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La culture de la vigne dans l'évêché de Nantes avant le XVIème siècle.

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§ 1. — Avant le IXème siècle.

Rougé, Lusangé, dont nous parlerons d'abord, sont situés à l'extrémité nord du diocèse de Nantes.

En 845 (ou 851), Raghenbald donne à l'abbaye de Redon une terre qu'il décrit ainsi : « Mansum meum que vocatur Nigrorio, in pago Namnetico, in condita Rubiacinse (Rougé), cum terris, ædificiis... cum vineis et vilvis, pratis, pascuis etc. » (Cartulaire de Redon, p. 33).

En 819, Gondowin et Odane sa femme vendent à Agenhart et à sa femme Ostroberte tout ce qu'ils possèdent dans le territoire de Fait en Lusangé ; « in pago Namnetico, in condita Lubiaccinse (Lusangé), in villa nuncupante Faito... hoc est (disent-ils) totam possessionem nostram... cum terris, silvis, vineis, mansis, scuris, etc. » (Ibid. p. 174).

Plus bas, sur l'Erdre, à Grandchamp, nous trouvons beaucoup de vignes dès le commencement du IXème siècle.

En 808 [Note : Et non en 847, comme M. de Courson, l'éditeur du Cartulaire de Redon, a daté cette charte, en la rapportant au règne de Charles Chauve, tandis qu'elle est réellement de la 8ème année de Charlemagne empereur], un prêtre appelé Dumfrad vend à un particulier nommé Renod et à sa femme Winanau une église (basilica) construite en l'honneur de la Sainte Vierge et de S. Pierre sur le territoire de Grandchamp (« in pago Namnetico, in villa Gramcampo ») avec un manse qui en dépend, « mansum cum casis et ædificiis... terris, vineis, silvis, pratis, pascuis, etc. » (Ibid. p. 26, cf. p. 34).

En 833, un diacre appelé Gustus ou Gusto vend à Fredebert qualifié « magnificus vir » et à sa femme Lanthilde, un manse en Grandchamp, au territoire de Marcius ou Marcis (in vicaria Grandocampo, in villa Marcio, ou Marcis) : manse où on cultivait à la fois la vigne et le pommier : « mansum meum (dit le vendeur) cum casis et domibus et ædificiis, et vinea et terra cum pomariis » (Ibid. p. 35, cf. 164-165).

En 837, cette femme Winanau, mentionnée plus haut, vend à son fils Unrog sa vigne sise en Grandchamp sur les bords d'un « fleuve » appelé Nagia : « in villa Gramcampo, vineam meam... super fluvium Nagia » (Ibid. p. 162). Ce « fleuve » est un petit cours d'eau que l'on reconnait sans peine aujourd'hui dans une petite rivière traversant les communes de Grandchamp et de Sucé, et se jetant dans l'Erdre près d'un village qui a gardé ce nom de Nagia, devenu Naie en français.

Sur la rive droite de la Loire, de Nantes jusqu'au pays de Guérande, le Cartulaire de Redon nous montre au IXème siècle la culture de la vigne, notamment à Coiron, à Savenay, à Piriac.

En 849, Cadalun donne à l'abbaye de Redon une terre considérable en Coiron, dont partie était plantée en vigne, savoir : « alodum juris mei (dit le donateur) qui vocatur Linis vel Griciniago, cum massis et mancipiis ibi commanentibus... in pago Namnetico, in condita Coironinse, cum domibus et ædificiis suis, cum vineis et terris, cum pratis et silvis, cum pascuis, aquis... » (Ibid. p. 47).

Ce domaine Griciniagus existe encore en Coiron ; du moins il y est représente par un village appelé Raisiné. A première vue nulle identité entre les deux noms ; pourtant le second n'est que le premier progressivement transformé par les habitudes, on pourrait dire, par les lois de la prononciation populaire, comme suit. Griciniac est d'abord très facilement devenu Riciniac, Ricignac ou Résignac, puis par l'adoucissement (bien connu) de la terminaison ac, Récigné, Réciné, d'où l'on n'a qu'un pas à faire pour arriver à Résiné, dont les « puristes » ont rectifié l'orthographe en écrivant Raisiné. Au reste, puisqu'il existait des vignes à Griciniac il y a dix siècles et demi, rien d'étonnant que l'on trouve du raisin dans ce nom transformé.

En 848, Aganfred et Warburge, sa femme, vendirent à l'abbé de Redon Convoion, au prix de 125 solidi, leur maison dite la Fontaine-Abion avec un petit domaine qui l'entourait, contenant dix arpents (junctus), en pré, en vigne, en terre inculte, le tout sis au territoire de Savenay : « mansionem qui dicitur ad illam Fontanam Abione, cum prato et vinea, inter cultum et incultum, plus minus junctos X... et resedit in condita Savannaco » (Ibid. p. 161).

