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LE SIECLE DE LOUIS XIV A VANNES

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Guerre de Louis XIV contre les Hollandais (1672-1678) et les mesures défensives prises à Vannes. Aliénation des remparts, tours et fossés de la ville de Vannes en 1676-1677-1678, etc. A quoi servit l'île de Conleau.

Le règne du grand Roy Louis XIV, période de gloire pour la France, a laissé dans les annales municipales de Vannes la trace des efforts, des sacrifices en hommes et en argent qu'exigeait du pays la nécessité d'entretenir en état de guerre permanent toutes les forces vives du peuple français. — Pour distraire la population des souvenirs douloureux, des vides sans nombre creusés par le sort des batailles autour du foyer domestique, après chaque succès ordre arrivait aux communautés de ville de faire célébrer des réjouissances publiques qui consistaient invariablement en un Te Deum, des feux de joie sur les places, des salves de canon, etc. Les enfants prenaient plaisir à savourer le parfum de cette fumée guerrière ; mais les pères et les mères, en rentrant au logis, pleuraient les absents et songeaient aux labeurs, aux corvées du lendemain.

Guerre de Louis XIV contre les Hollandais (1672-1678).

Mesures défensives en Bretagne.

En 1672, la guerre fut déclarée aux Hollandais, qui s'étaient précédemment joints aux ennemis de la France, et la campagne fut ouverte avec succès par le Roi en personne, suivi de Turenne et de Condé. C'est au début de cette campagne qu'eut lieu le célèbre passage du Rhin.

« En vain pour te louer ma muse toujours prête
 Vingt fois de la Hollande a tenté la conquête »
disait Boileau.

L'Espagne, l'Empereur et l'Électeur de Brandebourg, que la puissance du monarque français épouvantait, se liguèrent contre lui. Le Roi s'empara de nouveau de la Franche-Comté : Turenne entra dans le Palatinat du Rhin qu'il mit à feu et à sang ; Schomberg battit les Espagnols dans le Roussillon ; Condé défit le prince d'Orange à Senef, près de Charleroi (Belgique) ; Duquesne gagna deux batailles navales contre Ruyter, qui frit blessé mortellement dans la dernière, à Catane (1675). Louis XIV offrit ensuite la paix et signa le traité de Nimègue (1678). — Ce rapide exposé fait voir que, si la France envahissait vers le Nord, elle était envahie vers le Sud. Elle pouvait l'être également par son littoral occidental. N'avait-elle pas, en effet, à se garantir de ce côté contre la redoutable marine hollandaise, dont l'amiral, le célèbre Ruyter, avait le premier peut-être franchi l'embouchure de la Tamise et fait trembler la capitale de l'Angleterre.

Aussi, dès l'année 1674, le siège de Belle-Ile démasquait les projets de l'ennemi sur ce point. De là naissait la nécessité de se mettre en état de résister à une descente sur nos parages. A quelles mesures fallut-il recourir dans cette conjoncture ? On les trouve détaillées dans nos archives municipales. Si elles peuvent vous intéresser quelques instants, je me ferai un plaisir de vous les faire connaître. J'en ai pris copie à votre intention.... Vous verrez que la mobilisation militaire n'est pas chose nouvelle : elle était en pleine vigueur sous le règne du grand Roy.

Mesures défensives sur les côtes de Bretagne.

Du mardi 26 juin 1674, en la salle de la maison commune de cette ville, après les sons et bats de la cloche à la manière accoutumée, où M. le Président présidait et où étaient MM.....

La commission ayant délibéré sur l'avis du siège qui est devant Beslisle par les ennemis Hollandais et dans les côtes circonvoisines de la rivière de Vennes, désirant y pourvoir :

A arrêté que les quatre compagnies de la ville se mettront incessamment sous les armes pour faire la garde en cette ville, à savoir : deux compagnies pour les portes Saint-Vincent et Saint-Salomon, qui y resteront 24 heures, jour et nuit, et seront relevées par les deux autres compagnies de la ville, — lesdites compagnies marchant selon leur ancienneté ; — que les portes Saint-Patern et du Marché seront fermées (du Marché ou Sainte-Croix — rue Notre-Dame — de l'ancienne préfecture).

