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LA PROMENADE DE LA GARENNE A VANNES

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Le 15 juillet 1678, la communauté délibérant sur la proposition de N. H. Henri Daviers (sindic), pour la construction d’une promenade sur la garenne de cette ville dont il a représenté le plan et projet, la communauté a prié Mgr de Lannion de vouloir bien écrire à M. le Duc de Chaulnes. 

LA PROMENADE DE LA GARENNE

A la date du 9 septembre 1678, le Duc fit la réponse suivante : - Le Duc de Chaulnes, Pair de France, vidame d'Amiens., chevalier des ordres du Roy, Gouverneur et Lieutenant général de son pays et duché de Bretagne : Sur la nécessité qui nous a esté representée et que nous avons recognu sur les lieux, de faire travailler au terrein nommé la Garrenne, dans l’un des faulxbourgs de Vannes, pour en faire une promenade commode au public et scachant que les deniers d’octroy ont esté beaucoup plus haut qu’ils n’estoient les années passées, Nous ordonnons qu’il sera pris deux mil livres de la dite augmentation pour estre employés au dit travail, de la quelle somme de deux mil livres nous ferons tenir compte au scindic de la dite communauté. Fait à Rennes, ce neuviesme septembre mil six cent soixante dix huict

Ce travail commencé ne devait pas être de longue durée, car à la séance du 3ème jour de novembre 1679, N. H. Mathieu Leclerc, sindic de la communauté, représenta un paquet à lui envoyé par Mgr le Duc de Chaulnes, contenant des lettres datées de Dol le 16 octobre 1679, concernant :

1° La construction d’une écluse au port de Vannes,

2° Le paragraphe ci-après : pour ce qui regarde l’embellissement de la ville du costé de la Garenne, il faudra suspendre le travail jusqu’à nouvel-ordre ; l’ordonnance que je donnai l’an passée sur ce sujet devant estre présentement sans effet... Donnez-moi avis de ce qui se passera à l’égard de l’écluse, et de loin comme de prés, je tiendré la main à la perfection de cet ouvrage.... Hélas ! la main ne tint ni à l’un ni à l’autre de ces travaux.

Pour la Garenne, le retard dura vingt ans. A défaut du registre des délibérations de la communauté pour la dernière période du XVIIème siècle, nous devons recourir à la liasse des correspondances, voici ce que nous y avons relevé :

A Lannion, ce 20ème Nov. 1698.

Je vous envoie, Monsieur, la lettre que M. l’intendant m’escrit au sujet de la Garenne de Vannes ; je vois qu’il est bien aise que je fasse cette afféagement ; il me mande qu’il faut s’adresser au sr Geslin, comme vous avez des habitudes avec eux, je vous prie de faire vous-même, en mon nom, cette afféagement. Je vous envoye une lettre de change de 150 L que j’ai prie du sr……. ; s’il est besoin de donner davantage, vous n’aurez qu’à le faire donner et me le mander, je vous l’envoyerez aussitôt. Le soin que je prens en cela n’est que pour vous faire une promenade et un jardin, voulant que vous en soyez le maître. Mais une fois l’afféagement fait, vous me manderez les mesures qu'il faudra que je prenne pour faire travailler à l’embellissernent de Vannes, estant assuré que ce sera une très agréable et très belle promenade. Je partirai au premier jour pour me rendre à Quinipily (près de Baud). Si vous voulez m’escrire, adressez y vos lettres. Soyez persuadé, Monsieur, qu’on ne peut vous, aimer et estimer plus parfaitement que je fais, ny estre, plus véritablement, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur. Le comte de Lannion …

La lettre mentionnée à la 1ère ligne de celle-ci est ainsi conçue :

Rennes, le 10 Nov. 1698.

Je n’ay point receu, Monsieur, la lettre que vous me marquez m’avoir fait l’honneur de m’escrire à Paris, au sujet de la Garenne de Vannes, et je n’aurais pas manqué d’y faire reponse. Vous pouvez faire vos offres pour l’afféagement que vous voulez en demander, pourveu que ce soit un emplassement dont le roy puisse disposer, et vous n’aurez qu’à les adresser ici au sr Geslin qui est chargé de l’alliénation qui se fait des domaines du Roy en exécution de l’édit du meis de mars 1695. Permettez- moi de profiter de cette occasion pour vous prier de me croire toujours, très parfaitement, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur. DE NOINTEL.

