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LES RELIGIEUSES DE LA VISITATION DE VANNES

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L’ordre de la Visitation a été fondé à Annecy, le 6 juin 1610, par saint François de Sales, évêque de Genève, et par sainte Jeanne-Françoise Frémyot de Chantal. Son nom de Visitation vient des visites que faisaient aux pauvres et des secours que leur distribuaient les premières religieuses, en souvenir de la Visitation de la sainte Vierge à sainte Elisabeth.

Quelques années après, elles furent soumises à la clôture, et cessèrent forcément leurs visites. Mais elles conservèrent néanmoins leur nom de Visitation, en souvenir de leur origine. Leurs fondations se multiplièrent rapidement en France. En ce qui touche la Bretagne, elles eurent une maison à Rennes en 1628, une autre à Nantes en 1630, et une troisième au Croisic en 1631. Cette dernière fut transférée à Vannes en 1638, trois ans avant la mort de sainte Chantal, et c’est l’historique de cet établissement qu’il s’agit de faire ici.

AUTORISATIONS

Dès 1635, les religieuses de la Visitation du Croisic, trouvant la ville trop petite, et l’air de la mer trop vif, demandèrent à l’évêque de Vannes la permission de s’établir dans sa ville épiscopale. Le prélat, qui aimait les établissements religieux, s’empressa de leur adresser l’autorisation suivante :

« Nous, Sébastien de Rosmadec, par la grâce de Dieu et du Saint-Siège apostolique, évesque de Vennes, conseiller du Roy en ses conseils d’Estat et privé, à tous ceux qui ces présentes lettres verront, salut. Cognoissans combien les maisons religieuses sont utiles, où les foibles de corps, ayant l’esprit épuré pour Dieu, sont aussy bien receus que les valides, et que plusieurs bonnes bonnes ames de nostre diocèse désirent grandement l’establissement en ceste ville de Vennes d’un monastère de religieuses de la Visitation Saincte Marie ; pour ce avons permis l’érection d’un couvent du dit ordre en la dite ville ou fauxbourgs, selon le lieu qui sera trouvé le plus commode, pour celles qui seront envoyées et receues y vivre sous nostre obéissance et de nos successeurs evesques, selon la règle de saint Augustin et les constitutions faites par le Bienheureux François de Salles, évesque de Genève, et approuvées par Sa Sainteté, et selon les coustumes establies par leur fondateur au monastère d’Annecy. En foy de quoy avons signé les présentes, faict contresigner à l’un de nos secrétaires, et y apposer le seau de nos armes, à Vennes en nostre manoir épiscopal de la Motte, le 15 d’apvril l’an de grâce 1635. Sébastien DE ROSMADEC, E. de Vennes. Par commandement de Mgr IIIime et Révime Evesque de Vennes (Sceau). Sénant » (Orig. parch.).

Après le consentement de l’évêque, il fallait celui de la communauté de la ville. Voici le texte de la délibération :

« En l’assemblée de la communauté de Vennes, tenue en la maison commune du dit lieu par les nobles, bourgeois et habitans dudit Vennes, assemblés pour délibérer de leurs affaires, après trois sons de cloche à la manière accoustumée, où M. le baron de Vieuchâtel, gouverneur de la ville, présidoit, ce jour de sabmedi 26 de may 1635, Noble homme Henri Colombel, sieur de Kercado, procureur sindic, a remonstré à l’assemblée que les religieuses de la congrégation de la Visitation Saincte Marie désiroient s’establir aux fauxbourgs de cette ville, en lieu non incommode, aux conditions qui seroient arrestées, requérant sur ce la communauté délibérer. Sur quoy la communauté aiant délibéré a consenti l’establissement des dites religieuses de la Visitation ; et pour traicter des conditions avec elles, a député MM. Rolland et Le Meilleur, conseillers, les sieurs (Lechet) de Redevant, (Kermasson) de Bourgerel, de Coetlagat et de Kerlevenan, à la charge qu’elles ne bâtiront en la ville, ni sur le port, et se feront ratifier à qui il appartiendra, avant leur establissement, et se fonderont, doteront et bâtiront à leurs frais, sans aucune espérance de don de la ville ». Daniel, commis greffier (Evêché. — Extrait sur papier).

Les conditions annoncées dans cet acte furent débattues entre les députés de la ville de Vannes et les représentants des religieuses, et enfin, le 2 février 1638, on conclut le traité suivant :

«... Les dites religieuses, en quelque nombre que par succession de temps elles se pouroint accroistre, n’auront que une seule maison, et icelle hors la ceinture et enclos de la ville, laquelle maison elles bastiront ès forsbourgs du dit Vennes, fors sur le port et quay...

« Elles bastiront et dotteront la dite maison, en sorte que, soubs quelque prétexte que ce soit, elles ne puissent pour le dit bastimant, sa dottation et ameublement, faire aucun acte de mendicité vers la dite communauté ni les particuliers.

« Seront aussi les dites religieuses obligées de recepvoir en leur maison les filles valides et invalides des dites ville et forsbourgs de Vennes, capables de la religion, aux termes de leurs constitutions, et moyennant une pension viagère de 120 livres seulement, payable par avance, et en oultre la somme de 600 livres pour ameublement et habits, scavoir, 200 livres lors de leur entrée, et 400 livres le jour de leur profession.

« Les filles non originaires de Vennes ne pourront en aucune façon tirer advantage des dites conditions, et il demeure en la disposition des dites religieuses de traiter avec les filles non originaires de Vennes comme elles verront bon estre.

« Et ne pouront les religieuses commancer à bastir le couvent espéré, que préalablement elles n’aient ratifié le présent acte, et à leurs frais obtenu les lettres nécessaires chez Sa Majesté, et icelles fait vérifier en parlement, et du tout délivré coppye en deue forme au sieur sindic de Vennes, et ce pendant elles se pouront establir et loger par forme d’hospice. 

« Présent à ce que devant noble homme Jacques du Fossé, sieur de Kerbourbon, receveur des décimes de l’évêché de Vennes, et sindic des nobles, bourgeois et habitans du dit Vennes.

« Fait et gréé en la demeurance du sieur de Kerhervé, soubs les signes des dites parties et les nostres, les dits jour et an. Signé : Le Meilleur. — Lechet. — V. Carré. — F. Vialar. — Basselinne. — Salomon. — J. du Foussé, sindic. — Le Bras, not. roy. — Tual, not. roy. » (Ibid. — Exped. parch.)

Ces préliminaires réglés, on obtint du Roi les lettres patentes nécessaires pour la fondation.

« Louis (XIII), par la grâce de Dieu, Roy de France et de Navarre, à tous présens et à venir, salut.  Nostre amé et féal conseiller en nos conseilz, le sieur Evesque de Nantes, bien informé des grandes incommoditez que recoivent nos chères et bien amées les religieuses de la Visitation Saincte Marie au lieu du Croysic, où elles ont esté cy-devant establies, leur ayant permis transférer leur hospice et demeure en nostre ville de Vennes, scavoir faisons que, désirant contribuer, en tout ce qui dépend de nous, à la gloire de Dieu et avancement de la religion catholique, apostolique et romaine, de nos grace spécialle, plaine puissance, et authorité royalle, Nous avons la dite permission, et celles du sieur Evesque de Vennes, et des bourgeois et habitans de nostre dite ville, cy attachées soubz nostre contrescel, louées, confirmées et aprouvées, louons, confirmons et aprouvons par ces présentes, signées de nostre main ; Voulons et nous plaist que les dites religieuses suppliantes puissent transférer leur dit hospice, s’habituer en nostre dite ville de Vennes, et y faire bastir un monastère en lieu commode, à condition qu’elles y vivront soubz l’obéissance du dit sieur Evesque de Vennes, selon la reigle de sainct Augustin et les constitutions aprouvées par Nostre sainct Père le Pape.

