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LES MONUMENTS DE VANNES EN 1914 

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Vannes, autrefois Vennes, tire son nom de l'ancienne tribu des Vénètes. Il semble bien cependant que la capitale des Vénètes, au moment de leur lutte célèbre contre Jules César, fût plutôt située à l'emplacement actuel de Locmariaker, où l'on trouve de très importants vestiges de l'habitation humaine, depuis l'époque préhistorique jusqu'à l'occupation romaine. Mais, César ayant détruit la ville et mis à mort le Sénat de ceux qui avaient failli le vaincre, la cité fut transportée par les Romains au fond de la petite mer intérieure ou Morbihan, à la place qu'elle occupe aujourd'hui et prit le nom de Dariorigum ou Darioritum, qu'elle garda jusqu'au IVème siècle, où, selon une règle générale en Gaule, elle reprit le nom des Vénètes.

Le plus ancien établissement gallo-romain semble avoir été sur la colline de Saint-Symphorien, au N.-E. de la ville actuelle, où l’on a plusieurs fois retrouvé des substructions et des objets mobiliers de cette époque. Quand, au IIIème siècle, l'édit de Probus permit, aux villes de se fortifier pour résister aux Barbares, c'est sur le coteau voisin, plus apte à la défense par son escarpement, beaucoup plus prononcé qu'aujourd'hui, et sa proximité de la mer, que l'enceinte fut établie. On en peut reconstituer approximativement le tracé, d'après les vestiges, encore fort importants, de ses murs de défense.

Après avoir fait partie de la Confédération armoricaine, Vannes passa sous la domination franque avant de tomber, en 577, au pouvoir du comte breton Waroc ou Werec, qui donna son nom au pays vannetais, appelé jusqu'à nos jours, en breton, Broërec (bro, pays, patrie, de Werec). Retombée au pouvoir des Francs sous Pépin et Charlemagne, elle redevint bretonne avec Nominoë, en 826.

Brûlée par les Normands en 919, elle releva ensuite directement des ducs de Bretagne. Restaurée au début du XIème siècle, par Geoffroy Ier et son frère Judicaël, qui en occupait le siège épiscopal, elle n'eut pas d'histoire particulière jusqu'à la terrible guerre de succession de Bretagne.

Soutenant le droit de Jean de Montfort, comme presque tout le pays breton, alors que Charles de Blois était surtout le candidat du pays gallo, elle fut prise par ce dernier, au début de 1342, reprise, peu après, par Robert d'Artois, qui dut à son tour la rendre au parti français, commandé par Clisson, après avoir recu une grave blessure dont il alla mourir en Angleterre. Edouard III, pour le venger, vint en personne assiéger la ville. Philippe de Valois s'avançait pour lui en faire lever le siège, mais, grâce à l'intervention des légats de Clément VI, une trêve fut conclue à Malestroit, le 19 janvier 1343, avant que les deux armées se fussent jointes. C'était le quatrième siège en douze mois.

Jean IV eut une affection particulière pour Vannes. Au sud, il agrandit et fortifia l'enceinte, contre laquelle il appuya son nouveau château de l'Hermine. C'est dans une tour de ce château qu’il retint traîtreusement prisonnier Olivier de Clisson en 1387.

Jusqu'à la réunion de la Bretagne à la France et surtout jusqu'à François II, Vannes et son château de l’Hermine furent une des résidences préférées des ducs, qui s'y trouvaient plus au centre de leurs états qu'à Nantes ou Rennes.

La Cour des Comptes, le Parlement et les États de Bretagne s'y tinrent à diverses époques. C'est enfin dans la grande salle du château épiscopal de la Motte, dont les derniers vestiges viennent de disparaître sous la pioche des démolisseurs, que les États, sous la pression des agents secrets de François Ier, demandèrent au roi de déclarer l'union du duché à la couronne (1532).

Déjà, depuis la duchesse Arme, le château de l'Hermine était abandonné. Devenu une ruine, il fut définitivement aliéné par le roi en 1697. Les remparts continuérent à être entretenus par la ville.

A dater du pacte d'Union, l'histoire de Vannes se confond avec l'histoire générale de la France. Notons seulement que, de 1675 à 1689, les membres du Parlement y furent envoyés, de Rennes, en exil. Les maisons de la rue Saint-Vincent furent construites pour les loger décemment.

Comme toutes les vieilles villes bretonnes, Vannes comprenait : la ville close, à l'intérieur des fortifications, et les faubourgs. Nous allons examiner successivement les édifices religieux, les monuments civils et les vieilles maisons, enfin les remparts.

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EDIFICES RELIGIEUX.

 

CATHEDRALE SAINT-PIERRE.

Il n’existe aucune preuve de l'évangélisation de Vannes avant le Vème siècle. En 453 apparaît son premier évêque, de nom inconnu, à qui succéda, en 465, saint Patern, dont le tombeau fut abrité par une église qui remplaça pendant un certain temps, comme cathédrale, le premier établissement chrétien, Saint-Symphorien, placé extra-muros.

Cette opinion, récemment soutenue avec beaucoup de vraisemblance par notre confrère M. de La Martinière, ne saurait cependant infirmer l'existence, à une époque encore extrêmement ancienne, de l'église Saint-Pierre, au centre de la cité, sur la colline du Men-Guievr. Cette cathédrale primitive fut détruite par les Normands au commencement du Xème siècle. Cent ans plus tard, l'évêque Judicaël la releva de ses ruines avec l'aide de son frère, le duc Geoffroy Ier, le même qui restaura les monastères de Saint-Gildas de Rhuis et de Locminé.

Bien qu'il ne reste absolument rien de l'édifice bâti alors, nous pouvons croire, par analogie avec ce qui eut lieu à Saint-Gildas, que le plan du sanctuaire comportait déjà, comme dans un grand nombre d'édifices inspirés de la vallée de la Loire, un chœur à déambulatoire entouré de trois chapelles rayonnantes. C’est la disposition que l'on constate sur les relevés d'un architecte du XVIIIème siècle, nommé Kerleau, antérieurs à la démolition du chœur roman, et conservés aux Archive départementales.

Cependant, nous voudrions combattre ici l'idée, généralement admise, que l'édifice reconstruit par morceaux aux XVème siècle, XVIème siècle et XVIII siècles était la cathédrale du commencement du XIème siècle. Il nous paraît évident que ce monument, probablement fort imparfait et non voûté, avait été rebâti à partir de la seconde moitié du XIIème siècle et que le chœur subsistant au XVIIIème siècle et figuré sur le plan de cette époque était un témoin de la reconstruction.

En faveur de la thèse contraire, on fait valoir sa grande similitude avec Saint-Gildas et l'on pose en principe que le chevet de cette dernière église date du premier tiers du XIème siècle. Or, nous avons montré, en parlant de Saint-Gildas, que les restes actuels sont loin d'être homogènes et comportent plusieurs campagnes, qui mènent jusqu'à la fin du XIIème siècle. En outre, les relevés de la cathédrale au XVIIIème siècle permettent d'établir que le seul élément de ressemblance était la forme du plan, d'ailleurs très répandue pendant toute la période romane, et qui ne peut suffire à dater un édifice. Mais, dans les détails, il y avait de grandes différences. A Saint-Gildas, des piliers cruciformes, cantonnés de quatre colonnettes engagées, soutiennent les arcades en plein cintre qui forment les deux travées du chœur et que surmonte une arcature aveugle.

Plan du choeur roman de la cathédrale de Vannes (Bretagne).