A Monsieur le Marquis de Lannion.

Cette fois, l’affaire paraît bien lancée et en bonne voie. M. Geslin, à la date du 1er décembre, écrit de Rennes à Monsieur de Port-Blanc, conseiller du Roy, Maire de Vannes (M. de Port-Blanc est M. Joseph Le Bartz. L’habitude s’est établie de s’appeler tantôt d’un nom de famille, tantôt d’un  nom de propriété ; il devient très difficile de suivre la filiation des personnages).

Lettre de M. Geslin.

A Rennes, le 1er décembre 1698.

MONSIEUR, J’ai reçu la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire le 29e du passé, on vous m’informez des intentions de M. le Marquis de Lannion, d’acquérir du Roy la place de la garenne pour y faire des jardins publics pour la décoration de votre ville, pourquoy il offre cent dix livres au proffit de Sa Majesté, et que Monsieur l’intendant à qui il en auroit écrit lui a répondu qu’il faillait s’adresser à moy. Je vous envoie cy joingt deux affiches à ce sujet ; l’une desquelles vous ferez, s’il vous plaist, publier par trois dimanches consécutifs aux prônes de la paroisse dans laquelle est scitué le terrain qui est a ce que je croy Saint-Patern, et l’autre vous la ferez, s’il vous plaist, afficher à la principale porte de l’église de la dite paroisse, à la quelle affiche M. le Curé, donnera son certifficat, ainsi que des trois publiquations qu’il aura faites aux prônes, et ce au pied des trois des affiches en conformité du modèle que je vous envoie aussi cy-joint. Et quand vous m'aurez renvoyé le certificat, je feray incessamment après faire l’adjudication par M. l’Intendant, et ensuitte le ferez passer en contrat par devant Messieurs les Commissaires du Roy à Paris. Je chéris cette occasion de pouvoir estre bon a quelque chose à votre communauté ; je suis très particulièrement Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur, GESLIN.

Dés la réception de cette gracieuse lettre, M. le Maire écrivit, à M. le Marquis de Lannion, qui fit la réponse suivante

A Quinipity, ce 7e Xbre 98.

Jay Receu Monsieur Vostre lettre ou vous me mandez due Monsieur Geslin vous a envoyé les publiquations touttes dresseez pour faire publier à Sainct-Patern, mais que vous chercherez les moyens d’avoir les certifticats du Recteur s’il est possible sans qu’il les fasse au prosne parceque nous prévoye des oppositions, les paroissiens y ont toujours leurs moutons.

Je trous envoie des fermes que mon grand-pere a fait de la dite garenne comme gouverneur, et vous voirez si cela vous peut estre util a quelque chose ; pour moy je ne pretend que faire une chose qui sera une embellissement pour la ville et se sera plus les jardins et les promenades de Monsieur le Maire que les miennes et jespère qu’avec le tems lun et lautre par les corvées que je vous ferai avoir que nous ne lairons pas que d’en faire un lieu agreable, etc., et je vous assure que je chercheray toute ma vie avec empressement et vivassité les occasions de vous rendre mes services et de vous faire connaître que je suis, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur. 

Copie des affiches adressées à M. de Porblanc, conseiller du Roy, Maire de Vannes.

De par le Roy,

On fait à scavoir qu’en exécution de l’édit du mois de Mars 1695, et arrests du Conseil rendus en conséquance, il sera huitaine après la 3ème publiquation des presentes, procédé par devant Monseigneur de Nointel, intendant et commissaire departy par Sa Majesté pour l’execution de ses ordres en Bretagne, en son hotel à Rennes deux heures après midy à la vente et adjudication au plus offrant et dernier enchérisseur en la manière accoutumée à titre de propriété incommutable a perpetuité du lieu et terrain vague nommé la garenne situé près la ville de Vennes, et dépendant du domaine du roy contenant environ cinq journaux soixante sept cordes outre, et par sur la somme de cent dix livres, et les 2s pour liure de deniers d’entrée une fois payé offerte pour le d. terrain outre les frais ordinaires de publicaons adjudication et contrat qui en sera passé à Paris par Messieurs les commissaires du conseil et conformément au d. édit à la charge à l’adjudicataire de tenir et relever le d. terrain du roy à cause de son domaine de Vennes, soit noblement, ou en censive au choix de l’acquereur, et d’en payer les profits féodaux à Sa Majesté aux mutations et ce à la poursuite et diligence de Mr. Valentin Vatbois chargé du recouvrement de la finance provenante de l’aliénation des domaines du roy en cette province, qui a son domicile à Rennes, en son bureau rue St George, paroisse de Saint Germain. GESLIN DE VATBOIS.

