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VIE ET ŒUVRE D'ANATOLE LE BRAZ

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Pour plus de commodité, ce chapitre sera composé de deux parties, la vie et l'œuvre d'Anatole Le Braz, mais ce sera surtout pour faire apparaître combien son œuvre et sa vie sont inséparables et comment son oeuvre s'explique par sa vie.

Anatole Le Braz et son épouse.

Né le 2 avril 1859 à Saint-Servais-de-Duault, il a deux ans quand son père, Nicolas Le Bras (ou Lebras), instituteur, né à Plestin-les-Grèves en 1830, et sa mère, Jeanne Le Guyader, s'installent à Ploumilliau. A ses fonctions d'instituteur, son père ajoutera plus tard la charge de secrétaire de mairie.

Voir aussi  Ecrivain Anatole Le Braz " La famille d'Anatole Le Braz "

Généalogie d'Anatole Le Braz, écrivain.

Le jeune Anatole-Jean-François-Marie, cadet de six enfants, vivra à Ploumilliau des années privilégiées qui ont eu, c'est incontestable, une influence déterminante sur la formation de sa personnalité.

Ce fut un jeune garçon sain et vigoureux, qui impressionnait son camarade de jeu, Jean-François Guéguen, « par sa force physique et son habileté à mener les vaches au champ ». Cette remarque, à elle seule, montre que le jeune Anatole, fils de l'instituteur, aimait déjà le contact direct avec la nature et les relations avec les paysans de Ploumilliau. Lui, qui se définissait comme « un fils des Monts adopté par la Mer », écrira plus tard « Le meilleur de mon adolescence s'est écoulé parmi eux ».

Il se rendait au presbytère pour suivre les leçons de latin que lui donnait l'abbé Villiers de l'Isle-Adam, cet abbé avec qui l'instituteur Le Bras entretenait des relations tout à fait cordiales.

Il faut croire que l'élève était bon élève, il faut croire aussi que l'abbé était bon professeur et que, s'il n'apprit pas à ce jeune élève toutes les subtilités du latin, du moins lui donna-t-il le désir de poursuivre l'étude des langues anciennes car Anatole Le Braz devint capable de lire dans le texte les écrits latins de Virgile et les merveilleuses oeuvres grecques que sont L'Iliade et L'Odyssée.

Jeune garçon influençable, il découvrit de bonne heure la statue de l'Ankou qu'il regardait, selon ses propres teintes, « avec terreur » pendant la messe. De plus, il vivait dans la maison d'école, à deux pas du cimetière, c'est-à-dire en communion pernanente avec les morts. Les morts qui, pour les Bretons, ne sont jamais tout à fait partis pour l'autre monde, surtout ceux qui meurent jeunes. Ce commerce quotidien avec les trépassés influencera son imagination et nourrira son oeuvre.

A l'école primaire de Ploumilliau, il jouait le rôle de « moniteur ». Nous avons vu, en effet, dans le chapitre consacré aux affaires scolaires, que la méthode utilisée à l'école était la « Méthode mutuelle », ce qui voulait dire que dans les classes très chargées de l'école du XIXème siècle les plus grands aidaient les plus petits. Plus tard, il consacrera sa vie à l'enseignement.

Il fit de brillantes études au lycée de Saint-Brieuc, puis à Paris, au lycée Saint-Louis. Licencié ès-lettres, il ne peut accéder à l'agrégation de philosophie parce qu'il n'a pas le « baccalauréat scientifique restreint ». Il enseigne quelques années à Paris et à Étampes. En 1886, il est nommé professeur de lettres à Quimper, où il reste quinze ans.

En 1891, comme à l’accoutumée, Anatole passe ses vacances à Port-Blanc, cette fois en compagnie de son épouse, Augustine-Jeanne Le Guen, veuve d’Edouard Donzelot, avec laquelle il s’était marié le 6 août 1890 à Quimper et avec laquelle il aura 3 enfants : 1° Anne Le Bras née en 1891 et mariée le 14 avril 1914 à Penvénan avec Ambroise Bouchage ; 2° Marguerite Le Bras née en 1893 ; 3° Robert Le Bras (1896/1895-1915). Veuve dès 1906, il épousera le 3 septembre 1921 Mary Lucin Davison née en 1890 et sœur de Henry Davison, ancien président de la Croix-Rouge des États-Unis et directeur de J.P. Morgan, à New-York. Il finit par  acheter, en 1897, une maison à Port-Blanc nommée Castel Lic.

Portrait d'Anatole Le Braz, écrivain, en 1890.

En 1901, il est nommé Maître de conférences à la faculté des lettres de Rennes. Promu professeur titulaire en 1904, il y reste jusqu'en 1924, année où, à soixante-cinq ans, il prend sa retraite le 1er août. Ses élèves d'abord, ses étudiants ensuite, avaient pour lui beaucoup de sympathie, une sympathie nourrie d'admiration puisqu'ils l'ont surnommé « l'As ».