A la cathédrale, au contraire, comme dans le groupe des églises de la fin du XIIème siècle de la région de Pont-Croix (Finistère) (E. Lefèvre-Pontalis : Les influences poitevines en Bretagne et l'église de Pont-Croix, dans le Bulletin Monumental, 1909, p. 437-449), les piles affectaient le plan poitevin, sans ressaut, comprenant quatre colonnes et quatre colonnettes tangentes les unes aux autres. Les arcades étaient en tiers-point et l'arcature aveugle était surmontée d'une rangée de fenêtres en plein cintre, très fortement ébrasées par le bas. Enfin, tandis qu'à Saint-Gildas, les contreforts extérieurs du chevet et des absidioles sont de plan carré ou rectangulaire, à Saint-Pierre de Vannes, ils affectaient la forme de colonnes à demi engagées dans le mur et reposant sur des bases carrées.

Tous ces caractères sont ceux de la décoration poitevine au XIIème siècle. C'est pourquoi nous croyons que la cathédrale de Vannes fut rebâtie dans la seconde moitié du XIIème siècle. L'entreprise, commencée par le chœur sous l'évêque Rouaud (1143-1177), aurait été achevée par son successeur, Guéthenoc, mort en 1220. La nef du XIème siècle, recouverte d'une charpente et flanquée probablement de deux bas-côtés étroits dans le prolongement du déambulatoire, dut céder la place à un vaisseau unique, divisé en trois travées, sur lequel on jeta des voûtes angevines, épaulées par d'énormes contreforts. Cette conception s'explique par la vogue dont jouissait alors, dans le bassin inférieur de la Loire et de ses affluents, le style dit Plantagenêt, peut-être sous l'influence de la célèbre Université d'Angers, foyer de rayonnement intellectuel et artistique pour tout l'Ouest. Elle correspond bien aux dispositions de l'ancienne façade, qui rappelait celle de la cathédrale d’Angers. Elle peut seule expliquer la présence, constatée par M. de Farey avant les dernières restaurations, dans l'angle intérieur nord de cette façade, d'une colonne dont le chapiteau supportait un départ d'arc-formeret, qui devait encadrer la fenêtre de la première travée. Elle seule rend compte de l'inégalité d'ouverture des arcades du XVème siècle qui donnent accès aux chapelles latérales et de l'épaisseur différente de leurs murs, car le premier et le troisième sont de véritables contreforts transformés [Note : Farcy : La cathédrale d'Angers, p. 281-283. Les premier, troisième et cinquième murs sont, sensiblement plus épais que les deuxième et quatrième ; ceux-ci, dans notre hypothèse, qui seule peut rendre compte de cette anomalie, n’étant que des murs séparatifs et de renfort].

Plan du choeur roman de la cathédrale de Vannes (Bretagne).

Le doute n'est plus permis quand on a visité les combles. On y trouve, en place, dans les murs de droite et de gauche surmontant les premières chapelles de la nef, dans les croisillons et au-dessus de l'arc qui donne accès au carré du transept, le sommet d'au moins quatre grands arcs plein cintre qui formaient l'ossature de l'église à voûtes angevines de la fin du XIIème et du commencement du XIIIème siècle. Les claveaux de ces arcs ont été bûchés pour supprimer leur saillie, sauf toutefois ceux du grand arc du transept, dont le profil en fort relief se compose de deux cavets, d'un tore et d'un bandeau, ce qui correspond bien à la date. Une colonnette engagée, encore visible dans l'angle sud-ouest du croisillon sud et qui ne répond à rien dans l'église actuelle, servait évidemment à recevoir sur son chapiteau disparu la retombée de deux arcs formerets. En examinant avec soin la maçonnerie intérieure de l'église, on perçoit, en maint endroit, la trace de raccords et une différence d'appareil qui indiquent de larges percements pratiqués dans des murs antérieurs. Les passages de la galerie qui court sous les grandes fenêtres de la nef ont des parois bûchées au marteau à travers les murs latéraux, ce qui dénote qu'ils ont été ouverts après coup.

Le rapprochement de toutes ces observations autorise à conclure que l'architecte du XVème siècle ne modifia pas le plan de l'église existante, qu'il se servit même d'une grande partie de ses murs, se contentant d'agrandir les baies et de remanier la décoration. Ce fut donc beaucoup moins une reconstruction qu'une consolidation, peut-être, et sur tout, une mise à la mode nouvelle.

La Couture du Mans nous offre, entre autres, un exemple frappant de ce que devait être Saint-Pierre de Vannes au debut du XIIIème siècle.

Cette campagne s'est terminée par la façade, dont il ne reste plus aujourd'hui que la tour du nord.

Saint Vincent Ferrier, mort à Vannes en 1419 et enterré dans la cathédrale, avait laissé une si grande réputation de sainteté que son tombeau devint le but d'un pèlerinage extrêmement fréquenté. L'évêque Yves de Pontsal et le chapitre conçurent donc l'idée de remanier l'édifice selon le goût du jour. Ayant, dès 1451, obtenu de Nicolas V des bulles d'indulgences, successivement renouvelées pendant trois quarts de siècle, ils se mirent à l'oeuvre en 1454. Le 17 mars 1476, la nouvelle nef et ses chapelles furent consacrées. Elle était, selon l'usage le plus répandu en Bretagne au XVème siecle et au XVIème siècle, recouverte d'une haute charpente lambrissée.

Le croisillon sud fut commencé en 1504. On s'attaqua en 1516 au carré du transept, qui se composait de quatre grosses piles supportant une coupole surmontée d’un clocher. C'était la même disposition qu'à Saint-Sauveur de Redon et à Saint-Gildas de Rhuis. Sous le grand arc occidental de la croisée romane on monta un doubleau en tiers-point à multiples voussures, supporté par deux piliers énormes qui encombrent encore l'église sans avoir leur raison d'être, puisque le clocher n'a pas été rétabli. Dans sa partie orientale, le carré du transept fut élargi, comme il est facile de s'en rendre compte en examinant la coupe dessinée par l'architecte du XVIIIème siècle. On y voit très nettement que le pilier de la croisée du XVIème siècle empiétait largement, sur la première travée du chœur roman, dont il soutenait l'arcade mutilée.

Le croisillon nord fut achevé vers 1520. Ensuite, on éleva le cloître (1530), dont les restes se voient le long de la rue des Chanoines, puis la chapelle du Saint-Sacrement, (1537).

Plan de la cathédrale de Vannes (Bretagne).

On songea dès lors à refaire le chevet, dont les proportions ne correspondaient plus, surtout en hauteur, à celles du nouveau monument. Un-plan grandiose fut conçu. En arrière de la chapelle centrale, sur de hautes fondations, pour racheter la forte déclivité du terrain, on construisit (1536-1546) la chapelle qui devait la remplacer, puis on jeta les fondements des huit autres chapelles rayonnantes du nouveau chœur, qui ne fut jamais exécuté. Les guerres religieuses, l'absence de ressources arrêtèrent les travaux.

Le XVIIème siècle vit seulement voûter la chapelle Notre-Dame et exécuter le beau retable de son autel.

Au XVIIIème siècle, Mgr de Bertin entreprit malheureusement de voûter la nef (1768-1770). Cette voûte, beaucoup trop basse, écrase le vaisseau et masque la grande charpente du XVème siècle, qui s'élève à dix mètres au-dessus, encore garnie des restes d'un lambris exécuté au XVIIème siècle comme le prouve cette inscription : G LE LOV BLANC A FAIT LE LABR. TOVT L'EGL. LAN 1626 ET 27.

Enfin, le vieux chevet roman, qui menaçait ruine, fut rasé, mais au lieu de reprendre la conception imposante, du XVIème siècle, on rebâtit de 1771 à 1774, avec beaucoup de sécheresse et de lourdeur, le chœur actuel, que reproduit le plan roman, sans les chapelles rayonnantes.