A Quinipily, ce 3e janvier 1699.

Jay receu vostre lettre Monsieur avec le plan de la Garenne, vous me mandez que les trois dimanches ont expirez et que vous retirerez les trois publications et les envoyerez a Rennes...

Je vois que pour l’execution il faudra beaucoup dargent, beaucoup de monde, suivant l’estimation de lingenieur et cinquante manoeuvre pendant plus de trois mois pour applanir la garenne. Je vous prie de me mander si jescrivois à Monsieur l’intendant pour luy demander les paroisses dauprès Vannes pour venir applanir la Garenne, si cest une chose qui seroit util pour se travaille et en cas que vous lapprouverez il faut que vous m’envoyez le nom des paroisses qui sont aportée d’estre demander pour y venir travailler. Je trouve le projet très beau, l’exécution difficil pour moi jy contriburai de 80 pistolles par an comme je vous lay dit. Mais que je sois a Paris je feray en sorte dobtenir de Monsieur le comte de Toulouse une ordre pour qu’il soit employer quelques argents des deniers doctroy pour aider a travailler a ce jardin ; il faut toujours l’affeagement en mon nom et quoy qu’il soit sous mon nom, ce sera une endroict qui sera pour tout le monde, et y ordonnerez de touttes choses. Quand jay eu la pensée de faire accomoder la garenne, ce n’a esté que pour donner une endroict agréable à tous les honnêtes gens de la ville dont ils profitteront et pour moy, selon les apparences, je n’en proffiteray guère, et je seray bien aise quil reste des marques a la ville que jy ay fait quelques embellissement, et si nous pouvions finir celuy que nous voulons commencer se sera un des beaux endroitz de Bretagne. Je suis très content du plan que vous mavez envoyer. Je lay trouve fort beau. Mandez moi si vous en avez besoin je vous le renverray. Soyez persuadez qu’on ne peut vous estimer plus parfaitement que moy qui suis très veritablement, Monsieur, votre très humble et tres obéissant serviteur. Le comte DE LANNION.

Rien ne dit que Le Nôtre ait mis la main à ce plan. On ne voit pas non plus que la contribution précitée se prolongea longtemps. Toutefois l’oeuvre, était trop considérable, pour s’exécuter sans intermittence. Il parait qu’en 1713 elle n’était pas tellement avancée que les soeurs grises, récemment installées à l’hospice Saint-Yves ne se crussent le droit d’y mettre la main, en qualité de premier occupant.

25 février 1745.

M. Lucas, procureur du Roy, sindic, a remontré qu’ayant été avertis Par plusieurs particuliers que les Soeurs grises de l’hôpital Saint-Yves des incurables situé près de la place de la Garenne de cette ville, ne se sont pas contentées d'un terrain qu’on avoit bien voulu leur accorder pour bâtir leur église et salle ; elles se sont ingérées par voye de fait, non seulement de tirer des pierre, de faire des perrières en différents endroits de la place, mais, outre cela, elles ont pris des allignements pour bâtir et enfermer une grande partie de la place de la Garenne dans les endroits les plus utiles au public, elles ont même enfermé dans leur allignement le grand chemin qui sert au public pour traverser de la dite place et se rendre au grand chemin conduisant à Rennes et à Nantes ; tout quoi est une usurpation qu’elles prétendent faire du patrimoine de la ville à qui a d. place de la garenne appartient et qui est le seul endroit de recreation que les habitans ayent, outre l’utilité qu’elles en tirent par le grand chemin qui est placé dans les allée d’ormeaux que la ville a fait la dépense de planter pour l’ornement et l’embellissement de cette place, lequel grand chemin elles ont enfermé dans leur allignement et prétendent même y bâtir des murs. Il requiert que la communauté ait à délibérer. Sur quoy la communauté décide que opposition sera faite à tout ce dont il est cas.

FOIRES SUR LA GARENNE.

