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LA VIE PRIVÉE D'ANNE DE BRETAGNE

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DÉTAILS SUR LA VIE PRIVÉE D'ANNE DE BRETAGNE,FEMME DE CHARLES VIII ET DE LOUIS XII.

Ce n'est pas seulement l'illustration de sa naissance et la triple couronne dont sa tête a été ceinte qui placent Anne de Bretagne au rang des personnages illustres du quinzième siècle ; les grandes qualités du cœur et de l'esprit dont cette reine était douée lui valent aussi cet honneur. Sa vie politique est connue ; je n'ai pas l'intention de répéter ici cette page si souvent écrite de notre histoire : ce que j'ai entrepris c'est de rechercher, à l'aide de documents originaux, inédits jusqu'à ce jour, quels ont été les goûts, les habitudes de cette princesse dans la vie privée. Après avoir lu tous les petits détails que je suis parvenu à récueillir, on ne pourra douter de l'amour d'Anne de Bretagne pour les lettres et les arts ; il faudra la placer au nombre des plus ardents protecteurs de la renaissance dans notre pays. Mais avant de commencer ces recherches, je crois devoir rappeler les événements principaux de sa vie.

Anne, fille aînée de François II, duc de Bretagne, naquit au château de Nantes le 26 janvier 1476. Dès 1481, elle fut promise en mariage au prince de Galles, fils d'Édouard IV, si atrocement poignardé, à peine âgé de onze ans, par ordre de son oncle, le comte de Glocester. Au mois d'octobre 1488, François II mourut, laissant à la princesse Anne, sa fille unique, l'un des plus vastes duchés de l'Europe. Les compétiteurs à la main de cette riche héritière étaient nombreux ; ce ne fut qu'après avoir conquis par les armes plusieurs villes de la Bretagne, que Charles VIII devint l'époux de la jeune duchesse. La première année de son mariage, célébré au château de Langey en Touraine, le 16 décembre 1491, Anne de Bretagne donna le jour à un fils qui fut baptisé sous le nom de Charles-Orland, et mourut en bas âge.

Chacune des trois années qui suivit la mort du jeune dauphin, Anne de Bretagne mit au monde un enfant : le premier fut un fils, nommé Charles , qui naquit le 8 septembre 1496 et mourut le 3 octobre suivant ; le second fut aussi un fils, né dans le cours de l'année 1497, mort peu de jours après ; une fille , qui fut le troisième, eut la même destinée. Une tombe en marbre blanc, qui fait encore aujourd'hui l'ornement de l'église cathédrale de Tours, reçut les corps de ces quatre enfants. On sait qu'un accident (voir la note qui suit) mit fin brusquement à la vie de Charles VIII, et qu'il expira le samedi 7 avril 1498, à peine âgé de vingt-huit ans.

Note : Tous les historiens attribuent la mort de Charles VIII à un coup qu'il se donna au front à l'une des portes des galeries basses du château d'Amboise. On peut cependant émettre quelque doute à ce sujet : Brantôme dit : « L'on parla fort diversement du genre de la mort de ce grand roy. Aucuns le disoient d'un catarre ou apoplexie, à laquelle il ne pouvoit estre subject, veu sa complexion débille et son naturel point y adonné : car il n'estoit gros, gras, ny replet ; et tels gens y sont subjects. Aucuns disoient qu'il avoit eu le boucon italiano, d'autant qu'il menaçoit fort encore l'Italie, et le craignoient » (T. II, p. 21 des œuvres complètes in-8°). J'ajouterai que, peu de jours après la révolution de février 1848, M. Paul de Musset publia dans le National une série d'articles sur les Archives de l'ancienne république de Venise. Dans l'un de ces articles, l'auteur citait quelques documents qui inculpaient le sénat de cette ville d'avoir fait empoisonner Charles VIII.

Anne de Bretagne, après les funérailles, se retira dans son duché, où elle attendit l'accomplissement des conditions stipulées dans son contrat de mariage. Ces conditions obligeaient le nouveau roi d'épouser Anne de Bretagne, ou de l'unir à l'héritier présomptif de la couronne : or Louis XII était marié, et son héritier présomptif, François d'Angoulême, n'avait encore que quatre ans. Anne pouvait donc avec raison se considérer comme dégagée envers la France ; et, pour en donner des preuves, elle agissait en souveraine dans son duché. Cependant Louis XII ressentait pour sa femme une répulsion invincible ; en l'épousant il avait cédé aux volontés de Louis XI, et, depuis son jeune âge, il avait pour Anne de Bretagne une admiration qui allait bientôt se changer en un amour aussi profond que sérieux. Peut-être la reine-duchesse ne l'ignorait-elle pas, quand elle répondait, à ceux qui plaignaient son sort : qu'elle resterait plutôt veuve toute sa vie, après avoir été la femme d'un grand roi, que de se rabaisser à un moindre que lui. Brantôme ajoute qu'elle disait encore : « J'ai assez de confiance en mon étoile pour devenir une seconde fois reine de France » (Brantôme, Dames illustres, t. V, p. 4 des œuvres compl. in-8°). Anne était sans doute instruite des instances que Louis XII faisait près la cour de Rome pour obtenir la rupture de son mariage avec Jeanne. Ces instances réussirent : le 8 janvier 1499, Louis XII épousa Anne de Bretagne, dans la chapelle du château de Nantes.

Anne de Bretagne eut de cette seconde union deux fils et deux filles. Les deux fils , nés dans l'intervalle des années 1500 à 1502, vécurent si peu l'un et l'autre, que leurs noms ne sont pas connus. La fille aînée, Claude de France, épousa le comte d'Angoulême, qui devint François Ier. La seconde, Renée, fut unie, en 1527, à Hercule d'Est, fils d'Alphonse, duc de Ferrare. Anne de Bretagne fut enlevée jeune encore à la France, dont elle faisait l'ornement, au roi son mari, dont elle était l'idole. Elle mourut au château de Blois, après une courte maladie, le 9 janvier 1514, âgée de trente-sept ans. Sa perte causa un deuil universel. Les poëtes, les savants, que cette reine avait protégés, chantèrent ses louanges en plusieurs langues. Léon X fit écrire à Louis XII et à Claude de France, par le cardinal Bembo son secrétaire, deux lettres qui peuvent passer pour de belles oraisons funèbres ; mais ceux qui pleurèrent le plus amèrement cette femme incomparable, ce furent ses fidèles Bretons qui voyaient finir en elle la race de leurs princes héréditaires, et la vieille Armorique effacée du nombre des États indépendants.

Les contemporains d'Anne de Bretagne ont parlé de sa beauté avec de grands éloges ; plusieurs portraits de cette princesse, parvenus jusqu'à nous, sont assez bien exécutés pour nous permettre d'en juger. Elle était d'une taille moyenne, mais sa tournure élégante lui donnait beaucoup de noblesse et de distinction ; sa démarche était vive et fière, presque impérieuse : peut-être voulait-elle, par ce moyen, dissimuler un défaut qui la faisait boiter légèrement d'une jambe (Brantôme, Vies des dames illustres, t.. V, p. 2 des œuvres complètes). Son teint, d'une blancheur admirable, était animé des plus brillantes couleurs. Un front élevé donnait beaucoup de majesté à son regard. Ses yeux, grands et vifs, étaient tempérés par une extrême modestie. Elle avait le tour du visage un peu long ; le nez court, mais bien pris ; la bouche un peu fendue, mais fraîche et souriante. Dans ses portraits, quelle que soit la magnificence de ses vêtements, la reine Anne a toujours la même coiffure, une cape bretonne d'étoffe noire, ornée de pierres précieuses, sous laquelle ou aperçoit la garniture à petits plis d'une coiffe blanche. Elle avait, pour les jours d'apparat, des robes et des manteaux de la plus grande richesse ; mais ceux qu'elle portait ordinairement étaient de couleur sombre et uniforme ; seulement les insignes qu'elle avait pris pour devises, ou qui composaient ses armoiries, en faisaient toujours partie. Les fourrures qui garnissaient sa robe et son manteau étaient semées d'hermines. Sa taille était serrée par une ceinture dite cordelière, qui retombait jusqu'à ses pieds. Les ducs de Bretagne avaient choisi l'hermine pour armes à cause de sa blancheur, et y avaient ajouté cette belle devise : Potius mort quam fœdari, plutôt mourir que se souiller. Quant à la cordelière, François Ier, duc de Bretagne, l'avait placée, dit-on, à droite et à gauche de son écu, comme une preuve de la dévotion qu'il avait pour saint François d'Assise, son patron. En souvenir de son aïeul et de son père, Anne entoura ses armes, écartelées de France et de Bretagne, d'une cordelière ; elle en avait fait sa parure habituelle : ses meubles, ses tapisseries, ses équipages, en étaient couverts. Les livres qui lui ont appartenu se reconnaissent aujourd'hui à cet ornement. Depuis elle, la cordelière est devenue l'insigne héraldique de quelques princesses françaises restées veuves (Menestrier, Origine des ornements des armoiries ; Lyon, 1680, in-12, p. 161, ch. VIII).

