontreau aboutissaient 3 grands chemins, suivant la déclaration de 1680. (Archives départementales, série B, papier terrier, vol. XVI].

Le premier édifice qu’apercevait le voyageur en gravissant le coteau était donc l’aumônerie fondée par le baron Geoffroy.

Les documents relatifs à ce premier établissement ayant disparu, il nous faut passer sans transition au XVIème siècle pour trouver quelques faits à enregistrer. La date de 1546, qui se voit encore sur le mur extérieur de la chapelle, nous indique une reconstruction de cette époque. Elle fut consacrée avec l’autel le 31 mai 1551 (Archives de l’hôpital, B 19. - Histoire d'Ancenis, par Maillard. Preuves, p. 504 et suivantes). On sait que dans le cours de ce même siècle, l'Administration des hôpitaux fut enlevée au clergé pour être confiée à la bourgeoisie.

A Ancenis, comme dans la plupart des autres villes, la sécularisation fut le prétexte de longues querelles qui se terminèrent par un exploit de justice dont la teneur est instructive (Histoire d'Ancenis, par Maillard). En 1537, le patrimoine des pauvres était tombé, je ne sais comment, entre les mains de « messire Jehan Chesnay, soy disant aulmonnier dudict hospital ». Il est qualifié de l’épithète d’intrus dans la sentence. Jean d'Eschalle et Jean Ribot, administrateurs qui plaident contre lui, l’accusent de percevoir depuis 8 à 10 ans, sans aucune provision de charge, les revenus de l’aumônerie, de ne pas résider, de cacher le titre de fondation, de réduire les distributions charitables, de ne rendre aucun compte et d’avoir chassé de la maison l’économe qu’ils avaient institué avec le concours des notables. Suzanne de Bourbon, baronne d'Ancenis et patronne de l’établissement, informée de ces faits, donna ordre à ses officiers de rétablir l’administration dans l’état primitif et de veiller à ce que les termes de la fondation fussent observés.

Après avoir entendu les parties et s’être enquis de la gravité des malversations reprochées à Jean Chesnay, le sénéchal de la baronnie, adoptant les conclusions des demandeurs, les confirma dans leur charge et défendit au prêtre de s’immiscer à l’avenir dans les fonctions séculières, en lui laissant toutefois la liberté de rester le chapelain des pauvres.

Le lecteur verra par ailleurs comment l’aumônerie est devenue hôpital général sous Louis XIV.

 

PIÈCES JUSTIFICATIVES.

CHARTE DE LA FONDATION DE L'HOPITAL D'ANCENIS.

A tous ceulx qui veront et oront ces présantes lettres, Gieffroy, seigneur de Ancenis, chevalier, salut en nostre Seigneur :

Sachent tous présens et advenir que je ay veu et regardé diligamment le testament ou derraine volonté de Monseigneur Gieffroy, jadis seigneur d'Ancenys, mon chier père, non cancellé non abolité, ne en aucune partye de luy corrompeu qui se commance en telle mannière :

« In nomine patris, etc. Je Gieffroy, seigneur de Ancenys, chevallier, sain de pensée et de pourpos, en bonne mémoire, considérant et regardant que il n’est nulle choses plus certaine de la mort, et nulle choses plus incertaine de l’eurs de la mort et pour ce voullant pourveoir au salut de m’âme, fais et ordonne mon testament et ma dernière vollenté et devise de mes choses en la manière qui ensuilt » :

Et ce comme ledit testament ainsy et fut faict et donné présens ladicte dame Alliennor et mon seigneur Gieffroy d'Ancenis le jeune et Monsieur Guillaume de Marcillé, seigneur de Lais, ledit comte de Arves, [Note : Il faut lire sans doute : Le comte d'Ancenis], Jehan d'Ardenne, et Pierre de Pontou et plusieurs aultres, le lundy ou jour Sainct-Jehan-Porte-Latine, l’an de grâce 1297, saellé des seaulx de révérand père Henry, par la grâce de Dieu, en icelluy temps évesque de Nantes et de celuy audit mon cher père et du mien, ensuilte o plusieurs aultres, auquel testament ou derrenne vollonté il est contenu l’ordonnance et le devis de une aumosnerie ou meson-Dieu que il commandoit faire à Ancenis, dont la clause contenue audit testament se commande en la manière et en la forme cy emprès devisée :

« De rechef je veuil et commande que pour le salu de m’âme et de Alliénnor ma compaigne et de mes ancestres et de mes hoirs et espécialement de Gieffroy mon fils et mon hoir, qui le face faire et establir en la ville d'Ancenis de mes biens, une maison-Dieu à recepvoir et herbreger les pauvres et passans une nuit et les pouvres malades qui illec vouldront herbreger et pourveoir jusques ad ce que ilz soient suffisament gariz et que ilz s’en puissent aller. Et à iceulx poures pourveoir et soustenir et ladicte maison tenir en estat, je donne et laisse cent livres de rentes à tousjours mes pardurablement assises sur un denier de ma rente de Loire de Ancenis et seront receus par le procurateur de ladicte meson en celle manière que, sy le denier valloit plus de 100 livres par an, que le surplus reviaindroit au seigneur de Ancenis et se ainsy estoit que le denier ne vallist les cent livres, je veuil et oblige mes hoirs à les parfaire.