Pendant le XIXème siècle, on a refait, en 1825, la flèche de la tour du nord, abattue, l'année précédente, par la foudre, Celle-ci avait endommagé le reste de la façade qu'on reconstruisit seulement de 1868 à 1873, avec la petite tour du sud et la voûte de la première travée de la nef. Les galeries ajourées et les meneaux, brisés au XVIIIème siècle, lors de la construction des voûtes, ont été rétablis. On a dégagé l'édifice, qu'entouraient de petites maisons. Malheureusement, on a détruit une grande partie du cloître.

Les comptes du chapitre nous permettent de suivre ainsi avec précision les diverses campagnes et nous livrent les noms des maîtres d'œuvre qui se succédèrent à la direction des travaux. Ce furent : au XVème siècle, Jehan Guével, Éon Kervélien ; au XVIème siècle, Guillaume Yvon, Pierre Cadio, ces deux derniers aidés par Pierre Bodinaye, peintre, Vincent Rabault ; au XVIIème siècle, les frères Moussin ; au XVIIIème siècle, les architectes Kerleau et Guillois ; enfin, au XIXème siècle, les principaux travaux furent dirigés par M. Charier.

Il nous reste à faire, du monument que nous venons de disséquer, une description sommaire.

Il est construit tout entier en granit du pays, tiré surtout des carrières de Saint-Nolff.

Sa tour du nord, seul reste ancien de la facade, bâtie sur plan carré, se présente sans ornement jusqu'à une certaine hauteur, parce que des maisons s'appuyaient à sa base et la masquaient. De longues meurtrières sont percées sur les trois faces ouest, nord et est. Au-dessus, chaque côté est orné de trois arcatures aveugles, en tiers- point, formées par des tores, qui reposent sur de hautes et minces colonnettes et sur de petits chapiteaux à feuilles plates. L'étage qui précède la galerie était ajouré sur ses quatre faces de cinq arcatures de même type, mais plus petites. Des trilobes et des quatre-feuilles terminent la décoration, très sobre et un peu sévère, de cette tour, dont la galerie, les clochetons d'angle et la flèche sont modernes.

Le portail, au dire de Mérimée, qui le vit, en 1836. « se distinguait par de très jolis détails finement sculptés en pierre de Kersanton, du même style à peu près que l'ornementation du Folgoët ».

La nef unique, mesurant, dans œuvre, 44 mètres sur 25, est couverte de lourdes voûtes d'arêtes. Entre les contreforts massits sont logées, de chaque côté, cinq chapelles, voûtées d'ogives, dont le mur extérieur est épaulé par une seconde ligne de contreforts, reliée à la première par de petits arcs-boutants formant étrésillons et tuyaux d'écoulement. Ces chapelles s'ouvrent sur la nef par des baies en tiers-point, dont l'archivolte à triple voussure vient se perdre en pénétration dans les murs latéraux. Au-dessus des chapelles règne une galerie de circulation, bordée d'une balustrade moderne, qui passe sous de grandes fenêtres garnies d'un remplage également moderne, dont le dessin, presque toujours inspiré du quadrilobe, rappelle à tort le XIVème siècle, tandis que la nef est du XVème siècle.

Le carré du transept est limité par quatre piliers de plan compliqué, qui reproduisent la disposition de la croisée romane dont la coupole était surmontée d'un clocher, mais qui obstruent la cathédrale. Ils soutiennent des arcs brisés et se relient aux murs latéraux par un double rang d'arcs-boutants qui décrivent une courbe en plein cintre du côté de la nef et en tiers-point vis-à-vis du déambulatoire. En avant des deux premiers piliers, des faux contreforts montent jusqu'à la naissance de l'arc : leurs faces s'ornent de cannelures agrémentées de grotesques. Tout cela est d'aspect étrange, à cette place, et donne l'impression d'un pur hors-d’œuvre que peut seule expliquer l'utilisation ou, au moins, l'imitation des dispositions architecturales de l'église romane.

Le chœur se compose d'une partie droite, formée d'une seule arcade en plein cintre qui retomhe sur des piles cruciformes, et par un rond-point dont les trois arcades s'appuient sur deux piles de même plan. Au-dessus, règne un rang de fenêtres sans ornementation. Un déambulatoire, voûté d'arêtes et sans chapelles, entoure le chœur et communique, par un passage qui a remplacé, au XVIIIème siècle, l'ancienne chapelle centrale, avec la chapelle Saint-Vincent, autrefois Notre-Dame, dont la décoration est fort riche. Elle est éclairée par de grandes fenêtres Renaissance, tandis que sa voûte d'ogives, construite au XVIIème siècle, rappelle, exception faite du profil des moulures et des clés, les procédés gothiques. Un très beau retable, admiré par Dubuisson-Aubenay, qui le vit élever lors de son passage à Vannes, en 1636, garnit tout le fond de la chapelle. Composé de niches qu'encadrent de riches colonnes de marbre surmontées de chapiteaux corinthiens finement sculptés, il contient de belles statues en terre cuite de saint Vincent Ferrier, de saint Guenhaël et de saint Patern. Au-dessus, la Vierge entre deux anges. Dans les murs latéraux et se faisant face sont creusés les enfeus, très ornés, de Mgr de Rosmadec et de Mgr d'Argouges.

Le tombeau de saint Vincent Ferrier, aujourd'hui dans le croisillon nord, était autrefois à l'entrée du chœur.

A l'extérieur, la cathédrale produit un effet quelque peu déconcertant, par suite de la disparité des éléments qui la composent, et dont nous avons expliqué la genèse, par suite aussi du plan si allongé de son chevet, car le chœur se trouve prolongé en quelque sorte par deux absides successives.

La décoration des contreforts se compose de pinacles à crochets et à choux frisés. Divers grotesques ornent certains angles, surtout du côté nord. Une double galerie, en grande partie refaite au XIXème siècle, surmonte le mur de la nef et celui des chapelles latérales. A l'est des croisillons se voient les pierres d'attente du mur du chœur projeté au XVème siècle et dont de notables fragments, surtout le long de la rue des Chanoines, sont encore intacts.

Le pignon du croisillon nord est la partie la plus ornée. Il présente un beau portail dont les portes géminées étaient surmontées d'un tympan à jour garni jadis d'un vitrail de Jean Bodinaye. Les voussures reposent sur des piédroits dont la décoration, toute gothique, est interrompue par la présence de six niches Renaissance, à coquille, destinées, avec six autres semblables disposées à droite et à gauche du portail, à abriter les statues des douze apôtres. Le tout est encadré d'une grande accolade, inscrite dans un gâble à crochets et à fleuron. Il serait à désirer que ce portail, dûment réparé, fût rouvert et servit à nouveau d'entrée à l'église.

De même, à la chapelle Saint-Vincent, le plan, la disposition des contreforts d'angle, surmontés de pinacles à choux, rappellent le XVème siècle, mais les fenêtres et la décoration même des contreforts sont du style du XVIème siècle.

Une autre partie de l'édifice tranche encore plus sur l'ensemble gothique, car c'est une œuvre de la Renaissance pseudo-romaine classique. Conception rapportée en droite ligne d'Italie, elle est peut-être la première manifestation en Bretagne de ce style, qui, un siècle plus tard, devait y avoir tant de vogue. Il s'agit de la chapelle du Saint-Sacrement, qui fut accolée extérieurement, entre 1530 et 1537, à la quatrième chapelle du côté nord de la nef. De plan circulaire, elle affecte la forme d'une lanterne, absolument nue à l'intérieur et constituée, à l'extérieur, par deux ordres superposés : le premier, dorique, présente des colonnettes à demi engagées, dont la base repose sur des socles à tablette saillante, et qui encadrent cinq niches à coquille surmontées de frontons alternativement triangulaires et cintrés ; le second, ionique, élevé au-dessus d'un entablement, décoré de médaillons de marbre, ainsi que tous les écoinçons du monument, est formé de pilastres encadrant des fenêtres en plein cintre, hautes, assez étroites et largement ébrasées. Une corniche à modillons moulurés portait une balustrade à fuseaux couronnée d'un dôme. Fuseaux et dôme ont été remplacés, en 1829, par une toihire conique (L. Palustre : La Renaissance en France, t. III).

