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L'HÔPITAL GÉNÉRAL DE VANNES

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Suite de l'édit royal de 1662 pour faire disparaître la mendicité, la ville de Vannes créa son hôpital général en 1677 sous l'impulsion du duc de Chaulnes et de la municipalité de Vannes ; l'établissement reçut ses lettres patentes de Louis XIV en 1684. A l'origine, l'hôpital général de Vannes devait renfermer tous les pauvres de la ville et de ses faubourgs.

I. ORIGINE de l'Hôpital Général de Vannes.

La suppression ou du moins la diminution de la mendicité a toujours été un problème social, difficile à résoudre. Autant les vrais pauvres sont dignes d'intérêt, autant les mauvais pauvres, les paresseux et les vagabonds sont inutiles à la société, et parfois même dangereux.

Cette pensée, qui avait tourmenté bien des législateurs, préoccupait à juste titre le roi Louis XIV. Ce prince, pensant comme le chancelier de Marillac, que « 200 mendiants ou vagabonds, enfermés dans un dépôt, délivraient une ville de 800 des leurs, » ordonna, en 1662, la création dans les principales villes du royaume d'hôpitaux généraux, destinés à l'extinction ou à la répression de la mendicité, au soulagement des vieillards et des enfants pauvres.

Cet édit, ayant été vérifié au parlement de Bretagne le 27 octobre 1676, fut notifié à la communauté de la ville de Vannes par le procureur du roi le 30 avril 1677. Immédiatement l'assemblée nomma des commissaires pour faire choix d'un lieu convenable à l'établissement projeté, et aviser aux ressources nécessaires.

De son côté, le sire de Beaumanoir, marquis de Lavandin, et lieutenant général au gouvernement de la Bretagne, se trouvant à Elven, le 14 mai 1677, enjoignit à la communauté de s'assembler pour délibérer sur le même sujet et en rendre compte ensuite à M. le duc de Chaulnes et à lui. La réunion eut lieu le 4 juin ; elle approuva le projet, et sollicita une augmentation des droits sur les boissons, afin de créer des ressources à cette grosse entreprise.

Quant au lieu, elle choisit la propriété du Cosquer, situé à l'est de la ville. C'était une ancienne dépendance du priéuré de Saint-Guen, afféagée en 1429 à un particulier, moyennant une rente de 60 sols par an, et achetée le 10 avril 1634 par la ville de Vannes, pour y faire une maison de santé. Il y avait là une métairie, où demeurait un fermier, et tout à côté une maison, qui pouvait servir de dépôt de mendicité ou d'hôpital général.

Il fut entendu qu'on y recevrait des hommes et des femmes et même des enfants des deux sexes, mais qu'en cas de maladie contagieuse, les pauvres quitteraient momentanément leur asile, pour faire place aux malades.

Trois ans après, le 22 avril 1680, la communauté de la ville trouva bon que le revenu du papegaut, c'est-à-dire le droit de vendre en franchise vingt pipes de vin, fut appliqué à la subsistance des pauvres de l'hôpital général, et qu'à cette fin le duc de Chaulnes serait très humblement supplié d'interposer son crédit auprès de Sa Majesté, pour obtenir la réunion de ce droit audit hôpital.

Toutes ces ressources auraient été insuffisantes, si la charité publique et en particulier le concours de l'évêque n'étaient venus en aide à l'établissement. Malgré tous ces efforts, la situation restait assez précaire. Voilà pourquoi, dans l'assemblée communale du 30 août 1683, « Noble homme, Mathieu Le Clerc, syndic de la communauté de Vannes, a remonstré que les pauvres de l'hospital général, estably en la maison du Cosquer, n'ont aucun revenu pour leur subsistance que la charité, qui ne peut suffire ; pour quoy il supplie la communauté de délibérer, et de trouver moyen d'obtenir de Mgr le duc de Chaulnes l'annexion du revenu de la métairie du dit lieu du Cosquer (à l'hôpital général).

Sur quoy la dite communauté a chargé le d. sieur syndic et les sieurs directeurs de l'hospital général d'escrire à Mgr le duc de Chaulnes d'employer son crédit pour obtenir de Sa Majesté l'annexe du revenu de la d. métairie (240 livres par an) au d. hospital général ; à quoy elle donne tout consentement ».

Trouver des ressources pour l'hôpital était indispensable, mais obtenir des lettres patentes du roi, pour l'existence légale de l'établissement, était un point capital. Aussi dès le 7 mars 1681, « la communauté, délibérant sur le bien et l'utilité que les habitans de cette ville et faubourgs reçoivent de l'establissement de l'hospital général, a prié M. le séneschal et le sieur syndic d'escrire à Mgr le duc de Chaulnes, pour le remercier de l'avantage qu'il a procuré pour l'establissement du dit hospital, et le supplier de vouloir employer son crédit auprès de Sa Majesté, pour obtenir la confirmation du dit hospital et des lettres patentes, suivant les mémoires et modèles qui luy seront envoyés par mon dit sieur le séneschal ».

Grâce à l'intervention toute puissante du duc de Chaulnes les lettres patentes du roi furent signées au mois de novembre 1684. Nous en donnons le texte intégral, bien qu'il soit un peu long, parce qu'il renferme des détails intéressants.

Plan de l'ancien hôpital général de Vannes (Bretagne).

II. LETTRES PATENTES concernant l'Hôpital Général de Vannes.

« Louis (XIV), par la grâce de Dieu, Roy de France et de Navarre, à tous présens et à venir, salut.

Nos chers et bien amez les bourgeois et habitans de nostre ville de Vennes nous ont fait remontrer qu'en suite de plusieurs assemblées qui leur ont esté ordonnées par nostre très cher et bien amé cousin le duc de Chaulnes, pair de France, chevalier de nos ordres, gouverneur et nostre lieutenant général en Bretagne pour parvenir à l’establissement d'un hospital général en nostre d. ville, conformément à nostre édit de l'année 1662, ils auroient déja, appuiez du zèle de leur évesque, commencé de renfermer les pauvres, et que pour affermir plus solidement le d. establissement d'un hospital général, ils ont besoin de recourir à Nous, pour obtenir les lettres patentes sur ce nécessaires et les privilèges que nous avons accoustumé d'accorder aux autres hospitaux généraux de nostre royaume.

A ces causes, voulant avancer de nostre pouvoir une entreprise si sainte et si avantageuse au publicq, de l'advis de nostre Conseil, qui a veu les délibérations de la d. ville de Vennes, et de nostre certaine science, pleine puissance et authorité royalle, Nous avons, par ces présentes, signées de nostre main, dit, déclaré, disons et déclarons, voulons et nous plaist, que la maison et mestairie du Casquer, avec les terres en dépendantes, vallant de revenu par ferme par chacun an la somme de 240 livres, acquises cy-devant par la communauté de Vennes, pour servir de maison de santé, et scituée dans la paroisse de Saint-Patern, soient destinées désormais pour un hospital général, tant pour le logement des pauvres, que pour faire partie de leur subsistance, tant et si longuement qu'il plaira à Dieu de préserver la d. ville de contagion, voulant qu'au cas qu'elle en fust cy-après affligée, les pauvres soient tenus de quitter le d. hospital aux malades jusqu'à ce que le mal soit finy ; qu'au dessus de la principale porte soit mis un écusson de nos armes, voulant estre le protecteur et le conservateur du d. hospital, sans qu'il dépende aucunement de nostre grand aumosnier.

Nous ordonnons que tous les pauvres, originaires de la ville et fauxbourgs, ou ceux qui en sont habitans depuis cinq ans, qui ne peuvent vivre ny de leur bien ny de leur travail, soient enfermés dans le d. hospital, pour y estre instruits et eslevés dans la crainte de Dieu, et pour y apprendre quelque métier, et vaquer au travail dont ils seront capables.

Et pour la direction du d. hospital, nous voulons que le sieur évesque de Vennes, le séneschal, nostre procureur au présidial, et leurs successeurs, soient directeurs-nez avec le syndic en charge ; et seront pris en outre pour directeurs quelques-uns des chanoines de la cathédralle et des recteurs des quatre parroisses de la ville et fauxbourgs, des conseillers du d. présidial, des gentilshommes et autres bourgeois et habitans de la d. ville et fauxbourgs, au nombre de 18, les quels 18 seront renouvellez tous les quatre ans et choisis par les directeurs à la pluralité des voix, en telle sorte que de deux ans en deux ans il y en ait neuf qui sortent et neuf anciens qui demeureront pour instruire les nouveaux ; parmy les quels directeurs l'on choisira un receveur et un greffier, les quels receveur et greffier pourront estre choisis par les directeurs ou de ceux du corps de la direction ou des autres habitans qui n'en seront pas, que s'ils ne sont pas de la direction ils ne pouront avoir voix délibérative dans les assemblées.