Que les compagnies des faubourgs se mettront aussi incessamment sous les armes pour faire la garde à l'entrée du port dudit Vennes et autres lieux qui leur seront commandés, à savoir : deux compagnies pour chaque jour et nuit, qui y seront relevées par les autres compagnies suivant leur ancienneté, et le syndic est chargé de faire des corps de garde aux lieux où se poseront des sentinelles sur ladite rivière et en sera posé une et un canon pour signal en vertugadin du port et une autre sentinelle à la chapelle de Saint-Jullien.

La communauté a aussi arrêté que les murailles et fossés de cette ville et faubourgs seront vus et visités par les Archidiacre et trésorier de la cathédrale de cette ville, Du parum, Chedanne, ancien syndic, Leclerc, Choumy et Minière (ancien syndic), marchands, pour par eux être fait tout ce qu'ils jugeront à propos pour la conservation de cette ville, tant pour les murailles que port et fossés, avec injonction à tous artisans et manouvriers de faire le travail qui leur sera ordonné et leur permet de prendre les matériaux et futs ou il s'en trouvera, parce que la dépense passera au compte dudit sieur syndic.

La communauté a aussi arrêté que le syndic fera incessamment venir le nombre de deux cents armes, mousquets et fusils, et pareil nombre d'épées et bandollières et de la mêche. Et à cette fin, pour se transporter pour ledit achapt, la communauté a nommé le sieur Gerrard, marchand, et ce qui sera employé sera passé au compte de la commune.

La communauté a aussi arrêté qu'il sera mis dans la rivière deux chaloupes qui seront commandées par deux habitants de cette ville, pour aller et revenir incessamment, jusqu'à l'entrée du Morbian, pour découvrir et donner les avis nécessaires à l'alternative, et a nommé les sieurs de la Grignone-Freneau et Gauvain pour cet effet, et qu'il ne sortira aucune autre chaloupe ni barque sans ordre exprès. De plus, la communauté a arrêté que les communes voisines seront assemblées et mises sous les armes pour se rendre aux côtes de cette rivière où ils seront commandés, et a prié M. le comte de Tronchâteau de vouloir bien prendre la charge de les commander et les poser en garde aux endroits où il jugera à propos, à commencer par les côtes les plus voisines de cette ville, de proche en proche, et a nommé pour aide audit sieur de Tronchâteau les sieurs Rival, Lymoal de la Chinetaye, de la Coudraye, Ragot et Le Clerc, marchand, — et pour le secours, demandé par le marquis de Combourg, gouverneur de Rhuis, est arrêté que les côtes ayant été suffisamment garnies, le surplus de la milice de dehors sera envoyé audit seigneur marquis en l’île de Rhuis pour obéir à ses ordres, et d'autant que le sieur syndic est obligé de faire de grandes avances pour l'exécution des précédentes ordonnances, la communauté a sursis le payement de toutes les charges d'icelles, et d'autant qu'il a déclaré qu'il n'a pas de fonds suffisant pour fournir à tout ce que dessus, lui a ordonné de faire tels emprunts et avances qu'il jugera nécessaires, desquelles sommes il sera remboursé et même désintéressé d'icelles par préférence à toute autre charge. Enjoint à tous habitants de tenir leurs armes prêtes, se pourvoir de munitions, de sortir et se rendre, chacun à la maison de leur capitaine, au premier son de la cloche, tambour ou coup de canon. Lesquels canons seront visités par les commissaires ci-devant nommés pour être posés es-endroits nécessaires, avec défense à tous habitants de la ville et faubourgs de désemparer et sortir sans congé à peine d'être punis comme déserteurs, et les absents seront avertis de se rendre incessamment.

Arrêté à la maison commune de cette ville, ce jour mardi, 26 juin 1674. — Les présentes délibérations sur papier non timbré, attendu la célérité, sauf à le transcrire sur le registre ordinaire et faire signer sur ycelui par les soussignants.

Ainsi signé : De Sérent, président — Dondel, sénéchal, — Abel Pasquier, alloué, — Leny, archidiacre, — Sesbouez, trésorier, — Laurent Nepveu, — E. Foyanneau, — G. Touzé, — François Le Meilleur, sieur de Parum, — J. Gibon, sieur du Griso, — Jean Lubin, — Louis Cousturier, — René Rio, — Le Vaillant, — Chedanne, — Jullien Diquet, — Lelardeur, — H. Jouchet, — Moricet, — Le Thieis, — Guainche, — Drouet, — Leclerc, pr., — René Hardouin, — Le Vacher, sindic, et Rochette, greffier, etc.

