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La culture de la vigne dans l'évêché de Vannes avant le XVIème siècle.

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§ 1. — Avant le XIème siècle.

Dans le diocèse de Vannes, le Cartulaire de Redon nous montre la vigne cultivée en ce pays même de Redon dès le commencement du IXème siècle.

Vers l'an 830, il y eut à Langon un grand procès de succession entre trois frères, dont les noms semblent purement germaniques : le prêtre Agon (ou Acun) avait recueilli dans l'héritage paternel une portion que ses deux frères Etelfrid et Godun jugeaient excessive, ils lui disputaient cette part ; un mallum fut convoqué sur le territoire de Langon, à Brufia, pour juger ce litige. Agon soutenait avoir fait beaucoup de frais pour la conservation de l'héritage commun : « Qu'on me rembourse ces frais, disait-il, et alors nous diviserons, mes frères et moi, la succession paternelle en trois parties égales ». — Les scabins choisis pour juges dans ce mallum trouvèrent cette prétention juste. Agon prouva qu'il avait dépensé dans l'intérêt commun cent solidi et que, pour acquitter leur part de cette dépense, ses frères lui devaient encore trente solidi. Mais il y eut un incident. Nominoë gouvernait alors la Bretagne avec le titre de missus, sous l'autorité de l'empereur. Les deux frères d'Agon, pour acquérir sa faveur qu'ils croyaient toute puissante, lui avaient promis, sur les produits de l'héritage par eux réclamé, une charretée de vin (carralem vini) [Note : « Secundum judicium scabinorum.... conclusi sunt XXX solidi inter Etelfrid et fratrem suum Godun ; et habuerunt penitentiam eo quod accusassent fratrem suum et propter vinum quod promisissent ad Nominoë. Deinde... reconciliati sunt, dimittentes supradictam hereditatem Landegon, accipientes unam carralem vini dandam ad Nominoë ; et promiserunt [manere] sine inquisitione supradicte terre quousque solverent XXX solidos et unam carralem fratri suo Acuno. » (Cartulaire de Redon, p. 149)]. Cela ne les empêcha point de perdre leur procès, mais ils n'en devaient pas moins au prince breton cette charretée de vin qu'ils s'étaient engagés à lui fournir. Déboutés de leur prétention, ils étaient embarrassés pour remplir cet engagement ; leur frère Agon vint à leur secours et fournit à Nominoë la charretée de vin. Les deux autres s'engagèrent à ne lui rien réclamer de la succession tant qu'ils ne lui auraient pas rendu les trente solidi et en outre le prix de ce vin. — On voit par là, que Langon avait des vignes en ce temps-là et même un vin assez estimé, puisqu'on le jugeait digne d'être offert au grand chef breton.

Vers le même temps (832 à 835 environ), tout à fait au commencement de l'abbaye de Redon, les méchants tierns établis dans les environs du monastère faisaient mille ennuis aux moines et refusaient obstinément de leur payer les redevances dues sur les terres que le bon Ratuili, machtiern de Bain et de Sixt, leur avait données : redevances payées jusque là à Ratuili et qui devaient l'être désormais à l'abbé de Redon. A la tête des récalcitrants était un certain Illoc, brutal et colère, dont les Actes de S. Convoion parlent en détail. Pour vaincre ces résistances il fallut plus d'une fois l'intervention de Nominoë ; ce fut lui entre autres qui régla la rente que devaient payer aux moines, pour les terres de Trebmor et de Bronhitin, les deux tierns Illoc et Risworet : pour Trebmor, c'était un porc de la valeur de six deniers s'il était vif, et de huit s'il était mort, avec cela onze pains et un tonneau de vin valant trois « solidi » (« III solidos aut tonellam plenam de vino ») (Cartulaire de Redon, p. 66).

Il y avait donc des vignes dans tout ce pays puisqu'il y avait des redevances en vin. A Redon même, tout près de l'abbaye, la vigne était aussi cultivée au IXème siècle. Vers 861 (selon M. de Courson), un particulier du nom de Sulmonoc donna aux moines, en un lieu dit Botcuton, une vigne qu'il avait plantée lui-même : « Campum qui est in loco nuncupante Botcuton, qui ei in sua portione cum fratribus suis cesserat, cum vinea quam ipse Sulmonoc in ea plantaverat » (Ibid. p. 70). — Aujourd'hui encore, à la porte de la ville de Redon, une habitation porte ce nom de Botcuton, un peu adouci en Bocudon.