Quant à présent, Nous nommons pour directeurs, outre le d. sieur évesque, le séneschal, nostre procureur au présidial et le syndicq en charge, qui le sont d'office, le sieur Giquel, doyen des chanoines de la cathédralle, le sieur Gallois, chanoine théologal de la d. cathédralle et vicaire de la paroisse de Sainte-Croix, le sieur Le Doulx, recteur de la paroisse de Saint-Patern, le sieur de Kermain-Bigarré, doyen des conseillers du présidial, le sieur Nouvel, aussy conseiller au d. présidial, les sieurs du Grisso et du Bodory, gentilshommes, le sieur Le Vaillant, ancien syndicq, les sieurs Lardeur et Ragot, advocats, les sieurs Le Thieis et Guillo, procureurs au d. présidial, Hervouet, de la Guerche-Bigaré, Lorans et Marquet, marchands, tous les quels commenceront les quatre années de leur charge de la réception des présentes en bonne forme, et deux ans après les directeurs choisiront à la pluralité des voix neuf des dits directeurs qui seront continuez encore pendant deux ans, et neuf nouveaux qui succéderont à ceux qui seroni sortis...

Et parceque le d. hospital ne sçauroit longtemps subsister si les officiers ne sont assidus, nous voulons que les d. directeurs choisissent sept d'entre eux, qui seront les visiteurs du dit hospital ; que chaque visiteur ayt un jour de la semaine pour le visiter et pour y donner les ordres qu'il jugera conformes à l'intention du bureau ; qu'il écrive dans un livre à ce destiné et conservé dans l'hospital ce qu'il aura ordonné estre fait dans sa visite.

Nous voulons aussy que chaque semaine tout le bureau s'assemble une fois, au jour qu'il déterminera comme le plus commode, pour y délibérer et y conclure ce qu'il jugera nécessaire pour les choses les plus importantes de l'hospital et ce au lieu où se tient le bureau de l'hospital ordinaire du d. Vennes, et partout ailleurs où ils trouveront le plus à propos ; que les sept visiteurs s'assembleront aussy un autre jour de chaque semaine qu'ils choisiront, pour délibérer des affaires les moins importantes et les plus pressantes, au sujet de la conduite domestique du d. hospital, de quoy ils feront rapport au bureau, dont les délibérations ne seront valides que par le nombre au moins de cinq directeurs qui y auront assisté.

III. PROHIBITIONS concernant l'Hôpital Général de Vannes.

Faisons, dit le roi, très expresses défenses à toutes personnes de quelque qualité et condition qu'elles soient, valides ou invalides, de l'un ou de l'autre sexe, de mendier dans la dite ville et fauxbourgs, dans les églises, par les rues, publiquement ou en secret, à peine de prison pour la première fois, du fouet pour la seconde, et d'estre rasez et mis au carcan et autre peine de police et économie des hospitaux, à l'arbitrage des directeurs, auxquels nous permettons à cette fin d'avoir dans l'enclos de la d. maison potteaux, carcans, prisons, et pour l'exécution d'avoir tel nombre d'archers qu'il conviendra, avec pouvoir de porter casaque à la marque du d. hospital et les armes nécessaires, et mesme de se servir eu cas de nécessité de nos prisons et autres lieux commodes de la d. ville et fauxbourgs, comme de prisons empruntées, pour y mettre les pauvres en garde, jusqu'à ce qu'ils les ayent conduits au d. hospital ; et à cet effet donnons ausd. directeurs toute la juridiction sur les d. pauvres, hors pour les crimes, qui exigent renvoy devant les juges ordinaires, ausquels en appartient connoissance.

Enjoignons aux propriétaires, locataires, domestiques de retirer les pauvres qu'ils trouveront mandians, ou qui iront leur demander l’aumosne dans leurs maisons, jusqu'à ce qu'ils les ayent mis entre les mains des directeurs ou archers du d. hospital, et à tous nos officiers, bourgeois et habitans, de leur prester, main forte, sous peine de quatre livres d'amende, appliquable au dit hospital général.

Deffendons à toutes personnes de donner l'aumosne en publicq, dans les rues, aux églises et aux portes des maisons, pour quelque motif de nécessité ou compassion que ce puisse estre, à peine de trois livres d'amende, applicable au d. hospital ; et leur deffendons pareillement de les retirer, loger ou coucher dans leurs maisons, à peine de vingt livres d'amende au proffit du d. hospital.

Faisons inhibitions et deffenses à toutes personnes, de quelque qualité qu'elles puissent estre, à la réserve des religieux mandians et autres qui en auront pouvoir de nous, de faire aucunes questes dans les églises ou dans les maisons pour les pauvres ou pour autres, sous quelque prétexte que ce puisse estre, sinon par permission des directeurs du d. hospital, ausquels nous permettons de faire toutes questes par eux ou par autres, de poser troncs, bassins, boestes en toutes les églises, carrefours et lieux publics de la d. ville et fauxbourgs, aux magasins, comptoirs, boutiques de marchands, foires, halles, ponts et passages, mesme aux occasions de mariages, baptesmes, enterrements, services et tous autres qu'ils jugeront propres pour exciter et attirer la charité en faveur du d. hospital.

Voulons que tous dons et legs faits par contracts, testamens et autres dispositions, les adjudications d'aumosnes faites dans la d. ville et fauxbourgs, en termes généraux aux pauvres, sans autre destination, et dont jusqu'à présent l’employ n'aura point esté fait, soient appliquez à l’hospital général ; et en cette qualité donnons tout pouvoir aux directeurs de les vandiquer, quoique la disposition ou adjudication précède les présentes de quelque temps que ce soit, aussy bien que toutes celles qui se feront cy-après en termes généraux.

Comme aussy donnons au d. hospital toutes les maisons, droits, fonds et revenus affectez aux pauvres et pour leur soulagement, perceptibles dans nostre d. ville et fauxbourgs, qui sont à présent ou qui seront cy-après abandonnez, usurpez ou employez à autre usage que celuy de leur fondation, et mesmes ceux qui sont à présent ou qui se trouveront cy-après destituez de légitimes administrateurs, tant de l'un que de l'autre sexe, soit de nostre fondation ou autre.

IV. CONCESSIONS concernant l'Hôpital Général de Vannes.

Avons accordé au d. hospital seul le droit de faire débit de viande pendant le caresme à ceux qui par dispense en peuvent manger ; et voulons que toutes les aumosnes d'ancienne fondation, ausquelles sont tenues les églises, abbayes, priorez, monastères et autres lieux de la d. ville et fauxbourgs, soient doresnavant appliquées pour le d. hospital, à la réserve de celles que l'on a accoustumé de donner à l’hospital de Saint-Nicolas.

Nous accordons au d. hospital le quart des aumosnes qui ont accoustumé d'estre ordonnées par nos juges, lors des marchés, baux et adjudications, faites par nous ou par les engagistes de nos domaines, dans tout le ressort et sénéchaussée de Vennes, le quart des amendes, aumosnes et restitutions de police, et toutes les confiscations qui seront jugées par nos juges, le quart des peines stipulées et payées en exécution des compromis entre les parties : pour cet effet enjoignons à tous greffiers, nottaires ou autres qui doivent entre saisis des d. actes d'en donner extraits, ou du moins avis ausd. Directeurs, et de les délivrer gratuitement de trois mois en trois mois.

Donnons pouvoir aux directeurs de recevoir tous dons, legs et gratifications, permises par la coustume de la province, soit par testament, donation entre vifs, à cause de mort, ou par quelque autre acte que ce soit, et de faire des acceptations, recouvrements et poursuittes nécessaires ; d'acquérir, eschanger ou aliéner, d'ordonner et disposer des biens et domaines du d. hospital, ainsy qu'ils jugeront pour le plus grand bien et avantage d'iceluy, lesquels compromis nous validons comme s'ils estoient faits entre majeurs, et pour tous leurs propres intérests.