«  Si donnons en mandement à noz amez et féaulx conseillers les gens tenans nostre Cour de parlement à Rennes ces présentes faire registrer, et de leur contenu jouir et user les dites religieuses suppliantes plainement et perpétuellement, faisant cesser tous empeschemens : car tel est nostre plaisir ; et afin qu’elles soient stables, nous y avons fait mettre nostre scel, sauf en autres choses nostre droict et de l’autruy. 

« Donné à Sainct-Germain-en-Laye, au mois de juillet, l’an de grace 1638, et de nostre regne le 29ème. Par le Roy : Phélypeaux. » (Ibid. — Orig. parch. — Sceau de Maj.).

Ces lettres furent enregistrées au Parlement le 17 août 1638. 

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ETABLISSEMENT

Après avoir obtenu ainsi toutes les autorisations requises, un premier groupe de religieuses vint à Vannes, dès le mois de septembre 1638. On y voyait les soeurs : Anne-Louise Gallois, supérieure, Marie-Hélène Davy, Françoise-Julienne du Liscoet, Anne-Françoise Canaye, Jeanne-Marie du Masle, Julienne-Thérèse Guilloteau, Julienne-Angélique Grignon, et Jeanne-Catherine Le Gallec.

Elles prirent à ferme une grande maison, habitée précédemment par le sieur de la Croix-Orain, et située rue Saint-Yves ou rue d'Auray, à gauche en montant. Cette maison avait au midi un grand jardin, qui avait attiré l’attention des soeurs. Elles résolurent dès lors d’en faire le noyau de leur établissement, et d’acquérir graduellement les maisons et jardins du voisinage, situés entre la rue Saint-Yves et la rue de la Vieille-Boucherie (la Loi), entre la place du Marché et le cimetière de Saint-Michel (champ de foire).

Elles commencèrent l’exécution de ce plan, en se rendant adjudicataires, le 11 décembre 1638, au prix de 2.760 livres, de la maison du Croissant (la seconde de la rue Saint-Yves), dépendant de la succession de Jacques Darnault, y compris la cour et le jardin derrière.

Le 16 juin 1639, elles acquirent par adjudication, au prix de 5.600 livres, la maison de la Croix-Orain, la maison Lucas qui la touchait, deux petites maisons, situées l’une au levant, l’autre au couchant des précédentes, et les jardins derrière ; ces quatre maisons étaient les 4ème, 5ème, 6ème et 7ème de la même rue de Saint-Yves du côté gauche.

Tous ces immeubles dépendaient du fief du Chapitre, et devaient lui payer les droits de mutation, à chaque changement de propriétaire. Mais en passant à une communauté, en devenant biens de main-morte, ils étaient soumis à paver un capital, dont la rente représentait le droit perpétuel de mutation ; les droits de moulin, de four et de juridiction féodale étant réservés.

Les religieuses, pour se libérer, conclurent avec le Chapitre de Vannes, le 20 juillet 1640, la transaction suivante :

« Les religieuses de la Visitation, pour demeurer quittes entièrement des charges de l’indemnité de fief, pour les logis du Croissant et de Croix-Orain et leurs dépendances, et exemptes des suites et servitudes des fours et moulins de la jurisdiction du Chapitre, ont promis et doivent payer aux sieurs chanoines, dans trois ans prochains venant, la somme et nombre de 2.150 livres tournoys, à la quelle les partyes ont amiablement composé pour tous les dits droits, parce que pendant les dits troys ans, les religieuses pairont aux gens du Chapitre le revenu des 2.150 livres à raison du denier vingt, qui monte à 107 livres 10 soulz par chacun an ; et au cas que passé les troys ans les religieuses désirent d’avantage retenir les dits deniers, faire le pouront, en payant pour les années subséquantes l’intérest d’iceux à raison du denier saize...

« Et est conditionné que les dits sieurs du Chapitre, ayant receu les 2.150 livres, les emploiront en fonds de rante ou acquest, qui tourne au profit de la manse capitulaire pour eux et leurs successeurs, et pour leur tenir place des domages que pouroit souffrir leur fief par l’occupation des dites religieuses, comme pertes de ventes et lodes, diminution du revenu de leurs four et moulin, et autres revenus casuels, ès quels personnes religieuses et gens de main morte ne sont obligés.

« A esté pareillement accordé entre les partyes que, pour marque de la supériorité et féodalité des sieurs du Chapitre aux susdites choses, ils pouront faire mettre à leurs fraitz les armes de leur jurisdiction gravées en pierre, en deux divers lieux des bâtimans des dites religieuses, scavoir, au dessuz du grand portail de leur esglise, et au dessuz de la principale porte de leur couvent, et un autre escusson en verre à la principale et maitresse vitre de leur esglise, et ne souffriront les religieuses qu’il soit posé aucunes autres armes ny marques de prééminence au dessus de celles du Chapitre, sy ce ne sont celles du Roy.

« De plus est accordé que de dix ans en dix ans les religieuses feront comparoir leur procureur aux pieds de la dite jurisdiction, avecque pouvoir valable de leur chapitre, pour recognoistre la dite mouvance, et qu’elles relèvent les dites choses des sieurs du Chapitre ; qu’ils réservent vers les religieuses et de leur consentement l’indemnité du fief pour les choses qu’elles y pouroint cy-après acquérir, et quy ne sont pas comprinses aux susdits contracts ; et au cas que les religieuses affermeroint quelques-uns des dits logemans aucuns particuliers, les locataires ne pouront s’aroger aucun privilège ny tirer aucune conséquance pour exemption de la suite des four et moulin, soubs prétexte du présant traité, quy ne s’estendra que pour les dites relligieuses et ceux de leur maison et famille seullement.

« Et est le présant traité sans déroger ny préjudicier aux rantes féodalles, qui peuvent estre deubs aux sieurs du Chapitre sur les dites choses, dont les relligieuses leur fourniront adveu de jour à autre... Faict et gréé à Vannes, à la greille du parlouer des relligieuses, soubs les signes des sieurs Gouault et Chenault, des relligieues et les nostres... Authueil, not. roy. — Thomas, not. roy. » (Visitat. — Exped. parch.).

Le 20 mai 1643, les Dames de la Visitation achetèrent de M. Jean Salomon ; seigneur de Bréafort etThaitre des comptes à Nantes, pour la somme de 1,800 livres, « un logis couvert d’ardoises avecq son jardin au derrière et à costé, scittués en la rue de la Vieille-Boucherie (ou de la Loi, en face du portail de l’hôpital) ; iceluy logis et jardin donnant par le derrière et un costé au jardin des religieuses, et d’aultre costé à un logis despandant de la chapelainie de Saint-Livry.. ».