La terre de Granbudgen, en Piriac, donnée à l'abbaye de Redon d'abord par Erispoë, roi de Bretagne (de 851 à 857), puis par son successeur Salomon (857-874), cette terre était un grand domaine renfermant des terres de qualités très diverses, entre autres, des vignes et des landes, comme on le voit par la confirmation du roi Salomon, où elle est ainsi décrite : « Villam Granbudgen, sitam in Penceriac (aujourd'hui Piriac) cum omnibus appendiciis suis, tam terris quam vineis necnon et landis... » (Ibid. p. 60).

Quant à la villa Conjuda, où, vers le milieu du IXème siècle, Donatus et Maria, père et mère de Ledinfred, de Ghener et d’Arimbert, possédaient un arpent de vigne (junctum unum vineæ) qu'ils donnèrent à l'abbaye de Redon, elle était certainement dans le pays de Nantes (in pago Namnetico), mais c'est tout ce qu'on en peut dire. (Ibid. p. 59).

 

§ 2. — XIème siècle.

1° A  Nantes, avant la mort de la duchesse Havoise, femme du duc Hoël, c'est-à-dire avant 1072, un personnage appelé Constantius, donne à l'abbaye de Redon, la part qu'il avait dans les moulins de la rivière d'Erdre, dans certaines vignes et maisons (partem meam de vineis et de domibus) : le tout situé à Nantes, puisque l'acte de donation a pour titre : De Nannetis et de molendinis et de vineis Constantii (Cartulaire de Redon, p. 283).

En 1073, Quiriaque, évêque de Nantes, confirme aux moines de Saint-Florent de Saumur, diverses possessions sises en son diocèse, notamment certaines vignes qu'ils tenaient à Nantes, hors les murs de la ville, à titre de censive, sur la terre de l'église de Nantes : « vineas etiam, quas foris muros supra ejusdem ecclesie (Nannetice) terra in censum tenent » (Livre d'argent de Saint-Florent, f. 44, et Bulletin de la Société archéologique de Nantes, XVI, p. 73).

En 1074, Hoël, duc de Bretagne et comte de Nantes, donne à l'abbaye de Quimperlé, une maison et une vigne, situées près de l'église Notre-Dame de Nantes, qui avaient appartenu à un prêtre du nom de Poitevin, et étaient tombées — probablement par la mort de ce prêtre — dans le domaine du comte : « domum et vineam Pictavini presbyteri, que juxta ipsam sancte Dei genitricis ecclesiam edificate sunt, et omnia que ejusdem sunt presbyteri meo principatui supposita », dit Hoël (D. Morice, Preuves, I, 440).

Vers la fin du XIème siècle, il y avait des vignes importantes au lieu de Loquidi, qui est actuellement un village de la commune de Nantes, à 1.500 mètres environ au Nord de cette ville, sur un coteau qui domine la rive droite de l'Erdre, à 500 mètres environ dans l'Ouest de cette rivière, sur la rive droite du ruisseau du Cens. En 1092, Raoul, archidiacre de Nantes, donna à l'abbaye de Quimperlé, un plant de vigne (complantum vinee), situé à Loquidi dans la terre de Tousart, franc de toute redevance, et donné à cultiver à Vinaud le Fèvre (Vinaldus Fabert) sous la condition de lui en rendre la quarte bouteille, c'est-à-dire le quart du crû annuel de cette vigne (quartam lagenam vini ejusdem vinee) : redevance qu'il devra désormais rendre aux moines de Quimperlé. (Cartulaire de Quimperlé, Bibi. Nat. ms. lat. nouv. acq. 1427, f. 69).

Note 1 : De vinea quam Radulfus archidiaconus ecclesie Sancte Crucis concessit. — Losquidic. (1092). « Ego Radulfus, Nannetensis ecclesie archidiaconus, presenti scripto notum fieri decrevi, ne aliqua contradictio posset inde creari, me pro anime mee redemptione dedisse ecclesie Sancte Crucis de Kemperelegio, presente episcopo meo Benedicto et Guilhelmo archidiacono aliisque quorum nomina subtertenentur, complantum vinee quod habebam in Losquidic, in terra Tosart quam emi a Tosardo, non relicta in ea aliqua cousuetudine. Quam vineam Vinaldus faber excolit, cui precepi ut quod mihi solitus erat de eadem vinea reddere, scilicet quartam lagenam vini ejusdem vinee, fratribus meis monachus Kemperelegiensibus reddat. Quod viderunt et audierunt hi : Ruuelenus monachus, Haëlocus monachus, Nicholaus monachus et medicus ; Alanus canonicus, Johannes clericus, Guegonus decanus, Papinus clericus, Fredorius Bugaldi filius, Harscoidus episcopi prefectus, Berengarius Ogerii filius. Anna ab Incarnatione Domini millesimo XCII » (Cartulaire de Quimperlé, Biblioth. Nat. Ms. nouv. acq. lat. 1427, f. 69).