Leur donnons pouvoir de prendre et d'acquérir des terres de proche en proche, pour la commodité et nécessité du d. hospital, en payant la juste valleur des d. terres, suivant l'estimation qui en sera faite par experts, en cas que les propriétaires voisins fassent refus d'en traiter à l'amiable, sans néanmoins qu'ils puissent prétendre aucun amortissement que de la maison, église et prociosture du d. hospital général, que nous avons amorty et amortissons par ces présentes comme à Dieu consacrées, à la charge par les d. administrateurs d'indemniser les seigneurs particuliers des biens mouvans et relevans d'eux, et de payer les droits qui leur sont deus, s'ils le requièrent, moyennant quoy ne pourront estre contraints d'en vuider leurs mains, non obstant toutes coustumes à ce contraires, ausquelles nous dérogeons en faveur du d. hospital.

Leur donnons droit et pouvoir de faire fabriquer toutes sortes de manufactures, et de les faire vendre au profit des d. pauvres, sans estre sujets à visite ny à aucun droit imposé ou à imposer; voulons que les compagnons de mestier qui auront servi au d. hospital six ans pour apprendre les enfants acquièrent le droit de maistrise en leur corps sur les certificats qui en seront donnez par le bureau ; comme aussy les pauvres qui auront servi six ans dans l'hospital et travaillé à quelque mestier seront reputez estre compagnons, et rendant le mesme service de quatre années acquierront le droit de maistrise.

Les directeurs, curez ou vicaires, et nottaires, qui auront receu testament ou autre acte de dernière volonté, où il y aura dons et legs au profit des pauvres, en donneront les extraits gratuitement et au plus tost ; les exhortons et leur enjoignons d'avertir les testateurs de faire quelques aumosnes au d. hospital, et de faire mention du d. avis dans les d. testamens, sur peine de six livres d'amende ; défendons à tous nottaires, huissiers ou sergens de faire aucune sommation, offre, signification ou exploit concernant le dit hospital ailleurs qu'au bureau d'iceluy, avec deffences de les faire aux directeurs et particuliers en leurs maisons, à peine de nullité.

Voulons qu'il soit fait visite, de trois mois en trois mois au moins, en la d. maison de Vennes et fauxbourgs, aux lieux où les pauvres vagabonds ont accoustumé de se retirer et loger, par les directeurs du d. hospital, pour chasser les d. pauvres vagabonds et gens sans aveu, ou les faire constituer prisonniers, et leur infliger les autres peines qui seront trouvées raisonnables par le d. bureau.

Voulons et nous plaist que les fermes du domaine du d. hospital soient exemptes et déchargées, comme nous les déchargeons par ces présentes, de toutes charges publiques, exhortant à cette même fin nos très chers et bien aimez les sieurs des Etats de nostre d. province de les décharger autant que faire se pourra des impositions qu'elle fait sur elle-même ; comme pareillement pour empescher que les directeurs ne puissent estre distraits d'un service important à l'honneur de Dieu et à la charité du prochain, voulons que, pendant qu'ils seront employez à l'administration et direction du d. hospital, ils soient aussy exempts de toutes charges publiques, quoyque non icy exprimées et spécifiées..

Et d'autant qu'un établissement si utile et si necessaire pour la bonne police de nostre ville de Vennes et pour le soulagement des pauvres, ne peut estre trop fortement appuyé, Nous ordonnons à nostre d. cousin, le duc de Chaulnes, et, en son absence, à nostre cher et bien amé le sieur marquis de Lavardin, nostre lieutenant général en Haute et Basse-Bretagne, et au gouverneur particulier de nostre d. ville de Vennes, de tenir la main à cest establissement et à l'exécution des présentes, et de les soustenir dans les occasions de toute l'authorité que nous leur avons commise.

Sy donnons en mandement...

Donné à Versailles, au mois de novembre, l'an de grâce 1684, et de nostre règne le 42ème.
Signé : LOUIS. Par le Roy : COLBERT »
.
(Hôpital général. — Orig. parch. — Grand sceau en cire verte).

Enregistré au Parlement, le 8 janvier 1685.

V. LIBÉRALITÉS de l'Hôpital Général de Vannes.

L'appel du roi fut entendu, et l'hôpital général reçut de nombreuses libéralités, soit par testament, soit par donation, soit par fondation de messes. Les archives ont conservé la trace de quelques-unes, et il est juste de les rappeler ici.

Le 19 novembre 1683, testament de Julienne Hérant, veuve, laissant aux pauvres de l'hôpital général une rente annuelle de 18 livres, sur des maisons et un jardin, situés à Burgmaria, à la charge de six messes basses.

Le 23 novembre 1683, Jeanne Couvrant, veuve de Charles Le Quenderf et remariée à M. Beaubilly, sieur de Compostal, donna 4.000 livres, pour fonder une messe quotidienne, avec catéchisme aux pauvres de l'hôpital.

M. Jean-Baptiste Douar, sieur de Villeport, laissa par testament au même hôpital la somme de 3.000 livres, à la charge, pour les pauvres, de dire, tous les vendredis, après souper, un Requiescant in pace, pour lui et les autres défunts.

Le 11 novembre 1685, M. Guillaume Le Vaillant, sieur de Lézunan, fonda dix messes basses à jours fixes, avec De profundis, Pater et Ave à la fin de chaque messe, à l'intention d'une personne, dont il avait géré les affaires.

Le 2 juin 1686, Mme Jacquine Morice, veuve de M. André Huchet de la Bédoyère, procureur général au parlement de Bretagne, donna 3.000 livres aux pauvres de l'hôpital général, pour avoir part à leurs prières.

Le 18 mai 1688, Renée Goudelin, veuve de Louis Le Clerc, sieur de Kergolher, donna 600 livres, pour avoir une messe le 2 février et une autre le 3 juillet, avec un De profundis, verset et oraison tous les, soirs.

Le 27 septembre 1688, M. Jacques Harivel, docteur en médecine, donna 300 livres pour l'entretien de la lampe, et un ostensoir en argent, à la charge de dire, après chaque salut, un De profundis avec l'oraison, pour lui et sa femme.

Le 15 mars 1689, M. Julien Le Vaillant, sieur de Malville, et sa sœur, donnèrent 900 livres, pour fonder une messe basse par semaine, avec quelques prières supplémentaires, pour l'âme de leur père Guillaume le Vaillant.

Le 24 novembre 1693, M. Mathurin Boudet, prêtre de la communauté de Sainte-Croix de Vennes, fonda une messe au 25 août, et une autre au 28 du même mois, avec De profundis et oraison, pour le repos de son âme.

Le 28 décembre 1693, Mme Anne de Kerboutier, veuve de M. Julien Gibon, seigneur du Grisso, donna 3.000 livres aux pauvres de l'hôpital général, pour rendre son, mari participant à leurs prières et bonnes œuvres.

Le 10 août 1713, M. Laurent Deshogues, recteur de Saint-Avé, fonda deux messes basses, l'une au 10 août, fête de saint Laurent, son patron, l'autre au jour de sa mort, qui arriva le 9 avril 1726.

Il y eut, sans doute, d'autres fondations, dont les titres ne sont pas venus jusqu'à nous. Le nombre des messes à fonder était nécessairement limité, puisqu'il n'y avait qu'un prêtre dans la maison ; mais les fondations d'aumônes étaient illimitées et pouvaient revêtir différentes formes. D'ailleurs bien des fidèles, embarrassés pour la distribution de leurs aumônes, et craignant de les donner à des gens inconnus ou peu méritants, s'adressaient volontiers aux divers établissements publics de charité, assurés de voir leurs libéralités profiter ainsi aux véritables indigents.

VI. RÈGLEMENT de l'Hôpital Général de Vannes.

Voici un extrait du règlement des hommes, d'après un imprimé.

« I. Le prestre sera obligé de dire la messe tous les jours, ou la faire dire en cas d'indisposition, avec les prières accoutumées avant et après la messe. Les festes et dimanches, il fera le catéchisme aux pauvres après la récréation, et fera dire les vêpres à 2 heures.

II. gardera les clefs de la maison, et les portes ne s'ouvriront que par son ordre ; les portes s'ouvriront, en esté, à 5 heures et, en hyver, à 6 heures ; elles se fermeront, en esté, à 9 heures et, en hyver, à 7 heures.

Il sera présent, dans le réfectoire, lors des repas des garçons ; les maîtres ouvriers dineront en même temps que les enfants, à une table séparée. Le prestre aura soin de faire faire la lecture par quelqu'un des pauvres, et de faire observer le silence pendant le repas, tant aux pauvres qu'aux ouvriers.

