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Abbaye de Saint-Sulpice-la-Forêt.

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De la subsistance matérielle des moniales de Saint-Sulpice.

 

La question de la nourriture n'est pas chose indifférente pour une communauté ; saint Benoît, le patriarche des moines d'Occident, en était persuadé et c'est un point sur lequel il insiste dans sa règle. Tout en conseillant la mortification, il accorde pour l’entretien de chaque religieux une mesure largement suffisante. Comme il connaît parfaitement le caractère humain, il permet de donner davantage si les circonstances l’exigent. Il sait qu'il y a de grands mangeurs et de grands buveurs, il comprend que ce goth infortuné, qui dépense si généreusement les forces de sa puissante nature, en maniant avec une ardeur fébrile sa lourde cognée, objet d'un éclatant miracle, a besoin d'une alimentation plus abondante que le commun des mortels. Il a une sainte horreur du vin, il confesse que ce breuvage conduit à l'apostasie ! Il désire dissuader ses religieux d'en boire, mais comme il est impossible de faire accepter cette abstinence aux hommes de son temps, il se borne à en limiter l'usage à une mesure quotidienne qu'il appelle hémine, dont on n'a jamais bien su apprécier la capacité. Il en a été de même pour la livre de pain. Nous pouvons répondre aux savants, qui ont disserté sur cette double quantité, que le fondateur des Bénédictins a dû concéder à chacun ce qui lui était nécessaire pour supporter avec allégresse les sacrifices de la vie religieuse. Il a condamné de son vivant ceux qui ont un amour exagéré de la pénitence et rappelle à ce propos, fort spirituellement, les soucis de Jacob pour son troupeau, qu'il conseille de conduire avec modération. L'excès est nuisible en tout, on doit toujours s'en tenir à une vertueuse, et sage moyenne. Déjà, au cours de cette étude, nous avons entendu des plaintes plus on moins légitimes et nous avons vu l'autorité intervenir. Nous nous rappelons ces fameuses abbesses qui menaçaient de fermer le couvent si on ne leur attribuait pas une quantité de bois suffisante pour chauffer les lieux réguliers ! Si le luxe, l'abondance, les richesses dans une communauté engendrent le scandale, une excessive pénurie, une lésinerie journalière, produisent le découragement. Nous avons entendu parfois répéter que les austérités monastiques sont d'un salutaire exemple pour les hôtes, les visiteurs, les étrangers, mais nous avons aussi observé que ces mêmes personnes se lassaient bientôt de ces mortifications quand il leur arrivait de prolonger leur séjour dans le cloître. Une pauvreté évangélique, mal comprise, étouffe aussi efficacement les vocations que les déréglements d'une vie fastueuse. Dans le cours de notre vie nous avons rencontré ces deux excès opposés : dans le couvent hanté par la misère et le rigorisme, pas un novice n'avait voulu y fixer son séjour ; dans la communauté qui se distinguait par son opulence, c'est à peine si on y rencontrait quelques candidats à la vie religieuse. Il faut reconnaître qu'un modeste confortable satisfait les caractères les plus difficiles et empêche le murmure que saint Benoît redoute tant. Les abbesses de Saint-Sulpice semblent avoir médité et suivi les conseils de ce bienheureux ; aussi, la joie règne autour d'elles et les religieuses qu'elles dirigent se contentent de leur ordinaire. Pour subvenir aux nécessités d'une communauté plus ou moins nombreuse, des revenus fixes s'imposent pour couvrir les dépenses d'une suffisante et saine alimentation. Nos moniales s'ingénient à créer des ressources afin de pourvoir aux exigences de la famille conventuelle. Tous les ans elles établissent leur budget qu'elles tâchent d'équilibrer, elles donnent le chiffre du personnel qu'elles doivent sustenter, elles exposent la nature et la quantité des marchandises qu'elles ont dû acheter. En suivant ces indications, nous pouvons apprécier le nombre des religieuses à diverses époques et montrer ce que leur entretien a réclamé. Depuis 1500 à 1600, 20 à 30 Bénédictines ont habité le monastère du Nid de Merle [Note : Archives départementales d’Ille-et-Vilaine, 2H2/9, 17, 18]. A l'avènement de Marguerite d'Angennes, ce nombre augmente d'une façon merveilleuse et surprenante. En 1660, on compte 65 religieuses, 48 moniales de chœur et 16 converses [Note : Archives départementales d’Ille-et-Vilaine, 2H2/18]. En 1692, ce chiffre fléchit, quelque peu et trombe à 61 [Note : Archives départementales d’Ille-et-Vilaine, 2H2/6]. En 1709, il se relève notablement : Mme d'Armaillé déclare que Saint-Sulpice abrite 80 religieuses [Note : Archives départementales d’Ille-et-Vilaine, 2H2/90]. Chaque année ce nombre s'augmentait de 10 à 15 monieles qui venaient de l'extérieur pour participer au chapitre général, régulièrement fixé au 15 du mois d'août. Les religieux étaient aussi convoqués à cette assemblée et devaient également s'y rendre s'ils n'avaient pas d'excuse valable pour s'en dispenser. En 1560, les recteurs de Saint-Sulpice, de Mouazé, de Sérigné, Chasné, Saint-Aubin-d'Aubigné, La Bouexière, de Bais, d'Ercé-en-Lamée, de Saint-Nicolas, en Saint-Germain-des-Prés, près Lohéac (Ille-et-Vilaine), de la Fontaine-Saint-Martin (Sarthe), les vicaires de Lesneven, du Grand-Locmaria (Finistère), de Saint-Maurice-la-Fougereuse (Deux-Sèvres), y sont nommément convoqués. Ce chapitre fut trés fréquenté et compta beaucoup moins d'absents que ceux qui se tinrent dans la suite [Note : Archives départementales d’Ille-et-Vilaine, liasses non classée, 2H2]. Dans cette réunion, chaque capitulant devait rendre compte du temporal qu'il administrait, fournir par écrit un état des recettes et des dépenses, qui se conservait aux archives. On devait aussi déclarer si on avait été victime de quelque injustice. Le procès-verbal du chapitre se terminait toujours par ces mots : tous les membres de l'Assemblée ont reconnu qu’ils dépendaient de l'abbesse. On comprend que ces réunions contribuaient beaucoup à resserrer les liens qui unissaient les divers monastères à la maison mère, une abstention était de mauvais augure [Note : Archives départementales d’Ille-et-Vilaine, 2H2/72]. Pendant la durée du chapitre, l'abbaye bénédictine manifeste une plus grande animation qu’à l’ordinaire, elle donne asile à 50 ou 60 moniales ; la demeure des religieux, au contraire, est calme, elle abrite seulement une douzaine de personnes. Comme nous pouvons le constater, les frères condonats étaient beaucoup moins nombreux que leurs sœurs en religion. Du reste, ils passent souvent inapercus et c’est à peine si on parle de temps à autre. Ceux qui méritent l’entière confiance de leur supérieur générale sont chargés par elle de visiter les divers couvents qui dépendent de Saint-Sulpice. Nous en avons vu plusieurs s’acquitter de cette mission avec une rare sagesse. Dans nos perquisitions à travers les archives, nous avons trouvé les noms de nombreuses Bénédictines, un millier au moins, et Dieu sait combien nous ont échappé ! Cette ample moisson nous permet d’affirmer que, dans le cours des siècles, de nombreuses personnes sont venues chercher le salut à Saint-Sulpice et dans les prieurés majeurs que ce monastère a fondés. Nous ne pouvons pas dire la même chose des Bénédictins ; après de multiples recherches, nous avons eu beucoup de mal à en signaler une centaine, à l’attention du lecteur dans la dernière partie du cartulaire ! Ces saints et modestes religieux peuvent être comparés aux vénérables petits pères des sœurs des pauvres ; comme eux, ils ont eu une existence éphémère, en dépit d'une longévité de cinq siècles. Il vivent en général sans faire de bruit, ils paraissent de loin en loin, se souciant fort peu de se former des auxiliaires, des successeurs dans les milieux où ils se trouvent.

