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LA TAPISSERIE DE SAINT VINCENT FERRIER.

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La célèbre tapisserie, offerte en 1615 par l'évêque Jacques Martin de Bellassise à l'église de Vannes, vient d'être réinstallée en 2018 [Note : Elle avait été retirée il y a plus de 20 ans] en arrière du tombeau de Saint Vincent Ferrier restauré et installé dans le transept nord de la cathédrale de Vannes à l'occasion du 600ème anniversaire de sa mort. Cette tapisserie représente quelques uns des miracles de saint Vincent, et la scène de sa canonisation en 1455.

Tapisserie de Saint Vincent Ferrier à Vannes (Bretagne).

On sait qu'au moyen-âge c'était un usage général de décorer les églises de tissus précieux et de tapisseries. Les anciens inventaires de nos cathédrales sont des témoins irrécusables, fort utiles à consulter à ce sujet.

L'église de Vannes n'a jamais été très riche en tentures. Un inventaire, dressé le 29 août 1488 et rédigé en latin, mentionne: « trois tentures, dont une de brocard, d'or, pour mettre sur le tombeau de Madame Jeanne duchesse de Bretagne, et les deux autres de couleur rouge et bleue mélangée ; plus deux tentures de soie, pour orner le chœur, en face de l'Évêque, elles sont assez vieilles et leur couleur ne se peut indiquer ; en outre dix-sept tentures, dont huit rouges et neuf vertes, données par Jean (de Saint-Léon), évêque de Vannes, de bonne mémoire, et qui aux jours de fêtes sont placées des deux côtés de l'église ; de plus deux courtines en serge rouge, pour mettre autour du Crucifix aux jours de fêtes ; et enfin une tenture peinte, pour mettre au devant du Crucifix, au temps du Carême et de la Passion, et où se trouve l'image de saint Grégoire, pape » (Archives départementales, G).

Un autre inventaire, du 13 juin 1555, cite : « ung poële de drap d'or, que l'on met contre le grand aultier ; deux parementz de velloux cramoysy à feillage et franges, que l'on met aux aultiers St Vincent ; deux aultres draps à feillages, que l'on mept sur les tombes des duchesses (Jeanne de France et Isabeau d'Écosse), et enfin ung pacquet de telles quelles faillies courtines et linges, pour tendre durant le karesme ».

Ainsi, d'après ce texte, il n'y avait que des tentures à feuillages, et pas une tapisserie offrant des tableaux à personnages.

Cette lacune fut enfin comblée par Mgr Jacques Martin de Belleassise, évêque de Vannes, de 1600 à 1622. Ce prélat, après avoir donné au chapitre des livres de chœur et un aigle en bronze, voulut enrichir sa cathédrale d'une tapisserie, propre à ranimer le culte de saint Vincent Ferrier, en faisant connaître davantage sa vie et ses miracles. Il fit donc broder, en 1615, à Aubusson peut-être, deux grandes tapisseries, longues de 14 mètres chacune, larges de 1m, 90, et renfermant chacune sept tableaux : ce qui fait un total de 14 tableaux sur une longueur de 28 mètres. Outre ce tissu, le même Évêque donna encore une autre grande tapisserie, dont le sujet ne nous est pas connu.

Il paraît que ces tapisseries furent assez malmenées au commencement, car dès 1626 il fallut leur faire des réparations. Nous lisons en effet dans les comptes de M. Audic, chanoine et procureur de la fabrique, ce passage significatif : « Paié à Jan Biouet, tapissier, pour avoir raccommodé et rehaussé de couleurs la grande et haute tapisserie du chœur, donnée à l'église par feu de bonne mémoire Monsieur de Martin, évesque de Vennes ; et mesme pour avoir raccommodé la tapisserie des hautes chaires, donnée par le mesme, où est représentée l'histoire de St Vincent Ferrier ... suivant le marché du 11 décembre 1626… ».

