Web Internet de Voyage Vacances Rencontre Patrimoine Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Bienvenue !

Abbaye de Saint-Sulpice-la-Forêt.

  Retour page d'accueil       Retour page "Abbaye de Saint-Sulpice-la-Forêt"  

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

La réforme.

Combien d'âmes sont allées chercher le salut dans la solitude du Nid de Merle ! C'était le calme le plus profond, la paix la plus complète dans ce coin béni de la vaste et majestueuse forêt de Rennes. N'était-ce pas là que d'illustres princesses, de nobles jeunes filles, les sœurs et parentes de vaillants chevaliers, comme Bertrand du Guesclin, avaient passé une grande partie de leur existence, plongées dans la prière, dans la méditation des choses divines, occupées sans cesse par la pensée du ciel ? De preux, d'intrépides croisés connaissaient, appréciaient leurs mérites, aussi avaient-ils demandé, en revenant des pays d'Orient, la faveur de reposer dans l'église où elles s'assemblaient pour prier.

Nous l'avons dit, de terribles événements les avaient affligées, sans les décourager, elles avaient eu la joie de voir l'antique monastère renaître de ses cendres. Vers le milieu du XVIème siècle, une moniale avait réuni les suffrages unanimes, mérité la vénération de la communauté, tout le monde avait les yeux fixés sur elle ; de son vivant, on l'appelait la sainte après sa mort, on l'invoqua comme une sainte. Et cependant Marguerite de Rougé n'avait pas fait de bruit ; comme l'humble violette, elle s'était contentée de répandre le parfum de ses vertus autour d'elle. N'est-ce pas cette religieuse qui, du haut du ciel, a obtenu pour ses compagnes l'inappréciable bienfait d'une réforme ? [Note : Arch. départ. d’Ille-et-Vilaine, 2H2/1]. Un demi siècle n'avait point passé qu'une jeune enfant se présentait à St-Sulpice. C'était Marguerite d'Angennes. Elle appartenait par sa naissance à une noble et ancienne famille, originaire du Perche. Elle était fille de Jean, seigneur de Poigny, et de Madeleine Thierry, dame de Boisorcan et de Pont-Rouault, localités bien connues dans le pays de Haute-Bretagne. Charles d'Angennes, évêque du Mans, une des lumières du concile de Trente, plus tard cardinal, était son oncle. Bien qu'elle n'eût que 8 ans, elle reçut le voile, en 1588, et suivit avec zèle les exercices du noviciat jusqu'au 22 mai 1597, époque où elle prononça ses vœux, avec les sentiments d'une vive piété, comme on devait l'attendre d'une âme aussi fervente. Modeste, simple, charitable et dévouée pour ses compagnes, elle exerçait une salutaire influence sur les personnes qui l'approchaient et bénéficiaient de ses relations intimes. Sa grande beauté, qu'elle ne pouvait entièrement dissimuler sous son voile, contribuait à la rendre universellement sympathique. Dieu avait ses desseins sur cette âme privilégiée et devait s'en servir comme d'un instrument pour le bien. Madame Gabrielle de Morais avait résigné ses fonctions d'abbesse en faveur de sa nièce, Antoinette. Cette dernière se trouvait encore dans la force de l'âge, quand la mort vint subitement la ravir. C'est alors que la faveur du roi désigna pour lui succéder Marguerite d'Angennes. En lui confiant cette dignité, le monarque avait voulu honorer une famille qu'il estimait [Note : Marguerite d'Angennes fut nommée abbesse de Saint-Sulpice, le 18 septembre 1608. Les bulles expédiées de Rome, le 30 octobre suivant, font l'éloge de cette jeune supérieure de 29 ans, très zélée, elle pourra faire beaucoup de bien. On ajoute qu'elle prit possession de son titre, à la grande joie de toutes ses compagnes. Les deux récits que nous donnons se contredisent. (Arch. départ. d’Ille-et-Vilaine, 2H2/17)]. Le 10 avril 1609, la nouvelle élue prit possession d'une charge qui fut longtemps une lourde croix pour ses épaules. Quand les religieuses, virent une des plus jeunes de la communauté à leur tête, elles en conçurent un grand mécontentement et une implacable jalousie. Sans retard, la plupart d'entre elles s'ingénièrent à intriguer pour ébranler le peu d'autorité que la jeune supérieure pouvait avoir. L'ancienne abbesse, Gabrielle de Morais, avait donné sa démission, elle devait se contenter de l'hospitalité qu'on lui accordait, rien ne lui permettait d'intervenir dans le gouvernement de la maison. Tel ne fut pas son avis, ou du moins, l'avis des personnes qui l'entouraient et avaient su la circonvenir ; elle commença à parler et à agir en maîtresse [Note : Gabrielle de Morais avait réellement donné sa démission ; mais sa nièce, Antoinette, ne faisait rien et ne prenait aucune décision, sans la consulter, comme le montre le détail qui suit. « Moi, Antoinette de Morais, écrit-elle, avec le consentement de ma tante, l'ancienne abbesse ; je permets à Marie de Rougé de se rendre au prieuré de la Fresnaye (commune de Cléré, canton de Langeais, Indre-et-Loire), auprès de Françoise de Rougé, le 8 juin 1604 ». Elle se croyait donc tout permis et se croyait encore à moitié abbesse. (Arch. dép. d'Ille-et-Vilaine, 2H2/2)]. Marguerite d'Angennes souffrit naturellement des injures qu'elle se vit prodiguer, mais elle ne laissa rien paraître de ses émotions, son humilité sut tout concilier. Elle abandonna à Gabrielle de Morais l'administration du temporel et la considéra comme son bon ange, comme sa mère, déférant toujours à ses ordres, écoutant avec docilité ses avis et ses observations, même quand elles étaient accompagnées de remarques désobligeantes. Il y avait un point sur lequel elle ne voulut jamais transiger, c'était le contrôle de la discipline, de la piété, de l'observance [Note : Rien ne se produit sans que sa présence ne soit signalée. Le 24 décembre 1609, Jean Bonhomme, prêtre et originaire de Chasné (Ille-et-Vilaine), fait profession, à St-Sulpice, en présence de l'ancienne abbesse, Gabrielle de Morais, et la nouvelle, Marguerite d'Angennes. (Arch. départ. d’Ille-et-Vilaine 2H2/2)]. Dans ce domaine, ses qualités spirituelles brillèrent d'un éclat qui fascinait tous ceux qui la voyaient. Jamais elle n'eut une parole amère pour les moniales qui lui manifestaient de l'indifférence, de l'hostilité, au contraire, elle se montra aimable, gracieuse, prévenante pour tout le monde. Ses filles étaient toutes égales à ses yeux, qu'elles fussent d'une origine modeste ou issues d'une noble famille ; mais elle se gardait de se laisser dominer par l'une d'elles, ou aveugler par leurs idées, leurs rapports, leurs insinuations. D'un abord facile, elle était toujours disposée à écouter les plaintes, à donner une sage, une judicieuse réponse aux demandes qu'on lui adressait, à consoler les âmes torturées par la souffrance morale ou physique. Sévère pour elle-même, elle donnait l'exemple de la plus pure vertu, rendait l'austérité aimable, évitant de la prêcher à temps et à contretemps, de la présenter avec l'extérieur terrifiant des premiers âges. La patience, la longanimité est une des qualités les plus indispensables aux personnes chargées de diriger leurs semblables dans la voie du sacrifice. Marguerite d'Angennes en était profondément persuadée. N'est-ce pas pour s'assimiler cette vertu qu'elle choisit pour l'aider, l'assister une de ses religieuses, aflligée du plus fâcheux caractère qu'on pût imaginer ? Ce fait provoqua la plus vive, la plus sincère admiration et nous laisse supposer que la vertueuse abbesse acquit de nombreux mérites pour le ciel et réussit à corriger sa malheureuse compagne. Avant d'établir !a réforme, Marguerite d'Angennes voulut en pratiquer toutes les rigueurs. Au lieu de linge, elle s'habitua à porter de la serge. Le lit sur lequel elle reposait se composait d'une simple paillasse avec quelques couvertures, il était si étroit qu'elle pouvait à peine s'y retourner. Elle multipliait, elle prolongeait ses jeûnes, et à certains jours, elle ne prenait, le soir, que du pain sec et de l'eau. La pieuse abbesse faisait oraison tous les jours ; après l'office canonial, elle récitait celui de Notre-Dame, le rosaire en entier, les litanies de la Sainte Vierge et celles des Saints, un chapelet de neuf dizaines pour honorer les neuf chœurs des Anges et un autre, en l'honneur de saint Joseph [Note : Vie des Saints de Bretagne, par D. Lobineau. — Edition de 1837, par l’abbe Tresvaux, t. IV, p. 334].