L'année suivante (1093), Guillaume, receveur du tonlieu de Nantes (Guilhelmus telonarius), donna à la même abbaye, un arpent de terre sis à Loquidic sous le domaine du même Tousart, arpent planté de vigne par Guillaume, et qui devait à Tousart une redevance de douze deniers, chaque année, la veille de Noël : « unum arpenturn vinee, quod ego (dit Guillaume) in Losquidic, videlicet in terra Tosart, meis manibus plantavi, liberum ab omni debito, preter duodecim denarios in vigilia Nativitatis Domini » (Cartulaire de Quimperlé, ibid., f. 68 v°).

Note 2 : De rebus quas Guilhelmus thelonarius monasterio Kemperelegiensi dedit. — Losquidic. (1093). « Nota sit omnibus sancte Dei Ecclesie fidelibus tam presentibus quam futuris conventio, quam ego Guilhelmus abbati ecclesie Sancte Crucis de Kemperelé concessi et monachis, et in presentia domni Benedicti Nannetensis episcopi qui tunc abbas ejusdem loci erat, favente et concedente uxore mea Milesanda et patre ejus Petro et patruo ejus Raginaldo Sancti Petri canonico, bona voluntate affirmavi Ecclesie scilicet Sancte Crucis, abbati et monachis terciam partem mearum rerum post obitum meum pro redemptione anime mee condonavi, tali tamen pacto ut, si infirmitas mihi forte evenerit et ecclesiam Sancte Crucis compulsus necessitate mee infirmitatis adire voluero, me propter hanc donationem monachi in fratrem sicut unum ex illis benigne suscipient. Si autem voluntas eundi ad Sanctum Petrum, vel ad Sanctum Jacobum, vel ad alias in longinquam regionem sanctorum orationes, mee menti occurrerit et ibi me finis invenerit, vel in lecto aut qualicunque in loco mors me rapuerit, ecclesie Sancte Crucis abbas et monachi hanc conventionem supradictam totam integram in pace possideant, ego autem beneficia et orationes fratrum, ut predictum est, sicuti unus ex monachis in perpetuum habeam. Benedictus vero Nannetensis episcopus, dominus meus, hanc pactionem concessit, et me et meas res reservare in vita sua fideliter promisit. Quod si alter episcopus, qui post dicessum ejus in loco suo successerit, aliquam torturam mearum rerum uxori mee vel finis meis intulerit, ecclesia Sancte Crucis absque ulla inquietatione vel calumpnia meorum parentum hanc supradictam conventionem in pace habeat. Et ut libentius abbas et monachi mihi hanc fraternitatem concedant, presentialiter illis unum arpentum vinee ex mea predicta parte donavi, quod ego in Losquidic, videlicet in terra Tosart filii Eveni, meis manibus plantavi, liberum ab omni debito, preter duodecirn denarios in vigilia Natalis Domini. Istud quippe donum ipse Tosart ecclesie Sancte Crucis et monachis spontanea voluntate in presentia domni Benedicti episcopi concessit, hujusque concessionis ejus sunt testes : Ruuelenus monacus, Haëlocus mo., Alanus canonicus, Robertus canonicus, Johannes diaconus, Evenus Guarini filius, Budicus Jarnogoni filius, Rudualdus nepos Guilhelmi, Daniel filius Gurvret, Pupon, Petrus de Vagina, Renaldus canonicus. Sed tamen hoc arpentum hac ratione monachis donavi, ut post finem dierum meorum, sive vivens monasterium pro necessitate mei corporis vel anime, ut supra memoravi, adire voluero, cum isto arpento tercia pars rerum mearum, preter domum et ortum que mihi in civitate remanent, monachis absolute compleatur.
Uxor etenim mea Milesanda, ut audivit quod abbas et monachi hoc arpentum in Losquidic elegissent, illis calumpniam intulit, dicens hoc arpentum fuisse de suo donario. Sed ego, in dono meo ullum scrupulum calumpnie relinquere nolens, sibi vineam quam in terra Sancti Donatiani habebam, consilio patris et patrui sui Raginaldi nominati, pro isto arpento in commercium attribui. Ipsa vero et pater ejus et patruus Raginaldus, postea, meam donationem bono animo bonaque voluntate concesserunt et affirmaverunt.
Hujus conventionis sunt testes : Benedictus episcopus, Radulfus achidiaconus, Alanus canonicus, Guigonus decanus Alanus Rivalloni filius, Harscoidus episcopi prefectus, Rudaldus nepos Guilhelmi, Haëlocus mo., Ruuelenus monacus, Daniel filius Gurvret, Robertus canonicus, qui hanc cartam dictavit, legit et peroravit. Anno ab Incarnatione Domini millesimo XCmo III°
». (Cartulaire de Quimperlé, Bibl. Nat. Ms. nouv. acq. lat. 1427, f. 67 v°).

