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ABBAYE DE BEAULIEU : le personnel vers 1790

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Personnel. — Le dernier abbé commendataire de Beaulieu fut LOUIS-MARIE DE PONTUAL, né à Saint-Colombin, diocèse de Nantes vers 1712, docteur en théologie, vicaire général de Vannes, lequel fut pourvu de Beaulieu vers 1755 et le conserva jusqu'à sa mort advenue à l'hôtel de Pontual, en Saint-Denis de Nantes, le 25 juin 1789. Sur le rôle que joua cet abbé aux Etats de Bretagne, cf. H. Carré : La Chalotais et le duc d'Aiguillon, in-8°, Paris, 1893, p. 90, 306, 329, 419, 420, 421, 422, 423, 426, 431, 432, 444. — M. Marion : La Bretagne et le duc d'Aiguillon, in-8°, Paris, 1898, p. 17, 426, 446-447, 498. - La Borderie-Pocquet : Histoire de Bretagne, op. cit., VI, p. 283-284, 323, 366, 371. Le revenu de l'abbaye de Beaulieu était estimé 1.600 l. en 1789 d'après l'Almanach Royal. Mais cette évaluation était inférieure à la réalité.

Le monastère de Beaulieu en 1790 contenait trois religieux dont voici les noms : Jean-Baptiste Langlois, 53 ans, profès depuis 1757; Jean-Joseph Bellouard, 64 ans, profès depuis 1744. Pas plus concernant l'un que l'autre, nous n'avons de renseignement sur leur compte, si ce n'est deux lettres qu'écrivit le P. Bellouard, les 21 novembre et 22 décembre 1790 au district de Broons pour se plaindre de l'administration temporelle de son prieur, mais celui-ci sut se disculper de ces accusations. Il s'appelait alors GABRIEL PERGAUD, originaire de Saint-Priest-la-Plaine, dans le département actuel de la Creuse, où il était né le 29 octobre 1752 de Me Hyacinthe, sieur du Roux, bourgeois, et d'Anne-Marie Le Parfait. Il fit profession en 1769 comme chanoine régulier de Saint-Augustin, de la Congrégation réformée de France dite de Sainte-Geneviève. Le P. Pergaud se trouvait à Beaulieu quand, le 16 juillet 1787, à la démission du P. Bosquillon, prieur-recteur de Mégrit, on voulut le désigner pour son successeur, mais il préféra demeurer dans son abbaye, où il remplissait les fonctions de prieur en 1789. Nous ne savons s'il déclara vouloir ou non continuer la vie commune.

Le 14 janvier 1791, on le constitua gardien des scellés apposés sur le mobilier de son monastère. Il déclara à cette occasion « que, dans ce tems, il trouvait un lieu convenable pour se retirer, occasion qui ne se trouverait peut-être pas dans la suite » ; mais comme on lui offrit « une indemnité proportionnée à sa dépense et à ses soins », il répondit que, « jaloux d'observer le décret de conserver ces effets suivant leur destination et craignant de les voir, divertir, il en acceptait le dépôt, avec obligation de les représenter quand sera vu appartenir …. » (Arch. Nat., F 19, 601, liasse 21).

L'abbaye de Beaulieu n'ayant été vendue qu'en 1797, le P. Pergaud continua d'y demeurer toute l'année 1792, dans les meubles que la loi lui avait laissés à son usage et qui consistaient en un lit complet, une armoire, une table, une douzaine de serviettes, deux paires de draps de lit, un couvert d'argent et deux fauteuils de canne. Il est certain qu'il ne prêta ni le serment à la Constitution Civile, ni celui de Liberté-Egalité du 14 août 1792, indispensable cependant pour recevoir sa pension. Fit-il du ministère ? aucune dénonciation ne nous permet de répondre. Nous serions tenté de croire qu'il essayait de se faire oublier, menant l'existence la plus retirée possible, quand, dans une des nombreuses chasses aux prêtres organisées dans le district de Broons pour découvrir les insermentés qui n'avaient pas obtempéré à la loi de déportation du 26 août 1792, renforcée par l'arrêté du Département du 1er décembre suivant, on vint arrêter le P. Pergaud à Beaulieu le 17 janvier 1793. Conduit aussitôt à Saint-Brieuc, il comparut devant le Directoire des C.-du-N. (aujourd'hui Côtes-d'Armor), qui n'exerça aucune poursuite contre lui et ordonna seulement de l'enfermer à la maison de réunion créée aux Filles de la Croix, « jusqu'à ce qu'il se présente une occasion de passer aux îles anglaises ». (Arch. C.-du-N., Lm 5, 34).