Au milieu des splendeurs toutes royales qui l'environnaient, jamais Anne de Bretagne n'oublia la province où elle était née, et dont elle fut la dernière souveraine. Louis XII, dans ses moments de gaieté, l'appelait sa Bretonne, faisant allusion à l'obstination de caractère dont elle donna souvent des preuves ; mais ce nom lui convenait aussi, à le prendre dans son acception la plus simple. Elle fut la première des reines de France qui eut ses gardes particuliers. Usant des prérogatives que lui donnait son titre de duchesse , elle avait créé, en dehors des gentilshommes ordinaires de sa maison, une seconde bande de cent gentilshommes, tous Bretons , qui ne manquaient pas de l'accompagner quand elle sortait, soit pour aller aux offices, soit pour se promener. Ces gentilshommes se tenaient ordinairement sur une des hautes terrasses du château de Blois, qui depuis eux a reçu le nom de Perche aux Bretons. En les voyant, un sourire de satisfaction animait le visage de la reine ; elle se levait aussitôt pour les rejoindre, en disant : « Voilà mes Bretons qui sont sur la Perche, qui m'attendent » (Brantôme, etc., p. 8, t. V.).

Elle ne manquait pas de faire distribuer chaque jour d'abondantes aumônes aux pauvres si nombreux dans son duché. A l'occasion de son mariage avec Louis XII, elle fit de riches cadeaux aux diverses églises de la Bretagne. Saint-Nicolas de Nantes reçut une chapelle (voir la note qui suit) entière de velours bleu, avec un calice et deux burettes d'argent doré ; Saint-Vincent, une chapelle de velours cramoisi, avec un calice et deux burettes d'argent doré. Des ornements à peu près pareils furent aussi envoyés à l'église Sainte-Anne, près de la Roche-Bernard, à celles de Saint-Sauveur de Redon, de Saint-Yves, en basse Bretagne, de la Conception, à Vannes (Inventaire des meubles d'Anne de Bretagne. Année 1499, 11 janvier). Peu de temps après, au mois de septembre 1500 , elle fit un voyage dans son duché avec le roi Louis XII, qu'elle voulut présenter elle-même à ses fidèles Bretons. Dans ce voyage, où elle fut acccueillie avec beaucoup d'enthousiasme, elle donna l'ordre au sieur de la Bonnardière, capitaine de la ville et du château de Nantes, et à Gilles Thomas, trésorier de l'épargne, de distribuer aux hôpitaux de la ville une quantité considérable de tapisseries qui furent d'un grand secours à ces établissements (Inventaire des meubles d'Anne de Bretagne. Année 1499, 11 janvier).

Note : Par le mot chapelle, il faut entendre ici les habillements dont se compose le costume du chapelain dans l'exercice de ses fonctions ; c'est-à-dire l'aube, la chape et la dalmatique. Voyez le Glossaire de Du Cange, au mot Capella.

La reine avait aussi, parmi les domestiques attachés à sa maison, quatre ménestrels nés en Bretagne, qui, sans doute, étaient chargés de lui faire entendre les airs de son pays. Ils se nommaient Guillaume Leclerc, Hervé, Rion, et Jean Josse. On a d'eux (Archives nat., reg. K, 83, fol. v° 35) une quittance de dix-huit livres qu'ils eurent à partager entre eux, le 25 décembre 1492 , « pour leur ayder à vivre et entretenir » au service de la reine.

Les croyances superstitieuses si répandues dans son pays avaient suivi Anne de Bretagne sur le trône de France ; au moins est-on porté à le croire quand on trouve parmi ses bijoux, et mêlés aux reliques les plus saintes, des objets de cette nature : une petite langue de serpent, une crapaudine, un anneau d'or renfermant de la licorne ; une petite pierre étrangère plate ; six langues de serpent, dont une grande, deux moyennes et trois petites (voir la note qui suit).

Note : Voici le détail de cet article : « Ung coffre d'ivoire ferment à clef, faict à personnaiges à demie bosse ; yceulx imaiges pains, dont la claveure, clef, charnière et garniture sont d'argent doré. — Ouquel coffre a doze pastenostres de cassidoyne et jaspes enfillées en ung cordon, et au bout une houppe de soye. (Madame a baillé à la norrisse les dictes patenostres) — Ou dict coffre a une pierre de cristal persée, pour mettre relicques... Ou dict coffre une pomme d'ambre garnie d'argent doré faict au plumetis, et ung bouton en fasson de frezes... (La dicte dame l'a baillée à la norrisse). Ou dict coffre deux pierres de agathe en fasson de asselez, garniz d'argent doré tout autour... Ou dict coffre une autre pierre de agathe noire... Plus une petite aille d'argent doré, à plusieurs croissans d'ung cousté... — Une bourse de taffetas changeant, où a plusieurs petiz eschecz et tables blanches et rouges. — Plus y a ou dict coffre la bourse de sainct Brieu avecques plusieurs relicques. — Une petite bourse de veloux cramoisi, en laquelle a une petite langue de serpent, une crapaudine, ung cadran d'argent doré, enveloppé en taffetas... — Ung anneau d'or en la teste duquel a de la licorne... — Une petite pierre estrange, plate. — Un escu de Guienne envelopé en papier. — Une autre petite bourse de drap d'or et ung pendent de cordon noir, en laquelle a de la cire noire. — Six langues de serpent, dont y en a une grande, deux moiennes et troys petites. Nota : La dicte dame les a baillées à la norrisse. » (Invent. du 17 septembre 1498).

Cependant, le duc de Bretagne avait élevé sa fille avec le plus grand soin. Françoise de Dinant, dame de Chateaubriant et de Laval, chargée de cette éducation, fit si bien instruire la jeune princesse, qu'elle connaissait les deux langues grecque et latine. Tant de soin ne fut pas inutile ; Anne eut toujours un goût très-prononcé pour les sciences et les lettres ; elle aimait à s'entourer de ceux qui les cultivaient : le poëte Jean Meschinot compta au nombre de ses maîtres d'hôtel ; Jean Marot, le père de Clément, qui a chanté les expéditions d'Italie, prenait le titre de poëte de la magnanime reine Anne de Bretagne. Elle avait pour secrétaires Faustus Andrelinus, et le versificateur André de Lavigne, auquel nous devons une histoire de Charles VIII. Antoine Dufour, auteur d'un recueil écrit en français, sur les femmes célèbres, était confesseur et prédicateur ordinaire d'Anne de Bretagne. Elle aimait aussi à faire preuve d'une certaine érudition, surtout à l'égard des princes étrangers ou de leurs ambassadeurs. Louis XII, qui voulait qu'on portait à la reine le même respect qu'à lui-même, et qui savait combien elle faisait à chacun de ces hauts personnages un accueil flatteur, ne manquait pas, après leur avoir donné audience, de les envoyer chez elle. M. de Grignaux, son chevalier d'honneur, savant dans les langues étrangères, et des plus polis de la cour, était chargé de les introduire ; c'était de lui que cette princesse apprenait les mots espagnols, italiens ou allemands que dans ces circonstances elle entremêlait à ses discours. M. de Grignaux était d'humeur facétieuse ; en cela devait-il plaire à Louis XII, qui avait un peu de ce caractère ? Un jour la reine lui demanda une ou deux belles phrases en espagnol, afin qu'elle pût les redire à l'ambassadeur de l'archiduc, qui devait venir le lendemain. Grignaux, dans un moment de bonne humeur, fit apprendre à la reine quelque petite salauderie, pour me servir de l'expression de Brantôme. Le lendemain, l'heure de l'audience étant venue, le chevalier s'empressa de conter le tout au roi, qui rit beaucoup, et s'en vint prévenir sa Bretonne de se bien garder de prononcer telles paroles, qui ne devaient pas sortir de la bouche d'une honnête femme. Anne de Bretagne ne goûta nullement cette plaisanterie : elle entra dans une si grande colère, malgré la bonne humeur du roi, qu'elle ne voulait rien moins que chasser Grignaux, qui ne put reparaître devant elle qu'au bout de quelques jours (Brantôme, Dames illustres françaises, t. V des œuvres complètes, éd. in-8°, p. 9).

