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VIE PUBLIQUE DE JESUS-CHRIST

Saint-Jean s'était retiré tout jeune dans le désert pour y mener une vie pénitente. Il portait un vêtement de poils de chameau, et une ceinture de cuir autour de ses reins ; il se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage.

Vers l'âge de trente ans, Jean quitta la solitude et vint sur les bords du Jourdain prêcher la pénitence, et annoncer que le royaume de Dieu était proche. Il baptisait ceux qui venaient à lui ; c'est pourquoi on l'appela Jean-Baptiste.

Plusieurs pensaient qu'il pouvait bien être le Christ, mais il leur disait : "Moi, je vous baptise dans l'eau ; il y en a un autre qui doit venir après moi : il est plus puissant que moi, et je ne suis pas digne de délier la courroie de sa chaussure".

Avant de commencer sa mission, Jésus voulut s'humilier et recevoir le baptême de Jean ; il quitta donc Nazareth et vint au Jourdain. Aussitôt que saint Jean vit le Sauveur parmi la foule, il le reconnut par une inspiration du ciel, et s'écria : "Voici l'Agneau de Dieu, voici celui qui efface les péchés du monde".

Cependant Jésus demandait à être baptisé, et Jean refusait en disant : "C'est moi qui dois être baptisé par vous, et vous venez à moi ! Laissez-moi faire maintenant, reprit Jésus, car c'est ainsi que nous devons accomplir toute justice". Alors saint Jean ne résista plus, et Jésus entra dans le Jourdain pour recevoir le baptême.

Lorsqu'il sortit de l'eau, les cieux furent ouverts ; l'Esprit de Dieu descendit sur lui en forme de colombe, et on entendit une voix du ciel qui disait : "Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai mis toutes mes complaisances".

Après avoir reçu le baptême, Jésus se retira au désert où il passa quarante jours dans la solitude, sans boire ni manger. Il voulut ainsi préparer par la pénitence l'accomplissement de son œuvre. Après ce temps, il eut faim ; alors le démon s'approcha de lui pour le tenter. Le Sauveur repoussa toutes ses attaques et lui dit : "Retire-toi Satan ! il est écrit : Vous adorerez le Seigneur votre Dieu et vous ne servirez que lui seul". Aussitôt le tentateur s'éloigna, et les anges s'approchèrent de Jésus pour le servir.

Sortant de sa retraite du désert, Jésus retourna en Galilée et commença à prêcher. Les premiers disciples qu'il choisit furent Simon-Pierre et son frère André, puis Jacques, et Jean son frère ; tous quatre étaient des pêcheurs du lac de Génésareth (ou mer de Tibériade). "Venez à ma suite, leur dit Jésus, et je vous ferai pêcheurs d'hommes".

Jésus-Christ fit son premier miracle à Cana, pendant un festin de noces auquel il avait été invité. Averti par sa Mère que le vin manquait aux convives, il fit remplir d'eau six grands vases de pierre, et il changea cette eau en un vin excellent.

Jésus accomplit ce prodige à la prière de Marie ; il nous enseigna par là que le meilleur moyen d'obtenir ses grâces, c'est d'avoir recours à l'intercession de sa divine Mère.

Quelques temps après ce miracle, Jésus, étant sur le bord du lac de Génésareth, se trouva pressé par une foule de peuple qui venait à lui pour entendre la parole de Dieu.

Il aperçut deux barques arrêtées sur le bord du lac, et d'où les pêcheurs étaient descendus pour laver leurs filets. Jésus monta dans l'une de ces barques qui appartenait à Simon-Pierre, et l'ayant fait éloigner un peu du rivage, il prêchait au peuple.

Lorsqu'il eut cessé de parler, il commanda à Pierre d'avancer en pleine mer et de jeter ses filets. Pierre et André avaient travaillé toute la nuit sans rien prendre ; néanmoins, pour obéir au Seigneur, ils jetèrent les filets.

Ils prirent une si grande quantité de poissons, que les filets se rompaient, et qu'on en remplit deux barques entières.

Après son miracle, Pierre et André, Jacques et Jean abandonnèrent leurs barques et leurs filets, pour s'attacher au divin Maître.

Les miracles et la doctrine de Jésus lui avaient attiré un grand nombre de disciples ; il choisit douze d'entre eux dont il fit ses apôtres : ce furent Simon-Pierre et André, Jacques le Majeur et Jean, Philippe et Barthélemy, Matthieu et Thomas, Jude nommé aussi Thaddée, Jacques le Mineur, fils d'Alphée, Simon le Cananéen, et Judas l'Iscariote ; ce dernier trahit Jésus, et fut remplacé ensuite par Mathias.

Jésus choisit aussi soixante douze principaux disciples qu'il envoyait deux à deux évangéliser en son nom, leur donnant le pouvoir de guérir les malades et de chasser les démons.

Notre-Seigneur dit un jour à Simon-Pierre : "Je te donnerai les clefs du royaume des cieux : tout ce que tu lieras sur la terre sera lié dans le ciel, et tout ce que tu délieras sur la terre sera délié dans le ciel".

Plus tard, Pierre reçut aussi la mission de paître les agneaux et les brebis, c'est-à-dire de gouverner les fidèles et les pasteurs.

Cette primauté de saint Pierre a été transmise à ses successeurs, les papes ou évêques de Rome, qui seront jusqu'à la fin des siècles les vicaires de Jésus-Christ sur la terre.

Jésus-Christ parcourait les villes et les campagnes de la Judée et de la Galilée, annonçant partout la bonne nouvelle du salut. Il était suivi de ses apôtres, de ses disciples et d'une grande foule de peuple.