Comme nous l’avons vu, les habitants du monastère de Saint-Sulpice sont nombreux ; avec deux chapelains et 22 domestiques, cette population se compose d’une centaine de personnes. La déclaration de 1695 nous montre que l’autorité prévoit tout, depuis les valets qui s’occupent des harnais jusqu’aux deux petits clers qui répondent la messe chaque jour. Saint Benoit dit dans sa règle qu’un couvent doit autant que possible se suffire à lui-même pour que la vie religieuse ne soit pas contrariée par des courses à l’extérieur ; la communauté du Nid de Merle met en pratique ce conseil. On y trouve un muletier pour aller quérir les provision, un palefrenier chargé de voiturer les confesseurs et les médecins, des gardiens pour les bois et les troupeaux, un meunier pour moudre le blé, un boulanger, un cordonnier qui fabrique et répare les chaussures, tout en surveillant la porte extérieure, des blanchisseuses pour laver le linge et repasser les guimpes des religieuses, un procureur pour défendre leurs intérêts temporels [Note : Archives départementales d’Ille-et-Vilaine, 2H2/6]. Cette maison ressemble à une ruche bien ordonnée où chacun accepte le rôle que la Providence lui assigne ; pendant que les uns prient, les autres accomplissent un labeur plus ou moins pénible, mais tous ont droit à la nourriture qui restaure et entretient les forces corporelles. Qui pourrait se scandaliser de voir des femmes, consacrées à l’office d’une prière perpétuelle, se reposer, se détendre, pour prendre une réfection quotidienne et régulière ? Les pénitences qu’elles practiquent n’empêcheront pas que le budget des vivres ne soit trés élevé. Si la quantité, la varièté, la diversité des provisions que nous allons voir passer sous nos yeux éveillent dans notre esprit un mouvement de surprise, rappelons-nous que Saint-Sulpice renferme une nombreuse et intéressante société. — Le premier document qui nous parle de la question des vivres est daté du 14 janvier 1587. Le sieur Jean Georgin de la Vieux-ville, demeurant en la paroisse de Mouazé procureur de Gabrielle de Morais, passe un nom de l’abbesse, un contrat avec Jean Lemarchant de Launetz et les sieurs Robiou et de la Rambaudière, habitant Châteauneuf, près de Saint-Malo. Il leur afferme les propriétés que Miniac-Morvan (Ille-et-Vilaine), pour la somme de cent écus soleil, à soixante sous pièce. Ils fourniront en outre : 200 morues, moyennes et sèches, 50 morues salées de la même qualité, un baril contenant 900 à 1000 harengs blancs, 4 saumons mesurant un pied et demi et 4 doigts de long, 10 livres de baleine, deux barriques de vin de Gascogne, bon et compétent, et un pain de sucre fin pesant 8 livres. Les fermiers doivent transporter le tout, à leurs frais et dépens, à Saint-Sulpice, pour le jour Saint Michel, 29 septembre [Note : Archives départementales d’Ille-et-Vilaine, 2H2/128]. Ce bail prouve que les marins bretons fréquentaient les îles de Terre-Neuve et d’Islande, moins d’un siècle après la découverte de l’Amérique. Du reste, s’il faut en croire une étude publiée dans les annales de Bretagne (janvier 1894) [Note : Annales de Bretagne, t. IX, p. 175], ils en connaissaient le chemin dès 1514. Combien dura cet engagement ? Nous ne saurions le dire. Quoiqu’il en soit, il semble que les gens de Saint-Sulpice ont gardé un bon souvenir de leurs fournisseurs malouins, car, en 1628, on les voit encore recourir à leur obligeance. Le 27 mars, 3 hommes quittent l’abbaye et s’en vont à Saint-Malo, à dos de cheval, chercher des provinsions de carême [Note : Archives départementales d’Ille-et-Vilaine, 2H2/27]. En février 1676, le registre des dépenses singnale que les religieuses font encore leurs provisions de carême, mais il ne dit pas où elles les prennent, il se contente d’énumérer les marchandises. Elles ont acheté 4 barils de harengs, pour 80 livres ; 3 quintaux de morue, pour 45 livres ; 600 petites morues, pour 48 livres. Deux barils de figues, pesant 228 livres, leur ont coûté 26 livres ; 80 livres de riz, 240 livres ; 175 livres de raisin, 50 livres. Les dépenses s'élèvent, de ce chef, pour cette année, à 485 livres. — L’année suivante, 1677, à la même époque, les Bénédictines achètent ce qui leur est nécessaire pour le carême, 600 petites morues leur coûtent 30 livres ; 195 livres de figues 35 livres ; 4 barils de harengs, 84 livres ; elles obtiennent le tout pour 189 livres [Note : Archives départementales d’Ille-et-Vilaine, 2H2/27].