Et veuil que de ce que le procurateur de ladicte maison recevra, que il en compte o le seigneur d'Ancenis ou o son commandement certain, toutefois que ledit seigneur verra que bien sera et [ensemblement] des aultres biens et des lais qui y seront donnez et de touttes les appartenances de ladicte maison, de quelconque part ils viengent.

Et veuil que quant le procurateur de ladicte maison comptera, que ledit seigneur d'Ancenis appeauge audit compte la personne du lieu et trois bourgeois de la ville au moins suffisants et des plus prudes hommes de la ville [Note : Le curé de la paroisse se nommait la Personne].

Et donne et octroie, délaisse encores à l’usaige de ladicte meson, aux poures chauffer, les bois des Grands-Ronserais et des Petits-Ronserais, purement et quittement sans ce que mes hoirs y puissent mettre, empeschement, ne destourbement, ne venir encontre en aucune manière et ne veuil pas que ledit procurateur ne aucun aultre de ladicte meson ne aucun aultre puisse ledit bois vendre ne aliéner en aulcune manière [Note : Les Roncerais sont en Varades. Cette terre est arrentée, en 1542, pour 11 livres 16 sous].

Et sy veuil que le bled qui sera moullu en mes moullyns par la raison desdictz poures ne poye poinct de moulture.

Et veuil et deffens que ceste maison ne puise estre assignée par nully à bénéfice perpétuel, ainçois veuil et commande que le procurateur, quant il a compté tous les ans, sy ceulx à quy il aura compté et le seigneur voient que il ne soict proufitable, soit remué et mis un clerc ou lay selon ce que lesdictz seigneurs prudes hommes veront que il sera à faire.

Et veuil que à eslire ledit procurateur le seigneur de Ancenis soit tenu à appeler la personne dudit lieu et quatre des plus prudes hommes de la ville et les faire jurer de eslire le plus proufitable et convenable par leur serment, selon leurs advis, à ladicte maison gouverner.

Et fera ledit procurateur serment de bien garder les biens et choses de ladicte maison et les convertir le plus proufitablement que il poura à l’usaige des poures et de rendre en escript le nombre et la quantité de toutes les garnisons, de tous les biens et de toutes les rentes de ladicte maison et de loyamment s’y contenir.

Et veuil que sy la personne dudit lieu veult faire chanter à un autier qui sera faict en ladicte maison, trois fois la sepmaine la messe, que il ayt soixante soulz, chacun an, par la main audit procurateur des biens et sur les biens de ladicte maison et sera tenu le prêtre qui chantera à faire commémoration pour moy et pour mes hoirs. Et sy ainsy estoit que la personne ne voulsist faire chanter, pourtant que le procurateur les fist chanter par un aultre suffisant et veuil que ledit procurateur puisse être pourforcé à ce fere faire par le seigneur de Ancenis et par les aultres suzerains, se il luy plaist ». 

Lesquelles choses et chacunes dessusdites contenues oudit testament ou derraine vollenté dudit Monsieur Gieffroy, jadis seigneur de Ancenis, mon cher père, ainsy comme elles sont espéciffiées et déclarées en cestes présantes lettres, je Gieffroy, or en droit seigneur de Ancenis, dessusdit, aprouve, ratiffye et conferme et veuil et command que elles soient gardées et teneues selon l’ordonnance dessusdite. Et pour ce dès orendroit, je baille la pocession et la saessine de la propriété dudit denier et des autres rentes et choses dessusdites auxdits poures et au procurateur de ladicte maison et à quy aura cause d’eulx, sans ce que moy ne mes hoirs ne aultre qui aura cause de moy y puissent rien demander en ce que est contenu par dessus en cesdites lettres. Et là où il est contenu en ladite clause que les poures spassans et les malades soient herbregés en ladicte maison, je veuil et desclère que ils soient soustenuz et pourveus des biens de ladicte maison, tant comme ils y seront.

Et à ce garder et tenir, sans venir encontre, je oblige moy mes hoirs et mes successeurs et tous mes biens.

En tesmoign de laquelle chose et que ce soict ferme et estable, je en ay donné ausdicts poures et audit procurateur ceste lettre saellée en mon propre seau.

Et fut faict et donné ou jour de mardy après la feste Sainct-Laurent, martir, l’an de grâce mil trois cent et quinze.

Donné et faict par vidimus soubz le sceau estably ès-contractz de nostre dite cour, le neufiesme jour de janvier, l’an de grâce mil quatre cent quatre [Note : Cette pièce est transcrite sur la première page d’un registre de 1623, contenant copie des principaux actes de l’aumônerie d'Ancenis. Le texte n’est pas toujours très correct, j’ai dû parfois le corriger. (Archives de l’hospice d'Ancenis, série B 1 bis)].

Et plus bas est escript : collation faicte à l’original et passé par vidimus par moy Guillaume Bouchemin.

Autre collation faicte à l’original et passé par vidimus par moy James Hurel. (L. Maître).

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