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LES DOMINICAINS DE VANNES

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Saint Vincent Ferrier, en mourant à Vannes le 5 avril 1419 et en recevant la sépulture dans la cathédrale, avait rendu populaire l’habit de saint Dominique. Ses frères en religion pensèrent dès lors à fonder une maison de leur ordre près de son tombeau. C’est du moins l’idée qui se présente à l’esprit, quand on les voit acheter, en 1428, de Guillaume Brasrouge et sa femme, une maison faisant l’angle de la rue des Halles et de la place des Lices, et un jardin voisin, touchant à la chapelle de Notre-Dame de Chartres.

Les Frères Prêcheurs s’y établirent-ils ? — On l’ignore absolument. Toujours est-il qu’après une possession de quarante ans, ils vendirent ladite maison et le jardin, eu 1468, pour la somme de 200 écus, à la duchesse Françoise d'Amboise, qui venait de prendre l’habit de Carmélite au couvent du Bondon.

Ce n’est qu’en 1631 que le projet fut sérieusement repris, et voici dans quelles circonstances.

AUTORISATIONS

Nicolas Raoul ou Rodolfi, maître général de l’ordre des Prêcheurs, faisant la visite de ses couvents de Bretagne, vint exprès à Vannes, pour vénérer les reliques de saint Vincent Ferrier. Il vit l’évêque Mgr Sébastien de Rosmadec, et lui exposa le désir qu’il avait de fonder une maison de son ordre à Vannes. Le prélat, qui aimait à développer les établissements religieux dans son diocèse, lui accorda volontiers l’autorisation nécessaire. Malheureusement le texte de cette concession n’a pas été retrouvé.

Après le consentement de l’évêque, il fallait celui de la communauté de la ville. Voici la copie de la délibération prise à ce sujet. « En l’assemblée générale de la communauté de Vennes, tenue en la maison commune du dit lieu par les nobles, bourgeois et habitans de la dite ville, où M. le président présidoit, ce jour du vendredy 21e de novembre 1631, Pierre Fruneau, sieur du Coudray, procureur syndic, a représenté à ladite communauté une requeste luy mise en main par le Révérendissime Père général de l’ordre des Frères Prescheurs de saint Dominique, par laquelle il remonstroit qu’estant venu exprès en cette ville par une particulière dévotion pour vénérer les sainctes reliques du glorieux saint Vincent, religieux dudit ordre et protecteur de cette ville, il auroit désiré exposer à ladite communauté le désir de tout l'Ordre et le sien particulier, affin que ses religieux peussent avoir une maison en cette dite ville, sans lui estre aucunement à charge, soubs ces conditions, scavoir : que les dits religieux ne feront aucune queste en la dite ville et faubourgs, et que son couvent de Rennes particulièrement et autres de son Ordre entretiendront et contribueront à l’entretien et bastiment nécessaires aux religieux qui y seront ; et pour donner toute assurance, il ratifiera et confirmera les dites conditions au nom de tout l'Ordre, avec deffense à ses religieux de non faire queste soubs peine d’excommunication, et de plus fera authoriser le tout par un arrest du Parlement de Bretagne ;

« Requérant le dit syndic de la dite communauté de vouloir délibérer sur la dite requeste ; lecture faicte de la dite requeste hautement, et sur icelle la dite communauté ayant délibéré, et reconnoissant l’assistance continuelle qu’ils reçoivent de la présence des reliques du bienheureux saint Vincent, et l’honneur qu’ils ressentent de la présence du Révérendissime général, qui auroit voulu présenter sa dite requeste, et sur l’assurance du contenu en icelle par sa présente et son signe ;

« Ont arresté et donné consentement à l'establissernent des Pères religieux de saint Dominique pour s'establir à Vannes ; et au cas qu’ils ne veillent bastir qu’un hospice, ils pourront s'establir dans l’enclos de la ville, pour petit nombre de religieux ; et au cas qu’ils voudroint et auroint la commodité de bastir et fonder un monastère complet, pour grand nombre de religieux, ne le pourront faire dans l’enclos de la ville, eu égard au peu d’espace qui est en icelle, ains aux forbourgs, en tel lieu qu’ils pourront trouver plus commode à cette fin, fors en la terre de Ker, Calmont et environ le canal, affin que le traffic ne soit pas incommodé ;

« Et à cette fin, et pour assurance du contenu en la requeste, a esté arresté qu’elle demeurera aux archives de la ville, et qu’elle sera enregistrée à la fin de la présente assemblée, et le Révérendissime prié de la signer sur les registres ; et suivant icelle, auparavant aucun establissernent, fournira le Révérendissime général les actes en forme contenant les deffences et ordonnances mentionnées en la dite requeste, et apporteront lettres du Roy, conformes au présent consentement, par lesquelles la dite communauté ne sera obligée à fournir aucun emplacement, deniers ny autres frais ny contribution pour le bastiment, fondation, dotation et entretien d’icelluy couvent ; de tous lesquels bastiments et entretiens la ville demeurera déchargée, sans que les dits religieux y puissent rien prétendre, ny demander soubs quelque prétexte que ce soit ; les quelles lettres seront vérifiées au Parlement, auquel ils apporteront pareillement l’arrest prins et accordé en la maison de ville les dits jour et an » (Fonds des Dominicains. H. Copie papier).

Huit jours après cette délibération, c’est-à-dire le 29 novembre 1631, le Maître général se trouvant à Rennes, donna, pour remplir sa promesse, un acte authentique en latin, muni de son sceau et de sa signature, garantissant les conditions offertes à la ville. «... Nous défendons, dit-il, en vertu du Saint-Esprit et de la sainte obéissance, par ordre formel et sous peine d’excommunication encourue par le fait, à tous nos sujets qui demeureront dans la ville ou les faubourgs de Vannes, de faire aucune quête dans la dite ville ou dans les faubourgs ; et si les aumônes que leur feront les couvents de Rennes et d’ailleurs, suivant notre volonté, ne suffisent pas pour les y faire vivre, les religieux quitteront Vannes, pour rentrer dans leurs maisons respectives ». De son côté, le Roi donna les lettres patentes qui suivent :

« Louis (XIII), par la grâce de Dieu, Roy de France et de Navarre, à tous présentz et à venir, salut.

N’ayant en notre particulier rien de plus cher que l’avancement de la gloire de Dieu par toutes les provinces de nostre royaume, Nous avons estimé qu’il seroit agréable à la divine Bonté de permettre l'establissement en notre ville de Vannes en Bretagne, aux fauxbourg d’icelle, d’une maison et couvent de religieux Frères Prescheurs de l'estroite observance de l’ordre de saint Dominique, de la congrégation gallicane, en conséquence des consentements donnez aux dits religieux par les officiers, maires, syndic et habitans de la dite ville en leur assemblée, et par le sieur Evesque de la dite ville ;

« A ces causes, après avoir faict veoir en nostre Conseil les dits consentements cy attachez, soubz le contrescel de nostre chancellerie, de nostre grâce spécialle, pleine puissance et authorité royalle, Nous avons permis, accordé et octroyé, et par ces présentes, signées de nostre main, permettons, accordons et octroyons ausdits religieux Frères Prescheurs de la dite estroicte observance de l’ordre de saint Dominique, de faire bastir et construire une maison et couvent dans la dite ville de Vannes ou fauxbourgs d’icelle, de l’ordre des dits Frères Prescheurs, pour y estre establie, vacquer au service de Dieu, et le prier tant pour nostre prospérité que pour la paix et tranquilité de nostre royaume, et pour la conservation de la religion catholique, apostolique et romaine, mettant les dits religieux Frères Prescheurs, qui seront establis en la dite maison et couvent en nostre protection et sauvegarde, voulons qu’ils jouissent des privileiges et prérogatives dont jouissent les autres religieux et couvents du dit ordre, qui sont dans la dite province de Bretagne.

« Si donnons en mandement à noz amez et féaux conseillers, les gens tenans nostre Cour de parlement à Rennes, baillifs, sénéchaux, allouez ou leurs lieutenans, que de nos présentes lettres de permission et octroy ils facent les dits religieux jouir et user plainement et paisiblement, cessant et faisant cesser tous troubles et empeschemens au contraire : car tel est nostre plaisir. Et affin que ce soit chose ferme et stable à tousjours, Nous avons faict mettre nostre scel à ces présentes, sauf en autres choses nostre droict et l'autruy en toutes. — Donné à Saint-Germain-en-Laye, au mois de febvrier, l’an de grâce 1633, et de nostre règne le 23ème Louis. Par le Roy : Bouthillier » (Dominic. — Orig. parch. — Sceau de Majesté).

Ces lettres furent enregistrées au Parlement le 6 avril 1633.