Le surlendemain, c'est-à-dire le 28 juin 1674, la communauté ayant délibéré de tenir assemblée, deux fois le jour, au-dessus de la porte Saint-Vincent, à savoir, le matin, à huit heures, et le soir, à quatre heures, a arrêté que les cy-après commencent, et en sera changé, comme elle verra, pour délibérer et décider des affaires pressantes de la guerre présente avec les Hollandais.

Que l'on donnera aux corps de garde chopine de vin à chaque soldat, lequel vin ne sera délivré que par le billet du capitaine et par Leclerc, marchand, sur le refus des fermiers, jusqu'à ce qu'autrement ne soit ordonné, avec défense d'en donner davantage. Lequel vin les fermiers du devoir pourront contremarquer et la nuit seulement. Le grenier pour le blé sera dans la ville, sans qu'on puisse obliger les boulangers d'en prendre autre part. On fera moudre dix tonneaux de seigle et cinq de froment pour mettre dans un grenier séparé.

L'on enverra, dès ce soir, à Saint-Avé et à Plaudren mander les paroissiens pour venir avec pesle, pis et pain.

Samedi, à la foire, on acheptera civières et boutoullers (c'est-à-dire sans doute des souliers botteu-lœr, chaussure de cuir ; botteu-coet, chaussure de bois, sabots).

L'on FERA venir de chaque paroisse 64 hommes armés, dont les armes resteront au corps de garde, lesquels seront relevés de huitaine en huitaine et porteront du pain pour deux ou trois jours.

Les fabriques auront soin de leur faire porter du pain pour les jours suivants et les armes seront inventoriées.

Le canon sera placé par les commissaires établis pour la réparation de la ville.

Toute la milice de la campagne sera postée par M. le comte de Tronchâteau où il avisera les places nécessaires.

Et les retranchements des faubourgs et dehors seront ordonnés par ledit sieur de Tronchâteau et les commissaires.

L'on payera à la solde de la ville 200 hommes en la place des habitants qui sont dans Beslisle.

Cinq sols, les sergents et soldats,

Et quinze, les officiers, par jour, à commencer par les deux détachements des paroisses de Serent et Saint-Jan, qui sont présentement en garde anx côtes….

Le vendredi 29. — Arrêté que Leclerc donnera le vin suivant la délibération du 28, jusqu'à ce qu'autrement n'en soit ordonné par Mgr le duc de Chaulne.

Les sieurs Levaillant et Leclerc sont nommés commissaires pour établir les greniers dans la ville. L'on donnera 3 sols de pain aux maçons et charpentiers qui travailleront pour les réparations de la ville et seront exempts de la garde le jour de leur travail.

L'on paiera les armuriers qui accommoderont les armes suivant le travail qu'ils auront fait et suivant le mémoire qui sera réglé.

Arrêté que l'on enverra un baril de poudre à Rhuis, ayant un billet ou de l'argent du sindic.

L'on publiera une ordonnance avec défense sous peine de punition corporelle de tirer ni dans la ville, ni dans les faubourgs, ni de jour ni de nuit, à toutes personnes de quelques qualités qu'elles soient.

Du même jour, après-midi, 29 juin 1674.

L'on a député Monsieur du Parum, le meilleur conseiller de ce siège, pour aller au-devant de Mgr le duc de Chaulnes, accompagné des sieurs de Lohac, sindic, — Dubodan-Guillo, avocat, — Regnard, ban quier, — Leclerc, marchand, — Lacoudraye, avocat.

Le 1er juillet. — Sur le rapport de M. du Parum, desputé vers Mgr le duc de Chaulnes sur les nécessités présentes, a été arrêté que tout resterait et continuerait en pareil état que devant suivant l'ordre de Mgr le Duc, et le conseil a remercié M. du Parum et sa Cie.