Gabrielle de Morais avait rendu son âme à Dieu, en 1614, préparée à la mort par les prières et les bonnes paroles de celle qu'elle regardait toujours comme son auxiliaire ; elle emporta sans doute cette illusion dans l'autre monde. Avec elle disparut un ferment de division. Marguerite d'Angennes s'était tracé un plan de vie religieuse, elle l'avait observé dans tous ses détails, après l'avoir soumis aux Révérends Pères Jésuites de Rennes, auxquels elle recourait pour la confession. Elle consulta aussi sur ce sujet les personnes les plus éminentes du royaume, elle en écrivit à saint François de Sales et en reçut une réponse qu'elle conserva comme une relique. Ce n'était que la règle de saint Benoît, modifiée suivant la bulle du pape Benoît XII, publiée en 1336, adaptée aux moeurs et aux pieuses coutumes de l'époque, et fortifiée par les expériences qu'on avait faites dans les instituts religieux depuis un siècle. Les prêtres les plus éclairés et les plus éminents de la ville de Rennes se réunirent autour de l'évêque et donnèrent leur opinion sur la réforme qu'on méditait. La jeune abbesse de Saint-Sulpice exerçait son autorité, depuis 10 ans, avec une bonté si maternelle que ses religieuses la vénéraient toutes et accueillaient ses avis et ses conseils, comme s'ils venaient du ciel. Quand elle leur parlait des nombreux avantages d'une vie réglée, elle les enflammait d'un véritable amour pour le bien. Comme elles étaient disposées à embrasser un genre de vie plus parfait, elle pria le Révérend Père de Saint-Jure, connu par sa piété, son zèle, son expérience, de leur donner les exercices d'une retraite. Pendant huit jours, elles demeurèrent suspendues aux lèvres de ce saint religieux, qui transforma ces moniales par l'éloquence persuasive de sa parole et de son enseignement. L'œuvre était mûre, la réforme devait tomber dans une terre bien préparée. On fit donc publier la clôture dans toutes les paroisses voisines. Le 17 janvier 1621, fête de saint Sulpice, archevêque de Bourges, patron de l'abbaye, après la messe solennelle et la communion générale, le prêtre officiant apporta le Saint Sacrement à la grande grille. Alors Marguerite d'Angennes renouvela publiquement ses vœux et y ajouta celui de la clôture ; ses filles l'imitèrent et déposèrent entre les mains de leur supérieure tout ce qu'elles avaient possédé en propre, sans excepter les revenus de leurs bénéfices. Les vingt-trois religieuses qui vivaient dans les prieurés simples furent rappelées et partagèrent ainsi avec leurs sœurs la vie de communauté [Note : Vie des Saints de Bretagne, par D. Lobineau, op. cit.]. Celles qui habitaient la Fontaine-Saint-Martin [Note : Canton de Pontvallain, arrondissement de La Flèche (Sarthe)], la Fougereuse [Note : Ste-Madeleine-de-la-Fougereuse, canton d'Argenton-Château (Deux-Sèvres)], le Petit [Note : Petit Locmaria, Plumelec (Morbihan)] et le Grand Locmaria [Note : Grand Locmaria, près Quimper (Finistère)], continuèrent d'y résider en observant la réforme. Monseigneur Cornulier, évêque de Rennes, qui gémissait tant sur les désordres et l'impénitence de certains moines, comme nous l'avons dit ailleurs [Note : Bénédictins réformes de Bretagne, Société Arch. d'I.-et-V., t. XLV], dut sentir son âme transportée de joie quand il visita St-Sulpice, le 10 septembre 1622. Comme il dut leur recommander de prier pour leurs frères en religion, qui avaient horreur d'une vie pieuse et réglée [Note : Arch. départ. d’Ille-et-Vilaine, 2H2/1].

 

§ I. — LES CONSTITUTIONS ET RÈGLEMENT DE VIE.

Les constitutions. — Pour connaître l'esprit de cette reforme, étudions les principaux articles qui la règlent, établissent partout l'harmonie, soutiennent les bonnes volontés et fournissent l'occasion de plaire à Dieu, tout en acquérant de nombreux mérites pour une vie meilleure. Quels moyens emploiet-on pour éprouver la vertu ? Au premier rang nous voyons figurer les mortifications corporelles.

Abstinence. — Les religieuses ne mangent jamais de viande le lundi, mercredi et vendredi, pas même le jour de Noël ; elles s'en abstiennent encore depuis la Septuagésime jusqu'à Pâques, de l'Ascension à la Pentecôte, depuis le 8 novembre jusqu'à Noël. Certaines vigiles de fêtes augmentent encore le nombre de ces abstinences [Note : Les religieuses qui ne pouvaient pas faire maigre, en demandaient dispense et mangeaient à l’infirmerie]. Saint Benoît dit dans sa régle que la vie d'un moine devrait être un carême perpétuel, mais il insinue que ses contemporains ne se montrent guère disposés à réaliser cette vérité dans toute sa rigueur. Pour contenter tout le monde, il accorde des mitigations et permet aux âmes généreuses de faire d'avantage, si elles le désirent et si elles le peuvent.

Jeûne. — Marguerite d'Angennes n'oublie pas dans ses constitutions le jeûne, qu'elle considère comme un puissant moyen de salut. A St-Sulpice, depuis Pâques jusqu'à la Pentecôte, on jeûne seulement le vendredi ; depuis la Pentecôte jusqu'au 14 septembre, on jeûne le mercredi et le vendredi depuis cette époque jusqu'au 8 novembre, on jeûne le lundi, mercredi et vendredi ; de là au jour de Noël, le jeûne devient quotidien. De la Nativité de Notre Seigneur à la Quinquagésime, la sévérité de la règle se détend et n'impose le jeûne que les lundi, mercredi et vendredi de chaque semaine ; mais, à partir de ce moment, elle recommande qu'on le pratique chaque jour jusqu'à Pâques, en exceptant toutefois le dimanche. Aux vigiles de la Purification, de la Visitation, de la Conception, de la Nativité de la Vierge, il y a jeûne comme aux jours fixés par l'Eglise. Une fête de première classe supprime le jeûne imposé par la règle, et c'est pour cette raison qu'on ne l'observe pas aux jours de saint Sulpice, de sainte Scolastique, de la Translation de saint Benoît, la dédicace d'une église.