L'inventaire du 30 juin 1646 mentionne ces tapisseries comme il suit : « six pièces de tapisserye, qui se mettent à l'entour du grand autel, au dedans du cœur, donnée par feu Mr de Bellassise, vivant Evesque de Vennes... Item la tapisserye, où sont les miracles de St Vincent, qui se met au dedans du cœur, ou sous les chaires, donnée par feu Mr de Bellassise ».

Enfin l'inventaire, dressé en 1790, cite : « deux pièces de tapisserie, représentant l'histoire de saint Vincent Ferrier ». Ces tissus n'ont été ni détruits ni égarés pendant la Révolution ; ils ont été exposés à la cathédrale, dans la chapelle de Saint-Vincent-Ferrier, à ses jours de fête, jusque vers 1860, où leur état délabré les a fait mettre de côté. Depuis, ils ont figuré au Musée archéologique, dans la Tour du Connétable, mais l'humidité les en a fait retirer en 1880.

Maintenant que nous connaissons l'histoire de la tapisserie de saint Vincent Ferrier, voyons-en la description.

Tapisserie de Saint Vincent Ferrier à Vannes (Bretagne).

La première partie, malheureusement la plus endommagée, coupée aujourd'hui en trois morceaux, comprend sept tableaux, dont six sont tirés de la vie du Saint.

Le premier tableau porte l'inscription suivante :
HONORÉ 3e APPROVVANT L'ORDRE DES IAGOBINS LEVR
DONNE SA. BÉNÉDICTION, L'AN DE GRACE 1216.

On y voit le pape debout sur son trône, revêtu de la chape, couronné de la tiare, tenant à la main gauche une croix à trois branches et bénissant de la main droite ; autour de lui sont des cardinaux et des évêques, et à ses pieds trois Frères Prêcheurs ou Dominicains agenouillés. Cette approbation eut lieu cinq ans avant la mort de saint Dominique.

Le second tableau porte la légende qui suit :
SAINT VINCENT, MANDÉ PAR LE DVC IEHAN Ve POVR LA.
SAINCTETÉ DE SA VIE, LE VIENT TROVVER EN BRETAGNE.

On y voit le duc de Bretagne assis sur son trône, entouré de gentils-hommes et de soldats, en costume de la fin du XVIème siècle ; un messager lui présente ou reçoit une lettre, et dans le lointain, à gauche, on aperçoit saint Vincent qui s'approche. L'illustre missionnaire arriva à Nantes le 8 février 1417, ou 1418 si l'on commence l'année au 1er janvier.

Le 3ème tableau a pour inscription :
LE SAINT VENANT A VENNES EN 1417, L'EVESQUE AVEC
SON CLERGÉ VA AV DEVANT DE LVY EN PROCESSION GÉNÉRALE.

La procession dont la tête arrive à une porte de la ville, offre, au premier plans des chanoines revêtus de chapes, puis l'évêque de Vannes, Amaury de la Motte, en chape, crosse et mitre, ensuite saint Vincent Ferrier en robe blanche et cape noire, et enfin le Duc suivi de sa cour et du peuple. Cette réception eut lieu le samedi avant le IVème dimanche de Carême 1417, c'est-à-dire, suivant notre méthode actuelle de compter, le 5 mars 1418.

Le 4ème tableau a pour légende :
PRESCHANT, DEVX HOMMES MVRMVRENT, SONT
PVNIS ET SOVBDAIN GVÉRIS A LA PRIÈRE DV SAINT.

On voit à droite saint Vincent debout dans une chaire, et près de lui un Dominicain ; devant lui se trouve se mombreux auditoire, composé d'hommes et de femmes, dont quelques-unes sont assises ; à l'extrémité gauche se remarquent deux hommes qui gesticulent et murmurent contre le saint. Il serait difficile d'assigner la date précise de ce fait ; elle est toutefois antérieure à l'arrivée de saint Vincent dans notre pays.

Le 5ème tableau offre ce reste d'inscription :
LE ROY D'ARAGON ENTRANT EN SA CHAMBRE ET LE VOIANT ENVIRONNÉ
D'VNE GRANDE LVMIÉRE R...