Ce Guillaume avait aussi une vigne dans la paroisse de Saint-Donatien de Nantes. (Ibid.)

2° Au Sud de la Loire.

En 1075-1080, vignes à Frossai (auj. Frossay) ; dans cette paroisse un chevalier appelé Eanzon, fils de Judicaël, et son frère Main donnent à l'abbaye de Redon « terram que sub vineis Glemarhuc sita est, cum debitis consuetudinibus » (Cartulaire de Redon, p. 271 et 272).

A Machecoul, en 1055, Harscoët, fils de Jestin, sire de Retz, donne à l'abbaye de Redon les deux églises de Notre-Dame et de Saint-Jean, sises à Machecoul, « cum cimiterio sibi diviso, cum una borderia et cum quarta parte jugeris vineæ cum prato, molendino, » etc. (Ibid. p. 264).

A Chauvai (auj. Chauvé). En l'an 1100, Urvoi, clerc, fils du prêtre Rivallon, se fit moine dans l'abbaye de Redon et à cette occasion donna, entre autres choses, à ce monastère tout ce qu'il possédait en la paroisse de Chauvai (in pago Chialvahe), savoir, dans l'église dudit lieu, dans les vignes (de vineis), les terres, le verger, le moulin qui en dépendent. (Ibid. p. 265).

3° Au Nord de la Loire.

En 1050, au Cellier près d'Ancenis, Orri, fils de Simon, donne à l'abbaye de Redon un monastère édifié sous le vocable de Notre-Dame, avec une vigne et un jardin : « Monasterium Sanctæ Mariæ et vineam matris Alfridi, locum quoque unius hortuli » (Ibid. p. 255).

A Savenai (auj. Savenay), en 1061, vignes données à l'abbaye de Redon par un brave homme (probus homo) appelé Heloc. (Ibid. page 379).

A Piriac, vers 1080, Kawaladrat de Penkeriac (Piriac) donne seize sillons de vigne (sedecim sulcos vineæ) aux moines de Redon. (Ibid. p. 283).

A Guenrouët, dans la seconde moitié du XIème siècle, vigne située près de l'église (vineam juxta ecclesiam de Guenrut), donnée à l'abbaye de Saint-Cyprien de Poitiers par Péan de Livrisar, son frère Guillaume et Alpazie leur mère. (Bibi. Nat. ms. lat. Cartul. de Saint-Cyprien de Poitiers, f. 127 v°).

A la Roche-Bernard, en 1063, Bernard, seigneur dudit lieu, fils de Simon, voulant obtenir des moines de Redon la construction d'une église et d'un prieuré près de son château, leur donne, entre autres choses, la dime de tous ses biens, y compris son vin : « decimas videlicet tocius sue possessionis... frumenti scilicet, vini, salis, piscis, telonei et navigii », etc. (Cartulaire de Redon, p. 258).

A Marsac, vers 1080, vigne située au chevet de l'église de cette paroisse (vineam que est conjuncta capiti ecclesiæ Marciaci), donnée à l'abbaye de Redon par Bruneau et Rifon, ce dernier ayant reçu dix sols pour sa part de cette vigne (Ibid. p. 294).

 

§ 3. — XIIème siècle.

A Nantes. — Le duc Conan III, par un acte passé de 1119 à 1140 [Note : L'acte n'a pas de date, mais il est postérieur à la mort d'Alain Fergent, c'est-à-dire à 1119 ; il a pour témoin Brice qui fut évêque de Nantes de 1113 à 1140 ; et la concession est faite à Hervé qui fut abbé de Redon de 1108 à 1133 et peut-être à 1140. — L'éditeur date cet acte de l'an 1126, sans aucune raison], confirme aux moines de Redon les vignes qu'ils avaient en gage de Péan fils de Rouaud. Cette confirmation fut faite à Vannes (apud Venetum) ; mais, dans le Cartulaire de Redon l'acte est intitulé Nannetis, ce qui prouve que ces vignes étaient à Nantes (Cartulaire de Redon, p. 307).

Dans l'île de Bièce près de Nantes (in insula Bothia), vers 1144, le duc de Bretagne Conan III donne à l'abbaye de Buzai (Buzay) quatre arpents de terre pour faire un pré ou planter une vigne : « ad pratum vel ad plantandam vineam quatuor arpenta terræ » (D. Morice, Preuves I, 589).

