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LA PAROISSE DE SAINT-PATERN (A VANNES)

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L'origine de cette paroisse se rattache à la vie même du titulaire de son église. Pendant son épiscopat, Saint-Patern avait conçu le projet de faire construire une chapelle, aux portes de Vannes et dans un quartier qui commençait sans doute déjà à être assez peuplé. Mais le terrain qu'il avait choisi pour cet édifice appartenait à un riche propriétaire, et celui-ci le refusa toujours aux demandes réitérées du saint évêque. On sait comment, fatigué des contradictions qu'il rencontrait, saint Patern abandonna son diocèse et se retira dans l'intérienr de la Gaule ou chez les Francs, où il mourut et fut inhumé, vers l'an 480, et comment aussi, par une grande et longue sécheresse, le ciel se chargea lui-même de le rappeler plus tard aux souvenirs des Vannetais. Reconnaissant, dans ce fléau, un châtiment infligé à leur ingratitude, ceux-ci se rendirent à son tombeau, non seulement pour lui faire amende honorable et demander la pluie par son intercession, mais encore avec le pieux dessein de transporter son corps dans sa ville épiscopale. Ils purent bien ouvrir le tombeau ; mais l'enlèvement du cercueil résistait à tous leurs efforts, lorsque le riche propriétaire, mentionné plus haut et qui faisait partie du pèlerinage, promit publiquement de donner son terrain et d'y construire à ses frais une chapelle pour la sépulture du Saint. Aussitôt, le corps put être enlevé et la pluie ne tarda point à tomber. De là vient la religieuse coutume, qui existe encore, de demander la pluie par l'intercessien de saint Patern. La chapelle fut édifiée et abrita le glorieux tombeau jusqu'à la fin du IXème ou au commencement du Xème siècle, époque à laquelle, Daoc, abbé de Saint-Gildas de Rhuys, transporta le corps du saint évêque, avec ceux de saint Gildas et de saint Patrice, à Bourg-Déols, dans le Berri, et où, comme les autres édifices religieux de notre malheureuse contrée, cette première église de saint Patern fut ruinée par les Normands. J'ai raconté ailleurs comment, jusqu'à ces temps calamiteux et, j'ajoute, postérieurement encore, le tombeau de saint Patern fut une des stations du pèlerinage, fameux au Moyen-âge, de Tro-Breiz ou des sept Saints de Bretagne.

Relevée au commencement du XIème siècle, cette chapelle, qui avait perdu son dépôt sacré, reçut une compensation. Le nouvel édifice était bien supérieur au premier par ses dimensions et son caractère architectural. Élevé au rang d'église paroissiale [Note : Quoique nous ne possédions aucun document sur l'érection de la paroisse de Saint-Patern, il est certainement impossible, à cause de sa situation, de faire remonter son établissement à une époque antérieure au XIème siècle, attendu que, à l'exception peut-être de Rome et d'Alexandrie, les cités épiscopales n'eurent point de paroisses distinctes avant l’an 1000. (Thomassinus, Vetus et nova ecclesiœ disciplina, part. I, lib. II, cap. 21 et 22)], il fut entouré d'un cloître qui ne s'écroula qu'aux dernières années du XIVème siècle, et reçut, jusque vers le milieu du XVème, les visites des nombreux pèlerins de Tro-Breiz. Sans revenir ici sur certains renseignements relatifs à l'histoire de cette église et qui se trouvent consignés dans mon récit sur le Pèlerinage de Tro-Breiz, je crois devoir, pour fournir une description de l'édifice du XIème siècle, reproduire le procès-verbal d'une visite qu'il reçut, le 30 avril 1727, dans le but de constater son état de ruine et la nécessité de le raser et de le remplacer par une nouvelle construction. Voici le texte de ce document :

« Nous soussignés Jean Rontennec, maître maçon, et Charles Barillec, maître charpentier, demeurants séparément au faubourg de Boismourault, paroisse Saint-Patern, déclarons, aux fins de l'ordonnance de Monsieur le premier Président et Séneschal de Vannes, et en sa présence et celle de Monsieur Fabre, substitut de Monsieur le Procureur du roi, avoir examiné l'église de Saint-Patern, ruinée par la chûte de la tour [Note : En 1721, une furieuse tempête abattit 15 pieds de cette tour. Le 9 mai 1726, le reste tomba et ruina une grande partie de l'église], où nous avons vu que la dite tour estoit portée sur quatre pilliers, environ le milieu de l'église, entre le chœur et la neffe, et que, par sa chute, elle a écrasé la plus grande partie de ladite église et chapelles d'icelle ; et ce qui reste debout, il est absolument nécessaire de le démolir pour éviter la perte de la pluspart des matériaux, et, en démolissant, prendre bien garde qu'il n'arrive accident ».

« Et ayant çommencé par visiter les murailles du choeur, qui sont restées debout, nous avons vu que la muraille du costé de la sacristie, qui est au nord, est entièrement couleuvrée et fendue jusqu'au pignon où est placé le grand autel, et que l'arcade, qui est entre le chœur et la chapelle de la Vierge, du mesme costé, est également fracassée et que, si cette arcade venoit à tomber, elle entraineroit tout le restant de la muraille, charpente, couverture et chapelle de la Vierge.

Ayant visité l'autre costé de la muraille du chœur du costé de la Grande-Rue Saint-Patern, nous avons vu que l'arcade qui se trouve entre la chapelle de Saint-Sébastien, menace aussy prompte chute, par n'estre soustenue que par une arcade qui se trouve entre la chapelle de Saint-Sébastien et celle de Saint-Jean ; laquelle arcade est crevassée par la chute de ladite tour, et qu'elle n'est plus appuyée que sur quelques pierres de pilliers qui sont restés après la chute et que, si cette arcade vient à tomber, elle entrainera le restant de la muraille de la longuère du chœur de ce costè-là. Ainsi, il ne reste aucune partie du chœur qui puisse subsister ni se rétablir, tant la maçonnerie, charpente que couverture, et même de la chapelle de la Vierge et de Saint-Sébastien, y paroissant beaucoup de péril en les démolissant.

Ayant aussy examiné les dites chapelles de Saint-Jean et Saint-Julien, qui sont des deux costés de la dite tour, nous avons vu qu'elles sont aussy en partie tombées avec ladite tour, et que ce qui est resté, les murailles sont toutes fendues depuis le haut jusque en bas et surplombées par l'ébranlement de la chute de la dite tour, et qu'ainsi il est nécessaire de les démolir, ne pouvant se réparer en aucune manière, ni muraille, ni charpente, ni couverture.

Ayant examiné les chapelles de Sainte-Barbe et de Saint-Cado, qui sont joignantes celles ci-dessus aux deux costés de la neffe, nous avons vu que les murailles et arcade sont fendues et couleuvrées et en si mauvais estat qu'elles ne se peuvent réparer, et qu'il est nécessaire de les démolir, s'il est jugé à propos.

Et ayant aussy examiné la neffe sur laquelle est tombée la dite tour de manière qu'elle en a écrasé trente cinq pieds de longueur, dont tous les murs sont tout fendus et fracassés, et la charpente et couverture entièrement tombées et brisées ; et le restant de la dite neffe qui est debout qui a trente sept pieds de longueur [Note : Puisque la chute de la tour en avait écrasé trente cinq pieds et qu'il en restait encore trente-sept debout, l'ancienne nef avait donc une longueur de 72 pieds ou de 23 mètres 39], les murs des longères paroisssent aussy avoir pati et souffert par la chute de la dite tour, et la charpente et la couverture qui est au-dessus est (la charpente) de très-mauvais assemblage sans liaison, ce qui contribue encore à pousser les murailles qui sont vieilles et caduques en dehors.

Et ayant visité un bout de ralongement qui a esté fait à la teste de l'église depuis quelques années [Note : Dès 1700, les quêtes des vêpres et des dons particuliers étaient destinés à refaire le maître-autel et à prolonger le chœur et la sacristie], et après l'avoir-examiné, nous avons vu que les longères estaient trop foibles pour soutenir l'écartement de la charpente et que mesme les sablières et blochets portent à faux hors dessus les murs en dedans de plus d'environ un pied par n'avoir pas fait les murs assez épais, ce qui a causé que la charpente a poussé et fait escarter les murs, ce qui est facile à connoistre par l'ouverture qui s'est faite dans l'arcade qui est dans le mur de refente ; de manière qu'on a esté obligé, pour empescher la chute de cet ouvrage neuf, de mettre un tirant qui est chevillé sur les sablières, pour empescher la poussée de la charpente et l'écartement desdits murs ; de manière que ce bout d'église ne peut rester debout lorsqu'on défera le pignon qui est entre la vieille église et le neuf. Ainsi il est nécessaire de démolir ce bâtiment neuf, pour profiter des matériaux et aider à réédifier l'église qu'on a dessein de bâtir à neuf.