Une inscription, gravée en capitales autour de la frise, indique que cette chapelle fut construite aux frais du chanoine Jean Daniélo, archidiacre. Daniélo avait longtemps habité Rome, où il était « abréviateur des lettres apostoliques ». Il en avait rapporté un goût pour la Renaissance italienne, qu'il manifesta, tant dans cette construction que dans celle de son hôtel particulier, situé rue des Chanoines, juste en face de la chapelle du Saint-Sacrement, et dans celle du prieuré de Péaule (Morbihan), dont il était titulaire. On peut dire qu'en Bretagne, il fut un précurseur. Il n'est peut-être pas sans intérêt d'observer, en outre, qu'à la même époque, deux Florentins, Laurent et Antoine Pucci., se succédèrent comme évêques commendataires de Vannes.

La chapelle du Saint-Sacrement, si différente d'aspect, n'est pourtant postérieure que d'une dizaine d'années à l’achèvement du croisillon nord, et elle est antérieure à la construction de la chapelle Saint-Vincent.

Chapelle du Saint-Sacrement de la cathédrale de Vannes (Bretagne).

Cette constatation nous amène à la remarque suivante, par laquelle, nous terminerons une description forcément un peu sommaire. La cathédrale de Vannes est surtout intéressante, en dehors des problèmes de construction que ses éléments disparates et inachevés posent à l'archéologue, comme type de la persistance, en Bretagne, des traditions gothiques et de leur alliage, parfois bizarre, presque toujours harmonieux, avec les formes et les ornements de la Renaissance.

Objets mobiliers. — En dehors du beau retable du XVIIème siècle, qui garnit le fond de la chapelle Saint-Vincent et dont nous avons parlé, la cathédrale possédait un jubé, détruit au XVIIIème siècle, et une grille de chœur en fer forgé (1776), œuvre remarquable d'un de Josselin, nommé Roussin, qui fit aussi la chaire à prêcher de Notre-Dame-du-Roncier et celle de Carnac. Enlevée à la Révolution, la porte de cette grille ferme une entrée du parc de la Préfecture Morbihan. Dans la troisième chapelle latérale sud, on voit le mausolée en marbre de Mgr de Bertin, surmonté de la statue du prélat agenouillé. Il est l'œuvre de Christophe Fossati, de Marseille (1774). Au même artiste sont dus les autels et statues de saint Pierre et de saint Paul, et à son oncle, Dominique Fossati, le beaumaître-autel, avec ses anges adorateurs (1776).

Le trésor, conservé dans la salle du chapitre, au-dessus de la sacristie, contient deux richesses archéologiques. L'une est un remarquable coffret, que M. le chanoine- Chauffier a pu dater avec raison de la seconde moitié du XIIème siècle. Il se compose d'une âme en bois, recouverte de parchemin collé, sur lequel sont peintes des scènes de la vie des châtelains au temps de Philippe Auguste. Destiné d'abord à un usage civil, il devint la propriété de l'évêque Guéthenoc, qui en fit un reliquaire, après l'avoir recouvert de plaques d'argent doré. Cette armature, enlevée seulement en 1771, par ordre du chapitre, qui en fit faire deux petits chandeliers, a sauvé des injures du temps ce spécimen très curieux et trop peu connu de la peinture du XIIème siècle et ce document très précieux pour l'histoire des mœurs et du costume.

Coffret de la cathédrale de Vannes (Bretagne).

L'autre richesse du trésor est la tapisserie dite de saint Vincent Ferrier, donnée en 1615, par l'évêque Martin de Belleassise. Elle était formée de deux grands morceaux, mesurant 15 mètres sur 1m90 et divisés chacun en sept tableaux, représentant les principaux traits de la vie du saint Dominicain. Cette tapisserie est aujourd'hui fort abîmée. La partie la mieux conservée est exposée derrière la boiserie du chœur.

Crosse de la cathédrale de Vannes (Bretagne).

On peut citer encore une intéressante crosse en ivoire du XIIIème siècle que M. le chanoine Le Mené a signalée dès 1879 à l'attention des archéologues.

Cloître. — Le long de la cathédrale, au nord, se trouvait le cimetière. En 1530, on commença à l'entourer d'un cloître. Les travaux furent terminés après 1536. Détruit en partie au cours du XIXème siècle, il ne présente plus que des restes de sa colonnade intérieure, conservés dans le petit jardin qui longe la rue des Chanoines. Cette colonnade était formée par une série d'arcades en anse de panier, finement moulurées, qui retombaient sur des colonnes rondes. Les chapiteaux, d'ordre corinthien, s'ornaient, sur les faces, de feuilles d'acanthe très étalées en éventail et, sous les volutes d'angle, de palmettes plates. Un seul de ces chapiteaux diffère des autres et porte sur la face antérieure une tête d'homme coiffée d'une toque et portant des cheveux mi-longs, bouffant sur les oreilles, à la mode du XVIème siècle.

ÉGLISE SAINT-PATERN.

L'église bâtie sur le tombeau de saint Patern, second évêque de Vannes, ayant été détruite par les Normands, au Xème siècle, fut remplacée, au XIème siècle, par un édifice dont il ne reste aucun vestige. Remaniée ou peut-être reconstruite au siècle suivant, elle devint, pendant le moyen âge, l'une des étapes du fameux Tour de Bretagne ou pèlerinage des Sept Saints. Une petite partie seulement des reliques du saint patron y avait été ramenée d'Issoudun, où les moines de Saint-Gildas de Rhuis, fuyant devant les Normands, avaient emporté son corps avec celui de leur fondateur.

Nous n'avons pas de données positives sur le plan de l'église romane. On sait seulement que le maître-autel était au fond du chœur et deux petits autels à droite et à gauche, ce qui semblerait indiquer une abside flanquée de deux absidioles parallèles, comme à Saint-Martin de Josselin. Un transept précédait la néf ; la croisée était formée par quatre gros piliers supportant une coupole et une tour carrée amortie par une flèche en pierre. Des chapelles s'ouvraient de chaque côté de la nef ; elles avaient été ajoutées postérieurement, à moins que toute la nef n'eût été refaite au XIVème siècle ou au XVème siècle.

En 1721, la tempête abattit une partie de la tour ; le reste tomba en 1726, écrasant la moitié de la nef et lézardant le chœur.

L'édifice actuel, bâti aussitôt après cet accident, comprend un chœur rectangulaire, un transept et une nef exécutés avec la sécheresse et la lourdeur que le XVIIIème siècle apportait à ses constructions religieuses. Une tour carrée, en grand appareil de granit, amortie en lanterne et précédée d'un escalier monumental, surmonte le porche. Elle est du type des tours de Saint-Gildas d'Auray, du Bourg de Batz, du Croisic, etc., qui au XVIIème et au XVIIIème siècle formèrent, sur la côte de la Bretagne méridionale, une petite école particulière, dérivée des tours Renaissance à lanternon dont la cathédrale de Tours offre l'un des meilleurs types.

CHAPELLE DU COLLÈGE.

Situé sur la place de l'Hôtel-de-Ville, cet édifice servait de chapelle au collège des Jésuites, avant la Révolution. Bâti en 1661, grâce aux subsides de Mlle Catherine de Francheville, dont un médaillon reproduit, dit-on, les traits au-dessus de l'entrée, il présente une façade, qui est un assez bon spécimen du style « jésuite », et un monumental retable, œuvre du Nantais Jean Boffrand (1685).

ANCIENNE CHAPELLE DES URSULINES.