Le 2. — Le conseil ayant délibéré au sujet du vin qui se doit distribuer aux soldats des corps de garde de cette ville et faubourgs qui seront en garde chaque jour, a arrêté que le sieur Leclerc, marchand, qui doit fournir le vin, ne le fera qu'à l'heure de sept heures du soir et au nombre porté par les précédentes délibérations et jusqu'à neuf heures, et qu'il n'en fournira ni vendra à autres heures, ce qui sera notifié tant aux fermiers des devoirs qu'audit Leclerc.

A été aussi arrêté que pour les deux cents hommes que l'on a appelés des paroisses voisines pour remplacer ceux de cette ville qui sont présentement à Belisle, auront pour chaque jour, à savoir : les capitaines et lieutenants, 8 sols à chacun, et les sergents et soldats chacun 3 sols, que le sindic est chargé de leur fournir suivant l'ordre de Mgr le duc de Chaulnes, gouverneur de cette province.

Le statu quo semble se maintenir assez longtemps. Sur une lettre de Mgr le marquis de Lavardin, lieutenant-général au gouvernement de cette province, la communauté arrête que les compagnies de cette ville et faubourgs se mettront sous les armes ce jour (17 juillet) et incessamment pour être fait reveue, et pour aller le saluer en la ville d'Auray, députe les sieurs de Kermen-Bigaré, conseiller, du Bot, Diguet, Dubodan-Guillo, avocat, Lemouel, Leclerc, marchand.

Au milieu de ces préoccupations militaires surgirent des compétitions plus ou moins tumultueuses.

Le 1er janvier 1675, à la séance de ce jour, le président, M. le comte de Lannion, gouverneur de cette ville, ayant su les factions, caballes et assemblées secrètes faites depuis peu de jours par le sieur Seneschal de cette ville : suit l'exposé d’un débat de compétition a la place de sindic.

Il paraît que les cabales avaient pris à Rennes et à Nantes un caractère bien autrement sérieux. On lit, en effet, dans une lettre du duc de Chaulnes à MM. les syndic et communauté de la ville de Vannes :

« Rennes, le 17 Mai 1675.
Messieurs, bien du déplaisir que les soulèvements qui sont arrivés dans Rennes et dans Nantes y fassent marcher un corps de 2000 hommes de pied et 800 chevaux pour en chastier les coupables, et comme Sa Majesté me commande de les employer où ses édits n'auront pas été exécutés, et que je serai bien aise de vous délivrer d'un aussi grand malheur que vous attirerait l'insolence de la canaille, si vous ne vous en rendiez les maîtres, vous me ferez savoir précisément de quoi je puisse répondre au Roi, etc. »
.

La communauté de Vannes proteste de son zèle, de sa fidélité, de son dévouement, etc.

Mais ces factions, ces cabales, ces assemblées secrètes, ces soulèvements, enfin, n'étaient-ils pas les premiers grondements de ce volcan qui allait, au siècle suivant, projeter dans le monde… les Droits de l'homme, — le Pacte d'union, — la Fédération, — la République. C'est le temps où Bossuet disait que les Révolutions des Empires sont réglées par la Providence et servent à humilier les princes.

En continuant l'analyse du règne de Louis XIV, on remarque après la paix de Nimègue en 1678, le bombardement d'Alger, l'an 1684, en châtiment d'une insulte faite au pavillon français. Mais la révocation de l'Édit de Nantes (1685) vient interrompre le cours de tant de prospérités. Cet acte d'intolérance fit sortir de France une foule de familles qui portèrent leur industrie chez l'étranger. Il fallut tenter d'arrêter cette émigration. Quelles mesures employer dans ce but ? Celles que furent exécutées dans le Morbihan et à Vennes donnent une idée de celles qui furent imposées sur toutes les frontières comme sur le littoral de la France. Les premières sont insérées aux registres des délibérations de la communauté de Vannes sous les dates d'avril et mai 1686.

Peu après se forma la ligue d'Augsbourg par laquelle l'Empire, l'Espagne, l'Angleterre, la Hollande se coalisèrent contre la France. Cette nouvelle guerre devait se prolonger jusqu'en 1697. Quand lasses d'hostilités inutiles et ruineuses, les puissances belligérantes conclurent le traité de Ryswyk qui fit rentrer la France dans ses anciennes limites et la reconnut comme maîtresse de Strasbourg et des villes impériales de l'Alsace :

On ne remarque pas souvent au milieu de ces interminables opérations militaires d'où pouvaient provenir les ressources nécessaires à l'entretien, sur le pied de guerre, d'un effectif aussi formidable. On est tenté de rechercher ce qu'on appelle le nerf de la guerre.