Ainsy après avoir murement examiné toutes choses, il n'y a aucune partie de cette église qui ne soit fracassée et qui n'ait souffert par la chute de ladite tour, et aussy parce que les murailles, charpente et couverture paroissent très vieilles et caduques ».

En puisant à d'autres sources, on peut ajouter à ces renseignements. Le même jour que la description précédente, il fut dressé un procès-verbal des droits revendiqués dans cette ancienne église par certaines familles importantes. Ce document nous fournit plusieurs révélations qui expliquent et complètent ce que nous venons de voir.

Si le roi de France passait pour seigneur foncier de cette église, le comte de Carcado en était alors prééminencier, comme seigneur de Molac, et avait, outre ses armes dans la maîtresse vitre au-dessus du maître-autel, un tombeau élevé de deux pieds au-dessus du pavé et situé au milieu de la nef à deux pieds de la table de communion. A la tête, aux pieds et aux deux côtés, ce tombeau, sans épitaphe, portait des écussons déjà frustes. Pour ce tombeau, de six pieds de long sur trois pieds de large, le comte de Carcado payait à la fabrique une rente annuelle de 40 sols.

Du côté de l'évangile et contigu au pilier de la tour le plus près de la balustrade, — pilier qui renfermait l'escalier de cette tour, — se trouvait un banc à queue, de 8 pieds de long sur 4 de front, appartenant au sieur Gibon de Coëtec, qui, pour lui, payait à la fabrique une rente de 3 livres. Ce pilier était à 24 pieds de la balustrade ou table de communion.

Au haut de la nef et du côté de l'évangile, la famille Sesbouez avait aussi, contigu à cette balustrade et à 5 pieds de la longère, une tombe prohibitive recouverte d'une dalle sans épitaphe ni armoirie.

Enfin, dans la maîtresse vitre déjà mentionnée, on voyait, sur une même ligne horizontale, cinq écussons, dont quelques-uns étaient frustes et dont les autres montraient les armes des familles de Rosmadec et de Carcado.

Outre les chapelles, que nous connaissons déjà, de la Vierge , dite aussi de Notre-Dame ou de la Chandeleur, de Saint-Julien, de Saint-Cado, au haut de la nef et du côté de l'évangile ; de Saint-Sébastien, de Saint-Jean devant la Porte latine, de Sainte-Barbe, en face des précédentes et du côté de l'épître, l'ancienne église renfermait les autels de Sainte-Marguerite, au-devant duquel se trouvait le lieu ordinaire où étaient inhumés les prêtres de la communauté, de Saint-Roch, de la Conception, de la Trinité, de Saint-Michel, de Sainte-Anne et de la Madeleine, dont je ne puis assigner les places. A la fin du XVème siècle, il y avait aussi l'autel du Crucifix, contigu à la balustrade du chœur et le plus apparent après le maître-autel ; sur lui se déposaient les reliques exposées pour le pèlerinage de Tro-Breiz.

Après la chute d'une partie de la tour en 1721, comme le reste menaçait de tomber aussi et d'endommager l'église elle-même, ainsi que l'accident eut lieu plus tard, le général de la paroisse prit, le 17 septembre 1724, la résolution, non exécutée assez promptement, d'abattre et de relever cette tour. Il paraît cependant que les cloches furent sauvées ; car, dans le cimetière, dont le tour entier fut pavé à neuf en 1657, on érigea un beffroi pour les recevoir. Une de ces cloches, la seconde, qui pesait 905 livres, venait d'être refondue, en 1716, et augmentée de 160 livres, opération pour laquelle la fabrique eut à débourser la somme de 444 livres.

L'architecte de Lourme dressa le plan de la nouvelle église, qui devait avoir les mêmes dimensions que l'ancienne, être reconstruite par parties et successivement, à commencer par le chœur et les deux croisées ou chapelles du transsept. Sans tenir compte des vieux matériaux à utiliser cependant pour le nouvel édifice, le devis montait à 60.000 livres, et il était question de ne pas démolir le bas de la nef. Pour faire face à cette dépense, on devait prier le roi, comme seigneur foncier, de vouloir bien faire rebâtir le chœur à ses frais, et le recteur fut autorisé à faire une quête chaque mois pendant trois ans ; si cela ne suffisait pas, on aurait sollicité la permission de recourir à une taxe sur les paroissiens.

Dès le commencement de 1727, on entreprit la démolition de l'ancien bâtiment, et le service curial fut transféré à la chapelle de Sainte-Catherine, beaucoup trop petite et située au haut de la rue de l'Hôpital. Les travaux marchèrent rapidement, puisque, par une délibération du 30 août de la même année, le général prit la résolution d'inviter l'évêque à poser la première pierre de la nouvelle église, — cérémonie qui eut lieu le mois suivant — et d'ajouter, au bas de la nef, deux chapelles, une de chaque côté, aux deux qui étaient déjà commencées [Note : Après la reconstruction, nous trouvons dans l'église les chapelles de Saint-Honoré et de Saint-Isidore, cette dernière au bas de la nef, mais sans pouvoir affirmer que ce sont celles-ci]. Pendant les années 1736 et 1737, on posa les granits des balustrades du chœur et des deux autels du transsept, les carreaux du sanctuaire, huit vitraux sur le chœur et sur le transsept, le maître-autel, les bancs et les chaises du chœur, les portes des chapelles du transsept et leurs tambours, de nouveaux confessionnaux , etc. ; le tour du chœur fut garni de planches en bois blanc, on fit la cloison et les armoires de la sacristie ; le lambri de l'église fut mis en place et passé au blanc et à l'huile. Le 27 août 1736, Jean Lescornet, maître sculpteur à Vannes, fit, avec Jean-Germain Lestang, fabrique autorisé par le général, marché de fournir, dans six mois et pour 550 livres, « à l'église neuve de Saint-Patern, » un maître-autel en tufau et en formé de tombeau, de 3 pieds 2 pouces de hauteur, 10 pieds de longueur de table, 6 pieds de largeur, dont 2 pour la table, 3 pour les deux gradins et un de vide par derrière. Sur le devant, il devait sculpter « un agneau immolé, de la longueur de 14 pouces, sur le livre de l'apocalypse, entouré de nuées et de rayons, couché sur une croix…. ». La custode ou tabernacle, haut de 3 pieds, large de 2 et profond de 3, aurait un calice sculpté sur la porte ; toutes les sculptures seraient dorées et les fonds peints de façon à imiter le marbre noir.

Il paraît que ces reconstructions avaient absorbé plus que les ressources disponibles du moment ; car l'édifice ne fut pas entièrement terminé, et il faut traverser de nombreuses années et arriver à 1769 pour qu'il soit question d'achever la nef et de bâtir une tour, non plus sur le transsept, comme l'ancienne, mais au bas de la nef. La première pierre de cette nouvelle tour fut posée le 1er mars 1770, au bas de la vieille nef ; mais le général ne tarda point à se raviser et à comprendre que, la population ayant considérablement augmenté, il fallait allonger cette nef et reculer la tour déjà commencée. Malheureusement, l'hiver de 1769-1770 avait été long et rigoureux, et les ressources de la fabrique se trouvaient fortement entamées par les secours fournis aux artisans et aux laboureurs de la paroisse. Dans cette situation, le général, par une délibération du 3 juin 1770, prit la résolution de prier l'évêque, qui se trouvait alors à Paris, de vouloir bien supplier le roi d'autoriser la paroisse à faire un emprunt de 20.000 livres. Cette faculté se fit attendre ; mais enfin elle fut accordée par le Conseil d'État, tenu à Versailles en présence du roi, le 8 février 1772, et, le 18 du même mois, Sa Majesté la revêtit de ses lettres-patentes. Les travaux furent exécutés pour 1775 et coûtèrent 42.175 livres 3 sols et 11 deniers. Mais on n'avait achevé que le bas de la nef allongée ; l'argent manqua sans doute pour finir la tour qui ne fut terminée qu'en 1826, grâce à un secours de 7.000 francs voté par le conseil municipal de Vannes, le 15 février de cette année, et grâce aussi aux grands sacrifices que les paroissiens voulurent bien s'imposer. Ces paroissiens, ceux de la campagne surtout, eurent toujours à cœur la reconstruction et l'achèvement de leur église, comme nous le montre une délibération du général qui, le 20 septembre 1772, pour reconnaître les grands services rendus par les laboureur, fonda, en leur faveur, 1° l'exposition du Saint-Sacrement au maître-autel, à sept heures du matin, le jour de la fête de saint Isidore, leur patron, 2° la bénédiction, à l'issue de la messe chantée de ce jour ; 3° une nouvelle exposition, à deux heures et pendant les vêpres, puis procession à l'intérieur de l'église et dernière bénédiction. Afin de concourir à cette fondation, les prêtres de la communauté n'exigèrent pour elle de la fabrique qu'une rente annuelle de 5 livres.