Redon et Langon, c'est la vallée de la Vilaine. Plus au Nord, dans l'intérieur on trouve aussi des vignes, entre autres, à Tréal. Un clerc de cette paroisse appelé Anau possédait près de sa demeure, dans son jardin (in horto) une vigne, donnée par lui (vers 850) aux moines de Redon, qui d'abord lui en laissèrent l'usufruit (Cartulaire de Redon, p. 158, n° CCIII). Mais au commencement de 858, ce clerc se prit de querelle, on ne sait pourquoi, avec un prêtre dit Anauhoiarn, lui lia les mains, le battit cruellement, à grand peine si on l'empêcha de le tuer. Le plou de Tréal appartenait à l'abbaye de Redon, l'abbé y exerçait les droits de machtiern ou prince du plou (princeps plebis), et le premier de ces droits était l'autorité judiciaire, civile et criminelle. Anau comparut donc devant le tribunal de Convoion : le droit de cette époque résolvait en amende toutes les peines ; on ne passait au châtiment corporel ou au supplice du coupable que quand il ne pouvait se racheter en payant. Anau fut donc condamné à perdre la main droite, il la racheta en donnant, à titre d'amende, la vigne de son jardin de Tréal — qui d'après cela devait être un crû de belle valeur [Note : « Dedit Anauan clericus suam vineam que est in suo orto in Treal S. Salvatori et Convoiono abbati et suis monachis, pro redemptione manus sue dextre, quam judicaverunt incidere, eo quod voluit occidere Anauhoiarn presbyterum, flagellans eum ac manus ei ligans » (Cartulaire de Redon, p. 157, n° CCII)].

La culture de la vigne s'étendait aussi sur les bords de la mer, notamment sur les côtes du Morbihan. Le point le plus occidental de Bretagne sur lequel le Cartulaire de Redon révèle, au IXème siècle, l'existence de cette culture, c'est le plou de Kaër, aujourd'hui paroisse de Locmaria-Ker, donnée à l'abbaye de Redon par le roi breton Erispoë (de 851 à 855) et dont le territoire était alors couvert en grande partie de prés et de vigne : « Plebem que vocatur Chaer, cum massis (mansis) et manentibus ei pertinentibus, cum vineis et pratis » (Ibid. p. 55).

 

§ 2. — XIème siècle.

A Ruis, tout au commencement du XIème siècle (de 1008 à 1024) S. Félix, abbé et restaurateur de l'abbaye de Saint-Gildas, après avoir relevé l'église et le monastère, planta tout autour des vignes et des vergers : « vineas plantavit atque pomaria » (Vit. S. Gildæ, dans D. Morice, Preuves, I, 355).

 

§ 3. — XIIème siècle.

A Pluméliau. — Dans les trente premières années du XIIème siècle, Hervé, fils de Jagu [Note : Contemporain de Galon, qui était évêque de Léon en 1108 et en 1128 (Morice, Hist. II, p. XL., et Gall. Christ. XIV, 975)], donne à l'abbaye de Saint-Florent de Saumur le terrain sis près de Castennec (prope Castel Nohec) où est située l'église de Saint-Nicolas (auj. Saint-Nicolas des Eaux), ainsi que son cimetière, et en outre la dîme de la vigne, du verger à pommes et du marché de Pluméliau : « decimam vineæ et pomarii et mercatorii Plomeleau ». (Arch. Maine- et-Loire, Livre Blanc de Saint-Florent, f. 93 v°, et D. Morice, Preuves I, 430).

A Locoal. — Dans un petit rentier de la fin du XIIème siècle, parmi les redevances annuelles que l'abbaye de Redon tirait à cette époque de l’île de Locoal figure une bouteille de vin, « unam lagenam vini » (Cartulaire de Redon, p. 252) : ce qui implique en ce lieu, à cette époque, la culture de la vigne.

 

§ 4. — XIVème et XVème siècles.

Nous nous bornerons ici à quelques indications sommaires.

1444-1446 et 1456-1458. — Beaucoup de détails sur la culture de la vigne à Malestroit, dans les comptes originaux de l'hôpital Sainte-Anne de cette ville, conservés aux archives de cet hôpital.

(Arthur DE LA BORDERIE).

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