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LA VILLE DE VANNES EN 1795 ET 1796.

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LA VILLE DE VANNES EN 1795 ET 1796.
SIÈGE DES COMMISSIONS MILITAIRES ; HABITATION DU GÉNÉRAL HOCHE, DES REPRÉSENTANTS DU PEUPLE DE L'ÉTAT-MAJOR, DU COMMISSAIRE DES GUERRES.

Ville de Vannes (Bretagne).

Ce n'est que par l'étude minutieuse des documents, nous ne cesserons de le répéter, qu'on peut se faire une idée de ce qu'était la petite ville de Vannes, transformée en place de guerre, dans les jours qui suivirent le désastre de Quiberon.

La population urbaine, très réduite, se trouvait comme noyée dans une multitude de soldats de toutes armes, parcourant les rues, et de malheureux captifs, qu'on conduisait, par escouades, aux prisons ou devant les tribunaux militaires chargés de les juger.

Triste spectacle, qui se renouvelait chaque jour, auquel s'ajoutait encore l'affligeante perspective des dangers qui menaçaient la cité !

En raison de la gravité des circonstances, les administrations civiles siégeaient en permanence : la municipalité, à l'hôtel de ville ; — le district, à Calmont-Bas, dans la maison appelée encore aujourd'hui la Brulonière (au bout de la rue du Commerce actuelle). — Quant au directoire du département, après avoir d'abord occupé les bâtiments du couvent des Cordeliers, il tenait ses séances, en 1795, clans les appartements de l'ancien évêché, devenu plus tard la préfecture, puis démoli, lors de la construction de la rue Billault. — Le district avait fini par s'y installer également.

Indépendamment d'une nombreuse garnison, qui logeait en ville, chez l'habitant, il y avait deux camps pour le gros des troupes établis, l'un à la Madeleine, route d'Auray, l'autre sur la route de Rennes.

A huit heures du soir, la ville close fermait ses portes. Défense expresse d'y entrer et d'en sortir. Des corps de garde et des postes partout. A chaque instant, le pas des patrouilles résonnait sur le pavé ; de quart d'heure en quart d'heure, on entendait les appels des sentinelles, préposées à la surveillance des murs d'enceinte et des prisons.

L'autorité militaire s'était emparée des principaux édifices.

Dans les locaux du collège, était un parc d'artillerie ; dans la cathédrale, devenue un magasin, on avait entassé toutes les prises faites à Quiberon sur les émigrés : des provisions de toute nature ; des ballots de biscuits, de salaisons, de sucre, de café, de tabacs ; des caisses d'effets d'équipements et d'uniformes; des tonnes de faux assignats, etc.

Dans l'église Saint-Patern, des chevaux de cavalerie. L'église du séminaire, rue du Mené, servait de lieu de détention à des émigrés, de même que les chapelles et bâtiments des Dominicains, rue du Roulage, des Ursulines et du Père Eternel, sur le port, étaient remplis de milliers de chouans, qui attendaient qu'on statuât sur leur sort.

Quant au Petit-Couvent, il était à la fois prison militaire et hôpital temporaire où se versait le trop plein de l'hôpital Saint-Nicolas.

Précédemment, nous avons revu les lieux où ont été incarcérés et exécutés les prisonniers condamnés à mort par les Commissions militaires.

Aujourd'hui nous tâcherons de résoudre quelques autres questions se rattachant toujours aux événements de 1795.

Où et dans quels locaux siégeaient les Commissions militaires ?

Où habitaient les généraux en chef, notamment le général Hoche ?

Où logeaient les représentants du peuple en mission ?

Où étaient installés le personnel et les bureaux de l'état-major ?

Où demeurait le commissaire des guerres ?

Autant de problèmes qui ont leur importance au point de vue de l'histoire locale, indépendamment de la curiosité qu'ils excitent.

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SIÈGE DES COMMISSIONS MILITAIRES.

A Vannes, neuf Commissions militaires ont fonctionné simultanément ou successivement, ayant pour mandat de juger les prisonniers faits à Quiberon.

Le siège habituel de la 1ère Commission a été la salle d'audience de l'ancien présidial, devenue la salle de la Société ou Club populaire. Le local a été modifié depuis par la construction de la salle du théâtre actuel et par le rescindernent de la façade, rue des Halles (alors rue Latine).