Parmi les objets formant le trésor de cette église, les archives mentionnent, en 1662 et 1793 un chef en argent de saint Patern et renfermant quelques parcelles de ses reliques. Il y avait aussi, dans leurs custodes, deux images d'argent de saint Patern et de sainte Marie-Madeleine, données, à la fin du XVIème siècle, par l'archidiacre. Jean Juhel, recteur de cette paroisse. Le 22 janvier 1793, le directoire du district de Vannes réclamait du recteur constitutionnel le dépôt non encore fait de toute l'argenterie de son église et en particulier du chef de saint Patern. Le 20 mai de l'année précédente, le général vendit, à raison de 28 sous la livre, à l'hôtel de la Monnaie à Nantes, un canon de bronze donné jadis, on ne sait pour quel motif, par un ancien ministre de la marine. En janvier 1792, le recteur susdit fût autorisé par le directoire du district à échanger un bénitier et une lampe argentés contre pareils objets provenant des couvents des Carmes déchaussés et du Père-Éternel.

Quant aux cloches, l'absence de tour depuis la chute de l'ancienne obligea toujours à les laisser dans le beffroi du cimetière, où elles étaient encore au milieu de l'année 1793. A la demande du général du 29 septembre 1791, les administrateurs du département accordèrent, le 2 octobre suivant, l'autorisation d'échanger trois cloches de Saint-Patern, hors d'usage, contre trois grosses cloches de l'abbaye de Saint-Gildas de Rhuys, poids pour poids et aux frais de la paroisse. Les trois cloches de Saint-Patern furent déposées aux Carmes déchaussés de Vannes, pour être ensuite transportées à l'hôtel de la Monnaie, à Nantes. Celles de Saint-Gildas se trouvaient encore, le 10 mai 1793, dans le beffroi du cimetière, avec deux autres, dont une était fendue. A la même date, le petit clocher au-dessus de la sacristie en renfermait deux autres petites. Par sa dernière délibération du même jour, le général rappelait sa demande antérieure de l'horloge de Saint-Gildas, de l'orgue de Prières, d'un secours pour achever la tour, enfin de quatre vicaires jeunes et vigoureux, sachant le breton et « allant bien à pied et à cheval ». Le directoire du district ne fit pas le même accueil à toutes les partis de cette instance.

L'anniversaire de la dédicace de l'ancienne église du XIème siècle se célébrait le 21 mai, comme nous l'apprend, à la date du 4 décembre 1519, la Constitution du pape Léon X pour la fondation du couvent de Nazareth, et, ce jour, la prieure des Carmélites devait remettre au recteur de Saint-Patern un florin d'or ou 20 sous monnaie de Bretagne, en reconnaissance de l'assentiment donné à l'établissement de ce monastère sur le territoire de sa paroisse par Jean Daniélo, alors titulaire de ce bénéfice : « Singulis annis priorissa et religiosœ ipsœ tenerentur in festo dedicationis ecclesiœ Sancti Paterni hujusmodi, quod singulis annis eisdem vigesima prima mensis maii celebrari consuevit, florenum auri, aut summam vigenti solidorum monetœ prœdictœ (Britanniœ) Joanni (Danielo) et pro tempore existenti rectori seu ab eo deputato vicario hujusmodi cum effectu solvere ».

Pendant que ce vieil édifice servit au culte, la fête du 21 mai dut s'y célébrer avec la plus grande solennité, parce que l'anniversaire de sa dédicace coïncidait avec ceux de l'ordination ou du sacre de saint Patern et de la translation de ses reliques. Le Bréviaire vannetais (Breviarium ad usum insignis ecclesiœ venetensis), imprimé à Vannes, en 1589, par le typographe Jean Bourrelier, place, en effet, au 21 mai, Ordinatio, Sancti Paterni vene. (tensis), et les Propres suivants du diocèse mettent, au même jour, Translatio reliquiarum Sancti Paterni, episcopi.

Avant de quitter ce sujet, il est impossible de ne pas exprimer un grand regret. Qu'est devenu le tombeau de saint Patern, ce monument le plus precieux de la cité ? Situé dans des conditions beaucoup plus défavorables, celui de saint Gildas a bien été retrouvé, au commencement du XIème siècle. Qui oserait soutenir qu'il en fût autrement pour celui de saint Patern ? Est-il même vraisemblable que les Vannetais aient pu le perdre de vue durant les invasions normandes, qui n'interrrompirent point la succession des évêques de Vannes ? En conservant jusqu’à la fin du XVème siècle la station de Saint-Patern, le pèlerinage de Tro-Breiz démontre, semble t-il, que ce glorieux tombeau n'était pas inconnu [Note : Je crois maintenant avoir été trop affirmatif, dans mon travail sur le Pèlerinage de tro-Breiz, en disant que « depuis la reconstruction de l'édifice au XIème siècle l’emplacement de ce tombeau est toujours resté inconnu »]. Cependant, aucun des documents consultés jusqu'ici ne le mentionne d’une façon positive ; aucun, par conséquent, n'assigne la place qu’il occupait dans l'édifice du XIème siècle. Mais, dans le cas présent, il ne faudrait, peut-être, attribuer à ce silence qu'une médiocre valeur. C'est pourquoi, je ne saurais considérer comme téméraire l’opinion qui admet la conservation, dans l'ancienne église paroissiale, de ce monument, toujours vénérable, bien que privé de son précieux dépôt. Cela supposé, le tombeau de saint Patern n'est peut-être pas perdu à jamais. Si on le recherchait un jour, il ne faudrait point oublier que l'église actuelle remplace rigoureusement, au moins pour la partie du haut, l'édifice du XIème siècle, et que, pendant les premiers siècles chrétiens, régnait l'usage d'édifier les autels sur les tombes des martyrs et des saints.

En dehors de l'église dont il vient d'être question, la paroisse de Saint-Patern renfermait un grand nombre de chapelles, les unes relevant du recteur, les autres appartenant à des établissements domestiques ou particuliers.

C'était d'abord la chapelle de Notre-Dame du Bondon [Note : Formes anciennes de ce nom : Bodon et Bondon, 1425 (Charte de la fondation des Carmes du Bondon, copie de 1682). — Le Botdon, 1428 (Prieuré de Saint-Martin de Josselin). — Boni doni conventus, 1454 (Canon. de saint Vincent Ferrier). Comme on le voit, ce nom existait avant la fondation du couvent. La charte de Jean V montre aussi ce qu'il faut penser de la légende, d'après laquelle ce duc avait une maison de plaisance qu'il donna aux Carmes, ce qui aurait fait dire à la duchesse. Jeanne de France : « Monseigneur, c'est un bon don »], aux portes de la ville. Les Grands-Carmes ayant jeté leurs vues sur ce lieu pour y bâtir un monastère de leur Ordre, en demandèrent la concession au duc de Bretagne. Accueillant favorablement leur Supplique, le 31 janvier 1425 (n. st.), Jean V, alors à Vannes, leur fit don de cette chapelle, avec ses « chasubles, calices, offrandes, oblations, luminaire, enterrage, draps d'or et de soye, ornements, livres, reliques et reliquaires et autres choses quelconques, sans rien en excepter, » et tous les terrains environnants nécessaires à la fondation. Mais pour indemniser les recteurs de leur tiers aux oblations et des autres profits qu'ils tiraient de ce lieu, le duc leur accorda « cinq thonnaux de froment de rente, à compter dix perrées, mesure de Vannes, pour chacun thonneau, à être payés par chacun an par les mains de nos fermiers et autres foisant la recette des revenus de nos moulins de Vannes…. sous, notre estang vulgairement appelé l'estang au duc, » et cette redevance devait se fournir en « deux termes, sçavoir est à Pasques et à la Saint-Michel en Montegarganne, par moitié ». En 1639, les cinq tornnaux de froment rouge se payaient encore sur les moulins des Lices et de l'Étang au duc. Mais ces moulins ayant été afféagés, le 8 janvier 1688, au sieur de Villayer, conseiller au Parlement de Bretagne, il fut convenu alors, sinon auparavant, que cette redevance en nature serait remplacée par une rente de 400 livres, qui a toujours été fournie jusqu'en 1790 On verra ailleurs ce que devint plus tard cette chapelle de Notre-Dame-du-Bondon, que j'ai aussi rencontrée une fois sous le nom de chapelle de Saint-Avertin.

