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La Lexobie Normande

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Bretagne : voyage,vacances,rencontre,immobilier,hôtel,camping,restaurantIl est très difficile d’être en tout d’accord avec tout le monde : aussi n’y songeons-nous pas : nous nous contenterons, autant que possible, de rester dans la vérité. Dans un précédent article, discutant l’ancienne position de la Lexovie de César, nous avons placé cette cité au Yaudet et par contre coup nous avons un peu médit de Lisieux, qui est presque la patrie de M. Ed. D. ; là est un de nos crimes. En définitive nous avons attaqué certains systèmes historiques qui nous semblent plus spécieux que solides ; M. Ed. D. s’est avancé contre nous ; voyons si notre jeune adversaire a bien observé le terrain ou bien s’il ne s’y est pas aventuré à la légère et avec un peu de témérité. En vérité, quand nous avons eu inventorié le bagage de compilations que ce Monsieur a mises bout à bout et dans un seul article, pour nous convaincre de notre erreur, il y avait de quoi nous effrayer, si cet amas de textes avait eu quelques caractères d’autorité. Heureusement, comme nous allons le voir, il n’en était rien. Si M. Ed. D. avait plus ingénument plaidé la cause de sa patrie, s’il avait été un de ces historiens qui ne sont d’aucun pays et qui n’épousent jamais sans preuve valable l’intérêt de leur nation au détriment de celui des autres, il aurait vu tout d’abord qu’avec les feuilletons de la Ville aux Diamants et avec les romans historiques de M. Em. Souvestre, il sera toujours difficile de faire de l’histoire . Certes, il est permis d’aimer son pays, de l’aimer avec passion et même avec une sorte de préférence d’estime, mais M. Ed. D. écrivant sur la Bretagne, oubliant totalement que ce pays a été le berceau et la patrie de tous ces lais, de tous ces contes qui enchantèrent l'Europe du moyen-âge et prenant surtout tous ces fabliaux pour des vérités historiques, s’est montré, à notre avis au moins, par trop Normand.

Pour nous, qui voudrions voir à la fin séparer le roman de l’histoire et notamment de celle des origines du Yaudet, nous allons une dernière fois encore reprendre contre M. Ed. D. la discussion de cette question historique.

Comme nous l’avons dit tout d’abord, nous avons toujours cru que la question de l’origine de ce village n’avait pas été généralement prise ni d’assez loin ni d’assez haut, aussi bien que nous croyons que les auteurs mêmes qui l’ont étudiée dans les écrits de Pline, de Strabon et de Ptolémée auraient dû aussi en suivre les développements et les compléments dans les indications qu’offrent à l’antiquaire l’exploration et l’étude des lieux. En effet, si jusqu’ici chacun avait moins abusé du droit de prendre la discussion là où il lui a plu et au point de vue qu’il a préféré, nous estimons que nous aurions eu sur ce problème historique quelques romans de moins et notamment celui de la fameuse cité d’Is dont les palais en marbre, en or ou en diamants ont singulièrement frappé l’imagination de M. Ed. D. Jusqu’ici, en effet, nous n’avions rencontré au Yaudet que des débris de pierres, de tuiles et de ciment ; nous aurions même été incommodés d’y rencontrer autre chose, à cause de l’embarras des explications : M. Ed. D. nous demande à lui trouver là des monceaux d’or et des amas de pierres précieuses, provenant des ruines d’une ville, dont l’enceinte, d’après la soudaine illumination de notre jeune antiquaire, pourrait bien avoir une trentaine de kilomètres de pourtour. En vérité, nous l’avouerons sans détour, nous ne chercherons pas à satisfaire la curiosité de M. Ed. D. pour une raison bien simple, c’est que nous ne saurions prendre des fictions de trouvères pour des vérités, pas plus que nous ne voudrions prendre pour de l’histoire les romans de la table ronde.

Mais au lieu de nous arrêter si longuement à réfuter de véritables romans, arrivons aux textes de Pline, de Strabon et de Ptolémée, et essayons de les réduire encore une fois à leur juste valeur par quelques brèves explications.