Aujourd'hui dépendance du collège Saint-François-Xavier, cette chapelle montée, au bas de la rue Thiers, une façade du même type que la précédente. On y lit, l'inscription suivante : Sacræ Familiæ, 1690.

ANCIEN COUVENT DES CARMES.

Devenu, après la Révolution, l'évêché de Vannes et, depuis peu, transformé par la municipalité en musée bibliothèque, l'ancien couvent des Carmes se compose d'un bâtiment, construit en 1632, formant trois côtés d'une cour rectangulaire et dont le rez-de-chaussée constitue un cloître à arcades plein cintre, reposant sur de massifs piliers carrés. La chapelle contiguë, dont la façade plate donne sur la promenade de la Rabine, est un monument assez banal, construit de 1734 à 1737, en remplacement de la chapelle primitive, qui avait été bâtie et 1629.

NOTRE-DAME DU MENÉ.

La paroisse du Mené (en breton, mané ou mené signifie montagne, Beata Maria de Monte) fut fondée probablement par l'évêque Rouaud, avant 1144, pour desservir la partie des faubourgs qui s'échelonnait sur la pente abrupte du coteau nord. Elle fut, en 1706, unie au séminaire, tenu par des Lazaristes. Reconstruite de 1719 à 1739, elle devint, en 1864, par suite d'un échange, la propriété des Dames de la Retraite, qui, sans la détruire, l'ont beaucoup modifiée. Elle présente peu d'intérêt architectural.

NOTRE-DAME DES LICES.

Chapelle fondée au XVème siècle par le duc Jean V, en face de son château de l'Hermine, et connue aussi sous le vocable de Notre-Dame de Chartres, elle fut vendue nationalement, sous la Révolution. Il n'en reste que trois contreforts à larmier et une partie du pignon aigu du chevet, noyés dans une maison du coin ouest de la place des Lices.

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ENCEINTE FORTIFIÉE.

 

Bien qu'elle ne présente pas un aspect aussi imposant et un état de conservation, aussi parfait que celles de Saint-Malo ou de Guérande, par exemple, l'ancienne enceinte fortifiée de Vannes, dont une grande partie subsiste, plus ou moins abîmée, soit à découvert, comme en face de la Garenne, soit masquée par des maisons, comme le long de la rue du Mené, est néanmoins l'un des plus complets vestiges de l'architecture militaire appliquée, en Bretagne, à la défense des villes. Elle mérite l'étude détaillée qui lui sera consacrée prochainement. Nous devons forcément nous borner ici à une brève description.

On peut suivre sur les remparts de Vannes toute l'évolution de l'art de la fortification depuis les Romains jusqu'au XVIIème siècle, époque où les progrès de l'artillerie rendirent illusoires les anciennes défenses, tandis que la sécurité du pays fit renoncer à leur transformation ébauchée au cours du XVIème siècle.

Il reste, en effet, à Vannes, des vestiges de l'enceinte romaine, de très importants morceaux des remparts du XIVème siècle et du XVème siècle, enfin quelques bastions du XVIème siècle et du début du XVIIème siècle.

Enceinte romaine. — Ellle englobait le coteau du Men-Guièvr, dont la vieille Cohue (aujourd'hui le théâtre et les constructions voisines), probablement bâtie sur l'emplacement, du forum primitif, représente à peu près le centre. Elle figurait sensiblement un triangle aux angles abattus. Le côté nord longeait la rue du Mené, en arrière des maisons qui la bordent ; les deux autres venaient se rejoindre sur la place des Lices. Plusieurs témoins subsistent, notamment : rue du Marché-au-Seigle, derrière la pharmacie Château ; rue de la Garenne, derrière le hangar de M. Josso ; entre la rue Billault et la rue Emile-Burgault, à la base du mur — actuellement en démolition — de l'ancien hôtel de France, qui avait remplacé la Préfecture, à l'endroit où s'élevait le Palais épiscopal, établi sur les ruines de l'ancien château de la Motte, résidence des premiers comtes de Vannes.

Ces restes nous permettent de voir que le mur romain se composait de deux parements de petits moellons carrés, liés tous les deux mètres environ, par des cordons horizontaux composés de trois rangées de briques à plat. L'intervalle entre ces deux parements était rempli d'un béton, assez rudimentaire, de pierre cassée noyée dans un ciment formé d'argile plus ou moins bien calcinée et de chaux de coquillages. Les fondations et les premières assises étaient faites de gros blocs, parmi lesquels on a retrouvé quelques fragments moulurés provenant évidemment de monuments romains détruits.

Enceinte de Jean II. — Une quittance de 1307, donnée par Éon l'Orfèvre aux exécuteurs testamentaires de Jean II, mort en 1305, pour de la pierre employée à « faire les murs de Vènes » (Rosenzweig : Cartulaire du Morbihan, p. 387), prouve que ce duc reconstruisit une partie de l'enceinte. Il répara le reste, comme le montre encolle une autre quittance de la même date (Ibid. « Ad murum civitatis Venetensis reparandum »).

Peut-être ne modifia-t-il pas le tracé romain. On l'a jusqu'ici affirmé catégoriquement. Nous croyons cependant, qu'il faudrait attribuer à Jean II la construction de la porte qui donne accès au bastion dit de Gréguenic, au bas de la place de la Poissonnerie. Cette porte, dépourvue de pont-levis, mais munie d'une herse et flanquée de deux tours, de faible saillie, construites en mauvais blocage, dénote une époque antérieure au XIVème siècle. Comme l'enceinte de Vannes n'allait pas encore jusque-là et que la mer pénétrait jusqu'au pied de la place des Lices, il faut supposer que cette porte faisait partie d'une défense avancée du port, analogue à celle, que représentait la tour Solidor, de Saint-Servan.

 

Enceinte de Jean IV. — Les remparts de la ville avaient dû beaucoup souffrir des quatre sièges successifs subis par elle en 1342. Quand Jean IV fut entré en possession incontestée du duché, il commença à la réparer et à l'agrandir vers le sud. Ses travaux, interrompus pendant les six années qu'il passa en Angleterre, furent repris en 1379. C'est alors qu’il construisit, sur l'emplacement actuel de l'Ecole d'artillerie et de son jardin, le célébre château de l'Hermine, qui fut détruit au XVIIème siècle. L'enceinte alla rejoindre la vieille muraille près de la rue Saint-Salomon, après avoir englobé le couvent des Cordeliers, rendant désormais inutile tout l'angle méridional de l'enceinte romaine, devenue, en cette partie, simple cloison interne [Note : Des textes désignent les murs de cette partie par le terme de murs « sarrasinois ». C'est une expression fréquente au moyen âge pour désigner les murs romains. L'ignorance et l'imagination populaires les attribuaient aux Sarrasins].

 

Travaux des XVème siècle et XVIème siècles. — Le tracé de l'enceinte ne fut plus modifié. Le XVème siècle se contenta de restaurer, de rebâtir plusieurs tours, de refaire des parties hautes. On y travailla souvent, de Jean V à Anne de Bretagne. En 1532, le roi François Ier accordait encore des exemptions de tailles à la ville, pour l'aider dans ces réparations, en considération de ce qu'elle est située « près des descentes de la mer » et qu'elle sert de « boulevart et deffence ès aultres villes » du duché (Cité par Rosenzweig : Cartulaire du Morbihan, ms.).

Au XVIème siècle, les progrès de l'artillerie incitèrent le duc de Mercœur à faire construire, spécialement sur le front ouest, le moins défendu par la nature, des bastions polygonaux, en forme d'éperon, avec casemates voûtées pour les canons, dont le mieux conservé se voit derrière la maison Grandjean, place de la Poissonnerie.