Les religieuses, réunies en chapitre à la grille, et mentionnées dans cet acte, sont : Marie-Françoise de Villiers, supérieure,, Marie-Amable Garreau, Anne-Louise Gallois, Anne-Françoise Canaye, Jeanne-Marie du Masle, Julienne-Thérèse Guilloteau, Jeanne-Catherine Le Guénec, Marie-Françoise Le Mintier, Marie-Perrine Dolbeau, Marie-Pacifique de Brenugat, Jeanne-Thérèse Guymarho, Louise-Henriette Préau, Marie-Gabrielle Fourré, Jeanne-Marguerite Jégo, Jeanne-Louise Trimault et Claude-Agnès Visdelou. Total 16 religieuses.

Quand on rapproche cette liste de celle de 1638, on voit que le nombre des religieuses avait doublé ; l’augmentation provenait de l’arrivée des dernières soeurs du Croisic et de la profession des premières novices reçues à Vannes. Quelques années après, l’hôtellerie du Chapeau-Rouge, située à l’angle de la place du Marché et de la rue Saint-Yves, fut mise en vente. Les religieuses acquirent par adjudication, le 7 janvier 1651, la portion occidentale de la maison, appartenant aux mineurs Friot, et comprenant une pièce en bas, une chambre haute, un grenier et une moitié de jardin derrière, le tout pour 940 livres. Le 23 octobre 1652, elles achetèrent au sieur Druais, au prix de 3,500 livres, le reste de l’hôtellerie, consistant en une cave, un en-bas, des chambres hautes, un galetas, un jardin derrière et deux appentis.

Les contrats d’acquisition de la maison Salomon et de l’hôtellerie du Chapeau-Rouge furent, suivant la loi, enregistrés aux Insinuations, publiés pendant trois dimanches, et enfin mis à exécution. Les religieuses payèrent au Chapitre, seigneur féodal, les droits de lods et de vente, appelés aujourd’hui droits de mutation, et de plus l’indemnité de fief, dite actuellement droit de main-morte. Cette indemnité s’éleva, pour les deux immeubles réunis, à 1,902 livres en capital, ou à 95 livres en rente annuelle.

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CONSTRUCTIONS

Les religieuses de la Visitation firent commencer en 1652 la construction de leur couvent définitif. Voici un extrait du « Devis du bastiment... à construire dans leur enclos du costé de la rue Saint-Yves vers le Marché.

1° « Le corps de logis aura de longueur 74 pieds ou environ, et de franc par le dedans 30 pieds de large, y comprins le cloistre.

2° « Les murs de dehors des deux costés, auront trois pieds d’épaisseur par le fondement jusques à la hauteur des terres, où il se fera un retranchement de quatre, poulpes par le dehors.

3° « Toutes les portes, fenestres et esliges seront pozées aux lieux requis et nécessaires, faisant des arrière-voussures aux fenestres et des plates bandes sur les portes en pierres de taille.

4° « La cave sera voutée en berceau, et aura d’épaisseur un pied et demy à la cleff, avec des abat-jours et portes de case.

5° « Les pilliers du cloistre auront deux pieds de largeur et deux et demy d'épaisseur à la base et au chapiteau. 

6° « Il y aura tout autour des pilliers et arcades une feuillure à un pied du dehors (pour recevoir des Châssis)

7° « Les Murailles seront faites et conduites jusques à la hauteur marquée dans le plan, prestes a recevoir l’entablement ».

(Suit le détail des fournitures et des, travaux à faire, soit par l’entrepreneur, soit par les religieuses, ainsi que le prix de la main d'oeuvre).

Le 25 septembre 1652, Michel Mousaint, maître architecte de Belle-Ile, prit, l’engagement de faire toute la maçonnerie, et reçut par paiements successifs. 4,461 livres 14 sous.

Vinrent ensuite les charpentiers, les couvreurs, les menuisiers, les peintres, etc… Le tout, ne fut terminé qu’en 1657, comme le prouve une liasse de quittances.

Ce bâtiment existe encore à la fin du XIXème siècle : il est au nord du cloître et parallèle à la rue Saint-Yves ; il a les dimensions marquées au devis ; au-dessus de la cave, se trouve le rez-de-chaussée, partagé en trois pièces, dont celle du milieu servait de chapelle ; un premier étage et des mansardes complètent l’édifice.

La supérieure pendant ces travaux était la soeur Marie-Thérèse de Cornulier.

Le directeur de la communauté était M. Henri Basselinne, vicaire général de Mgr Charles de Rosmadec ; il mourut en 1656 en léguant aux religieuses une petite maison et un jardinet touchant à leur enclos, et un calice en argent.

M. Louis Eudo de Kerlivio, son successeur dans la charge de vicaire général, reçut aussi alors, ou du moins peu de temps après, la direction de la communauté, et il s’en occupa très activement. On le retrouvera plus loin.

Le 17 août 1660, les religieuses de la Visitation achetèrent de Jean Caudal et de sa femme, au prix de 1,700 livres, leur maison située au haut de la rue Saint-Yves, et composée de trois chambres basses, de chambres hautes et d’un galetas au-dessus, avec cour, puits, appentis et deux jardins, la maison donnant à l’ouest sur les immeubles de M. Mallet, apothicaire, et à l’est sur une petite venelle, qui séparait le fief du Chapitre de celui des Régaires, et la paroisse de Saint-Salomon de celle de Saint-Patern.

Le 4 mars 1662, elles achetèrent d'Antoine Mallet et de Jacquette de Livillion, sa femme, pour la somme de 2,880 livres, leur maison avec boutique et jardin, situés à la suite des immeubles précédents, dans le fief des Régaires et la paroisse de Saint-Patern. Elles acquirent de même, graduellement, diverses maisons avec leurs jardins, du côté du cimetière de Saint-Michel et dans la rue de la Vieille-Boucherie, pour avoir un enclos convenable et sans interruption.  Ces acquisitions faites, les religieuses s’occupèrent de la construction du grand corps de logis du côté de l’ouest. 

« Ce jour, 9e d’octobre 1671, après midy, devant nous notaires royaux de la cour de Vennes... ont comparu Soeur Madeleine-Elisabeth de Chaumont, supérieure, Françoise-Charlotte Garreau, etc... et François Cosnier, maître architecte, demeurant en la rue de Nostre-Dame de cette ville... ; entre les quelles parties s’est fait le marché qui ensuit : par lequel le dit Cosnier a promis et s’est obligé de construire à neuff le massonnage en entier et ce qui sera requis de taille, tant pour portes, voustes, croisées, qu’autrement, du bastiment que les dites religieuses désirent faire dans leur enclos, au joignant de leur bastiment d’à présent, suivant le plan, dessin et devis fait par le dit Cosnier, signé des parties, et demeuré par devers les dites religieuses, pour y avoir recours lorsque recours sera.

(Suit le détail des fournitures à faire).

« Conditionné que le dit Cosnier commencera à faire travailler et tailler les pierres l’hyver prochain, et y continuera incessamment avec un nombre suffisant d’artisans, parce que les dites religieuses luy fourniront des matériaux sur les lieux à suffire ; et à cet effet le dit Cosnier démolira à ses frais ce qu’il sera nécessaire de murailles, pour joindre le bastiment qu’il construira à celuy d’à présent... ».