Le Prestre veillera à ce que les garçons et les ouvriers travaillent, et il donnera avis au directeur et visiteur du jour de leur comportement.

Dans la salle des garçons couchera un des maîtres ouvriers, qui les observera, les tiendra dans leur devoir, les fera coucher aux heures prescrites, et leur fera faire les prières du lever et coucher. Le prestre aura soin de s'informer, tous les matins, de l'ouvrier de leur comportement, et l'ouvrier sera obligé d'en avertir le prestre.

Les garçons ne pourront sortir de la maison sans la permission du prestre. Les ouvriers ne pourront s'absenter les jours de travail, sinon pour les affaires de la maison, et ils en donneront avis au prestre. Les festes et dimanches, les ouvriers pourront sortir après la messe et après les vespres, parce qu'ils se rendront à la maison avant les heures du diner et du souper.

Le prestre fera soigner les garçons malades, et leur fera donner ce qui leur sera nécessaire. Il pourra venir au bureau de temps en temps, pour y donner les avis qu'il jugera à propos. Il aura soin à ce que les garçons et les ouvriers ne communiquent avec les femmes et les filles ».

II. Voici maintenant le règlement des femmes.

« Les (trois) demoiselles auront, après les directeurs, la direction des femmes et des filles, et l'autorité sur les servantes.

Elles auront soin qu'une des servantes ou une surveillante couche dans la chambre des filles, laquelle fera lever et coucher les filles et les femmes au signal de la cloche.

L'une des demoiselles accompagnera les filles et les femmes à la messe, où elle aura l'œil sur elles, et veillera à ce qu'elles y prient Dieu en posture décente. Elle les accompagnera aussi dans tous leurs repas, exercices et travaux de la journée, qu'elle leur fera employer du mieux qu'il sera possible.

Les demoiselles auront soin de la dépense et commanderont à la cuisine ; elles feront aussi servir les repas aux pauvres à l'heure réglée, à quoy elles emploiront tel nombre de filles qu'elles jugeront à propos.

Elles auront soin du linge des pauvres, et de leur en donner de blanc en temps et saison ; elles donneront avis au directeur de la nécessité qu'auront les femmes et les filles d'habits et de chaussures.

Elles ne souffriront point les femmes ny les filles sortir de la maison sans permission, et que pour affaires nécessaires, à la charge d'être deux ensemble, et de revenir aux heures des prières et des repas.

Les demoiselles auront soin des malades, femmes et filles, et elles donneront avis au prestre de l'état et grièveté du mal, pour leur administrer les sacremens.

Elles ne sortiront de la maison que le plus rarement qu'elles pourront, attendu la nécessité de leur présence ; ou du moins, il en demeurera toujours une à la maison, et si elles sortent, ce sera après avoir donné avis au prestre.

Elles seront obligées de donner avis au directeur ou visiteur du jour de toutes les choses qui concernent leurs fonctions et la dépense ; elles auront soin des ustensiles de la maison, et veilleront à leur conservation.

Les demoiselles et servantes auront la liberté de faire venir à la maison des confesseurs pour elles ; et dans la difficulté d'en pouvoir faire venir, elles pourront aller en chercher au dehors, pourvu qu'il reste toujours une des demoiselles et une des servantes à la maison.

Les femmes et filles auront, après leurs repas, une heure de récréation, sans que, pendant ce temps, elles fassent aucun bruit ny désordre, à quoi les demoiselles veilleront.

Si quelqu'une des femmes ou filles déserte, ou s'absente trop longtemps de la maison, elles en donneront avis incontinent au prestre ou au directeur.

Les demoiselles ne laisseront aller aucune des filles dans la salle des hommes et garçons, ou dans la chambre des ouvriers, pour quelque cause que ce soit, qu'il n'y ait quelque femme ou ancienne fille avec elle ».

En résumé, le prestre était chargé de la surveillance des hommes, et les demoiselles dirigeaient les femmes et le ménage. Ces demoiselles appartenaient à de bonnes familles et remplissaient leur rôle par dévouement religieux. La maison les nourrissait et leur donnait une légère rétribution pour leur vestiaire.

VII. — DÉTRESSE de l'Hôpital Général de Vannes.

La débâcle de la banque de Law, en 1720, eut son contre-coup à l’hôpital général. Les ressources diminuèrent de moitié, et il fallut réduire le nombre des pauvres. Une note de 1722 ou 1723 en dit long à ce sujet.

« L'hôpital général, sur environ 1700 livres qu'il avait de rente avant les diminutions, n'a plus que 828 livres. Sur quoy il y a à payer, savoir : à M. le chapelain 200 livres, aux trois demoiselles 125 livres ; à la servante 24 livres, au maître drapier 33 livres ; au jardinier 45 livres ; à l'archer, 36 livres ; vin pour les messes et pour les malades 50 livres, et rente d'un emprunt 55 livres 11 sous, qui font ensemble 568 livres 11 sous.

Reste donc, de revenu certain, 259 livres 9 sous, pour nourrir les personnes ci-dessus et environ 60 pauvres, et les entretenir, sans compter les réparations des maisons, et les autres petites choses du dedans, qui demandent plus que les dits 259 livres 9 sous.

Il faudroit trouver le surplus dans les quêtes, le revenu du jardin, le travail des enfants, et les 600 livres accordées sur les octrois. Mais tout cela est insuffisant : ce qu’on peut faire du jardin est peu de chose ; la quête mensuelle ne vaut presque rien ; et même personne ne veut plus la faire par la ville, non seulement parce qu'on n'y ramasse presque rien, mais aussi à cause du désagrément qu'on a des particuliers, qui rebutent les quêteurs au lieu de donner l'aumône. Il est aisé de voir que les quêtes ne produisent presque rien, puisqu'elles ne montent pas à 400 livres par an. Pour les autres charités, on n'en reçoit point pour ainsi dire.

S’il y avait un revenu convenable et certain, on pourroit ramasser à l'hôpital, non pas les enfants seulement, mais toutes les vieilles gens, qui sont hors d'état de gagner leur vie. On les occuperoit, les femmes à filer, les hommes au jardin ou à un autre travail convenable dans la maison ; les enfants y seroient élevés dans la crainte de Dieu et y apprendroient à gagner leur vie quand ils sortiroient de la maison … ».

Grâce à Dieu, la crise financière ne dura pas longtemps ; les ressources revinrent et le nombre des pensionnaires augmenta sensiblement. En 1724, le 29 novembre, le bureau de l'hôpital général décida la création d'un second archer, et en cas de besoin, d'un troisième. Le 6 décembre suivant, M. de Lourme, ayant été nommé receveur-miseur, s'occupa très activement de son service. Il y avait alors 91 pauvres à l'hôpital et 18 mendiants à la prison de la ville ; ceux-ci furent transférés dès le 13 décembre à la tour du Connétable. En même temps, le traitement du chapelain, M. Fournier, fut porté à 250 livres, et un nouveau jardinier fut gagé pour 72 livres par an.

Sur les instances du receveur, l'intendant de Bretagne donna, le 10 janvier 1725, l'autorisation d'enclore une cour près de la tour du Connétable et d'y construire une petite chapelle pour les pauvres ; cet édifice fut bénit le 14 avril de l'année suivante. Le même intendant permit, le 26 mars 1725, de construire à l'hôpital général un bâtiment montant à 6.606 livres, de transférer à l'hôtel-Dieu douze lits pour les malades, et de prendre au besoin une quatrième demoiselle. Le 31 décembre de cette année, l'hôpital avait 164 pauvres à sa charge : c'était trop pour ses ressources, et le 5 janvier suivant, le bureau décida le renvoi provisoire de 70 personnes, pour raison d'économie.

Le 25 octobre 1726, le bureau dut rappeler que chaque directeur devait avoir son mois pour visiter l'hôpital ; puis il arrêta que tout directeur qui n'aurait pas fait la quête dans son mois, payerait en place la somme de 50 livres : il fallait bien une sanction pour punir la négligence.

Mlle Doudart, étant morte, fut remplacée, le 23 juillet 1729, par Mlle Le Douarin de Lémo, au traitement de 40 livres par an. Deux mois après, Mlle Marie-Anne Le Prado du Poulgrio, du Port-Louis, fut présentée comme quatrième demoiselle.

Tous ces détails sont tirés d'un registre des délibérations de l'hôpital général, qui se termine en 1729. Il y a ensuite une lacune de dix ans. Le registre suivant ne commence qu'en 1739.