Il lui arrivait assez fréquemment d'interrompre ses cours à la faculté de Rennes pour donner des conférences dans des bourgs bretons, et surtout pour effectuer des tournées à l'étranger, aux États-Unis tout particulièrement. Anatole Le Braz s'y rend en 1906, 1910, 1911, 1912, puis, pendant la guerre, de 1914 à 1919. Il sera appelé à donner des cours de français aux sous-officiers de l'année américaine qui viendront en 1917 renforcer les armées alliées.

Ses mérites reconnus lui valurent d'être fait chevalier de la Légion d'honneur le 31 décembre 1897 et officier le 30 juillet 1914.

Partout, de sa voix puissante, il savait donner à ses cours, à ses conférences, une tonalité forte et simple. De cette même voix puissante, qu'il savait moduler et dont il savait très bien jouer, il prononçait aux enterrements d'émouvants discours en breton.

Ayant pris sa retraite le 1er août 1924, il déclara « le mot même de retraite est plein de signification mélancolique ». A cette occasion, il manifeste à la fois sa générosité et son désir de voir le peuple accéder à la culture en créant, avec sa pension de retraite, trois bourses de 5 000 francs afin que « d'autres enfants, issus des entrailles mêmes du peuple, puissent en jouir pour se cultiver et goûter les mêmes joies d'intelligence qui ont été les grandes douceurs de ma vie ».

Professeur à Quimper, il habitait « Kerfeunten » ; professeur à Rennes, il quittait sans regret les bords de la Vilaine pendant les vacances pour habiter sa maison de Port-Blanc, maison qui existe toujours et qu'une plaque commémorative désigne aux touristes. C'est dans cette maison de Port-Blanc qu'il recueillit l'essentiel de la matière de ses livres.

A Port-Blanc, le béret sur la tête, il vivait en marin, parmi les marins, tout comme à Ploumilliau il avait vécu en petit paysan parmi les paysans ; car il aimait profondément et sans affectation les gens simples, et les gens simples le lui rendaient. Anatole Le Braz affirmait : « Je suis né peuple, j'ai gardé l'âme peuple et mourrai peuple. C'est chez nous la plus sûre façon d'être vraiment aristocrate ».

Non seulement il se disait « peuple », mais il le montrait. A Plouaret, lors de l'inauguration du monument à la mémoire de Luzel, il fit asseoir à la droite du préfet Marguerite Philippe, celle-là même dont il écrivait : « C'est le cerveau le plus encyclopédique que j'aie rencontré, et pourtant j'ai connu Renan et Pasteur ».

Marharit Fulup, dont la statue réalisée par Morley Troman, autre enfant adoptif de Ploumilliau, orne la place de Pluzunet.

Et pourtant, encore mieux que les hommes, il aimait la nature, les bois de son enfance, les vieilles maisons comme le manoir de Coadalan, à Prat, où il cherchait peut-être l'ombre de Marie Le Chevoir. Il aimait les rochers, il aimait la mer... La mer si belle à Port-Blanc et qu'il a su si bien décrire en peu de mots :

La mer est divine.
Les îles nagent, vêtues de lumière.

Mais cette mer lui fut cruelle puisqu'elle engloutit, en 1901, à l'embouchure de la rivière de Tréguier, au cours d'une promenade en barque, son père, ses frères, ses soeurs et son ami Marillier. On découvrit leurs corps éparpillés sur les grèves du Trégor. Peut-être certains d'entre eux auraient-ils pu être sauvés, mais ils furent en quelque sorte victimes de croyances populaires. Plusieurs personnes ont déclaré par la suite à Anatole le Braz avoir entendu des appels dans la tempête de la nuit, mais avoir pris ces appels des naufragés pour des cris des âmes des trépassés du « gouffre de l'enfer », endroit particulièrement sinistre de la côte de Plougrescant.

Entendant les bruits sinistres de la tempête, les marins avaient coutume de dire :

E Man Iannic-Ann-Od o Iouall !
Voilà Iannic de la côte qui hurle.

Ses malheurs n'étaient pas finis. Son fils fut tué à la guerre, en 1916.

Anatole Le Braz est mort le 20 mars 1926 (d'une congestion cérébrale), sur les bords de la Méditerranée, loin de sa Bretagne, et il ne lui fut pas donné de mourir au mois de mai comme il l'avait souhaité.

C'est par un soir de Mai que je voudrais partir.
Les soirs de Mai sont beaux, la terre va fleurir.

Son oeuvre et sa vie se confondent. Ne disait-il pas : « Cette oeuvre n'est pas de moi, mais de toute la Bretagne celtique, elle est composée sous sa dictée ».

Portrait d'Anatole Le Braz, écrivain.

Ce qui caractérise Anatole Le Braz, c'est, à l'image du peuple celte, sa sensibilité et son imagination et, par sa nature propre, il se serait peut-être laissé aller au lyrisme quelque peu débridé, enflé de romantisme, mais il a bénéficié de l'influence de son aîné, maître et ami, Luzel, lequel lui a montré la nécessité du respect de la vérité et lui a appris la fécondité des méthodes rigoureuses de l'érudition critique.

