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LE PORT DE VANNES ET SES ENVIRONS

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LE QUARTIER DU PORT

La Terre de Kaer, le fief des regaires.

L’enquête de 1609, relative au port, avait réprimé les projets du sieur Hillaire de Montigny ; mais aucun alignement n’avait pu être dressé. Tout l’espace qui se prolonge à la fin du XIXème siècle depuis l’angle de la place de la halle aux grains jusqu’au Pont-vert était à gagner sur la mer. On ne s’arrêtait pas encore à comprendre que plus la mer serait refoulée, plus vite aussi se comblerait l’étroit chenal mesuré pour ses évolutions. Le bas de la rue Thiers s’appelait la grande rue de Kaer. La baronnie de ce nom avait son manoir en ce quartier, et tout le canton jusqu’à Conleau en relevait, si bien que la manoir de Trussac s’appelait le Creisquer, c’est-à-dire le centre de Kaer. A la date de 1542, on relève une procure pour vente faite par P. Allano, seigneur de Launay, pour et au nom de haut et puissant Claude de Malestroit, sire de Kaer à Nob. hom. H. Masseot, seigneur de Roscanvec, d’un jardin avec colombier appelé de Kaer, près Poulho, et d’une maison appelée Kerfranc, en la rue de Baraségal (des Bons-Enfants, puis Richemont).

En 1582, le haut et puissant René, chef de nom et d’armes de Malestroit, sire et baron de Kaër, vicomte de Kerambourg et de Pluvigner, résidant en son château de Plessis-Kaer, près d'Auray, a vendu et transporté à Luco le four à ban et dépendances de la seigneurie de Kaer, emplacement de maison, etc., pour la somme de 350 écus et 125 liv. tournois de rente féodale perpétuelle. Ce four, aujourd'hui démoli, était situé alors au bas de la grande rue de Kaer, entre la rue au Pessu et la rue Camouhic (des Ursulines plus tard après l’établissement de cette communauté en 1623). La chapelle porte la date de 1696 ; le portail, en la rue Baraségal (de l’Unité), est de 1632 (Pierre Le Pessu y résidait).

Les redevances des vassaux offrent çà et là des particularités assez originales. Ainsi, d’après un aveu de 1660, Mme veuve Galles, marcharchande libraire à Vannes, doit, au terme de Saint-Gilles, sur sa maison et dépendances de Creisquer à Trussac, un denier d’argent aux armes de Kaer d’un côté et de Malestroit de l’autre payé jusqu’à 1786.

Aveu du 3 juillet 1599 fourni par Jan de Calac et Guenael Bigaré, sa femme, d’une pièce de terre nommée le parc Bullo, près Saint-Julien, sur quoi il est dû un Gau à oiseau et une paire de sonnettes et épervier. Même redevance par le même en 1636 pour maison, jardin et pré, près Saint-Julien en allant à la Sentière.

Même redevance par M. Bigaré, Sr de Kermen (Kmen), pour maison au bout du port, à raison de 60 sols pour le tout.

Aveu du 1er février 1703, fourni par Me Jean du Foussé, sieur d'Auzon (en Séné), d’un pré proche la chapelle Saint-Julien, sur quoi il est dû un gau à épervier et deux sonnettes que l’on paie par an 60 sols. Gau, Gao? en breton leurre, appât, sonnettes-grelots pour faucon (V. Littré).

On ne saurait compter les parcelles avoisinant cette chapelle. La rue du port actuelle depuis l’angle de la rue de l’unité s’est transformée à la fin du XVIIème siècle. La Maison la plus ancienne est celle qui porte l’inscription suivante : Au no de Dieu, que Dieu soyct en mes affaires. Jan Kermé et Perrine Le Bar, sa copaigne, ont faict faire se logis en juingn 1565... C’est, à la fin du XIXème siècle, une des dernières maisons à pignon sur rue, les autres datent de 1696, 1700, 1757, 1762, etc. jusqu’à l’évêché, où se voit auprès du portail des dépendances un bâtiment daté de 1585. Il est donc antérieur à l’établissement des Carmes : « Le 8e jour de décembre l’an 1628, messire Jean Morin, seigneur du Boisdetréhant, conseiller du Roy en ses conseils d’Estat et privé, et Président au siège préprésidial de Vennes, fonda le couvent des Peres Carmes Deschaussés, en une sienne maison située sur le port du d. Vennes, vis-à-vis de la chapelle de Saint-Julien, et leur donna ses jardins, et un pré joignant la dite maison, l’isle de Lerne, située dans la Baye du Morbihan, et cinq cens livres tournois de rente porté à cette fondation par l’affection qu’il a à la mère de Dieu, et au dit Ordre dans lequel ses deux fils aînés, Joachim et André, ont fait profession. Et l’unzièsme jour de may l’an 1629, les Estats tenans à Vennes, Mgr le Prince de Condé posa la première pierre ès-fondements de l’Eglise, le dit sieur Président posa celle du bastiment du monastère, l’unziesme jour de juin l’an 1632 (Note : Voir Albert le Grand – Evêché de Vannes, p. 629 – L'île de Boedic (ou Hoedic ?) devient plus tard l'infirmerie, hôpital des PP. Carmes).

(M. de Boisdetrehant avait épousé Mlle Jeanne Hutteau, dont le nom figure à l’enquête de 1609).