La première pierre de ce corps de logis fut placée le 25 octobre 1671, sous le gros pilier faisant l’angle du côté du midi, près de la chambre de communauté. On y avait gravé l’inscription suivante.

Vive Jésus, Marie et Joseph ! — Du règne du Roy très chrestien Louys XIVe , Roy de France et de Navarre, cette première pierre du couvent de la Visitation Sainte-Marie, érigé en la ville de Vennes, dédié en l’honneur des trois augustes personnes de la Trinité en terre, Jésus, Marie et Joseph, a esté mise par un petit enfant pauvre, au nom du Saint Enfant Jésus, nostre fondateur, le 25e octobre 1671, l'Ordre ayant pour supérieur en ce diocèse Mgr l’illustrissime Charles de Rosmadec, nommé à l'archevesché de Tours, et Mgr Louis Casset, nommé au dit évesché de Vennes, et pour père spirituel Messire Louys Eudo, grand vicaire et official.

La copie de cette inscription, aux Archives, est marquée d’un sceau ovale, représentant au centre les lettres MA entrelacées, et autour les mots FUNDAVIT EAM ALTISSIMUS ; en dehors du sceau on lit sur deux lignes SAINT-FRANÇOIS DE SALES. — B. Hse M. D. C. V. D.

Pour subvenir aux frais de construction, les religieuses empruntèrent aux Jésuites de Paris, le 20 janvier 1672, un capital de 10,000 livres ; moyennant une rente au denier vingt.

Nous ignorons le mentant de la dépense et la durée des travaux mais en jetant un coup d'oeil sur le plan ci-joint, il est facile de voir que le nouveau bâtiment, tourné vers l'Ouest, est à peu prés le double de la première construction et que la dépense, dut monter en proportion.

Le cloître, de ce côté du couvent, est la continuation de la partie qui dessert les appartements du nord ; le troisième côté au sud est dans le même style. Ce cloître avec ses piliers carrés en pierres de taille, et ses hautes arcades, en plein cintre, présente un aspect grandiose. Il servait de moyen de communication entre tous les appartements du rez-de-chaussée ; et aux jours de pluie ou de grand soleil, il offrait une récréation couverte aux religieuses et à leurs pensionnaires.

La bénédiction du nouveau bâtiment eut lieu en 1674. M. Charles Le Ny de Coetdelés, archidiacre, qui fit la cérémonie, bénit en même temps la chapelle de l'Enfant-Jésus, bâtie dans l’enclos. On y transporta les ossements des religieuses, mortes depuis la fondation, et on démolit la chapelle de Saint-Louis, qui les renfermait précédemment.

Quant au bâtiment commencé au sud du cloître, on n'en connaît pas la date précise ; il a été remanié et restauré en 1893.

Le bâtiment, situe à l’est, destiné à rejoindre un jour celui du sud, n'a pas été plus achevé que celui-ci, soit parce que les ressources aient fait défaut, soit parce que les propriétaires voisins aient refusé de vendre leurs immeubles. Il en est résulté un monument incomplet, comme on peut le voir sur le plan cadastral.

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COMMUNAUTE

Les constructions effectuées correspondaient à l’augmentation de la communauté. En 1667, on trouve 32 religieuses professes, présentes au chapitre, sans compter les novices, les converses, et peut-être quelques malades et absentes.

Voici leurs noms

Soeur Françoise-Charlotte Garreau, supérieure, Anne-Marie Le Gruier, Anne-Gabrielle Pinart, Marie-Madeleine Le Ny, Julienne-Thérèse Guillotean, Jeanne-Catherine Le Guénec, Jeanne-Madeleine de Villaine, Marie-Pacifique de Brenugat, Anne-Catherine Bouchaud, Marie-Marguerite Garreau, Françoise-Angélique Gouyon, Marie-Charlotte du Pecquer, Jeanne-Françoise Drouet, Marie-Vincente Lechet, Anne-Marie de la Haye, Marie-Joseph Ménard, Louise-Marguerite Janvier, Marie-Thérèse du Gué, Anne-Thérèse du Bouchet, Perrine-Angélique de Lescu, Marie-Angélique de Keralbaut, Claude-Françoise Lory, Anne-Joseph Doussay, Anne-Louise de Kerméno, Anne-Constance du Fresne, Anne-Marguerite Boutouillic, Marie-Constance Martin, Marguerite-Aimée Bidé, Marie-Françoise Pinart, Marie-Gillette Guillory, Marie-Anne Thouvenin et Marie-Gabrielle de Kervérien.

La communauté était alors tout à la joie. Saint François de Sales, fondateur de l’ordre, avait été béatifié par Alexandre VII le 28 décembre 1661 ; et canonisé par le même pape le 19 avril 1665. L’évêque de Vannes donna un mandement, le 27 septembre 1668, pour publier la bulle de canonisation et donner le programme de la cérémonie qui devait avoir lieu au monastère de la Visitation.

Un inventaire des titres et papiers de la communauté, dressé à cette époque, porte cette courte mention : « Relation de toutes les magnificences faites pendant l’octave de cette solennité ». Cette relation n’existe plus dans le dépôt des Archives de la préfecture, et on est réduit, pour en avoir une idée approximative, à consulter le récit d’une fête semblable, qui eut lieu en 1670 chez les Carmélites de Nazareth, à l’occasion de la canonisation de sainte Marie-Madeleine de Pazzi.

Le directeur de la Visitation était alors M. Louis Eudo de Kerlivio, vicaire général. Au départ de Mgr Charles de Rosmadec, en 1671, il avait été continué dans ses divers emplois par Mgr Cassel de Vautorte.

Mais bientôt la fermeté du vicaire général déplut à l’évêque, et les faux rapports des ecclésiastiques mécontents achevèrent d’envenimer son esprit. Sur la fin de 1672 : « il lui ôta la charge de grand vicaire, la supériorité et la direction des maisons religieuses, et cela en public, avec des circonstances très humiliantes. M. de Kerlivio ne dit pas un seul mot ; sa tranquillité ne reçut aucune atteinte ; il bénit Dieu de l’avoir déchargé d’un fardeau, qu’il n’avait accepté que par obéissance.

« Dans cette disgrâce, tout le monde se déclara contre lui ; ceux même qui lui avaient le plus d’obligation l’abandonnèrent comme les autres ; les seules religieuses de la Visitation lui demeurèrent constamment attachées. Leur supérieure, Madeleine-Elisabeth de Chaumont, et toutes ses filles refusèrent hautement le supérieur que l’évêque voulait leur donner ; et le prélat, étonné de leur fermeté, leur permit de voir M. de Kerlivio, non comme supérieur, mais comme un autre prêtre.

« Mgr de Vautorte revint peu à peu de ses préventions, en voyant que M. de Kerlivio, sans se ressentir de l’affront qu’il avait reçu, continuait, avec la même application qu’auparavant, à confesser, à diriger les âmes, et à rendre au prochain tous les offices de charité ; il ne put s’empêcher de dire qu’à la vérité il n’était pas des plus complaisants, mais qu’il allait droit dans les affaires, et ne cherchait purement que l’intérêt de Dieu.