De 1147 à 1170, don à l'abbaye de Buzai (Buzay), par Richilde et ses fils, d'une vigne dite la Marchanderie sise à la Fosse de Nantes (vineam quœ dicitur Marchanderia, et est sita ad Fossam) : vigne tenue en métayage et partagée entre deux tenanciers ; la tenue de l'un était héréditaire, celle de l'autre révocable à volonté (Archives de la Loire-Inférieure, fonds de Buzai, Boîte A, liasse 4, n° 2).

Note 3 : Vigne sur la Fosse à Nantes. (1147 à 1169). « Stilo quoque et memoriæ mandavimus quod Richeldis et filii ejus, Danihel et Willelmus et Andreas presbiter Sancti Lazari, monachis de Buzeio dono dederunt, pro salute sua et suorum, vineam quœ dicitur Marchanderia et est sita ad Fossam. Tenebant autem eam ad mediedatem [Note : Cette vigne était soumise au régime du métayage et partagée entre deux tenanciers qui, chacun, remettaient au propriétaire la moitié des produits. Le premier de ces tenanciers, Jean Roussel ou Rousseau, était en outre chargé du cens de 6 deniers, dû par le propriétaire au seigneur du fief ; mais la tenue de Roussel était héréditaire et ne pouvait lui être reprise que si, par défaut de culture, il laissait dépérir la vigne. L'autre tenancier, la femme au fils Guion, ne devait pas de cens ; mais sa tenue était perpétuellement révocable au gré du propriétaire] Johannes Rosellus et uxor filii Guidonis, sed ille patrimonaliter quandiu eam bene fecerit, unde et VI denarios monachis censualiter solvit, quos monachi solvunt Mabile, de cujus est feodo. Illa autem nichil habet in vinea, nisi quandiu placuerit monachis. Hoc autem predictus Andreas, paulo antequam moreretur, testatus est in auribus fratris Archembaudi et Radulfi capellani nostri, Andreœ Boquin, Durandi Danihelis.
Ego autem Robertus, Dei gratia Nannetensis episcopus, cum essem aliquando apud Buzeium, videns ibi…
[Note : Un mot effacé] forte quasdam cartulas cum appendentibus bullis per incuriam fortassis obscuratas, sigillo quidem piissimi patris domini Bernardi episcopi predecessoris mei [Note : Bernard monta sur le siège épiscopal de Nantes à la fin de l'an 1147 ou au commencement de 1148, et il mourut le 5 janvier 1169 (Galla Christiana, XIV, col. 816). Puisqu'il avait mis son sceau à la notice rapportant la donation de la vigne de la Marchanderie, cette donation avait donc eu lieu sous son épiscopat, c'est-à-dire de 1147 aux premiers jours de 1169. — Quant à Robert qui fit écrire et qui confirma de nouveau cette donation, il était le neveu de Bernard, il fut élu évêque de Nantes à Noël 1170 et mourut en 1184 (Gall. Christ. XIV, col. 817)] sigillatas, decrevi eas in presenti pagina transcribendo renovari, sigilli quoque nostri munimine confirmari ». (Vidimus de Robert évêque de Nantes, parch. scellé). (Archives de la Loire-Inférieure, fonds de Buzai, boîte A, liasse 4, n° 2).

Au Pallet. — De 1112 à 1148, charte du duc Conan III pour le monastère de Saint-Martin de Vertou. Les hommes de la châtellenie du Pallet avaient toujours payé sans difficulté aux moines de Vertou la dîme et les autres droits qu'ils leur devaient sur leurs terres jusqu'au moment où l'on avait fait des vignes dans le pays ; mais depuis quelques années, qu'on y avait introduit cette culture, ils refusaient de leur payer la dîme de leurs vignes. Ils y sont condamnés par jugement régulier de la cour de Conan III, duc de Bretagne, comte de Nantes. (A. de la Borderie, Recueil d'actes inédits des ducs de Bretagne, p. 85, n° XLI). — Ainsi, dans ce pays de Vertou et du Pallet, où la vigne se cultive encore avec succès et d'où on tire le meilleur vin du Nantais dit vin de Vallet, cette culture ne fut introduite qu'au XIIème siècle, tandis que cent ans plus tôt elle existait déjà dans certains cantons de Bretagne d'où elle a disparu depuis longtemps et où elle est tenue pour impossible, par exemple à Marcillé-Robert.