L'indulgence n'était pas dans le caractère d'Anne de Bretagne. Accoutumée dès son enfance à voir chacun lui obéir, elle avait dans sa tenue quelque chose de roide qui dénotait la fermeté poussée jusqu'à l'obstination. Les moindres fautes des gens de son service étaient sévèrement punies. Le père de Brantôme, François de Bourdeille, avait été, pendant huit ans, premier page d'Anne de Bretagne. Il montait la mule de devant, qui portait la litière de la reine. M. d'Estrées, qui fut depuis grand maître de l'artillerie, montait celle de derrière. Quand l'une de ces mules allait trop vite, elle forçait l'autre à suivre son allure ; il en résultait que la litière recevait de grandes secousses, qui incommodaient fort la reine ; alors elle s'écriait : « Bourdeille, vous serez fouetté, vous et votre compagnon ». Ils avaient beau rejeter l'un sur l'autre cette inégalité d'allure, la reine n'acceptait pas d'excuses et les faisait fustiger bel et bien (Brantôme, Dames illustres françaises, t. V des œuvres complètes, éd. in-8°, p. 381).

La ténacité avec laquelle Anne de Bretagne résista toujours au mariage de sa fille Claude de France avec François d'Angoulême est une preuve de son obstination, ou plutôt de sa fermeté, car c'était un sentiment de patriotisme qui la poussait à ne pas livrer la Bretagne à l'héritier du royaume de France. L'acharnement qu'elle mit à poursuivre la disgrâce du ministre favori de Louis XII, le maréchal de Gié, est moins facile à excuser qu'à comprendre. Au mois d'avril 1505, Louis XII tomba malade, et si gravement, qu'on désespéra de sa vie, et qu'à l'étranger on le crut mort. Anne de Bretagne, dans sa prévoyance un peu hâtive, donna l'ordre de charger deux ou trois grands bateaux de ses meubles les plus précieux , et de les diriger par la Loire sur son château de Nantes ; le maréchal ayant rencontré ces bateaux au delà de Saumur, donna l'ordre de les arrêter, disant que ces meubles appartenaient à la couronne, tant que Louis XII était vivant. La guérison inespérée du roi donna raison au maréchal ; mais en agissant ainsi, « il fut par trop curieux, dit Brantôme, de vouloir contrefaire le bon officier et bon valet de la couronne ». Effectivement, la reine ne put jamais lui pardonner. Elle commença d'abord par le faire exiler dans son château ; bientôt après, un procès de concussion et de lèse-majesté fut commencé contre lui. Arrêté, mis en prison, le vieux serviteur fut suspendu par le parlement de Toulouse de son office de maréchal de France, pendant cinq ans, et condamné à payer une amende considérable (Chroniques de Jean d'Auton ; édit. in-8° t. III, p. 92). Brantôme prête à la reine, dans sa vengeance contre le maréchal, un raffinement de cruauté que bien heureusement pour sa mémoire Anne de Bretagne n'a jamais eue.

J'ai dit, plus haut, que la reine Anne de Bretagne avait parmi les officiers de sa maison deux ou trois poëtes, un chroniqueur et un prosateur ; il suffit , pour connaître les encouragements qu'elle aimait à prodiguer aux lettres et aux arts , de parcourir un des registres de l'argenterie royale, pendant les années de son règne. Voici quelques extraits qui datent de 1492 :

Le 16 décembre, François Robertet, secrétaire de madame de Bourbon, recevait de la reine trente-cinq livres tournois, pour avoir fourni des patrons de chaînes et de bagues (Archives nationales, reg. K, 83, fol. 33). — Le 31 du même mois, Arnoul de Viviers, orfaivre de madame de Bourbon, venu tout exprès de Moulins à Paris et à Tours, touchait la somme de deux cent livres, pour l'exécution de plusieurs pièces d'orfévrerie en or, destinées aux couches de la reine (Archives nationales, registre K, 83, fol. 36 r°). — Au jour de l'an, Jehan Ledol et Baudechon Duhamel, tapissiers de la reine, obtenaient une gratification de trois florins d'or, sans nul doute pour avoir exécuté quelques-unes de ces belles pièces à histoires dont je parlerai plus loin, et dont Anne de Bretagne possédait une si belle collection (Archives nationales, registre K, 83, fol. 41 v°). — Le 24 juin, elle faisait payer à Jehan de Cormont, paintre, demeurant à Paris, dix livres dix solz tournois, pour un grand tableau de deux pieds de haut, ou environ, représentant l'image de Notre-Dame, et destiné à l'ornement de sa chapelle (voir la note qui suit).

Note : Archives nationales, registre K, 83, fol. 74 r°. — Dans un inventaire des meubles d'Anne de Bretagne, daté du 19 février 1499, ce tableau est ainsi désigné : Ung grant tableau de bois ouquel y a ung ymaige tenant son enffent bien richement paincte ; et y a escript au cousté du dict tableau, en lettres d'or, Jhesus Maria.

Anne de Bretagne aimait beaucoup la musique, au moins avait-elle à ses gages des chanteurs et des joueurs d'instruments de toutes sortes. Outre les quatre ménestrels bretons dont j'ai déjà parlé, elle avait encore à son service deux chantres qu'à leurs noms je soupçonne fort d'avoir été du même pays. L'un se nommait Prégent Jagu, et l'autre Ivon Le Brun. Ils ne recevaient pas moins de soixante et dix livres tournois pour étrennes (Archives nationales, registre K, 83, fol. 81 v°). Elle avait encore parmi ses valets de chambre Jacques Lorignière, joueur de manucorde (Archives nationales, registre K, 83, fol. 53 v°), et Jehannot Duboys, joueur de rebec (Archives nationales, registre K, 83, fol. 89 r°).

Au mois de décembre de cette année 1492, elle accordait une gratification de soixante-douze soulz, six deniers tournois, au « joueur de cornet du roi, » qui, au château du Plessis-lez-Tours, avait joué devant elle (Archives nationales, registre K, 83, fol. 32 v°). Peu de temps auparavant elle avait accordé diverses gratifications considérables à Paul et à Jérôme « joueurs de luth » (vingt écus d'or — Archives nationales, registre K, 83, fol. 72 v° - 8 juin), aux comédiens appelés les galans sans soucy, pour avoir joué devant elle plusieurs « moralitez, farces et esbatemens  » (trente-cinq livres t. — Archives nationales, registre K, 83, fol. 59 v° - 18 mars), enfin à François de Nicolo de Florence, « pour nourrir et entretenir Lucresse, sa niepce, qu'il a amenée de la dicte ville de Florence devers la dicte dame, pour dancer et faire plusieurs esbatemens devant elle » (Trente-cinq liv. t. — Archives nationales, registres K, 83, fol. 67 v°).