La médiation de Mme d'Argouges, femme du premier président du parlement de Bretagne, ne contribua pas peu à concilier à M. de Kerlivio le retour des bonnes grâces de l’évêque. Le 5 août 1674, le prélat permit le rétablissement des retraites des femmes et il en donna la direction à M. de Kerlivio ; il lui rendit ensuite la supériorité du monastère de la Visitation ; et enfin, au mois de janvier 1677 ; il le pria de reprendre ses lettres de grand vicaire. Celui-ci, sans écouter les conseils de ceux qui le détournaient de se rengager dans cette charge, en reprit les fonctions par un motif de zèle et d’obéissance, et les exerça jusqu’à la mort dans le même esprit qu’avant sa disgrâce » (Vies des SS. — Tresvaux. V. 203).

Il vit le gouvernement de la Visitation passer en 1674 à la soeur Marie-Thérèse Cornulier, et en 1680 à Marie-Madeleine Le Ny de Coetdelès. Pour lui, il prolongea sa vie jusqu’au 21 mars 1685, où il mourut en odeur de sainteté, à l’âge de 63 ans, dans la maison de Retraite des hommes.

Après sa mort, les religieuses travaillèrent à obtenir la suppression d’une venelle, située à l’ouest de leur couvent, joignant la rue de la Vieille-Boucherie à la rue Saint-Yves, et arrêtant le développement de leur enclos. Elles réussirent dans leur projet, et en 1689, sous la supériorité de Marie-Angélique de Keralbaut, elles obtinrent du Roi les lettres patentes qui suivent. « Louis (XIV), par la grâce de Dieu, Roy de France et de Navarre, à tous présens et à venir, salut. 

« Les religieuses de la Visitation de Nostre-Dame de Vannes, nous ayant cy-devant fait remonstrer qu’elles recevoient, aussi bien que le public de nostre dite ville, de grandes incommoditez par la puanteur des immondices que l’on jette dans une ruelle, qui va de la rue de la Vieille-Boucherie, ou autrement du grand chemin du fauxbourg de la Magdelaine, à l’église de Saint-Michel, et qu’il seroit de l’utilité généralle de clore la dite ruelle par les deux bouts, Nous aurions ordonné à nostre amé et féal Conseiller ordinaire en nostre Conseil d’Estat, le sieur de Pomereu, de prendre connaissance de l’utilité ou incommodité que le public pouvoit recevoir de cette demande, lequel, après s’estre transporté sur les lieux, Nous auroit envoyé son avis ;

« Pour ces causes et autres à ce Nous mouvans, après avoir fait voir et examiner en nostre Conseil l’avis du dit sieur de Pomereu et le consentement des scindic et miseur de la dite ville et communauté de Vannes, cy-attachez sous le contrescel de nostre chancellerie, de nostre grâce spécialle, pleine puissance, et autorité royalle, Nous avons accordé, donné et octroyé, et par ces présentes signées de nostre main, accordons, donnons et octroyons aux dites religieuses le terrain de la dite ruelle, pour estre joint, uny et incorporé à leurs jardins et enclos ; leur permettons à cet effet d’enclore la dite ruelle par les deux bouts, et de s’en servir pour la communication de leur enclos avec les jardins qu’elles ont nouvellement acquis, ou à tels autres usages qu’elles aviseront bon estre, et comme de chose à elles appartenant, à condition touttes fois qu’elles feront préalablement ouvrir et construire à leurs frais et dépens un passage ou chemin de la largeur de treize pieds dans oeuvre, qui conduira de la dite rue de la Vieille-Boucherie ou grand chemin du fauxbourg de la Magdelaine à celuy par lequel on va à la fontaine de Nazareth, et qui servira pour la communication du dit fauxbourg de la Magdelaine avec celuy de Saint-Yves.

« Sy donnons en mandement à nos amez et féaux les gens tenans nostre cour de parlement de Vannes et chambre de nos comptes à Nantes, présidens, trésoriers généraux de France au bureau de nos finances estably au dit lieu, sénéchal de Vannes ou son lieutenant, et à tous autres nos officiers et justiciers qu’il appartiendra, que ces présentes ils ayent à faire enregistrer, et du contenu en icelles faire jouir et uzer les dites religieuses, et celles qui leur succéderont, pleinement, paisiblement et perpétuellement, cessant et faisant cesser tous troubles et empeschemens, non obstant touttes choses à ce contraires : car tel est nostre plaisir.

« Et affin que ce soit chose ferme et stable à toujours, Nous avons fait mettre nostre scel à ces présentes, sauf en autres choses nostre droit, et l’autruy en touttes. Donné à Versailles, au mois de juillet l’an de grâce 1689, et de nostre règne le 47e. Louis. Par le Roy : Colbert ». (Visit. — Orig. parch. — Sceau perdu).

Ces lettres furent enregistrées au Parlement le 23 février 1690, à la Chambre des comptes le 4 juillet, et au Présidial le 24 juillet. 

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ENCLOS

Grâce à cette concession, les Visitandines purent supprimer la venelle et s’étendre vers l’ouest sans solution de continuité ; elles acquirent graduellement les jardins et les maisons de la rue Saint-Yves et de la Vieille-Boucherie qui les séparaient encore du cimetière de Saint-Michel.

Malheureusement pour elles, ledit cimetière formait une pointe triangulaire vers l’est, sous l’emplacement de la caserne de la gendarmerie (de la fin du XIXème siècle), et les empêchait de donner à leur enclos une forme à peu près carrée. Elles songèrent alors à demander à la paroisse de Saint-Pierre la concession de cette portion triangulaire du cimetière, et à donner en retour un terrain leur appartenant, situé au sud du même cimetière, le long de la rue de la Vieille-Boucherie, et contenant 117 pieds de plus que le terrain demandé.

Le général de la paroisse s’étant réuni le dimanche 6 mars 1712, « les sieurs Jarno et Le Moyne ont représenté que les dames religieuses de la Visitation veulent faire quelques changements dans le cimetière de Saint-Michel, où se dessert la confrérie des Trépassés, et demandent ce qu’ils auront à faire ce touchant. — Sur quoy le dit général délibérant est d’avis, conformément à la délibération du dimanche 16 janvier 1707, que le général de la dite paroisse n’a aucun intérêt (?) dans la chapelle et cimetière de Saint-Michel, qui n’est point leur lieu de sépulture (?), la quelle chapelle et cimetière appartiennent seulement à la confrérie et aux confrères des Trépassés, qui sont des quatre paroisses de la ville et faubourgs de Vennes, et même de la campagne ; ainsi c’est l’affaire des abbés et confrères de la dite confrérie. Signé : Dondel, lieutenant du Roy au gouvernement de Vannes. — De Keralbaut de Cardelan, vicaire. — Bourgeois, alloué. — Jean Touzé. — L. Hervouet. — Houet. — Le Clerc, procureur du Roy. — J.-B. Kerviche. — G. Guitton. — Goualesdre. — De Porte Boutouillic.— J.-T. Touzé. — P. Le Thieis. — Le Souchu. — Félot.— D. Kergrain Lubin. — G. Mallet. — J. Jarno.— Le Mière Durand. — Jarno, marguillier en charge »

En conséquence de cette délibération, « les dits sieurs Jarno et Le Moyne, abbés de la dite confrérie, cherchant la plus grande utilité de la dite confrérie, conformément à l’acte de fondation et érection d’icelle du 23 avril 1543, et aux fins du pouvoir donné aux abbés, ont consenty et consentent que les dites religieuses enferment dans leur enclos une pointe et triangle dudit cimetière, et qu’elles continuent leur muraille par l’endroit leur désigné jusques à l’autre muraille de leur enclos ; et pour remplacer le dit terrain, les religieuses de leur part ont consenti et consentent que le terrain qui leur appartient et qui reste depuis la muraille du cimetière jusques au pavé demeure mis et joint au terrain dudit cimetière, et elles s’obligent de démolir à leurs frais la muraille qui en fait la séparation, de faire mettre le tout au niveau du terrain du cimetière, de faire boucher la porte qui est au bas de leur terrain et qui donne sur le pavé, et d’ y faire transporter et planter les arbres et la croix qui sont dans la pointe ou triangle dudit cimetière.