Les Commissions militaires ont aussi siégé dans le salon du 1er étage de l'hôtel Gouvello, rue des Douves-du-Port (actuellement hôtel de Lirnur, rue Thiers).

Une des Commissions a tenu ses séances dans une salle de la maison commune (ancienne mairie).

Enfin, une autre Commission a rendu ses jugements au couvent de la Retraite (ancien tribunal civil).

On a écrit que des jugements d'émigrés avaient été prononcés dans le local du séminaire, rue du Mené. C'est une erreur. On a confondu avec le tribunal civil criminel qui, effectivement, y tenait ses audiences, mais n'a été appelé à juger aucun des prisonniers de Quiberon.

On pensa un moment à faire siéger une Commission militaire à l'hôtel Lemintier, place des Lisses ; mais l'autorité militaire ne trouva pas les locaux à sa convenance et le projet fut écarté.

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LOGEMENT DU GÉNÉRAL HOCHE.

Il était intéressant de savoir où logeaient à Vannes, en 1795, le général Hoche, les représentants du peuple, les officiers de l'état-major et le commissaire des guerres.

Ce n'est pas sans peine que nous sommes parvenu à faire la lumière sur ces points. Les documents seuls pouvaient nous éclairer, car les renseignements fournis par la tradition étaient confus.

La municipalité avait pourvu au logement des autorités militaires dans ses murs, par voie de réquisition.

Le général Hoche a fait de nombreux séjours à Vannes. Son quartier général a toujours été dans l'hôtel Dondel, rue Saint-Vincent, dénommée à cette époque : rue du Morbihan.

Tous les Vannetais connaissent l'hôtel Dondel, situé à l'extrémité de la rue Saint-Vincent, la dernière maison du côté gauche, qui porte aujourd'hui le N° 8, et est occupée par le cercle de commerce.

L'hôtel, de grande apparence, est à deux étages avec rangées de sept fenêtres en façade et balcons. On monte au premier étage qu'habitait le général Hoche par un large escalier dont la rampe est en fer forgé. Le style de la construction rappelle la fin du règne de Louis XIV. La date en remonte peut-être à l'époque de l'exil du parlement de Bretagne à Vannes, comme celle de la plupart des vieux hôtels de la rue Saint-Vincent.

Le pignon sud de l'hôtel était jadis surmonté d'un belvédère que nous avons connu et vu démolir.

M. Dondel, vieillard de 70 ans, propriétaire de l'immeuble, n'avait pas émigré. Mais un de ses fils, jeune homme de 15 à 16 ans, s'était enfui de la maison paternelle, pour rejoindre les chouans, peu de temps avant la descente des émigrés à Quiberon. — Fait prisonnier sur la falaise, le 3 thermidor, il fut amené et incarcéré à Auray. — Après un court interrogatoire subi le 16 thermidor devant la Commission militaire, il obtint le sursis en raison de son âge. Conduit dans les prisons de Vannes, il ne tarda pas à être relâché sans jugement. Le cahier des procès-verbaux de la Commission militaire ne laisse aucun doute sur ce point.

La Gournerie suppose que cet élargissement fut obtenu par l'intervention du général Hoche qui était dans les meilleurs termes avec la famille Dondel.

La chose est possible et même probable.

Malheureusement, au bout de quelques mois, le jeune homme quitta de nouveau les siens et retourna aux chouans qui battaient la campagne dans les districts de Roche-des-Trois et de Roche-Sauveur. — Il s'y trouva en compagnie de son compatriote Grignon, fils d'un honorable médecin de Vannes.

Tous les deux furent capturés par une colonne mobile du 4ème bataillon des Ardennes dans les environs de Rieux. Conduits à la Roche-Sauveur, ils ne tardèrent pas à passer devant un conseil de guerre qui les condamna à mort. Ils furent fusillés dans le pré Madec, en Férel, le 18 juin 1796 (30 prairial, an IV).

Dans le jugement longuement motivé, dont nous avons une copie, Pierre-Marie-Louis Grignon est qualifié : adjudant général, chef de chouans ; — et le jeune Dondel (Jean-Jacques-Hyacinthe) : cavalier chouan.

C'est donc à tort que M. Lecoq, auteur d'une généalogie des Dondel, le fait condamner une première fois à mort par la Commission militaire d'Auray, en 1795. — Il obtint le sursis.