Anne de Bretagne avait pour les beaux manuscrits une véritable passion ; ceux qui lui ont appartenu, ceux surtout qui ont été exécutés pour son usage particulier, le prouvent suffisamment, car on les admire encore aujourd'hui. En réunissant aux livres de son père ceux que Charles VIII et Louis XII avaient rapportés d'Italie, elle était parvenue à former une bibliothèque considérable pour ce temps-là. Les livres manuscrits ou imprimés, « latins, françois, italiens, grecs ou hébreux, » provenant de la conquête de Naples, ne s'élevaient pas à moins de onze cent quarante volumes (Note : Ce fait est mentionné dans la suscription d'un inventaire dressé le 17 septembre 1498. Voir à l'Appendice), qui comptent encore au nombre des plus précieux de la Bibliothèque nationale. Tout le monde connaît le fameux manuscrit à miniatures que l'on y conserve sous le nom de Livre d'Heures d'Anne de Bretagne, et sur le premier feuillet duquel cette princesse est peinte avec tant de perfection (voir la note qui suit). Ce n'est pas le seul monument du même genre qu'elle ait possédé ; il nous en reste encore plusieurs autres, parmi lesquels il faut citer une Histoire des femmes célèbres, composée d'après son ordre en français par son chapelain, Antoine Dufour, et enrichie de soixante-dix-sept miniatures (Note : Voyez la description de ce volume dans le Bulletin du bibliophile, publié par Techener ; janv. 1846).

Note : Voyez une notice assez étendue sur ce livre d'heures, t. III, p. 158 du Voyage bibliographique en France, par Fr. Dibdin, traduit par Licquet et Crapelet. Paris, 1825, in-8°, 4 vol. — Voyez aussi à la page XXIV de l'introduction mise par M. Léon de Laborde en tête du volume qu'il vient de publier sur les lettres, les arts et l'industrie pendant le quinzième siècle, le prix qui a été payé à Jean Riveron, escripvain, demeurant à Tours, et à Jehan Poyet, enlumineur et historieur, aussi demeurant à Tours, pour l'exécution de ce beau manuscrit.

On voyait autrefois, dans la bibliothèque du château de Blois, un manuscrit sur vélin, orné de grandes miniatures, contenant le recueil des épîtres en vers latins (avec la traduction française) adressées par Anne de Bretagne au roi Louis XII, pendant la guerre du Milanais. Plusieurs savants qui entouraient la reine avaient été chargés de la rédaction de ces épîtres, remplies de détails sur les événements de cette guerre. On ne peut douter qu'elles n'aient été réellement envoyées au roi, qui faisait faire les réponses par Jean d'Auton , ou quelques autres clercs dont il était environné [Note : On peut voir dans les Monuments de la monarchie française, de Montfaucon, t. IV, p. 107, une notice sur ce manuscrit avec la reproduction des miniatures qui s'y trouvaient].

La reine Anne avait aussi le goût des tableaux. Sans parler des figures de sainteté en or, en argent, en ivoire, en bois sculpté, assez communes chez les princes de cette époque, elle s'était formé une collection de peintures à l'huile, provenant la plupart d'Italie, parmi lesquelles il se trouvait quelques portraits de personnages historiques. Voici les indications que j'ai recueillies à ce sujet dans les inventaires :

1. Ung grant tableau paint à or bruny, faict à pilliers, dedans lequel est contenu la Nativité Nostre Seigneur ; et est en façon pour servir à orgues. — 2. Ung tableau de bois, ouquel y a paint Nostre Seigneur. — 3. Ung grant tableau paint à or, sur bois, ouquel a ung navire, au bout duquel est painct Nostre Seigneur parlant à saint Pierre, où est escript : Modice fidei, quare dubitasti (Inventaire du 17 février 1499). — 4. Ung patron en toille, où Dieu porte la croix, où il y a plusieurs mendians et autres personnaiges aidant à porter la dicte croix, lequel le feu Roy (Louis XI) feist aporter d'Angiers (Inventaire du 12 mai 1494). — 5. Ung vieil tableau paint ouquel a ung crucifix. — 6. Ung tableau fermant en fasson de livres paint, où il y a une Notre Dame d'ung cousté qui alecte son enffent, et de l'autre est escript : Salve Regina. — 7. Ung autre tableau paint, où est Nostre Dame tenant sou enffent, à la mode antique, de coleur noire. — 8. Ung tableau de Nostre Dame tenant son enffent entre ses bras, paint et doré, apporté de Naples (Inventaire du 18 septembre 1498). — 9. Ung grant tableau de bois, ouquel y a ung imaige tenant son enffent, bien richement paincte ; et y a escript au cousté du dit tableau, en lettres d'or : JHESUS MARIA. — 10. Deux petits tableaux de Nostre Dame tenant son enffant, dont l'ung est plus grand que l'autre (Inventaire du 17 février 1499). — 11. Ung tableau de sainct Jerosme painct. — 12. Ung autre petit tableau de saint Jherosme. — 13. Ung tableau de Hercules paint, les sourciz et yeulx branlans (Inventaire du 18 septembre 1498).

Autres Tableaux de plusieurs personnaiges tirez au vif.

14. Ung tableau paint d'or bruny et de aseur sur boys, ouquel a ung visaige d'une dame de Naples, ayent le ehief tout blanc. —15. Ung autre tableau sur boys paint, d'une autre femme de Ytalie, ayent les cheveux trousez et dessus ung chappelet fait en fasson de perles. —16. Ung autre tableau paint sur boys, où il y a le visaige d'une femme, et au-dessus du dict tableau est escript : Genevra, dont les bors dudit tableau sont pains d'or bruny. — 17. Ung autre tableau paint sur boys, d'une femme ytalienne, aussi paint d'or bruny par les bors, au douz duquel est escript : Solins. — 18. Ung autre tableau paint sur boys, d'une femme de fasson ytalienne. — 19. Ung autre tableau paint sur boys, ouquel a une femme damoiselle habillée à la fasson de France, à hault atour. — 20. Ung autre tableau paint d'aseur sur boys, les hors pains d'or bruny, ouquel a ung visaige de homme habilé de drap d'or, à la fasson de Venise. — 21. Ung autre petit tableau paint sur boys, à ung visaige de homme. — 22. Ung autre petit tableau, où est la Nativité Nostre Seigneur et les troys Roys, paint sur papier collé sur boys, de petite valeur. — 23. Ung autre tableau paint sur boys, en fasson d'un jacobin tenant ung palme en sa main. — 24, 25. Deux autres tableaux pains sur boys, en chacun desquieulx a ung visaige de homme, la teste nue, ayent l'ordre de toison. — 26. Ung autre grant tableau paint sur boys, auquel a le visaige d'un homme à bonnet rouge, à la mode ytalienne. — 27. Ung autre tableau paint sur boys, ouquel a ung visaige de homme, à ung habilement noir sur la teste, au bout duquel tableau est escript : Johannes Ambrosius. — 28. Ung autre tableau paint de noir sur boys, ouquel a ung visaige de homme ytaliain. — 29. Ung autre tableau paint sur boys, d'un jeune enffent ytalien, la teste nue et pérucque jaune. — 30. Ung autre tableau paint sur boys, ouquel a ung visaige de prélat ayent bonnet rouge et ung surpeliz sur une robbe rouge...... — 31. Ung aultre tableau painct de noir sur boys, ouquel a ung visaige que l'on dict estre du Seigneur Ludovic. — 32. Ung autre tableau semblable, ouquel a le visaige d'un homme ytalien, au bas duquel est escrit Philippus Maria. — 33. Ung tableau paint de noir sur bois et d'or bruny par les bors, ouquel a le hault d'un homme à la fasson d'Italie. — 34. Ung autre tableau paint d'aseur sur boys, ouquel a ung visaige de homme ytalien ; et au bas d'iceluy est escript : Philippus Maria ; et a le visaige noir. — 35. Ung autre tableau paint sur bois tout doré, ouquel a ung relligieux de saint Françoys à genouz (Inventaire du 25 juillet 1499) ....... etc.