« Et tout cela ainsi fait et accordé en faveur de trois livres une fois payées, que les dites religieuses ont présentement payées aux dits abbés au profit de la confrérie des fidèles trépassés ; et il est convenu entre les parties qu’il ne sera fait aucune attache aux murailles des enclos des dites religieuses du côté du cimetière, ny aucun édifice, parce que par le moyen des attaches et édifices on pourroit entrer dans leur enclos, et les religieuses ne seroient pas en sûreté, ny ce qu’elles peuvent avoir.

« Fait et passé à Vannes, au rapport de Jarno, notaire royal et apostolique, au grand parloir du couvent, ce jour 26 mars 1712, après midy ». Cet échange fut sanctionné par Mgr d'Argouges, comme seigneur du fief des Régaires et comme évêque de Vannes. Le voeu des religieuses était rempli : leur clôture était complète du côté de l’ouest.

Cependant la paroisse de Saint-Pierre, qui se désintéressait en 1712 de la propriété du cimetière de Saint-Michel, se ravisa plus tard. Elle trouvait ce cimetière trop éloigné de l’église, et elle caressait l’idée de l’établir dans un terrain attenant à la chapelle de Notre-Dame des Lices. Grâce à l’influence des membres composant le général de la paroisse, elle obtint, le 28 juin 1740, un arrêt du parlement, lui permettant « de faire incessamment travailler à la démolition de la chapelle de Saint-Michel, de vendre les matériaux, mesme d’aliéner le fonds à la première occasion favorable, et d’employer tant le produit de la vente des dits matériaux que celuy du fonds aux réparations et entretien de la chapelle des Lices, dans la quelle se fait l’office des morts, et où se desservent les confréries du Saint-Sacrement et des Trépassés ». Malgré les réclamations de l’évêque, du Chapitre et du Présidial, le parlement maintint son arrêt.

Les représentants de la paroisse proposèrent aussitôt aux religieuses de la Visitation de leur vendre le cimetière de Saint-Michel, comme étant à leur convenance. Celles-ci, ayant déjà leur clôture complète, et n’ayant pas alors l’argent nécessaire pour payer l’acquisition, offrirent l’échange de ce terrain pour une prairie leur appartenant, située sur la route du Dondon : ce qui fut accepté. En conséquence, le 25 janvier 1742, fut passé l’acte suivant :

«... Nous religieuses du monastère de la Visitation de Vannes avons délaissé et délaissons au général de Saint-Pierre un pré appartenant à notre communauté (acquis en 1700), et produisant de rente par an 72 livres ; et nous fabriques, au dit nom, avons aussi délaissé et délaissons aux dites dames religieuses le terrain de Saint-Michel, servant actuellement de cimetière aux paroissiens, joignant au midi (est) l’enclos des dites dames, au nord le grand chemin qui conduit de Vannes à Auray, ensemble les arbres plantés dans le susdit terrain, ainsy que les matériaux provenant de la démolition de l’ancienne chapelle de Saint-Michel, et généralement tout le terrain comme il se contient, sans réservation quelconque, du quel terrain et dépendances le général jouit en vertu de possession plus que centenaire, promettant toute garantie aux dites dames religieuses, même vers les paroissiens de Saint-Patern et le Chapitre de Vannes et tous autres ; et de fournir en cas de contestation les pièces au soutien de la propriété du susdit terrain.

« A esté conditionné que le général ne jouira de la prairie dont est cas, qu’après avoir mis les dames religieuses en état de disposer en pleine propriété du cimetière de Saint-Michel et dépendances, lequel jusque là continuera de servir de sépulture aux paroissiens, comme au passé ; parce que aussi les dites dames, en cas d’éviction ou de retrait du même terrain, rentreront dans la disposition et jouissance de leur prairie, sans aucun ministère de justice, et elles seront remboursées par le général de toutes les sommes qu’elles pourroient avoir avancées à ce sujet ; que le général fera enlever les ossements qui sont dans le reliquaire à ses frais ; que les frais requis pour autoriser les dits échanges seront payés par moitié par les dites dames et le général ; et qu’enfin les dites dames ne pourront, sous prétexte du présent échange ou autrement, estre inquiétées ny recherchées par le général pour plus grande rente que celle de 4 livres par elle deue à la confrérie des Trépassés... ».

Le même jour, la paroisse céda la prairie susdite au sieur Drouard, en échange d’une maison et d’un jardin, situés prés de Notre-Dame des Lices, et destinés à servir de cimetière, en réservant une rente de 24 livres due aux Carmélites de Nazareth sur ces immeubles.

Ces divers échanges, ainsi arrêtés le 25 janvier 1742, ne furent définitivement réglés que le 22 août 1748, et les religieuses prirent possession du terrain de Saint-Michel le 28 janvier 1749. (Visitat. H.)

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CAMPAGNE

Outre les immeubles situés en ville, les religieuses de la Visitation avaient aussi quelques propriétés répandues à la campagne.

Vers 1692, la soeur Marie-Augustine de Haudressy donna pour sa dot au monastère une métairie située au Halinier, dans la paroisse d’Elven ; elle figure dès 1697 dans un aveu fait au roi. En 1708, le 12 avril, la soeur Marie-Jeanne du Bot-Diguet donna de son côté une tenue située à Saint-Christophe et une autre à Bellefontaine, en Elven ; la communauté, en 1720, paya les édifices aux tenanciers, pour en avoir la propriété complète.

En 1714, le 30 janvier, par acte au rapport de M. Le Barbier, notaire royal, les religieuses de la Visitation de Vannes acquirent de dame Renée Truillot, épouse et procuratrice générale d’écuyer Guillaume Le Bartz, « avec promesse et obligation de toute garantie, le lieu et maison noble d'Auzon, avec ses appartenances et dépendances, situées en la paroisse de Séné, y compris une pièce de terre sous vigne, cernée de murailles, contenant environ un journal de terre, autrefois appelée la vigne de Randrecar ou de Callac, proche la dite maison d'Auzon, et une autre pièce de terre, contenant environ deux journaux, située en la motte d'Auzon, à la charge aux dites religieuses de tenir et relever les dites maisons d'Auzon et deux pièces de terre prochement et noblement du Roi notre sire, sous la cour de Vannes, à devoir de rachat, foi et hommage ;

« De plus la dite dame Le Bartz, aux dits noms, a vendu, cédé et transporté aux dites religieuses une tenue à titre de convenant et domaine congéable, suivant l’usement de Broérec, avec ses appartenances et dépendances, située au village de Kerisouet eu la paroisse de Plaudren... La dite vente du tout faite et accordée entre parties pour la somme de 8,000 livres tournois de principal, et 200 livres pour vins, épingles et commissions... » (Présidial. B. 315. p. 68).