Nos archives municipales nous mettent sur la voie. Ab uno disce omnes.

A la séance de la communauté du 9 d'avril 1689, il fut arrêté que Sa Majesté serait suppliée d'avoir la bonté d'agréer une offrande de cent mille livres : Vous nous ferez, Seigneur, En acceptant, beaucoup d'honneur ! Oyez donc, s'il vous plaît. Du samedi, 9e jour d'avril 1689.

La communauté délibérant sur les grandes dépenses que le Roy est obligé de faire pour s'opposer à ses ennemis et à la sûreté de l'Etat, désirant donner des marques de sa fidélité et de son zèle ordinaire pour son service et de contribuer à ces dépenses, a unanimement arrêté que Sa Majesté serait très humblement suppliée d'accepter la somme de cent mille livres contant que ladite communauté a résolu d'emprunter, se réservant de la payer aux créanciers qui en feront le prêt sur les revenus des deniers d'octroy de la ville ; elle supplie Sa Majesté de considérer moins la modicité d'un secours que la disposition des cœurs des habitants de Vannes et leurs bonnes intentions qui n'auront point de bornes, lorsqu'il s'agira de contribuer à sa gloire et aux besoins de l'État, et pour faire ledit emprunt a nommé pour commissaires les sieurs Lechantre et Gallois, chanoines, Kermain-Bigaré, Dauzon-Guimar et du Guernic-Tousé, conseillers, Duplessix, Guillemot et Sourville, gentilshommes, de Lohac Levacher, ancien syndic et marchand, Le Parc et Quintin, avocats, Guillo et Morin, procureurs, et Richardaye, Le Vendeur, ce qu'ils feront aux meilleures conditions et avantages qu'ils pourront pour la communauté.

A la séance du 4 mai, la communauté a arrêté que Sa Majesté sera très humblement suppliée de lui permettre d'emprunter la somme de cent mille livres et d'en payer l'intérêt au denier 16 ; attendu la difficulté d’en trouver au denier 18, conformément à ce qui s'observe aux États pour l'emprunt des deniers. Elle a pareillement arrêté que les quittances de ladite somme seront au nom du sindic de la communauté et que les commissaires pour l'emprunt feront toutes diligences pour emprunter ladite somme et la remettre au trésor royal après l'obtention dudit arrêt.

A la séance du 11. La communauté délibérant sur les charges et dépenses extraordinaires qu'elle est obligée de faire... a unanimement arrêté que Mgr le duc de Chaulnes, gouverneur de cette province, sera très humblement supplié d'obtenir de Sa Majesté le redoublement pendant 7 ans d'un sol pour pot de vin qui se débite en la ville et fauxbourgs de Vannes et six deniers aussi par pot de cidre...
Ce don recevait, par lettre datée du 20 avril, la réponse suivante :

Don de 100.000 liv.

DE PAR LE ROY,
Chers et biens amez, les preuves que vous nous venez de donner de l'ardeur de votre zèle pour le bien de notre service par la délibération que vous avez prise le 9 de ce mois, de nous accorder une somme de 100.000 fr. pour nous aider à soutenir les efforts de nos ennemis nous sont d'autant plus agréables que nous sommes persuadés que tous les habitants de Vennes y ont concouru avec joie et fait paraître leur empressement à prévenir tout ce que nous pouvions désirer de leur fidélité ; c'est aussi ce qui augmente encore l'estime que nous faisons de leur bonne volonté ; vous devez aussi être assurés de la continuation de notre bienveillance.

Ecrit à Versailles, le 20 avril 1689. Signé Louis et plus bas Colbert, et sur le revers, à nos chers et bien amez les Echevins, Bourgeois et habitants de notre ville de Vennes, et scellé des armes du roy à sire rouge.
A Rennes, ce 6 mai 1689.

Messieurs, je vous envoie une nouvelle marque et plus considérable de la satisfaction de Sa Majesté sur le don que vous lui avez fait par sa lettre de cachet ci-joint et suis, MM... Votre très humble serviteur, le duc DE CHAULNES.