En 1682 parut une ordonnance de police générale, dont la cause nous échappe par suite de la disparition du registre des délibérations communales et même du cahier des miseurs. En exécution de cette ordonnance s’accomplit, les 4, 5, etc. mars 1682, une enquête dont le premier mot lisible est pour l’embellissement et au-dessous le port. Le document se prolonge en 15 pages d’une écriture peu encourageante. En somme, il s’agit d’acquérir des terrains sous maisons et jardins situés sur le quay advis des Carmes et en deça jusqu’à la rue du Drézen. Les propriétaires, Marquet et Pellissier vendent un petit jardin situé près des Carmes, 900 liv., somme jugée peu satisfaisante, car le jardin était planté de 72 poiriers et abricotiers, tous portant fruits ; il y avait un quartier planté d'artichaux, deux planches d’asperges, le surplus bien cultivé de toutes sortes de légumes ; une charpante en bon état, supportant une vigne. Mais le locataire, nob. hom. Mathieu Leclerc, a ravagé le tout et transformé le sol en dépôt de merrains ! Voilà un nid à procès !

En l’endroit ont comparu les religieux Carmes, P. Donatien de Saint-Joseph et nob. hom. Yves de la Couldraye, Sr de Guernevé. Ils s’élèvent contre les conclusions de l’ordonnance de police, laquelle d’ailleurs ne leur a pas été communiquée. La maison et emplacement dont on prétend vouloir faire l’estimation ; situés sur le port, ainsi que celle de la Dlle Paris, sont du domaine, fief et juridiction du Roy et de sa mouvance. Le surplus des maisons qui font les environs du port de Vannes estant du fief de Ker, à présent des Regaires du d. Vannes, et le port ayant une grandeur et dépendances très grande, comme il se peut voir, et ladite mouvance estant seulement au Roy, si l’on les vouloit ruisner, ce serait entreprendre sur ses droicts et lui hoster sa mouvance... ce qui ne se peult que par un ordre exprès de Sa Majesté, c’est pour quoy ils concluent a estre envoyés hors d’assignation. Ont signé. Frère Donatien de St-Joseph, Yves de la Couldraye, Leclerc.

Le dit du Bon, marchand, dict qu’il a acquis l’emplacement dent il est cas davecque Dlle Marie Thomas et M. Gabriel Allanic, sr de Kergo, conseiller du Roy en ce siège, en mai 1679. Si, par l’ordonnance générale, on le veut priver de son emplacement, il n’aura pas moien d’empêchement, puisque c’est un bien public, en le remboursant. Signé Dubon.

Le lendemain, 9 mars, à 8 heures du matin, se présente le sindic, Mathieu Leclerc, pour répondre aux dires des sieurs Marquet et Pellissier, au sujet du jardin, le procès suivra son cours ; mais il faut obtempérer à l’ordonnance de police. Leclerc.

Et répondant le sr Leclerc, en qualité de sindic au dire des Pères Carmes deschaux, que ce qu’ils out advancé pour empescher la démolition de leur maison et empeschant l’ambellissement d’icelui que leur proposition de préjudice au Roy que leur maison estant amortie, la démolition d’icelle ne fait aucun préjudice et ainsi leur exception est inconsidérable.

Les sieurs Marquet et Pellissier viennent maintenir leurs dires. Signé Pellissier.

Finalement, les Pères Deschaux consentirent à la démolition, laquelle s’opéra par souscription.

Math. Leclerc promit cent livres.

Le sr J.-B. Levandeur, sr de Kermareschal,  Id.

H. Daviers offre d’y contribuer pour le bien public, et au cas que l’on n’y bâtisse plus, pour deux cents livres.

Les Religieuses Ursulines représentées par Sr Madelène de Valleaux de Jésus, supérieure, promettent 100 livres.

Dlle Françoise de Plurien donnera pareille somme, à condition que la dite maison soit démolie. Puis vinrent le mesurage et le prisage des terrains avec l’intervention de Mrs Bunetier et Notin, notaires.

La conclusion traîna en longueur. En 1685 cependant, le jardin Marquet est démoli, un emplacement vis-à-vis la grand’-maison est acquis. Il est décidé que le quay serait aplany, que toutes les buttes seront abattues, et les trous remplis pour faciliter la décharge et le transport des marchandises. La promenade de la Rabine reste à faire au siècle suivant...

NOTICE SUR LE PORT DE VANNES (sans signature ni date)

Mais émanant vraisemblablement d’un ingénieur.

Il est appris que dès les tems les plus reculés, les habitans de Vannes, réunis en corps politique sous leurs magistrats, firent établir les quais qui longent la cote de Calmon bas ; et suivant la tradition St Vincent Ferrier passe pour avoir établi la cale désignée sur le plan sous le No 1. C’est sur cette cale que cet apôtre de la Bretagne voulait faire construire un petit bâtiment qu’il destinait à le conduire dans sa patrie à Valence, en Espagne.

Quoique plusieurs siècles se soyent écoulés depuis cette époque, on est fondé à croire que des constructions y ont successivement eu lieu depuis.

On est encore fondé à croire que la ville de Vannes n’avait point encore pensé en . . . . à établir le quai occidental car on voit que le bastion du S. O. n’a été parfait qu’à cette époque, comme on peut s’en convaincre en lisant l’inscription qu’il porte et qui est ainsi conçue :

Est parfait en …

Le quai occidental n’a donc été fait par les habitans de Vannes que dans des tems bien plus modernes, car il est appris qu’antérieurement les bâtimens échouaient au milieu du port, sur un fond de sable, et que les charettes allaient recevoir sous le palan les marchandises qu’on débarquait des navires.

On sait qu’à cette époque des constructions avaient aussi lieu du côté occidental du port ; les flots de la mer venaient alors battre le pied des murs des maisons de ce quartier.

Vers la fin du règne de Louis XIII et au commencement de celui de Louis XIV, on commença à remblayer ce terrain devant les maisons et l’on parvint peu à peu à commencer le quai occidental.