En parcourant les inventaires de meubles d'Anne de Bretagne, on est émerveillé des richesses qu'elle possédait en vaisselle d'or et d'argent, en bijoux de toute nature, en étoffes d'or ou de soie, et surtout en tapisseries. La rareté des matières de ces différents meubles n'en faisait pas seulement le prix, l'art exquis déployé dans la mise en œuvre contribuait à en augmenter la valeur. Soit d'Italie, soit des diverses contrées de la France, elle faisait venir les plus habiles d'entre les peintres, enlumineurs, scribes, orfévres et tapissiers pour les charger de ses travaux d'art (inventaire du 3 juin 1505). Sa vaisselle d'or et d'argent, qui se composait surtout des présents qu'elle avait reçus en différentes occasions des bonnes villes du royaume (Nantes, Paris, Lyon et autres), était surtout magnifique. Les pièces d'argenterie d'un prix inférieur, pour le métal, à la vaisselle d'or, l’emportaient de beaucoup par le travail. Chacune de ces pièces était décorée de plusieurs figures d'hommes ou d'animaux et enrichie d'émaux artistement travaillés. Toute l'habileté des orfévres de cette époque, et elle était grande comme on sait, avait été mise en oeuvre pour la confection de cette argenterie. Voici l'indication d'un seul article, qui pourra faire juger du reste :

Une corbaille faicte en façon de panier, à deux grans anses tenues par hommes et femmes sauvaiges et par lyons ; et par le dessoubz les bords et garnitures dorez ; laquelle corbaille a esté faicte par Jehan Gallant, orfevre, demeurant à Tours, par le commandement de Jehan François, général des finances de Bretaigne, qui en fict faire la dicte livraison à Amboise ; et pese six vingt unze marcs, six onces d'argent (inventaire du 16 janvier 1498).

La reine avait un grand soin de ces objets précieux et veillait à les faire marquer de sa devise ou de ses armes [Note : Dans l'inventaire du 3 juin 1505, on voit figurer Jean de Paris, « valet de chambre du roi ; peintre, » comme chargé d'un travail de ce genre] ; cependant elle était prodigue de toutes ces richesses : toutes les personnes admises en sa présence emportaient un souvenir de leur visite. Brantôme nous a signalé ce fait (Dames illustres, t. V, p. 6 des œuvres complètes, in-8°), et un auteur du dix-septième siècle, qui ne connaissait pas les mémoires du sieur de Bourdeille, en parle comme d'une tradition qui s'était perpétuée jusqu'à lui. Hilarion de Coste dit à ce sujet : « Les curieux n'ignorent pas que ceste très-libérale princesse avoit un cabinet et une galerie pleine de diamants, de perles, de rubis, d'émeraudes et autres pierres précieuses, dont elle fesoit des présents aux femmes des capitaines et des héros qui avaient acquis de l'honneur et de la gloire dans les armées, et fidèlement servy aux occasions le roi Louis XII, son mari, lequel n'étoit pas beaucoup libéral, pour la crainte qu'il avoit de fouler son pauvre peuple, dont il estoit le père » (Les éloges et les vies des reynes, des princesses et des dames illustres, etc. Paris, 1647, in-4°, 2 vol. — T. II, p. 6).

Entre les richesses que possédait Anne de Bretagne, il faut remarquer les tapisseries et les draps d'or ou de soie sur lesquels étaient représentés des personnages de tous les temps. De grandes dépenses avaient été faites en ce genre, lors de son mariage avec Charles VIII, quand le château d'Amboise, presque entièrement reconstruit, fut aussi remeublé. Le compte de ces dépenses existe, et l'on peut juger, par l'examen de ce curieux document (Compte des ornements du château d'Amboise (1494-1495). — Archives nationales, reg. K, 323, fol.), de la multiplicité des objets nécessaires à l'organisation intérieure d'une maison royale au quinzième siècle, et de la magnificence qu'on y déployait. La première et la plus longue partie est consacrée aux draps d'or et de soie qui devaient meubler la chapelle ou les appartements du château ; le nombre de ceux qui furent employés à Amboise dépasse plusieurs milliers d'aunes, et coûtèrent environ dix mille livres. La Turquie, la Flandre et la France avaient fourni ces tentures. Quelques tapis en velours de Turquie n'avaient pas moins de sept aunes de longueur chacun. André Denisot et Guillaume Mesnagier, ouvriers de Tours, furent chargés de la majeure partie de l'ameublement. Une chambre tendue par Mesnagier de tapisseries de soie était composée de huit pièces formant trois cent quarante-sept aunes, sur lesquelles on voyait « l'histoire de Moïse ». Le même ouvrier, le même artiste plutôt, avait exécuté un grand tapis à la moresque. Un détail que j'emprunte au même document prouve combien les tapisseries à personnages du château d'Amboise étaient nombreuses. Pendant le mois d'octobre 1494, le duc et la duchesse de Bourbon vinrent faire une visite au roi et à la reine ; pour tendre toutes les tapisseries du château dans les deux grandes cours, il ne fallut pas moins de quatre milliers de crochets. Ce devait être un spectacle curieux que l'exposition de toutes ces tapisseries, sur lesquelles étaient représentés non-seulement des traits de l'histoire sainte, mais encore les héros célèbres des romans de chevalerie, et même quelques faits de l'histoire contemporaine. C'étaient : les Travaux d'Hercules, le Siége de Troyes, la Destruction de Jérusalem, le Roman de la Rose, l'Histoire des Sybilles et l'Histoire de Moise, celle de Nabuchodonosor, celle de Jonathas, le Triomphe des Neuf Preux ; on y voyait aussi, divisée en neuf pièces, la Bataille de Formigny, livrée en 1450, dans laquelle Charles VII triompha des Anglais (voir la note qui suit).

Note : Inventaire des tapisseries à grands personnaiges, etc. ; 12 mai 1494. — Aime de Bretagne possédait encore d'autres grandes tapisseries à ymages, parmi lesquelles j'ai remarqué les sujets suivants : Les Ages. — L'Histoire d'Alexandre le Grand. — L'Histoire du roi Assuérus et de la reine Ester. — La Cité des dames. — L'Histoire de David. — L'Histoire de Jazon. — Jeunesse et Vieillesse. — Le Mystère du mirouer de Rome. — La papesse Jeanne. — Les Pèlerins du Mont-Saint-Michel. — Les Neuf preux. — L'Histoire de Regnault de Montauban, et beaucoup d'autres pièces représentant des scènes de chasse, des hommes et des animaux sauvages, ou bien encore des fleurs et des fruits.

Les autres parties du même compte sont relatives aux linges de chambre et de table, draps, tayes d'oreiller, nappes et serviettes, à la vaisselle d'argent pour le service du roi, et à la vaisselle d'étain pour celui des cuisines, aux meubles de toutes sortes, bois de lit, coffres, bahuts, tables, dressoirs, tabourets et bancs, et à des objets divers livrés « pour l'aménagement du château et le plaisir du roi ». Chacune de ces parties abonde en détails très-minutieux. Voici ceux qui touchent particulièrement Anne de Bretagne :

Une table en chêne de quinze pieds de long, avec un banc de la même étendue, pour la salle à manger de la reine. — Deux dressoirs pour le service de ses échansons. — Deux bois de lit de six pieds de long, sur six de large, pour la chambre de ses filles d'honneur. — Une table pour la chambre de Mademoiselle de Montpensier. — Une autre table pour la chambre des médecins de la Reine, avec un lit de six pieds de large, sur six et demie de long. — Deux écrins, l'un pour la chambre de la reine et l'autre pour celle de la princesse de Tarente.