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FONDATION

Muni de toutes les autorisations mentionnées ci-dessus, le R. P. Hyacinthe Charpentier, docteur en théologie, vicaire et commissaire du Révérendissime Père général, vint à Vannes, accompagné de quelques religieux, le 29 mai 1633.

Il obtint, dès le 6 juin, de la communauté de la ville, la permission de se servir, pour trois ans seulement, de la chapelle de Notre-Dame de Chartres ou des Lices, mais à la condition de ne gêner en rien le chapelain ni la confrairie qui s’y réunissait.

Il se mit aussitôt en quête d’un terrain convenable pour y établir une chapelle, un couvent et un petit enclos. Après avoir bien cherché, il ne trouva rien de mieux qu’une prairie, appartenant à l’hospice de Saint-Nicolas, et située à l’endroit où s’élève aujourd’hui l’hôtel de la Préfecture. Ce terrain n’avait qu’un journal et sept cordes environ de superficie, mais il était susceptible d’agrandissement au sud vers la Garenne, à l’est et au nord. Le R. P. Charpentier en obtint, le 23 novembre 1633, des administrateurs de l’hospice, avec le consentement de la ville, non la vente, mais l'afféagement, moyennant une rente perpétuelle de quinze livres par an.

Pour aller de l’église de Saint-Patern à ce terrain, qui était alors enclavé de tous les côtés, le Père avait acheté trois immeubles, qui lui barraient le passage, à savoir la maison de la Croix-Blanche, avec ses dépendances, acquise le 16 septembre 1633, d'Armel Ridant et sa femme, au prix de 2,100 livres ; l’emplacement d’un logis, avec jardin derrière, à l’est de la Croix-Blanche, acquis de M. Guillaume Lamour, le 24 septembre, pour 360 livres ; un logis et jardin derrière, entre la Croix-Blanche et l’hospice, acquis de Jean Quentel et sa femme, le 31 octobre, pour 590 livres.

Ces acquisitions étaient à peine réglées, quand, le 23 octobre 1633, Mgr Sébastien de Rosmadec vint bénir la maison Ridant, et planter une croix, au pied de laquelle le R. P.  Charpentier célébra la messe : c’était la prise de possession des lieux au nom de la religion.

C’est alors qu’intervinrent, à titre de fondateurs, le neveu et la nièce de l’évêque, savoir, « hault et puissant seigneur Messire Sébastien de Rosmadec, chevalier, seigneur du Plessis, d’Espinay, Kernicol, Le Pont, Lesnevé, Pradouray, Kerlégan, et autres lieux, et dame Julienne Bonnier, sa compagne, dame des dits lieux, demeurant au manoir du Plessis, en la paroisse de Theix... Les quels ayant eu advis de la construction et bastiment que les humbles et dévoz religieux Frères Prescheurs de l’Ordre de saint Dominicque de l’estroite observance désirent faire à Vennes, en l’honneur de Dieu, soubz l’invocation de saint Vincent Ferrier, selon la permission du Roy de febvrier dernier et le consentement de la communauté du dit Vennes..., et désirant participer eux et leur postérité aux prières quy se feront, ont donné et donnent la somme de unze mil livres tournois, pour estre employée en l’achapt et paiement du fondz requis à cette fin, et bastiment des église, maison, couvant et logement, icelle dite somme payable aux termes, charges, points et conditions cy après et non autrement, scavoir est :

1° « Que les dits futurs et espérés églize, coeur, chanteau, nef, maisons et bastimens demeureront, comme dès à présent ils demeurent, prohibitiffz ausdits seigneur et dame et leurs successeurs, fondateurs d’iceux, pour avoir dans le dit chanceau leur enfeu et pierre tomballe, quy sera posée au milieu et proche des balustres, qui feront la séparation du dit coeur et de la neff, sur la quelle pierre seront gravées en relie leurs armes, et y seront escriz ces mots : Enfeu des seigneur et dame du Plessis de Rosmadec ; et au dessoubz d’icelle tumbe ou pierre il y aura un degré pour descendre en une voulte et charnier quy y sera jusque à la prochaine marche du grand autel, dans lequel enfeu eux et leurs successeurs et enffans seront enterrés, sy bon leur semble, le dit coeur et chanceau leur demeurant prohibitifs et à leurs successeurs, pour eux seuls et non aultres ;

2° « Avoir leurs armes dans les viltres au dessoubz de celles du Roy, dans le fief duquel le R. P. Charpentier a dit qu’il entend bastir ; les quelz seigneur et dame du Plessis feront construire leur dit enfeu et apozer ausdites viltres et aultres endroit cy-apprès leurs armoiries à leurs fraitz, sans diminution ny défalquement de la dite somme de unze mil livres tournois ; comme aussy le dit R. P. Charpentier promet et s’oblige de garantir ausdits seigneur et dame du Plessis et à leurs successeurs la dite qualité de fondateurs des dits églize, chanceau, coeur, maison et couvant, prohibitivement à tous, pour y avoir entre aultres droits honorifiques les marques cy-dessus et celles quy seront cy-apprès déclarées ;

3° « Et oultre dans le dit chanceau, du costé de l'Evangile, (ils auront) un bancq à queue, armoyé desdites armes, auquel eux et leurs enfans masles se pouront mettre, pour assister au divin service ; comme aussy dans la neff, du mesure costé de l'Evangile, près et au dessoubz desdits balustres, un aultre bancq clos et fermé et armoyé des mesmes armes, dans lequel la dame du Plessis, leurs filles et leur suilte se pouront mettre aux fins que dessus, sans que aucun y puisse prétendre droit ny mettre au dit coeur et neff aultres bancs à accoudouers, pour quelque cause que ce soit ; pouront néanmoins les dits religieux faire enterrer qui bon leur semblera dans la dite neff seulement, pourveu que ce ne soit soubz le dit bancq des dites dames du Plessis, ains cinq pieds au dessoubz ;

4° « Promettant oultre le dit R. Père de faire célébrer deux messes à chant, par chacun an, pro deffunctis, avecq les Libera et obit solennels institués de l'Eglize, qui se chanteront sur la dite tumbe, sur laquelle y aura un drap mortuel armoyé et relevé sur une châsse, quy seront donnés par les dits seigneur et dame, à commencer le premier service le jour de l’enterrement du premier debcédé des dits seigneur et dame fondateurs, et le second au jour de l’enterrement du dernier debcédé, et continuer à l’advenir aux mesmes jours par les années à perpétuité, s’il n’arrive cause légitime, qui oblige les dits religieux à différer le dit service au lendemain ;

5° « Outre, promet le dit R. Père que les religieux du dit couvent chanteront aussy à perpétuité un Libera sur la dite tumbe, à l’issue des grandes messes quy seront célébrées en la dite églize, tous les dimanches de l’année, et mesme aus festes de saint Sebastien, saint Julien, saint Dominique et saint Vincent Ferrier, de chaque année, à laquelle fin le prestre qui officira sera revestu d’une chappe de velours noir, armoyée des armes desdits fondateurs et par eux fournie, pour advertir l’assistance de prier Dieu pour les ames des seigneur et dame du Plessix ;

6° « Seront aussy les dits religieux, chaincun en son temps, estans advertis d’heure et de temps, tenus d’aller jusque au boult du pavé des faubourgs du dit Vennes au devant des corps des dits fondateurs, et de leurs enffans et successeurs, quy voudront estre enterrés au dit enffeu ; lesquels ou chacun d’eux pouront faire mettre en la muraille du dit chanceau et coeur leurs épitafes et marques de leurs debceix, et de la présente fondation et aultres qu’ils pouront faire cy-apprès. Néantmoins toutes lesquelles conditions, pouront les religieux du dit couvant recepvoir les fondations des chapelles quy pouront estre bastyes près la dite neff et non ailleurs, et en disposer à leur volonté, et consantir estre quelques bancqs et tumbes plates à ras de terre dans la dite neff...  En la quelle somme de unze mil livres, le dit R. P.  Charpentier a recogneu avoir, dès le 15e jour de septembre dernier, receu du dit seigneur du Plessis, fondateur, la somme et nombre de 3,000 livres tournois, dont il auroit acquis les maisons et jardins d’Armel Ridant et femme et de Guillaume Lamour ; ... et le reste qui est 8,000 livres tournois, le sieur de la Noë-Jocet, stipulant pour le seigneur et la dame dit Plessix, a promis le payer et faire avoir aud. R. P. Charpentier dans le 1er jour de febvrier 1635...  Faict et gréé au dit Vennes, au tablier de Tual, notaire, soubz les signes du dit religieux, du dit sieur de la Noë et les nostres, le 29ème jour d’octobre 1633, après midy  ». Sahanat, not. roy. — Tual, not. roy. ».

Cet acte fut ratifié au Plessis, le 5 décembre suivant, moyennant l’addition d’une messe basse tous les lundis, à 8 heures. (Domin. H. Expéd. parch.)