Dés 1681, on se plaignait de ce que les vases encombraient le port ; aussi, cette même année, les habitans réunis en corps politique sous la surveillance de leurs magistrats, firent-ils une requête au roi pour lui exposer que le commerce diminuait beaucoup, et, par là, la population, parce que son port et la sortie du port étaient comblés au point que les barques les moins considérables étaient forcées de rester avec leur chargement à Conleau, à près d’une lieue de Vannes, que là on était obligé de décharger dans des chaloupes, ce qui causait de gros frais et des peines infinies.

Ces considérations et plusieurs autres, également de conséquence pour le public et pour la ville en particulier portèrent souvent les habitons à chercher les moyens d’y remédier. Enfin un arrêt du conseil de 1681 intervint à ce sujet et permit aux habitans de Vannes de prendre sur leurs octrois une somme de 4,000 livres pour la construction d’une écluse qui fut jugée nécessaire pour curer et vuider le port au moyen d’une grande chasse d’eau.

Le plan et le devis de cette écluse furent dressés en 1688 par le sieur Gontroux, ingénieur ; les malheurs des tems, les longues guerres soutenues ou entreprises par Louis XIV, les malheurs qui l’accablèrent sur la fin de son règne, les besoins de l’état empêchèrent l’exécution de ce projet ; les fonds mis en réservé ayant été enlevés par le Gouvernement.

Vers 1717 ou 1718, une nouvelle requeste fut présentée par les habitans de Vannes au roi et à Mr le Duc d'Orléans, alors régent. Les habitans de Vannes exposent dans leur requeste " qu’il est instant non seulement de construire l’écluse projettée mais d’enlever les vases qui ont comblé le canal depuis le pont jusqu’à une pointe nommée la Croix rouge, qu’il convient dès lors de prendre les moyens de curer le port d’après le plan qu’on en a fait dresser, qu’ils supplient en conséquence Sa Majesté de permettre aux dits habitans de faire curer le canal de leur port jusqu’au dit lieu de la Croix rouge, et de faire des taluds des deux côtés pour arrêter les vases et les empêcher de tomber dans le même canal, de continuer les quais pour les chargements et les déchargements jusqu’au lieu de la Sentière, et enfin de faire construire une écluse dans le lieu le plus utile, s’il est jugé necessaire, et de permettre d’emprunter une somme de trente mille livres pour subvenir aux premières avances necessaires pour l’exécution du projet aux conditions les plus avantageuses ".

A cet effet les habitans de Vannes demandèrent une addition d’octroi sur certains objets entrant pu sortant par le port, avec la permission de le continuer pendant le tems qui sera jugé nécessaire, comme il était porté par les lettres patentes accordées par Sa Majesté le 6 mars 1746 et par l’arrêt du conseil du 6 février précédent.

Les habitans de Vannes disaient dans leur requette à Sa Majesté et au duc d'Orléans, alors régent : " Qu’il plaise donc à Votre Majesté de voir la délibération de la communauté de Vannes assemblée en corps politique le ……….. le plan et devis fait par le sr de Lourme le ….. l’arrest du conseil de 1681, etc., etc. . . . . . ." (Répétition de ce qui précède).

On peut voir par cet apperçu que de tout tems les magistrats qui ont dirigé les affaires de la ville de Vannes ont toujours eu à coeur de faire tout le bien qui dépendait d’eux et qu’ils étaient secondés par tous les habitans et principalement par les negotiants.

Dès ces époques, des constructions avaient lieu à Vannes ; on construisait sur la rive Orientale à Calmon bas et sur la rive occidentale, à l’endroit même où commence le Mail ; on apprenait encore naguère par les plus anciens habitans du quartier, par ces bons vieillards qui ont vécu près d’un siècle, et dont les plus âgés ont été les contemporains de notre jeunesse, que les échaffaudages élevés derrière les navires qui étaient en construction de ce côté du port touchaient les maisons occupées actuellement par les Champagne, les Frotter et les Roblot, dont les flots de la mer venaient battre les murailles. (les n° 12, 14, 16 de la fin du XIXème siècle) (Léonard dit Champagne) — Ce n’est que successivement que la ville put faire ses quais et sa promenade. La première partie de celle-ci ne fut plantée que vers 1719 ; on en jugeait facilement de l’époque de cette plantation avant que les superbes arbres qui la formaient eussent été abattus. Les époques des secondes et troisièmes plantations se reconnaissent aussi par l'âge des arbres qui existent encore. (Ils ont été remplacés 1° en 1845. — 2° en 1857, etc.).

Il existe à Vannes une foule d’hommes assez anciens pour avoir vu la mer couvrir la partie de la promenade qui est en face du monastère des Carmes où demeure aujourd’hui M. l'Evêque. Près de ce monastère existait autrefois une petite chapelle dédiée à Saint-Jullien. C’est près de cette chapelle dont la mer venait en quelque sorte baigner les murailles que se débarquaient toutes les huîtres qui se consommaient dans le pays ; qu’on fouille le sol on s’en assurera ; on y trouvera les coquilles à plusieurs pieds de profondeur. Cette chapelle de Saint Jullien a disparu depuis longtems et a été remplacée ensuite par le monastère du Père Eternel.

Rectifions de suite la double erreur contenue dans cette phrase : 1° La chapelle n’a disparu que depuis 1745 — 2° Le Père-Eternel existait avant le commencement du siècle [Note : Deux aveux de 1683 et 1689 fournis par dlle Jeanne de Quélen, dame de Motteville, des héritages en maisons, jardin et dépendances par elle légués en fondation sous le titre et nom de Pere Eternel et par les religieuses du dit couvent, sur quoi il est reconnu qu’il est du 20s monnoie, au terme de St Gilles, à la seigneurie de Kaer (Rentier de l'Evêché)].

