Web Internet de Voyage Vacances Rencontre Patrimoine Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Bienvenue !

LA PORTE SAINT-VINCENT DE VANNES

  Retour page d'accueil       Retour Ville de Vannes   

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Les remparts de la ville de Vannes étaient, au siècle dernier, percés d'abord de 3, puis de 4, puis de 6 portes, à savoir : la porte dite de Saint-Patern, puis porte Prison ; de Notre-Dame, rue Notre-Dame, puis rue de la Préfecture ; de Saint-Salomon, démolie en 1790 ; la porte du Nord, ouverte au XVIIème siècle, et la porte Poterne, qui le fut vers la même époque. Une autre porte reste à signaler, c'est celle qui a reçu le nom de Saint-Vincent.

LA PORTE SAINT-VINCENT

(extraits des archives municipales de Vannes)

Bâtie probablement au début du XVIIème siècle, sur un sol peu solide, elle menaçait ruine dés les premières années du XVIIIème siècle. Curieux de trouver la date de sa construction et son élévation dans l'état actuel, j'ai fouillé les archives municipales, et, si vous le voulez bien, je vais vous donner lecture des délibérations que j'ai relevées. Vous y verrez que la rapidité d'exécution des désiderata de la Communauté n'était pas poussée à l'excès sous l'ancien régime. Les voeux émis par la Communauté de ville étaient soumis d'abord au bon plaisir de Mgr l'Intendant, puis aux Etats, puis au parlement, puis au Roi, puis etc. De là des retards qui s'accumulaient sur des retards, d'on il résultait qu'un projet attendait sa solution pendant des périodes de 10, de 20, de 30 et 40 ans, ainsi que vous allez le voir.

La porte Saint-Vincent. — A la séance du lundi 29 mai 1702, la Communauté, assemblée en conseil politique, en l'hôtel et maison commune de la ville de Vennes, après les sons et bats de clochés, à la manière accoutumée, où M. le maire présidait, M. le procureur du roy a remontré à la Communauté ayant fort peu de fonds maintenant et qu'elle puisse employer à faire quantité de réparations refusées dans le procès-verbal qui a été fait des indigences, c'est-à-dire des besoins et on ne fait que les plus urgentes, mais y en a qui paraissent encore de très grande conséquence par les accidents qui en peuvent arriver. Entre autres à la porte Saint-Vincent vu que la voute est entre-ouverte et s'écarte de plus en plus jour par jour, et comme l'ouvrage semble pêcher de ses fondements, ce qui demande à être rétabli à fond, par quelque homme entendu, le dit sieur procureur du roi étant d'avis qu'il serait à propos d'assembler au moins deux, entrepreneurs pour en faire un devis et rapport de parroist contre la réédification solide de cet édifice. 

Sur quoi la Communauté délibérant a arrêté qu'il sera procédé à la visite etc.

A la séance du 28 août 1702, M. le procureur du roy a représenté à la Communauté une ordonnance de Mgr le maréchal d'Estrées, portant permission de faire les réparations de la porte et pilliers du pont Saint-Vincent suivant le procès-verbal de devis qui a été rapporté par MM. les commissaires nommés par la commission, parce qu'il en sera fait bail ; mais avant d'y procéder, il est préalable de savoir en vertu de quoi les nommés Poetevin, dit Tourangeo et femme jouissent d'un logement bâti sur le portal de la porte Saint-Vincent, pourquoi il requiert que la Communauté ait à délibérer.

Sur quoi la Communauté délibérant a arrêté que le Procureur du roy fera sommation aux dits Poetevin et femme de représenter les titres, en vertu des quels ils jouissent du logement, et à défaut d'y satisfaire leur fera donner assignation au présidial de Vennes, et fera même sommation aux héritiers de feu M. de Glavignac de représenter leurs titres en vertu des quels ils jouissent du dessus de la porte Notre-Dame, attendu que les terres et jardinages qui y sont peuvent causer la ruine de la voute déjà beaucoup endommagée.

Le 23 février 1703, M. le procureur du roy représente une ordonnante de Mgr l'Intendant qui maintient la Communauté dans la possession de la Tour du Connestable, en date du 21 novembre 1702, dont il requiert l'enregistrature.

A la séance du 11 octobre 1703. La Communauté, informée de la prompte ruine qui menace le pillier de pierre qui soutient le pont de la porte Saint-Vincent, a arrêté qu'il sera incessamment travaillé à la réparation. 