Le dernier chapitre nous apprend que Charles VIII avait un goût singulier pour le rouge et le jaune ; c'étaient ses couleurs préférées, et elles dominaient dans les quatre pièces de son appartement. La vaisselle d'argent du roi, composée de soixante pièces environ, était marquée d'un K et d'une S, et semée de fleurs de lis, avec sa devise (voir la note 1 qui suit). Trois fleurs de lis jaunes servaient de marque à tous les draps, qui, au nombre de sept ou huit cents douzaines, garnissaient la lingerie du château. Deux grands S-S de velours noirs, joints par un tiret en façon de cordelières, étaient brodés sur la tenture de chacune des chambres du château ; la même broderie était répétée, au milieu du plancher, sur une pièce de toile noire (voir la note 2 qui suit).

Note 1 : Quelle était cette devise assez courte pour être gravée sur la vaisselle ? Etait-ce celle que le Père Menestrier avait vue sur une menuiserie du château d'Amboise, au milieu d'une cordelière : Plus qu'autre. Le Père Menestrier l'attribue à tort, je crois, à François Ier. (Origine des ornements et des armoiries, p. 163).

Note 2 : Inventaire des meubles de la reine Anne de Bretagne, 16 août 1498. A cette époque on déployait beaucoup de luxe dans tout ce qui concernait les équipages. Je trouve, dans les comptes d'Anne de Bretagne, un article ainsi conçu : « Le sixiesme jour de novembre, l'an mil cinq cens, a esté baillé par la reine à Jehan Lefebvre une housseure de cheval, faicte d'orfavrerie et broderie, esquelles orfavrerie et broderie sont enlevées plusieurs levriers et genetes semées de menuz perles ; laquelle housseure le feu duc fist faire. Et en a ordonné la dicte dame à en faire une chappe, à Jehan Galle brodeux, auquel elle a fait bailler pour le faire... » (Ms. de la Bibl. nat. ; Bl.-Mant., 49, fol. 145).

J'ai remarqué plus haut que la reine avait conservé dans son costume habituel beaucoup de simplicité, et principalement dans sa coiffure faite à la mode de son pays. Mais lors des occasions solennelles, sa simplicité faisait place à une magnificence extraordinaire. Voici dans quel appareil elle fit son entrée à Lyon, en 1498 : six pages vêtus de robes de velours cramoisi, brodées de la lettre A en fils d'or, ayant sur leurs têtes des bonnets de même sorte, la précédaient. Elle était assise dans un charriot branlant, couvert de velours cramoisi, brodé de la lettre A en or, et d'hermines, traîné par six hacquenées avec caparaçons semblables aux ornements du chariot. Les dames et les filles d'honneur la suivaient dans un char semblable. Venait ensuite la mule ordinaire de la reine, couverte d'un drap or et noir brodé de franges d'or et de soie blanche. Les caparaçons, la bride, le poitrail, les testiers, etc., étaient de cordon d'or et de soie blanche garnis de houppes pareilles ; la selle, très-large, était de satin cramoisi. Venait enfin la litière d'apparat portée par deux mules, l'une devant, l'autre derrière, tendue de drap d'or de Frise. La reine elle-même était habillée d'une robe de drap d'or, à taille assez courte, garnie d'hermines, fermée par de petits boutons en diamants. Sa cordelière était d'or, sa cape bretonne était en étoffe d'or et de soie, et brillante de pierres précieuses. Un long manteau de velours rouge doublé d'hermines tombait de ses épaules jusqu'à terre.

On voit que les dames et filles d'honneur qui suivaient Anne de Bretagne étaient aussi bien traitées qu'elle-même. La reine, effectivement, en avait le plus grand soin. Brantôme s'exprime ainsi à ce sujet : « Sa cour estoit une fort belle escole pour les dames, car elle les faisoit bien nourrir et sagement ; et toutes à son modèle se faisoient et se façonnoient très-sages et très-vertueuses ». Et plus haut : « Ce fut la première qui commença à dresser la grant court des dames que nous avons veue depuis elle jusques à ceste heure , car elle en a voit une très-grande suite et de dames et de filles ; et n'en refusa jamais aucune ; tant s'en faut, qu'elle s'enquerroit des gentilzhommes leurs pères qui estoient à la court, s'ilz avoient des filles et quelles elles étoient, et les leur demandoit » (Dames illustres, t. V des oeuvres complètes in-8°, p. 7).

Le nombre des dames et des filles de noble maison qui composaient la cour d'Anne de Bretagne était de cinquante environ. Neuf dames d'honneur recevaient les unes mille et douze cents, les autres, deux et trois cents livres par an. Il y avait trente-cinq à quarante filles d'honneur, aux appointements de cinquante ou cent francs (Estat de la maison de la reine Anne de Bretagne, p. 706 de l'Histoire de Charles VIII, etc., par Godefroy, Paris, 1684, in-fol.).

Parmi les dames d'honneur on trouve des noms illustres : Charlotte d'Aragon, princesse de Tarente, Anne de Bourbon, dame de Montpensier, Catherine et Germaine de Foix. Les filles d'honneur appartenaient aux meilleures maisons ; c'étaient les demoiselles de Tournon, Blanche de Montbeson, Jeanne de Rohan-Guéménée, Catherine de Barres, Louise de Bourdeille, tante de Brantôme, et plusieurs autres. Anne de Bretagne, pour leur donner le bon exemple, travaillait avec elles et s'occupait à des ouvrages de tapisserie. Bretagne, héros d'armes, auteur de la relation des funérailles de cette princesse , dit avoir vu à Saint-Denis une grande chape d'église, toute couverte de perles en broderie, faite par elle et ses femmes, et destinée au pape (Brantôme, Dames illustres, t. V des œuvres complètes in-8°, p. 10. Voyez aussi Hilarion de Coste, Vies ou Eloges des dames illustres, t. I, p. 9). Les bonnes mœurs, l'esprit et la grâce qui régnaient à cette époque à la cour de France étaient en grande réputation dans toute l'Europe. Ladislas Jagellon, roi de Bohême, fit demander par un ambassadeur, à la reine, de lui choisir entre ses filles d'honneur une personne sage et belle, digne de monter sur le trône. Anne de Foix, fille unique de Jean et de Catherine de Foix, mérita cet honneur. Ferdinand V, roi d'Aragon, devenu veuf, imita l'exemple de Ladislas, et la reine lui envoya Germaine de Foix, sœur du fameux Gaston de Foix, nièce de Louis XII (Hilarion de Coste, Vies ou Eloges des dames illustres, etc., t. I, p. 8).

C'est au milieu de ces splendeurs et de cette admiration universelle qu'une mort prématurée vint frapper Anne de Bretagne. Louis XII fut très-sensible à cette perte. Il voulut donner des témoignages publics de son extrême affliction, et, contre l'usage établi par ses prédécesseurs, il porta ce deuil en noir. Après être resté trois jours enfermé seul dans son cabinet, il défendit à qui que ce fût de se présenter devant lui sans être vêtu de noir, et interdit l'entrée de la cour aux comédiens et aux bateleurs (De la Saussaye, Histoire du château de Blois, in-fol., p. 99). Une pompe funèbre des plus solennelles entoura le corps de la reine, jusqu'à ce qu'il fût déposé dans l'abbaye de Saint-Denis. Le héraut d'armes, Bretagne, composa une relation détaillée de cette cérémonie. Plusieurs copies ornées de belles miniatures en furent faites par ordre de Louis XII, qui les donna à quelques-uns de ses plus dévoués serviteurs (voir la note qui suit). Après avoir été plusieurs jours exposé sur un lit de parade, le corps de la reine quitta Blois au milieu des gémissements et des larmes de tout le peuple, qui plaignait le sort de cette princesse et accusait hautement les médecins de l'avoir tuée.

Note : La Bibliothèque nationale possède six exemplaires de cette relation. Le plus beau (n° 9309) est dédié à Louise de Savoye. Brantôme en a, le premier, cité des fragments (t. V, p. 10 des œuvres in-8°). Montfaucon en a aussi publié quelques-uns, t. IV, p. 128 des Monuments de la monarchie française. Godefroy l'a reproduite en entier dans la première édition du Cérémonial françois.