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CONSTRUCTION

Le terrain était acquis, l’argent était trouvé ; il ne restait plus qu’à bâtir.

Le plan d’ensemble comportait, suivant l’usage, un cloître carré, entouré d’un côté de l’église, d’un autre côté d’une maison d’habitation, et des deux derniers côtés de bâtiments accessoires. Comme on voulait ménager une bonne partie de la prairie, pour en faire un jardin, on rapprocha le plus possible le tout de la rue du Four-du-Duc, avec l’espoir fondé d’acquérir les jardins et les maisons situés au midi de cette rue.

On commença dès 1634 la construction du couvent. Le corps de logis, au sud du cloître, en face du jardin, fut seul bâti à cette époque ; les autres bâtiments furent remis à plus tard, et finalement ne furent jamais exécutés. Quant l’église, on la plaça sur le côté Occidental du cloître, de manière à avoir le choeur tourné vers la Garenne, et l’entrée de la nef vers Saint-Patern : la démolition de la maison Ridant ou de la Croix-Blanche devait la rendre accessible aux ouvriers d’abord, au public ensuite.

La première pierre de cet église fut solennellement bénite par Mgr Sébastien de Rosmadec, le samedi 28 octobre 1634, en présence du clergé, de la noblesse et du peuple de Vannes, et placée par le seigneur du Plessis, fondateur, sous le premier pilier du côté de 1’Epître ; elle portait une plaque d’argent avec cette inscription : Deo Opt. Max. Virg. Chr. M. — Sanctissimo Urbano VIII Summo Pontifice, — Illustrissimo et Reverendissimo Sebastiano de Rosmadec Venetensi Episcopo, — Justissimo et Christianiss Ludovico XIII Galliarum Rege, — Illustrissimus ac potentissimus Dominus Sebastianus de Rosmadec, Dominus du Plessis-Rosmadec, Kernicol, le Pont, Lesnevez, L’Espinay, etc. — Veneti — In jaciendis fundamentis hujus ecclesiæ, quam Deo Opt. Max. et Beatissimæ Virgini Deiparæ, sub Sancti Vincentii Ferrerii urbis Venetensis patroni invocatione, devovebat et Fratribus Prædicatoribus excitabat, urbis Antistite illustrissimo illius patruo benedicente, primum hac argentea lamina suffundavit lapidem 28 octob. M. DC. XXXIV. (A. Le Grand. — SS. Bret.)

Le choeur de cette église était très allongé et se terminait en hémicycle ; les religieux chantaient ou récitaient leur office au fond, le maître-autel occupait le milieu, et la table de communion était en avant. La nef avait la même largeur due le sanctuaire ; elle avait de chaque côté trois chapelles, séparées les unes des autres, du côté de l'Epître, par des murs et du côté de l'Evangile, par des arcades.

Les huit mille livres, données par le fondateur pour l’église, s’épuisèrent bientôt, et les travaux n’avancèrent plus que lentement, au fur et à mesure des ressources. En 1638 se présenta tout à coup un bienfaiteur. Messire Pierre de Larlan, seigneur de Lanitré, de Kerguello, de Cohignac, etc., conseiller du Roi au Parlement de Bretagne, se trouvant malade à Auray, fit appeler le P. Julien Hellot, prieur du couvent des Frères Prêcheurs de Vannes, et fit rédiger, le 9 août 1638, un acte notarié, par lequel « le dit seigneur, pour la dévotion particulière qu’il a au B. saint Vincent de Ferrières, grâces et assistances qu’il a receues de Dieu par son intercession, et pour avoir part aux prières des Frères du dit ordre, a fondé et dotté et fonde présentement, pour lui et la dame sa compaigne, ses enfantz et successeurs de son sang, la chapelle la plus haute et plus advancée vers le grand autel, du costé de l’Epistre, en l’église dudit couvent, les fondementz de laquelle chapelle sont prins et jettés, que le dit seigneur désire estre dédiée soubz le nom de Saint-Pierre, son patron, de Saint-Jacques, patron de la dite dame, et de Saint-Jean, Saint-Vincent et Saint-Augustin, patrons de ses enffantz, et qu’il fera bastir et orner à ses fraitz, jusques à perfection, à sa volonté, et y poser ses armoiries, tombes, bancs, accoudouers, et toutes autres marques qu’il lui plaira laquelle chapelle lui demeurera et à ses successeurs privative et prohibitive à tous autres, et à y estre le dit seigneur, quand Dieu l’appellera, ensépulturé, et dame Jacquette Le Gouvello, son espouze, ses ditz enffantz, leurs descendans et successeurs. Et en fabveur de ce que dessus, le dit seigneur a baillé et baille à perpétuité au dit couvent et religieux la somme de cent livres tournois de rente annuelle en fondz, et promet en faire assiepte, soit en la juridiction de Vannes, soit en celle d’Auray.. ; et en considération de la dite rente, les religieux seront tenus et obligés de célébrer par chacune sepmaine à perpétuité une messe obituaire et de Requiem en la dite chapelle à chant et haute voix, pour lesdits seigneur et dame et leurs successeurs, à pareil jour que le debceix du dit seigneur adviendra... Le Verger, not. roy. — J. Le Mézec, not. roy. ».

 En face de celte chapelle, du côté de l'Evangile, était celle du Rosaire. Elle n’était pas encore terminée, quand, le 26 janvier 1641, Jacques Sorel, seigneur du Boisdelasalle, de Kergroix et de Salarun, en obtint la jouissance, aux conditions suivantes :

«... Le dit seigneur et ses successeurs, de ce jour à l’advenir et à perpétuité, auront prohibitivement, pour leur sépulture et autres droits honorifiques, la dite chapelle du Rosaire, depuis la première voute et arcade d’icelle jusques au premier pillier et seconde voute qui est ensuite de la dite chapelle, dont le dit seigneur aura le quarré soubz la dite première arcade seulement ;

« Soubz laquelle chapelle, et à la grandeur d’icelle sera faict un caveau vouté, dans lequel seront pozés les corps des dames du Boisdelasalle, enterrés dans la dite chapelle et enfermés dans des châsses de plomb, et sera le dit caveau aussy pour la sépulture du corps du dit seigneur et ses successeurs seulement, ou autres que bon leur semblera ;

« Pour entrer dans laquelle voute sera fait un escalier de pierre, de largeur compétante pour y passer deux hommes de francq, et l’ouverture de la dite voute sera couverte d’une pierre de grain, taillée à ratz de terre, sur laquelle pierre seront gravés ces motz : Cy est l’enfeu des seigneurs et dames du Boisdelasalle, sur laquelle pierre il y aura deux boucles de fer, pour la lever plus facilement ;

« Aussy seront les armes du dit seigneur gravées en relieff dans la cleff de l’arcade de la dite chapelle, et dans la taille des deux costés de la vitre de la dite chapelle en alliance, et dans les lambourdes par le dedans, et mises dans la dite vittre, et paintes au tableau qui sera sur l’autel de la dite chapelle ;

« En laquelle le dit seigneur, aussy pour luy et ses successeurs, pourra faire mettre un bancq, qui sera attaché au bas du pilier de la première arcade, lequel bancq aura cinq pieds de long et quatre pieds de large, et seront aussy les armes du dit seigneur et ses alliances mises en relieff au dit bancq, et ne pourra estre mis aucun autre bancq dans la dite chapelle,... laquelle chapelle les religieux feront parachever au plus tost que faire ce pourra...

« Et pour le bastiment du tout de la dite chapelle, tant massonnage, voute, autel, tableau, vitrage, armoiries, que embellissement d’icelle, dont les religieux prendront le soign, le dit seigneur du Boisdelasalle leur promet payer la somme de quinze cents livres...

« Et pour la continuation et entretien des services et prières à perpétuité, le dit seigneur promet donner aux religieux en bon fonds d’héritage, soubz trois à quatre lieues de Vennes, cent livres tournoys de rante, et en attendant leur faire fonds, leur paiera par deniers la dite somme, à commencer au 1er février 1642... Allain, not. roy. — Tual, not. roy. ».

C’est ainsi que, grâce au concours de plusieurs seigneurs l’église des Jacobins put être complètement achevée.

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ENCLOS

Le pré, d’un journal sept cordes, afféagé aux Dominicains par la ville et l’administration de l’hôpital de Saint-Nicolas, le 23 novembre 1633, pour y bâtir un couvent et une église, ne laissait que peu d’espace pour un enclos. Aussi les religieux avaient-ils, dès le principe, caressé l’idée de s’agrandir à l’est et au midi. A l’est, ils voyaient un terrain vague, appelé la Petite-Garenne, dont une rue de Vannes a conservé le nom ; au midi, ils voyaient la vallée marécageuse, traversée par le ruisseau qui descend de l’étang du Duc pour se rendre au port ; ils voyaient même au-delà du ruisseau les pentes de la Grande-Garenne, qui pouvaient compléter leurs voeux.