A Prigni (auj. Prigny). — Vers 1150, procès entre les abbayes de Redon et de Saint-Jouin de Marne, qui se disputent l'église et les dimes de la paroisse de Prigni, notamment la dîme de deux vignes, dites, l'une la vigne de Godin (vinea Guodini) et l'autre la vigne de Gobert (vinea Gosberti). Entre autres épisodes du procès, les moines de Redon, pour garantie de la dîme qu'ils réclamaient, saisirent les ânes des moines de Saint-Jouin [Note : L'éditeur (p. 397, ligne 16) a imprimé : « asinos nostros nomine calumpnie cepimus ». Il faut manifestement : « asinos vestros »]. (Cartulaire de Redon, p. 397-398, Append. n° LXXVI).

A Pornit (auj. Pornic). Harscoët, baron de Retz de 1170 à 1184, confirme aux moines de Saint-Serge d'Angers le don à eux fait, à Pornit, par l'un de ses prédécesseurs Gestin (père de Garsire), savoir, « burgum quemdam, a magno chemino quod ducit ad portam castelli (de Pornidio) directe usque ad vineam que est desuper burgum ; ex tranverso autem, a doa castelli usque ad alteram vineam, que est ultra vetus terrarium » (Archives de Maine-et-Loire, Cartulaire de Saint-Serge, copie Marchegay, vol. I, p. 361).

En 1187, Raoul de Chemeré (de Chamariaco) donne à l'abbaye de Buzay sa part dans trois quarterons de terre sis à Pornit (ad Sanctum Mariam de Porsnith) et possédés en commun par lui et ses neveux ; cette part, c'était la moitié de ce bien « in vineis, terris, fontibus, hominibus et in quodam torculari ». Il donna aux moines jusqu'aux tonneaux et aux cuves qui servaient à faire le vin : « dolia sua et cetera vasa vinaria » (Archives de Loire-Inf., Buzai, boite G, liasse 28, n° 9, et Trésor des Chartes de Bretagne, P. F. 12).

A Saint-Léger. — Entre 1170 et 1184, « Gaufridus Cignol, ad extrema veniens, dedit Beate Marie de Buzeio complantagium vinearum que sibi de jure competebant apud Sanctum Leodegarium », au diocèse de Nantes. (Archives de Loire-Inf., Buzai, boîte N, liasse 41, n° 24).

A Machecoul, vers la fin du XIIème siècle, Bernard, sire de Machecoul, confirme aux moines de Marmoutier divers dons à eux faits par ses vassaux, entre autres, dix sols de cens annuel que leur avait donnés Pierre Chaignard, dont cinq payables à la Saint Jean-Baptiste sur la vigne de Troïlus ou du Treuil : « quorum quinque de vinea de Troilo » (Archives de Loire-Inf., fonds du prieuré de Machecoul, n° 7).

 

§ 4. — XIIIème siècle.

A Châteaubriant, ou du moins aux environs de cette ville, il y avait des vignobles au XIIIème siècle, car Guillaume le Breton dans sa Philippide, racontant la guerre de Pierre à Dreux, duc de Bretagne, contre Amauri de Craon et ses alliés, dit qu'il leur livra bataille, le 3 mars 1222, près des vignobles de Châteaubriant : Audax in campo, juxta vineta Briani, Pugnat Amalrico ... (Philippidos lib. XII vers. 432, dans Du Chesne, Histor.  Francor. Scriptor. V, p. 248).

A Buzai (auj. Buzay). — En 1237, David de l'Angle (de Angulo) et Oreguen sa soeur donnent aux moines de Buzai tout ce qu'ils pouvaient avoir et prétendre dans le pré de l'Angle, situé contre les vignes de cette abbaye : « in prato de Angulo, sito juxta vineas abbatie » (Archives dép. Loire-Inf. fonds de Buzai, boîte I, liasse 35, n° 12).

 

§ 5. — XIVème et XVème siècles.

Nous nous bornerons ici à quelques indications sommaires.

1383. — Afféagement d'une vigne à Nantes au clos Saint-Père : acte qui prouve qu'à cette époque, dans le pays de Nantes la redevance des vignes tenues à complant était encore, comme au XIème siècle, la quarte bouteille.