Discipline. — Les maîtres de la vie spirituelle conseillent à chacun de fustiger son corps pour que l'âme puisse le dominer. Nos Bénédictines comprenaient la vérité de ces paroles et prenaient la discipline tous les vendredis de l'année, les lundi, mercredi et vendredi de l'Avent et du Carême, la veille des fêtes de première classe et tous les jours de la Semaine sainte. Cette pénitence se prolongeait pendant l'espace d'un Miserere, que la sacristine récitait à haute voix.

Exercices de piété. — On faisait oraison tous les jours de 6 à 7 heures, le matin, les dimanches et jours de fêtes, après les Vêpres, quand il n'y avait pas eu de sermon ; on se tenait à genoux pendant tout le temps de cet exercice.

Retraite annuelle. — Tous les ans, les religieuses prenaient part à une retraite commune, pendant laquelle elles tenaient leurs voiles baissés et gardaient le silence ; elles la terminaient en renouvelant leurs vœux devant le Saint Sacrement. En général, un membre de la Compagnie de Jésus dirigeait et présidait cette récollection.

Confession. — Ces moniales se confessaient deux fois la semaine et faisaient une confession générale, une fois l'an. Une petite grille, revêtue de toile de serge, séparait le confesseur et la pénitente. Elles communiaient régulièrement le dimanche, le jeudi et certains jours de fêtes. Les fêtes du lundi et du samedi n'empêchaient pas la communion du jeudi ; il n'en était pas de même pour celles qui tombaient le mardi et le vendredi. Les religieuses faisaient la communion, à la messe de prime, à l'église ; les malades, les infirmes qui pouvaient marcher, à la chapelle de Saint-Joseph.

Récollection. — Tous les six mois, au printemps et à l'automne, l'abbesse faisait donner des exercices spirituels ; les religieuses qui les suivaient pouvaient communier tous les jours ou tous les deux jours.

L'examen de conscience s'observait pendant un quart d'heure, avant le dîner et après complies. On- consacrait à la lecture spirituelle le temps destiné au silence ; on conseillait de la faire souvent dans la règle et l'imitation de Jésus-Christ. Il était prescrit de parcourir les constitutions, une fois l'an, pendant le Carême.

Journée monastique. — Comment se passe la journée ? Elle nous paraît longue, car elle commence à cinq heures, le matin, pour finir le soir, après neuf heures. Hélas ! il n'est plus question du lever dé nuit : l'expérience du passé n'a pas permis de le maintenir, car les défaillances étaient nombreuses dans les communautés qui le conservaient, et ailleurs, on ne prenait même pas la peine de le mentionner par le son de la cloche. Pour faciliter l'observance, on crut qu'il était mieux de prendre une mesure moyenne. Le temps du repos est écoulé : à cinq heures, une sœur converse réveille en frappant aux portes des cellules, en été, en entrant dans la chambre et en allumant les chandelles, en hiver. Une demi-heure, plus tard, une cloche donne le signal pour descendre et se ranger au chœur. A six heures, on sonne l'Angelus et aussitôt commence la méditation qui se prolonge jusqu'à sept heures. C'est alors qu'on récite prime, office qui est généralement suivi d'une messe basse. A neuf heures, a lieu la grand'messe, précédée de tierce et suivie de sexte et de l'examen de conscience.

A dix heures et demie, la cloche annonce le dîner. Chaque moniale se rend promptement au lave-mains, et de là, au réfectoire. Quand le repas est terminé, tout le monde se lève pour commencer les grâces, qu'on termine à l'église où l'on se rend processionnellement, en psalmodiant le Miserere. Le moment de se distraire est venu, on a droit à une heure de récréation pendant laquelle on s'entretient familièrement. Elle se termine vers midi, en temps ordinaire ; elle est parfois retardée, car on mange à onze heures, les jours de jeûne régulier, et à onze heures et demie, les jours de jeûne fixés par l'Eglise. Après la récréation, une cloche annonce l'office de none et toutes les religieuses s'y rendent, excepté celles qui ont lu et servi à la première table, comme leurs compagnes, elles ont droit à une heure de repos.

Après none, commence le temps du silence pendant lequel on fait des lectures pieuses, on étudie le cérémonial, les constitutions, la règle, et le psautier traduit en français ; la cloche du dortoir en détermine le commencement et la fin. Vers deux heures, on se donne au travail manuel. Chaque moniale s'occupe à coudre, à filer ; confectionner des bas, de la dentelle et même des ornements, [Note : Arch. départ. d'Ille-et-Vilaine, 2H2/31] sous la surveillance de la prieure, pendant que l'une d'elles fait à haute voix une lecture pieuse. On le continue jusqu'aux Vêpres, et en Carême jusqu'à cinq heures, excepté les jours de fête, de confession et les dimanches. Pendant le Carême, les jours de fêtes et veilles de communion, depuis le silence jusqu'à cinq heures, chaque religieuse se tient dans sa chambre où elle travaille, lit ou prie.

Les Vêpres se chantent à trois heures et demie, et, en Carême, immédiatement après la messe conventuelle, sauf le dimanche. A cinq heures, on sonne le souper et on récite les grâces au réfectoire. Ce repas est suivi d'une recréation qui dure jusqu'à six heures trois quarts.

Après l'Angelus, qui est sonné à ce moment, on chante les complies. Quand elles sont terminées, on lit le sujet de la méditation pour le lendemain, et on examine ensuite sa conscience pendant un quart d'heure, au chœur ou dans la cellule.

On commence le chant des matines à sept heures un quart, à sept heures trois quarts ou huit heures, suivant que le jour ou la fête le comporte. Après les matines, les religieuses, en été, ont une demi-heure, pour se coucher, et en hiver, trois quarts d'heure, afin que chacune puisse commodément se succéder au chauffoir. A neuf heures et demie, une professe de chœur ferme les dortoirs, visite les chambres pour voir si on est couché et porte ensuite les clefs à la mère prieure [Note : Voir les Constitutions de Saint-Sulpice-la-Forêt, in-12, 1685, Rennes, à la Bibliothèque de la Ville de Rennes].

Dans les prieurés qui comptent quarante religieuses, tout se passe comme à St-Sulpice, on chante tout l'office. Au contraire, si le nombre des religieuses est inférieur à quarante, on observe les modifications suivantes. Le lever est retardé jusqu'à cinq heures et demie, et l'oraison se fait de six heures et demie à sept heures et demie, après laquelle, on psalmodie l'office de prime. Quand une communauté comprend vingt-cinq professes de chœur, on chante tous les jours quelque chose de l'office, la messe et les vêpres, les dimanches et jours de fêtes.