A gauche, au second plan, on voit saint Vincent agenouillé devant son crucifix et environné de lumière ; en avant au premier plan, un personnage, en costume de la fin du XVIème siècle, s'incline devant le roi d'Aragon qui s'arrête. Ce fait, qui eut lieu en Espagne, est encore antérieur au voyage du Saint en Bretagne. La légende de ce panneau a beaucoup souffert de l'humidité.

Le 6ème tableau porte l'inscription suivante :
VNE PARALITIQVE TOVCHÉE PAR LE SAINT EST GVÉRIE
MIRACVLEVSEMENT, LVI DISANT : ITE IN NOMINE IESV.

On voit à gauche, à l'arrière plan, deux hommes conduisant une femme paralysée ; en avant la femme est rendue devant saint Vincent avec ses conducteurs, et le thaumaturge la touche en lui adressant ces paroles écrites au dessus de sa tête : Ite in nomine Iesu derrière le Saint et à côté on aperçoit un dominicain et plusieurs gentilshommes. Il serait difficile d'assigner la date de ce fait, qui s'est reproduit plusieurs fois dans la vie du Bienheureux.

Le 7ème tableau a pour légende :
IL REND L'AME A VENNES, 1419, AGÉ DE 70 ANS, ET ENTERRÉ
EN L'ÉGLISE CATHÉDRALE PRÉS LE GRAND AVTEL.

Saint Vincent revenu à Vannes, pour la seconde fois, et logé chez un nommé Dreulin, y mourut le mercredi avant les Rameaux, l'an 1418 : ce qui correspond pour nous au 5 avril 1419. On voit le Saint couché sur son lit, et entouré de plusieurs Frères de son ordre, les uns à genoux, les autres debout ; au second plan les religieux portent le corps du Saint à l'église cathédrale, dont on aperçoit l'autel : ce dernier détail n'est pas absolument historique, car ce fut malgré les compagnons de Vincent que son corps fut porté à Sainte-Pierre, et il y fut porté par des prêtres séculiers.

Tel est l'ensemble des tableaux formant la première partie de la tapisserie de saint Vincent Ferrier.

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Tapisserie de Saint Vincent Ferrier à Vannes (Bretagne).

La seconde partie offre également sept tableaux, de même forme et de même grandeur que les premiers, et se rapporte aux miracles opérés après la mort du Saint.

Le premier tableau de cette série a pour légende :
VN FRÉNÉTIQVE AMENÉ A LA TVMBE
DV SAINCT FEVT SOVLAIN GVÉRY.

On y voit un possédé amené par deux hommes au tombeau de saint Vincent, et une femme à genoux qui imploré la protection du Saint ; Le tombeau, qui est une œuvre de fantaisie, porte l'image couchée du Bienheureux ; en arrière, à gauche, où voit l'autel majeur avec le Saint-Sacrement et des cierges. Ce tableau rappelle la guérison miraculeuse de Perrin Hervé ou Grasset, qui, en 1425, devint subitement fou furieux, et fut voué par sa femme et ses voisins à saint Vincent Ferrier.

Le deuxième tableau a pour inscription :
VN ENFANT TOMBÉ D'VN ARBRE ET TENV POVR
MORT EST REMIS EN SANTÉ VOVÉ AV SAINCT.

Un enfant, tombé d'un arbre, est couché par terre sans aucun mouvement ; à gauche sont quatre moines à robe blanche et manteau noir, dont l'un se tient à genoux pour vouer l'enfant au saint thaumaturge ; à droite et au milieu sont plusieurs personnages témoins de l'accident. Il s'agit ici du jeune Jean Goéhahan, neveu de Yves du Manheis, abbé de Lanvaux, qui tomba d'un noyer l'an 1452.

Le troisième tableau est intitulé comme il suit :
VN AVLTRE AFFLIGÉ DV HAVT MAL EST
GVÉRY PVBLICQVEMENT VOVÉ AV SAINCT.