Le poisson, les légumes, les fruits secs n’étaient pas les seuls aliments dont les religieuses de Saint-Sulpice faisaient usage, elles devaient aussi se procurer d'autres denrées. Bien informées, elles connaissaient l'époque où elles se vendaient meilleur marché. Le beurre est fort apprécié en Bretagne où le petit-salé n'a pas moins d'amateurs ; on ne peut se passer ni de l'un ni de l’autre. Au mois de mai 1674, nous voyons les Bénédictines payer 4600 livres de beurre, à raison de 18 livres, le cent. L'année suivante, elle s'en procurent 5477 livres. Au mois d'août et de septembre, elles font une provision de cochons. En 1674 et 1675, elles en achètent 30, au prix de 15 à 20 livres, pièce. Après avoir engraissé ces animaux, elles en font des salaisons qui servent à sustenter le personnel monastisque ainsi que les domestiques et les ouvriers [Note : Archives départementales d’Ille-et-Vilaine, 2H2/27]. Cette viande n'est pas la seule que les religieuses consomment ; ce n'est pas sans raison qu'elles achètent, donnent des bœufs, des génisses pour engraisser à leurs fermiers ; elles doivent avoir en toute saison du bœuf salé, comme c'est l'usage dans le pays, car nous en trouvons un exemple en 1625, dans un village de Chasné où l'on vend un charnier avec le bœuf salé qu'il contient [Note : Archives départementales d’Ille-et-Vilaine, 2H2/39]. Quand les religieuses de Saint-Sulpice baillaient une ferme dans le voisinage du couvent, elles avaient soin de réserver 20, 100, 200 livres de beurre, chaque année, livrées en grands pots de terre, une ou deux douzaines de poulets, à la Pentecôte, une ou deux douzaines de chapons, à Noël, deux potées de crémé de six pots, l'une pour la vigile de Saint Jean-Baptiste, l'autre, pour la vigile de Saint Pierre, 1609-1731 [Note : Archives départementales d’Ille-et-Vilaine, 2H2/14, 147].