On voyait anciennement en face des Carmes et avant que la promenade fût ce qu’elle est un vertugadin (Note : Vertugadin, dit M. Littré, est un glacis de gazon en amphithéâtre dont les lignes circulaires ne sont pas parallèles, employé dans la construction des jardins français. — Ce mot ne vient pas de vertugardien mais de vertugarde, d’origine espagnole, signifiant scion, baguette — (de viridis, vert). C’est un terme à ranger dans la catégorie de ceux que l’esprit français détourne si facilement de leur signification primitive) ou vaste local circulaire, élevé au-dessus du niveau des plus hautes eaux de la mer, mais qu’elle environnait. C’est sur cette esplanade bien sablée que la jeunesse allait chaque jour de fête s’amuser et danser. Mais la main de l’homme change tout, et souvent en moins d’un demi-siècle l’aspect des lieux n’est plus la même. Et le vieillard qui rentre dans sa patrie après une telle absence ne reconnaît plus les lieux si chers à son enfance.

La ville de Vannes était anciennement environnée d’eau de toutes parts ; le pont dit de Saint Vincent n’existait pas, le pont, les quais n’existaient pas, mais son port étant beaucoup plus profond et étant plus large, ses jettées ou quais n’étant point faits, il s’encombrait moins vite. La masse d’eau qui environnait la ville formait un assez fort courant qui nétoyait le chenal, et l’on croit que les travaux faits en divers temps et même en dernier lieu, et surtout le remblay ou comblement des fossés de la ville ont puissamment contribué à hausser le sol du port, de sorte que pour rendre au port son ancienne commodité, il faudrait aujourd’hui commencer les travaux de curage, non dans le port, comme on en a eu l’idée, mais comme le demandaient les habitans de Vannes dans leur requeste au Roi, des le lieu dit La Croix-Rouge, et continuer à percer la montagne qui est en face de la Sentière, afin de redresser le canal, d’éviter un long détour aux navires.... alors, en établissant une large écluse avec pont tournant entre les deux montagnes de Larmor et de …

(Le nom de la Chiquevinière, ou Chevinière, échappe à l’auteur).

On pourrait obtenir une grande chasse d’eau qui repousserait au loin les vases, ou bien en redresser un peu le chenal en contenant par des fassinages les vases qu’on retirerait du canal et qu’on rejetterait dehors...

Quant à la ville de Vannes, les sacrifices qu’elle faisait pour entretenir et allonger ses quais étaient si grands qu’elle eut, en tous les tems, comme quelques autres villes de France, la police de ses quais, et, si dans ces derniers temps l’amirauté s’en mêla d’une façon plus particulière, ce n’est pas qu’elle y reconnut d’abus, c’est que ses habitans, ses magistrats ne virent dans les citoyens qui remplissaient avant la Révolution la place de lieutenant de l'Amirauté, comme Mr de Limur et son vertueux prédécesseur, que des magistrats qui, nés dans la ville même, devaient chérir leur pays natal et contribuer de tous leurs moyens sa prospérité.

Les ingénieurs que la ville avait anciennement chargés de diriger les travaux des quais, avaient jugé à propos d’établir, et cela existe dans tous les ports, de petits escaliers qui descendaient jusqu’à la laisse de basse mer ; ils avaient également cru qu’il était convenable d’établir de petites cales qui allaient se perdre en mourant au niveau. des basses eaux ; ces petites cales, ces petits escaliers facilitaient l’embarquement et le débarquement des marchandises dans les petites embarcations trop peu élevées de bord pour atteindre à la hauteur des quais et des grandes cales ; elles viennent en dernier lieu d’être supprimées, on ne sait pourquoi ; on les regrette, elles étaient d’un abord facile, elles ne nuisaient en rien ; elles étaient utiles ; on disait même plus, elles étaient nécessaires.

On dit même qu’on a vu avec peine reculer le mur du quai dans une certaine partie, ce qui était garni de pieux, ils ont été quelques uns d’eux coupés au ras des vases, et comme ils sont maintenant un peu plus au large du quai, ils forment une espèce de danger pour les bateaux qui peuvent échouer dessus et s’y crever ; il conviendrait qu’ils fussent arrachés.

C’est par une police douce et paternelle que les magistrats de cette ville ont fait le bien et ont donné aux habitans un caractère général de franchise, de probité, de loyauté qu’on retrouve encore dans beaucoup de familles, mais qui finira par s’éteindre si les vexations, les passions haineuses, la morgue, les formes acerbes et l’intrigue prévalent, chacun se renfermera dans son intérieur. Le bien ne se fera pas et l’on aura nuit à la prospérité d’un pays qui était fait pour être heureux. — Fin.

Ce document, sans nom ni date, contient divers points restés en desiderata. Il doit être de 1820.

La Croix rouge se dressait en avant du chemin montant vers les Capucins, remplacés par les religieuses Ursulines.

 

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LE HAVRE DU MORBIHAN. - SON IMPORTANCE. — PROJETS DE RICHELIEU

Dans l’enquête relative au port de Vannes, Guillaume Le Meilleur, sieur de Kerhervé, nous a fait connaître l’importance commerciale de Vannes et des cantons baignés par le Morbihan. Nous n’avons pas à nous étendre ici sur le mouvement et l’activité qui répandaient un Certain bien-être dans toute cette population aujourd’hui plongée dans la misère et dans l’oubli. — En ce temps-là, pendant que les hommes coopéraient sur mer à la gloire et à l’enrichissement du pays français, les femmes et de rares vieillards vaquaient aux travaux des champs, qui, trop restreints, ne pouvaient suffire à l’alimentation générale. Mais, grâce au gain des marins, les familles vivaient et élevaient de vaillantes générations.