Pour rassembler les contes populaires qui constituent La légende de la mort, il rencontra d'abord beaucoup de réticences. Les gens craignaient quelque œuvre impie et lui demandaient inquiets : « Ce n'est point au moins, Monsieur, pour tourner en dérision nos histoires ? ». Et d'autres ajoutaient : « Les morts n'aiment pas la plaisanterie, et nous ne nous soucions pas de provoquer leur courroux ».

Les femmes hésitaient à voir publier des histoires orales qui n'appartiennent qu'aux gens du terroir et craignaient que, pour cette action, « les prêtres ne leur refusent leurs Pâques ».

Et pourtant, il sut rassembler chez lui, à la veillée, dès 1891, des hommes et des femmes qu'il réussit à mettre en confiance et qui acceptèrent de lui raconter les histoires qu'il sut écouter et transcrire. Il a regretté que leur traduction en français leur fit perdre « leur âpre saveur », malgré son désir de cerner de très près le texte breton.

Nous ne pourrons énumérer toute l'œuvre d'Anatole Le Braz, mais il suffira de citer quelques titres pour faire apparaître que sa terre natale demeure sa seule inspiratrice : en 1889, Le Parnasse breton et Tryphina Keranglaz ; en 1890, en collaboration avec Luzel, Soniou Breiz Izel ; en 1892, La chanson de la Bretagne ; en 1893, La Légende de la Mort ; en 1903, Essai sur l'histoire du Théâtre celtique ; en 1914, A Villiers de l'Isle-Adam ; en 1924, Ar Mor ; en 1925, La Bretagne.

Dans toutes ses œuvres, fidèle à Ploumilliau, on trouve des chapitres ou des passages évoquant les années heureuses qu'il y passa. C'est ainsi qu'il parle du château de Lanascol et de sa fée, du Vallon de Kerdu où il fut petit pâtre, près du manoir de Keranglas ; de la ferme de Kerdrinquen ; du presbytère de l'abbé Villiers et de son neveu le poète ; du cimetière et des environs : L'auberge de Saint-Efflam, La forge de Plouzélambre, L'église de Lanvellec, etc.

Nous dirons encore, pour la petite histoire et pour montrer que « le grand professeur », n'oubliait pas Ploumilliau, qu'il y revenait souvent, pendant les vacances, à bicyclette.

C'est ainsi qu'il raconte le repas animé qu'il fit un jour au presbytère, chez Villiers de l'Isle-Adam, avec plusieurs compères du voisinage.

A ce dîner, servi par la bonne Anne Béricotte, participaient Jean-Louis Ropartz, chef cantonnier ; Milliau Boubennec, buraliste, vétéran de la guerre d'Italie, victime d'un coup de sabre attrapé à Solferino, qui lui donnait l'air d'avoir deux bouches et « qui parlait aussi fort que s'il en avait eu quatre » ; Benjamin Caha, surnommé l'Empereur, qui avait fait partie de l'équipage de la Belle Poule et qui, à ce titre, avait participé au retour en France des cendres de Napoléon ; le vicaire de Saint-Michel-en-Grève, le notaire Landouar, Jonathas Morvan, marguillier, surnommé Micamô pour son amour du café bien arrosé, Maudez Guermeur, le secrétaire de mairie... Gageons qu'ils n'ont pas dû s'ennuyer !

Avant de quitter Anatole Le Braz, disons que c'est lui qui a mis un -z à son nom, en lieu et place du -s paternel. Sans doute pensait-il que Le Braz faisait plus breton que Le Bras. Alors, il aurait dû pousser plus loin et retrouver le mot ancien qui voulait dire grand et qui se prononçait à l'origine « Braoouz », avec une triphtongue là où il ne reste aujourd'hui que la voyelle « a ».

Portrait d'Anatole Le Braz, écrivain, en 1915.

Anatole Le Braz, dont le nom a été donné au lycée de Saint-Brieuc, veille chaque jour, du haut de son piédestal, sur l'entrée et la sortie des lycéens. 

Note : Après des études au Lycée Saint-Louis de Saint-Brieuc et à l'Université de Paris, Anatole Le Braz (ou Le Bras ou Lebras) devient professeur de lettres. C'est un écrivain et un folkloriste français de langue bretonne, mais n'ayant publié qu'en français, alors qu'il maîtrisait le breton dans lequel il a écrit des poésies restées presqu'entièrement inédites. Sa thèse de doctorat de lettres a été consacrée au théâtre en breton médiéval et renaissant. Il a pris une part très importante dans le mouvement régionaliste en Bretagne de 1898 à 1924. Il a été nommé chevalier de la Légion d'honneur en 1897, puis officier de la Légion d'honneur en 1914. Il a participé comme conférencier au cours de nombreuses tournées au lancement de l'Alliance française aux États-Unis... Au mois d'août 1901, avant même son entrée en fonction à Rennes (1901-1924), il fut frappé par une grande tragédie, car il perdit son père, sa belle-mère et ses quatre sœurs dans le naufrage d'un bateau dans l'estuaire de la rivière de Tréguier.

(publié avec l'aimable autorisation de M. A. Cresseveur).

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