Cette occasion ne tarda pas. Ce religieux fut compris, le 14 avril de cette année, parmi les ecclésiastiques que le Directoire des C.-du-N. voulut à tout prix « exporter » à Jersey et dont il fit approuver l'arrêté de déportation par Billaud-Varennes.

Voici le signalement de ce religieux, tel qu'il figure sur le passeport qui lui fut remis dans la circonstance : « Taille, 5 pieds 3 pouces 6 lignes ; le front haut et découpé, cheveux et barbe noirs, yeux bruns, nez long, bouche moyenne et découpée, figure ovale, menton retroussé, le teint blanc, légèrement marqué de petite vérole » (Arch. C.-du-N., Lm 5, 32). Nous avons déjà vu, au cours de cette étude, que cette tentative de déportation aboutit à un échec. Réintégré aux Filles de la Croix, après avoir été dépouillé des 57 livres en écus et du couvert d'argent qu'il emportait avec lui afin de pourvoir à ses premiers besoins en terre étrangère, le P. Pergaud fut transféré aux Carmélites de Guingamp vers le 20 octobre de cette année. C'est là qu'il fut condamné à la Déportation à la Guyane Française par le Directoire des Côtes-du-Nord, comme étant sous le coup de la loi du 26 août 1792. En conséquence, il fut mis en route sur Rochefort, lieu de l'embarquement, avec 26 autres compagnons d'infortune, le 26 ventôse an II (16 mars 1794). (Arch. C.-du-N., Lm 5, 58).

Embarqué le 10 juin suivant sur les Deux Associés, l'ex-prieur de Beaulieu ne tarda pas à être touché par la mort : « Le courage et la fermeté paroissaient faire le fonds de son caractère, écrit le chanoine Labiche de Reignefort, l'un des premiers historiens de cette déportation. Il vint assez tard aux vaisseaux et fut emporté presque aussitôt, quoique sa taille et son embonpoint annonçassent un tempérament extrêmement robuste. La longueur de son agonie justifia cette conjoncture. Quoiqu'atterré par une maladie dont le propre était de nous interdire aussitôt l'exercice de nos facultés intellectuelles, il conserva jusqu'au dernier moment assez de présence d'esprit pour goûter et faire comprendre qu'il ratifiait tout ce que lui suggérait le confrère qui l'assistait dans ce dernier passage » (Reproduit textuellement d'après la Relation très détaillée de ce qu'ont souffert pour la Religion les Prêtres et autres Ecclésiastiques français….. à bord des vaisseaux les Deux-Associés et le Washington dans la rade de l'île d'Aix ou aux environs. Deuxième édition, par M. Labiche de Reignefort, in-8° de XI-197 p., Lyon et Paris 1818, p. 186).

Le P. Pergaud mourut le 21 juillet 1794 et fut enterré à l'île d'Aix, suivant M. de Reignefort.

Le nom du P. Pergaud, à l'exclusion de tout autre prêtre des Côtes-du-Nord (aujourd'hui Côtes-d'Armor), figure sur la liste des 62 prêtres trépassés sur les pontons, qui seuls ont été inscrits dans les articles de la cause des Martyrs de la Déportation présentés par les soins de l'évêché de La Rochelle pour les honneurs de la béatification à la S. Congrégation des Rites en 1919.

« On s'est arrêté, écrit, art. 32, le postulateur, à ceux qui, spécialement connus ou remarqués des survivants de la déportation (lesquels se firent un devoir d'en raconter les souffrances et les vertus), ont reçu de ces compagnons de martyre un précieux témoignage d'admiration ». — C'est cette élimination très arbitraire qui a permis de retenir le nom du P. Pergaud, compatriote de M. de Reignefort et d'écarter l'abbé Veillon, recteur de Mégrit, dont cependant la cause est superbe. — Sur la déportation à Rochefort des ecclésiastiques des C.-du-N., cf. Actes des Prêtres insermentés du diocèse de Saint-Brieuc, in-8°, Saint-Brieuc, 1920, p. 113-263.

(A. Lemasson).

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