A la sortie de la ville et au point de rencontre des deux chemins d'Auray et de Sainte-Anne, s'élevait la chapelle de la Madeleine, dans un lieu autrefois désert et qui fut ensuite assigné pour demeure aux lépreux de la cité et des environs. Si, comme on l'admet généralement, la lèpre n'exista en Bretagne que depuis le retour des croisés, qui l'apportèrent du Levant, la construction de cette chapelle remonterait vers le XIIème siècle. Tout au commencement du XIVème siècle, cet édifice se trouvait entièrement ruiné et détruit. En 1302, Henri Tors, évêque de Vannes, le fit rebâtir à ses frais et y fonda une chapellenie, dont il sera question plus bas. La nouvelle basilique, — c'est le titre que lui donne son restaurateur — dont l'entrée était sur la route d'Auray, avait, dans œuvre, 71 pieds de long sur 24 de large, un maître-autel et deux autels latéraux. Dès 1671, le service de la chapellenie se faisait dans l'église de Saint-Patern, à l'autel de la Madeleine, « à cause de la ruisne et dégas de la chapelle de la Magdellaine, située près de cette ville ». Un document du mois de septembre 1682 nous apprend qu'elle était alors « sans charpente, sans chevrons, sans couverture, sans vitres, ny autre chose qu'un petit appentif au-dessus de l'autel, cerné de planches et couvert d'ardoises, » qui servait de sacristie. L'année suivante, Pierre Gicquel, prêtre de Saint-Patern et nouveau chapelain, la restaura, en lui donnant une couverture neuve et en plaçant des vitres aux fenêtres ; on dit même qu'il l'avait embellie. Cette couverture n'eut pas une longue durée ; car, dès 1716, Jacques-André de Robien, vicaire général de Mgr d'Argouges, permit de supprimer le service de la chapellenie, afin que les revenus du bénéfice fussent consacrés à réparer la chapelle, dont le mauvais temps avait gravement endommagé la couverture sur le bas de l'édifice. Ces réparations n'ayant pas encore été faites, une tempête emporta, le 1er octobre de l'année suivante, 25 pieds environ de la charpente, toujours du côté du portail d'entrée, et ce dégat fit écarter les longères. Le scolastique et chanoine Antoine Verdoye, alors chapelain de la Madeleine, fit visiter le bâtiment par des experts, et, sur le procès-verbal de cette opération, Augustin de Langle, vicaire capitulaire, et Guymar d'Auzon, conseiller au présidial, donnèrent, l'un le 13 octobre, l'autre le 3 novembre, de concert avec le recteur de Saint-Patern, patron du bénéfice, l'autorisation de raccourcir la chapelle de 25 à 30 pieds sur la partie du couchant. En conséquence, cet édifice fut alors réduit aux dimensions que nous lui voyons encore aujourd'hui.

Au commencement du XVIIème siècle, dans cette chapelle, on continuait encore « à administrer les sacrements aux lépreux ». Sur la demande du chapelain Pierre Gicquel, le Pape Innocent XI accorda, pour sept ans et par un bref du 30 avril 1685, une indulgence plénière à tous les fidèles qui, contrits, confessés et communiés, visiteraient cette chapelle le 22 juillet, fête de sainte Marie-Madeleine. Nous savons que, le 29 octobre 1689, Alexandre VIII renouvela ce bref pour sept ans encore.

Plus tard, une autre petite maison, ou mieux une cellule, couverte en ardoises et avec cheminée, fut adossée au pignon du levant et bâtie dans un petit jardin carré et entièrement clos de mur. Au milieu du siècle dernier, un certain Jean Brulon, réfugié dans cette cellule, y vécut en ermite, durant plusieurs années. Le 14 décembre 1793, la chapelle, la cellule et le jardinet furent vendus nationalement au prix de 900 livres à un marchand de Vannes. Depuis longtemps, les restes de la basilique de 1302 servent à abriter un atelier.

Le village de Bernus, mentionné dès 1448, renfermait aussi sa chapelle, dont on voit encore les ruines.

Sur le Port et ayant son entrée auprès et en face du couvent des Carmes déchaussés, maintenant l'évêché, la chapelle de Saint-Julien, antérieure à 1564, était entourée d'un cimetière, à l'exception d'un côté, où se trouvait, adossée à la chapelle, la maison du chapelain, avec un jardin derrière.

Celle du Féty s'élevait de l'autre côté du Port, au haut de la place actuelle du Féty, ou mieux à l'endroit occupé maintenant par la maison Charier. La tradition rapporte qu'elle fut édifiée, peu après 1419, pour consacrer par un monument religieux le souvenir du point où saint Vincent Ferrier débarqua, lorsque, malade, il revint à Vannes pour y mourir. En 1683, il y avait « une motte au proche de la chapelle du Festy, » et ce dernier édifice existait encore au commencement de notre siècle.

La chapelle de Notre-Dame du Rohic, bâtie primitivement sur les ruines d'une villa romaine, fut reconstruite en 1466 aux frais des paroissiens de Saint-Patern, comme on peut le lire sur un fragment de la sablière, au nord de l'édifice. Mais on ne sait que penser d'une partie de cette inscription, qui mentionne « 1.500 jours de pardon perpétuel impétrés par cinq cardinaulx » pour « le lundi de Pâques et le lundi de Pentecôte ». Sur les sablières, on voit aussi les écussons, plusieurs fois répétés, de Molac et la Chapelle, et, probablement, de Bavalan. Le rétable de 1695 porte l'écusson de Rosmadec, avec celui de Molac ou du Sénéchal. Auprès de la chapelle, qui sert encore au culte, s'élève un ancien calvaire en granit, sur lequel sont sculptés plusieurs personnages et une mise au tombeau.

A l'extrémité de la rue de l'Hôpital ou de la Grande-Rue, dite aussi rue de Bois-Moreau et de Sainte-Catherine, se trouvait la chapelle, maintenant détruite, de Sainte-Catherine, qui abrita le service curial pendant la reconstruction de l'église paroissiale. Son souvenir est encore rappelé aux Vannetais par la Place Sainte-Catherine.

La chapelle de la Congrégation des femmes, de construction récente, s'élève auprès de l'église paroissiale, sur les limites de l'ancien cimetière et du côté du presbytère.

A ces chapelles, qui relevaient du rectorat, il faut ajouter celles, plus nombreuses, qui dépendaient d'établissements religieux et que nons nous contenterons de mentionner ici. Dans cette catégorie, on doit ranger les chapelles du prieuré de Saint-Symphorien, membre de l'abbaye de Saint-Jean-des-Prés, à Josselin, du prieuré de Saint-Guen, membre de l'abbaye de Saint-Gildas de Rhuys, des Grands-Carmes et du couvent des Trois-Maries du Bondon, des Carmélites de Nazareth, de la Visitation, du collège sur la place du Marché, de l'Hôpital Saint-Nicolas en face de la Porte-Prison, du couvent des Dominicains à l'emplacement de la nouvelle Préfecture, du monastère des Capucins auprès du château de Limoges et à l'extrémité de la rue de Calmont-Haut ou de Séné, de l'Hospice de la Garenne, de l'ermitage de Saint-Colombier auprès de Trussac, sans parler de celle de l'Hôpital-Général, bâti sur l'emplacement d'un ancien village et d'une maison noble portant le nom du Cosquer.

Les antiques manoirs, dont était parsemée la partie rurale de cette paroisse, devaient avoir, suivant l'usage et comme ceux de Limoges et du Grador, leurs chapelles domestiques, sur lesquelles nous n'avons trouvé aucun renseignement.

Sans savoir au juste son titre, nous citerons encore une petite chapelle qui se trouvait au fond d'un jardin, adossée à un mur sur la rue de la Basse-Cour, entre la Tour du Connétable et la Porte-Poterne. Son existence ne nous est révélée que par un plan de la ville. Construite sur l'emplacement du château de l'Hermine, elle ne saurait être ancienne ; car on ne pourrait la considérer comme ayant été la chapelle de ce château, tout au plus serait-il, peut-être, permis de supposer qu'elle aurait été édifiée en souvenir et au lieu de l'ancienne chapelle ducale.

Le territoire de la paroisse de Saint-Patern entourait littéralement la ville de Vannes, s'étendait jusqu'à Conlo, la Pointe de Rosvelec, la lande de Lestrenic ou de Saint-Laurent, Liziec, Coëtlagat, le Pont de Luscanen et toute la rive droite du ruisseau du Vincin. Il se partageait entre plusieurs frairies, dont nous ne connaissons que trois : celles d'Arcal, de Kérino et de Tréhuinec. Sur toutes, le recteur jouissait du titre de gros décimateur, mais d'une façon singulière. Dans les quartiers où il dînait seul, il percevait la 33ème gerbe sur le froment le seigle et l'avoine. Lorsque l'évêque partageait cette redevance avec lui, la quotité s'élevait à la 12ème gerbe, et ici l'évêque en prenait deux, et le recteur une, tandis que là le recteur en avait deux et l'évêque une. Le recteur percevait, seul et partout, le droit de prémices consistant en six brasses, sur chaque ménage qui ensemençait des fruits décimables. Mais sur certains cantons, il ne levait point autre chose ; car ils avaient d'autres décimateurs. Ainsi, les chanoines dîmaient à la 12ème sur les terres d'un village ; l'abbaye de Saint-Gildas de Rhuys en faisait autant sur celles relevant du prieuré de Saint-Guen ; enfin ce droit était perçu sur une petite terre de la paroisse par l'abbaye des bénédictines du Mont-Cessin, en Saint-Nicolas de Josselin. Perssonne ici ne prélevait la dîme sur le blé noir, le mil, le lin, le chanvre et le cidre, qui commençait à y devenir commun dès les premières années du XVIIIème siècle, parce que le Parlement de Bretagne refusa toujours d'enregistrer les déclarations royales autorisant de dîmer sur ces fruits.