Les religieuses vendirent ensuite la petite tenue de Kerisouet, peut-être pour payer d’autres acquisitions.

En 1714 encore, le 22 février, par acte au rapport de M. Le Barbier, « Messire Jean de la Monneraye, chevalier, sgr de Bourgneuf, et dame Marguerite Le Mézec, son épouse, vendirent aux religieuses de la Visitation la maison, terre noble et seigneurie de Cantizac et la Salle, situées en la paroisse de Séné, comprenant : le manoir principal et ancien du dit Cantizac avec les logements, pourpris, cours, jardins, vergers, fuie, garennes, bois de haute futaie et de décoration, rabines et taillis, prés et prairies ; — la métairie de Cantizac, avec tous ses logements, terres labourables, pâtures et friches, prés et prairies, jardins et vergers, vignes et étang ; — les quatre métairies nommées le grand et le petit Guergelen et le Guerneué : deux desquelles métairies sont à présent appelées Kervilio, et les deux autres Keravelo ; — la maison du moulin de Cantizac et celle du clos de Coetihuel, dépendant des dits pourpris, — les deux moulins à mer de Cantizac et d'Herbon, avec leurs chaussées, étangs, refouls, logements, issues et franchises ; — une maison ruinée, avec ses prés, terres labourables, landes, pâtures et vignes, nommée Penn-er-Sal ; — les rentes foncières et censives, dépendant des dites terres de Cantizac et de la Salle, droit de banc et enfeu prohibitifs, tombes élevées dans le choeur et chanceau de l’église paroissiale de Séné, et autres droits honorifiques et de prééminence appartenant aux dites terres et seigneuries de Cantizac et de la Salle ; — de plus le droit de four à ban de la paroisse de Séné et droit de bannalité, reconnus par les commissaires du roi le 28 décembre 1689 et le 19 mai 1690 ; — le tout échu à la dite dame de Bourgneuf des successions d’écuyer Julien Le Mézec, sieur de Saint-Jean, et de dame Marguerite Champoing, ses père et mère ;

« A la charge eaux dites religieuses de les tenir et relever prochement et noblement du roi notre sire, sous son domaine et juridiction de Vannes, et de payer pour l’avenir, et à compter du jour de Toussaint dernier, les rentes par argent et grains, qui se trouveront dues tant au dit domaine qu’à autres ; la dite vente et cession ainsi faite entre parties, pour et en faveur de la somme de 30,000 livres tournois de principal et accessoires... » (Présidial. B. 315. p. 69).

En la même année 1714, le 23 août, les mêmes religieuses restèrent adjudicataires des maisons et métairies de Kerdavy et de Cariel, avec un moulin à vent, le tout situé en la paroisse de Séné ; ces biens provenaient de la succession bénéficiaire de Robert Loyer et de Nicole de la Roche, sa femme, et furent vendus, en la juridiction de l’abbaye de Saint-Georges de Rennes, pour la somme de 15,050 livres tournois. (Présidial. B. 315. p. 119)

En additionnant les prix de ces trois acquisitions, on arrive à un total de 53,250 livres. C’était beaucoup, et probablement trop pour les ressources du moment. On ne voulut pas sans doute manquer l’occasion favorable d’acquérir des immeubles situés dans le voisinage de la ville, et l’on dut emprunter pour payer une partie du prix. Du reste, là se borna l’acquisition de biens ruraux.

Bien que les comptes de la communauté nous fassent défaut, il est à présumer que les dettes furent progressivement payées. Bientôt même on fit des économies, et en 1768, on put acheter sur les Tailles de Bretagne une rente de 63 livres 1 sou, remboursable à 1.,261 livres ; de plus on eut une rente de 250 livres sur l’évêque de Vannes pour un capital de 5,000 livres.

Mais en face de ces revenus, il faut placer des emprunts, qui se multiplièrent dans la seconde moitié du siècle.

Ainsi en 1754, les Visitandines empruntèrent 5,000 livres des Hospitalières de Saint-Nicolas ; en 1762, elles acceptèrent 1250 livres du recteur de Noyal-Muzillac, pour employer la rente à une mission décennale ; en . 1767 et 1768 elles empruntèrent 10,300 livres de divers particuliers ; et en 1778, 6,000 livres des Hospitalières de Saint-Nicolas. La rente de ces divers constituts était de quatre pour cent.

Les biens de la communauté étaient administrés par la supérieure, assistée d’un conseil de discrètes. Voici la liste, autant qu’il a été possible de la reconstituer, des supérieures de la Visitation de Vannes. Chacune d’elles était élue pour trois ans, et pouvait être continuée pendant trois autres années, après lesquelles il fallait une interruption.

En 1638, Soeur Anne-Louise Galloys.

1641. Soeur Marie-Françoise de Villiers,

1647. Soeur Marie-Amable Garreau.

1652. Soeur Marie-Thérèse de Cornulier.

1658. Soeur Claude-Françoise de Sales.

1665. Soeur Françoise-Charlotte Garreau.

1668. Soeur Magdeleine-Elisabeth de Chaumont.

1674. Soeur Marie-Thérèse de Cornulier.

1680. Soeur Marie-Magdeleine Le Ny de Coetdelès.

1686. Soeur Marie-Angélique de Keralbaut.

1692. Soeur Jeanne-Eugénie Alléaume.

1698. Soeur Marie-Angélique de Keralbaut.

1704. Soeur Jeanne-Louise Le Ny de Coetdelès.

1707. Soeur Marie-Angélique de Keralbaut.

1713. Soeur Marie-Françoise du Chastelier.

1719. Soeur Marie-Céleste de Robien de Kerambourg.

1725. Soeur N...

1729. Soeur Louise-Angélique du Vergier.

1735. Soeur Marie-Céleste de Robien de Kerambourg.

1741. Soeur Louise-Angélique du Vergier.

1744. Soeur Marie-Céleste de Robien de Kerambourg.

1750. Soeur Louise-Angélique du Vergier, morte en 1755.

1755. Soeur Marie-Anne de Lespiney, morte en 1755.

1755. Soeur Marie-Catherine Haudenau de Breugnon.

1761. Soeur Françoise-Eulalie Marcorelles.

1767. Soeur Marie-Catherine Haudenau de Breugnon.

1773. Soeur Françoise-Eulalie Marcorelles, morte en 1774.

1774. Soeur Claire-Angélique de Castellan.

1780. Soeur Marie-Catherine Haudenau de Breugnon.

1786. Soeur Rose-Angélique Saffré.

1789. Soeur Renée-Julie de Trévelec.  

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REVOLUTION

Les religieuses de la Visitation se consacraient depuis 1638 l’instruction de leurs pensionnaires, quand elles se virent menacées par la Révolution.