Pendant la Semaine Sainte, on chante également tout l'office du matin, et le soir, les ténèbres, ou au moins, le premier nocturne, le mandatum du Jeudi Saint, que la prieure préside au chapitre pendant que les prêtres font le leur à l'église [Note : Cet usage s'observait même avant la réforme, car Françoise de Lestourbeillon, prieure du Thélouet, déclare qu'elle fait célébrer les ténèbres le mercredi, jeudi et vendredi soir de la Semaine sainte. (Arch. dép. d'Ille-et-Vilaine, 2H2/119)].

On chante encore, la messe et le salut du soir, pendant l'octave du Saint-Sacrement, la messe, les jours de vêture et profession, avec toutes les prières qui accompagnent de semblables cérémonies, les grand'messes pour les religieuses décédées.

Charité envers les défunts. — A St-Sulpice, on a une grande dévotion pour les morts. Lorsqu'une religieuse rend le dernier soupir, la communauté s'assemble à l'infirmerie où l'on chante le Subvenite, pour une moniale de chœur ; on le récite pour une religieuse converse. On se réunit ensuite au chœur pour psalmodier le psaume : In exitu, et on continue les autres jusqu'à la fin du psautier. Cette cérémonie funèbre se termine par l'antienne, Benedictus et l'oraison.

On célèbre, à son intention, six grandes vigiles : les premières, le jour du décès, les secondes, le lendemain, les troisièmes, le cinquième jour après la mort, les quatrièmes, le septième jour, les cinquièmes, le trentième jour, et les sixièmes, au bout de l'an.

Les premières se chantent pour une religieuse de chœur, les autres se psalmodient.

On chante pour la même, six grand'messes, quatre de Requiem, une du Saint-Esprit et une de la Sainte Vierge.

On célèbre la première messe de Requiem, le jour des funérailles, le lendemain, celle du Saint-Esprit, le jour suivant, celle de la Vierge, une messe de Requiem, le quatrième et le trentième jour, et le jour anniversaire. On invite les prêtres voisins pour honorer de leur présence le service de la défunte. On y chante les vigiles et trois grand'messes avec un Libera, à la fin. Les ecclésiastiques qui assistent à la cérémonie célèbrent la messe pour la défunte. On fait acquitter pour chaque religieuse qui meurt un trentain de messes, quatre annuels, consistant chacun dans la célébration d'une messe, chaque semaine, pendant un an.

Pendant trente jours, on donne aux pauvres la pitance de la défunte.

On se montrait très généreux envers les âmes des trépassés qui appartenaient à la famille des Bénédictines de St-Sulpice. Les abbesses avaient droit à 480 messes, chaque religieuse de la maison, à 240, les religieuses des prieurés conventuels dépendants, à 4 messes, le père, la mère, le frère, la sœur d'une religieuse de la communauté avait droit à 2 messes. Si le défunt avait plusieurs filles ou sœurs dans la communauté, trois ou quatre, par exemple, on lui accordait six ou huit messes [Note : Voir Constitutions et Arch. départ. d'Ille-et-Vilaine, 2H2/2].

La communauté paye sa dette aux morts, comme nous venons de l'indiquer, mais il y a en outre un tribut individuel. Chaque religieuse offre pour l'âme de la défunte, 12 communions, une par mois, et récite le psautier entier, c'est-à-dire, 150 psaumes et termine par l'antienne, le Benedictus, le verset et l'oraison. Au lieu des psaumes, les sœurs converses récitent 50 chapelets. On fait et on dit le double pour une abbesse. En plus de la fête des Morts et du lendemain, on fait la communïon, on chante la messe, avec le Libera, chaque mois, à l'intention des religieuses défuntes de la maison.

Vêtements. — Après avoir énuméré les statuts qui règlent la journée et déterminent la nourriture, voyons le vêtement que portent nos moniales et la couche sur laquelle elles reposent.

L'habit du dessus est une soutane de drap ou de serge, fermée par le bas et ouverte par le haut jusqu'à la ceinture. Elle doit être ajustée à la taille, les manches ont un pied de largeur et dépassent de deux ou trois doigts le bras ou la main étendue. Les manches de dessous sont plus étroites et soigneusement accomodées pour que les bras ne paraissent jamais découverts. La ceinture est un rouleau ou un cordon de laine noire a laquelle est suspendu un chapelet. Sur la soutane, les religieuses portent un scapulaire flottant, large de 9 ou 10 pouces, de même couleur et de même longueur que la soutane. Le vêtement de dessous consiste en un corps de toile et une jupe de drap ou de serge, il est plus court que la soutane pour ne pas embarrasser la marche. Les religieuses de chœur peuvent se faire des jupes avec leurs vieilles soutanes. Au lieu de chemise, elles portent une tunique d'étamine, à moins qu'elles n'en soient dispensées pour raisons graves. Pendant l'hiver, elles reçoivent des jupes ou des camisoles de frise qu'on leur permet de doubler avec des peaux d'agneaux ou de communes fourrures. Le premier voile de dessous est de serge, celui qui est pardessus est d'étamine claire ; les bandeaux et les guimpes sont de toile blanche. L'habit qu'elles portent la nuit est le même que celui de dessous. Le voile de nuit pendant l'hiver est de serge ou grosse étamine, en été ou quand elles sont malades, il est plus petit et se compose d'étamine claire.

Le voile des novices est toujours de toile blanche, qu'il s'agisse de celui de la nuit ou du jour.

Les bas sont de laine, de serge ou de drap, mais toujours noirs ; les souliers sont simples. Lorsqu'elles sont indisposées ou qu'il fait froid, les moniales peuvent avoir un manteau de chambre en laine, doublé de toile noire, elles ne doivent point le porter au parloir, sans permission. Dans les dortoirs, elles ont aussi la liberté d'user de petits manteaux de futaine. Chaque religieuse porte à l'église un grand habit de serge noire, plus long que la soutane et dont les manches descendent jusqu'aux genoux.

Les sœurs converses n'ont point d'habit de chœur, elles se contentent de l'habit de dessus avec le scapulaire, serré à la taille par une ceinture, qu'elles portent à l'église, au parloir et au chapitre, le vendredi elles le quittent quand elles s'occupent au travail.

Lit. — Le lit des religieuses se composait d'une natte de paille ou de cordes entrelacées, d'un matelas de laine, d'un oreiller et traversin de plume.

Chapitre. — Les constitutions que nous venons de parcourir nous montrent que la vie monastique ne manque pas de mortifications matérielles, sans compter les pénitences que les supérieures peuvent imposer en certaines circonstances, et principalement à l'occasion des coulpes. — Le vendredi, les moniales de St-Sulpice, après la messe de prime, se rendaient au chapitre, pour faire individuellement leur coulpe ou accuser, devant la communauté, les fautes qu'on avait commises contre la règle. L'abbesse ou la prieure avait le droit d'imposer pour ces manquements des prières supplémentaires, le port du cilice ou de la haire. C'est aussi au chapitre qu'on procède à la déposition et à la rénovation des charges, à l'élection des dignitairès et à l'admission des novices à la profession.

