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Etat des Murailles de Vannes depuis 1573

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Avant d’entamer l’histoire des fortifications de Vannes sous la Ligue, il est bon de connaître par leurs noms d’alors les portes, tours et courtines dont elles se composaient. 

Le procès-verbal constatant l’état des murs d’enceinte en 1640, rédigé par le sieur de Francheville, sénéchal de Vannes, et par les architectes et habiles artisans qui l’accompagnaient, étant le meilleur guide en cette matière, nous nous adjoindrons à leur compagnie, si vous le voulez bien.

Ils se rendirent d’abord à la porte Saint-Vincent : la plus belle porte de Vannes ; de cette porte partait un pont qui se bifurquait de manière à conduire à droite sur la terre de Ker ou port, et à gauche vers Calmont et la chapelle du Féty. Chaque bifurcation était défendue par une barrière, et un corps-de-garde était établi sur la porte elle-même.

De cette porte ils passèrent à la tour Trompette qui est percée de six trous au haut ; (c’est maintenant la tour, occupée par M. Raison, épicier). Mais ils observent que le parapet est ruiné en plusieurs endroits, depuis ladite tour Trompette jusqu’à la muraille neuve d’entre l’ ancienne porte de Calmont et le Château. Cette muraille neuve est celle sur laquelle se trouve la terrasse de la maison Dondel.  Ils constatent aussi plusieurs dégâts à la tour entre la tour Trompette et les ruines du château (tour de la terrasse Dondel).

La muraille de la ville proche l’éperon de la Garenne (maison Lagillardaie) est couleuvrée et dégarnie de taille en plusieurs endroits et dans le parapet de la muraille d’entre ledit éperon et la tour du Connétable il y a neuf brèches.

Le sire de Francheville passe ensuite à la tour du Connétable et à la petite tour appelée tour Pouldrière, où est à présent demeurant Allain Juguais (tour de Jérusalem) ; il y a encore bien des brèches dans  le parapet, depuis cette tour Poudrière jusqu’à la tour Joliette. Et depuis celle-ci jusqu’aux tours Saint-Pater où est la prison, que de réparations à faire. La petite sentinelle (guérite) qui y était est presque entièrement ruinée.

Continuation des brèches depuis les tours Saint-Pater jusqu’à la tour des Filles (tour Macaire), et depuis cette tour jusqu’au manoir épiscopal.

Puis Claude de Francheville et sa compagnie se rendirent à la porte Neuve (rue de la Préfecture), où ils visitèrent la barrière, les deux portes de l’éperon et de la muraille, les ponts-levis, le corps-de-garde et la tour, ainsi que les deux escaliers, dont l’un montait de la ville sur la muraille et l’autre descendait de la muraille sur l’éperon (ce dernier subsiste encore) ; ils passèrent ensuite à la tour Bertranne, dont il est difficile de préciser la position, mais qui devait être proche de l’éperon et peut-être dans le jardin de la maison occupée autrefois par M. Mauricet. De la tour Bertranne ou Bertrand, ils se rendirent à la porte Saint-Salomon où ils virent le corps-de-garde bâti sur cette porte ; et le sénéchal remarque encore qu’il y a une brèche au parapet, depuis ladite porte Saint-Salomon jusqu’à l’escalier qui descend vers les Cordeliers, et que dans le parapet de la muraille, depuis la porte Saint-Salomon jusqu’à la porte fermante sur le semitière de Saint-François, il y a quatre brèches sur les douves. Et dans le mur, depuis la porte du cimetière Saint-François jusqu’au prochain éperon neuf appelé l’éperon de Brozillay, il y a plusieurs brèches. (Cet éperon de Brozillay est celui qui se trouve derrière la Chambre de lecture). De cet éperon de Brozillay vers Kerfranc, la compagnie se rend à l’éperon vers le logis de Marin Miller (le concierge de la Chambre de lecture a succédé à ce Marin Miller) ; puis on arrive à l’éperon de l’ancienne porte de Ker. Cette porte de Ker ou porte Gréguinic était située au bas de la rue Saint-Vincent, et correspondait à la petite rue qui conduit actuellement de la porte Saint-Vincent à la place de la Poissonnerie.

De cet éperon, Claude de Francheville n’avait que l’escalier de la porte Saint-Vincent à descendre pour avoir fait le tour des murailles ; il alla ensuite faire sa visite de réparations à la maison-commune.

Les comptes des miseurs de la communauté de Vannes, depuis l’an 1573, nous donnent le détail des constructions qui furent faites aux murailles pour la défense de la ville à l’époque de la Ligue, et du changement qu’y produisirent après cette guerre les besoins du commerce.