Note 4 : Afféagement d'une vigne, à Nantes, au clos Saint-Père. (Mai 1383). [Ligne 1] « Sachent touz que par nostre court dou déen et dou chapitre de Nantes en droit presens et personalment establiz par davant nous Perrot Bahomeau, P... [2] dit Rex, comme tutour et garde de Jahan et Jahanne, effans doudit Perrot Bahomeau, et Jahanne femme Perrot Petitgars et Perrot Bahomeau, clerc, fils doudit... [3] lesdiz effans auctorizez bien et soufisamant de leur père, et ladicte famme auctorizée à sa requeste doudit Petitgars son mari à le donnée quant à tout... [4] toutes les chouses et chascune qui ensuyvent. Lesquelx desusdiz et chascun sont cognoissans et confessans et umcores cognoissent et confessent de leur bons grez, sens nul... [5] nulle male introducion et sans esperance de pouvoir rappelles ou temps avenir, avoir baillé et umcores baillent par titre de heritage à jamès à féage... [6] avenir, pour eulx, leurs hoirs et cause aiens, à Denis Alixandre, pour luy, ses hoirs et cause aiens de luy, et ledit Denis a prins et acepté... [7] luy, ses hoirs et cause aiens de luy, savoir est, dous quartiers de vigne et deme, sis ou clous Saint Père, qui (sic) jadis ledit Perrot Bahomeau avoit prins... [8] de Nantes, luy et sa primière famme, comme ledit Perrot disoit. Et sont sises celles vignes en noz fez, entre les vignes maistre Macé Lidureau et le prebitere... [9] d'un cousté, et d'autre ferant d'un des baux au cortill doudit mestre Macé Lidureau, et l'autre bout ès vignes mestre Rolland de Coetelles, par reson de (A)... [10] rante, Enfin, dit que ledit Denis, ses hoirs et cause aiens de luy paeront et serviront, par chascun an, à chascune vendanges, au pertus de la vigne, selonc la coustume des autres... [11] vignes doudit clous, à celuy tressorier ou chanoyne de l’igloisse de Nantes à qui il sera deu, le quart de la vandange qui croestra en celle vigne... [12] Denis, sur l'obligation de ses biens, planter et edeffier celle vigne et la poursuivre de toutes faisons, come bones vignes devaient estre, et en garder... [13] diz baillours à, jamès pour le temps à venir. Et lesdiz baillours et chascun, esdiz nons, ont promis, sur l'obligation de touz leurs biens, garentir delivrer... [14] touz et contre touz ladicte baillée pour ledit quart de la vandange, à la coustume de la terre. De laquelle baillée lesdiz baillours se sont decessiz et d... [15] lours hoirs et cause aiens de ladicte baillée en nostre court. Et nostre court, de l'asantement et volenté desdiz baillours, a cessi et vestu ledit Denis... [16] et cause aiens de luy de ladicte vigne et fait propriétaire et heritier, et li en fut transporté raelle, corporelle et planière poccession par la baillée, passement... [17] lettres, à avoir, tenir, poursairs, prandre, lever, user et explecter audit Denis ladicte vigne, à en faire comme de son propre heritage, senz ce que lesdiz baillours... [18] aiens d'eulx y puissent jamès rien guerre ne demander en nulle manière, en paent et servent ledit quart de la vandange, comme desus est dit et de... [25] Donné, sauff nostre droit et autruy, tesmoign le seel establi à noz contrat le... dou moais de may l'an mil [CCCC IIIxx] et trais. (Signé) Passé par JEHAN SOUZBOAIS ».

1384. — Vigne de Nicolas Bouchart et autres, en Escoublac.

Note 5 : Vigne de Nicolas Bouchart et autres, en Escoublac, (1384 nouv. style, 25 janvier). « Present en nostre court de Guerrande Jehan Garé de Cuy, lequel par davant nous congnut et confessa tenir de Raoul de Lusangé et en ses fez les chouses qui en suivent, c'est à savoir : premier, trois planches et demi planche de vingnes sis en un clos nommé le Gouda Truello en la parrosse d'Escoublac, entre les vingnes que Jouhan Lucas achata de Nichollas Bouchart [Note : Nicolas Bouchart était, dès 1364, Amiral de Bretagne sous Jean IV, comte de Montfort et duc de Bretagne, comme Alain Bouchart, arrière petit-fils de Nicolas, le constate dans ses Chroniques de Bretagne, en parlant du siège et de la bataille d'Aurai (auj. Auray)], d'une part, et trois autres planches et demi sis oudit leu qui sont ou fey monsr Bonabes de Rochefort, d'autre ; — item, une planche et demi planche de vingne sis au clos nommé le clos de Nérac (ou « Vérac ») en ladite parroisse, entre le chemin dou Cozquer d'une part et la vingne Perrot Le Segualle d'autre ; et sur lesdités peczes, devoir audit Raoul, trois soulz et neuf deniers de rente et une truelle d'avenue et une gelline par chescun an au terme d'aoust, et ferme et droit et obeisance audit Raoul sur lesdites chouses, comme homme doit à son seigneur. Donné tesmoin la merche des actes de nostredite court. Fait le XXVème jour de janvier, l'an mil IIIc quatre vingnz et trois. — (Signé) Passe, AUBIN GALLAS ».

1407. — Vignes à complant et autres, aux environs de Saint-Nazaire.