Malgré tout, il s'en fallait bien que le recteur de Saint-Patern fût un mince bénéficier. En 1730, le titulaire déclara que ses dimes lui rapportaient sept tonneaux de froment, neuf de seigle et seize perrées d'avoine, respectivement évalués 630, 564 et 48 livres. A cela venaient s'ajouter 350 livres de casuel, 15 livres provenant du sel de quelques marais salants situés dans un quartier de la paroisse, et enfin 400 livres qu'il recevait annuellement de l'afféagiste des moulins du duc depuis les envrions de 1688, pour remplacer les cinq tonneaux de froment dont il a été question plus haut. Le tout réuni dépassait légèrement la somme de 2.000 livres, fort importante à cette époque, où la perrée de froment ne valait que 9 livres. Mais le recteur prétendait que ces revenus se trouvaient fort réduits par les charges montant, d'après lui, à pres de 1.150 livres.

Telle n'avait pas toujours été la situation du titulaire de Saint-Patern, parce que, pendant les derniers siècles du moyen âge, ce titulaire n'était pas unique. A partir du XIème siècle jusqu'au milieu du XVème siècle, la paroisse eut simultanément deux chefs spirituels, qui devaient naturellement s'en partager les revenus. Cette anomalie, contraire aux canons de l'Église et à peine tolérée [Note : Voir Thomassin. Vetus et nova ecclesiœ disciplina, Part. I, lib. I, cap. XXIX, n°5], avait sa source dans les deux faits suivants. En 1081, Maengui, évêque de Vannes, donna au chapitre de sa cathédrale la moitié de la paroisse de Saint-Patern, dont l'autre partie fut annexée au même corps, en 1177, par l'évêque Ruaud, qui mourut le 26 juin de la même année [Note : Sous la date de 1177, on lit dans l'ancien martyrologe ou nécrologe de Vannes : « VI calendas julii obiit Rotaldus, Venetensis ecclesiœ episcopus, qui canonicis ejusdem ecclesiœ dedit medietatem ecclesiœ Sancti Paterni libere et absolute. Mengisius episcopus alteram medietatem abisolute prius donaverat »]. Dès cette époque, il y eut deux vicaires perpétuels présentés à l'évêque par le chapitre et désignés à celui-ci par les deux chanoines aux canonicats desquels chaque moitié de la paroisse avait été unie séparément. On ignore si, au début, ces chanoines perçurent les gros fruits du bénéfice ; mais il est certain que, sur la fin du XIVème siècle et en vertu sans doute d'un concordat, les deux vicaires perpétuels dîmaient seuls sur le territoire de la paroisse, ici à la 10ème gerbe, là à la 33ème, quotités qui se modifièrent plus tard, comme on l'a déjà vu. Il faut cependant excepter les terres relevant du prieuré de Saint-Guen, sur lesquelles ils n'eurent jamais rien à prélever.

En retour, chacun d'eux devait payer au chanoine recteur primitif de sa moitié une rente ou pension annuelle de 20 livres monnaie, pension que les recteurs uniques de la paroisse continuèrent à fournir au chapitre jusqu'en 1790, avec cette seule modification que, au lieu de 40 livres monnaie, le chapitre recevait, dans les derniers temps, une rente annuelle de 48 livres tournois. Il n'en fut pas de même pour le droit de présentation : le chapitre le perdit à une date qu'on ne saurait préciser, et la paroisse retomba sous la collation libre.

Outre le rectorat, il s'était fondé ici, avec le temps, un certain nombre de bénéfices secondaires, monastiques et séculiers, dont les derniers doivent, seuls, nous occuper maintenant.

C'était d'abord la chapellenie de la Madeleine, fondée par l'évêque Henri Tors, le 14 juin 1302, pour être desservie, dans la chapelle de cette Sainte qu'il venait de relever de ses ruines, de trois messes par semaine, le lundi pour les défunts, le mercredi pour le salut du peuple, le samedi en l'honneur de Notre-Dame, et à chacune desquelles le chapelain devait réciter les oraisons de la messe de sainte Marie-Madeleine. Outre que le fondateur lui imposait l'obligation de l'assistance assidue à l’office canonial de la cathédrale, il est permis de présumer, malgré le silence de l'acte de fondation, qu'il était aussi chargé d'administrer les sacrements aux lépreux groupés auprès de cette chapelle. Pour doter ce bénéfice, le fondateur lui annexa la moitié de ses terres à Kerbélec, en Theix, la somme de cinquante livres de monnaie courante destinées à l'achat de dîmes ou de quelques autres revenus, la moitié des oblations faites au maître-autel et le tiers des offrandes déposées sur les deux autels latéraux ou dans le tronc de la chapelle. Le reste des oblations devait s'employer aux réparations de l'édifice. Quant aux cinquante livres, elles servirent à racheter des dîmes ecclésiastiques sur la paroisse, de Plœren. Plus tard, en vertu d'un accord entre le chapelain et le recteur, celui-ci levait ces dîmes dans les champs avec les siennes et fournissait un tonneau de blé à celui-là. Plusieurs fois dans la suite, aux XVIème siècle et XVIIème siècles surtout, le recteur tenta de s'affranchir de son obligation ; mais les tribunaux le condamnèrent toujours à l'exécution de l'ancien, contrat, et le chapelain continua, jusqu'en 1790, à jouir du tonneau de blé sur les dîmes de Plœren. Il n'en fut pas de même des terres de Kerbélec : moins de trois siècles après la fondation, elles ne rapportaient plus rien au titulaire du bénéfice, dont elles avaient, du reste, cessé de dépendre à une date inconnue. Comme, d'autre part, les oblations avaient diminué et que la chapelle, en vieillissant, exigeait des réparations de plus en plus onéreuses, il fallut réduire les charges ou le service religieux. Aussi, dès 1607, le chapelain ne devait-il par semaine qu'une seule messe fixée au lundi. A part l'interruption du service pour la cause mentionnée plus haut, cet état de choses se perpétua jusqu'à l'extinction du bénéfice. Pour compléter cette notice, il reste à dire que la chapellenie était à la présentation du recteur de Saint-Patern et à la collation de l'Ordinaire. Le dernier titulaire était, en 1790, André-François Brulon, originaire de Vannes et probablement parent de Jean Brulon qui, près d'un demi-siècle plus tôt, vécut ici en ermite [Note : Dans son travail « La chapelle de la Madeleine, près Vannes, » publié à la page 67 et suiv. du Bulletin de la Soc. polymathique, année 1877, M. l'abbé Le Mené a donné la liste des titulaires de ce bénéfice de 1562 à 1748. Pour la compléter, il suffit d'ajouter Jean-Louis Mancel (1748-1750), Joseph-Vincent Gravé de la Rive (1750-1766), André-Français Brulon (1767-1790)].

Celle de Saint-Julien, martyr, desservie dans l'église paroissiale de trois messes par semaines, des morts le lundi, du Saint-Esprit le jeudi, de la Sainte Vierge le samedi, fut fondée, en 1340, par Sylvestre Le Parisis et Pierre Godart, exécuteurs testamentaires de l'évêque Jean Le Parisis, décédé le 20 janvier 1335 (n. st.). Au chapitre de la cathédrale, gratifié du droit de présentation à la collation de l'Ordinaire, ces exécuteurs, dont le premier était frère du fondateur, remirent 80 livres de monnaie forte pour racheter des dîmes destinées à doter le bénéfice. D'ailleurs, ils se réservèrent à eux-mêmes la faculté de présenter le premier titulaire, le clerc tonsuré Gilles Bernard, auquel nous n'avons trouvé aucun successeur.

La chapellenie de Sainte-Croix, ainsi appelée du nom de l'autel du Crucifix, auquel se desservait ce bénéfice, au haut de la nef, le plus près du chœur de l'église paroissiale et sur lequel s'exposaient les reliques à la vénération des pèlerins de Tro-Breiz, ne nous est connue que par son titulaire de 1374-1376. Elle dut s'éteindre de bonne heure et sans laisser d'autres traces.

Présentée par les seigneurs de Loyon et de Bois-Moreau, et conférée par l'évêque, la chapellenie de Saint-Thomas se desservait, dans le chœur de l'église paroissiale, à l'autel secondaire situé auprès du maître-autel et du côté de l'évangile. Nous savons seulement qu'elle avait une maison dans la rue de Bois-Moreau, qu'elle fut taxée à 10 sols de décimes en 1516, et qu'elle reçut un nouveau titulaire en 1608.

