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VANNES — L'Union personnelle - L'Union définitive de la Bretagne à la France.

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Voici arrivé le moment prédit par le Père Morin où l'on verra le roi de France et le duc de Bretagne chevaucher en mesure selle et sur mesme cheval. La nouvelle duchesse, née à Nantes, le 26 janvier 1477, n'était pas en âge de gouverner : son conseil de tutelle composé du maréchal de Rieux, du sire d'Albret, de Dunois, de Comminges,  et du chancelier de Montauban, lui chercha un appui et, chose à remarquer, plusieurs de ses membres n'étaient pas absolument désintéressés.

Anne avait déjà, à quatre ans, été promise au fils du roi d'Angleterre, Edouard IV ; quatre autres concurrents se disputèrent sa main avant même qu'elle ne fût nubile ; le sire d'Albret, vieux et père de douze enfants, se prévalait d'une vague promesse de François II ; Maximilien d'Autriche, roi des Romains, posait sa candidature en vertu d'un accord antérieur ; le vicomte de Rohan qui commandait les troupes françaises en Bretagne, réclamait en faveur de son fils les droits qu'il s'attribuait à la couronne de Bretagne ; Louis, duc d'Orléans, le vaincu de Saint Aubin du Cormier, déjà marié malgré lui à une fille de Louis XI, songeait à faire annuler son mariage forcé pour épouser la duchesse.

Devant tous ces soupirants plus menaçants les uns que les autres, Anne, bousculée de tous côtés, par les prétendants, les étrangers et les factieux, finit, bien qu'elle fut engagée à ne pas se marier sans le consentement du roi de France, puis du roi d'Angleterre, par offrir sa main au roi des Romains qui l'épousa par procuration en date du 20 mars 1489. Le roi de France, Charles VIII qui, de son côté, devait épouser la fille de Maximilien, intervint alors et, quand on s'y attendait le moins, au moment où Anne avait en main un sauf-conduit pour traverser la France et aller retrouver son mari, la princesse allemande est renvoyée à son père et la duchesse se rend à Langeais où son mariage avec le roi de France est célébré, le 6 décembre 1491. La description de la robe de mariage de la duchesse nous a été conservée : elle était en drap d'or au trait enlevé et doublée de 160 peaux de zibeline ; sa valeur, sans compter la façon, était évaluée à plus de 125.000 francs vers 1925.

Le contrat de mariage stipulait une donation réciproque, en faveur du dernier survivant, des droits réels ou supposés des deux époux sur la Bretagne ; si le roi mourait sans enfant, sa veuve devrait épouser le plus proche héritier du trône.

Anne fut couronnée à Saint Denis, le 8 février 1498 ; quelque temps après, le roi reconnut aux Bretons le droit de ne payer que les impôts consentis par leurs Etats, d'appliquer exclusivement ces impôts à l'entretien et à la défense de leur pays, l'indépendance juridique du Parlement de Bretagne et le privilège de n'être jugés que dans leur pays ; cependant, les chancelleries de Bretagne et de France furent réunies sur la même tête, en 1493, et le Parlement de 1485 fut remplacé par les Grands Jours, siégeant, comme lui, au Château-Gaillard.

Charles VIII et Anne eurent trois fils et une fille qui ne vécurent guère et dont le tombeau un des chefs d'oeuvre de Michel Colomb, s'admire encore à la cathédrale de Tours ; Charles mourut lui-même subitement, à Amboise, le 8 avril 1498. Anne fut la première reine de France qui ait porté le deuil en noir.

La Bretagne reprenait son indépendance : le nouveau roi, Louis XII, était marié et son héritier présomptif, François d'Angoulême n'avait que quatre ans : la dernière clause du contrat était donc nulle ; le roi se rendit libre par l'annulation de son premier mariage avec Jeanne de Valois qui y souscrivit ; cette union fut déclarée, le 17 décembre 1498, nulle, de nul effet et n'ayant jamais existé.

Anne épousa donc Louis XII, le 8 janvier 1499, à la chapelle du château de Nantes. La Bretagne, à sa mort, devait passer non au Dauphin, mais au fils cadet ou à la fille à naître ; si la reine n'avait qu'un fils, le second enfant de ce dernier hériterait du duché. Or Louis XII n'eut que deux fils qui ne vécurent pas et deux filles, Claude et Renée, dont la première fut mariée, le 21 mai 1505, à François d'Angoulême, le plus proche parent du roi.

En avril 1505, le roi tombe dangereusement malade : la reine Anne, pour accomplir un voeu qu'elle a fait pour sa guérison, monte sur sa jument, Châtillonne, et se rend au Folgoët, en passant par Vannes où la fabrique de la cathédrale distribue généreusement 6 sols et 8 deniers aux sonneurs de cloches et aux musiciens qui ont salué son arrivée. Elle était au Folgoët, le 19 août 1505.