Strabon, nous dit-on, et après lui Pline et Ptolémée (il y a eu du plagiat et des compilateurs dans tous les temps), parlant de divers peuples de la Gaule, ont rapproché le nom de Lexovie de celui d’un peuple voisin de l’embouchure de la Seine, donc Lexovie était dans ces parages, c’est-à-dire à Lisieux. Certes, si une semblable argumentation est concluante, le paradoxe devient désormais si facile en histoire que celle-ci ne mérite plus la moindre créance. En effet, comment prouver que Strabon, par exemple, qui fait d’abord ce rapprochement, avait en vue par là de fixer la position relative de ces peuples, puisque cette intention ne ressort nullement de son texte. Comment prouver enfin que cet auteur a nommé ces peuples dans l’ordre de leur position géographique et non suivant qu’ils se sont présentés à sa mémoire ? Mais César aussi, à deux reprises, rapproche le nom des Lexoviens de ceux des Osismiens et des Curiosolites, deux peuples dont les territoires, d’après l’opinion de presque tous les auteurs, confinaient aux limites midi et couchant de l’ancien diocèse de Tréguier, sans que pour cela nous y avons jamais vu une indication sur le position respective de ces peuples.

Au surplus, ces auteurs eussent-ils désignés avec plus de précision la position de Lexovie, auraient-ils mérité, en cette circonstance, de notre part, une créance aveugle ? Non, car si nous laissons de côté l’esprit de système, comment admettre que ces auteurs eussent pu sans s’égarer placer exactement et symétriquement chaque peuple de la Gaule dans sa véritable position, eux qui n’avaient jamais visité notre pays et eux encore qui écrivaient dans un temps où les savants eux-mêmes étaient étrangers aux notions géographiques aujourd’hui les plus élémentaires ? Et d’ailleurs, n’est-il pas vrai, que quand ils ont été assez osés pour trancher de semblables questions, il leur soit arrivé plus d’une fois de se tromper, et notamment en plaçant en Belgique les Vénètes, le plus illustre peuple de l'Armorique ?

Au reste, pour faire voir combien peu est sérieuse l’objection que M. Ed. D. a tirée contre nous de ces derniers textes, voici à ce sujet une dernière explication.

Nul doute qu’en empruntant au Dictionnaire d’Ogée cette arme pour la tourner contre nous, notre jeune contradicteur ne savait pas qu’il est arrivé parfois aux auteurs de cet ouvrages de commettre certaines inexactitudes un peu compromettantes pour leur autorité. Et nul doute surtout que ce M. ignorait qu’à force d’écrire un peu trop couramment l’histoire, ces écrivains sont tombés dans les plus curieuses contradictions avec eux-mêmes en affirmant et en niant précisément la même chose dans les mêmes questions historiques. Pour combattre donc M. Ed. D. par ses propres armes, par celles-là même sur lesquelles il comptait le plus, nous allons copier ici textuellement le passage où le Dictionnaire d’Ogée discute et résout le problème de l’origine du Yaudet.

« On peut présumer que la ville de Lannion doit son origine à la ruine de Lexobie par les Normands ou Danois, sos leur chef Hasting, au IXe siècle. Les Lexobiens dont parlent César, Strabon et Pline, remontèrent la rivière du Lek, à l’embouchure de laquelle était leur vieille cité (Coz-Yaudet), le vieil Yaudet , et s’établirent dans un lieu nommé Lan-Huon ».

S’il n’y avait donc que les romans de M. Em. Souvestre et les feuilletons de la Ville aux Diamants pour transférer à Lisieux la Lexovie de César, nous n’aurions guère besoin de faire ici grand frais de preuves et d’autorités, pour conserver notre vieille cité, mais prévoyant que d’ailleurs une critique plus sévère et plus exigeante pourrait intervenir dans la discussion, nous allons chercher à justifier nos conclusions par quelques nouveaux détails.

M. Clech, vient de nous écrire qu’il possède une médaille Lexovienne trouvée, il y quelques années ? à Locquirec, au chevet d’un squelette, dans un tombeau romain. Sur la face de cette médaille, on voit l’effigie de l'Empereur Adrien, avec son nom et ses titres et sur le revers on reconnaît la statue d'Hercule avec cette légende, en caractère très lisibles : Lesovi. Incol., abréviation que nous traduisons par ces autres mots : « Au peuple Lexovien ». Cette médaille n’est pas la seule qu’on ait trouvée à Locquirec, localité plus Romaine que Gauloise. M. Clech en possède encore une douzaine appartenant à divers empereurs et recueillies sur les mêmes lieux. Mais ces dernières intéressant fort peu notre sujet, occupons- nous seulement de la première.