Ainsi en 1575, on refaisait de neuf la claie qui était dans le mur de ville sur la rivière près le quai, c’est-à-dire à droite de la porte actuelle de Saint-Vincent en regardant la mer cet ouvrage fut payé plus cher en considération, ajoute le compte, que les ouvriers étaient toujours en l’eau. En 1577, on réparait le pavé de la terre de Ker (maintenant le port), ainsi nommée parce que cette partie des faubourgs dépendait de la seigneurie de Ker (ou Kaer). La crainte qu’avait inspirée en 1576 la révolte du duc d’Alençon et des Malcontents, fit bientôt place à une terreur plus raisonnable, lorsque le poignard de Jacques Clément appela à faire valoir ses droits au trône de France, Henri de Navarre. Aussi les habitants de Vannes, partisans de la sainte union catholique et ennemis déclarés du Huguenot, s’empressèrent de faire de nouvelles améliorations à la ceinture de leurs murailles. La porte Gréguinic ou de la terre de Ker, devenue moins nécessaire puisqu’on pouvait aller au port en traversant à gué la rivière par la porte de Calmont, fut bouchée de terre et de maçonnage en 1589. On répara le canal qui passe au travers des murailles de la ville près et joignant le château d’icelle, par lequel l’eau s’écoule de la rivière de Saint-Pater en la Basse-Cour et douves du château. On augmenta et on élargit les douves et fossés, depuis la porte de Gréguinic jusqu’à la prochaine tour en montant vers la porte Saint-Salomon. On répara la porte Neuve et les murailles prochaines du manoir épiscopal de la Motte, ainsi que la muraille vis-à-vis la tour ; on haussa de maçonnage et on remplit de terre la tour prochaine de la porte Neuve ; on fit en outre une sentinelle de neuf à machicoulis au-dessus de ladite porte, puis on pava tant ladite tour que celle à vis appelée depuis la tour Bertrand. On creusa la douve au-delà et dehors des murailles depuis la tour appelée la tour de Saint-François, et on continua jusqu’après et à vis l’escalier qui descend de dessus la muraille au jardin des Cordeliers, en montant depuis ladite tour.

On ne se contenta pas de fortifier la ville : deux barrières furent posées au haut de Saint-Pater, et une près le logis des Trois-Maries, en la rue Saint-Salomon, aujourd’hui rue des Tribunaux ; (cette maison des Trois-Maries était à l’entrée et à gauche en montant la rue des Tribunaux).

Le premier moment de crise est passé, mais, malgré les victoires du Béarnais, Vannes tient toujours pour le duc de Mercoeur, et des espagnols viennent renforcer sa garnison ; on profite de leur présence pour entreprendre d’autres constructions. C’est à cette époque qu’il faut placer la fondation de la partie de murailles qui commence à la tour de l’éperon Saint-François, au jardin actuel de M. Mauricet, et finit à l’ancienne porte de Ker, maintenant la Poissonnerie. Les architectes ont eu soin de dater leur travail, et une inscription gravée sur une des pierres de la muraille enclavée maintenant dans un grenier à M. Desgoulle (Douves-du-port), nous apprend que cest oepvre a esté par faict l’an 1593.

En 1598 fut réparé le pont pour passer la rivière entre le pont de la terre de Ker et la porte de Calmant.

C’est à la date de 1594 qu’on doit rattacher la construction de l’éperon de la porte Neuve, percé d’une porte par où la rue de la Préfecture débouche maintenant sur la place Napoléon. En 1593, on avait refait de neuf le pont de la porte Neuve ; l’année suivante on fit parachever le vieil éperon de Saint-François, deux barrières furent placées sur le Mené et une à Bourgmaria (actuellement rue de l’Amitié).

Ce fut à cette époque (1594) que la paix régna en France et que Henri IV, par sa douceur et son abjuration, ramena à lui ce qui restait de ligueurs en Bretagne.

En 1594 la porte Saint-Vincent n’était pas encore achevée, mais pendant les troubles elle avait été bouchée et fortifiée d’un rempart de terre et de pierres, qu’en cette même année on commença à enlever pour finir la construction de cette porte, la plis nécessaire de toutes les autres de la ville, dit le compte des miseurs, pour la nécessité de tous ceux qui y traficquent et abordent.

En 1614, l’éperon entre les deux autres vers la terre de Ker n’était pas encore fini.

Sous le règne de Louis XIII, de Louis XIV et de Louis XV, la paix, au lieu de faire construire de nouvelles fortifications, engagea les habitants à se répandre au-dehors de la ville ; peu à peu la confiance naquit et les murs furent l’objet de soins moins incessants. Aussi en 1640, Claude de Francheville constatait-t-il la dégradation des tours et des murailles ; mais aucun bruit de guerre ne s’élevait, et les murailles finirent par n’être plus considérées que comme une barrière gênante pour les communications commerciales qui commençaient à prendre leur essor. Aussi en 1678 on ouvrit la porte Poterne entre la porte Saint-Pater et celle de Calmont. En 1685 on construisit la porte du Mené au bout d’une ruelle, qui conduisait aux remparts par un escalier, et qui est maintenant appelée rue du Bourreau.

Peu à peu des parties de murailles devinrent sinon propriété particulière, du moins usurpation privée, sur lesquelles fermait les yeux l’autorité plus confiante en la force du Gouvernement qu’en la solidité de ses murs.

Enfin la Révolution arriva et ces vieilles fortifications servirent encore à défendre les propriétés qu’elles renfermaient dans leur sein.  Ce qui reste de l’histoire des Murailles de Vannes n’est plus que de l’histoire moderne, et tout le monde connaît la destinée actuelle de nos vieilles tours.

M. L. Galles

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