VIII. MODIFICATION de l'Hôpital Général de Vannes.

On se souvient peut-être que Louis XIV avait fixé le nombre des directeurs de l'hôpital général à 22, dont 4 étaient pérpétuels et 18 électifs. Ceux-ci se renouvelaient par moitié tous les deux ans, de manière que le temps de service pour chacun, était de quatre ans.

Ils n'étaient pas rééligibles ; du moins, les lettres patentes n'avaient pas prévu le cas. Il y avait là une lacune : outre la difficulté de trouver si souvent des directeurs capables et dévoués, il y avait le regret de laisser partir pour toujours des administrateurs habiles, dont l'expériençe pouvait rendre de grands services. Touché de ces inconvénients, le bureau de l'hôpital, par une délibération du 13 avril 1736, demanda au roi Louis XV de vouloir bien interpréter les lettres de son prédécesseur et de permettre de continuer le mandat des directeurs qui accepteraient une réélection.

Le roi se rendit à leurs vœux, et donna les lettres suivantes :

« Louis, par la grâce de Dieu, Roy de France et de Navarre, à tous présens et à venir, salut.

… Voulant traitter favorablement l'hospital général de la ville de Vannes, et contribuer de tout notre pouvoir à son avantage, de l'avis de notre Conseil, qui a vu les lettres d'établissement du dit hôpital du, mois de novembre 1684, la délibération du bureau du dit hôpital de Vannes du 13 avril 1736, et de notre certaine science, pleine puissance et autorité royale, expliquant et interprétant en tant que besoin les dites lettres patentes du mois de novembre 1684,

Voulons et nous plaît que ceux qui ont droit de nommer les directeurs de l'hôpital général de Vannes ayent la liberté de continuer les anciens, s'ils y consentent et s'il paroist que le bien et l'avantage de la maison le demandent, sans que l'un des derniers directeurs ordinaires actuellement en place, et autres qui leur succéderont à l'avenir, puisse estre changé autrement que du consentement de celuy ou de ceux que l'on voudroit faire remplacer par d'autres, et que nuls autres que les dits directeurs n'ayent entrée aux assemblées du bureau du dit hospital, sous quelque prétexte que ce soit.

Si donnons en mandement et enjoignons à nos amez et féaux les gens tenant notre Cour de parlement, Chambre de nos comptes en Bretagne, trésoriers généraux de France à Nantes, qu'ils ayent à tenir la main à l'exécution des présentes ... Et affin que ce soit chose ferme et stable à toujours, nous avons fait mettre notre scel à ces d. présentes. Donné à Versailles, au mois de juillet, l'an de grâce 1737, et de notre règne le 22ème. (Signé) : LOUIS.
Par le Roy : PHÉLIPPEAUX »
.

(Hôpital général II. — Orig. parch. — Grand sceau).
Enregistré au Parlement le 23 août 1737.

Le principal avantage de ces lettres était de pouvoir continuer pendant de longues années le receveur-miseur de l'hôpital, c'est-à-dire la cheville ouvrière de la maison. Ainsi M. de Kermasson, qui gérait alors les finances de l’établissement, conserva son poste de dévouement jusqu'en 1756, c'est-à-dire pendant une vingtaine d'années. Dans ces conditions il y avait nécessairement plus de suite et d'unité dans la gestion des affaires.

Ainsi par exemple la part des octrois accordée à l'hôpital étant périodique, il fallait veiller à faire renouveler cette concession en temps utile. Il en était de même pour les locations d'immeubles, les fermes, etc...

Le 29 décembre 1741, le bureau décida que les mendiants, arrêtés en ville, ne seraient enfermés à la tour du Connétable que pendant huit jours, et que l'on continuerait à payer pour chacun trois sous six deniers par jour, pour fourniture de pain, d'eau et de paille.

Quant aux demoiselles qui s'occupaient de l'hôpital, l'administration en avait toujours à sa disposition. Ainsi Mlle de la Touche-Dumoulant étant morte, Mlle Françoise-Jeanne Caillot fut nommée troisième demoiselle le 26 juin 1744. Mlle Brochereul, de Languidic, étant entrée au Petit-Couvent, fut remplacée le 12 juillet 1749 par Mlle Jeanne-Henriette Boullé de Kersého.

IX. TENTURES de l'Hôpital Général de Vannes.

Par un édit du mois de janvier 1690, Louis XIV avait attribué aux crieurs d'enterrements, dans les villes de province, le monopole de la fourniture des tentures funèbres.

« … De l'avis de notre Conseil, dit-il, et de notre certaine science, pleine puissance et autorite royale, Nous avons, par le présent édit perpétuel et irrévocable, créé et érigé, créons et érigeons en titre d'office formé héréditaire deux jurez crieurs d'enterremens dans les principales villes de notre royaume, où il y a présidial ou élection, et un dans chacune des autres villes et bourgs, où il n'y en a présentement aucun étably, pour y faire les mêmes fonctions que font ceux établis dans notre bonne ville de Paris, avec les mêmes droits de trois sols pour aulne de serge ou drap (en tenture), blanc ou noir, huit sols pour aulne de satin ou de velours, quatre sols pour chacune robe par jour, avec pouvoir de fournir des hommes vêtus de leurs robes et chaperons de deuil, pour faire les semonces, et procurer les autres choses nécessaires aux obsèques et funérailles, même aux églises où se font les enterremens et les services ; laissant néanmoins à nos sujets la liberté de les employer et de s'en servir, si bon leur semble, sans néanmoins que d'autres personnes que les dits jurez crieurs puissent s'immiscer de faire les dites fournitures et fonctions, à peine de 500 livres d'amende et de confiscation des d. fournitures.

Et pour donner moyen aux d. jurez crieurs de se mieux acquitter de leurs emplois, sans en être divertis ailleurs, Nous voulons dès à présent qu'eux et leurs successeurs soient exempts de logement de gens de guerre, non obstant le règlement par nous fait au mois de novembre 1651 ; comme aussi qu'ils soient exempts de collecte, tutelle et curatelle, et autres charges publiques ; et attendu qu'en un même jour il peut y avoir deux enterremens, funérailles, services, obsèques, il leur sera permis de mettre tel nombre de personnes qu'ils aviseront bon être ».

Le premier titulaire de cette charge à Vannes fut M. Claude Durand, nommé par le roi le 25 novembre 1694, moyennant finances. Sa veuve, Catherine-Rose le Breton, fut confirmée dans l'exercice de cette exploitation le 21 mars 1735. Leur fille unique recueillit ce droit, et leur petite-fille en fit la cession, en 1761, à l'hôpital général, comme le témoigne l'acte suivant :

« Je soussignée Anne-Michelle-Claudine Beaugendre, épouse de M. Jérôme-Jean de Lespiney, conseiller au présidial et procureur du roy en l'amirauté de Vannes, et par lui autorisée, fille et unique héritière de Mme Etiennette-Jacquette Durand, veuve de M. Antoine Beaugendre, voulant accomplir les dernières volontés de ma mère, déclare donner, céder et transporter à l'hôpital général de cette ville le droit exclusif des tentures funèbres dans la dite ville et faubourgs de Vannes, dont elle jouissait comme fille et unique héritière de M. Claude Durand et de Mme Catherine-Rose Le Breton, qui l'avoient acquis du roy.

Je donne aussi au même hôpital toutes les étoffes, dont elle se servoit pour les dites tentures, le tout purement et simplement, et sans autres charges ni conditions que de participer au mérite des prières des pauvres du dit hôpital, tant pour moi que pour mes parents vivants et décédes, et spécialement pour ma mère, qui est elle-même la bienfaitrice, puisque je ne fais ici qu'exécuter ses intentions ; en conséquence je demande aux dits pauvres un Pater, un Ave et un De profundis, par jour, à perpétuité, à l'heure qui sera réglée par MM. les administrateurs, que je prie d'accepter cette donation.

Au soutien de la quelle je leur remets, avec le présent, les provisions données par le roy à mon dit sieur Durand, mon grand-père, le 25 novembre 1694, les deux quittances du droit de confirmation d'hérédité, consenties le 21 mars 1735 à ma dite Dame Le Breton, ma grand'mère, et les tarifs et règlements concernant le droit dont il s'agit, dont je consens que l’hôpital jouisse désormais comme il verra, sans néanmoins aucune garantie ni recours vers moi ni mes héritiers.

Fait à Vannes, ce 12 avril 1761,
Beaugendre de Lespiney.
Pour autorisation : De Lespiney »
.
(Hôpital Général. — Orig. papier).