En 1726, le sindic, M. Le Vaillant, représenta à la communauté un placet que Jacques Le Viavant avait dû adresser à Mgr l'Evêque de Vannes, remontrant qu’il serait avantageux aux habitans d’avoir des foires de bestiaux établies sur la Garenne, tous les mercredis, depuis Pasques jusqu’à Noël. - En 1736, la plantation est faite, car une somme de 32 livres est jugée nécessaire pour détruire et évincer les chenilles qui infestent les arbres de la Garenne et de la promenade du Port.

Mais le grand effort se fait de 1752 à 1755.

LA GARENNE EN 1752.

A la séance du 21 février 1752, M. de Kerardène-Gillot (ou Kardène-Gillot), avocat de la communauté a remontré que le grand exemple de charité que le seigneur Evêque vient de donner dans la ville, nous invite à participer à la bonne oeuvre qui difficilement se soutiendra, quelque abondantes que soient les aumônes, si on ne trouve pas le moyen d’écarter les fénéans qui sont le plus grand nombre des mendiants ; qu’il estime que le parti le plus convenable est celui de les occuper à des travaux publics au moyen d’un salaire raisonnable sous peine d’être renfermés ou chassés de la ville s’ils s’y refusent, qu’une somme de deux mille livres lui parait suffisante pour remplir un objet aussi utile ; qu’il n’est question que d’avoir recours à l’autorité de Mgr l’intendant, pour le supplier de permettre l’emploi de la dite somme à prendre sur les revenus de la ville ; qu’il y a tout lieu d’attendre de sa religion que, dans une année de calamité comme celle-ci, il ne nous refusera pas cette grâce, joint à ce que la Providence, toujours attentive aux besoins de l’humanité, semble y avoir pourvu elle-même en nous ménageant une ressource dans l’augmentation de six cents livres sur le dernier bail de nos octrois, sauf à la communauté, après avoir obtenu l’agrément à se rassembler pour prendre les arrangements nécessaires tant sur la disposition du fond, la nature des travaux que sur la fixation du prix du salaire et telles autres mesures qu’elle jugera à propos, et a signé de Kerardène (en Séné).

Sur quoy, la communauté délibérant, a prié M. le Maire d’écrire à Mgr l’intendant pour le supplier d’approuver le projet de la communauté et elle s’en flatte d’autant plus, que dans une disette semblable à celle que nous éprouvons, Mgr l’intendant fut le premier à faire faire des travaux publics à Rennes pour subvenir à la subsistance des pauvres.

A la séance du 28 février 1752, M. Kerardène-Gillot représente la lettre de Mgr l’intendant avec l’agrément de disposer de la somme de deux mille livres demandées à l’effet de contribuer au soulagement des mendians. Il requiert qu’après lecture la Communauté délibère tant sur l’objet des travaux auxquels seront employés les mendians et sur le salaire à leur accorder que peur nommer des commissaires qui voudront bien, en faveur de la bonne oeuvre, se charger de donner les ordres nécessaires aux piqueurs qui seront choisis, pour la conduite de l’ouvrage, d’arrêter tous les samedis au soir deux états pour aller en recevoir le montant chez le receveur de la communauté, dont la distribution sera faite en présence de l’un des commissaires pour du tout en rendre compte A Mgr l’intendant ainsi qu’il l’ordonne dans sa lettre.

La communauté délibérant a cru qu’on ne pouvait faire un meilleur emploi des deux mille livres — que de faire travailler par économie à la Garenne, pour être exécuté suivant le plan qui sera dressé par le sr Tanguy, architecte envoyé ensuite à Mgr l’intendant pour avoir son agrément, passé duquel on emploiera les pauvres à raison de quatre sols par jour aux hommes, trois sols aux femmes, et deux sols aux enfants ; que par chaque vingt travailleurs il y aura un regalleur qui sera payé à raison de dix sols par jour, deux piqueurs qui seront Dessin et Richard qui seront payés sur le pied de quinze sols par jour et pour examiner le plan qui sera dressé, veiller sur les travailleurs, arrêter les états des samedis au soir et faire les payemens aux travailleurs, la communauté a nommé MM. Le Mière, Daviers, Colas et Desalleurs, en présence de l’un desquels communaux, elle autorise à faire l’achat des outils, ustancilles et matériaux nécessaires pour cet ouvrage, ont signé — comme devant en général.

A la séance du 20 mars, le plan dressé par M. Tanguy, mis sous les yeux de l’assemblée, fut approuvé.