Anne mourut à Blois, le 2 janvier 1514 ; son coeur fut porté à Nantes et, en attendant l'achèvement du Tombeau des Carmes, fut déposé aux Chartreux sur la tombe d'Arthur III ; ce coeur disparut perdant la Révolution, le reliquaire qui le contenait a seul survécu.

C'est à cette époque que fut construit à Vannes, avec l'argent dû à Françoise d'Amboise, le couvent des Carmélites de Nazareth transformé, de nos jours, en prison, manutention militaire et asile des Petites Soeurs des Pauvres.

Louis XII, après avoir tellement regretté sa Bretonne, comme il se plaisait à l'appeler, que huict jours durant il ne fist que larmoyer, se remaria, dès le 7 août 1514, avec Marie d'Angleterre, une jeune fille de seize ans, alors qu'il en avait bien cinquante-deux : la nouvelle reine le força si bien à courir les fêtes et les réjouissances qu'il en mourut le le 1er janvier 1515.

Le nouveau roi, François Ier, s'occupa beaucoup de la Bretagne dès le début de son règne : il ordonna, le 25 juillet 1515, que le Parlement éloigné de Vannes par son prédécesseur, à la suite d'une épidémie, serait à jamais réinstallé dans cette ville, centre du duché et résiderait au Château-Gaillard, maison du Parlement ; le 3 août 1552, un siège présidial fut installé à Vannes, dans la Cohue, là où se trouve actuellement une miteuse salle de théâtre, et deux ans plus tard, le Parlement cessa de fonctionner dans cette ville pour tenir ses séances par semestre à Nantes et à Rennes. On continuait à travailler à la reconstruction de la Cathédrale : le cloître était achevé ; en 1533, la chapelle Notre-Dame, au chevet du choeur, — celle qui porte de nos jours le nom de Saint-Vincent, — était élevée ; la chapelle du Saint-Sacrement souvenir de l'Italie où étaient nés les évêques commandataires de la famille Cibo, et du long séjour qu'avait fait dans ce pays l'archidiacre Jean Danielo, mêle, depuis 1537, les lignes de la renaissance italienne à celles du flamboyant à son déclin.

François Ier vint visiter le duché, en septembre 1518, résida trois jours à Vannes, après quoi il alla faire son entrée à Rennes, le 9 octobre ; il sut se faire faire par sa femme, Claude, donation du duché dans le cas où elle mourrait sans enfant : cette donation devint caduque, car, lorsque la reine, le 20 juillet 1524, finit ses jours à Blois, elle était entourée de sept rejetons.

Si le jeune Dauphin, François, vivait et avait à son tour des héritiers, la Bretagne, en vertu du contrat de la reine Anne, reviendrait de droit à son deuxième fils et reprendrait son indépendance : pour éviter ce démembrement, le roi se créa des intelligences en Bretagne et, le 14 mai 1532, il vint s'installer à Châteaubriant pour être plus à portée de suivre les négociations entamées. Quand la question lui parut au point, il convoqua les Etats à Vannes et, se rapprochant encore davantage, il alla se loger, le 2 août, au château de Sucinio dont il avait fait cadeau Françoise de Foix, daine de Châteaubriant, en reconnaissance de services tout personnels.

Ce même 2 août, devant les Etats assemblés dans la grande salle du logis de la Motte, le sire de Montjean, représentant le roi, fit une allusion très claire à la réunion possible de la Bretagne à la France : les membres des Etats qui n'étaient ni gagnés par l'argent français ni au courant des négociations engagées avec le roi, protestèrent énergiquement et le manque de sang-froid et l'emportement du sire de Montjean furieux de cette opposition à laquelle il ne s'attendait pas, faillirent tout gâter. Le président Louis des Déserts, tout acquis à la cause française, montra les avantages d'une union en présence des puissants voisins qui menaçaient la Bretagne isolée et livrée à ses seules forces, il vanta les charmes d'une paix sans fin et termina en proposant aux Etats, non de se soumettre aux volontés du roi, mais de lui faire le don libre de leur pays, ce qui serait évidemment plus digne ; le tumulte redoubla, mais la majorité, habilement circonvenue, finit par se rallier à l'avis du président et, le 4 août 1532, la réunion fut votée ; deux jours après, non dans la salle du Présidial qui n'existait pas encore, mais à la Motte, la requête des Etats demandant la réunion perpétuelle du duché à la France fut présentée au roi. Celui-ci ne se fit pas prier pour accepter et rendit aussitôt dans ce sens, une ordonnance qui fut enregistrée au Conseil de Bretagne, le 8 décembre ; en même temps, il confirmait tous les privilèges de la nouvelle province et faisait couronner à Rennes, le 14 août, comme duc de Bretagne, sous le nom de François III, le Dauphin qui, du reste, mourut le 10 août 1536 ; son frère Henri lui succéda et, après lui, l'époux de Marie Stuart fut, sous le nom de François IV, le dernier duc de Bretagne.

(E. Fonssagrives).

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