De 1726 1730, comme nous l'avons déjà dit, il se produisit un certain désordre dans l'abbaye, les finances étaient dans un deplorable état : le 4 octobre 1727, l'abbesse affirmait qu'il n’y avait plus d'argent dans la caisse [Note : Archives départementales d’Ille-et-Vilaine, 2H2/14]. Il semble aussi qu’on cessa, au moins temporairement de faire le pain au monastère. Le 24 août 1727, les commissaires chargés de surveiller le temporel s'entendirent avec Durand, boulanger à Rennes, rue de la Réverdiais ; il devait fournir le mardi, jeudi et samedi, entre 10 et 11 heures du matin, 103 livres de pain, au commisionnaire de Saint-Sulpice, pour la somme de 18 livres environ [Note : Archives départementales d’Ille-et-Vilaine, 2H2/24]. Ce marché devait avoir force de loi jusqu'à Pâques. Qu'arriva-t-il dans la suite ? Rien ne l'indique clairement. Cependant nous croyons que les religieuses eurent un boulanger au monastère, comme avant, car elles déclarent avoir acheté, du 1er avril au 1er juillet, 12 boisseaux de seigle pour le pain des domestiques et prouvent ainsi qu'elles faisaient confectionner ce pain et le pain plus délicat destiné aux moniales. Elles faisaient aussi de la galette et en consommaient une grande quantité. Elles employaient aussi, beaucoup le blé noir pour engraisser les cochons, les volailles et la culture de ce grain paraît avoir été fort en honneur de 1727 à 1760 [Note : Archives départementales d’Ille-et-Vilaine, 2H2/28, page 60]. — La provision des aliments de carême, de beurre, en mai, de cochons en septembre, se faisait-elle encore au commencement du XVIIIème siècle ? Nous sommes amené à poser cette question en voyant une bouchère, nommée Lecoq, se faire payer une note assez considérable, le 22 février 1728 : elle a livré 4016 livres de viande pour la somme de 702 livres 16 sols. Le 31 mars 1728, la même personne, Julienne Lecoq, propose de fournir aux religieuses de la viande, bœuf, veau, mouton, chevreau, sans tête, à raison de 3 sols 3 deniers la livre [Note : Archives départementales d’Ille-et-Vilaine, 2H2/24, page 60]. Le prix du vin paraît suivre une marche ascendante : en 1626, la barrique coûte 25 livres [Note : Archives départementales d’Ille-et-Vilaine, 2H2/27] ; en 1674, elle se paye 40 et 45 livres. Le vin blanc de Nantes est moins estimé et ne dépasse pas 36 livres la barrique. Il n'en est pas de même du vin de Bordeaux ; en 1728, le rouge coûte 88 et 92 livres, la pièce ; le grave atteint 85 livres [Note : Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, 2H2/24, page 58]. — Les Bénédictines sentent parfois le besoin d’agrémenter leur menu, et puis, des malades, des hôtes de marque exigent une nourriture, plus delicate. Dans le cours de l'année 1741, elles achétent des mets plus recherchés. Le 8 mai, elles payent, un saumon, 7 livres, 4 jours plus tard, 12 aloses, également, 7 livres. Le 3 et le 10 juin, 10 couples de poulets gras leur coûtent 2 livre, 14 sols ; le 16 décembre une perdrix leur revient à 14 sols [Note : Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, 2H2/28].