La chapellenie de Saint-Patern, fondée, avant 1537, par dom Jean Dréano, déjà mort à cette date, avait le recteur de la paroisse pour patron, et, au haut de la rue de Groutel, sa dotation composée d'une maison avec jardin derrière. Son service, continué jusqu'en 1790, se faisait au maître-autel de l'église paroissiale et consistait en une messe par semaine à des jours différents.

Fondée le 5 avril 1556 par Jacques Rolland, sieur de Botioche, en Pluvigner, et exécuteur testamentaire de Pierre Jégat, sous-curé de Saint-Patern, la chapellenie de Saint-Pierre, présentée à l'origine par le fabrique en charge, ensuite par le recteur, et conférée par l'évêque, se desservait, dans la même église, à l'autel de Notre-Dame de la Chandeleur, de deux messes par semaine, le mardi et le jeudi. Plus tard, sa charge fut réduite à la messe du mardi. Ses titulaires, dont la série ne s'arrête qu'en 1790, jouissaient d'une maison, avec jardin au midi, située dans la rue de Groutel, d'une parcelle de terre de 90 cordes entre Saint-Guen et Bilaire, et enfin d'une rente annuelle de 40 sols et 6 deniers sur une maison de la rue Saint-Nicolas. La maison et la planche de jardin, non close, furent vendues nationalement, le 5 février 1794, pour la somme de 760 livres. Le 16 octobre suivant, la parcelle de terre sise sur le chemin reliant Saint-Guen à la route de Josselin, subit le même sort, au prix de 1.300 livres.

La chapellenie de Saint-Julien, desservie de quatre messes par semaine, aux quatre derniers jours, dans la chapelle du même Saint, sur le Port, eut pour fondateur, le 4 février 1564, Jean Carré, sieur de Kerlevenan, en Sarzeau, qui la dota de 60 livres de rente annuelle sur la susdite terre, et fit construire pour le chapelains la petite maison contiguë à cette chapelle. Elle avait encore titulaire en 1737.

Réunies à une date inconnue, les chapellenies de Saint-Sébastien et de Notre-Dame de la Chandeleur, présentées par les héritiers de demoiselle Françoise Gaudin et, plus tard, par les seigneurs de Roscanvec, étaient chargées de deux messes par semaine, celle du jeudi à l'autel de Saint-Sébastien et celle du vendredi à l'autel de Notre-Dame, dans l'église paroissiale, transférées vers 1750 à l'autel de Saint-Isidore et celle du jeudi au lundi. La maison du chapelain, avec cour derrière, se trouvait située, en 1790, sur la Grande-Rue et en face du cimetière Dit alors chapellenie de Saint-Sébastien, Saint-Roch, Saint-Jacques et Notre-Dame, ce bénéfice avait, en outre, le jardin portant au cadastre actuel de Vannes le n° 462 et un pré à l'ouest de ce jardin. Cette maison forme maintenant la partie nord du n° 463 sur la rue Fontaine.

La chapellenie de Saint-Cado, mentionnée dès 1597 et desservie jusqu'au siècle dernier (XVIIIème siècle) à l'autel du Saint dont elle portait le nom, dans l'église paroissiale, était présentée par le trésorier de la Cathédrale, conférée par l'évêque, et possédait une maison dans la rue des Chanoines.

A la présentation du recteur et à la collation de l'évêque, la chapellenie de l'Assomption était chargée d'une messe chaque mardi au maître-autel de l'église de Saint-Patern et, dotée d'une maison avec jardin muré derrière. Donnant du nord sur la place Cabello, du midi sur la cour et celle-ci sur son jardin de trois cordes, cette maison est probablement celle du n° 563 du cadastre et qui fut vendue pour 5.000 francs, le 17 février 1795. On lui connaît des titulaires de 1700 à 1790.

La chapellenie de la Conception, desservie, dans l'église paroissiale, d'une messe chaque vendredi à l'autel de ce titre, se désignait, avant 1700, sous le nom de chapellenie de Notre-Dame de la Chandeleur. Sa dotation se composait d'une maison, avec cour, écurie et jardin, donnant du midi sur la rue Gillart ou de l'Étang et du nord sur son jardin de trois cordes trois quart. Le tout fut vendu, le 17 février 1795, pour la somme de 1.125 francs.

Dans la chapelle domestique de la maison noble du Grador se faisait le service religieux de la chapellenie de Notre-Dame, de Saint-Jean et de Saint-Olivier, présentée par le seigneur de Lourmes et ayant encore titulaire en 1790.

Présentée par la famille de la Landelle, la chapellenie de Notre-Dame de Pitié se desservait d'une messe par semaine, dans l'église paroissiale, à l'autel dont elle portait le nom. Il en dépendait une maison à deux étages dans la Grande-Rue, avec cour et écurie derrière. On n'en trouve mention que vers le milieu du siècle dernier (XVIIIème siècle).

S'il n'est point ici question du prieuré de Saint-Nicolas, situé enlace de la Porte-Prison, c'est que je considère cet hôpital comme ayant eu une origine monastique. On passe sous silence l'Hôpital-Général et l'Hospice de la Garenne, qui, à cause des religieuses chargées de les desservir, se trouveront mieux placés dans une autre partie de ce travail.

Plusieurs confréries se desservaient dans l'église paroissiale : celle de Saint-Jean pour les drapiers, celle de Sainte-Anne pour les tanneurs, celle de Saint-Julien pour les bouchers, celle de Saint-Honoré pour les boulangers, et enfin celles de Saint-Sébastien et de Notre-Darne de la Chandeleur. Cette dernière, érigée en 1541, prit ici une grande importance et finit par établir sept chapelains, formant la communauté des prêtres de Saint-Patern et présentés par l'abbé en charge. Dès, le XVIIème siècle, il fut convenu que le recteur et son curé feraient de droit partie de cette communauté et que l'abbé de la Confrérie n'exercerait son privilège de présentation que pour les cinq autres membres. Cette communauté devint elle-même fort riche. Dans les derniers temps, elle possédait des immeubles dans presque toutes les paroisses des environs de Vannes, même dans la presqu'île de Rhuys où elle a, en 1748, un pré aux dépendances du village de Kercoquen, en Sarzeau, et, en 1781, le pré du Recteur au village de la Salines, dans la paroisse de Saint-Goustan. Mais elle trouvait la meilleure source de ses revenus dans les très nombreuses fondations desservies dans l'église paroissiale et dont les rentes annuelles s'élevaient, en 1700, à la somme de 45.000 livres.

En terminant cette longue notice, qu'il soit permis d'ajouter un mot, en attendant mieux, sur la gloire due à la paroisse de Saint-Patern d'avoir, le 11 juin 1748, donné le jour à Pierre-René Rogue, lazariste et professeur au Grand-Séminaire de Vannes, qui, le 3 mars 1796, eut le bonheur de verser son sang en témoignage de sa foi et d'être décapité sur la place du Marché. De tous les martyrs de cette époque dans le diocèse de Vannes, il paraît être le seul dont la tombe soit connue. Celle-ci, surmontée d'une croix en marbre blanc portant une épitaphe, se voit dans le cimetière de la ville de Vannes et reste en vénération jusqu'au jour où, il faut l'espérer, les ossements qu'elle recouvre recevront enfin les honneurs longtemps attendus.

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Vicaires perpétuels de Saint-Patern.

.... N. Bojust.
1355-1362. Alain Foluas,
1362-1370. Yves Moquet résigne sous l'épiscopat de Jean de Montrelais, c'est-à-dire au moins en 1382, pour permuter avec le suivant.
1382-1385. Jean de Rohan, chanoine de Vannes et présenté par le chapitre, mourut titulaire à une date inconnue.
1398-1419. Hervé Lorgueilloux, licencié en droit, reçut de Rome ses provisions et signait Herveus Superbi, Hervé, fils de Lorgueilloux. En 1405, on le rencontre aussi avec le titre de chanoine de Vannes.
1419-1425. Hervé Aubin (Albinus).
...... N. Bremelin.
...... N. Kaergore.
...... R. Pierre Bocheliou ou Boheliou, aliàs Bozec, mort peu avant 1373, ayant résigné depuis longtemps.
1341-1392. Olivier Daniélou résigna entre les mains du chapitre pour permuter avec le suivant. Dès 1341, il eut de graves démêlés avec l'officialité diocésaine. Il mourut peu avant 1402, toujours recteur de Saint-Nolff.
1398-1425. Pierre Hervou, recteur de Saint-Nolff avant de venir ici, fut présenté par le chapître de la cathédrale et pourvu par l'Ordinaire.

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Recteurs de Saint-Patern.