Cette situation qui semble aujourd’hui remonter à une époque préhistorique, nos pères l’ont pourtant vue, et en ont vécu.

Quantum mutatus ! 0 progrès, ce sont-là de tes coups ! Deposuit potentes ! Dès, le début du XVIIème siècle, le gouvernement de Sa Majesté Louis XIII, dirigé par le cardinal de Richelieu, gouverneur général de la Bretagne, comprenait que cette province devait être pour la France le principal entrepôt de sa force et de sa puissance navale, la sentinelle la plus vaillante aux avant-postes de l’Océan.

Nous trouvons en effet dans nos archives, au registre des délibérations de la Communauté, le document suivant : Lettres de Louis XIII qui réclame le concours de la ville de Vannes pour l’organisation de l’armée navale destinée à combattre les Rochellois. 6 janvier 1626. (Archives communales de Vannes — Copie insérée au registre des délibérations de la communauté).

De par le Roy,

Chers et bien améz ; ayant résolu de chastier la rébellion des Rochellois et de les ranger à leur debvoir par la force, sy ilz ne nous randent promptement et volontairement l’obéissance qui nous est deue, nous avons jugé nécessaire de fortiffier pour ce subject notre armée naualle (navale) et de la mettre en tel estat quelles puissent empescher les entreprises que le Sr de Soubize pourroit tenter avec les vaisseaux restéz de sa deffaicte quil a faict radouber en Angleterre et quelques autres par…eux quy se sont joinctz a luy et daultant que le nombre des vaisseaux de notre d. armée que nous mandons à notre cousin le duc de Montmorency de ralier ne seroit peut-estre suffisant pour faire la garde devant la Rochelle et combatre en même temps le dict sieur de Soubize si il les alloit attaquer, nous avons advisé de faire prendre tous ceux qui pouront servir en guerre les quels sont aux portz et haure de nos provinces de Normandie et Bretaigne tant les vaisseaux qui apartiennent aux gouverneurs des villes qu’aux communautés et particulliers habitans et mesme ceux des estrangers quy s’y trouveront pour nous enservir en ceste occasion. C’est pourquoi nous escriuons ce quy est de notre volonte à notre frère naturel le duc de Vandome et au Sr Daradon affin quils la fassent promptement exécuté en notre ville et port de Vennes et a vous ceste lre (lettre) pour vous mander et ordonner comme nous faisons très expressement de contribuer tout ce quy dependra de vous pour nous servir en une affaire sy importante au repos de notre Estat a v..re particulier et au retablissement de la liberté et commerce et par ce que nous ne pouvons à present faire les aduances des fraiz necessaires pour l’équipage et conduitte des d. vaisseaux en lille de Ré, notre intention est quelles soient faictes par le d. sr daradon et par vous ou par quelques autres particulliers aux quelz vous en obligerez sur les assurances que nous vous donnons de vous en faire rembourser aussy tost que vous nous envoyerez l’estat et la despense quy aura este faicte pour cela et à ce ne faicte faulte, car tel est notre plaisir. Donné à Paris le sixième jour de janvier mil six centz vingt-six, ainsi signé Louis et plus bas Potier et en la superscription est escript à nos chers et bien-aimés le procureur, les bourgeois et hâns (habitans) de notre ville de Vennes.

Messieurs, cest ce coup qu’il fault que vous faciez veoir que vos affections au service du Roy sont aussi entieres que Sa Majesté les a tousjours creues et que vous nauez point d’autres desirs que de continuer les témoignages que vous lui en auez donnees en plusieurs occâons qui ne anlts nont jamais esté sy importentes que celle qui soffre maintenant laquelle donne subject à Sa Majesté de vous enuoyer ses lres (lettres) que ce courier vous porte. Elles vous apprendront tout ce que je saurois vous escrire par icelle que je ny adjouteray que pour vous dire quil est tres necessaire que vous faciez un effort pour ariver a equiper le mieux que vous pourez en guerre les vaisseaux que vous trouverez propres a cest effet au port et en riviere de Vennes appartenans tant aux particuliers habitans de la dicte ville qu’aux estragers des quelz Sa Majesté desire se servir pour fortiffier son armée naualle en sorte quelle puisse tenir la Rochelle en subjection etc. Suit la reproduction de la lettre royale avec recommandation des plus pressantes et au bas est escript votre affectionne a tous sieur Cesar de Vandosme, à Rennes ce 12 janvier 1626. 

Le 16 du même mois nouvelle lettre, du sieur César de Vandosme, ainsi conçue : Messieurs, - sur les advis quy mont este donnes, que le sr de Soubize se préparait pour faire une desente aux costes de cette province..... Je vous faictz la presante par la quelle je vous ordonne qu’encor que vous ayez cesse la garde de votre ville comme lon ma voulu faire croire, que vous la repreniez et la continuez telle et si exacte que vous soiez en estat de resister aux dessains que les ennemys pouroient auoir de vous surprendre de quoy vous aurez daultant plus besoin que la conservaon de vos vyes et de vos biens vous oblige et sur l’assurance que vous ny manquerez je demeureray, et au dessoubz est escript Cesar de Vandosme, à Rennes le 16 janvier 1626 - et en la superscription est escript Messieurs Messieurs le procureur sindic, bourgeois, manans et habitus de Vennes et scelle en cire rouge.

Sur quoi l’assemblée a déliberé et ordonné au procureur sindic remettre sus la chaloupe pour aller se tenir à l’entrée de ceste riviere près le Port Navallo afin de donner avis de ce quy s’y passera.... et les capitaines de ceste ville et forsbourgs de visiter chacun avec les sergens et caporaux de sa compagnie, aux maisons de chacun des soldats d’icelle pour voir sils ont les armes qui leur ont este cy-devant ordonne, et sils sont en estat pour la deffance de la ville etc. — (C’était la milice bourgeoise).