Le 9 juin 1704 — le procureur du roy — (M. de Kernadidon Tousé), a représenté à la Communauté le procès-verbal de devis des indigences de réparations de la porte et premier pillier de la porte Saint-Vincent, et l'approbation octroyée de faire les dites réparations — suit adjudication à qui pour moins au-dessous de la somme de 200 livres. En l'endroit, M. Jean Mahuet se portant procureur de Louis Petevin dit Tourango, en fond afféagiste et une petite maison construite au-dessus de la dite porte Saint-Vincent, a déclaré opposer la démolition de la maison qui est au-dessus de la dite porte, qu'à la charge de la rétablir, si mieux n'aime l'adjudicataire la soutenir en l'état qu'elle est — Signé au registre, Mahuet. Dequoi a été décerné acte et sauf approbation de la dite opposition contre laquelle le dit sieur procureur a protesté en nullité.

A la séance du 16 juin 1704, après bannies réitérées aux issues des grandes messes, bail au prix de 1905 livres est conclu avec François Vallier, ayant pour caution Le Piniec Louis, couvreur de Saint-Patern. — Mais à titre provisoire, car on n'avait pas brûlé la dernière chandelle.

Le 23 juin 1704, il est procédé à nouvelle adjudication. Finalement le bail est, sous le bon plaisir de Mgr de Nointel, intendant pour le roy en Bretagne, définitivement adjugé au sieur Jan Daniel à la somme de 1,570 livres aux conditions ci-après, que le 27 juin 1702 — des commissaires nommés par la Communauté — le 4 avril précédent, viennent représenter à la séance l'estat dûment certifié des meubles et ustensils de quizine trouvé dans l'hôtel où logeait pendant la tenue des Etats Mgr le maréchal d'Estrées. — La Communauté a arrêté que les dits meubles et ustancilles seront mis dans la tour du Connétable pour servir en cas de besoin.

Les pierres nécessaires seront prises au château dans le lieu le moins endommageant, à jeter du côté de la basse cour, en dedans de la ville, sans endommager en aucune manière le canal de l'Etat des Lices dont il sera tenu d'ôter les pierres etc. et sera payé par tiers etc. Pour retrouver la suite de cette affaire présentée comme urgente, il faut feuilleter les registres comprenant une période de plus d'un quart de siècle — soit de 1703 à 1722-1729.

A la séance du 28 octobre 1729. — Le sieur de Kernadidon-Touzée, avocat de la communauté, a aussi remontré, sur les plaintes du nommé Pot-de-vin (sic) dit Tourangon, qui jouit du dessus de la porte de Saint-Vincent de cette ville, que la couverture du dit logement, ainsi que les murs et terrasses s'écartent de plus en plus, ainsi que la voûte au-dessous — ce qui pourrait causer la chute prompte de la dite voute et porte et causer la mort aux passants, comme étant un des plus grands passages de la ville pour les charrettes à aller sur le pont — pourquoi il requiert que la Communauté ait aussi à nommer des commissaires, pour avec les ouvriers qu'ils prendront, rapporter procès-verbal des indigences et réparations à faire aux dits endroits comme édifices publics, sur quoi la Communauté délibérant, après les voix prises en la manière accoutumée ; a nommé pour commissaires MM. Kernodidon-Touzée, Pihan et Delorme pour, sur leur procès-verbal de visite, qui sera fait en présence de M. le sindic et procureur de la Communauté, arrêter ce qu'il appartiendra. Le 25 mai 1736, par arrêt du conseil d'Etat — il est accordé 2,000 1ivres par an pour l'entretien des portes, ponts et parcs.

A la séance du 28 avril 1738, M. Lestang remontre que la porte Saint-Vincent menace ruine totale du côté de la ville, qui est celle (la porte) où il passe le plus de monde et que les ponts de la même porte demandent une visite sérieuse à cause d'une arche dont plusieurs pierres sont détachées ; que si on n'y apporte un prompt remède, cela pourrait occasionner une dépense sérieuse — que ne se trouvant point en cette ville d'ingénieur pour donner un avis solide sur ce qu'il conviendrait de faire, demander à Mgr l'intendant la permission d'en faire venir un de Lorient. — La Communauté adopte cet avis. — Un devis des réparations sera demandé à l'ingénieur jointement avec le sieur Desplaces — Le Mière ingénieur de cette ville.

Le 4 juillet 1738, M. l'Estang, maire sindic, informe qu'il a mandé comme ingénieur de Lorient, M. Janneon qui est arrivé en cette ville, le 9 du mois dernier.

Après avoir visité, avec le sieur Desplaces, les ouvrages de la porte et pont Saint-Vincent, avec la plus grande exactitude, ils ont estimé qu'il était d'une nécessité indispensable de démolir ladite porte pour la rétablir. Ils ont dressé différents plans, desseins profils, élévation et projets estimatifs, qu'ils présentent pour être examinés et pour approuver celui qui sera cru le mieux.