Le don est voté. Le don est agréé, mais il faut trouver les livres.

A la séance du 10 juin, N. H. Jan Bunetier, syndic, a remontré qu'un arrêté du Conseil d'Etat permet d'emprunter, — mais, d'autre part, les commissaires nommés ayant déclaré n'en pouvoir trouver, et sur cette difficulté ayant cherché les moyens, et que le bail des deniers d'octroi et patrimoniaux de cette ville finira à la fin de la presente année, la communauté a arrêté qu'il sera procédé au bail des deniers d'octroi à commencer au 1er janvier, à la charge par l'adjudicataire de payer 8 jours après l'adjudication et sans diminution du prix du bail la somme de 20 mille livres ; pour cet effet, MM. les procureurs généraux des finances seront priés d'y procéder incessamment pour ladite somme être employée autant en diminution de ladite somme de cent mille livres... finalement, les prêteurs ne se présentant point.

Le 24 juin 1689. — Les commissaires nommés pour recueillir les souscriptions remontrent que quelques diligences qu'ils ayent pu faire pour l'emprunt de la somme de 100 mille livres que la communauté a supplié Sa Majesté d'accepter, ils n'ont pu trouver aucun denier chez les particuliers auxquels ils se sont adressés, malgré la promesse de payer l'intérêt au denier 16 et qu'ils ont reconnu que la difficulté qu'ils trouvent à faire ledit emprunt, provient de ce que les particuliers savent que les revenus dont la communauté jouit ne peuvent suffire pour payer les charges ordinaires, achever les ouvrages commencés et payer les intérêts de cent mille livres. Ce qui fait qu'ils désespèrent de pouvoir exécuter leur commission à moins qu'il ne plaise à Sa Majesté d'accorder le redoublement des octrois qui se lèvent tant sur l'entrée que sur la sortie des vins et du sol pour pot des vins qui se vendent en détail dans la ville et faubourgs et de six deniers pour pot de cidre qui sera vendu pour 7 ans.

Mgr le duc de Chaulnes est très humblement supplié d'interposer son crédit auprès de Sa Majesté pour obtenir cette autorisation.

A la séance du 30, Jan Bunetier a remontré qu'il a plu à Sa Majesté accorder ledit redoublement, spécifiant que les deniers en provenant ne pourront être employés qu'au remboursement de ladite somme de cent mille livres et intérêts d'icelle.

Voir l'extrait du registre du parlement à Vennes, le 17 août 1689.

Mme de Sévigné nous apprend d'ailleurs que cette source d'impôts était exploitée depuis bien des années. Il faut croire, écrit-elle, qu'il passe sautant de vin dans le corps de nos Bretons que d'eau sous les ponts, puisque c'est là dessus qu'on prend l'infinité d'argent qui se donne à tous Etats (c'est-à-dire à chaque réunion des Etats. (Lettre datée de Vitré, mercredi, 12 août 1671).

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A quoi servit l'île de Conleau, il y a deux siècles.

Mesures prises après la révocation de l'Edit de Nantes.

Le 9ème jour d'avril 1686, Mgrs le comte de Lannion ayant fait assembler la communauté, a fait donner lecture des documents suivants : Saint-Malo, ce 28 mars 1686. Monsieur, je vous ai déjà écrit sur les ordres généraux que le Roy m'avait ordonné de communiquer à tous MM. les gouverneurs de villes maritimes, ports et hâvres de cette province, et outre ses ordres généraux, j'en ai de particuliers à vous faire savoir; de la part de Sa Majesté, C'est, Monsieur, que le Roy sachant que sous prétexte de navigation d'une ville à l'autre ou dans les bourgades voisines, qui se fait ordinairement dans des chaloupes qui n'ont point d'équipage réglé, les religionnaires et nouveaux convertis peuvent contre son intention sortir du royaume, Sa Majesté commande que vous établissiez un corps de garde dans le lieu où l'on s'embarque dans votre ville, qui sera commandé par un officier de votre milice alternativement qui fera arrêter tous les huguenots ou nouveaux convertis qui se trouveront sans permission du roy. — Vous les ferez, S. V. P., constituer prisonniers dans les prisons royales pour être jugés, et afin de rendre les 8 hommes dont vous composerez le corps de garde plus soigneux, le Roy trouve bon qu'ils profitent de tout ce qui se trouvera d'argent monnayé ou d'autres effets sur lesdits huguenots et vous les ferez constituer S. V. P. prisonniers dans les prisons royales pour y être jugés suivant la rigueur des ordonnances de Sa Majesté par les juges des lieux auxquels vous ferez connaître que le Roy ne veut point se relâcher des déclarations qu'il a ordonnées à ce sujet et particulièrement de celle du mois de mai dernier qui commue la peine de mort en celle des galères perpétuelles, etc. Signé LAVARDIN.