Quant aux vaisseaux réclamés, le sr de Kerbourbon et le sindic furent depeschés vers Mgr de Vandosme pour remonstrer l’impuissance de la ville por fournir a aucun armement le peu de vaisseaux quil y a dans le Haure.  

 

Note relative à Benj. de Rohan, seigneur de Soubise, (village à 4 km de Rochefort).

« Second fils de René de Rohan et de Catherine de Parthenay, héritière de Soubise, frère de Henri de Rohan, gendre de Sully, né dans la religion réformée, ce Rohan, sr de Soubise devint le chef du parti et fut nommé par l’assemblée protestante de 1621, commandant général des provinces de Poitou, Bretagne, Anjou — s’empara du Bas-Poitou, menaça Nantes ; — en 1625, il se jeta sur la flotte royale de Blavet, l’emmena à l’île de Ré, demeura maître de la mer de Nantes à Bordeaux, amena la flotte anglaise devant La Rochelle. Puis refusant de profiter de la pacification, il alla vivre et mourir en Angleterre en 1641.

Henri de Rohan, réduit à quitter la France, se retira à Venise. Cette république le choisit pour général contre l'Espagne, en 1635. Richelieu l’envoya ensuite conquérir la Valteline (vallée de l'Adda, duché de Milan). Blessé dans un combat, il mourut en 1638. Son unique fille Marguerite, épousa Henri de Chabot, qui prit le nom de Rohan-Chabot. Henri de Rohan a laissé des mémoires très précieux sur les guerres des Réformés en France de 1610 à 1629, publiés en 1644 »

Si la ville ne put rien fournir pour les armements, le pays ne manqua pas de contribuer en cette circonstance comme précédemment, comme plus tard, à l’équipement de la flotte, par un nombreux contingent d’intrépides matelots. Le pays, sans richesse agricole, sans industrie faute de capitaux, dans son isolement au bout du monde, ne pouvait apporter un autre concours aux projets du Gouvernement.

Cette même année 1626, le jeune roi séjourna à Nantes où il présida les Etats de Bretagne l’attention du cardinal de Richelieu, devenu, après le duc de Vendôme, gouverneur de la Bretagne, fut appelée sur les facilités que pouvait offrir le Morbihan pour l’établissement d’une grande compagnie commerciale. Dans la pensée d’intéresser la société, nous reproduirons ci-dessous les pages suivantes extraites des documents relatifs à l’histoire de France, VII, 586.

COMMERCE ET COLONISATION, Juillet 1626.

« Dans ses vues générales de bon gouvernement, le bien aimé roi que Ravaillac assassina, avait donné une grande place au commerce, mais l’inhabile régence qui lui succéda ne s’en occupa guère. Cependant quelques esprits moins oublieux des intérêts de l'Etat, avaient encouragé, en 1611, une compagnie formée pour le commerce des Indes orientales ; un édit fut rendu, qui donnait aux gentilshommes la faculté de s’associer à cette compagnie sans rien perdre des privilèges de leur noblesse et une nouvelle déclaration parut en 1615.

Durant le séjour que Richelieu fit à Nantes pour le jugement de Chalais, en 1626, une grande entreprise lui fut proposée et il fit rendre au Roi un édit pour l’établissement du commerce au havre du Morbihan. Cet édit que Richelieu rappelle dans ses mémoires en termes magnifiques, dont l’exécution seule, dit-il (T. III-2-127, éd. Petitot), est capable de remettre le royaume en sa première splendeur, se compose de vingt-et-un articles, précédés d’un préambule écrit sans doute par le cardinal et que nous devons noter ici. Une copie seulement est indiquée dans la bibliothèque du Père Le Long ; mais le véritable texte en était inconnu, lorsque M. Dugast-Matifeux, de la Société des antiquaires de l'Ouest, l’a trouvé et reproduit, dans un curieux travail publié à Nantes en 1857, le commerce honorable et son auteur. Toutefois, les édits restèrent sans effet, le Parlement de Bretagne ayant mis obstacle à l’établissement de la compagnie. Si Richelieu ne tarda pas à réparer cet échec, ce ne fut plus le Morbihan  qui dut profiter des mesures du Cardinal.

Nota. Dans le volume XLIX de la collection intitulée France au ministère des affaires étrangères, on a réuni plusieurs pièces sans date et que l’on a classées en 1628.  A cette époque, le Cardinal s’est beaucoup occupé du commerce ; de la navigation et des établissements maritimes.

Entre autres titres indiquant les préoccupations administratives de Richelieu et la direction que prenaient alors les idées, citons : Mémoire du sieur de Lassay, pour établir le commerce par mer, 7e pièces, proposition pour rétablir en ce royaume la liberté antienne du trafic maritime, divertir les sujets étrangers d’y entreprendre des nouveautés ; 8e pièces, au dos, on a écrit : propositions pour justifier les privilèges accordés à la compagnie establie à Morbian, et qu’il est nécessaire d’avancer telles compagnies en France, à l’exemple des pays voisins et l’ordre qui s’y doit tenir.

J’avais hâte de connaître les termes de la délibération des Etats sur le rejet des projets de Richelieu, intéressant le Morbihan. Or, il existe aux archives départementales une collection plus ou moins, complète des registres (énormes manuscrits) de ces délibérations. Voici le relevé de ce qui se lit dans le premier de ces in-folio (de 1567 à 1645). J’ai cru bien faire en donnant ici tout le dispositif de l’assemblée et un léger aperçu - des questions soumises à ses décisions.