Ce don n’était pas à dédaigner, puisqu'il rapportait environ 300 livres par an.

X. RELIGIEUSES de l'Hôpital Général de Vannes.

Le 18 juin 1766, après la mort de Mlle Brunet, l'une des trois demoiselles de l'hôpital, le bureau des administrateurs décida qu'on y mettrait désormais des religieuses, et qu'on s'adresserait aux Filles de la Sagesse, ou à celles de Saint-Thomas de Villeneuve.

Pendant que les négociations se poursuivaient, le bureau, dans sa délibération du 26 novembre de la même année, vota une pension viagère de 150 livres par an, à chacune des demoiselles Boullé et Labousse, avec la faculté de se retirer où elles voudraient, après l'arrivée des religieuses.

Il fut également réglé que M. Rio, chapelain infirme, serait mis à la retraite, avec une pension viagère de 200 livres, et que désormais le chapelain ne serait plus nourri à l'hôpital, mais recevrait une compensation pécuniaire.

Enfin le 3 décembre 1766, fut signé l'arrangement pour l'introduction des Filles de la Sagesse à l'hôpital général. En voici le texte :

« Conventions arrêtées entre M.M. les administrateurs de l'hôpital général de la ville de Vannes, et M. Charles Besnard, prêtré, supérieur général de la congrégation des Filles de la Sagesse, établies à Saint-Laurent-sur-Sèvre, diocèse de la Rochelle..

1° Que le supérieur et la communauté des Filles de la Sagesse fourniront trois sœurs pour le gouvernement de l'hôpital général, dont l'une y sera en qualité de supérieure, et les deux autres pour y faire travailler à ceux des ouvrages qui paroitront les plus propres à occuper les pauvres, et les plus utiles au profit du d. hôpital.

2° Que les Filles de la Sagesse seront nourries, chauffées, éclairées et blanchies à l'hôpital, lequel leur payera en outre la somme de 210 livres, chaque année, à commencer du jour de leur entrée, en deux termes et par avance, c'est-à-dire 105 livres en entrant, et 105 livres six mois après, pour ainsy continuer tandis qu'elles gouverneront le dit hôpital.

3° Quelles auront la liberté de vivre selon l'esprit de leur régle et d'en pratiquer les exercices, san cependant préjudicier au soin de l'hôpital, et qu'on ne pourra les obliger à y rien changer, non plus que dans la forme et couleur de leur habillement.

4° Qu'elles vivront sous la conduite et dépendance de leur supérieur général, qui pourra les visiter, les confesser, leur désigner un confesseur approuvé dans le diocèse, les changer et appeler à leur communauté, et en renvoyer d'autres en leur place, capables de faire les mêmes emplois de l'hôpital.

5° Que si le changement se fait par le supérieur, il supportera lui seul les frais du voyage ; si au contraire le changement se fait par le bureau, ou à raison de mort survenue des maladies et infirmités contractées au service de l'hôpital, le bureau payera les frais du voyage.

6° Qu'on ne pourra renvoyer les dites Filles de la Sagesse, qui tomberoient malades et deviendroient infirmes au service des pauvres, mais qu'elles y demeureront et y seront nourries, et pour lors l'hôpital seroit quitte de leur payer 70 livres par an pour leur vestiaire et entretien ; que si quelqu'une venoit à décéder, les frais funéraires seront à la charge de l'hôpital.

7° Qu'on ne leur associera aucune fille ni femme, pour le gouvernement de l'hôpital, afin que par l'union et le rapport qu'il y aura entr’elles, le service soit mieux fait et l'ordre de la maison mieux gardé ; que la supérieure aura droit de commander à tous les domestiques et pauvres de l'hôpital, et qu'en cas de désobéissance de leur part, elle sera soutenue dans sa charge, tant par M. le miseur-économe nommé par le bureau, que par MM. Les administrateurs, lorsqu'elle leur fera ses représentations.

Auront les dits sieurs miseur et administrateurs tout droit de visite et inspection, comme par le passé ».

Les quelles clauses et conditions cy-dessus ont été agréées, voulties et consenties par MM. les administrateurs du bureau et le dit sieur Besnard, pour tout le temps qui conviendra aux uns et aux autres.

A Vannes, ce 3 décembre 1766. ».

Signé : + Charles-Jean (de Bertin), évêque de Vannes.
Besnard, supérieur des Filles de la Sagesse »
(Registre des délibérations).

XI. SUITE de l'Hôpital Général de Vannes.

Il y avait à peine un an que les religieuses étaient arrivées, quand le bureau en demanda une quatrième, le 12 novembre 1767.

Quatre ans plus tard, le 14 août 1771, le bureau accepta la proposition d'une dame de Lille d'enseigner, pendant neuf ans, aux filles de l'hôpital la fabrication de la dentelle de son pays, moyennant sa pension et celle de sa fille dans la maison, sa rétribution annuelle de 400 livres étant offerte par une personne de Vannes. Cette industrie fut bientôt une source de revenus pour l'établissement, et le 15 décembre 1773 il fallut, à cause du travail, demander une cinquième sœur.

Le service spirituel de la maison subit plusieurs vicissitudes. A l'arrivée des sœurs, les prêtres de la communauté de Saint-Patern avaient accepté les fonctions de chapelains ; mais le 28 mai 1772, ils donnèrent leur démission, et l'évêque pria un dominicain de les remplacer. Celui-ci s'étant retiré le 10 novembre 1774, M. J. Kermadec fut nommé chapelain, aux appointements de 700 livres, y compris les honoraires de 334 messes fondées. Il remplit ses fonctions pendant quatorze ans, et quand il se retira, le 30 janvier 1789, il fut remplacé par M. Blanchard, ancien recteur de Plouay.

Quant aux économes-miseurs, leur série est connue. Ainsi M. Gravé de la Rive, nommé en 1758, se trouva mêlé à l'introduction des sœurs et à tous les changements qui l'accompagnèrent. Démissionnaire le 22 septembre 1768, il fut remplacé par M. Barnabé Le Gris, qui fit place le 9 mars 1772 à M. Claude-Jacques Le Maignen. Celui-ci reçut en 1776 une assignation de la part du prieur de Saint-Guen, pour lui fournir l'aveu du domaine du Cosquer, payer l'indemnité de fief, et fournir un homme vivant et mourant, afin de régler les droits de mutation. Il reçut en 1780 un legs de 4.800 livres de Mme de Lespiney, pour fonder quatre lits à l'hôpital, et peu après 1.200 livres de M. de Castel pour un lit d'enfant. Démissionnaire le 22 juillet 1782, il eut pour successeur M. Pierre-Joachim Perret, qui géra pendant huit ans les biens de l'hôpital général. C'est lui qui fournit, le 22 février 1790, le tableau suivant des biens immeubles et revenus de la maison :

I. Immeubles.
La métairie du Cosquer, affermée en grains, évaluée. 405 livres.
Une maison et un jardin à Boismoreau, affermés. 54 livres.

II. Rentes.
Sur une maison et jardin à Bourg-Maria.......... 18 livres.
Sur une maison de la rue Saint-Jean…… 10 livres.
Sur une tenue au Galouet et une autre à Kergourio… 38 livres 10 sols.
Constitut sur M. du Pargo…… 154 livres 10 sols.
Constitut sur l'hôpital de Saint-Nicolas de Vannes. 120 livres.
Constitut sur la succession de M. de Rossi… 100 livres.
Constitut sur M. de Gouyon..... 300 livres.
Constitut sur le collège de Vannes… 490 livres.
Constitut sur le clergé de Vannes... 302 livres.
Constitut sur les Etats de Bretagne ..... 800 livres.
Constitut sur les Tailles de Bretagne… 65 livres 10 sols.
Constitut sur le Clergé de France …… 1,470 livres.
Le droit de papegaut, rapportant…… 800 livres.
La boucherie de carême, année commune… 900 livres.
Le droit d'octroi, année commune… 1.600 livres.
La fourniture des tentures funèbres …… 300 livres.
Total ………… 7.927 livres 10 sols.

III. Charges.
Honoraires du chapelain …………… 560 livres.
Honoraires du chirurgien …… 50 livres.
Traitement des Sœurs de la Sagesse …… 375 livres.
Pension viagère de Mlle Labousse… 170 livres.
Total…………… 1.135 livres.

Le revenu net est donc de 6.792 livres 10 sols, pour nourrir et entretenir environ 200 pauvres. (L. 787).

