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ORIGINES DE VANNES — Occupation Romaine et Gallo-Romaine

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« L'origine de Vannes, — disent les guides, — se perd dans la nuit des temps ; elle était la capitale des Vénètes de qui elle tirait son nom ». Ces assertions, certes très honorables pour le chef-lieu du Morbihan, sont, malheureusement, en désaccord avec la vérité historique, autant, du moins, qu'il nous est donné d'en sonder les mystérieuses profondeurs.

La très grande pauvreté des environs immédiats de Vannes en monuments mégalithiques nous permet, au contraire, d'affirmer que, au cours des diverses périodes connues sous le nom d'âges de la pierre et du bronze, le sol occupé actuellement par cette ville n'était le siège d'aucun groupement important, encore moins d'une capitale.

Les Vénètes, cités par Polybe vers le milieu du IIème siècle avant notre ère, population essentiellement maritime dont la puissance semble s'être bornée à un mince cordon littoral limité de près, au Nord, par la forêt impénétrable, auraient-ils pu, raisonnablement, installer leur principal établissement dans l'intérieur des terres, à plus de 12 kilomètres de la mer, — à une époque où le golfe Morbihan n'existait pas encore, — sur un éperon rocheux dominant un ruisseau marécageux dans lequel le flux de la mer se faisait bien sentir, mais où il s'étalait sur une large surface sans profondeur et où, seuls, à marée haute, des bateaux plats et sans tirant d'eau auraient pu remonter ?

Y avait-il, seulement, une capitale de cette confédération de villes situées sur des pointes, des presqu'îles qu'une simple coupure suffisait à transformer en îles d'un blocus difficile ? Aucun document ne nous autorise à l'affirmer et, si les Vénètes avaient eu une capitale, par suite de quelle aberration l'eussent-ils située en un point aisément attaquable par terre, sans secours possible de la flotte, leur seule force, inutilisable et tenue hors de portée ?

César qui, dans son de bello gallico, énumère si volontiers les noms des villes et des moindres bourgades témoins de ses succès, cite bien le nom des Vénètes mais reste muet sur ceux de leurs oppida qu'il décrit cependant d'une façon si précise et si imagée ; en tous cas, avancer que la plus importante de ces villes se nommait Vannes serait commettre un audacieux anachronisme.

Tout ce que nous savons sur la conquête de cette partie de l'Armorique ou littoral de la Gaule, des Pyrénées à l'embouchure du Rhin, se réduit à peu de chose et repose sur les récits de César et de Dion Cassius. Lorsqu'après deux ans de rudes combats, la Gaule dût se courber sous le joug de l'Impérator romain, les peuplades elles-mêmes que les vainqueurs n'avaient pas encore foulées, les Vénètes, entre autres, s'empressèrent de faire comme leurs voisines : en attendant des jours meilleurs, elles se soumirent sans coup férir et donnèrent des otages.

En 56 avant notre ère, en l'absence de César, un de ses lieutenants, Publius Crassus, cantonnait avec la VIIème légion, du côté d'Angers. Ayant besoin de vivres, il envoya ses officiers en ravitaillement chez les peuplades voisines ; celles-ci, qui avaient profité de la pacification pour se concerter, se confédérer et se préparer, crurent le moment venu de secouer le joug des envahisseurs : au mépris de leur caractère sacré d'ambassadeurs, Quintes Vilanius et Titus Silius furent arrêtés par les Vénètes, qui, inquiets des suites probables de leur acte, appelèrent à leur secours toutes les populations maritimes de l'Armorique ; celles-ci s'armèrent, depuis les Namnètes de la rive droite de la Loire jusqu'aux Morins de la Somme et aux habitants de Guineth ou Guenned, dans le pays de Galles, --qui accoururent conduits par leur chef Caswallaun.

César venu, en toute hâte, d'Illyrie à Angers, prescrit à Crassus de construire une flottille sur la Loire et lui envoie d'Italie équipages et pilotes ; il ordonne à Decimus Brutus de franchir avec la flotte de la Méditerranée les Colonnes d'Hercule et de gagner l'embouchure de la Loire en ralliant au passage les navires des Pictons et des Santones restés fidèles ; puis, en attendant que ce long voyage de circumnavigation soit achevé, après avoir assuré ses flancs et ses derrières par des détachements de couverture, il entreprend le siège des villes entre Loire et Vilaine appartenant aux Namnètes qui ont lié leur sort à celui des Vénètes.

Bientôt rebuté par la tactique de ses adversaires qui, maîtres de la mer, abandonnaient successivement chaque place au moment où sa chûte paraissait inévitable et allaient plus loin soutenir un nouvel effort, il se décide à se retrancher dans la presqu'île Guérandaise, derrière le Grand Mur de Saint Lyphard, pour y attendre sa flotte longtemps retenue par les vents contraires.