 

LE MORBIHAN DEVANT LES ETATS DE BRETAGNE

ETATS EXTRAORDINAIRES DE NANTES OU CONTINUATION DES ETATS TENUS A GUERANDE EN 1625, OUVERTS LE 29 AVRIL 1626 ET FINIS LE 19 MAI 1626.

Commissaires du Roy.

M. le duc de Vendôme, gouverneur de Bretagne (fauteuil dais et platteforme).

M. de Montbazon, gouverneur de Nantes, à main droite, ayant l’aspect vers le bas de la salle.

M. le comte de Vertuz, gouverneur de Rennes, à gauche de M. de Vendôme, ayant l’aspect vers l’église.

M. de Lessongères, sur un banc au dessous de M. de Vertuz.

M. le Procureur général du Parlement.

M. du Boschet, trésorier de France et général des finances en Bretagne, assis sur un banc.

Eglise.

M. Le Prestre, évêque de Cornouaille.

M. de Rieux, évêque de Léon.

M. de Rosmadec, évêque de Vannes.

L’abbé de Genestou et l’abbé de Prières, avec les députés des cinq Chapitres.

Noblesse.

M. du Cambout, baron de Pontchâteau.

M. de Cahideuc, du Paon, etc. (inscrits au nombre de 16).

Ordre du Tiers.

Les députés de 23 villes, ceux de Rennes inscrits les premiers ; mais l’ordre est présidé par le Président présidial de Nantes.

Officiers des Etats.

M. de la Grée de Bruc, procureur-sindic.

M. de Racinoux de Saint-Cyr, greffier.

M. Duchesne-Treuillot, substitut du procureur sindic.

29 avril 1626 - On arrête que ceux qui n’ont point assisté personnellement aux Etats derniers de Guérande n’auront ni entrée ni voix délibérative en ceux-ci qui n’en sont que la continuation.

Après de longues et laborieuses séances, au cours desquelles ab uno disce omnes !

On prie M. de Vendôme de recevoir...... 10,000 livres. 0n offre à M. de Brissac 5,000 livres, à M. de Montbazon 6,000 livres, à M. de Vertuz 4,000 livres au Procureur général sindic 3,000 livres.

Lequel s’est transporté au fort de Douarnenez et en a fait faire la démolition.

Pour rendre à la reine-mère le présent de 150,000 plus agréable, on le lui fait porter par M. Gentil, official de Vannes, et l’un des aumôniers de Sa Majesté, qu’on ajoute pour cet égard à MM. les Députés en cour, etc.

Le 19 mai. — Répartition de 6,000 fr. aux couvents. On y trouve :  Couvents de Cordeliers.... 19, de Religieuses... 20, de Jacobins... 8, d'Augustins..... 5, de Carmes...... 11, de Capucins..... 14, de Recoletz...... 6, de Mineurs.... 3, d'Hermites...... 2.

Enfin, il a été proposé d’établir une compagnie de commerce en cette province ; on dit même qu’une société de Marchands, qui doit s’établir à Morbihan, a traité avec le Roy, charge aux députés en cour de demander communication du dit traité et en envoyer copie au substitut du sindic qui le fera imprimer et passer aux évêques, chapitres principaux, gentilshommes et communautés pour qu’il en soit délibéré aux Etats prochains.

Puis on gratifie les trois secrétaires et les trois maréchaux des logis de MM. de Vendôme, de Brissac et de Montbazon.

L’assemblée des Etats se prolongea jusqu’au 20 août 1626.

L’année 1627 se passa sans convocation, mais, dès le 5 janvier 1628, les Etats furent réunis à Nantes, dans l’ordre suivant :

Commissaires du Roy.

M. le duc de Montbazon, gouverneur du comté Nantois.

M. le comte de Vertuz, lieutenant de Roy en quatre évêchés.

M. de Bréguigny, troisième président du Parlement.

M. de, Lehon, conseiller d'Etat.

Le second président de la Chambre des comptes.

Le grand-Maistre des eaux et forêts.

Et les trésoriers-généraux des finances.

Eglise.

M. le Prêtre, évêque de Cornouaille.

M. de Rieux, évêque de Léon.

M. de Rosmadec, évêque de Vannes. 

Les abbés de Genestou, de Montfort, de Ranquin, de Begard et du Meilleray, avec les députés de cinq chapitres.

Noblesse.

M. le duc de la Trémoille.

MM. de Goulaine, de Crapado, du Bordage, etc. (au nombre de 23 inscrits et plusieurs autres). 

Ordre du Tiers.

M. le Seneschal de Nantes, avec les députés de 22 villes, ceux de Rennes inscrits les premiers.

Officiers des Etats.

M. de la Grée, procureur sindic.

M. de Racinoux, greffier.

M. Treuillot-Duchesné, substitut.

Après quinze jours de séances arrive la question renvoyée pour plus ample information par l’assemblée du 19 mai 1626.

Ce fut à la séance du 27 janvier 1628 que fut prononcé le consentement des Etats, c’est-à-dire le jugement et la condamnation des projets de Richelieu.

En voici les termes tels qu’ils sont insérés au procès-verbal officiel.

Les lettres patentes pour l’établissement d’une compagnie de commerce à Morbihan ont été renvoyées à l’assemblée par le Parlement. On en remerciera Sa Majesté et l’on demandera que la dite compagnie soit tenue d’assister aux Etats par députés ; qu’elle ne puisse prétendre aucun privilège prohibitif ; qu’elle s’abstiendra de tout commerce que Sa Majesté defendrait au reste de la province ; que les terres qui luy ont étés accordées hors la ville continueront d’être sous la juridiction des juges ordinaires ; quelle dédommagera de la perte de juridiction pour tout ce qui est dans l'anclos de la ville et que les originaires qui voudroient estre du nombre des cens associés seront préférés aux étrangers.