Or tous ces terrains appartenaient jadis aux ducs de Bretagne, puis aux rois de France leurs héritiers. Ils formaient une dépendance du château de l'Hermine, et depuis longtemps la jouissance en était abandonnée aux gouverneurs de Vannes. Dès 1562, le roi Charles IX avait cédé à l’hôpital de Saint-Nicolas un journal et demi de terre, faisant suite au jardin de l’établissement, et s’étendant vers la Garenne. Les Frères Prêcheurs, dans l’espoir d’obtenir une pareille faveur, adressèrent, en 1634, une supplique au roi Louis XIII, pour lui demander la cession du reste du marécage, et aussi la Petite-Garenne.

Leur pétition, examinée à la Cour le 12 novembre, fut renvoyée au présidial de Vannes, pour avoir la contenance et la description des lieux. En conséquence, le 29 décembre suivant, le sénéchal René Coué, sieur du Brossay, accompagné de l’avocat du Roi et d’un greffier, remplit sa commission. «... Nous sommes descendus, dit-il, aux lieux où sont sittués les dits marais et petite Garenne, joignant le bastiment encommencé de l’église et couvent des dits religieux, les quels marécages avons veu donner d’un boult au pont de la Garenne, qui sert pour aller du fauxbourg (Saint-Patern) à Calmont, d’autre boult au pont de pierre qui sert pour aller de la dite haulte Garenne au moulin à papier et aux moulins du Duc, d’un costé au bas et tout le long de la dite haulte Garenne, et de l’autre costé à la petite Garenne et à la pièce de terre octroyée cy-devant ausdits religieux ; les quels marais et marécages avons veu chargés de jonchées, vasières, et autres mauvaises herbes infructueuses, et dans iceux avons veu un canal qui vient des dits moulins du Dnc, et descend au moulin de la ville ; avons aussy veu que la motte appellée la petite Garenne est sans labour ny prairie, non hayée ny close, et est joignante d’un costé ausdits marais, d’aultre costé à jardins du dit fauxbourg, d’un boult au dit moulin à papier, et de l’aultre boult à la dite pièce de terre où est encommencé le bastiment de l’église ;

« Et procédant au mesurage des dits marais, noble homme Jacques Gouyon, sieur de la Ville-Morel, priseur noble et arpanteur, demeurant en cette ville, nous a rapporté qu’ils contiennent cinq journaulx ; et ayant aussi fait mesurer la petite Garenne, nous a rapporté qu’elle contient deux journaulx.

Et (les anciens du quartier) ont tous dit que de toute leur connoissance ils ont veu, et ont ouy dire à leurs prédécesseurs...  que la dite petite Garenne et les marais ont esté toujours communs, et en mesme estat qu’ils se voient à présant, sans estre labourés, cultivés, ny ensemencés, et sans aucun revenu ny profit... ».

Après avoir pris connaissance de ce procès-verbal, le Roi donna les lettres patentes qui suivent :

« Louis (XIII), par la grâce de Dieu, Roi de France et de Navarre, à tous présens et à venir, salut. Voulant gratiffier et traitter favorablement nos chers et bien amez les religieux Frères Prescheurs réformés, de l’Ordre de Saint-Dominique, de nostre ville de Vannes en Bretagne, et leur donner moyen de parachever leur église et convant de Saint-Vincent-Ferrier, patron de la dite ville, en son vivant religieux du dit ordre, nous leur avons, pour ces causes et autres à ce nous mouvans, donné, octroyé, ceddé, quitté, transporté et délaissé, et de nostre grace spéciale donnons, octroyons, ceddons, quittons, transportons et délaissons, par ces présentes signées de nostre main, les places et lieux qui sont au derrière de leur couvant, vulgairement appelés les courtilles, garaines et marais, terres vaines, vagues et inutiles, qui de mémoire d’homme n’ont esté labourées ny cultivées, ainsi qu’il nous est apparu par le procès-verbal du sénéchal du dit Vannes, en date du 29ème jour de décembre dernier, cy attaché soubs nostre contrescel, pour les dites places et lieux jouir et disposer par les dits religieux comme de leur propre chose et vray héritage, sans en rien retenir ny réserver par nous, sinon le ressort, jurisdiction et souveraineté, à condition qu’ils seront tenus de dire et célébrer, par chacun an et à perpétuité, deux messes hautes pour nous et nos successeurs Roys, aux jours de saint Louis et du Saint-Sacrement, et de payer les droits seigneuriaux, cens et rentes, qui peuvent estre deuz sur ces places et lieux.

« Si donnons en mandement à nos amez et féaux conseillers, les gens tenant nostre Cour de parlement de Rennes, gens de nos Comptes à Nantes, trésoriers de France et généraux de nos finances au dit Nantes, et autres nos justiciers  et officiers qu’il appartiendra, que nos présentes lettres de don, octroy, cession et transport ils facent registrer, et de l’estat et contenu d’icelles facent, souffrent et laissent les dits religieux Frères Prescheurs du dit couvant de Vannes jouir, et user plainement, paisiblement et perpétuellement, cessans et faisans cesser tous troubles et empeschemens à ce contraires : car tel est nostre plaisir. Et afin que ce soit chose ferme et stable à toujours, nous avons faict mettre notre scel à ces présentes, sauf en autres choses nos droicts, et l’autruy en toutes.

Donné à Paris, le 6ème jour de febvrier, l’an de grace 1635, et de nostre règne le 25ème. Louis. Par le Roy : Bouthillier » (Domin. — Orig. parch. — Sceau de Majesté).

Ces lettres furent vérifiées au Parlement le 4 avril et à la Chambre des Comptes le 26 juin 1635. Le gouverneur de Vannes, Pierre de Lannion, par acte du 2 mai de cette année, renonça à la jouissance de ces terrains, moyennant deux services solennels par an, à célébrer aux fêtes de saint Pierre et de saint Vincent Ferrier. La prise de possession des terrains donnés eut lieu le 6 août 1635.

En prévision de la donation royale, les Frères Prêcheurs et l’économe de Saint-Nicolas avaient, dès le 14 février 1635, fait un arrangement pour la rectification de leurs limites communes.

Le traité porte :

« Que la muraille qui séparera le jardin de l’hôpital de la prée des religieux sera faicte de neuf à fraiz communs, à prendre dans la dite prée depuis la brèche qui est en la muraille du dit jardin, et continuer droit tout le long du dit pré et marais jusques à une fosse qui est à costé de la périère nouvellement faicte par les dits Pères, auquel lieu feront planter bornes en l’un et l’autre bout, pour marquer le partage, par lequel tout ce qui est depuis les dites bornes jusques au Pont-Carré demeurera privatif au dit hospital ; le parsur du dit marais jusques au chemin ordinaire qui conduit de la Tannerie à la maison du Verger et à la Garenne demeurera aux dits Pères.

« Et est en oultre accordé que les dits religieux laisseront au dit hospital les murailles antiennes à eux appartenantes qui séparent leur enclos de celuy du dit hospital, parceque les Filles religieuses feront faire la muraille sur laquelle elles feront bastir, et ne seront les dites filles obligées d’en faire qu’à leur nécessité et volonté seulement ; la quelle muraille sera tirée le plus droictement que faire se pourra, sans incommoder les dits religieux, qui pourront enchasser et atacher à la muraille et bastimant (projeté) des dites filles l’un des piliers de la porte chartière qui sera auprès de leur église ; ce qu’ils feront sans auculnement incommoder le bastimant du dit hospital et à leurs fraiz.

Et sera le présent concordat et partage exécuté de part et d’autre, quelques dons ou expéditions que les uns ou les autres puissent avoir obtenus et concoureront au don qui leur en sera faict selon le partage cy dessus déclaré, sans aucun remboursement de fraiz ; lequel a esté faict en présence de Mgr le Révérendissime Evesque de Vennes, MM. les président, alloué et lieutenant du Présidial, M. le procureur du Roy et syndic. Faict au couvent des dits Frères Prescheurs, ce jour de mercredy 14 febvrier 1635. Signé : Sébastien de Rosmadec, Ev. de Vennes. — De la Couldraye. — Salmon. — Colombel, procureur syndic. — Authueil, économe. — Fr. Julien Hellot, humble vicquaire. Fr. Guérot. — Fr. Jean Geffrard, procureur syndic. — Tual, not. roy. — Le Bras, not. roy. ».

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SUITE

Les religieuses, mentionnées dans ce traité, étaient les Augustines de la Miséricorde de Jésus, qui venaient d’être appelées de Dieppe pour desservir l’hôpital de Saint-Nicolas de Vannes.