Brutus paraît enfin et fait sa jonction avec l'escadrille de Crassus, à l'embouchure de la Loire ; à ce moment, avertis par le merveilleux système de .signalisation employé par les Gaulois, de toutes les anfractuosités de la côte où ils sont embusqués, les navires vénètes, au nombre de 220, fondent, vent arrière, sur la flotte romaine à l'ancre, l'atteignent vers dix heures du matin et la malmènent si bien que les capitaines romains songent un instant à abandonner leurs bords et à se réfugier à terre, sous la protection de l'armée de César.

Malheureusement, le vent qui donnait l'avantage aux Vénètes tomba tout d'un coup ; leurs massifs vaisseaux, trop pesants pour être aisément mus par l'aviron, cessèrent de manoeuvrer ; Brutus se ressaisit alors, coupe, avec de longues faux, les drisses des lourdes voiles en cuir qui, tombant sur le pont, paralysent toute défense. Les navires vénètes immobiles, attaqués successivement, de tous côtés, par plusieurs galères à multiples rangs de rames, succombent l'un après l'autre, sans pouvoir se prêter mutuellement secours et, à la tombée de la nuit, seuls, quelques rares survivants prirent la fuite, comme ils purent ; la flotte et la puissance des Vénètes étaient anéanties d'un seul coup ; leur nom continua cependant à figurer dans les actes officiels des vainqueurs, dans la Notice des provinces et des cités de la Gaule publiée au commencement du Vème siècle, par exemple, mais leurs villes portèrent longtemps des noms gallo-romains.

César, pour semer la terreur chez ceux qui auraient pu être tentés d'imiter les Vénètes, usa cruellement de sa victoire : les notables furent mis à mort, et le reste de la population fut vendue comme prisonniers de guerre. Ceux qui vinrent des régions voisines repeupler la terre des Vénètes se le tinrent pour dit et, lorsque, quatre ans après, en 52, Vercingétorix convia toute la Gaule au combat pour la liberté, bien rares furent ceux d'entre ceux qui répondirent à son appel.

C'est, en archéologie, une loi presqu'absolue qu'au cours des âges, les mêmes lieux servent toujours aux mêmes usages ; la ville et le port vénètes situés près de l'embouchure de la rivière d'Auray, dont nous ignorons le nom mais dont l'importance et l'antiquité nous sont prouvées par l'abondance et la grandeur des monuments mégalithiques qui nous conservent leur souvenir, n'échappèrent pas à la règle commune : une ville et un port gallo-romains, dont Strabon qui écrivait 70 ans après la bataille navale ne dit pas davantage le nom, s'élevèrent sur leur emplacement et, au milieu du IIème siècle, Claude Ptolémée faisait mention, vers l'embouchure de l'Erius, d'une cité importante connue sous le nom gallo-romain de Dariorigum et dont les coordonnées géographiques correspondaient d'une façon étonnante avec celles du moderne Locmariaquer.

Le premier soin des Romains, après la conquête d'une région, était d'y créer des voies de communication, vraies routes stratégiques en ligne droite, dont le but principal était de permettre le transport rapide des troupes d'un bout à l'autre du pays ; ces routes étaient protégées par des postes militaires assez rapprochés pour pouvoir, au besoin, se prêter un mutuel appui. Une voie principale fut d'abord construite, de Nantes à Carhaix ; les principaux gîtes d'étape de cette route étaient : Blain, Rieux, Castennec. Entre ces deux derniers points, à 29 lieues gauloises de Rieux et à 20 lieues de Castennec, sur l'emplacement de Vannes par conséquent, à 5' 18" plus au Nord que Dariorigum auquel il était relié par une voie secondaire, se trouvait un poste d'une certaine importance, occupé, depuis Claude, par des vétérans connus sous le nom de Maures-Vénètes. C'est tout à fait à la fin du IVème siècle, sous Théodose, que les célèbres Tables dites de Peutinger, nous donnent, pour la première fois, le nom de ce berceau de notre cité, Dartoritum, — Gué du Dart, — à qui elles affectent le signe conventionnel réservé aux capitales. C'est que le petit poste au nom jusqu'ici inconnu avait déjà supplanté, depuis près d'un siècle, la grande ville détruite en partie par le cataclysme qui donna naissance au golfe du Morbihan : épouvantés, on le serait à moins, par l'invasion de la mer, les habitants de la ville inondée s'étaient réfugiés sous la protection du poste romain le plus proche et y avaient créé deux grands faubourgs, l'un sur la route de Corseul, l'autre sur celle de Nantes.