C'est à tort également que l'auteur parle d'une évasion des prisons de Vannes. — La Gournerie est mieux renseigné. — Du reste, la minute du procès-verbal porte écrit en marge : Dondel, élargi le 28 thermidor, conformément à l'arrêté du représentant du peuple Blad, du 11 thermidor.

Nous avons trouvé dans la correspondance de la municipalité de Vannes, une lettre, adressée au citoyen Dondel, qui établit, sans réplique, que son hôtel servait de logement aux généraux en chef de la République, notamment au général Hoche.

Après le départ de Hoche, M. Dondel avait cru pouvoir restreindre l'appartement attribué jusque-là aux généraux en chef. — Ceux-ci s'en plaignirent.

Une lettre de la municipalité rappela le propriétaire aux convenances.

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29 prairial, an IV.

MUNICIPALITÉ AU CITOYEN DONDEL.

« Citoyen, l'officier général, auquel nous avons donné un logement dans votre maison, se plaint de ne plus être logé convenablement pour son grade.

Nous vous demandons, pour lui, un logement décent, tel que vous l'avez donné au général Hoche, et à tous les généraux qui ont logé dans votre maison.

Nous ne doutons pas que vous n'accordiez à notre invitation ce que la loi nous autorise à exiger. » (Reg. munic. corresp.).

Coïncidence douloureuse ! Cette lettre était remise à M. Dondel, la veille même du jour où son fils tombait sous les balles du peloton d'exécution, à un quart de lieu de La Roche-Bernard.

Nous avons lu, dans le journal La République française du 1er août 1889, sous la signature de M. Gabriel Monod, directeur de la Revue historique, la mention d'une demoiselle de Brignac, belle-sœur du mathématicien Callet, — laquelle aurait déclaré plus tard que le général Hoche demeurait chez eux, à Vannes.

Le célèbre auteur des Tables de logarithmes, Jean-François Callet, a effectivement habité Vannes pendant quelques années, comme professeur de mathématiques au collège. Mais il a quitté la ville en 1791. — Au moment de l'affaire de Quiberon, en 1795, il était domicilié à Paris, professeur des ingénieurs géographes, au dépôt de la Guerre.

Nous ne nions pas la possibilité de relations entre le général Hoche et la famille Callet. Deux circonstances peuvent rendre ces relations vraisemblables. Callet était, comme Hoche, né à Versailles, et ses fonctions au Ministère de la Guerre ont pu mettre ces deux hommes en contact.

Ce que nous nions, c'est que, en 1795, le général Hoche ait résidé, à Vannes, dans la maison habitée par la famille Callet. Il s'est fait certainement une confusion dans le souvenir de Mlle de Brignac, qui était très jeune à cette époque.

Il est absolument certain que le quartier général de Hoche était l'hôtel Dondel. — C'est là qu'il a habité. C'est là qu'ont été écrites ses correspondances, datées de Vannes. C'est de là que sont partis ces fameux ordres de bataille, qui ont précédé les deux affaires du 28 messidor et du 3 thermidor, dont le résultat final a été la défaite de l'armée des émigrés.

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LOGEMENT DES REPRÉSENTANTS TALLIEN ET BLAD.

Voyons mainterent où logeaient les représentant du peuple en mission.

L'hôtel affecté aux représentants était situé au fond du cul-de-sac Notre-Dame (impasse actuelle de l'ancienne préfecture).

L'immeuble est fin XIXème siècle la propriété de Mme Montfort, religieuse de la Retraite.

Cette maison, de vaste proportion, à trois étages, d'une architecture sans prétention, avec cour devant et terrasse derrière sur le rempart, appartenait au chapitre de la cathédrale, avant la Révolution. — Elle fut vendue nationalement, en 1793, au citoyen Esnoul, ex-président du directoire du département, au prix de 14.100 fr.

Voici une lettre de la municipalité de Vannes, adressée à l'état-major, qui tranche la question de la résidence des représentants du peuple.

10 brumaire, an IV.

« Nous vous prévenons que sur la réclamation motivée que nous adresse le citoyen Charpentier, propriétaire de la maison occupée, depuis 18 mois, par l'état-major, — le conseil de la commune arrêta, dans sa délibération du 6 courant, de remettre cette maison à son propriétaire.