1456. R. Olivier de Pontsal permuta avec le suivant contre la trésorerie de la cathédrale.
1456-1464. Jean Guillopou, resté chanoine de la cathédrale après avoir résigné la trésorerie, mourut avant le 19 novembre 1464.
1476-1477. Guillaume Ermar dut résigner vers 1480 pour permuter, et mourut recteur de Ruffiac en 1496.
1490-1496. Charles du Hautbois, recteur simultanément de plusieurs autres paroisses, mourut in curiâ romanâ. Il devait être parent d'un autre Charles du Hautbois qui, après avoir été archidiacre de Dinan, au diocèse de Saint-Malo, devint évêque de Tournay en 1510. Après le décès de ce recteur, peut-être même de son vivant, le cardinal Laurent Cibo, évêque de Vannes, où il ne vint jamais, et archevêque de Bénévent, jouit des revenus de cette paroisse.
1502-1514. Jean Le Texier, chanoine de Vannes et doyen de Péaule, mourut le 1er janvier 1514 (n. st.) et fut inhumé dans la cathédrale.
1516-1540. R. Jean Daniélo, archidiacre et chanoine de Vannes, protonotaire apostolique, etc., résigna entre les mains du Pape en faveur du suivant. Décédé le 10 juin 1540, il fut inhumé, à la cathédrale, dans la chapelle du Saint-Sacrement, qu'il avait fait construire à ses frais et pour imiter un édifice semblable dont il avait pris le modèle à Rome.
1540-1550. R. Pierre Daniélo, frère du précédent et, comme lui, chanoine et archidiacre, était, en outre, abbé commendataire de Lanvaux. Vers 1550, il résignà en faveur du suivant qui était son neveu, mais en se réservant les revenus du bénéfice jusqu'à la fin de sa vie.
1550-1555. Robert Cadio, aussi chanoine de Vannes, cesse en 1555 d'administrer cette paroisse et de faire partie du chapitre.
1555-1557. R. Pierre Daniélo reparait après son neveu et habite le presbytère de Saint-Patern, où il signe, le 26 novembre 1557, sa procuration pour résigner de nouveau entre les mains du Pape. Mort le 2 janvier suivant, il fut inhumé dans la tombe de son frère.
1557-1559. Jean Rouxel, chanoine de Vannes et pourvu en Cour de Rome, apparaît aux registres paroissiaux dès le 27 decembre 1557 comme recteur de Saint-Patern. Il mourut le 27 juin 1559.
.... 1562 ... Jean Truguero, probablement successeur immédiat de Rouxel, n'est connu comme recteur de cette paroisse que par sa signature au registre des baptêmes.
1568. Jacques Le Febvre, chanoine et trésorier de la cathédrale, mourut au mois de juin 1568.
1568-1569. R. Pierre Le Son ou Le Sen, originaire de Belle-Ile, pourvu par l'évêque, le 29 juin 1568, prit possession le 4 juillet, et résigna au bout d'un an entre les mains de l'Ordinaire.
1569-1599. Jean Le Ray, originaire de cette paroisse, pourvu par l'évêque, le 22 juillet 1569, prit possession le surlendemain. Depuis longtemps chanoine de la cathédrale, il donna procuration, le 20 avril 1593, pour résigner entre les mains du Pape en faveur de Jean Brenugat, son neveu et déjà chanoine lui-même, auquel furent délivrées des provisions en date du 21 juin suivant. Malgré cette collation et sans qu'on en sache le motif, Jean Le Ray conserva l'administration de la paroisse jusqu'à son décès, entre le 20 et le 29 janvier 1599. Il fut inhumé dans son église et auprès de la porte de la sacristie, où une dalle verte recouvrait sa tombe. Le 4 décembre 1587, il fonda, outre son anniversaire à la cathédrale, une procession du chapitre à Saint-Patern, le 1er dimanche d'août, avec chant sur sa tombe surmontée ce jour là du catafalque. Après sa mort, quatre compétiteurs se disputèrent la possession de cette paroisse : Olivier Peccart, originaire et curé de Sarzeau, qui voulut user d'un indult obtenu para lui et ne réussit pas ; Bertrand de Beaucours, recteur de Ploërdut et sieur de Kerourhin, en cette dernière paroisse, qui, voyant contester ses provisions à nous inconnues, donna procuration, le 8 avril 1599, pour résigner entre les mains de l'Ordinaire en faveur de Jean Juhel et réitéra sa dite procuration, le 14 juin 1600, mais, cette fois, pour résigner purement et simplement entre les mains du même ; le susdit Jean Brenugat, qui protestait encore, en 1601, contre une nouvelle et dernière prise de possession par Jean Juhel ; enfin ce dernier, qui évinça tous les autres.
1599-1608. R. Jean Juhel, né sur la paroisse de Notre-Dame du Mené, chanoine et archidiacre de Vannes, protonotaire apostolique, et qui, le 23 juillet 1597, avait été élu par le chapître pour succéder à Georges d'Arradon sur le siège épiscopal de Vannes, fut pourvu de Saint-Patern, le 8 avril 1599, par le vicaire capitulaire Bertrand Guymarho, et en prit possession le 2 mai suivant. Encore à Paris et avant de venir à Vannes, le nouvel évêque lui adressa, le 17 septembre 1600, d'autres provisions, sur lesquelles il reprit possession le 14 juillet 1601. Toujours en procès avec le chapître auquel il refusait de payer la pension de 40 livres monnaie qui grevait son bénéfice, il donna procuration, le 31 octobre 1607, pour résigner entre les mains du Pape en faveur du suivant, mourut dans son hôtel archidiaconal, le 8 septembre 1608, et fut inhumé, dans la cathédrale, sous le banc du Présidial, dont il était conseiller, et en face de l'autel de Saint-Jacques. Le 28 mai 1611, son frère Nicolas fut condamné à payer au chapitre, qui n'avait encore rien reçu en 1617, la susdite pension pour les neuf années de son rectorat.
1608-1659. R. François Cousturet, originaire du diocèse, simple clerc tonsuré, étudiait encore au collège des Jésuites, à la Flêche, lorsque à la date du 24 mars 1608, le Pape lui conféra ce bénéfice, dont il prit possession les 6 et 21 septembre suivant. Déjà chanoine de Vannes, il reçut la prêtrise à Quimper au mois de septembre 1609. Plus tard, il devint scolastique de la cathédrale. Ayant résigné cette paroisse après un rectorat d'un demi-siècle, il mourut, le 8 mars 1659, et le chapître célébra, le lendemain, ses funérailles dans l'église de Saint-Patern.
1659-1666. R. Guy du Garrouet, licencié en droit et docteur en théologie, avait été successivement recteur de Lauzach, Brech et Pluvigner, avant de succéder ici à François Cousturet. Frappé d'apoplexie, le 28 décembre 1666, il put encore, le lendemain, faire dresser par notaire un acte de résignation entre les mains de l'Ordinaire. Suspectant la validité de cette démission, quelques intéressés surveillèrent de près le moment de sa mort. Comme, dans la nuit du 31 décembre, il respirait encore après que toutes les horloges de la ville eurent sonné minuit, et que, par suite, il mourut dans la matinée du 1er janvier 1667, on prétendit que la vacance du bénéfice s'ouvrit dans un mois réservé au Pape. Mais toutes ces peines furent inutiles. Le lendemain, après l'absoute donnée par l'évêque, il fut inhumé, dans son église paroissiale, devant l'autel de Saint-Isidore, et sa tombe fut plus tard recouverte d'une dalle verte marquée B. 7.
1666-1667. R. Louis Eudo de Kerlivio, né à Saint-Caradec-Hennebont, licencié en droit et recteur de Plumergat, pourvu par l'Ordinaire, le 29 décembre 1666, prit possession le même jour, et résigna au bout de quelques mois. C'est le fondateur du Grand-Séminaire, et ses grandes œuvres sont assez connues.
1667-1670. R. Mathurin Martin, recteur de Bourgpaul-Muzillac, pourvu par l'évêque au commencement de 1667 sur la résignation de Louis Eudo, fut troublé dans la possession de Saint-Patern par Mathurin George, recteur d'Anetz, au diocèse de Nantes, et auquel le Pape avait aussi conféré ce bénéfice comme vacant par le décès de Guy du Garrouet. Mais ce compétiteur perdit son procès au Présidial, le 18 mai 1668, et ne fut pas plus heureux au Parlement en 1669. Malgré ses succès devant les tribunaux, Martin résigna Saint-Patern en 1670 et conserva sa paroisse de Bourgpaul. Il signait parfois : Martin de Boisbaudry.
1670-1693. Raymond Le Doulx, de Bordeaux, chanoine de Vannes et successivement recteur de plusieurs paroisses, n'habita point le presbytère de Saint-Patern, mais sa maison dans la rue de Saint-Salomon , où il mourut le 23 octobre 1693.