Rien de plus, n’existe à notre disposition ; il faudrait une fois de plus compulser aux archives de Nantes des documents complémentaires et plus circonstanciés.

Voilà comment cette réunion de grands seigneurs et de prélats comprenait les encouragements à donner au développement du commerce français, quand les autres puissances de l'Europe semaient déjà dans le monde maritime les éléments  de leur richesse actuelle..

On est stupéfait à la lecture d’un tel jugement. L’assemblée ne parait pas savoir ce qu’on entend par Morbihan, puisqu’elle ergote sur les terres accordées hors la ville et la juridiction pour tout ce qui est dans l'anclos de la ville. Ne peut-on pas dire qu’aux Etats de Bretagne apparut un jour la fortune c’est-à-dire le bon génie, sous la figure que la fable lui donne : chauve par derrière, aveugle, avec des ailes et se tenant debout, un pied posé sur un globe en mouvement, et l’autre pied en l’air. — L’accueil qu’elle reçut de la noble assemblée lui fit perdre l’équilibre, et le pied prêt à se poser au havre du Morbihan alla s’empêtrer dans la crique de Blavet, devenu Port-Louis depuis dix ans.

L’année suivante, les Etats réunis à Ancenis accordèrent une gratification de 100 mille livres au cardinal de Richelieu, en reconnaissance de sa bienveillance et de ses excellentes intentions en faveur de la Bretagne.

Quarante ans plus tard, Colbert sut bien se passer des Etats ; au mois d’août 1664, lisons-nous dans l’histoire de la fondation de Lorient par notre ancien collègue, M. Jégou, Louis XIV, dans une déclaration en 48 articles, régla définitivement l’organisation de la Compagnie des Indes-Orientales, détermina ses droits et ses attributions et fixa le chiffre de son capital social ainsi que l’étendue de ses privilèges. Nous devons à regret nous borner à citer quelques extraits pour faire ressortir la différence entre les deux documents.

1° La Compagnie sera formée de tous nos sujets de quelque qualité et condition qu’ils soient ;

3° Tous étrangers et sujets de quelque prince et état que ce soit pourront entrer dans la dite compagnie ;

45° Et pour marque de notre bonté paternelle pour nos sujets et pour donner lieu à l’établissement de la dite Compagnie, si avantageuse aux particuliers et l'Etat, nous promettons d’avancer jusqu’à trois millions de livres pour les 3/5 de quinze millions de livres, à laquelle nous avons fixé le fonds total de la compagnie ;

46° Pour donner moyen à la dite Compagnie de soutenir les grandes dépenses qu’elle devra faire, nous permettons de lui faire payer 50 livres par tonneau d’importation et 75 livres par tonnaux d’exportation, etc.

Des dispositions aussi sérieusement méditées et arrêtées devaient donner pour résultat un immense essor à la marine, provoquer d’innombrables vocations dans la population côtière et faire découvrir et aménager des ports capables de centraliser dans des proportions suffisantes, dans des situations parfaitement accessibles les vaisseaux, les chantiers, les matériaux de toute nature nécessaires pour une création de cette importance exceptionnelle.

Dans ces circonstances (Nov. et Déc. 1664), Colbert chargea une commission d’explorer les côtes de l'Océan, pour rechercher, dans l’intérêt de l'Etat et aussi dans celui de la compagnie dont il était le Président, les points les plus favorables pour y fonder des établissements maritimes. Ce fut là une mission célèbre puisqu’elle a eu pour conséquence la création de deux arsenaux Rochefort et Lorient.

Les commissaires, dans leurs visites des Costes des mers du Ponant après avoir constaté avec un soin minutieux les dimensions et les avantages de Port-Louis, opinèrent que rien ne lui manque de tout ce qui peut être requis pour en faire l’établissement principal de la marine du Ponant. Touttes fois, on n’y saurait hyverner que huict ou neuf grands navires tout au plus ! Il y pourroit bien demeurer à la vérité encore une douzaine de vaisseaux au-dessus de l'isle Saint-Michel ; mais est à remarquer que la profondeur du chenal où ils auraient à demeurer, ne se trouve que dans la profondeur d’icelui et que les courants sont sy rudes en ces endroits là, que les navires ne sauraient tenir que lestés et sur quatre amarres avec un tel péril que si leurs câbles venaient à manquer, ils couroient risque de s’entraîner les uns les autres et de se perdre sur les roches qui sont proches là

« Morbihan a des avantages considérables dans ce grand canal quy s’y forme de la décharge des rivières de Vannes et d'Auray, mais les courants sont sy rudes à son entrée que les vaisseaux ny sauroient gouverner qu’avec beaucoup de payne ny se deffendre contre les roches quy sy rencontrent, à moins que d’avoir un grand vent en leur faveur. Ainsi qu’il s’est recogneu par les raisons sur lesquelles on a fondé autre fois  la perte du vaisseau du Roy La Royne montée par le commandant de Salène ».

Ainsi le malheur d’un seul et l’influence de très haut et très puissant Messire Armand-Charles de la Porte, duc de Mazarin, La Meilleraye et Mayenne, pair de France et Gouverneur de Bretagne, firent pencher la balance en faveur de Port-Louis. La commission composée de Colbert, de Terron, le chevalier Clairville, Châtillon, Blondel, Giraudière et Regnier Jousse, réunie à Brouage, le 1er mai 1665, signa à son tour la condamnation du Morbihan. Date néfaste pour le Morbihan et pour la ville de Vannes tout particulièrement, car c’est le moment où la ville de Lorient va lui disputer la prééminence et accaparer tous les avantages que la nature avait jadis octroyés au havre du Morbihan.....

M. Guyot-Jomard

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