Sa parole était pleine d'autorité ; le but de sa prédication était d'instruire et de convertir. Il prêchait la charité, le pardon des injures, le mépris des richesses, la pénitence, l'humilité, la confiance en Dieu et la puissance de la prière.

Son visage rayonnait de bonté et de majesté ; sa vie était un exemple de toutes les vertus. Il disait : "Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur".

Sa charité s'étendait sur tous les malheureux : "Venez à moi, disait-il, vous tous qui souffrez, et je vous soulagerai".

Les paraboles étaient des comparaisons et des récits, souvent allégoriques, dont le Sauveur se servait pour mieux faire comprendre à ses auditeurs les enseignements divins qu'il leur apportait.

Les plus remarquables sont celles du semeur, du bon samaritain, du bon pasteur, de l'enfant prodigue et du mauvais riche.

Dans les paraboles, le Sauveur exposait à ses disciples l'histoire présente et future du royaume de Dieu, et le caractère spirituel de sa royauté. Par des exemples familiers, il montrait sa bonté infinie pour tous les hommes, sa miséricorde envers les pêcheurs repentants, et donnait les plus belles leçons de morale.

Un jour Jésus avait employé plusieurs heures à évangéliser le peuple, et quelques mères pieuses avaient conduit leurs enfants à ce bon Maître afin qu'il les bénit. Les apôtres, voyant que Jésus avait besoin de repos, cherchaient à repousser ces enfants.

Jésus les en reprit : "Laissez venir à moi ces petits enfants, leur dit-il, ne les empêchez pas d'approcher, car le royaume des cieux est pour ceux qui leur ressemblent" par l'innocence et la simplicité des mœurs, Jésus donc les fit approcher, et il les bénissait en posant ses mains sur leur tête.

Jésus a accompli un grand nombre de miracles. Outre ceux que nous avons déjà rapportés, les principaux sont : la délivrance de plusieurs possédés, la multiplication des pains dans le désert, la tempête apaisée sur le lac de Génésareth, la guérison des malades, des lépreux, du serviteur d'un centenier, d'un paralytique, d'un aveugle de naissance, la résurrection de trois morts : celle du fils de la veuve de Naïm, celle de la fille de Jaïre, chef de la synagogue, et celle de Lazare, mort depuis quatre jours.

Tous les miracles de Jésus-Christ manifestent sa puissance et sa sagesse, mais surtout sa bonté ; il les opéra pour prouver sa divine mission et convertir les hommes.

Afin de confirmer davantage la divinité de sa mission, Jésus-Christ ajouta les prophéties aux miracles. Il prédit les circonstances de sa passion, de sa mort sur la croix et de sa résurrection.

Il annonça à ses apôtres la trahison de Judas, le reniement de saint Pierre, la ruine de Jérusalem et du peuple.

Il prédit aussi la venue du Saint-Esprit, l'établissement de l'Eglise, les persécutions qu'elle devait subir et son extension dans tout l'univers.

Jésus prit un jour avec lui Pierre, Jacques et Jean, et il fut transfiguré en leur présence. Son visage devint brillant comme le soleil, et ses vêtements blancs comme la neige.

Les disciples virent paraître Moïse et Elie qui s'entretenaient avec Jésus, puis une nuée lumineuse les couvrit tous, et de la nuée sortit une voix : "Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai mis toutes mes complaisances ; écoutez-le". Jésus, descendant de la montagne où s'était opéré ce miracle, commanda à ses disciples de ne point parler de ce qu'ils avaient vu, jusqu'à ce qu'il fût ressuscité d'entre les morts.

Le divin Maître eut de nombreux ennemis. Les docteurs de la loi étaient jaloux de ses miracles et de son autorité. Les Pharisiens ne lui pardonnaient point de dévoiler leur conduite hypocrite.

Mais Jésus évita les pièges que les méchants lui tendaient pour le perdre ; il confondit par la sagesse de ses discours leur méchanceté et leur orgueil.

Pour ne pas exciter la haine des Juifs qui augmentait de plus en plus, Jésus se retira pour quelque temps vers le Jourdain.

Après la troisième année de sa prédication, le Sauveur, connaissant que l'heure de sa mort approchait, voulut retourner à Jérusalem pour célébrer la fête de Pâque.

Il entra dans la ville monté sur une ânesse. Une grande multitude vint au-devant de lui, joyeuse et portant des branches de palmier ; elle criait : "Hosanna au fils de David ! béni soit celui qui vient au nom du Seigneur".

L'entrée triomphante de Jésus redoubla la fureur de ses ennemis ; ils cherchèrent dès lors à s'emparer de lui. Judas, l'un des douze apôtres, qui connaissait leur projet, vint s'offrir à leur livrer son Maître au prix de trente pièces d'argent. L'infâme marché fut conclu, et Judas n'attendit plus qu'une circonstance favorable pour consommer sa trahison.

La veille de la Pâque, Jésus réunit ses apôtres dans le Cénacle pour manger avec eux l'agneau pascal.

Après la Cène, ou repas du soir ordonné par la loi, le Seigneur voulut donner à ses apôtres une leçon d'humilité : il leur lava les pieds.

Puis il se remit à table, et institua l'adorable sacrement de l'Eucharistie qui devait être la nouvelle Pâque. Il prit du pain, le bénit, le rompit et le donna à ses disciples en disant : "Ceci est mon corps". Il prit de même le calice contenant du vin, et il le consacra en disant : "Ceci est mon sang".

Il ajouta : "Faites ceci en mémoire de moi". Et donna ainsi à ses apôtres le pouvoir de célébrer ce divin mystère.

F.F.