En conséquence, la communauté, ayant délibéré, décide qu'il sera établi un corps de garde au bois taillis de Conleau sur le bord de la mer, pour cet effet sera construit appentis de planche avec une cheminée et les autres choses nécessaires pour ledit corps de garde même six paillasses, avec six (bonnes) couvertures, bois et chandelles, et de plus qu'il sera entretenu une chaloupe montée de 6 matelots que le syndic fournira audit lieu de Conleau pour servir de patache, etc. Les dépenses faites par le syndic lui seront passées en compte, etc.

Il paraît que la surveillance prescrite ne put durer longtemps, faute d'allocation spéciale ; car, à la séance du 14ème jour de may 1686, N. H. Chrislophle Ragot, syndic, remontre avoir reçu une lettre datée de Quimperlé le 11 du présent mois et supplie la communauté d'en faire faire lecture et en ordonner l'enregistrement. Voici un extrait de cette lettre.

Henry-Charles, sire de Beaumanoir, Marquis de Lavardin, Conseiller du Roy, lieutenant général au gouvernement de la haute et basse Bretagne.

Ayant ci-devant ordonné que l'on fit à Vannes une garde pour empêcher l'évasion des gens de la Religion P. R. ou nouveaux convertis qui voudraient s'y embarquer pour sortir du Royaume et ayant appris qu'on y avait armé une chaloupe, mais Sa Majesté n'ayant ordonné aucun fond pour semblables dépenses et l'arrêt du conseil de Sa Majesté défendant sans un ordre exprès que cette dépense se prenne sur les deniers d'octroi, nous ordonnons qu'aussitôt le présent ordre reçu, la communauté dudit Vannes s'assemblera par les ordres de M. Hippolyte de Lannion, pour désarmer ladite chaloupe et nommer six commissaires pour régler à très juste prix et avec la dernière économie la dépense qu'il sera nécessaire de payer pendant un mois que ladite chaloupe a été armée, qu'il sera dressé un état au plus juste de la dépense faite pour le corps de garde qui a été construit pour ladite garde au bois taillis de Conleau, qui nous sera incessamment envoyé avec un état de ce qui pourrait s'en retirer si on le démolissait, et ayant égard à la beauté de la saison, il sera seulement fourni une demi livre de chandelle par jour, sans aucun bois et cela jusqu'à nouvel ordre, et voulant soulager le peuple en ce qui dépend de nous, nous ordonnons que ladite garde n'excédera pas le nombre de huit hommes, y compris un officier qui se relèveront de 24 en 24 heures. Signé, etc.

Le 31ème jour dudit mois, la communauté a arrêté que les mêmes commissaires se transporteront au bois taillis de Conleau avec des marchands pour recevoir les offres et enchères, tant des planches, bois, pierres, ferrures que des couvertures qui y sont, visiteront tous les lieux et endroits où l'on pourrait rapprocher ledit corps de garde de la ville, et à combien la dépense d'un autre corps de garde plus petit pour ensuite être envoyé à Mgr Marquis de Lavardin. Les commissaires nommés étaient : MM. DU CLOS-BOSSART, chanoine, MM. LEVAILLANT conseiller, DE KERMAIN-BIGARRÉ, doyen du Présidial, LE VACHER, ancien syndic, DE KERDU, avocat, etc.

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Aliénation des remparts, tours et fossés de la ville de Vannes.
1676-1677-1678, etc.