Comment se couvraient les dépenses occasionnées par l'entretien des religieuses, la nourriture et les gages des domestiques, les réparations du monastère et des divers prieurés ? Avec les revenus de l'abbaye [Note : Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, 2H2/6, 8, 18], les pensions des moniales, les offrandes faites à l'occasion de la profession et par les côtes-mortes. En 1660, les recettes de Saint-Sulpice se composaient de 22.134 livres, mais les dépenses s'élevaient à 30.966 livres. Le déficit était considérable, il fallait à tout prix y remédier. C’est alors que Marguerite d’Angennes demanda à l’Evêque de Rennes la permission d’exiger des dots pour les jeune filles qui voudraient se consacrer à la vie religieuse [Note : Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, 2H2/18]. Cette mesure ne tarda pas à rétablir l'équilibre du budget monastique ; les novices en embrassant la vie du cloître s'imposèrent de généreux sacrifices. En 1663, Blanche de Kergoët fit une aumône de 10.000 livres et s'engagea à payer une pension annuelle de 500 livres. Françoise de Bossac, la même année, signala son apparition à Saint-Sulpice en versant entre les mains des religieuses 3.000 livres et en promettant 200 livres pour sa pension annuelle [Note : Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, 2H2/21]. En 1664, Renée de Lanjamet suivit cet exemple, à son entre elle donna 2.000 livres et s'engagea à payer une rente de 200 livres [Note : Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, 2H2/20]. Lucresse de Butault, Eléonore-Suzanne du Guémadeuc, Marie-Francoise de Rabodange, témoignèrent le même entrain et la même générosité [Note : Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, 2H2/20, 21].

Comme nous l'avons indiqué dans le cartulaire, les Bénédictines de Saint-Sulpice avaient de nombreux prieurés. Lorsqu'une religieuse en était nommée titulaire et allait l'habiter, son héritage appartenait à l'abbesse s'il lui arrivait d'y mourir. Aussitôt qu'on apprenait son trépas, on faisait l'estimation de tout ce qu'elle possédait et on fixait ensuite la somme qui revenait à la maison mère. Le 12 octobre 1589, Alizon du Pontbellanger s'empresse de réclamer ce droit. A l'entendre, les abbesses de Saint-Sulpice recueillent depuis plus de 60 ans les biens meubles et les fruits des prieurés, au décès des religieuses qui les administrent. Comme Charlotte de la Pommeraye vient de succamber à Saint-Malo-de-Teillay, ses biens, estimés à 1.000 livres, lui appartiennent [Note : Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, 2H2/97]. Le 15 mai 1568, Jacqueline de Harcourt délègue quelqu'un pour recueillir la succession de Jeanne le Roy, qui est morte au monastère de la Fresnaye, commune de Cléré, Indre-et-Loire [Note : Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, 2H2/73].