Dès la conquête, le pays des anciens Vénètes avait joui de la paix romaine : Auguste l'avait classé dans la Province Lyonnaise et l'avait doté d'une puissante organisation : duumvirs, décurions, ædiles, questeurs, magistri pagani et vicani, avaient fait régner l'ordre et la prospérité dans la cité, les pagi et les vici ; le nom de l'un des curatores reipubliæ civitatis Venetum, Caius Decimus Sabinianus, au commencement du IIIème siècle, sous Septime Sévère et Caracalla, nous a été conservé par son épitaphe retrouvée à Sens. Dans la seconde moitié de ce siècle, les empereurs des Gaules, Postume, Victorin et Tetricus, avaient barré aux invasions barbares le chemin de notre pays, mais, dès leur disparition, en 276, Probus devait ordonner aux villes de se fortifier en employant. au besoin les matériaux des tombeaux et des monuments situés hors des murs ; c'est de cette époque que datent les murailles de Vannes, bien souvent remaniées depuis, mais où se voient encore, par ci par là, des assises de pierres de grand appareil, surmontées de pierres de plus petite dimension, coupées à intervalles réguliers par des cordons de briques. Ces murailles entouraient les monuments officiels, entre autres le forum, sur l'emplacement duquel fut construite la cohue, après les invasions normandes.

Vers 288, le christianisme faisait son apparition dans ce pays : le diacre Adéodat, envoyé par Saint Clair, le premier évêque de Nantes, prêcha l'Evangile dans l'ancien territoire des Vénètes, sans grand succès, paraît-il : le culte des druides, d'autant plus fort qu'il était persécuté, se maintenait encore malgré les édits des empereurs. Du reste, en 303, la persécution de Dioclétien vint arrêter le prosélytisme-chrétien ; cependant, celui des quatre empereurs qui régnait en Gaule, Constance Chlore, tout en laissant abattre les églises, pour ne pas se brouiller avec ses collègues, n'imitait que bien mollement leur zèle sanguinaire pour les dieux de l'Empire. L'édit de Milan vint fermer, en 313, l'ère des persécutions religieuses, mais la division de l'empire en quatre parties avait ouvert celle des persécutions fiscales en multipliant par quatre, et plus, les frais généraux et le nombre des fonctionnaires chargés de la levée des impôts : le IVème siècle, en entier, est employé à cette lutte entre les publicains sans pitié et les populations poussées à la révolte par leurs exactions. A cette calamité vinrent se joindre les invasions des Saxons que ne pouvaient repousser les débiles successeurs de Constantin : en 370, ils ravagent les côtes de l'Armorique qui en prirent le nom de litus saxonicus.

En 380, sous l'empereur Gratien, le pays des Vénètes entra dans la composition de la IIIème Lyonnaise dont le chef-lieu était Tours ; trois ans après, le gouverneur de la Bretagne insulaire, Magnus Maximus, se fait proclamer Auguste par ses légions, passe sur le continent, soulève la Gaule toute entière, marche contre Gratien qu'il atteint et bat sous les murs de Lutèce et qu'il met à mort aux environs de Lyon. Une légende datant du Xème siècle le fait accompagner par un Conan, ou chef breton, Murdoch ou Mériadec, prince d'Albany ou d'Ecosse, à qui, en reconnaissance de ses services, il aurait fait don d'une partie du territoire armoricain qui aurait pris désormais le nom de Bretagne ; la même légende, propagée par le Brut y Brenhined, lui fait ériger un évêché à Vannes, en 388, avec, comme titulaire, un bien problématique Tadée, Padarn ou Patern : elle lui fait aussi demander la main de Sainte Ursule, martyrisée près de Cologne, en 451, en se rendant à Vannes ; Mériadec aurait eu 90 ans bien sonnés au moment de ses fiançailles.

Quand, en 388, Théodose vainquit et tua Maxime à Aquilée, aurait-il laissé les Bretons en paisible possession des dons du vaincu ? L'histoire n'en parle pas, mais il certain qu'à partir de cette époque, l'armée de Théodose et de Valentinien compta deux corps bretons de cavalerie.

En 407, Honorius obligé de faire flèche de tout bois pour faire face aux Goths, retire ses troupes de la Bretagne insulaire, laissant les Bretons aux prises avec les Pictes, puis avec les Angles, qui assaillaient sans répit les gens de Guenned, au Nord du pays de Galles ; les Bretons en profitent pour se rendre indépendants des Romains et leur exemple est aussitôt imité par les habitants de la péninsule qui se forment en Confédération armoricaine et qui, séparés de Rome, se voient en butte, non seulement aux tentatives des barbares, mais encore.à celles des légions qui essaient de les ramener sous le joug des empereurs. Exuperantius, en 416, les soumet momentanément ; Littorius, en 436, les foule aux pieds de ses chevaux ; Aétius leur fait la guerre et, après une convention, inexécutée de part et d'autre, conclue avec Albinus originaire, croit-on, de Vannes, il lance, en 148, sur le pays des Vénètes, une horde de Tartares venus de la Mandchourie, — les Alains, — qui sous la conduite de leur roi, Eocharic, promènent partout le fer et le feu, faisant place nette pour les émigrés bretons qui vont venir s'y installer ; les habitants se réfugient dans la forêt impénétrable, si bien que Procope pourra dire, en toute vérité, que cette région est la plus déserte de la Gaule. Aetius, vainqueur des Huns, en 451, aux Champs Catalauniques, meurt, trois ans après, assassiné par Valentinien III jaloux de ses succès.

(E. Fonssagrives).

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