 

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APPENDICE.

Les documents inédits dont j'ai fait usage dans cet article sont extraits de plusieurs inventaires des meubles d'Anne de Bretagne, rédigés depuis le mois de mai 1494 jusqu'au mois de septembre 1507. Ces inventaires sont réunis dans un manuscrit de la Bibliothèque nationale, du fonds des Blancs-Manteaux (n° 49, in-fol. sur papier). Je donne ici le titre exact de chacun de ces inventaires, que j'ai rangés, pour plus de clarté, dans l'ordre chronologique, en indiquant le folio du manuscrit.

12 mai 1494.

Tappiceries à grans parsonnaiges tant à or, layne que soye, et autres de plusieurs sortes, autreffoiz baillées en la charge et garde de Jehan Lefebvre, tappicier de la dicte dame, par les mains de Raymon de Dezest, bailly d'Amboise, et Gilles Thomas, trésorier de l'espergne de la dicte dame, ainsi que appert par un grand inventaire fait au dict Amboise, non dacté, ne signé fors que en la fin : Loys Chaillou concierge du chasteau dudit lieu d'Amboise confesse avoir eu et receu plusieurs choses des dessus dictes contenues ou dict inventaire soubz son seing manuel, le XIème siècle jour de may, l'an mil IIIIc IIIIxx quatorze. (F° 147).

30 janvier 1495.

Autres tapiz velluz, pièces de tapisseries, couvertes, bauchiers et autres chouzes aportées de Naples par ung nommé Nichollas Fagot, baillez au dit Jehan Lefebvre, ainsy qu'apert par ung inventoire faict le XXXème jour de janvier, mil IIIIc IIIIxx quinze (voir la note qui suit). (F° 1).

Note : Inventaire curieux de 6 pages seulement. On y lit : « Autres chozes que la Royne a faicte faire à la dicte venue de Monseigneur l'Archeduc : Troys chaizes couvertes de drap d'or raz, fourny por la dicte dame. Et pour ce qu'il n'y eust assez de drap d'or, Jeban Lefevre print pour parfournir ung demy manteau de semblable drap d'or pour pellerin de Mourisques.... — Item, huit quenouilles qui estoient de deux lictz de camp qui ont servi à la chambre de l'archiduchesse, lesquelles quenouilles ont esté couvertes de drap or raz, c'est assavoir quatre de drap d'or raz neuf, et les autres de deux demyes lèzes de drap d'or que le dit Jehan Lefevre avoit. Le surplus des dits demy lez a esté mys à alonger deux pièces tendues en la dicte chambre de l'archiduc ».

16 janvier 1497.

Autres acoustremens et paremenz baillez au dit Jehan le Fevre, à Amboyse, qui furent autreffoiz faiz à la venue de Monseigneur de Bourbon, comme apert par ung inventaire faict au dict Amboyse, le XVIIème siècle jour de janvier, mil CCCC IIIIxx dix et sept. (F° 9).

16 août 1498.

Inventaire des tappisseries, tant de draps d'or soye que de laine, et acoustremens estans en la maison de Monseigneur le général de Languedoc Jacques de Beaune, appartenant à la Royne, fait par son commandement par Pierre Signac, contrerolleur de son argenterie et escuierie, et Jehan Lefevre, son tappissier, es presences de Guillaume Gauffray, Aymé Freslon dit Tappon, François Courtin et Thomas Thibault, serviteurs dudit général, le XVIe jour d'aoust, mil CCCC IIIIxx et dix-huit (F° 11 à f° 27). (voir note qui suit).

Note : Compte très-curieux et très-détaillé, divisé en plusieurs chapitres, dont voici l'intitulé : 1. Premièrement les Tapisseries et autres chozes que la dicte dame feist apporter de Bretaigne. (P. 11 à 14). — 2. Autre inventoire des acoustremens et paremens de la premiere couche de la Royne. (P. 15 à 18). — 3. Autre chambre de Tapisserie de veloux cramoisy à lettres d'or de broderie de A et K couronnez, semez toute doublée de bougran noir. (P. 18 à 20). — 4. Pelleterie livrée et baillée par les dessus ditz au dit Signac et Lefevre. (P. 20). — 5. Escuyerie. (P. 21). — 6. Autres accoustremens de drap d'or et de soye servans à l'escuyerie de la dicte dame pour l'entrée de Lyon. (P. 22).

17 septembre 1498 (?).

La déclaracion des relliques, reliquaires, ornemens d'esglise, pare-mens d'autel, tableaux, vaisselle d'or et d'argent, tapiceries de drap d'or, soye et layne, tappiz, acoustremens de escuierie, litz de camps, livres en latin, françoys, italien, grec et esbrieu, autres meubles et extencilles appartenans à la Royne duchesse, de laquelle déclaracion l'extrait a esté prins sur plusieurs inventoires faiz par le commandement et ordonance de la dicte dame, comme sera dit cy après et iceulx redigés par chappitres en ce présent livre le .... jour de mil .... en la fourme et manière que s'enssuit. (F° 53).

Note : Cet inventaire précieux ne paraît pas avoir été terminé. Tout ce qui est indiqué au titre ne s'y trouve pas. A la fin du premier chapitre, consacré aux reliques, on lit : « Toutes et chacunes les dictes reliques ont esté prinses sur un inventoire faict à Amboise par maistre Jehan Benard conteroleur, et Raymond de Dezest, bailly du dict lieu, fors et excepté le derrenier article du Reliquaire de saint Bonaventure, lequel inventoire fut faict au dict lieu d'Amboise, le XVIIème siècle jour de septembre, Mil IIIIc IIIIxx dix huit, ès présences de Jehan Bourreau et Mathurin Bourgeois, noctaires du dict lieu, etc. ». Le second chapitre est intitulé : « Autres parties contenues ou dict inventoire faict par les dictz maistres Jehan Benard et Raymond de Dezest, laissez pareillement en garde en la maison du dict général de Beaulne comme croix, calice, paix, tableaux, licornes, langues de serpens, et autres menues chozes, comme cy après s'enssuit ».

On lit à la fin de ce chapitre, qui renferme les articles les plus curieux : « Et est assavoir que ou dit inventoire, vers la fin, y a ung article contenant que plusieurs livres tant en parchemin que en papier, à la main et en mosle, tant de esglise que autres, qui estoient ou dit chasteau d'Amboise, ont esté baillez et livrez par le dit Raymon de Dezest au dit maistre Jehan Benard ; contenant les dictz livres en nombre vnze cens quarente, de toutes sortes, apportez de Naples, sans estre autrement speciliez. Desquieulx livres la declaracion sera faicte par le menu ou chappitre des livres. Aussi y a ou dict inventoire ung autre inventoire declaré par le menu qui sera escript ou dict chappitre des livres autreffoiz apportez de Nantes ».

16 janvier 1498.

Inventoire et déclaration de la vexelle d'argent livrée par maistre Martin Pequineau, maistre de la chambre aux deniers de la Royne, duchesse de Bretaigne, et par son commandement et ordonnance, à Gilles Thomas, son conseillier et trésorier de son espergne, es présence de Julien du Vergier, maistre des monnoyes de Nantes, et Jehan Chiffain orfeuvre, demourant en la dicte ville, quelz ont pesé la dicte vexelle en la tour de la Trésorerie de l'espergne estante ou chasteau du dit Nantes, le seiziesme jour de janvier, l'an mil IIIIc IIIIxx dix huit, dont le poys et blason d'icelle enssuilt. (F° 73).

11 janvier 1499.

Ornemens d'esglise, de chappelle et paremens d'autel contenuz ou dit inventoire baillez, par le dit maistre Jehan Benard et Jehan Lefevre tappicier de la dicte dame, pour mener en la ville de Nantes, comme appert par ung autre inventoire où sont contenuz autres tappiceries de Millan, et autres ornements d'esglise, que la dicte dame luy a commendé donner à plusieurs esglises en Bretaigne. Le dit inventoire signé du dit Lefevre, le XIe jour de janvier, l'an mil IIIIc IIIIxx et dix neuf (F° 67) (voir la note qui suit).