A la séance du 25 juin, le sieur Pihan remontre que la somme de 2,000 livres n’a pas été suffisante pour remplir l’objet qu’on s’était proposé, quelques attentions qu’on ait eues pour les ménager, pendant plus de trois mois d’un travail assidu sur la Garenne qui a occupé souvent par jour 200 personnes tant hommes que femmes et enfants, ce qui prouve en même temps et la force du besoin et l’utilité de l’emploi ; que ce serait rendre la bonne oeuvre imparfaite si on ne se mettait pas en état de la continuer jusqu’au mois d’août prochain qu’on peut se flatter alors d’une diminution considérable dans le prix du pain par l’abondance de la récolte prochaine. Aussi il estime par toutes ces raisons que la communauté ne peut se dispenser d’avoir encore recours à l’autorité de Mgr l'Intendant, pour le supplier d’accorder un nouveau secours de 1500 livres sur les revenus de la communauté, etc. Avis favorable est donné, et, le 16 juin, M. de Kerverho Pihan, procureur de la communauté peut représenter l’agrément de Mgr l’intendant. Il ajoute qu’à l’occasion des travaux de la Garenne il se trouve sur la deuxième terrasse un rocher qu’on ne peut enlever par la sape, qu’on a été obligé de percer en dessous pour faire jouer la mine, sur l’assurance que le sieur Tanguy, chargé de la conduite de l’ouvrage, a donnée qu’il n’en pouvait arriver aucun accident, et que dans le temps qu’on se préparait à faire jouer la mine, M. Daviers a déclaré à M. le Maire qu’il s’y opposait à moins qu’on ne lui donnât une garantie et indemnité des évènements qui en pouvaient arriver, sur quoi la communauté, invitée à délibérer après avoir entendu le sieur Tanguy, a décidé qu’on fera incessamment jouer la mine en dessus du rocher dont il s’agit, attendu qu’il a assuré que cela ne pouvait faire aucun préjudice au sieur Daviers. A l’endroit le d. sieur Daviers répète ses protestations et signe N. Daviers.

Le 26 janvier 1753, M. de Kerardène-Gillot remontre que si la communauté se porte à supplier l’intendant d’accorder un nouveau secours de 1200 livres sur les deniers de la communauté pour être employés aux travaux de la Garenne et distribués aux pauvres qui y travailleront ; il y a lieu d’espérer qu’il voudra bien le permettre en faveur de la bonne oeuvre.

M. l’avocat de la communauté ajoute que Mgr l'Evêque de Vannes, toujours pétri de zèle et de charité pour les pauvres, veut bien accorder pour aider la communauté à continuer les travaux de la Garenne, qu’on prenne dans ses greniers six quarts de seigle par semaine (3 hectol.) jusqu’à la concurrence de 30 perrées (60 h), mesure du marché ; il a donné ses ordres pour les fournir et pour en payer en argent la cuisson et la mouture ; qu’avec ce secours et la somme de 1600 liv. provenant tant des 1200 demandés que de 400 et 99 fr. qui restent, on peut se flatter de perfectionner cette promenade. Prière est faite aux commissaires de vouloir bien continuer leurs soins. Les 1200 sont accordés, et les travaux repris le 12 février 1753.

A la séance du 23 mai, M. de Kerardéne-Gillot, avocat de la communauté, a remontré que le samedi précédent il fut rendu à Verger, de la part de M. Dubodan (maire), une lettre en date du 15 de ce mois, par laquelle il marque que s’il n’est question d’obtenir de Mgr l’intendant que cinq à six cents livres pour achever les travaux de la Garenne, à prendre sur nos octrois ; il espère en avoir facilement la permission en passant à Rennes, et comme on ne saurait faire un meilleur usage des deniers patrimoniaux que de les employer au soulagement des pauvres, en décorant en même temps la ville, il prie la communauté de délibérer, de prendre lecture de la lettre de M. Dubodan, et de charger le sindic. de le remercier au nom de la communauté de ses assurances de respect et a signé : GILLOT.

L’assemblée adopte la proposition.

Le 28 septembre 1753, M. Gillot de Kerardène représente que la disposition des six cents livres est accordée. - D’un état dressé par l’architecte, il résulte que sur les travaux faits il y a cent livres à payer à l’architecte, 174 liv. 10 sols à Thuriau, maçon ; des six cents livres, il ne reste donc à employer que 325 liv. 10 sols, qui pourront suffire à l’achèvement des ouvrages désignés dans l’état de l’architecte. - Eu égard à l’attention toujours bienfaisante de Mgr l'Evêque de Vannes, qui veut bien, en faveur des pauvres, continuer de donner du seigle de ses greniers pour leur fournir du pain, de tout quoi il requiert que la communauté ait a en délibérer et a signé : DE KARDENE-GiLLOT.