Elles se proposèrent bientôt de faire des constructions considérables et de réclamer même quelques parcelles de terre à leurs voisins les Frères Prêcheurs, comme le prouve la transaction suivante : « Le 29ème jour d'aoust 1640..., entre les religieuses Hospitalières de l'Hostel-Dieu de Vennes..., et les religieux du couvent de Saint-Vincent... s’est fait le présent acte, par lequel, pour esviter aux différends qui estoient sur le point de se mouvoir entr’eux, en exécution des actes qu’ils ont cy devant passés, ils accordent de part et aultre, scavoir :

« Les dits religieux de laisser les dites religieuses bastir une longère de logeix, à commencer au bout de leur église (de Saint-Nicolas), et porter à 102 pieds de longueur, et de leur laisser prendre sur leur fonds, le long de l’ancien bastimant et muraille contiguë, dix piedz de francq, dont le mesurage a esté présentement fait ; les dits Pères pouront attacher à la cotalle du dit bastimant des gonds ou affiches pour fermer leur porte chartière ;

« Accordent pareillement les dits Pères que les religieuses auront les veues nécessaires dans la longère de leur dit bastimant sur le fonds des Pères, et fenestres ouvrantes, avec grilles au dehors, à six pieds au dessus du plancher ; oultre accordent et promettent les dits Pères de ne prendre aucune veue, soit par portes ou fenestres du costé des religieuses...

« Les dits Pères consentent ausdites religieuses qu’elles prennent l'enlignement du mur de leur jardrin au plus droit que faire se pourra, sans incommoder la voye de leur charrette ; et oultre ils délaissent à perpétuité ausdites religieuses une quantité de terre en leur jardrin, à commancer du palier quy est au dessus de la porte du dit jarcdrin, et estre tiré à droite ligne à vis d’une saule estant au bas d’icelluy, et de la dite saule à la mesme ligne jusques au hault de la montagne apellée la Garenne...

« Les dits religieux et religieuses feront à communs frais la muraille d’entr’eux, à commancer d’un pilier de bois et conduire jusques au hault de la dite Garenne, laquelle sera de douze pieds de haulteur, et le fonds d’icelle pris par moitié sur leurs héritages...

« Les dites religieuses ont promis, pour retour et rescompanse de ce quy leur est baillé et accordé par les dits Pères, les libérer et afranchir vers le dit Hostel-Dieu de la somme de 8 livres de rente foncière et annuelle...

Faict et gréé soubs leurs signes les dits jour et an. De Launay, not. roy. — Le Faucheux, not. roy. ».

D’un autre côté, les Jacobins, dans le but de compléter les édifices de leur couvent, continuaient à acquérir les jardins et les maisons de la rue du Four. Peu à peu ils eurent toute la rue du côté du midi, sur une longueur de 354 pieds.

En 1669, ils entreprirent la construction d’un pavillon, et passèrent à ce sujet le contrat suivant ; « Le 13ème jour de febvrier 1669, devant nous notaires royaux ont comparu les RR. PP. du couvent de Saint-Vincent de Vennes... d’une part, et honorable homme François Cosnier, maistre architecte, demeurant en la rue de la Porte Nostre Dame, paroisse du Mené, d’autre part ; entre les quelles parties s’est faict l’acte qui ensuilt, pour et touchant la construction du pavillon, que les dits religieux désirent faire au boult de leur maison, duquel pavillon les fondements sont creuzés, suivant les plans et dessins que le dit Cosnier a mis aux mains des dits religieux.

« Par le présent marché, le dit Cosnier s’oblige de conduire le dit pavillon, faire les murailles, avecq les portes, fenestres, et cheminées, les entablements pour supporter les coyaux, lequel entablement sera avecq modillons et corniche au dessus ; outre ledit Cosnier s’oblige de faire les fenestres qui regarderont le midy, l’orient et le nord, lesquelles seront de pierres de taille, et les trois coins du pavillon seront pareillement de pierres de taille, et fera un rang de plinthe de pierres de taille autour du dit pavillon, à hauteur d’appuy de chaque estage, lequel sera du tuffeau, comme aussi l’entablement et les plattes bandes des fenestres ;

« Les murailles du dit pavillon auront trois pieds d’épaisseur jusques au premier estage, et seront faites en diminuant au surplus à proportion de l’élévation du dit pavillon, lequel aura trois estages de hauteur : le premier desquels aura unze pied soubs poutre, auquel estage sera la cuisine, eslevée au dessus du cloistre d’un pied pour le moins ; le second estage au dessus de la dite cuisine aura neuff pieds soubs poutre ; et le troiziesme estage huict pieds et demy soubs poultre ; fera aussi les quatre lucarnes qui seront au grenier, lesquelles seront de tuffeau.

« Pour les susdites oeuvres, les dits religieux fourniront au dit Cosnier tous matériaux requis et nécessaires, rendus sur les lieux..., mesme l’échafaudage, et ne sera le dit Cosnier tenu et obligé que à l’oeuvre de main seulement, et à bien et deubment conduire le dit bastiment ; à quoy il commencera à travailler de jour en autre, et continuer incessament jusques à perfection du dit oeuvre : pour lequel les dits religieux lui pairont la somme de huict livres pour chasque toise, tant plain que vide, à raison de huict pieds en carré pour chasque toise, et sera payé à proportion que l’oeuvre du bastiment s’avancera...

« Faict et gréé au dit couvent, soubs les seings des dites parties et les nostres, les dits jour et an.  Signé : Fr. Jean Hory, humble prieur. — Fr. Jean Odyé. — Fr. Isaac du Pleisseix, procureur. — F. Cosnier. — J. Salomon, not. roy. — Gobé, not. roy. ».

Les travaux, commencés en 1669, furent achevés en 1670, comme le prouvent les reçus successifs donnés par M. Cosnier.

La construction de ce pavillon n’avait pas été une affaire de luxe, mais une entreprise nécessaire. La communauté comptait, en 1666, vingt-sept religieux présents au chapitre ; à ce chiffre il faut ajouter nécessairement quelques novices, quelques frères convers, et peut-être même quelques domestiques, et l’on se demande comment on pouvait loger tout ce monde dans une maison qui devait avoir d’abord une cuisine, un réfectoire, un chapitre, une bibliothèque, etc... Avec ce nombreux personnel on pouvait chanter les offices avec dignité, acquitter de multiples fondations, et fournir des prédicateurs aux paroisses qui en demandaient.

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FONDATIONS

Une grande partie des archives des Dominicains se compose d’actes de fondations de services religieux. Il est donc nécessaire d’en donner ici un résumé, qui, malgré son aridité, pourra fournir quelques noms ou quelques particularités intéressantes.

Après les services, fondés par le seigneur du Plessis, par le Roi de France, et par Pierre de Lannion, déjà cités, on trouve :

Le 28 juillet 1635, le don de 81 sillons de terre, situés à l'île-d'Arz, fait par Gillette Le Luhern, à la seule condition de participer aux prières de la communauté. 

Le 10 août 1635, fondation de trois messes basses par semaine, pour Jean de Rosmadec, seigneur de l'Espinay, moyennant une rente constituée de 400 livres.

Le 8 octobre 1635, fondation de trois messes de Requiem par Françoise Cinquevin, veuve Manceau, pour une prairie située entre le chemin du Grador et la route de Bennes.

Le 21 mai 1636, fondation d’une messe basse tous les vendredis par Faby Général et sa femme, à fixer au jour de sa mort, moyennant un capital de 300 livres à placer.

Le 5 janvier 1638, fondation par Jeanne Durand, veuve Général, de deux messes basses par semaine, l’une au couvent, l’autre à la prison, pour 600 livres à placer.

Le 9 août 1638, fondation par Pierre de Larlan et sa femme, d’une messe de Requiem chantée chaque semaine, moyennant une rente de 100 livres.

Le 7 octobre 1638, fondation par Guillaume Lamour, prêtre, d’une messe annuelle et solennelle de Requiem, moyennant un capital de 60 livres à placer.

Le 17 novembre 1639, fondation par Alainette Le Marchand, veuve de Jean Olivier, d’une messe le 3ème vendredi de novembre, moyennant un capital de 60 livres à placer.

Le 10 août 1640, testament de Vincente Gaincru, fondant six messes basses par an pour 300 livres.

Le 26 janvier 1641, fondation par Jacques Sorel, seigneur du Boisdelasalle, de 3 obits solennels, de messes et de prières, moyennant une rente de 100 livres.

Le 6 août 1641, fondation par Marguerite Greneiche, dame du Parc, de plusieurs messes à dire à la prison, aux fêtes gardées, pour un capital de 360 livres.

Le 7 juin 1642, fondation par Olivier Bigaré, sieur de la Landelle, d’une messe basse par semaine, moyennant un capital de 400 livres à placer en rentes.