Note 6 : Vignes près Saint-Nazaire. (1407, 18 mai). « Presenz en nostre court de la viconté de Donges ou bailliage de Saint Nezere Jaquet Derue, Jouhanot Mollé et sa femme... sont cognoeissans et confessans tenir de Alliette de Lusangé, damme de Ranléeuc et en ses fez les pieczes qui s'ensuivent, savoir est ..... une piecze de terre froste sise entre les seillons Jouhanot Rogier et la vigne Guillemet Audrein. ... Item, une boiessellé de terre plantée en vigne, sise entre vignes ès hers Loseret et le chemin don champ Gobaut… Item, trois boiessellés de terre plantées en vigne, sises entre le complant à ladite Ailette (de Lusangé) et la terre ès enffans Roucze. Item, trois planches de vigne contenentes ou environ une boiessellé de terre sise entre la vigne ès hers Guillo Morice d'une et aultre part. Item, dous planches de vigne, sises ou champ Ront, entre la terre ès hers à la femme Guillo et vigne à la femme Dernaut. Item, dous planches et demie de vigne, sis entre la vigne ès enffans Loseret et le complant à ladite Alliette. Item, trois tronxons de vigne, sis entre la vigne que lesdiz nommez tiennent à complant de ladite Alliette et la vigne au fils Macé Benaist. Item, dous planches de vigne sises entre la vigne ès hers Jouhanot Ernaud et la vigne Olivier Ernaut … Item, onze seillions de terre entre la vigne Robin Bertho et vigne ès hers Guillo Rouaud … Item, neuf seillons de terre, sis entre la vigne Jeuhan André et la vigne Guillemet Lorens..... Item, dous demies planches de vigne, sis entre la vigne ès hers Billette et les vignes Auberi … Item, dous journaux de terre de la terre dou Sellier, sis entre le courtil Gobaut et les vignes que lesdiz nommez tiennent à complant de ladite Aliete. Et sur ladite tenue confessent debvoir à ladite Aliete trois trullées d'avoine, et dous gellinez au terme d'agoust. Donné tesgmoin le petit seel des contraz de nostredite court. Fait le dez et ouytme jour de may, l'an mil quatre cent et sept. — (Signé) JEHAN ERNAUD, passe ».

1437-1438. — Vignes à Guérande, au territoire de Larmor, appartenant à Richard de Bretagne, comte d'Etampes. Compte de diverses dépenses pour la culture et la vendange de ces vignes

Note 7 : Vignes de Guérande. 1436-1438. «  Faczons de vignes esquelles mond. seigr d'Estampes prent les III. quintz. et led. Pierres de Rocheffort les aultres II. quintz.
A Perrot Leguille, pour marché fait ô lui, ou mois de fevrier l'an mil IIIIc XXXVI
[Note : En style actuel, février 1437], de deschaucer les vignes de Larmor [Note : Territoire situé en la paroisse de Guérande] et icelles tailler, en oultre II. bx seille dont led. receveur se descharge cy emprès ou chappitre de la despence de seille. – IIII l. X. s.
A Ernault Agueso, Jehan Froessart et Guillaume Le Catis, pour marché fait ô eulx, ou mois de mars l'an mil IIIIc XXXVI [Note : En style actuel, mars 1437], de becher lesd. vignes, en outre une mine de seille dont il se descharge cy emprès sembl[ablement], XIIII l.
A Jehannot Stephno, pour marché fait ô lui, oud. mois l'an mil IIIIc XXXVI, de cercler et lever lesd. vignes, pour salaire et despens, XII s. VI d.
Ausd. Aguesso, Froessart et Catis, pour marché fait ô eulx, en may l'an mil IIIIc XXXVII, de bigner lesd. vignes, en oultre II. bx de seille dont il se descharge cy emprès comme dessus, IIII l.
A Jehannot Stephno, pour marché fait avec lui, ou mois de janvier l'an mil IIIIc XXVII
[Note : Janvier 1438, nouveau style], de deschaucer et tailler lesd. vignes, en oultre II. bx seille dont il se descharge cy emprès comme dit est, IIII l. V s.
A Orlles Pasquete, pour marché fait ô lui de becher lesd. Vignes ou mois de mars, l'an mil IIIIc XXXVII
[Note : mars 1438, nouveau style], oultre 1 mine de seille, XIII l.
A Jehan Stephno, pour cerclier et lever lesd. vignes oud. an, XII s. VI d.

Leffait de vendenger, duquel appartient poier les III. quintz pour la partie de mond. seigr d'Estampes, et les autres II. quintz pour la partie dudit Pierres de Rochefort.
Pour l'an mil IIIIc XXXVI. Aux bouviers d'une charrete, qui menerent d'Irbignac jucques à Larmor cinq fustz de pippe avec cercle et autres choses necessaires à relier lesd. fustz pour mettre les vins, X d. ».

(Arthur DE LA BORDERIE).

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