Note : A la fin de cet inventaire, qui n'a que dix-huit articles, on lit : Tous les quieulx ornemens le dict Jean Lefevre a portez pour garder à Nantes, avecques plusieurs chappes et chazubles, lesquelles il doit faire porter à plusieurs esglises, par le commandement et ordonnance de la dicte dame, aux esglises cy après specifiées, et dont il doit apporter certiffication.

19 février 1499.

Tableaux de esglise, dont l'extrait a esté prins sur un inventoire faict à Tours par maistre Martin Peguineau, maistre de la chambre aux deniers de la dicte dame, et Pierre Signac, contreroleurs de l'argenterie et escuierie d'icelle, le XVIIe jour de fevrier, mil IIIIc IIIIxx et XIX. Lesquieulx tableaux et autres choses sont demourez en garde en la maison de mon dit Sr le général, et tout le contenu du dit inventoire. (F° 101).

25 juillet 1499.

Autres (tableaux) de plusieurs personnaiges tirez au vif, prins sur le dit inventoire contenu ou derrenier article précedent, fait es présences du ditz Peguineau et Signac, par Nycolas de La Val et Jacques Fousse Douante, notaires jurez des contractz de Tours, le dit XXVe jour de juillet, mil IIIIc IIIIxx et dix neuf. (F° 109) [Note : J'ai publié cet inventaire plus haut].

10 janvier 1499.

Inventoire de la tappicerye que Jehan Lefevre, tappicier de la Royne, a envoyée à Nantes, par le commandement et ordonnance de la dicte
dame. (F° 129).

4 novembre 1500.

S'ensuit le nombre (des linges et draps) que Rolland Peignae, consierge du chasteau de Nantes, a en garde, comme appert par ung vieil inventoire non dacté, ne signé, baillé au contrerolleur Signac par le dit Peignac, le quatriesme jour de novembre, mil cinq cens. (F° 125).

28 août 1500.

Inventoire d'ung lict de camp et autres choses appartenant à la Royne, qui ont esté baillez par le commandement de la dicte dame à Jehan Lefevre, en la ville de Blois, le vingt huitiesme jour d'aoust, l'an mil cinq cens, faict par maistre Pierre Signac, contrerolleur de l'escuyerie et argenterie de la dicte dame, et Jehan Pequineau. (F° 137) [Note : Au fol. 139 on lit « Autres accoustremens qui furent faitz à Lyon-le-Saulnier (Lons-le-Saulnier) baillez au dict Lefevre, par les dicts Signac et Peguineau, les jours et ans que dessus ».].

Août 1501.

Inventoire des pièces de paremens et chappelles que Francoys Jobert a baillées à la Royne, achaptées par Monseig, le General de …. lesquels paremens la dicte dame envoya à Lyon, ou mois d'aoust, l'an mil cinq cens et un, en la maison de mon dit sr le général pour les garder ; qui est de broderie pour la pluspart. (F° 142).

1501.

Autres extensilles baillées à Robert, tapissier du Roy, ou mois de janvier mil Vc et ung, ou chasteau de Blois, dont l'inventoire a esté faicte par Me Jehan Bruard. (F° 143).

26 novembre 1500.

Déclaration des tappiceries et tappiz usez et rompuz, livrées par l'exprès commandement et ordonnance de la Royne, par Jehan Lefevre, son tappicier, le XXVIe jour de novembre, l'an mil cinq cens, ou chasteau de Nantes, es présences de Mess. de la Bonnardière, cappitaine des ville et chastel du dit Nantes, et de Gilles Thomas, thrésorier de l'espargne de la dicte dame, pour icelle tappicerie et tappiz distribuer aux hospitaulx, par l'advis et déliberacion des dessus ditz. (F° 177).

15 décembre 1500.

Autres aournemens d'église qui estoient en la garde du dict Raymond Dezest, qui estoient autreffoiz en la chappelle du dict chasteau d'Amboise, dont l'extraict a esté prins sur ung inventoire fait au dit Amboise par le dit Dezest et le contrerolleur Signac, en la presence de Mathurin Bourgeois, notaire des contractz royaulx au dit Amboise, le IIIe decembre, l'an mil cinq cens ; et iceulx apportez au chasteau de Blois, à la Royne, par son commandement, par le dict Dezest, et baillez en garde à Jehan le Fevre, tappissier d'icelle dame, le XVe jour du dit moys ensuivant. (F° 181).

15 décembre 1500.

Aultres ornemens d'église autreffoiz aportez de Naples par ung nommé Nicolas Fagot, estant en ung viel coffre, en la maison de Raymon de Dezest, bailly d'Amboise, comme appert par une inventoire signé du dict Dezest et de Pierre Signac, contrerolleur de l'argenterie de la Royne, et d'ung notaire nommé Me Borgois, faict ou dict lieu d'Amboise, le IIIme jour de décembre, l'an mil cinq cens ; et iceux ornemens baillez au dict Jehan Lefevre par le commandement de la dicte darne, ou chasteau de Bloys, le quinziesme jour de décembre oudit moys, l'an mil cinq cens. (F° 183).

11 décembre 1500.

S'ensuit les meubles et ustancilles qui sont de présent ou chastel d'Amboise, en la garde de Loys Chalon, consierge du dit chastel, ainsi que appert par ung inventoire signé de luy, faict le unziesme jour de décembre, mil cinq cens. (F° 187).

Octobre 1501.

Abregé de la vexelle (vaisselle) tant d'argent que vermeille dorée, apportée du chasteau de Nantes à Bloys, par l'ordonnance et commandement de la Royne duchesse de Bretaigne, ou mois d'octobre mil cinq cens et ung, par Gilles Thomas, son trésorier de l'espargne, etc. (F° 199).

25 mai 1502.

Inventaire de plusieurs besongnes laissées à Bloys, en la garde de la nourisse, le XXVe jour de may, mil cinq cens et deux, par le commandement de la Royne. (F° 209).

9 décembre 1502.

Inventaire de la vesselle d'or que ceuix de Jannes (Genes) donnèrent au Roy, à son entrée de la dicte ville, et icelle donnée depuis à la Royne, en la ville de Lyon, faict le dict inventoire à Loches, le IXe jour de décembre mil cinq cens et deux, es présences de maistre Jehan Bernard et Pierre Signac, contrerolleurs de l'argenterie et escuyerie d'icelle dame, et Arnoul de Viviers, orfévre. (F° 211).

7 mai 1506.

Inventaire de la vaisselle d'or qui a esté baillée et mise entre les mains de Jehan de Paris, varlet de chambre du Roy et de la Royne, par l'ordonnance des dictz seigneur et dame, laquelle a esté prisée es presences de Messeigneurs les vischancelier de Bretaigne, évesque de Nantes, les généraulx d'oultreseine, de Languedoc et de Bretaigne, et de nous contrerolleurs cy dessoubz signez ; et laquelle a esté mise et est de présent ou cabinet du dit seigneur, ou chasteau de Blois. (F° 213).

8 mai 1507.

Inventaire des relicques et relicquaires, croix, tableaux, calices, et autres choses qui estoient en la garde de feu Jehan Lefevre, en son vivant tappissier de la Royne, baillez à Jehan Nepveu trésorier de l'espargne de la dicte dame, par le S. de la Bonnardière, cappitaine de Nantes, le huitième jour de may mil Vc sept. (F° 227).

6 septembre 1507.

Inventoire de la tappicerie rapportée de Milan, appartenant à la Royne duchesse de Bretaigne, estant en la tappisserie du chasteau de Bloys, et autres choses cy après déclairées, lesquelles Benard le Court a laissées en garde à Gabriel. Faict au dict lieu, le VIe jour de septembre, mil Vc et sept. (F° 249).

LE ROUX DE LINCY.

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