On y voit un malheureux épileptique, tenu par deux hommes, auprès du tombeau de saint Vincent, en présence de plu sieurs personnes ; le tombeau a toujours la forme d'un sarcophage avec la figure couchée du Bienheureux ; en arrière se trouve l'autel de l'église avec le Saint-Sacrement et des chandeliers. Cette peinture se rapporte à la guérison instantanée de Jean Maydo, de Vannes, qui, en 1420, fut, après plusieurs attaques d'épilepsie, voué à saint Vincent Ferrier.

Le quatrième tableau a pour légende :
VN ENFANT FRAPÉ DE LA PESTE, RECOMMANDÉ
PAR SES PARENS AV SAINCT, EST GVÉRY.

La scène présente un enfant couché sur le sol, et une femme à genoux, qui le voue à saint Vincent ; à droite on voit un seigneur et une dame en costume de la fin du XVIème siècle, et à gauche, au fond, les murs et une porte de la ville de Vannes. Il serait difficile de donner des noms propres à ces personnages, car les guérisons de la peste, dues à l'intercession du Saint, furent nombreuses, surtout en 1452 et 1453.

Le cinquième tableau a pour inscription :
VN AVLTRE TOMBÉ DANS VNE RIVIÈRE, AGÉ DE CINCQ
ANS, EST RENDV A TERRE PAR LES PRIÈRES DV SAINCT.

Au fond du tableau, au milieu du paysage, on voit plusieurs hommes à larges braies et une femme à genoux sur le bord d'une rivière ; plus en avant, et à droite, la même femme tendant les bras pour retirer un enfant de l'eau ; enfin à gauche, une femme et probablement la même, s'en retournant avec l'enfant. Toutes ces circonstances, sauf l'âge de l'enfant, s'appliquent parfaitement à Jean Guého, de Josselin, retiré de la rivière en 1452.

Le sixième tableau porte l'inscription suivante :
LE SAINT, APRÈS GRAND NOMBRE DE MIRACLES EST CANONISÉ PAR
CALIXTE 3e, 1455, DV VIVANT DE PIERRE 2, DVC DE BRETAIGNE.

Le Souverain Pontife est sur son trône, entouré d'Évêques et de Prélats ; devant lui, sur les marches sont agenouillés un diacre, deux ecclésiastiques en chape et un moine, qui semblent lui demander la canonisation de Vincent Ferrier. Cet acte eut lieu le 29 juin 1455, à Rome, dans l'église de Saint-Pierre du Vatican, et le Saint-Père en fit part au duc de Bretagne Pierre II, par une bulle du 14 juillet suivant. Calixte III avait jadis connu le bienheureux Vincent, et celui-ci avait annoncé longtemps auparavant qu'il serait un jour pape et qu'il le canoniserait.

Le 7ème et dernier tableau a pour titre :
CESTE TAPISSe DONNÉE PAR RÉVÉREND PERE EN DIEV MESSIRE IACQVES DE
MARTIN EVESQVE DE VENNES, CONSEILr AV CONSEIL D'ESTAT, L'AN 1615.

On y voit l'Évêque de Vannes, agenouillé sur son prie-Dieu, revêtu du rochet et de la mozette ; devant lui se trouve un autel où se remarque saint Vincent Ferrier entre les apôtres saint Pierre et saint Paul ; la tête de l'Évêque, au lieu d'être brodée en laine, comme les autres personnages de la tapisserie, est brodée en soie, et pourrait être le portrait du prélat. Sur le prie-Dieu on distingue l'écusson de l'Évêque : d'or au château maçonné de sable, et pour accessoires une mitre et une crosse.

En terminant cette sommaire et aride nomenclature des tableaux de la tapisserie de saint Vincent Ferrier, j'ose exprimer le désir de les voir reproduits par le dessin, non en partie, mais en totalité ; on y trouvera des détails curieux, qui n'ont pu prendre place dans la présente notice ; et l'on conservera, pour l'art et pour l'histoire, le souvenir d'une œuvre remarquable à plusieurs titres.

(Jh-M. LE MENÉ).

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