Le 6 février 1643, fondation par Julienne Le Didrouc (ou Didronc), veuve Dano, d’une messe de Requiem à chanter le 2ème vendredi de février, moyennant un capital de 60 livres.

Le 6 juillet 1644, fondation par Barbe Le Joubioux, veuve Houet, de deux messes basses par semaine, pour le don de sa maison et de son jardin touchant le four ducal.

Le 26 juillet 1645, fondation par Louise Floho, veuve, d’une messe par mois, moyennant une rente de 6 livres sur sa maison au haut de la Grand’rue.

Le 13 décembre 1646, fondation par Yvonne Martin d’un service, d’une messe basse chaque vendredi, avec lecture de la Passion, pour une rente de 25 livres sur ses biens.

Le 9 février 1647, fondation par Jeanne Rozé, veuve Armel Ridant, de 9 messes chantées et 9 messes basses, à jours fixes, moyennant un capital de 600 livres à placer.

Le 3 avril 1647, fondation par Mgr Séb. de Rosmadec, évêque de Vannes, d’une messe basse tous les lundis, moyennant une rente constituée de 150 livres.

Le 30 mai 1647, fondation par Thomas Authueil, notaire, et sa femme, de 24 messes par an, moyennant une rente de 8 livres et une perrée de froment par an.

Le 1er octobre 1647, fondation par Françoise Mahé, veuve Lubin de Kergrain, d’une messe basse chaque mercredi, moyennant un capital de 400 livres augmenté en 1652.

Le 10 octobre 1647, fondation par Jeanne Le Bodo, veuve Gourden, de 5 messes de Requiem, chantées à jours marqués, pour un capital de 120 livres.

Le 3 lévrier 1648, fondation par Jacques Sorel du Boisdelasalle, d’un nouvel obit et d’une messe basse, moyennant un capital de 100 livres à placer.

Le 27 novembre 1652, fondation par Jean Collin, boucher, de 3 messes chantées au 23 juin, veille de saint Jean, pour un capital de 100 livres.

Le 11 mai 1653, fondation par Yvonne Le Net, dame de Kermarquer, de cinq messes à jours fixes, moyennant un capital de 240 livres à placer.

Le 31 juillet 1653, fondation par Anne du Verger, dame de Saint-Denac, de trois messes basses par an, moyennant la somme de 300 livres à placer.

Le 26 octobre 1653, fondation par François de Loénan, seigneur de Kergonano, de 13 messes par an, moyennant un capital de 300 livres à placer.

Le 27 décembre 1653, don fait par François Marion et Julienne Pécart, d’une maison et jardin situés à Meucon, à la charge d’une rente de 69 sous.

Le 15 juillet 1654, fondation par Macé Le Joubioux, d’une messe basse de Requiem et de quelques prières, moyennant un capital de 300 livres.

Le.... 16.. fondation par Mme de Rosmec? de vingt-quatre messes basses par an, moyennant un capital de 400 livres à placer en rente.

Le 31 mars 1657, fondation par Mathurin Bonnefoy, d’une messe basse tous les mercredis, moyennant une rente de 25 livres franchissable pour 500 livres. 

Le 2 avril 1659, fondation par Jeanne de Livillion, veuve Magrenon, de messes et services, moyennant un capital de 400 livres à placer en rente.

Le 10 mai 1660, fondation par Louise Le Berrigaud, femme Fauconnier, de 15 messes et de 2 expositions du Saint-Sacrement, pour un capital de 300 livres. 

Le 15 novembre 1660, fondation par Jeanne Lorho, veuve Mallette, de 12 messes basses et de prières, moyennant un capital de 312 livres à placer.

Le 12 mai 1662, fondation par Jeanne Guillerme de 6 messes basses par an, pour 60 livres.

Le 14 novembre 1662, fondation par François Pédrault de 3 messes chantées, pour une rente de 10 livres.

Le 13 décembre 1662, fondation par Marie du Plessis de 12 messes par an, pour une rente de 12 livres.

Le 13 mars 1665, fondation par Jeanne Launay, veuve, de 2 messes par an, pour un capital de 60 livres.

Le 31 août 1665, fondation par Catherine de Francheville de 156 messes par an, pour une rente de 60 livres.

Le 10 septembre 1665, fondation par Nicole Le Brigand, veuve Marion, de deux services, pour 120 livres.

Le 20 septembre 1665, fondation par Jean Le Fur de 9 messes chantées, pour une rente de 11 livres 5 sous.

Le 1er mai 1666, fondation par Julienne Danet de 10 messes par an, pour un capital de 100 livres.

Le 20 Mai 1667, fondation par M. Olivier Le Gabo, prêtre, de 104 messes par an, pour une rente de 45 livres.

Le 8 novembre 1667, fondation par Michelle de Brenugat de 52 messes, pour un capital de 400 livres.

Le 25 août 1668, fondation par M. Guill. Le Belleguic, prêtre, de 12 messes, pour un capital de 120 livres.

Le 28 août 1668, fondation par Anne de Trégouet de 52 messes par an, pour une rente de 25 livres.

Le 23 juillet 1669, fondation par Perrine Trévalinet de messes et services, pour un capital de 700 livres.

Le 16 mai 1670, testament de Bertranne Gouyon, de Kersape, fondant 52 messes, pour une rente de 25 livres.

Le 28 mai 1670, fondation par Susanne Guyot de 52 messes par an, pour le pré de Saint-Goustan, prés Muzillac.

Le 27 janvier 1671, testament de Mathurin Dusant, notaire, et de sa femme, fondant des services et des messes, pour un capital de 100 liv. et une maison rue du Four.

Le 10 juin 1673, fondation par Guillaume Le Vaillant, de 64 messes et de prières, pour 360 livres et une maison à la Boucherie.

Le 24 mars 1674, fondation par Michelle Fourché, tertiaire, d’une messe chantée, pour une rente de 6 livres.

Le 19 avril 1675, fondation par Grégoire Guillo du Bodan, de 12 messes chantées, pour un capital de 400 livres.

Le 27 novembre 1675, testament de Julien Salmon, sieur de Kerbloy, confirmant une fondation de messes.

Le 22 juillet 1679, fondation par Jacq. de Quifistre, de Trémoar, de 12 messes chantées, pour une rente de 90 livres.

Le 20 novembre 1682, fondation par les époux Le Corre de 48 messes, pour leur maison et jardin à pont Pallec.

Le 16 janvier 1686, fondation par Vincente Le Net de 20 saluts et messes basses, pour une rente de 75 livres.

Le 29 octobre 1686, fondation par les époux Truscat de 9 messes basses, pour une rente de 9 livres.

Le 13 novembre 1692, fondation par Jeanne Auffray d’une messe chantée, pour un capital de 30 livres.

Les autres fondations appartiennent au XVIIIème siècle.

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SEPULTURES

Voici quelques-unes des principales sépultures faites dans l’église des Frères Prêcheurs de Vannes :

Faby Général, mort en 1637.

Pierre de Larlan, seigneur de Lanitré.

Trois dames Sorel du Boisdelasalle et de Salarun.

Pierre Pélisson, enquêteur au Présidial, inhumé le 18 septembre 1648.

Louise de Baud, femme du notaire Authueil, 17 sept. 1649.

Jacques Sorel, sgr du Boisdelasalle, etc... 12 juin 1652.

Thomas Authueil, notaire et procureur, 15 mars 1653.

Jean Prud’homme, sieur de Lesnaré, inhumé le 9 oct. 1654.

Nicolas Thomazo, chirurgien, inhumé le 24 novembre 1658.

Sébastien de Rosmadec du Plessis, fondateur, 19 avril 1659.

Jean Sorel, sgr de Salarun et du Laz, 30 juin 1659.

Louise de Rosmadec, dame de Pontmenard, 6 sept. 1659.

Sébastien de Rosmadec, sr de Cormenan, 1er juillet 1660.

François Henry, sr de La Chesnaye, 20 novembre 1667.

Jacques Gouyon, sr de la Ville-Morel, 9 janvier 1667.

François de Rosmadec, des Ferrières, 4 novembre 1670:

Charles de Rosmadec, prieur d'Ambon, 16 septembre 1671.

Renée d'Aradon, dame du Vieux-Châtel, 30 janvier 1672.

Il paraît qu’à cette époque les religieux empiétaient parfois sur les droits des recteurs vis-à-vis des malades et des morts.

Voici en effet le texte d’un arrêt du parlement de Bretagne du 23 mai 1672.

« Entre les humbles et dévots Prieur et religieux Dominicains du convent de Saint-Vincent de Vennes, appellans de sentence rendue par les juges présidiaux du dit Vennes, le 18 décembre 1671, d’une part, et vénérable et discret Messire Raymond Le Doulx, prestre, chanoine de la cathédralle de Saint-Pierre et recteur de la paroisse de Saint-Patern, intimé, d’autre part.