La communauté délibérant ordonne que les six cents livres seront versées par le receveur aux mains de M. Daviers, et prie M. le Maire de remercier Mgr de Vannes de ses attentions à procurer le bien public et celui des pauvres et de le prier de vouloir bien continuer ses bons soins au sujet de l’écluse.

Enfin, le 3 décembre 1753, le sieur de Kardène (ou Kerardène) remontre que pour que la dépense que la communauté a faite sur la Garenne ne tourne pas en pure perte, il convient de charger quelqu’un d’y veiller, de parer les allées deux fois par an, d’empêcher l’entrée des bêtes, et l’enlèvement des pierres déposées sur la plate forme du côté du mur des dames hospitalières, de ne pas souffrir qu’on emporte le feuillage des arbres, n’y permettre aucune dégradation de quelque nature qu’elle soit ; qu’il se présente le Thuillier et sa femme demeurant sur la Garenne, qui paraissent vouloir accepter toutes les conditions cy-dessus parce qu’on les laissera jouir de toutes les herbes des glacis, de la place d’armes et autres endroits, sans qu’il leur soit permis de faire paître vaches, chevaux, moutons ou cochons, mais simplement couper l’herbe à la faucille. Aussi il estime que la communauté ne doit pas rejeter de pareilles conditions et qu’elle peut charger les officiers d’en passer le bail pour quelques années. La communauté adopte les conclusions, etc.

L’entretien du travail exécuté ainsi garanti, il restait bien encore quelque chose à perfectionner. Le Maire, M. Dubodan, continuera d’avoir l’oeil.

Toute occasion est bonne pour l’honorable magistrat pour obtenir de nouveaux fonds. Ainsi, le 8 novembre 1754, M. Gillot de Kardène remontre à l’assemblée qu’il a reçu le 7 une lettre datée du 6 du courant, luy adressée par M. Dubodan, actuellement aux Etats par laquelle il s’apprend que le parlement doit avoir rendu un arrêt qui ordonne, pour le dimanche (10 nov.), des illuminations dans toutes les villes de la province, à l’occasion de la dédicace du monument du

Roy (Louis XV) qui se fera ce jour là à Rennes. Les Etats ont accordé une somme de cent livres à chaque communauté pour être distribuée aux pauvres. M. Dubodan pense que si la communauté voulait qu’on y ajoutât de ses deniers patrimoniaux une somme de deux cents livres sous le bon plaisir de Mgr l'Intendant pour occuper les pauvres à travailler ce caresme à la Garenne, ce serait la meilleure destination. Sur quoi la communauté délibérant émet un avis favorable, et un feu de joie sera allumé. On ne dit pas que ce fut sur la Garenne. La place des Lices ou celle du Marché était le théâtre ordinairement choisi pour donner cet étincelant témoignage des réjouissances publiques. Ajoutons pour en finir qu’ici devait se terminer l’honorable carrière de M. Dubodan.

La séance du 30 décembre 1754 se tint sous sa présidence, mais on y remarque que sa signature est tremblée, ce devait être la dernière.

A la séance du 14 juillet 1755, M. de Kerardène-Gillot s’exprime ainsi : Vous avez tous été intimement pénétrés, Messieurs, de la perte de feu M. Dubodan, votre dernier Maire. Il n’y a eu aucun bon citoyen qui n’ait répété mille fois : Quomodo cecidit potens qui salvum faciebat populum Israel. Cette perte était sensible, cette perte semblait irréparable ; mais, comme d’un autre phénix, il sort de ses cendres un digne rejeton dont le bon naturel, l’amour de la patrie, la noblesse des sentiments, l’esprit vif et pénétrant, l’esprit juste et prudent, vous assurent d’un dédommagement complet. Ne tardez donc pas, Messieurs, à faire enregistrer ses provisions et sa réception au parlement.

Jean-Vincent Guillo Dubodan succéda à son père.

En marge : l’ai été resaisi de mes provisions de maire — enregistrées en conformité de la délibération du 14 de ce mois. Le 16 juillet 1755. DUBODAN.

M. Guyot-Jomard

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