Maintenant, peut-on supposer qu’un personnage de la Lexobie Normande soit venu se faire enterrer dans une localité comprise dans les états de la Lexobie Armoricaine et y constater par une médaille sa nationalité et son origine ?

Certes, sous la domination Romaine, toute la Gaule était la patrie du Romain et rien de surprenant si même de nos jours on rencontre partout des vestiges du passage de ce peuple. Mais, peut-on dire autant de chacune des peuplades des Lyonnaises d’alors ? Et surtout qu’y avait-il de commun au IVème siècle, entre le peuple de Loquirec, pays essentiellement maritime et celui de Lisieux, qui alors, quoiqu’en dise M . Ed. D. était encore plus éloigné de la mer qu’il ne l’est aujourd’hui (NDLR : en effet, tous les auteurs sont d’accord pour admettre que la mer a laissé des traces non suspectes de ses invasions sur les côtes de la Normandie et sur celles de l’Armorique. C’est ainsi que le bras de mer que l’on voit entre Cancale et Granville était autrefois de la terre ferme et la Lieue de Grève une forêt. M. de La Fruglaye, qui a vu les débris de cette forêt sous-marine, assure encore que la baie de Morlaix a été aussi formée par un envahissement de la mer). A notre avis donc, cette médaille a été trouvée dans les enclaves des Etats Lexoviens dont la ville principale était au Yaudet.

Au surplus, nombre d’historiens, pour le moins aussi graves et aussi dignes de créance que le continuateur d'Ogée, firent irrévocablement au Yaudet la lexovie de César : nous signalerons entre autres Dom Morice, Dom Lobineau, d’Argentré, le Père Le Baud, Manet, Histoire de Bretagne, Baillet, Vie de Saint-Tugdual.

En outre , dès l’époque de la fondation de la foi dans nos contrées, de précieux manuscrits, en reproduisant les actes des Saints, nous ont transmis sur l’origine du Yaudet de précieuses indications. M. Ed. D. qui a lu le Foyer Breton et les feuilletons de la Ville aux Diamants, etc., ayant peut-être oublié de lire ces actes, nous allons suppléer à son oubli. Mais, contraints d’abréger, nous le prions de se procurer quelques propres de nos anciens diocèses et de les consulter, en toute confiance, quand il voudra publier des notices historiques sur notre Bretagne Armoricaine et notamment sur le Yaudet.

1° Nous lisons dans la vie de Saint Maudez : « Saint Maudez après avoir parcouru presque toutes les parties de la haute Armorique et les avoir remplies de la prédication de la parole de Dieu, arriva à Lexovie, où il fut accueilli par saint Tugdual, pour lors évêque du lieu » (NDLR : c’est dans le vieux manuscrit de Léon que se trouvaient les actes de Saint Maudez, dressés avant l’an 878. Dom Lobineau, qui les avait vus, déclare en avoir fait usage pour sa notice sur le Saint).

2° Le passage de la légende de Saint Tugdual dans l’office du même Saint n’est pas moins formel.

« Tugdual se laissa consacrer évêque de la ville de Lexovie, située en l’embouchure du Léguer, non loin de Lannion » (NDLR : nous avons aussi vu dans les archives de plusieurs fabriques, des inventaires qui faisaient mention de ces anciens manuscrits sur velin. Plus d’une fois ces inventaires attestaient que dès le XVe siècle ces manuscrits étaient dans un triste état de délabrement provenant de leur vétusté)

Enfin, la tradition orale vient ici admirablement à l’appui de la tradition légendaire pour placer au Yaudet la Lexovie de César. Ainsi, il n’est pas un pâtre dans nos villages, pas un vieillard dans nos manoirs ou nos chaumières qui n’ait appris de ses auteurs à placer au Yaudet l’ancienne Lexovie.

En résumé donc, voici toute notre erreur : nous voulons bien laisser à M. Ed. D., pour appuyer son système, quelques romans et l’un des continuateurs d'Ogée, démenti par un de ses collaborateurs, et nous nous rallions franchement à l’opinion de tous les historiens les plus graves qui ont étudié la matière et qui ont affirmé avant nous que le Yaudet occupe l’emplacement de la Lexovie de César. Voilà purement et simplement tout ce qu’il y a eu de téméraire et de hasardeux dans la solution que nous avons tout d’abord donnée au problème historique que M. Ed. D. a contradictoirement résolue contre nous.

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