Le XVIIème siècle continua dans cette voie, jusqu'en 1626, date de la construction du dernier éperon, celui qui regarde la Garenne. En 1678, on ouvrit, presque au même endroit, la Porte-Poterne et en 1686, plus haut, la porte du nord ou du Bourreau.

Enfin, au commencement du XVIIIème siècle, la porte Saint-Vincent, donnant accès au port, fut reconstruite, telle qu'on la voit aujourd'hui, avec ses ordres superposés et son fronton orné de la statue du saint Dominicain.

 

Description. — Pour visiter ce qui reste aujourd'hui de l'enceinte fortifiée, on peut partir du milieu de la rue Emile-Burgault, où était la porte Notre-Dame ou porte Neuve, démolie en 1784. Flanquée de deux tours, maintenant disparues, elle fut englobée, au XVIème siècle, dans un bastion pentagonal, dont on retrouve les vestiges dans le jardin Mlle Galles. L'ancienne guérite du guetteur surplombe encore la rue. Au pied de ce bastion, en allant vers l'ouest, un escarpement considérable sur les jardins qui sont derrière les maisons de la place de l'Hôtel-de-Ville indique les fossés d'autrefois. Le mur a disparu. Il reprend derrière les maisons de la rue du Marché-au-Seigle, où l'on voit certains des fragments d'appareil romain que nous avons cités. Surmonté de jardins, il a perdu ses mâchicoulis. Traversant la rue Saint-Salomon, il passe derrière la rue des Halles et aboutit au Château-Gaillard. Dans cette partie, l'appareil est en moellon irrégulier de schiste et ne resemble pas au grand appareil de granit, que l'on retrouve partout ailleurs. C'est une partie plus ancienne, qui peut remonter au XIIIème siècle. Les parties hautes manquent toujours. A cheval sur la rue Noé se trouvait la porte Mariolle. Le reste de la « cloison », qui, à partir de Notre-Dame des Lices, traversait la ville en largeur, n'existe plus, sauf des vestiges informes.

Revenant rue Saint-Salomon, au point de jonction de la première et de la seconde enceinte, Et descendant vers le sud, nous ne trouverons aucun témoin jusqu'à la place de la Poissonnerie. Là se trouvent, derrière des maisons, deux bastions pentagonaux. Au plus méridional donne accès la porte de Gréguenic, dont nous avons parlé plus haut. On arrive ainsi à la porte Saint-Vincent, où vient se rattacher une courtine à mâchicoulis, à quatre encorbellements sur leurs trois faces, qui bute contre une tour ronde, très bien conservée, mais masquée par des maisons. Elle porte le nom de tour Trompette : sa construction accuse deux campagnes bien distinctes. La partie basse, moins soignée, plus rongée par le temps, est certainement plus ancienne que la partie supérieure, couronnée par des mâchicoulis du même type que les précédents, dont les linteaux nus portent un parapet. Ce modèle, en usage au milieu du XVème siècle, se retrouve dans la courtine qui suit et qui conduit à la tour de Calmont, semblable à la tour Trompette, mais beaucoup plus ruinée. Elle défendait la porte de Calmont, encore subsistante avec les traces de son pont-levis et sa poterne. Le mur continue jusqu'à l'École d'artillerie, où l'on devine encore parfaitement la disposition du château de l'Hermine. De ce dernier il ne reste rien, mais les documents, comparés à l'état des lieux, ont permis aux historiens de Vannes de le reconstituer avec une quasi-certitude. Il faisait une saillie prononcée hors du mur et formait comme un îlot contourné par le ruisseau qui remplissait les fossés. « C'est, dit Bertrand d'Argentré dans son Histoire de Bretagne, un petit bastiment pour un prince, qui consiste dans un seul corps de logis..., avec deux grosses tours par le dehors et force petites tours, issantes les unes et autres sur la douve, grande partie portée en muraille et demy-tour ».

La muraille reprend un peu avant la porte Poterne, simple baie plein cintre percée au XVIIème siècle. Après le bastion de la Garenne, encore flanqué de son échauguette, s'étend une longue courtine bien dégagée et presque intacte, qui présente de nombreuses reprises, accusées par la maladresse des raccords du couronnement et par le type varié des mâchicoulis, toujours à quatre ressauts, mais portant, les uns des linteaux droits, les autres des arcs, brisés ou plein cintre, formés de deux pierres arc-boutées, comme à Sucinio ; d'autres soutiennent des arcs trilobés simulés sur linteaux. La courtine est interrompue, une première fois, par la tour du Connétable, forte tour ronde que doit son nom au connétable de Richemont et non, comme on l'a dit et répété, au connétable Olivier de Clisson, qui fut enfermé dans une tour du château de l'Hermine. La partie basse, au moins du côté de la ville, paraît antérieure à la partie haute, qui est d'une date assez avancée dans le XVème siècle. Un peu plus loin s'élève la tour Poudrière, de plus faible diamètre, sans couronnement, d'appareil mediocre et qui doit appartenir aux constructions de Jean II, dont un certain défaut de liaison dans la maçonnerie de la courtine laisse voir, près de là, le raccord avec celles de Jean IV.

Le mur qui suit renferme des morceaux d'appareil romain, aujourd'hui masqués par un hangar. Il aboutit à la porte Saint-Patern, appelée aussi porte Prison, et naguère flanquée de deux tours rondes, dont une seule subsiste. Nous voyons dans cette porte trois campagnes : l'une, contemporaine de Jean II, comprend la porte proprement dite et la partie antérieure de son passage, que fermait une herse ; la seconde, probablement du temps de Jean IV, où l'on ajouta le pont-levis à bascule et la poterne, ainsi que le grand arc de décharge surbaissé qui les surmonte ; la troisième, attribuable à Jean V, à laquelle il faut rattacher la réfection des parties hautes avec mâchicoulis formés de cintres brisés. Enfin, sous François II ou Anne de Bretagne, on intercala, entre les rainures du pont-levis, l'écu inscrit sous une accolade en anse de panier, semblable à ceux du château de Nantes, et qui est en pierre blanche de Loire.

La courtine passe derrière les maisons de la rue du Mené, côté gauche, où elle présente plusieurs traces de reprises : là où ils subsistent, les mâchicoulis, toujours du même type à quatre ressauts, sont reliés par des linteaux droits.

On arrive à la tour des Filles ou des Vierges. Ici encore, le soubassement, paraît du XIVème siècle et la partie supérieure du XVème siècle, d'après les différences d'appareil. Les mâchicoulis sont reliés par des arcs brisés.

Enfin, après certaines solutions de continuité, la courtine, percée, au nord de la cathédrale, de la simple baie plein cintre dite porte du Bourreau, qui ne date que du XVIIIème siècle, aboutissait à l'emplacement du château de la Motte, ancien palais épiscopal où les démolisseurs viennent de mettre à jour les bases de l'ancien mur, fondé sur le roc, qui surplombait la dépression où passé la rue du Mené, au flanc d'un coteau très déclive dévalant jusqu'à la Boucherie. Ces bases, très régulières, sont un reste considérable de la représentation du mur romain. L'enlèvement du crépissage a fait apparaître le petit appareil.

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MONUMENTS CIVILS.

 

ANCIENNE « COHUE » ET PRÉSIDIAL.

Ce bâtiment, le plus ancien de Vannes, situé entre la place de la Cathédrale et la rue des Halles, et qui sert au début du XXème siècle de théâtre et de dépôt à la ville, est constitué par trois grands vaisseaux parallèles, recouverts d'une même charpente. Abstraction faite de la façade sur la rue des Halles, qui date du commencement du XIXème siècle, et des aménagements intérieurs, on y distingue trois campagnes principales de construction. La première, qui remonte à l'époque romane, comprenait un bâtiment à l'usage de « cohue », autrement dit de halle, construit, en forme de tau, et dont la partie ouest du vaisseau central et les parties médianes des vaisseaux nord et sud coristituent des restes plus ou moins modifiés. On y remarque des baies en plein cintre, de caractère fruste, mais dont les proportions et les claveaux régulièrement appareillés semblent dénoter l'époque romane.