Rénovation des charges. — Le premier lundi de Carême, après la grand'messe, on sonne toutes les cloches et on récite le Veni, creator, au chœur. Quand cette prière est terminée, les religieuses professes, l'abbesse en tête, se rendent deux à deux au chapitre, où on lit d'abord un article de la règle ou un passage des constitutions. L'abbesse prend ensuite la parole, adresse une exhortation à l'assemblée et lui rappelle le but de la réunion. Toutes les moniales se prosternent ensemble devant leur supérieure, demandent pardon pour les manquements dont elles se sont rendues coupables et déposent ensuite individuellement à ses pieds, si elles exercent un office, la marque de leur dignité. Celle-ci les remplace, s'il y a lieu, par une de leurs compagnes, à leur grande joie, ou en dépit de leur vif mécontentement. Quand on est obligé de recourir au scrutin pour choisir une officière, ou admettre une novice à la profession, la sacristine place, au milieu de la salle capitulaire, une table, recouverte d'un tapis et surmontée d'un crucifix sur laquelle elle pose l'urne destinée à recevoir les suffrages, du papier et des plumes pour écrire. L'abbesse concourt avec ses filles à l'élection de la prieure, qui est nommée par la moitié des voix plus une. La prieure est ainsi désignée pour la vie, et reçoit à l'instant le droit d'exercer son obédience. Avant de faire profession, une novice doit aussi recueillir la moitié des suffrages de la communauté plus une. Dans ces circonstances, l'abbesse et la supérieure, dans les prieurés, ont droit à un double suffrage. Toutes les autres officières restent en charge au moins pendant trois ans, mais l'abbesse peut les changer quand elle le désire. Celles qui restent le plus longtemps en fonction sont : la maîtresse des novices, la cellérière, la dépositaire, la pharmacienne, parce que ces offices demandent des connaissances spéciales. La prieure, la sous-prieure et les quatre religieuses qui sont les plus anciennes par le rang de profession forment le conseil de l'abbesse. La rénovation des charges se pratique de la même manière dans les monastères conventuels, qui dépendent de St-Sulpice, mais il n'y a pas d'élection, car la sous-prieure et la maîtresse sont nommées de droit, par l'abbesse. Le conseil de la communauté dans ces couvents doit sans doute se composer de la prieure, de la sous-prieure et des quatre discrètes, ou des quatre religieuses les plus vénérables par leur âge de profession. Avant de terminer ce chapitre, il nous reste à parler des divers emplois que les moniales remplissaient à la maison-mère, comme dans les prieurés conventuels.

La prieure. — La prieure veille sur la régularité de l'office divin et l'observation du silence, elle exige que toutes les religieuses aient un grand respect pour l'abbesse. Chaque mois, elle fait la visite durant le silence pour voir si la lecture spirituelle se fait régulièrement. Tous les mois aussi elle fait le tour des cellules, le soir, pour constater que les lumières sont éteintes, c'est à elle que la portière remet les clefs du monastère.

La sous-prieure. — La sous-prieure dit le Benedicite et les grâces, à la première table.

La secrétaire. — La mère secrétaire inscrit sur un registre tous les actes et les événements du monastère, le récit des professions qu'elle fait signer par l'abbesse, la prieure, la sousprieure, tes discrètes, la nouvelle professe et les personnes de marque. Elle a un livre spécial destiné à l'histoire de l'abbaye.

La sacristine. — La sacristine est secondée par deux aides. Elle est chargée de régler l'horloge, de sonner les cloches, de veiller à la bonne tenue de la sacristie, des ornements. Les calices sont enveloppés de petites bourses de toile blanche et placés dans un étui. Elle fait purifier les ciboires tous les huit jours et change tous les trois mois, le corporal du tabernacle. On balaye l'église et la sacristie, trois fois la semaine. La sacristine garde la clef de la grille, de la petite fenêtre où l'on communie, de la porte et grille de St-Joseph, des confessionnaux.

Elle tinte quelques coups pour annoncer les messes, elle sonne elle-même la cloche au Sanctus et à l'Agnus. La veille des communions, elle désigne l'intention par billets affichés aux endroits ordinaires. Le premier dimanche du mois, elle donne ce qui est nécessaire pour l'exposition du Saint-Sacrement, qui a lieu en face d'une petite fenêtre de la grille. Le jour Octave de la Fête-Dieu, on se rend à la chapelle de Notre-Dame-sur-l'eau. Elle prend soin de commander des cierges pour le jour de la Purification. Les jours gras, elle ramassera les rameaux, les fera brûler et en recueillera les cendres pour le mercredi des Cendres.

Les chantres. — Les chantres doivent avoir une bonne voix, prévoir et marquer ce qu'il faut chanter, avoir soin des livres de chœur.

La dépositaire. — La dépositaire reçoit tout l'argent et le revenu de l'abbaye, elle fournit la dépense de l'intérieur et de l'extérieur. Elle commande les provisions et fournit à la cellérière de l'argent pour payer les dettes.

La cellérière. — La cellérière doit acheter les choses qui se consomment au dedans et au dehors de la maison, comme le veau, le mouton, la volaille, le poisson, les œufs, le beurre frais, le laitage, les légumes et choses semblables, les fruits même qui peuvent se garder longtemps. Elle fournira aux malades les choses nécessaires, aux hôtes, une sainte et convenable hospitalité. Elle mettra pour les domestiques de la viande plus grossière et préparera à chacun sa portion. Elle pourra leur donner les restes de la communauté. Elle n'oubliera pas les pauvres, elle fera une grande provision de confitures. Quand le temps sera venu pour tuer les bœufs et les porcs, elle donnera ses ordres et assistera à la salaison. Elle fera cueillir les fruits du jardin en temps convenable. Elle prendra soin que le dîner, le souper et la collation soient sonnés aux heures fixées et que les religieuses reçoivent à temps les viandes bien assaisonnées, nettes et chaudes. Elle témoignera une grande bienveillance aux malades et leur fournira tout ce qui sera nécessaire. Tenant un registre exact de ses recettes et dépenses, elle en rendra compte devant l'abbesse et les religieuses qui seront désignées à ce sujet [Note : Arch. dép. d'Ille-et-Vilaine, 2H2/25. — Constitutions de 1685, op. cit.]. Lorsqu'elle achètera on parlera au tour, que ce soit à voix basse et avec modestie.

La portière. — La portière a son appartement auprès de la porte. Elle n'ouvre point la barrière qui est devant la porte, si ce n'est pendant le temps qu'on donne l'aumône. Les commissions, lettres et paquets se donnent par le tour. Elle ne doit jamais parler à quelqu'un, la porte entr'ouverte. S'il y a nécessité, qu'elle parle par le guichet. Elle ne peut laisser entrer, sans permission spéciale, que les jardiniers, le rompeur de bois et les boulangers. Quand on amène des fagots, la mère portière doit en tenir un compte exact, marquant fidèlement le nombre et les noms des marchands qui les ont vendus. Quand il est nécessaire d'ouvrir la grande porte pour faire entrer les harnais, elle doit la refermer aussitôt. On doit prendre les mêmes précautions pour les portes de l'enclos. La portière garde aussi la clef du fagotier. Elle aura soin qu'on distribue l'aumône, trois fois la semaine, du pain et du potage ; elle donne du pain ou de l'argent aux passants. Le soir, elle portera les clefs chez Madame l'Abbesse ou la Mère prieure. La portière aura pour l'aider une sœur converse et trois sœurs de chœur. La converse garde la porte pendant les offices communs. La portière est toujours accompagnée de sa seconde ou de l'une des deux autres. Quand il le faudra, elle accompagnera avec sa seconde le prêtre, le pharmacien, le médecin, le chirurgien à l'infirmerie quand il y aura nécessité de les introduire auprès des malades. Elle intimera aux ouvriers de n'aller dans la maison qu'à l'endroit où ils doivent travailler [Note : Arch. dép. d'Ille-et-Vilaine, 2H2/92. — Constitutions de 1685, op. cit.].

La tourière. — La sœur tourière a un petit cabinet auprès du tour dont elle a une clef, ainsi que la cellérière. Elle se rend au tour, à la fin de l'oraison du matin, pour passer les déjeûners du dehors. A la fin de la grand'messe, elle retournera à son office, pour faire passer le dîner de messieurs les prêtres, des domestiques. Elle doit s'informer des malades de la paroisse. Elle prévient l'abbesse et la cellérière de l'arrivée des hôtes, et de leur qualité. Au mois de mai et commencement de juin, elle fait recueillir des boutons de fleurs de genêts pour être confits au sel et vinaigre. Elle a pour l'aider une sœur tourière et des religieuses de chœur. Le lundi, on donne le linge aux servantes du dehors, qui le rapportent le samedi.

La grenetière. — La mère grenetière a soin des grains qu'on garde à l'abbaye. Elle a toujours une compagne. Les greniers ont deux clefs : la première grenetière en détient une, la seconde, l'autre. Quand on apportera les grains des dimes ou des fermes, elle verra s'ils sont de la qualité requises. Il y aura, deux registres, l'un de la mise, l'autre, de la recette. Celui-ci sera dans les mains de la première grenetière, et l'autre, confié à la seconde. La grenetière fera ouvrir les fenêtres quand il conviendra. Elle fera mesurer les grains qui seront remis au meunier et la farine qui sera rapportée. C'est à elle qu'on s'adresse pour avoir de l'avoine pour les chevaux, de la farine, du grain.

La cavière. — La sœur cavière a soin du pain, du cidre et du vin, tant au dehors qu'au dedans, elle en fait la distribution. Elle avertira les boulangères de la quantité de pain qui est nécessaire. Elle conserve la clef des armoires à pain blanc et gros pain. Après le repas, elle fait ramasser ce qui reste au réfectoire. Les sœurs converses mangent du pain de méteil et boivent du cidre. On leur donne du pain blanc et du vin quand elles sont malades. Elle fait couper le pain destiné à l'aumône et accompagne jusqu'à la porte les personnes qui le portent.

A la cave, elle place le vin rouge d'un côté et le vin blanc de l'autre. Elle doit être présente quand on l'encave, en marquer exactement le nombre de pipes et de barriques qu'on descend à la cave. Elle fait venir de temps à autre des personnes intelligentes pour le goûter, de crainte qu'il ne se perde. Elle prendra un soin particulier du vin qui sera destiné pour le Saint Sacrifice de la Messe. Elle se fera un plaisir de le tirer elle-même et de le porter à la mère sacristine. Elle gardera la clef de la cave qu'elle fera fermer. Quand elle percera une pièce de vin, elle en marquera la date dans son registre.

La mère auditrice. — La mère auditrice est chargée d'ouvrir et de fermer le parloir ; elle l'ouvrira à sept heures, le matin, et le fermera, le soir, à sept heures, en hiver, et à huit heures, en été. Elle accompagnera les religieuses au parloir et prendra garde qu'on y parle trop haut. Il est défendu de manger au parloir et d'assister au repas qu'on pourrait y faire. Les religieuses doivent aussi éviter d'y faire des médisances.

La maîtresse des novices. — Nous arrivons aux offices qui ont une véritable importance, car elles mettent les titulaires en relations intimes avec les membres de la communauté. Nous parlerons d'abord de la maîtresse des novices, chargée de former le cœur et la volonté, d'inspirer l'amour de Dieu, le goût de la vie religieuse, d'enseigner la pratique de l'humilité, et l'obéissance, si nécessaires dans l'existence du cloître.

Suivant Marguerite d'Angennes et Marguerite de Morais, elle doit être d'un âge mûr, vigoureuse et robuste, édifiante, exemplaire et capable d'inspirer la plus entière confiance, une sincère dévotion envers le Saint Sacrement et la Sainte Vierge, si solidement établie à St-Sulpice. Elle a une lourde tâche, car elle doit préparer à la profession les novices de chœur et converses, encourager dans la pratique du bien les jeunes religieuses de chœur, qui ont prononcé leurs vœux depuis moins de quatre ans, soutenir le zèle des sœurs converses qui lui sont toujours immédiatement soumises et dont elle reçoit la profession, au lieu et place de l'abbesse, ou de la prieure. Il lui incombe en outre de diriger et d'instruire les pensionnaires qui vivent au noviciat. Il est vrai qu'elle a une religieuse pour l'aider, la seconder, la suppléer, en cas d'absence, et d'ailleurs, elle peut confier l'enseignement à de jeunes professes, qui lui paraissent bien douées pour ce genre d'apostolat. On lui recommande une grande bonté, de la patience, de la modération. Si elle remarque que certaines novices ont une santé délicate, elle devra leur faire prendre quelque chose le matin ; il importe que ces jeunes personnes conservent leurs forces pour le bien de la communauté. Cette remarque nous permet de supposer que les Bénédictines de St-Sulpice ne mangeaient que deux fois par jour, le matin, à onze heures, et le soir, vers cinq ou six heures. Les novices aspirant à la vie religieuse sont donc obligées de connaître tout ce qui concerne cette existence, comme la nature des vœux qu'elles prononceront, les constitutions qui règleront leurs rapports et leurs obligations, les cérémonies du chœur, la manière de chanter l'office, les égards auxquels les anciennes ont droit, les lois de la bonne tenue dans le cloître comme au parloir. Le noviciat ne commençait qu'à quinze ans, depuis le concile de Trente : il durait un an, pour les religieuses de chœur, et deux ans, pour les converses. Pour être admise à la profession, il fallait la moitié des voix plus une. Les novices couchaient vêtues. On les exemptait des jeûnes commandés par la règle et on leur permettait de manger, le matin de ces mêmes jours, quand elles n'avaient pas 21 ans. Les novices converses employées à la cuisine étaient exemptées de ces mêmes jeûnes. Cinq ou six semaines avant la fin de l'année de noviciat, la novice, qui en est jugée digne, doit demander la grâce de la profession. Quand elle est admise, l'évêque ou un de ses délégués doit l'interroger et lui demander si elle agit en toute liberté et conscience. Elle passe les trois jours qui précèdent la profession dans un silence complet, sans se mêler aux récréations. Le dernier vendredi avant la cérémonie, la maîtresse des novices la présente à la communauté et répond de ses bonnes dispositions. La future professe, pendant les trois jours qui précèdent sa consécration à Dieu, mange à genoux, devant la table des novices, les plats et les assiettes par terre. Elle fait deux heures d'oraison et de méditation sur des sujets indiqués. La veille au soir, on la conduit devant Madame l'Abbesse qui lui baisse le voile et ce voile n'est relevé que trois jours après. Cette pratique signifie qu'elle doit se tenir dans le recueillement. Elle se confesse et communie le jour de la profession, elle se tient, pendant la messe, à genoux sur le drap mortuaire, accompagnée des religieuses que l'abbesse a désignées. Après les cérémonies de la profession, elle lit la formule de ses vœux, la signe et la dépose sur une petite table vis à vis du Saint Sacrement, exposé à la fenêtre de la grande grille du chœur [Note : L'acte de profession était inscrit sur le registre du noviciat et signé des personnages notables qui assistaient à la cérémonie. De 1682 à 1714, nous y voyons figurer bon nombre de Jésuites, ce qui atteste les bonnes relations de ces religieux avec Saint-Sulpice. (Arch. dép. d’I-et-V., 2H2/18). Les Bénédictines de St-Sulpice procuraient parfois quelques douceurs à ces bons religieux. Nous lisons, à la date du 26 février 1676, ces lignes : « Douze poulardes envoyées aux RR. PP. Jésuites, pour leur carnava. » (Arch. départ. d'Ille-et-Vilaine, 2H2/27)]. Elle continue encore les exercices de la retraite pendant trois jours, après lesquels, on lui lève le voile, on la conduit, au noviciat où elle doit rester encore pendant quatre ans. La maîtresse des novices, disent les constitutions, a un livre où elle marque l'arrivée des novices, ce qu'elles apportent et les motifs de leur sortie, si elles sont obligées de se retirer.

Le registre en question constate bien l'entrée des novices, mais il ne parle point de leur sortie, et surtout, il ne signale point le motif de leur renvoi. Cependant nous en avons trouvé, en 1664, un cas assez bien caractérisé.

Le 23 mai 1664, la communauté se réunit sous la présidence de l'abbesse et conclut que Vincent Delys n'avait pas la vocation. Elle était fille de dame Renée Baunier, dame douairière de Monsieur le Sénéchal de Rennes. Sa mère, Madame de Beaucé, et son père furent avertis. Le 24, Madame de Beaucé se présenta à St-Sulpice, déclarant qu'elle venait chercher sa fille. Comme elle avait donné 1.000 livres pour la pension de la novice, l'abbesse et la communauté voulurent lui restituer 600 livres. Avant de se retirer, Madame de Beaucé voulut entretenir en particulier les dames de Champaigné, Desgrées et plusieurs autres proches parentes. Après cette conversation, elle partit sans emmener sa fille, sans recevoir ses 600 livres et les hardes de la jeune fille. Tout le monde en demeura fort surpris, mais on connut bientôt la vérité : la novice qui avait été congédiée désirait rester à l'abbaye et sa mère ne demandait pas mieux que de la voir se consacrer à Dieu. Ces nobles personnes avaient des intelligences dans la place, Mesdames Desgrées et de Champaigné espéraient que la sentence d'expulsion n'était pas irrévocable, l'orage pouvait se calmer, il s'agissait de gagner du temps. Madame de Champaigné se chargeait de régler l'affaire de sa malheureuse nièce. En attendant des temps meilleurs, elle l'enferma dans sa chambre avec ordre de n'ouvrir que quand elle le lui demanderait et lui apporterait de la nourriture. Cet événement causa une véritable révolution : les autres religieuses réclamèrent, et le 27, à trois heures du matin, elles sommèrent Vincent Delys d'ouvrir, mais cette dernière refusa de le faire. La prieure, Françoise Dugué ne se laissa pas arrêter par cette résistance et enfonça la porte. Etant entrée dans l'appartement, elle prit la séquestrée avec douceur, la conduisit dans une chambre voisine et lui fit revêtir ses habits séculiers. Elle fut alors conduite, hors de l'enclos, à la grand'porte et confiée à la sœur tourière. Deux jeunes filles l'accompagnèrent et la gardèrent jusqu’à l'arrivée de Madame de Beaucé. Vincent Delys ne se plaignit pas, ne versa aucune larme, comme l'atteste le notaire royal de St-Aubin-du-Cormier qui la vit à sept heures du matin. Cet incident prouve que la présence dans la même communauté de plusieurs religieuses appartenant à la même famille peut avoir de fâcheuses conséquences [Note : Arch. départ. d'Ille-et-Vilaine, 2H2/25. — Factum de la Bibliothèque municipale de Rennes, C 1571].

Un siècle auparavant, le 7 juin 1598, une jeune novice nous explique avec candeur pour quel motif elle ne fait pas profession. Elle, Louise Champion, fille de François Champion, écuyer, et de Françoise de la Chapelle, est faible de santé, elle n'a pas les forces et les capacités de chanter l'office divin et d'observer la règle de Monsieur saint Benoît. Elle demande cependant à rester à l'abbaye et à porter l'habit religieux toute sa vie. Pour témoigner sa reconnaissance, elle s'engage à payer une pension annuelle de cent écus [Note : Arch. départ. d’Ille-et-Vilaine, 2H2/19].

Saint Bernard reprochait à Pierre le Vénérable d'abréger notablement le temps du noviciat pour certains religieux qui lui plaisaient ; ses critiques étaient justes, car s'il est un point sur lequel on doit se montrer inflexible, c'est certainement celui-là. Les abbesses de St-Sulpice, avant la grande réforme, dans des temps difficiles, se montrèrent beaucoup trop indulgentes. On dit en effet que des filles prenaient l'habit et faisaient profession dans la même journée [Note : Arch. départ. d’Ille-et-Vilaine, 2H2/64].

Après Marguerite d'Angennes, en dépit de ses recommandations et de ses règlements, on abrège de six mois le noviciat d'une sœur converse. Pour motiver cette décision, on allègue que Cécile Nauroy est une très habile organiste et possède une grande vertu. 5 mai 1743 [Note : Arch. départ. d’Ille-et-Vilaine, 2H2/18].

Parmi les conseils que Marguerite de Morais donne à la maîtresse des novices, nous lisons ces lignes : « Elle aura soin de bien faire accommoder la chambre de ces filles, de les pourvoir de bons livres, tout en leur inspirant l'amour de la pauvreté, et l'horreur de la superfluité. Elle fournira avec prudence aux parents le mémoire de ce qu'on a coutume de donner pour les meubles, les habits et autres choses nécessaires » [Note : Arch. départ. d’Ille-et-Vilaine, 2H2/94].

C'est à l'occasion de ces avis que certains usages ont pu s'introduire dans les noviciats et paru blesser la simplicité et la pauvreté. Conformément à ces prescriptions, le 2 mai 1667, Joseph de Cervon, chevalier, conseiller au Parlement, s'engage à payer 1.200 livres pour les besoins du noviciat, il promet de fournir un lit garni, les cierges de profession, les bréviaires [Note : Arch. départ. d'Ille-et-Vilaine, 2H2/19].

Le 19 février 1665, Eléonore-Suzanne du Guémadeuc, fille de Claude du Guémadeuc, entre au noviciat, mais elle fera profession au prieuré du petit Locmaria. Son oncle, Sébastien du Guémadeuc, prêtre, docteur en Sorbonne, aumônier ordinaire de la Reine-mère, lui assure 6.400 livres et 400 livres de pension viagère, et s'engage en outre à payer les frais du festin de l'entrée au noviciat et de la profession [Note : Arch. départ. d'Ille-et-Vilaine, 2H2/21].

Le 20 juin 1716, René Robert, sieur de Lanhuron, lieutenant au siège présidial de Quimper, s'engage à donner à sa fille, Anne-Catherine, qui se trouve au noviciat du prieuré du grand Locmaria, près Quimper, 180 livres de pension viagère, 50 livres pour ses nécessités et son usage, 500 livres, la veille de sa profession, pour garnir sa chambre, acheter un lit, un matelas, des meubles, vêtements et livres convenables [Note : Arch. départ. d'Ille-et-Vilaine, 2H2/90].

Le 28 octobre 1732, Ignace-Corentin de Kerguelen promet 150 livres de pension pour sa fille, Louise, et 12 livres, pour ses menues nécessités, mais avec le consentement de la prieure [Note : Arch. départ. d'Ille-et-Vilaine, 2H2/90].

Anne-Catherine de la Lande de Calan entre au noviciat ; ses parents lui promettent 100 livres de rente viagère et 300 livres pour les frais de la profession et de l'ameublement [Note : Arch. départ. d'Ille-et-Vilaine, 2H2/90].

Le 8 mai 1714, Claude de Marigo s'engage à payer pour sa fille Françoise qui se trouve au grand Locmaria, 60 livres de pension viagère et 15 livres pour ses menus plaisirs, et 300 livres pour les frais du noviciat et de la profession [Note : Arch. départ. d'Ille-et-Vilaine, 2H2/90].

Ces usages, que les mœurs de l'époque semblent autoriser, n'ont pas cependant produit une fâcheuse impression à l'intérieur comme à l'extérieur du monastère. Nous ne voyons pas qu'ils aient donné lieu à de sérieuses critiques. Ces faveurs contribuaient peut-être à ménager la transition entre les joies mondaines et la vie austère du cloître !

Il était permis de recevoir, à l'abbaye et dans les prieurés, des enfants de 8 à 10 ans, pour les former à la piété et leur permettre d'étudier plus tard leur vocation, et des personnes de 15, 18, et 20 ans. Ces dernières entraient au couvent pour s'instruire des vérités du christianisme, réfléchir sur une vocation hésitante, ou faire l'essai de la vie religieuse. La jeune personne qui désirait embrasser la vie monastique devait obtenir le consentement de ses parents et les prier d'en parler à Madame l'Abbesse. Avant de prendre l'habit, elle lisait au réfectoire et mangeait avec les religieuses qui l'observaient. Le scrutin pour la prise d'habit se faisait avec des fèves blanches et noires. Les postulantes ne couchaient pas habillées, ni dans des draps de serge, elles n'observaient pas les jeûnes de règle et on les exemptait facilement d'assister à l'office du soir et du matin, afin de les habituer avec bonté aux observances régulières. Quand une jeune fille voulait être religieuse converse, on attendait trois ou quatre mois avant de lui donner l'habit, si elle n'avait pas été élevée dans la communauté.

Vœu de clôture. — La profession, la récompense d'un bon et fructueux noviciat impose, outre le vœu de chasteté, les vœux de clôture, de pauvreté et d'obéissance. La religieuse professe ne peut recevoir dans le cloître des personnes du dehors, sans nécessité grave. Le chœur de l'église et les parloirs sont fermés d'une grille, l'enclos est entouré de murs élevés ou d'une palissade. Elle ne peut sortir que par obédience pour se rendre à un prieuré, ou pour cause de maladie. Elle a besoin d'y être autorisée par l'évêque et l'abbesse. Pendant le voyage, elle est accompagnée d'une autre religieuse, ou d'une dame honnête et d'un prêtre autant que possible. L'avis du médecin ordinaire ne suffit pas pour autoriser une sortie, en cas de maladie, un homme de l'art connu par sa capacité et sa probité doit encore être consulté à ce sujet.

Vœu de pauvreté. — Les religieuses ne possèdent rien en particulier, tout ce qu'elles reçoivent est mis en commun ou confié à la dépositaire, et pour marquer ce détachement, elles emploient toujours le mot : notre, au lieu de mon. Au réfectoire, on ne se sert point d'argenterie, mais seulement à l'infirmerie, pour une plus grande propreté. Il leur est défendu de porter des gants ; on leur accorde de se servir pendant l'hiver de mitaines de serge, ou même de manchon de même étoffe.

Vœu d’obéssance. — Dans la vie monastique, si on considère les choses au point de vue humain, tout n'y est pas agréable, certaines missions ou obédiences peuvent être en soi fort pénibles, cependant les religieuses doivent les accepter avec esprit de foi et se soumettre aux pratiques conventuelles ; elles ne s'absentent pas de l'office et du travail manuel sans une permission spéciale. Partout où elles rencontrent l'abbesse, elles la saluent profondément et l'écoutent en silence quand elle leur parle.

L'infirmière. — Il nous reste à parler des fonctions de quelques officières. L'infirmière doit étendre sa sollicitude à toutes les personnes qui souffrent et lui sont confiées. Elle a soin de surveiller la malade et la maladie pour l'expliquer au médecin, elle fait attention aux prescriptions médicales, elle soulage la souffrance, au moins, par ses paroles. Elle a une ou deux compagnes quand elle se trouve avec le médecin ou le prêtre, elle doit être toujours escortée par l'une de ses auxiliaires. Lorsqu'une malade est sur le point de recevoir l'Extrême-Onction, elle prend garde de lui laver préalablement les pieds et les mains. Elle lui demande aussi si elle désire un confesseur extraordinaire. Pendant l'agonie, il est d'usage que deux prêtres se tiennent auprès de la malade, ou au moins un avec un clerc, ils mangent même à l'infirmerie. Quand la moribonde a rendu le dernier soupir, l'infirmière lui ferme les yeux, lui met un linge sous le menton pour le tenir en état, un mouchoir trempé dans du vinaigre sur tout le visage, afin que les yeux et la bouche demeurent bien fermés, et que rien de difforme ne paraisse dans la figure quand on l'expose.

La pharmacienne. — La pharmacienne exerce son activité au milieu des drogues, elle doit s'appliquer à les connaître ainsi que les herbes, savoir quand elles sont gâtées. Elle a deux registres, sur l'un elle écrit les secrets pour tirer les eaux, faire des sirops, des onguents, des électuaires et tout ce qui regarde la pharmacie ; sur l'autre, elle inscrit ou les médecins inscrivent eux-mêmes les ordonnances. Quand on écrit aux médecins pour les consulter, on attache leurs réponses ensemble. Il faut que tout soit bien rangé dans cette officine : les eaux distillées et les essences sont dans des fioles, les sirops dans des pots de faïence, les onguents et les autres liquides dans des pots de terre. C'est là aussi qu'on garde les ustensiles de pharmacie et de médecine.

La chambrière. — La chambrière est chargée de tout ce qui regarde les habits et la lingerie. Au vestiaire où elle exerce ses fonctions, elle doit veiller que tout soit propre et net. Elle ne peut donner ou tailler un vêtement neuf sans la permission de l'abbesse ou de celle qu'elle aura désignée pour la remplacer. Elle aura soin de réclamer les vieux pour les utiliser. Elle visitera de temps à autre les linges, les habits, les époussètera, les mettra à l'air pour que rien ne se gâte. Elle indique, par mémoire, à la cellérière ce qu'il faut acheter comme épingles, fil, rouleau, lacets, pagnes et autres choses. Elle distribue, à Pâques, aux religieuses les habits d'été, et à la Saint-Michel, ceux d'hiver [Note : Arch. départ. d'Ille-et-Vilaine, 2H2/25. — Constitutions de St-Sulpice, op. citat.].

© Copyright - Tous droits réservés.