XII. RÉVOLUTION à l'Hôpital Général de Vannes.

La Révolution s'avançait menaçante. M. Perret, économe, soit qu'il la redoutât, soit pour un autre motif, donna sa démission et fut remplacé, le 14 mai 1790, par M. Le Ridant, qui ne devait rester en fonction qu'un an.

Les sœurs de l'hôpital général étaient alors :

1° Anne-Thérèse Martin, dite sœur Martin, supérieure, native de l’île d'Oléron, diocèse de Saintes, agée 55 ans.
2° Marie Pasquier, dite sœur Aurélie, native de Cholet, 36 ans.
3° Madeleine Laboureur, sœur Saint-Sébastien, native d'Angoulême, 34 ans.
4° Elisabeth Versavau, sœur Saint-Pacôme, native de Périgueux, 32 ans.
5° Monique Jouaust, sœur Valérie, de Moulins, 30 sans.

La situation devenait très difficile pour elles, à cause du schisme constitutionnel, favorisé par les administrations civiles. Les sœurs étaient bien décidées à se laisser renvoyer, plutôt que de prendre part au schisme. Une première épreuve eut lieu le 30 mai 1791, à l'occasion de la procession du lundi des Rogations. Voici le procès-verbal qui en fut dressé le jour même :

« Nous soussignés, Jean-Jacques Blanchet, officier municipal, et Jean-Marie-François Grignon, procureur de la commune, nous sommes transportés, ce jour 30 mai 1791, à l'hôpital général, où devoit se rendre la procession des Rogations, et où après avoir frappé à la porte pendant près d'un demi-quart d'heure, nous avons parlé à la sœur supérieure, qui s'est présentée et a ouvert la porte.

Nous l'avons priée de vouloir bien ouvrir les portes, tant de la cour que de la chapelle, à quoi elle s'est refusée, déclarant qu'elle n'obéiroit qu'à la force, que croyant sa conscience engagée, elle avoit même fait défense à toutes les personnes de la maison de se présenter, lors de l'arrivée de la procession. En conséquence nous l'avons sommée de nous donner les clefs nécessaires ; elle nous a donné un paquet de clefs, et nous nous sommes rendus à la porte de la cour, pour ouvrir le grand portail.

Nous avons essayé de l'ouvrir avec les clefs que la prieure (sic) nous avoit données ; n'ayant trouvé aucune clef qui pût ouvrir ce portail, nous nous sommes retirés dans la communauté, pour en conférer avec la prieure, et la sommer de nouveau de nous donner d'autres clefs. Nous n'avons pu trouver la prieure, parce qu'elle s'étoit cachée ; nous avons parlé à une sœur, qui nous a dit qu'elle ne pouvoit nous donner aucune clef, que la prieure les avoit toutes, et qu'elle ignoroit où elle étoit.

Alors, nous nous sommes saisis d'un outil en fer, qui était dans la boutique du menuisier, et avons levé la serrure. M. Le Ridant, économe, quoique prévenu par la municipalité de tenir tout prêt comme à l'ordinaire pour la procession, ne s'y est point trouvé, et il paroit qu'il n'avoit donné aucun ordre pour cette réception.

Quelque temps après, la procession est arrivée, accompagnée de MM. Pichon et Brunet, commissaires de la municipalité. Quelques personnes ont voulu sonner la cloche, mais les sœurs avoient eu la précaution de couper la corde, de sorte qu'au premier son de cloche, la corde est tombée. Aussitôt nous avons fait rattacher la corde, et la messe ayant été chantée, la procession est retournée à l'église épiscopale.

De tout quoi nous avons rapporté procès-verbal sous nos seings.

Signé : Blanchet, D. M. Grignon fils, proc. de la com. » (I. 787. Orig.).

Une seconde épreuve, bien plus sérieuse que la précédente, fut le refus opposé par les sœurs, le 3 juin 1791, de recevoir un chapelain assermenté. Le directoire du département, sans respect pour la liberté de conscience, décida, dès le lendemain, leur renvoi de l'hôpital général, et leur remplacement par des laïques.

La Révolution fit perdre à l'hôpital général les droits du papegaut et de la boucherie du carême, les rentes des constituts qu'il possédait sur le clergé, les Etats de Bretagne, etc... Il fallut nécessairement réduire le nombre des vieillards et des enfants à nourrir dans l'Hospice d'humanité : c'est le nouveau nom qu'on lui donna ; et l'un des économes de la maison, M. Bourgeois, dut faire des emprunts, qui montèrent en assignats dépréciés à 137.743 francs, et en numéraire à une somme respectable.

En 1795, la commission des hospices accepta pour cet établissement les services d'une ancienne religieuse carmelite de Ploërmel, nommée Anne-Antoinette Chrétien, native de Saint-Pol de Léon et alors agée de 49 ans. Elle y prodigua ses soins pendant huit ans. 

XIII. RETOUR des religieuses à l'Hôpital Général de Vannes.

Un arrêté du premier Consul, du 24 vendémiaire an XI (16 octobre 1802), nomma Mgr Mayneaud de Pancemont, le premier évêque de Vannes après le Concordat, membre de la commission des hospices de cette ville. « Ce ne fut point une sinécure pour le charitable prélat ; il était le plus assidu aux séances, et s'occupait activement de l'organisation de tous les services ».

En ce qui concerne l'hospice d'humanité, c'est lui que obtint le rappel des Filles de la Sagesse, qui les demanda à la supérieure de Saint-Laurent-sur-Sèvre, et qui paya même leur voyage.

Arrivées à Vannes, elles se présentèrent devant la commission des hospices le 25 août 1803, et elles convinrent des conditions suivantes :

« 1° Les Filles de la Sagesse n'entreront en possession du gouvernement de l'hôpital général qu'après que les anciennes gouvernantes seront sorties, et qu'après inventaire fait.
2° Il sera donné un appartement dans la maison, propre pour y faire tous les exercices de la religion catholique par un aumônier.
5° Tous les domestiques dépendront des sœurs, et le prix de leur salaire leur sera distribué par la supérieure.
7° Les sœurs n'admettront aucun pauvre que par l'ordre du bureau, et n'en feront sortir aucun sans le même ordre.
8° Les sœurs seront logées, nourries, chauffées, éclairées, blanchies et fournies de tabliers de toile et fil à coudre par l'hôpital, qui leur payera pour leur vestiaire à chacune 120 fr. par an.
9° Les dites sœurs auront la liberté de vivre sous la conduite et dépendance de leurs supérieurs, etc...
11° Elles seront traîtées et médicamentées dans leurs maladies et, en cas de mort, les funérailles seront aux frais de l'hôpital... »
.

La Commission des hospices n'oublia point l'ancienne carmélite qui s'était dévouée au service des pauvres de l'hôpital général. Le 8 septembre 1803, les administrateurs, « considérant les services importants rendus par elle à cet hospice, son grand âge, ses infirmités (elle était en partie paralysée), et qu'elle n'avait d'autre moyen d'existence que la pension lui promise comme religieuse, et jamais payée, arrêtèrent qu'elle serait reçue dans le jour gratuitement, comme pensionnaire perpétuelle à l'hospice de la Garenne, pour y être logée en chambre particulière et servie dans sa chambre ». (Registre des délibérations).

A l'hôpital général, les Filles de la Sagesse reprirent leur service interrompu depuis douze ans. La chapelle promise fut établie dans la maison principale, au rez-de-chaussée, du côté du nord, comme on peut le voir dans le plan. L'autel fut placé dans un prolongement de la pièce, pour ne pas le laisser sous un dortoir.

Cependant, « l'administration des hospices éprouvait de grands embarras par suite de la difficulté qu'elle avait à se faire payer par le gouvernement de tout ce qui lui était dû pour le traitement des militaires qui encombraient les hôpitaux. Mgr de Pancemont, qu'elle avait prié d'essayer s'il ne serait pas possible d'emprunter, au nom des hospices, une somme de 6.000 francs, fut obligé de lui faire part de l'inutilité de ses démarches, quoiqu'il eût offert, pour garantie, la portion des octrois revenant aux hospices ; mais il lui fit entendre qu'il espérait trouver à emprunter, s'il le faisait en son nom personnel, et que, si la commission voulait lui donner la garantie des octrois, il ferait son possible pour réaliser l'emprunt ». (Vannes, Lallemand, page 265).