Dans la seconde campagne, on ajouta le bras est, qui donna à la cohue le plan cruciforme. Le collage de cette nouvelle partie est évident à l'intérieur, notamment, à l'angle sud-est. Cette aile prenait jour par trois grandes baies. Celle du pignon est, qui fut prise, à tort, par Mérimée, pour la porte d'une chapelle, est encadrée par une archivolte en tiers-point, décorée de dents de scie, et des pièdroits qui portent des chapiteaux, manifestement remployés d'une époque plus ancienne, dont l'un représente une sirène.

La troisième campagne date du XVIème siècle. Lors de la création du Présidial de Vannes, on aménagea, au premier, une grande salle, à laquelle on accédait par un large escalier de bois à balustres. Il fallut modifier quelque peu des murs intérieurs pour soutenir le plancher, et on bâtit des murs extérieurs qui joignent entre eux les bras de la croix et donnent au bâtiment son plan rectangulaire actuel. Une énorme charpente recouverte d'ardoises s'étendit sur l'ensemble lui prétant l’aspect, aujourd'hui masqué par les maisons postérieurement construites tout autour, mais que l'on discerne bien du haut de la cathédrale de ces anciennes « cohues » de ville dont il reste encore des témoins dans le Morbihan, au Faouët et à Questembert par exemple.

Ajoutons que dans ce local se tinrent les États de Bretagne, quand ils se réunissaient à Vannes, sauf toutefois en 1532, date de la mémorable session où fut votée l'union du duché à la France, session qui, par extraordinaire, eut lieu au palais épiscopal de la Motte, dont les derniers vestiges viennent de disparaître. Là encore le Parlement de Bretagne eut son auditoire, jusqu'à son transfert à Rennes (1535-1552), puis lors de son exil à Vannes (1675-1690).

 

CHATEAU-GAILLARD.

Acheté au début du XXème siècle par la Société polymathique du Morbihan, qui a installé sa bibliothèque et ses musées, restauré par la Commission des Monuments historiques, cet immeuble, situé au haut de la rue Noé, anciennement rue Saint-Francois, et dont le jardin s'appuie au rempart, occupe l'emplacement d'un ancien établissement de Templiers, auquel il doit peut-être son nom pompeux. Il fut construit, à la fin du XIVème ou au commencement du XVème siècle, par Jean de Malestroit, qui devint évêque de Nantes et chancelier du duc Jean V. Vendu à la collégiale Notre-Dame de Nantes (1454), il fut arrenté par celle-ci au duc de Bretagne, qui en fit la résidence du président du Parlement (1456). Les premières audiences du Parlement sédentaire de Bretagne y furent même tenues. Après la réunion de la Bretagne à la France, le roi le vendit un sieur Botherel de Kermouro, alloué de Vannes, (1554). Il passa ensuite à la famille de Francheville. De deux légendes très répandues, mais absolument erronées, l'une veut que le Château-Gaillard ait été la demeure des nourrices des ducs de Bretagne, l'autre en fait l'hôtel de Gilles de Retz, qui y aurait sacrifié des enfants, alors qu'au contraire, à cette époque, il appartenait à Jean de Malestroit, qui fut le juge du maréchal de Retz.

Château-Gaillard se compose de deux bâtiments accolés l'un à l'autre, sans liaison, ce qui indique deux campagnes différentes, mais qui sont très rapprochées, car les caractères de la construction sont les mêmes : pignons aigus, fenêtres à meneaux cruciformes très simples, belles cheminées de pierre dont les moulures rappellent de façon frappante celles du logis de Sucinio, que l'on construisait vers le même temps.

Les tourelles des deux escaliers à vis furent ajoutées ou refaites après coup, Celle de la façade, polygonale, appartient au XVIème siècle ; quant à celle, très étroite, qui dessert le corps de logis nord, elle est construite en pierre blanche avec collage de même dans le mur du logis, qui est en petit moellon irrégulier de schiste et granit.

La charpente, malheureusement masquée dans les réparations, était en forme de carène.

Une petite chambre du second étage, qui servit de salle d'archives, est entourée de boiseries que recouvrent des peintures de la fin du XVIème siècle ou du début du XVIIème siècle représentant des scènes de la vie des Pères du désert. On trouve des sujets analogues disposés de même façon dans une petite salle de l'hôtel Cujas, à Bourges.

 

MUSÉE ARCHÉOLOGIQUE.

Dans son vieil hôtel restauré, dit le Château Gaillard, la Société polymathique du Morbihan a disposé au début du XXème siècle sa bibliothèque et ses collections.

La première occupe le deuxième et le troisième étage ; les autres sont rangées au rez-de-chaussée et au premier. Au rez-de-chaussée, se trouve le musée d'histoire naturelle (minéralogie, ornithologie, conchyliologie) dont je n’ai pas à parler ici.

Les trois salles du premier étage sont consacrées au musée archéologique qui est particulièrement riche en objets préhistoriques. Seuls, certains musées des pays scandinaves peuvent présenter un aussi grand nombre de pièces, de tout premier ordre comme beauté du travail ou rareté de la matière travaillée.

La première salle contient les vitrines de l'époque du bronze. Depuis quelques années, des découvertes très importantes — comme celle de Castelguen, Brandivy, qui a donné 22 haches à douille, dont on peut admirer l'ornementation délicate et variée, et celle de Mez-Stang-Roh, dans l’île de Groix, d'où provient notamment un moule à haches, objet fort rare — sont venues grossir la collection de haches de tous modèles, d'anneaux, grands et, petits, etc., que possédait, depuis longtemps, la Société polymathique, et elles ont permis à M. Marsille de démontrer, dans une étude récemment publiée par le Bulletin de cette société, que le Morbihan ne le cède guère désormais au Finistère pour l'importance de ses richesses de l'âge du bronze.

Dans la même salle, on voit les objets gallo-romains provenant des fouilles du cimetière de Vannes, établi sur une partie de l'emplacement occupé par l'ancienne ville romaine.

La seconde salle est consacrée à l'époque néolithique, sauf une vitrine, qui abrite les pièces, de nature et d'âge très divers, données par M. le docteur de Closmadeuc. Dans les autres vitrines sont exposés les résultats remarquables des grandes fouilles opérées, au cours du XIXème siècle, sous les auspices de la Société polymathique, dans les monuments mégalithiques, tumuli et dolmens, de la region : Tumiac, le mont Saint-Michel-en-Carnac, le Mané-er-hroek, Kercado, le Moustoir, Tymadeuc, pour citer les principaux.

Il y a là d'admirables spécimens de haches polies, en matières précieuses par leur rareté : fibrolite, chloromélanite, jadéite, aphanite, néphrite, de grands anneaux-disques en jadéite et une collection unique au monde de colliers de perles et de grosses pendeloques piriformes en cette pierre bleu-verdâtre, la callaïs, dont on n'a pu encore découvrir le gisement.

Je signalerai enfin une série de poteries préhistoriques, dont certains types ont été reproduits par M. du Châtellier et qui proviennent surtout de Kercado, de Keryaval et du petit îlot, à demi submergé, d'Er-Lannic, dans le golfe du Morbihan.

La troisième salle, celle des temps historiques, est loin d'avoir une importance aussi exceptionnelle que les deux autres pour un musée de province.

Elle offre cependant un certain nombre de pièces intéressantes. Je citerai notamment : deux panneaux de retable en albâtre, d'origine anglaise, représentant l’Assomption et la Flagellation, et portant, encore des traces de peinture ; un très curieux gobelet d'ivoire (XIVème siècle – XVème siècle), orné de scènes profanes au milieu de feuillages et que fut trouvé à Vannes en démolissant, l'hôtel du Poul, rue du Drézen ; deux chandeliers en émail limousin de la Renaissance ; deux ornements sacerdotaux du XVIème siècle, en velours rouge, avec orfrois brodés figurant divers saints et provenant de la chapelle Sint-Fiacre, en Radenac ; une croix processionnelle en cuivre doré, avec cabochons ; divers moulages, dont celui d'un crucifix du XIIème siècle, trouvé dans l'île de Gavrinis et appartenant à M. de Closmadeuc ; un riche médaillier ; les sceaux, des matrices, des armes, etc.

Plusieurs tapisseries d'Aubusson ornent les différentes salles. La plus intéressante, aux armes de France et de Bretagne, datée de 1672, provient du Présidial de Vannes.

Le musée lapidaire est encore, faute d'un local approprié, dans un grand désarroi, qu'il faut souhaiter de voi cesser sous peine de perdre bientôt certaines pièces curieuses, soit par elles-mêmes, soit par l'intérèt historique qui s'y attache.

Dans un coin du jardin, où la mousse et les broussailles les ont déjà recouverts, exposés à toutes les intempéries, on remarque notamment de très importants fragments des effigies en marbre d'Arthur II, duc de Bretagne, (+ 1312), de Jean de Malestroit, (+ 1416), de Yolande d'Anjou, duchesse de Bretagne, (+ 1440) : ces trois morceaux proviennent des Cordeliers de Vannes ; plusieurs autres pierres tombales un lech, des angelots, des écus armoriés, etc.

Dans la cour d'entrée, à côté de bornes milliaires, on a dressé un menhir, transformé en lech à l'époque bretonne par la gravure sur sa face antérieure d'une croix pattée et d'une inscription que certains ont proposé de lire ainsi : LAPIDEM HERANISEM FIL.. HERANHAL... AMIE…. RAN. HUBRIT.

 

ANCIEN HÔTEL DE VILLE.

Il semble avoir été originairement le logis des seigneurs de Largoët dans la ville de Vannes. D'abord hôtel de la Monnaie, il devint, à la fin du XIVème siècle, la Chambre des Comptes des ducs de Bretagne, transférée à Nantes en 1500. François Ier y installa, en 1534, le nouveau Parlement de Bretagne, qui se transporta bientôt au-dessus de la Cohue. En 1560, le roi donna la maison, inhabitée et en mauvais état, à la ville de Vannes, pour en faire la maison commune. Elle fut rebâtie et présente aujourd'hui peu d'intérêt. Une porte basse, à demi enterrée, surmontée d'un arc à crochets encadrant un écusson, est le seul reste de la construction du XVème siècle. Le perron date de 1811.

 

VIEILLES MAISONS DE VANNES.

Vannes est une dés villes de Bretagne les plus riches en vieilles rues pittoresques, bordées de maisons, à pans de bois et à façades surplombantes, des XVème siècle, XVIème siècle et XVIIème siècles. Les décrire toutes nous entraînerait trop loin.

Elles sont généralement composées de deux murs latéraux en pierre, reliés par une charpente formant pignon sur rue. Au rez-de-chaussée, dont le soubassement est en pierre, se trouvaient, outre la porte d'entrée, placée en côté, une ou plusieurs échoppes séparées par des piliers moulurés, en pierre ou en bois, que masquent souvent des devantures modernes et qui supportent le poitrail du premier étage, couvert de riches moulures et parfois orné d'une inscription. Le premier étage, largement percé de baies vitrées, surplombe hardiment, moins cependant que le second, dont les bouts de poutres sont portés sur des encorbellements à consoles sculptées ou soutenus par des jambes de force assemblées dans les montants de la charpente, quand elles ne reposent pas sur des corbelets, comme à l'angle de la rue Saint-Guenhaël. Les combles, formant une dernière avancée, accusent sur la façade, au XVème siècle et au XVIème siècle, le profil de leur charpente par un arc brisé ou en plein cintre, encadrant une ou plusieurs fenêtres. Souvent, quand le pignon regarde l'ouest ou le sud, le dernier étage est tapissé d'ardoises, jusqu'au faîte, pour éviter l'humidité du vent de mer.

Au cours du XVIIème siècle, une modification s'opère. La façade, au lieu, de s'amortir en pignon aigu, se couvre d'un toit assez plat, formant auvent.

Parmi les maisons les plus intéressantes ou les plus connues, citons :

Rue des Chanoines : La première maison à gauche, en descendant, dont le rez-de-chaussée, malheureusement défiguré par les boiseries de la devanture actuelle, conserve des baies en arc surbaissé, profilées de moulures toriques, à listel saillant et ornées de petits chapiteaux à feuillages frisés. Les parties hautes de la maison ont été refaites postérieurement ; mais ce rez-de-chaussée de pierre, qui doit remonter à la fin du XIVème siècle, pourrait bien être, avec la Cohue et Château-Gaillard, la plus ancienne maison de Vannes.

Rue Saint-Guenhaël, au coin de la rue de la Bienfaisance, et rue des Halles, en face du Théâtre, deux maisons peuvent dater du XVème siècle. Il en est de même d'une petite maison située rue Émile Burgault, en face de la rue Billault.

Rue Saint-Salomon, maison datée de 1560, avec inscription tronquée, au linteau de la porte. En face, autre maison, où se voient deux tuyaux de descente en torsade, sortant de la gueule de deux animaux fantastiques qui rampent, sur la façade ; le poitrail est orné d'un rinceau de feuilles frisées. Cette façade peut dater des environs de l'an 1500.

Rue du Port, au coin de la petite rue du Drézen, une maison porte l'inscription suivante : AU NOM DE DIEU. DIEU SOICT EN MES AFFAIRES. YVES LE KMÉ ET PERRINE LE BAR SA COMPAIGNE ONT FAICT FAIRE CE LOGIS EN JUING 1565. Sur la face des murs latéraux sont sculptés des animaux, des personnages ; dans une niche ornée se trouve une statue de saint Yves. Au mur qui regarde la rue du Drézen, on peut voir une jolie petite fenêtre en accolade et quelques rangs d'appareil en épi, bien qu'on soit en plein XVIème siècle, preuve de la persistance de certains procédés dans l'art de bâtir.

Rue Noé se trouve la maison de Vannes et sa femme, ainsi nommée, parce que l'angle en est orné des deux grosses figures du bourgeois qui la fit construire au XVIème siècle et de sa femme, accoudés et regardant passer les gens qu'ils interpellent d'un air jovial.

Rue des Orfèvres, presque en face de la précédente, une portée sur des piliers de pierre d'un joli profil Renaissance, est datée de 1574. On l'appelle la maison de saint Vincent Ferrier, parce que ce dernier serait mort en 1419 dans une petite pièce transformée en chapelle et qui aurait été pieusement conservée dans la reconstruction du XVIème siècle.

Place Henri-IV, toute une série de maisons à pignons ; du XVIème siècle, forment un ensemble très curieux et fort pittoresque, dont tous les gens de goût doivent vivement souhaiter la conservation, en dépit des projets de vandalisme administratif qui le menacent.

Rue Saint-Guenhaël, rue des Halles, rue Saint-Salomon, rue des Chanoines, rue des Fontaines, autour de Saint-Patern, place des Lices, etc., on peut observer, en dehors de celles que nous avons spécialement désignées, beaucoup de maisons antérieures au XVIIIème siècle.

Au bas de la place des Lices, une grande maison présente, à l'angle sud, une échauguette pentagonale, à coins arrondis, qui s'appuie sur trois trompes divisées par deux consoles à quatre encorbellements et décorées de coquilles d'un joli dessin. C'est une œuvre du commencement du XVIIème siècle.

(Par Roger GRAND).

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