La Communauté sait qu'il y a au-dessus de la voûte de la porte de Saint-Vincent deux chambres l'une sur l'autre appartenant aux héritiers de feu Podevin ; qui ne peuvent se l'établir que par une dépense au moins de moitié, les quelles par leur poids et par le peu de solidité des fondements de cette porte en ont causé la ruine. C'est ce que lesdits sieurs ingénieurs ont estimé par les visites qu'ils y ont faites. Il conviendrait  de demander à Mgr l'intendant son ordonnance qui permît de nommer des experts, pour priser les matériaux de ces deux chambres, pour en payer le montant aux propriétaires, sur, le prix de l'estimation.

Il se trouve aussi du côté de l'est de la porte, une petite maison de peu de valeur, dont le sieur Gosse se dit propriétaire, mais dont il paie au domaine une rente annuelle de 8 à 9 livres .par année. Il faudrait aussi la faire estimer.

A la séance du 15 janvier 1745, le sieur Dubodan, étant syndic, sur la remontrance faite par M. Launay, procureur de la communauté, d'une copie de procès-verbal rapporté par M. le lieutenant général de police le 14 juillet dernier, et de l'assignation au jour du 21 septembre suivant, touchant l'état de la maison construite sur la voûte de la porte Saint-Vincent, la communauté a chargé le dit Launay de se présenter sur la dite assignation, et de déclarer que la ville n'a aucun intérêt dans la maison dont il s'agit,. ni par conséquent droit de la démolir ; mais qu'elle a un intérêt sensible que cette démolition soit faite pour la conservation de la porte.

A la séance du 4 août 1747, mondit sieur Dubodan a remontré que sur les différentes représentations qui ont été faites à Mgr l'intendant touchant l'état de la porte de Saint-Vincent de cette ville, il a été, en vertu de ses ordres, dressé un procès-verbal et devis par le sieur Duchemin, ingénieur, portant le détail des ouvrages jugés nécessaires pour le rétablissement de la dite porte et de la voûte, en conséquence duquel devis on pourrait faire procéder à une adjudication des dits ouvrages, qu'il serait même dangereux de retarder, attendu que la voûte menace une chute prochaine, dont la ruine a été occasionnée par celle d'un petit bâtiment qui avait été construit sur cette voûte par le nommé Tourangeo, et dont la démolition a été faite aux fins d'ordonnance de MM. les Juges de police pour éviter les accidents fâcheux qui eussent immanquablement résulté de la chute précipitée de ce bâtiment. Mais comme cet édifice devait au domaine du Roy une rente de six livres par an, qui se trouve à la vérité anéantie par le changement de l'état des choses et de laquelle on pourrait cependant prétendre charger dans la suite la Communauté, quoiqu'elle n'ait nullement participé à la démolition du bâtiment en question, il parait nécessaire, avant de rien commencer, de supplier, Mgr l'intendant de mettre la communauté à couvert de toutes recherches vers le domaine et tous autres à cet égard, soit en supprimant la rente, soit autrement. Signé DUBODAN.

Mais ce n'est pas encore tout.

Le 13 novembre de 1747, la Communauté, assemblée en corps politique, où présidait M. Dubodan, Maire, et où étaient MM. Chanu, Galles l'aîné et Me Gervais Kermasson, avocat de la communauté, a remontré que les héritiers Kermasson ont donné leur requête tendant à ce que la Communauté ait à rétablir les ouvertures faites à une maison qui leur appartient, joignant la porte Saint-Vincent au couchant ; et pour l'y déterminer, ils ont joint à leur requête les deux procès-beaux, l'un du 4 septembre 1686, etc.....  

Le 14 juin 1748, le dit sieur Kermasson a remontré que les adjudicataires des réparations faites à la porte Saint-Vincent demandent à rendre leurs renables et que la Communauté ait à nommer des commissaires pour les recevoir, et a signé Kermasson. Sont désignés les mêmes commissaires, et pour expert le sieur Desplaces Le Mière, ingénieur de la ville.....

A la séance du 5 juillet 1748, le dit sieur Kermasson a remontré que les commissaires nommés pour recevoir le renable des réparations faites à la porte Saint-Vincent y ont procédé le 24 du mois dernier. Le procès-verbal étant présenté, la Communauté a arrêté que sous le bon plaisir de M. l'intendant, l'adjudicataire des réparations sera payé de la somme de 1200 livres, prix de son adjudication, — de la somme de 130 livres 10 sols pour les augmentations par lui faites, et de celle de 200 livres pour réparer, ferrer et placer la porte, — se servant des vieux bois et vieilles ferrures, et lecture faite tant du procès-verbal de renable que de la dite requête, a été approuvée. Juin et juillet 1748.

La statue de Saint-Vincent existait déjà sur l'ancienne porte, car on trouve à une date précédente le vote d'un crédit de 6 livres pour la restauration d'un bras tombé depuis quelque temps.

(M. Guyot-Jomard.)

 © Copyright - Tous droits réservés.