Nous vous annonçons de plus, citoyen, que le même conseil a choisi la maison du citoyen Esnoul Du Chatelet, où logeaient les représentants du peuple, pour y placer l'état-major, comme le plus propre par sa position et sa distribution à cet usage. — Nous vous prions, en conséquence, d'opérer votre translation le plus tôt possible. » (Reg. munic.).

La description de la maison Esnoul, faite en détail dans les procès-verbaux de la vente, en janvier 1793, concorde exactement avec celle qu'on pourrait faire encore aujourd'hui de la maison Montfort, au fond de l'impasse de l'Hôtel-de-Ville :

Maison à trois étages, ayant 97 pieds de façade, avec cour devant, remise et écurie et une petite cour dans laquelle est un puits … et, derrière, une terrasse sur le mur de la ville où sont deux cabinets d'aisance … (Reg. 23. f° 409, des ventes de biens d'Eglise — arch. départ.).

C'est dans les appartements de cet hôtel qu'ont couché le représentant du peuple Tallien et Rouget de l'Isle, l'auteur de la Marseillaise, dans la nuit du 3 au 4 thermidor, qui a suivi la victoire de Quiberon. — A six heures du matin, ils partaient en poste pour Paris. Rouget de l'Isle a raconté ce voyage dans un opuscule qui est une page curieuse d'histoire (1334).

C'est dans cet hôtel Montfort qu'a logé, les jours suivants, le représentant du peuple Blad. C'est dans cette cour qu'il a accueilli, avec bonté, mademoiselle de Talhouet, venant d'Auray intercéder pour son malheureux frère. Elle en reçut cette réponse : « J'accorde le sursis à tous les jeunes gens qui ont émigré avant l'âge de 16 ans, » et Blad signait immédiatement son arrêté du 11 thermidor, en quelque sorte sous la dictée de Mlle de Talhouet. — La scène a été racontée par La Gournerie, qui la tenait de la bouche de sa grand'mère, qui n'était autre que Mlle de Talhouet elle-même, l'interlocutrice de Blad.

Tous les arrêtés du représentant du peuple Blad, comme ses correspondances, relatifs aux opérations des Commissions militaires, ont été rédigés et signés dans une des chambres de cette maison Esnoul, cul-de-sac Notre-Dame, aujourd'hui hôtel Montfort, impasse de l'Hôtel-de-Ville.

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ÉTAT-MAJOR.

Quant au siège de l'état-major, la lettre que nous avons citée plus haut nous l'a fait connaître. — C'était l'hôtel Lenvos-Charpentier, rue des Orfèvres (actuellement hotel Saint-Georges).

M. Lenvos-Charpentier demeurait à son château de Limoges. Son hôtel de la rue des Orfèvres avait été réquisitionné pour loger l'état-major, qui n'y resta pas moins de 18 mois, jusqu'en brumaire, an IV (fin d'octobre 1795). — De là, il fut transféré à l'hôtel de l'impasse Notre-Dame, devenu inoccupé par le départ du représentant Mathieu. — L'arrêté suivant de la municipalité le prouve :

28 vendémiaire, an IV.

« Le citoyen Lenvos-Charpentier, réclamant la disposition de sa maison, occupée depuis plus de 18 mois par l'état-major, la municipalité ..... Arrête que la maison du citoyen Du Chatelet Esnoul, rue Notre-Dame, sera mise à la disposition de l’état-major. » (Reg. Corr. munic.).

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COMMISSAIRE DES GUERRES.

Le Commissaire des guerres, le citoyen Michel, habitait et avait ses bureaux dans le petit hôtel Montfort, impasse de l'ancienne préfecture. Cet hôtel, propriété du chapitre avant la Révolution, avait été acheté par le citoyen Michel, en janvier 1791, pour la somme de 11.800 fr. (Reg. 22. — Vente de biens nationaux).

Résumons-nous :
Habitation du général Hoche : hôtel Dondel, rue Saint-Vincent.
Habitation des représentants du peuple : hôtel Montfort, au fond de l'impasse de l'ancienne préfecture.
Habitation de l'état-major : d'abord hôtel Saint-Georges, rue des Orfèvres, et en dernier lieu, hôtel Montfort.
Habitation du Commissaire des guerres : petit hôtel Montfort, impasse de l'ancienne préfecture.

(M. de Closmadeuc).

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