L'emprunt fut réalisé. Le 28 mars 1804, l'évêque, pour améliorer, autant qu'il dépendait de lui, le sort des hospices, leur fit abandon général et sans retour de toutes les sommes qui pouvaient lui être dues jusqu'à ce jour, et notamment de celle de 1.183 francs, pour avances faites par lui. La commission des hospices accepta avec reconnaissance cet acte de générosité, et voulut en consigner la mention dans ses registres, pour en perpétuer la mémoire.

De son côté, la supérieure des Filles de la Sagesse régla si bien la dépense à l'hôpital général, qu'elle fit, en 1804, une économie de 305 francs, dont elle demanda à faire l'emploi en achat de linge. L'administration, après lui avoir donné les éloges qu'elle méritait pour sa sage économie, lui accorda, le 18 janvier 1805, l'autorisation demandée par elle, et arrêta qu'un extrait de cette délibération lui serait délivré en signe de satisfaction.

XIV. ALIÉNÉS de l'Hôpital Général de Vannes.

Dans notre pays, jusqu'au XIXème siècle, il n'y avait pas d'asile général pour les aliénés. Quelques uns de ces infortunés étaient recueillis dans des communautés religieuses, mais la plupart restaient dans leurs familles. A Vannes en particulier on avait fait, vers 1725, quelques cellules pour les fous auprès de la tour du Connétable ; mais ce n'était qu'un refuge momentané ; les familles y nourrissaient leurs malades et les en retiraient à volonté.

Sous la Restauration, l'administration départementale songea sérieusement à créer un asile pour les aliénés de la région, et elle prit des arrangements avec la commission des hospices pour le construire sur le terrain de l'hôpital général, du côté de la métairie du Cosquer.

Une ordonnance royale du 22 août 1818 autorisa l'exécution de ce projet. Le 10 août suivant eut lieu l'adjudication des travaux ; il s'agissait de construire seize loges de fous, rangées sur deux lignes parallèles, à savoir huit pour les hommes et huit pour les femmes. C'était peu pour un département, mais c'était au moins un commencement. Les travaux furent adjugés au sieur Bourdon, et coûtèrent, avec les murs de clôture, 21.912 francs. On y ajouta, en 1822, deux pieces pour les bains et les douches, et elles montèrent à 1.694 francs.

Renfermer les fous et les folles, pendant leurs crises, était une nécessité. Mais que faire d'eux dans les intervalles lucides ?

Fallait-il les laisser dans leur prison solitaire, livrés aux plus tristes réflexions ? Ne valait-il pas mieux les distraire par la conversation, par le travail, par la vie commune ? C'est pour obtenir ce résultat que le Conseil général du Morbihan, résolut, en 1833, de bâtir à la suite des cellules une maison pour les hommes et une autre pour les femmes. Le sieur Dano dressa le plan et le devis.

La maison des femmes, adossée au mur de clôture vers l'ouest, devait avoir 20 mètres de long sur 8 de large ; il y aurait, au rez-de-chaussée, un ouvroir et deux chambres, au premier étage, quatre chambres, et au-dessus un grenier. La maison des hommes, à l'est de la cour, devait avoir les mêmes dimensions et la même distribution. Les dépenses étaient évaluées à 18.864 francs. Ce projet fut exécuté, et il figure sur le plan cadastral de Vannes en 1844.

La loi du 30 juin 1838 ayant fait une obligation à tous les départements d'avoir un asile spécial pour les aliénés, ou de traiter, à cet égard, avec un établissement voisin, le département du Morbihan conserva les folles à Vannes et traîta avec l'établissement de Lehon ou Dinan, pour y envoyer les fous.

Le quartier des folles a subi graduellement plusieurs améliorations. Ainsi, le 16 avril 1853, eut lieu l'adjudication à M. Martine de la construction de huit loges de folles et de nouveaux dortoirs, pour 10.000 francs. Ainsi encore, le 16 mai 1855, le même entrepreneur obtint l'adjudication de l'agrandissement de la salle des bains, et de la construction d'un bâtiment devant renfermer une lingerie, un parloir et un cabinet pour le médecin, le tout pour 7.721 fr. 47.

Une adjudication plus considérale, donnée au même J.-B. Martine le 5 juin 1858, fut celle d'un grand corps de logis, à l'ouest, à la place des premières loges, comprenant un réfectoire, un dortoir et une galerie de communication. Le total des dépenses, réglé en 1862, monta à 57.978 fr. 48.

Enfin le 31 janvier 1872, eut lieu une autre adjudication, en faveur de M. Thareau entrepreneur, pour l'agrandissement du quartier des agités, notamment du réfectoire et de l'ouvroir, le tout estimé à 13.296 fr. 20.

Là s'arrêtèrent les constructions entreprises par le département. Le Conseil général du Morbihan, en présence du nombre croissant des aliénés et de l'exiguïté du terrain, mis à sa disposition à l'hôpital général résolut de bâtir à Lesvellec, en saint-Avé, un este établissement, capable de renfermer, à la fois, les hommes et les femmes atteints de folie.

XV. TRANSFORMATIONS de l'Hôpital Général de Vannes.

Tous les travaux entrepris pour les aliénés étaient au compte du département ; ceux de l'hôpital général étaient à la charge de la commission des hospices.

Celle-ci, après avoir construit une buanderie et bâti des murs de clôture le long du ruisseau de l'étang du Duc, entreprit, en 1876, la construction d'un grand bâtiment du côté du midi, pour y loger soixante femmes âgées ou infirmes. Le devis, dressé par M. Charier, architecte, montant à 67.650 francs, fut accepté par la commission et approuvé par le préfet le 8 mars 1876. Les travaux, adjugés à M. Thareau, entrepreneur, furent dirigés par M. Maigné, successeur de M. Charier.

Le 1er novembre 1879, M. Abel Le Roy fit un testament en faveur des hospices de Vannes, en dehors de quelques legs particuliers. « J'institue, dit-il, pour légataires universels les hospices civils de Vannes, dont j'ai l'honneur d'être l'un des administrateurs... Les hospices de Vannes commenceront d'abord à reconstruire la chapelle de l'hôpital général, ensuite à restaurer et à refaire la partie des vieux bâtiments dans laquelle se trouve cette chapelle ... ».

Le testateur mourut le 17 février 1880, et dès le 21 février, la commission administrative des hospices reçut communication du testament. Les héritiers naturels, du côté maternel, consentirent à l'exécution des legs, mais les héritiers du côté paternel firent des réclamations. De là surgirent de longs retards. Enfin, le 21 juin 1883, un décret du président de la République autorisa les hospices de Vannes à recueillir la succession de M. Le Roy, à la réserve de 30.000 francs, attribués aux héritiers du côté paternel. La part des hospices montait à environ 180.000 francs.

Immédiatement on se mit en mesure d'exécuter les travaux projetés à l'hôpital général. Le 2 août 1883, la commission administrative accepta les plans et devis présentés par M. l'architecte Maigné. La nouvelle chapelle, à constuire au milieu de l'emplacement du vieux corps de logis, en face de la porte d'entrée, était évaluée à 45.000 francs, le bâtiment à droite ou au sud de la chapelle, à 55.000 francs, et celui de gauche ou du nord, à 45.000 francs : total. 145.000 francs. Le surplus des legs devait servir pour l'imprévu et pour d'autres travaux. L’adjudication eut lieu par lots le 12 septembre suivant.

Les travaux de la chapelle et des bâtiments commencèrent le 19 mars 1884, et furent terminés dans le courant de l'année. La chapelle est simple et isolée des autres bâtiments. Le corps de logis du sud renferme la cuisine, la pharmacie, des chambres de pensionnaires, etc... Le bâtiment du nord est plus spécialement affecté aux religieuses. Le bâtiment voisin, adossé au quartier des aliénés, a été conservé pour le service des vieillards.

Pendant ce temps, le département construisait le vaste asile de Lesvellec, destiné aux fous et aux folles. Quand tout fut prêt, les femmes aliénées, gardées à l'hôpital général, en furent retirées le 1er mai 1887, et transférées dans leur nouveau local.

Par suite de leur départ, l'administration des hospices rentra en jouissance du terrain occupé jusqu'alors par l'asile. Quant aux batiments construits sur ce terrain, le Conseil général les céda aux hospices de Vannes, à la condition de recevoir gratuitement et à perpétuité un certain nombre de vieillards du département.

Depuis cette époque, les bâtiments occupés par les folles ont été réparés, et affectés en grande partie au logement des enfants de la maison.

M. l'abbé LE MENÉ.

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