Veu... Ouy le substitut du procureur général du Roy ;

La Cour... faisant droit au principal, a maintenu et maintient l’intimé et tous autres recteurs au droit d’administrer les sacremens à ceux qui se sont retirés dans les maisons religieuses, situées dans l’étendue de leurs paroisses, autres que les réguliers et domestiques à gages, et à faire les levées des corps des deffuncts, et mesme les faire inhumer dans leurs églises paroissiales, s’il n’y a testament des décédés ou délibération des parents à ce contraires ;

Fait deffense aux appellans de troubler à l’advenir l’intimé en ses fonctions curialles, et pour la faulte par eux commise, les a condemnez en six livres d’aumosne, applicable à l’église du dit Saint-Patern, et en une moitié des despens des causes principal et d’appel, l’autre moitié compensée ;

Et faisant droit en l’incident de requeste, après la déclaration de l’intimé de ne prétendre aucun droit de passage pour les corps des deffuncts qui passeront dans l’étendue de sa paroisse, pour estre inhumez en d’autres lieux, a débouté les réclamans de leurs demandes, fins et conclusions, et les condemne aux despens de l’incident ; ordonne la dite Cour que la requeste demeurera supprimée au greffe comme injurieuse, et qu’à la diligence des substituts du procureur général du Roy le présent arrest sera leu et publié partout où besoin sera, à ce que personne n’en ignore. — Le Clerc, greffier ».

Pour se consoler de cet échec partiel, les religieux firent reconnaître par le même parlement, le 11 mars 1675, leur droit d’assister aux sépultures et conduites des corps, quand ils en seraient requis, et de faire transporter directement de la maison mortuaire à leur chapelle, sans passer par l’église paroissiale, les corps des défunts qui auraient choisi leur sépulture chez eux : c’était du reste l’application littérale des lois de l'Eglise sur cette matière.

Après ces incidents, il faut reprendre la suite des inhumations.

Jean Michiel, sr du Prat, 24 ans, inhumé le 4 septembre 1674.

Julien Bégaud, sr de Bléhano, inhumé le 27 février 1675.

François de Quélen, de Plouha, inhumé le 13 avril 1677.

Franç.-Jacq. de Quifistre, sr de Trémoar, 24 juillet 1679.

Marie Héno, dame de Kerbot, inhumée le 11 février 1684.

Christophe Bédée, sr de Basseville, 3 janvier 1685.

Sébastien Millon, sieur des Salles, 15 juin 1686.

Jean-Baptiste du Couldray, sr de Condé, 17 décembre 1688.

Pierre Kermasson, sr de Bourgerel, avocat, 22 nov. 1689.

François Gouyon, sr de Couespays, 21 septembre 1692.

François Le Sénéchal, chanoine régulier, 12 juillet 1695.

Louis Le Boudoul, sr du Baudory, 23 janvier 1701.

Nicolas de Caradeuc, sr de la Bellangerie, 15 janvier 1702.

Perrine-Henriette du Foussé, veuve Gouyon, 19 avril 1702.

Joseph Kermasson, sr de Bourgerel, avocat, 28 sept. 1708.

Grégoire Guillo, sr du Bodan, inhumé le 1er décembre 1716.

Avant d’aller plus loin, il est bon de remarquer qu’en 1719 parut un arrêt du parlement de Bretagne, défendant d’inhumer désormais dans les églises et chapelles, sauf ceux qui auraient un droit d’enfeu bien établi. Les lieux saints étaient devenus de véritables cimetières, et l’arrêt du Parlement fut à la fois une mesure de salubrité publique et un retour à l’ancienne discipline ecclésiastique. Les Dominicains avaient déjà un cimetière, mentionné vers 1673 ; et à partir de 1720 ils le mirent plus particulièrement à la disposition des personnes qui, n’ayant pas d’enfeu dans leur église, désiraient néanmoins reposer dans le voisinage du lieu saint. Voici, pour finir, quelques-unes des sépultures, qui se firent soit dans l’église soit dans le cimetière des religieux :

Jeanne-Valentine de Talhoet, Vicomtesse du Grégo, 30 avril 1720.

Marguerite Chohan, dame de Moncam, 16 octobre 1723.

Julienne Sesbouez, femme Le Mière-Desplaces, 2 janv. 1727.

Hélène Baude du Val, dame du Baudory, 25 décembre 1728.

Pauline Huchet, femme de François de Coué, 11 fév. 1734.

François-Louis Boudoul du Baudory, ex-major, 20 janv. 1737.

Jeanne de Robien, veuve du Bot du Grégo, 26 juin 1737.

Marguerite de Muzillac, marquise du Chastel, 14 sept. 1738.

Vincente de Caradeuc, veuve Le Mintier de Léhellec, 18 septembre 1713.

Anne-Louise de Kervazic, dame de la Caunelaye, 31 janv. 1745.

Marie-Hiéronyme Le Mintier de Léhellec, 14 Juin 1746.

Jean-Bapt. Houet, sr de Chênevert, procureur, 13 juin 1755.

Vincent Kermasson, sr de Bourgerel, 14 juillet 1756.

Julien-Nicolas Jamet, greffier du Présidial, 27 mai 1775.

(Registres de Saint-Pierre.)

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ROSAIRE

Tout le monde sait que la prière du Rosaire remonte à saint Dominique, qui l’employa avec succès à la conversion des Albigeois. Les Frères Prêcheurs propagèrent ensuite cette dévotion dans toute l'Eglise, et obtinrent du ciel par ce moyen des grâces merveilleuses. Ils s’appliquèrent partout à obtenir, non seulement la récitation privée du Rosaire, mais encore la récitation publique, et fondèrent dans ce but d’innombrables confréries.

La confrérie du Rosaire, chez les Dominicains de Vannes prit naissance en 1703, et l’acte qui en fut dressé mérite d’être publié, pour montrer l’organisation de la société.

« Par devant les notaires royaux, héréditaires et aspostoliques de la cour, sénéchaussée et évêché de Vannes... ont comparu les RR. P.P. prieur et religieux dominicains du couvent de Saint-Vincent de cette ville de Vannes, représentés ès personnes du R. P. Julien Huet, prieur, des RR. PP. Chedemail, Alexis Racouet, Charles Châtel, Georges Fourier, Léonard Betten, Guillaume de la Pommeraye et Guillaume Moisan, en leurs noms et faisant pour les autres religieux du dit couvent, capitulairernent assemblés... d’une part ; et Gilles Michel, architecte, Jean Le Ray, marchand drapier, Julien Le Quinio, Me Julien Désalleurs, procureur, escuyer François Molezan, Me Jacques Bréguéro, Me Jean Pezdron, commis au greffe, Pierre Marion, tailleur d’habits, Pierre Tual, cordonnier, Julien Le Breton, drapier, Pierre Gouaillon, marchand tanneur, Me Guillaume Le Floch, etc .. faisant tant pour eux que pour les autres qui ont mis et mettront leurs noms en la société et confrérie du saint Rosaire, établie et érigée dans le dit couvent, d’autre part ;

« Entre les quels s’est fait le présent acte et traité, pour durer et valoir entre eux et leurs successeurs ; après qu’il a été reconnu que les dits confrères voulant s’acheminer à une plus haute perfection et s’attirer la protection de la sainte Vierge, ont convenu de s’assembler tous les dimanches et festes au dit couvent, pour y faire des prières et exercices de dévotion, et recevoir à cette fin des dits religieux les instructions et secours dont ils auront besoin : ce que les dits religieux voulant bien accepter et secondant l’intention et la piété des dits confrères, il a esté entr’eux convenu et arresté :

« Que les dits Pères prieur et religieux donneront une place commode et convenable dans leur couvent, où les confrères s’assembleront tous les dimanches matins de l’année et les festes commandées de l'Eglise, et y entreront, scavoir, depuis Pasques jusques à la Toussaints à 5 heures du matin, et depuis la Toussaints jusques à Pasques à 6 heures du matin ; et aussi tous les dimanches à midy, fors pendant l'Avent et le Caresme, que l’on y entrera que le matin seulement, et que le tout se fasse en sorte que les dits confrères puissent assister au service divin en leurs paroisses. 

2° « Tous les dits jours de dimanches et festes commandées, le Père qui aura particulièrement le soin et la direction, de la dite société dira une messe à basse voix à l’intention de tous  les confrères, qui sera précédée d’une exhortation ; et en cas de maladie ou autre empêchement du dit Père directeur, la dite messe sera dite et l’exhortation faite par un des autres religieux du dit convent.