Dès le 18 novembre 1790, les commissaires du pouvoir civil se présentèrent chez elles et dressèrent la liste suivante du personnel.

Soeurs de choeur.

1° Anne-Julie de Trévelec, supérieure, âgée de 41 ans.

2° Anne-Françoise-Pétronille Lamy, 51 ans.

3° Olive-Renée Haudenau de Breugnon, 65 ans.

4° Renée-Yvonne de Kergariou, 63 ans.

5° Anne-Marie Clouet, âgée de 56 ans.

6° Louise-Eugénie de Carheil, 56 ans.

7° Jeanne-Marie Gerbier de Vologé, 55 ans.

8° Anne-Marie Le Livec, âgée de 52 ans.

9° Rose-Eulalie Saffré, âgée de 50 ans.

10° Perrine-Marie de Courson, 37 ans.

11° Marguerite-Antoinette de Meyrac, 34 ans.

12° Jeanne-Françoise Trégaro, 39 ans.

13° Marie-Ursule de Botmiliau, 35 ans.

14° Marie-Josèphe Hubert, 37 ans.

15° Marie-Thomase Mothé, 35 ans.

16° Marguerite-Ursule Galabert, 38 ans.

17° Marie-Anne Le Minihy du Rumen, 53 ans.

18° Louise-Félicité Baucher, 44 ans.

19° Jeanne-Renée Housset, 34 ans.

20° Lucie-Marie Cuny Dumény, âgée de 25 ans.

21° Marie-Magdeleine Le Bart, 24 ans.

22° Jacquette de Saint-Jean, âgée de 31 ans.

23° Magdeleine-Perrine Sermensan, 32 ans.

24° Laurence Boisset, âgée de 20 ans.

25° Catherine Housset, âgée de 27 ans.

26° Marie-Mathurine Jamet, 21 ans.

27° Marie-Louise Le Gouardun, 38 ans.

Soeurs converses.

28° Marie-Gertrude Chouin, âgée de 66 ans.

29° Perrine Cheval, âgée de 64 ans.

30° Mathurine Piquet, âgée de 45 ans.

31° Perrine Hellec, âgée de 38 ans.

32° Marie Eveno, âgée de 38 ans.

33° Magdeleine Calvé, âgée de 31 ans.

34° Julie Bourhis, tourière, 60 ans.

35° Jeanne-Jacquette Thomas, tourière, 41 ans.

Toutes ces religieuses, interrogées séparément sur leur désir de continuer ou de quitter la vie commune, répondirent à l’unanimité qu’elles voulaient continuer leur genre de vie.

La question des personnes réglée, restait celle des biens. Voici le tableau des revenus et des charges de la maison, dressé au directoire de Vannes, le 2 janvier 1791, par MM. Jacques Glais, Brulon, Bernard et Rollin, procureur général syndic.

I. Revenus de la Visitation.

Couvent et enclos, réservés.

Loyer des maisons situées à Vannes : 1,214 livres.

Ferme de Cantizac, de Kerdavy et d’Auzon : 4,021 livres 8 sols 3 deniers.

Fermes du Halinier, de Saint-Christophe et de Bellelontaine : 634 livres 14 sols 11 deniers.

Rentes foncières sur Bernus, près Vannes : 159 livres 13 sols 5 deniers.

Rente constituée sur les Tailles de Bretagne : 63 livres 1 sol.

Rente constituée sur l’évêque de Vannes, pour 5,000 livres : 250 livres.

Rentes viagères, pour dotation de religieuses : 1,300 livres.

Total : 7,642 livres 17 sols 7 deniers.

II. Charges à déduire.

Douze perrées de seigle sur la terre de Cantizac : 206 livres 17 sols.

Diverses rentes foncières et féodales à payer : 344 livres 16 sols.

Rentes de onze contrats d’emprunt, montant à 25,700 livres : 1,289 livres 1 sol 10 deniers.

Rentes viagères dues à diverses personnes : 1,450 livres.

Rente au curé d’Arradon pour le catéchisme : 24 livres.

(L. 785).

Total : 3,314 livres 14 sols 10 deniers.

En défalquant le passif de l’actif, on trouve un revenu net de 4,328 livres 2 sols 9 deniers pour payer les impôts, réparer les immeubles et entretenir une communauté nombreuse.

Le 25 mai 1791, des commissaires désignés par le directoire se transportèrent dans les divers couvents de Vannes, pour constater l’opposition des religieuses à l’église constitutionnelle, et les menacer de la suppression de leurs écoles et de la fermeture de leurs chapelles aux personnes du dehors. Les soeurs se montrèrent résignées à tout souffrir plutôt que de participer au schisme ; celles de la Visitation dirent même qu’elles recevraient les pensionnaires qui leur seraient présentées, nonobstant les défenses tyranniques qui pourraient leur être faites à cet égard. Six jours après, le 1er juin 1791, les chapelles furent fermées par ordre du directoire et réservées aux seules religieuses.

Bientôt ces pauvres femmes furent condamnées à quitter leur asile. Leur expulsion, fixée au 1er octobre 1792, fut exécutée sans pitié. Quelques jours après, on les invita à quitter leur costume et à se retirer dans leurs familles. Les religieuses de la Visitation restèrent presque toutes à Vannes, et pendant les jours de la Terreur, on trouve trente d’entre elles détenues à l’hôpital de Saint-Nicolas ou internées en ville.

Pendant ce temps on vendait leurs biens. Trois maisons donnant sur la place du Marché furent adjugées au sieur Roy, le 27 janvier 1791, pour 9,575 livres. Les maisons de la rue Saint-Yves et de la Loi furent vendues à divers particuliers pour la somme totale de 22,330 livres. Le verger, qui avait remplacé l’ancien cimetière de Saint-Michel, fut adjugé, le 3 juin 1796, au sieur Villeneuve pour 5,720 livres. Le jardin du couvent fut vendu cinq jours après à M. Josse pour 6,380 livres. Quant au monastère lui-même, l’Etat le garda pour en faire une caserne ; et c’est encore la destination qu’il conserve aujourd’hui.

Les biens ruraux subirent le sort commun. Les deux métairies du Halinier furent vendues le 19 janvier 1793 au sieur Segondat pour 15,925 livres. Les métairies de Saint-Christophe et de Bellefontaine furent adjugées aux sieurs de Châteaugiron et Segondat pour 10,585 livres. La terre de Cantizac et ses dépendances furent acquises, le 20 avril 1791, par M. Périer, de Lorient, au prix de 85,000 livres.

Après la Révolution, les religieuses de la Visitation de Vannes ne purent se reconstituer en communauté. En 1807 il y en avait dix ou douze, réfugiées dans l’ancien couvent des Capucins, chez les Ursulines. Plus tard, elles se retirèrent au N°6 de la rue Noé, où elles continuèrent à instruire les jeunes filles qu’on leur envoyait, et elles s’y éteignirent successivement.

D’un autre côté, l’ancien cimetière de Saint-Michel fut racheté, pour faire un Champ de foire. L’ancien jardin du couvent fut également racheté : une partie fut annexée à la caserne d’infanterie, pour agrandir la cour, et le reste servit en 1857 à recevoir la nouvelle caserne de la gendarmerie et les bâtiments accessoires. examens  publics.

J.M. Le Mené

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