1694-1696. R. Nicolas Gervaise, licencié en droit et chancelier de la Sorbonne, fit valoir un indult dont il était porteur, obtint des provisions du métropolitain et prit possession, le 25 janvier 1694, de cette paroisse réputée vacante par le décès de Raymond Le Doulx. Dès le jour même de ce décès, le chanoine Pierre de Chalons se l'était cependant vu conférer par l'évêque et en avait pris possession. Ce dernier ayant perdu sa cause au Conseil privé et au Grand Conseil, fit accord avec son compétiteur le 4 octobre 1695 et résigna toutes ses prétentions en sa faveur, moyennant la réserve d'une petite pension annuelle. Pour s'expliquer ces résultats, il faut remarquer combien étaient peu solides les provisions épiscopales délivrées à Pierre de Chalons sur une vacance ouverte en un mois des réserves apostoliques. Quant à Gervaise, il donna procuration, le 5 octobre 1696, pour résigner à son tour entre les mains du Pape en faveur du suivant.
1696-1718. R. Claude Guilloux, né à Sarzeau, docteur de Sorbonne et recteur de Bubry, pourvu en Cour de Rome, le 6 novembre 1696, prit possession le 8 mars 1697. Pendant son rectorat, il remplit les fonctions de promoteur, de vice-gérant de l'officialité, et même celles d'official. Malade et croyant sa fin prochaine, il résigna sa paroisse, le 12 septembre 1699, entre les mains de l'Ordinaire, qui, le même jour, la conféra au susdit Pierre de Chalons. Mais Guilloux se rétablit, contre son attente, et de Chalons dut renoncer de nouveau à la possession de ce bénéfice. Au bout d'une vingtaine d'années, visité encore par la maladie, ce recteur remit Saint-Patern entre les mains de l'évêque, le 30 septembre 1718, et mourut dans la matinée du 2 octobre suivant.
1718-1738. R. Raymond-Jean Alano, de la paroisse de Saint-Pierre, docteur de Sorbonne aussi et recteur de Baud, reçut ses provisions et prit possession, le jour même de la résignation de Guilloux. Ignorant cette résignation ou doutant de sa validité, Jean Perrot, de Sarzeau, crut devoir profiter de la mort du précédent recteur en un mois réservé au Pape, pour solliciter en Cour de Rome la collation de ce bénéfice. Il en obtint, en effet, des provisions datées du 15 février 1719. Mais l'Ordinaire ayant refusé le visa à ses lettres, il s'adressa au présidial, sur la sentence favorable duquel il prit possession civile, le 21 mai suivant. Cette précaution avait pour but de lui assurer les revenus du bénéfice. Afin de se mettre en règle sur la question de juridiction spirituelle, il présenta ses lettres de provisions à l'archevêque de Lyon qui, comme primat probablement, les visa le 1er mars et lui permit ainsi de prendre possession canonique le 21 du même mois en 1719. Il y eut naturellement procès entre Alano et lui ; mais ils finirent par s'entendre, et Alano résigna sa paroisse de Baud en faveur de Perrot qui lui donna la paix à Saint-Patern. Après avoir été aussi vice-gérant de l'officialité et avoir fait reconstruire son église, Alano se démit de son rectorat entre les mains de l'évêque, en mai 1738, et mourut au mois de décembre suivant.
1738-1754. Louis Bonnard, fils du seigneur de Hanlé, en Questembert, était recteur d'Elven, lorsque, le 10 mai 1738, l'Ordinaire lui conféra Saint-Patern, dont il prit possession le lendemain. Promoteur de l'officialité et syndic du clergé de Vannes, il fonda, pour 1.600 livres, le 25 septembre 1749, un lit à l'Hôpital des incurables en faveur d'un pauvre de sa paroisse qui serait présenté par ses successeurs dans ce rectorat. Il mourut dans son presbytère, le 25 avril 1754.
1754-1768. Guillaume-Pierre de Lespiney, de la paroisse de Saint-Pierre, fils d'un conseiller du roi et son procureur au siège de l'amirauté et maréchaussée de l'évêché de Vannes et aussi sieur du Sach, en Belz, était recteur d'Arzano et Guilligomarch, lorsqu'il fut pourvu de Saint-Patern par l'Ordinaire, le 16 septembre 1754, et en prit possession le 26 du même mois. Il remplit aussi les fonctions de vicaire général, mourut en 1768, et fut très regretté de ses paroissiens, à cause surtout de sa grande charité envers les pauvres.
1768-1771. Jean-Charles Le Pavec, de Theix et curé de Saint-Patern, ayant gagné cette paroisse au concours du 14 avril 1768, le Pape la lui conféra le 11 mai et il en prit possession le 12 juin. Peu de temps après, il fit poser, le 1er mars 1770, la première pierre de la tour qui ne devait s'achever qu'en 1826. Sa vie trop courte fut celle d'un saint. N'ayant encore que 48 ans, il mourut dans son presbytère, le 1er décembre 1771, « laissant à ses paroissiens quatre années d'exemple et d'édification, canonisé par la voix publique qui ne parlait de lui qu'avec vénération » [Note : Note manuscrite d'un contemporain qui, au début de son rectorat, composa sur lui cinq magnifiques couplets, dont je ne puis me défendre de citer les vers suivants : « Vos voeux depuis trois mois demandent un pasteur ; - Vos vœux sont exaucés, et Pavec est recteur. - 0 vous tous qui traînez vos jours dans la misère, - Pauvres, dans Lespiney, vous perdites un père ; - Aujourd'hui Lespiney sort pour vous du tombeau ; - Pavec sera pour vous un Lespiney nouveau »]. Le lendemain, il fut inhumé, au bas de son église paroissiale, dans la chapelle neuve du côté de l'évangile, maintenant la chapelle du Sacré-Cœur. Sa tombe, dressée en travers de la nef a la tête auprès du marchepied de l'autel et se trouve recouverte d'une dalle portant cette incription encore très lisible : Cigit Missire. Jn Charles Pavec, recteur de Saint-Patern, mt (mort) en odeur de Seté (sainteté), le 1er décembre 1771. Pendant plus de vingt ans et jusqu'à la Révolution, cette tombe attirait un grand concours de malades et d'affligés, qui y trouvaient assistance par l'intercession du serviteur de Dieu. Pour ne pas allonger démesurément cet article, il faut taire des renseignements précieux sur ce recteur et sur sa tombe, destinés probablement à sortir de l'oubli.
1771-1792. Maximin-Guillaume-Ange Le Croisier, originaire de Saint-Patern, fils d'un ancien consul de Vannes et d'Elizabeth Nouël, dame de Kerbouëdec, en Sarzeau, pourvu par l'évêque, le 12 décembre 1771, prit possession le lendemain. « Il avait reçu du ciel un extérieur séduisant, un dehors composé, une éloquence douce et touchante, qui déterminèrent le choix de Mgr Bertin pour le placer, dans un âge précoce, à la tête de 10.000 chrétiens » [Note : Notes manuscrites d'un contemporain, admirateur de M. Le Pavec et cependant peu favorable à son successeur]. Pendant toute la durée de son rectorat, il eut de nombreux procès. Il en avait un avec le général de la paroisse depuis sept ans au sujet de son presbytère, lorsque son mobilier fut mit sous séquestre, le 27 février 1791. Avec ses deux curés, Le Roux et Le Rouzic, il refusa de prêter le serment prescrit par la Constitution civile du clergé et vit, le 29 mai 1791, un recteur constitutionnel s'installer à la tête de sa paroisse. Le 16 juin suivant, un arrêté du directoire du département lui notifia l'ordre de quitter Vannes et de se rendre à Lorient, pour subir la détention à la citadelle du Port-Louis. Ayant bientôt recouvré la liberté, il « erre dans le royaume depuis environ 12 à 15 mois, » lorsque, le 20 juin 1792, le directoire du département refuse de prendre une délibération sur une pétition des citoyens de Vannes qui demandent son arrestation immédiate. Au mois de septembre suivant, il se présente à la municipalité d'Arzal, à l'âge de 54 ans, et y prend un passe-port, pour s'embarquer, à Vieille-Roche, petit port de cette commune, sur le navire la Constitution, qui est en rade et va faire voiles pour l'Espagne, où il porte 72 autres ecclésiastiques du diocèse de Vannes. Ce passe-port fut visé au directoire du département le 23 septembre, et, à la date du 29, les vents contraires retenaient encore le navire à l'ancre. Mais, ce recteur ayant quitté le territoire, le directoire accorda, le 6 octobre, main-levée du séquestre sur son mobilier en faveur de sa nièce. A partir de ce moment, on ignore ce que devint Le Croisier. Le navire la Constitution était, peut-être, celui que commandait un sauvage capitaine qui, pour s'enrichir des dépouilles de malheureux prêtres se déportant en Espagne, jeta l'ancre auprès d'une île à chaque marée recouverte par les flots, y fit descendre les voyageurs sous le prétexte de leur fournir le moyen de prendre un peu d'exercice, et les y abandonna. Tous furent noyés ; mais les valeurs qu'ils emportaient étaient restées sur le navire et devinrent la proie du capitaine.

(Abbé Luco).

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