3° « Que le dimanche de la Pentecoste prochaine (27 mai), jour de l’ouverture de la société et confrérie, les dits religieux chanteront une messe solennelle, ce qu’ils feront annuellement le mesme jour, avec exposition et procession du Saint-Sacrement, lorsqu’on en aura obtenu la permission, à la quelle procession les dits confrères marcheront en ordre, le cierge en main, avec piété et dévotion, mesme à la procession du saint Rosaire, qui se fait tous les premiers dimanches de chaque mois.

4° « Diront en outre les religieux, à la susdite intention, quatre messes à chant et solemnelles par chacun an, les jours qui seront désignés par le conseil de la dite confrairie ; fourniront aussi les religieux tous les ornements, comme chasuble, aube, calice, garniture d’autel, à la réserve des cierges, qui seront fournis par les confrères ; et se trouveront les dits religieux aux heures d’assemblées du matin en nombre suffisant pour confesser les dits confrères, et principalement les jours de communion générale, qui seront tous les premiers dimanches de chaque mois de l’année, à moins que pour raison elle ne soit renvoyée par l’avis de l’assemblée à un autre jour du mois : les quelles communions se feront dans l’église du dit convent, où les confrères iront en ordre, le cierge en main, avec toute la modestie et la dévotion possible.

« Et pour toutes les choses cy-dessus spécifiées, tant pour la rétribution des messes que pour les autres fonctions, il sera payé par les confrères de la dite société à la communauté des religieux, par chacun an, la somme de 150 livres, payable par demie année, comme elles eschoiront, à compter du dimanche de la Pentecoste prochaine, 27 du présent mois. A l’exécution de tout quoy les dites parties s’obligent, et aux dits noms, sur tous leurs biens meubles et immeubles, présents et futurs ..

« Fait à Vannes, au dit couvent de Saint-Vincent, sous les seings des dits religieux et des dits confrères... ce jour 26 de may 1703, après midy. Poissemeux, not. roy. ap — Le Clainche, not. roy. ap. ».

Le 19 juillet de la même année, le conseil des confrères décida que les Dominicains seraient priés d’assister à l’enterrement des membres associés, qu’une messe serait dite immédiatement dans leur église pour le défunt, et qu’on y ferait cinq sonneries depuis le décès jusqu’au service : pour tout quoi, on paierait 7 livres 4 sous aux religieux.

Le 15 octobre 1703, le pape Clément XI accorda une indulgence plénière aux confrères : 1° le jour de leur entrée dans la société, 2° à l’article de la mort, 3° à la fête principale de la confrérie, 4° à quatre autres fêtes à choisir par les confrères et à approuver par l'Evêque.

Or Mgr d'Argouges, sur la proposition des membres, approuva le choix du jour de la Pentecôte comme fête principale, et des jours de la Conception, de l'Annonciation, de saint Jean-Baptiste et de saint Michel, comme fêtes accessoires.

A la suite de la confrérie du Rosaire, on peut placer les rares fondations faites pendant le XVIIIème siècle.

En 1703, fondation des Quarantes Heures pour la Toussaint et les deux jours suivants, avec exposition, grand’messe, salut, etc... moyennant un capital de 700 livres.

Le 20 novembre 1703, fondation par Marie-Françoise Miniac, de 52 messes par an, pour une rente de 25 livres.

Le 27 juin 1713, fondation par Pierre Le Thieis, sr de Keraudren, de l’octave du Rosaire, pour un capital de 350 liv.

Le 27 juillet 1737, fondation par Jeanne Rousseau, de la fête de sainte Anne et d’un service, pour 700 livres. 

Le 23 mai 1746, fondation par Perrine Desné, d’une exposition et d’un service, moyennant 200 livres.

Voilà tout ce qu’il a été possible de recueillir, en fait de fondations, pendant le XVIIIème siècle. En admettant même d’autres fondations, restées ignorées, quelle pauvreté pour ce siècle, comparé au précédent ! La cause en était dans l’affaiblissement de la foi et dans les progrès de l’impiété. 

Les Ordres religieux eux-mêmes en subissaient le contrecoup : les tracasseries administratives se multipliaient, les vocations devenaient plus rares, l’émulation dans la vertu s’affaiblissait, et le relâchement commençait à s’introduire dans bien des maisons.

Les Dominicains de Vannes, qui étaient une trentaine en 1658 et 1666, n’étaient guère qu’une quinzaine en 1703, et ils seront réduits à sept en 1790.

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REVOLUTION

A la veille de la Révolution, les Dominicains subirent une expropriation partielle. Comme il s’agissait du bien général, ils l’acceptèrent avec résignation.

Pour sortir de Vannes ou pour y entrer, du côté de l’est, il n’y avait alors que la Grand'rue et la rue du Four ; la première se ramifiait vers l'hôpital-général, vers l’étang du Duc, et vers la Tannerie, la seconde se continuait par la Petite-Garenne jusqu’à la Tannerie. Or toutes ces rues montaient ou descendaient la colline de Saint-Patern. C’était un inconvénient, sans importance pour les piétons, mais plus grave pour les voitures, dont l’usage se répandait de plus en plus. Pour tourner la colline et avoir une route unie, il n’y avait pas d’autre moyen que de passer par l’enclos des Frères Prêcheurs.

Dès 1758, on traça cette nouvelle voie, qui s’appelle aujourd’hui la rue du Roulage, et qui est indiquée sur le plan par deux lignes pointillées. Il paraît que les formalités préliminaires et les premiers travaux durèrent assez longtemps, puisqu’on n’arriva qu’en 1785 aux abords du couvent. Le 19 septembre de cette année, les religieux reçurent sommation de démolir la maison située à l’est de leur pavillon et servant de logement au fermier de leur enclos. Ils le firent dès le printemps de 1786, et avec les matériaux ils reconstruisirent la maison située près du perron de leur église, portant, vers la fin du XIXème siècle, le No 10.

Cependant la révolution s’avançait de plus en plus menaçante. Le 2 novembre 1789, l'Assemblée nationale mit à la disposition de la nation tous les biens ecclésiastiques, et le 5 février 1790 elle prescrivit de faire un inventaire de tous les biens meubles. Dans l’état, dressé par les Dominicains eux-mêmes le 2 mars 1790, on voit que l’église renfermait l’autel du choeur, et les autels du Rosaire, de Saint-Hyacinthe, de Sainte-Rose, de Bonne-Nouvelle et de Sainte-Catherine, avec leur modeste garniture ; que la sacristie renfermait 5 calices, 1 ostensoir, 1 ciboire, une custode, 1 petit crucifix, 1 croix de procession, 1 boite des saintes huiles, 4 burettes, 2 bassins, 1 encensoir, 1 navette, 4 petits flambeaux, 2 petites statues, 1 reliquaire de saint Vincent, 1 autre de sainte Marguerite, le tout d’argent, sans compter le linge et les ornements ; que la maison avait, au rez-de-chaussée, une menuiserie, une grande salle, une cuisine et un salon, avec le mobilier afférent ; que le premier étage renfermait une infirmerie, une chambre pour les hôtes, et cinq chambres de religieux ; et qu’enfin le second renfermait neuf cellules : le tout pauvrement garni ; la bibliothèque renfermait environ 1,400 volumes de tout format ; le total des revenus de la maison montait à 3,762 livres, et le total des charges à 1,974 livres 17 sous ; il restait donc 1,787 livres 3 sous pour nourrir et habiller les religieux (L. 784).

Les religieux étaient alors :

1° P. François-Hyacinthe Giraudet, prieur, profès en 1751 ;

2° P. Servais-Bonav. Larbre de l'Epinne, profès en 1747 ;

P. Jean Guillard, sous-prieur, profès eu 1760 ;

4° P. Jacques Noirel, né en 1737, profès en 1756 ;

5° P. Vincent-Marie Plaudrain, né en 1741, profès, en 1760 ;

6° Fr. Mathieu Burban ; convers, profès en 1771 ;

7° Fr. Jean Hamonic, convers, profès en 1776 ;

Au mois de novembre 1790, ils furent interrogés par des commissaires civils sur leur volonté de quitter ou de continuer la vie commune. Deux, savoir les PP. Noirel et Plaudrain, déclarèrent vouloir sortir ; les cinq autres persévérèrent, Mais ils furent impitoyablement expulsés le 1er avril 1791, et ils n’eurent la faculté d’emporter que le chétif mobilier de leurs chambres. Ils se retirèrent où ils purent ; le P. Larbre de l'Epinne et le Fr. Burban subirent même la prison. Pendant ce temps on vendit leurs biens.

Le 15 janvier 1791, la métairie de Kernipitur fut vendue à M. du Bodan pour 12,400 livres.

Le 26 janvier 1791, un petit jardin fut adjugé à un sieur Guillemet pour 570 livres.

Le 14 mars 1791, une maison et deux jardins, rue du Puits, furent vendus à M. