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ABBAYE DE PRIERES

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LES EXEMPTIONS DE L'ABBAYE DE PRIERES

Les exemptions de l'abbaye de Prières portaient principalement sur les dîmes, les impôts et les sels.

 

1° Dès 1253, le pape Innocent IV accorda, autant qu’il dépendait de lui, l'exemption de tout droit sur le blé, le vin, la laine, le bois et la pierre, nécessaires à la maison.

L’année suivante, le même pontife s’exprimait ainsi : « Nous défendons à qui que ce soit d’exiger de vous la dîme sur les terres que vous défrichez, sur vos jardins, sur vos bois, sur vos pêcheries et sur les pâturages de vos animaux ».

Cette exemption de dîmes s’étendit graduellement à presque toutes les propriétés de l’abbaye, telles que métairies, vignes, tenues et marais salants. A diverses époques, les chanoines de Guérande et les recteurs de Batz et de Saint-Nazaire tentèrent de lever la dîme sur les salines du monastère ils entamèrent des procès à ce sujet et les perdirent constamment.

Si l'abbaye était exempte de dîmes passives, elle avait des dîmes actives en divers lieux, et notamment à Billiers, Muzillac, Arzal, Liffré, Elven, Treffléan, Sarzeau et Arzon. Il en a déjà été question dans les notices particulières des abbés ; il n’y a donc pas à y revenir ici.

Il n’est peut-être pas inutile de remarquer que la dîme était un impôt ecclésiastique, et que c’est pour cette raison que les papes pouvaient la réglementer et en accorder l’exemption à certains établissements religieux.

Il n’en était pas de même des impôts directs ou indirects, ou comme on disait alors, des fouages, des tailles, des billots, de la gabelle, etc... Ces diverses contributions regardaient le duc de Bretagne, qui pouvait les exiger ou en exempter.

 

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2° Il est probable que le duc Jean Ier accorda dès l’origine quelques exemptions d’impôts à sa chère abbaye. On n’en a pas, il est vrai, retrouvé l'acte primitif ; mais lorsque, plus tard, les agents du fisc ducal voulurent imposer le monastère, les religieux s’en plaignirent vivement au duc comme d'une innovation, et Jean IV écrivit la lettre suivante : 

« Jéhan, Duc de Bretagne, Comte de Montfort, à nos receveur général et particuliers de nos fouages et francage de Bretaigne bretonante, salut.

Complaintz se sont à Nous nos bien amez l’abbé et convent de Notre-Dame de Prières, disantz que vous vous efforcez de contrendre leurs métaiers et habitans en leurs maisons et granges à poyer les d. fouages et francage, en leur grant grieff et dommage. Si n’est-ce rien nostre entente, né oncques fust qu’ils poient les d. fouages et francage, né qu’ils y contribuent en aucune manière.

Pour quoy Nous vous mandons et commandons, et à chacun, que de ce faire vous déportiez, sans rien en prendre à cause de ce, et si aucune chose a esté prinse, le faictes randre et restituer ; pour quoy ils n’aient cause de eulx doloir ; et nos présentes lettres ou copies d’elles vous vaudront en descharge à nos acomptz, car ce leur avons octroyé de nostre grace, et pour certaine cause qui à ce nous esmeut. — Donné à Vannes, le 29ème jour de juillet 1371.

Par le Duc, en son Conseil, présents le vicomte de Rohan et le recepveur général. — Signé : Jude Ploénet » (Cart.).

Un demi-siècle après, les employés du fisc avaient oublié la leçon, et le duc Jean V dut leur rafraîchir la mémoire :

« ... A nous, dit-il, se sont complains nos bien amez religieux les abbé et convent du moustier de Notre-Dame de Prières, disans que aucuns nos officiers et commissaires se sont efforcés et s’efforcent imposer en taux et amandes, par manière de aides, ès métayers et grangiers des d. religieux, et les contraindre à poyer plusieurs sommes de pécune, jasoit que de droit et de raison ils doyent estre francs et exempts de tous fouages, aides et tailles, et en la d. franchise ayent esté tousjours gardez et maintenuz... Pour ce est-il que Nous, attendu ce que dict est, désirans les libertés et franchises des d. religieux et de leur moustier garder et observer, vous mandons et commandons que vous faciez et laissiez jouir les d. religieux et leurs d. mestaers et grangiers de leurs franchises et exemptions, ainsi que anciennement est accoustumé, sans aucune novalité entreprendre sur eulx né leurs d. grangiers... Donné en nostre ville de Vannes, le second jour du mois de mars 1424 (N. S. 1425) ». — Ibid.

Seize ans après, nouveau rappel à l’ordre.

« Jehan (V), par la grâce de Dieu, Duc de Bretaigne, Comte de Montfort et de Richemont, à tous ceux qui ces présentes lettres verront ou oiront, salut. — Comme par avant ces heures, en honneur et révérence du benoist moustier Notre-Dame de Prières, Nous eussions voulu et octroyé que les grangiers, manans, habitans et demeurans ès granges des abbé et convent du d. lieu, ès parties de Biller et de Musuillac, estant de la fondation du d. moustier, et mesmes les demourans ou herbregement et manoir du Bouays de Ros, en la paroisse de Limerzel, fussent francs, quittes et exempts tousjours mès de tous fouages, tailles, subsides, aides, empruntz, et autres subvencions quelconques, par Nous mis ou à mettre, sellon que plus à plain est faicte mention en nostre mandement sur ce faict, auquel ces présentes sont annexées, lequel avons loué, ratiffié et approuvé, et par ces présentes louons, ratiffions et approuvons, et voulons qu’ils sortent leur effet, et deffendons à tous et chacun nos féaulx et subgitz et à tous autres de non aucune chose faire ou procurer contre la teneur d’icelles, sur peine de grosses amandes, etc... Donné à Musuillac, le 3ème jour de décembre l’an 1441 ».

Toutes ces exemptions furent confirmées par le duc Pierre II, le 20 avril 1452, par le duc François II, le 14 juillet 1481, par la duchesse Anne, le 1er mars 1489, par le roi François II, au mois de mars 1560 (N. S.), par le roi Charles IX, au mois de septembre 1570, et par Louis XIII, au mois de septembre 1641.

Ce dernier prince, résumant les actes de ses prédécesseurs, constate que les exemptions d’impôts s’appliquent aux « maisons et granges dépendantes de la d. abbaye, situées ès paroisses de Billiers, Bourg-Paul ou Musuillac, Marzen, le Bois-du-Roz en Limerzel, Lenclis près de Guérande, les passages et maisons de Guédas et de l'Isle, et les habitans demeurans dans les d. maisons ; et concernent tous fouages, tailles, entrées, issues, imposts, billots, dons, emprunts, et autres subsides et subventions quelconques... ».

Son fils Louis XIV confirma le tout à son tour, par ses lettres du 5 mai 1687.

 

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3° A la suite des fouages se placent les impôts sur le sel ou la gabelle. L’abbaye de Prières jouissait encore à cet égard de plusieurs exemptions.

Elle avait des salines à Billiers, à Guérande, à Batz et à Saint-Nazaire... Dès 1322, on voit le duc Jean III lui accorder l’exemption de tout subside sur les sels qu’elle récoltait dans les marais salants de la paroisse de Billiers. Elle avait déjà, paraît-il, pareil privilège pour ses salines de Guérande.

En 1396, le receveur et le contrôleur du Duc à Muzillac voulurent imposer les salines des religieux situées en Billiers. Sur la réclamation des moines, le duc écrivit la lettre suivante :

« Jehan (IV), Duc de Bretaigne, Comte de Richement, à nos recepveur et controlle de Musuillac, salut. — Nous avons oy et entendu la supplication et humble requeste de nos bien amez religioux les abbé et convent de Notre-Dame de Prières, contenant comme ils aint et à eux appartienne de long droit, par cause dou d. moustier, joignant et assez près de leur d. moustier, marez et salines pour faire sail, que ils ont accoustumé à faire vandre, pour le convertir et tourner en la pitance et soustenance des religieux dou d. monastère, sans aucun debvoir en poier, eulx né les marchantz à qui ce sail estoit vandu, et jusques à naguère environ le temps de deux ans en ça que par ordennance de nos recepveur et conterolle de Musuillac se sont efforcez de avoir et lever sur les marchantz qui ont eu et acheté ce sail, et l’ont faict poier par chacun muy de sail un escu d’or : par quoy les d. marchantz ont retardé de acheter leur d. sail, quelle chose dient estre au grant grieff, domage et préjudice d’iceulx religieux, et en grant amoindrissement de leur soustenance et pitance, et nous ont supplié sur ce leur pourvoir de nostre bon et gracieux remède.

Pour ce est-il que Nous, qui ne voulons nullement amoindrir la pitance et soustenance d’iceulx religieux, lesquels sont fondez de nous et de nos prédécesseurs ducs de Bretaigne, et pour l'honneur et révérance de nostre Créateur et de Nostre-Dame et autres Saints qui sont onorez et priez ou d. moustier, et pour certaines causes qui à ce nous esmouvent, Nous vous mandons et deffendons, et à chacun de vous en tant que appartient pour son office, et à tous et à chacun nos autres officiers dou d. lieu, présentz et advenir, que vous et chacun de vous cessiez de ce présent jour en avant de prandre, avoir, né lever celi debvoir par cause dou d. sail, qui sera faict et créé ès d. marez et salines d’icelx. religieux, né, des marchantz achatans et qui achateront celi sail des d. religioux, non obstant quelconque commandement et ordonnance que en ayez eu de Nous, de Eon Picaud, ou d’autres nos officiers car ainsi le voulons... Donné en nostre ville de Vennes, ce 14ème jour de mars l'an 1396 (N. S. 1397) ». — (Cart.).

Dés le 4 juillet 1366, le même duc Jean IV avait permis aux religieux de Prières d’augmenter leurs salines de Guérande et d’ailleurs, jusqu’à concurrence d’un revenu net de cent livres par an, qu’il leur amortit. Le produit des salines et le transport du sel étaient exempts de toute contribution.

Mais bientôt l’augmentation des salines monastiques et leur exemption d’impôts firent une rude concurrence aux paludiers ordinaires. Ceux-ci se plaignirent de ne plus pouvoir vendre leur sel qu’après l’écoulement de celui des religieux, et ils intentèrent un procès à l'abbaye. D’un autre côté, les receveurs du duc trouvaient que ses revenus sur les sels diminuaient considérablement, et ils essayaient différents moyens pour taxer les produits des religieux.

Le duc Jean V, après avoir arrêté, en 1422, une nouvelle tentative de ses officiers, finit par voir qu’il y avait un règlement à faire sur cette matière. En 1430, le 17 décembre, il arrêta que les religieux et leurs premiers acheteurs jouiraient de l’immunité du sel pour 400 muids par an, mesure de Guérande, et pour 150 muids, mesure de Redon, avec libre circulation dans la rivière de la Loire et dans celle de la Vilaine. Il prescrivit en outre à son sénéchal et à son alloué de Guérande de faire l’estimation des biens acquis par les moines dans les environs, depuis 1366, pour savoir si leur revenu dépassait le chiffre autorisé de 100 livres par an.

Le 3 mars de l’année suivante, le même duc Jean V fonda dans l’église de Prières la fête de la Présentation de la sainte Vierge au 21 novembre de chaque année. Il voulut avoir dès la veille le chant des vêpres et de complies, et le jour de la fête matines et laudes, avec les petites heures, la messe solennelle, vêpres et complies : puis, pendant huit jours, une messe basse. Pour doter cette fondation, il donna l’exemption de tout droit sur 100 muids de sel, mesure de Guérande, à prendre chaque année dans les salines de l’abbaye. Cette libéralité fut acceptée, avec ses charges, par Jean Raoul, abbé de Prières, et par son père spirituel Jean Gendron, abbé de Buzay, le 3 mai 1431. (Cart.).

Au commencement de 1434, Jean V tomba malade, et pour obtenir sa guérison, il promit de faire un don à Notre-Dame de Prières. Voici comment il raconte lui-même l’événement.

« Comme naguères Nous, estant pour lors détenu de griesve maladie corporelle, espérant par le moyen, prière et intercession de la glorieuse Vierge Marie, mère du benoist Fils de Dieu, nostre Rédempteur, recouvrer et avoir santé, nous fussions vouez à la d. glorieuse Vierge et promis nous rendre à son benoist moustier de Notre-Dame de Prières, et y faire un don à durer en perpétuel, selon que trouverions en nostre conscience et dévotion, dempuis le quel voeu et promesse, nous soit, la mercy Nostre Seigneur, toujours amandé, et nous soyons trouvez en bonne disposition, et il soit ainsi que de présent soyons venus au d. moustier de Notre-Dame de Prières, pour y faire et accomplir nostre voeu et promesse, auquel moustier, par la grâce de Dieu et par la digne intercession de la d. benoiste et glorieuse Vierge Marie, ainsi que croyons fermement soyons venuz à bonne santé et reconvalescence, sans avoir dempuix eu aucun acceix de maladie :

Scavoir faisons que Nous.... voulant fournir, tenir et entièrement accomplir nostre d. voeu et promesse et en acquitter nostre conscience, avons donné et octroyé, et par ces présentes donnons et octroyons, en pure largition et perpétuelle donnaison, irrévocable, à durer toujours à religieux hommes et honnestes les abbé et convent du d. moustier de Notre-Dame de Prières, congié, licence et faculté de mener et faire mener et conduire par la rivière de Loyre, et faire passer oultre les ponts de Nantes, par chacun an, 40 muytz de sel de la creue de leurs héritaiges, mesure de Guérande, quittes de tous acquitz et debvoirs mis et à mettre... Donné à la Bretesche, le 15ème jour de juin l’an 1434. Par le Duc... A. Phélippot » (Cart.).

En résumé, Jean V avait accordé la franchise pour 400 muids de sel d’une part, 150 d’une autre, plus 100 et 40 de supplément, au total 690 muids. Ce chiffre n’a pas varié dans la suite. Il a été confirmé par les ducs François Ier en 1442, François II en 1487, et par les rois Charles VIII en 1492, François II en 1560 (N. S.), Charles IX en 1570 et Louis XIII en 1641.

Ce dernier, après avoir mentionné les diverses exemptions accordées aux religieux de Prières, ajoute : « Désirant pour les mêmes considérations qui ont porté les ducs et duchesses de Bretagne à leur accorder les d. privilèges et exemptions, les favorablement traiter, et leur donner subjet de prier Dieu pour nostre prospérité, santé, repos et tranquilité de cet Estat, après avoir fait voir en nostre Conseil les lettres des d. ducs et duchesses de Bretagne, les confirmations des roys, etc..., avons, de grâce spéciale, pleine puissance et authorité royalle, loué, confirmé et approuvé, louons, confirmons et approuvons tous et chacun des d. privilèges, droitz, franchises et libertés accordez aux d. abbé, prieur, religieux et convent de la d. abbaye de Notre-Dame de Prières, pour en jouir par eux, leurs successeurs, leurs premiers marchands achetans leurs d. selz, les babitans et demeurans en leurs d. granges et maisons des d. paroisses, plainement, paisiblement et perpétuellement, tout ainsi qu’il est porté et contenu ès lettres qui leur en ont esté ci-devant expédiées, et comme ils en ont bien et deubment jouy ou deu jouyr et uzer, jouissent et uzent encore de présent. Donné à Paris, au mois de septembre, l’an de grâce 1641, et de nostre règne le 32ème. Par le roy. Signé : Raynouard. Enregistré au Parlement à Rennes, le 19 novembre 1641 ».

Le maître paludier de l’abbaye à Guérande jouissait aussi lui de certains privilèges qui furent confirmés par le duc Jean V, le 20 mai 1441. Il était affranchi des fouages, du guet, de la garde des ports et autres subventions (extrait des notes de J.-M. Le Mené).

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