A la suite de diverses délibérations conformes de la communauté de Vennes furent accordées les autorisations ci-après relevées :

1° La Tour. — Le comte Claude de Lannion, capitaine du ban et arrière ban de la noblesse du dit évesché, permettons au sieur Claude Marquet, marchand de drap de soye, de jouir et disposer de la Tour dite du Connétable, à condition qu'il la fasse couvrir et réparer et qu'il paie à la communauté trois livres de rente par chacun an, et qu'en temps de guerre, il laisse les passages libres tant pour les rondes que pour les autres fonctions militaires, et en cas que ladite communauté et ville dispose d'icelle, elle le pourra lui restituant les frais qu'il aura employés pour la réparation. — Fait à Vennes, le 30 décembre 1676. — Ainsi signé : Claude DE LANNION.

Le même permet à Jan Hisouart, marchand, de bâtir au pignon de la maison du sieur Malinier un logement le long de la contrescarpe du fossé vis-à-vis du bastion du quié (quai?) de 20 pieds francs en carré en dedans ladite contrescarpe et les fossés aux conditions subséquentes qu'au cas de guerre et de trouble, sa maison ne puisse nuire aux fonctions de la garde et ronde et qu'il paiera deux écus valant six libres de rente à la communauté et que le logement qu'il y fera ne sera que de la même hauteur de celui du sieur de Malinier. — Fait à Vannes, le 6 mai 1677. — Signé...

Il est permis à Pierre Brissot de faire bâtir une boutique et une maison (outre celle de l'espronnier) près de la porte Saint-Pater et la porte de la ville. Une avis-à-vis la grande porte de l'hospital, à condition qu'il laissera le chemin et passage dans la même franchise et liberté qu'il a été de tout temps, et qu'il laissera un espace de 6 grands pieds entre la tour de Saint-Patern, la plus proche de son bâtiment et ledit bâtiment et paiera un écu valant trois livres à la communauté pour rente annuelle. — Fait à Vennes, 19 août 1677. — Ainsi signé : C. DE LANNION.

Il est permis à Maistre Jan Le Crequer, tailleur d'habits, de bâtir et construire entre le Pont de Patern et la maison du nommé Chevalier une maison et une boutique le long de la contrescarpe, à condition qu'il paiera 14 livres de rente à la communauté de cette ville. En foi de quoi j'ai signé à Vennes, le 28 d'aoust 1677. — Ainsi signé : Claude DE LANNION.

La Garenne. — Le 15e jour de juillet 1678, à dix heures du matin, en l'assemblée de la communauté de cette ville, après les sons et bats de la cloche en la manière accoutumée, où M. le Comte de Lannion, gouverneur de cette ville, présidait et où étaient Messieurs le Président, Séneschal, lieutenant, du Closbossard, chanoine, de Francheville, Dondel, etc. La communauté délibérant sur ce qui a été proposé par N. H. Henry Daniers, sindic d'icelle pour la construction d'une promenade, sur la Garenne de cette ville, dont il a été représenté un plan et projet à ladite communauté, a prié M. de Lannion de vouloir en écrire à Mgr le duc de Chaulnes.

2° Le même permet au sieur de la Couldraye-Ragot, greffier en chef du présidial de cette ville, de jouir des fossés de cette ville depuis la maison de la Pillé d'Hacallis, advis (c'est-à-dire vis-à-vis) la grande porte de l'hospital de cette ville jusqu'à la portion du château inclusivement entre la contrescarpe et muraille de la ville et dans ledit enclos, y faire construire si bon lui semble, aux conditions suivantes, qu'il paiera dix livres de rente à la communauté, et, qu'au cas de guerre et troubles qui pourraient survenir, il sera hors d'intérêt de rien prétendre vers ladite communauté ni autour pour les accidents qui y pourraient sur naître en aucune manière que ce puisse être et laissera les fonctions dans les temps de la garde et rondes qui y pourraient être postées.

Fait à Vennes, 5 mai 1677. Aussi-fait contresigner à notre secrétaire et apposé le sceau de nos armes, ainsi signé CLAUDE DE LANNON, et plus bas est escrit par commandement de mon dit seigneur. P. Maignan et celle de cire rouge.

3° Le comte de Lannion, gouverneur pour Sa Majesté, de la ville et chasteaux de Vennes, permet au sieur Daniers, syndic de la communauté de cette ville, de se servir de la tour et du bastion près le château à condiction de payer un écu de rente à la ville et de tenir le fossé en bon état.

Fait à Vannes, le 16 février 1678. Signé : C. DE LANNION.

(Guyot-Jomard).

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