Le 15 juin 1654, Missire Pierre Piel, sieur de la Picardière, se rend au Petit-Locmaria où Anne le Roy vient de succomber. Au nom de l’abbesse, il fait l'inventaire de tout ce qu’il trouve en la maison, estime les vases et les ornements sacrés, les meubles, la vaisselle, le linge, les vêtements de la défunte, les animaux, le blé et le foin. Après avoir tout examiné, ce procureur reconnaît que l'abbesse se contentera de trois mille livres. C'est la prieure qui succède qui doit payer les frais de cet héritage [Note : Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, 2H2/94].

L'état financier de l'abbaye de Saint-Sulpice s'améliora peu à peu. Le 15 janvier 1729, le budget réussit à s'équilibrer et manifeste une légère différence : les dépenses dépassent les recettes de quelques centaines de livres [Note : Archives départementales d’Ille-et-Vilaine, 2H2/2, p. 119. Dépenses. 37769 livres 10 sols. Recettes : 37484 livres 17 sols]. La déclaration du 13 novembre 1789, prouve que la situation du monastère est très satisfaisant ; il y a une assez forte distance entre l’actif et le passif, car le revenu s’élève à 43.574 livres 9 sols, et les charges atteignent seulement le chiffre de 22.577 livres, 18 sols, 4 deniers [Note : Archives départementales d’Ille-et-Vilaine, 9-300]. Si les finances étaient prospères et pouvaient occasionner quelque joie aux moniales, hélas ! le terrible orage qui grondait autour d’elles était de nature à les inquiéter sur l’avenir qui leur était réservé ! En considérant le registre des décès, nous devons croire que l’air des campagnes était tres salubre : de 1712 à 1766, nous voyons 12 religieuses mourir plus qu’octogénaires. Le 28 avril 1712, Eliette-Cécile de Kerognan de Trezel quitte ce monde à l’âge de 83 ans. Le 2 janvier 1718, une sœur converse, qui avait sans doute passé sa vie entière dans un pénible labeur, meurt à 84 ans : elle s’appelle Jeanne Briand. Gillette de Lespronnière vient à son tour certifier que les mortifications et l’existence dans le cloître n’abrègent pas la vie : elle décède, le 23 décembre 1719, âgée de 83 ans. Avec ses 89 ans, l’humble converse, Agathe Huet, atteste que le travail ne met aucun obstacle à une saine et honorable longévité, 25 mars 1725. Le 2 août 1742, une sympathique religieuse, l’honneur de la Bretagne par son nom, la mère Madeleine Lebel de la Gavouyère disparaît après avoir consacré à Dieu les 83 années qu’il lui avait été donné de passer sur la terre. Une bonne et sainte âme, une simple converse, à Dieu les 83 années qu’il lui avait été donné de passer sur la terre. Une bonne et sainte âme, une simple converse, Louise Crosons, ne cède point le pas à son ancienne sœur en religion, elle la dépasse dans la course de la vie et paraît devant son juge le 2 mars 1744, avec ses 86 années. Guillemette la Touche Renier a passé sa vie entière au service de la communauté, elle a été soignée au monastère et mérite d’y mourir centenaire. Trois autres vénérables religieuses : Angélique-Catherine de Lesar de Beauvais de Runefaut, Jeanne de Montalembert, Thérèse-Marguerite Denis, se présentent devant l’Eternel chargées de 80 années de mérites. Le 21 février 1766, une ancienne abbesse de Coutances, Mme Rennée-Gaspard de Carbonel de Canisy rend sa belle-âme à Dieu à l’âge de 86 ans.

Fasse, le ciel que les mortels qui habitent ce fortuné pays coulent des jours ausisi longs et aussi heureux ! [Note : Archives départementales d’Ille-et-Vilaine, 2H2/48].

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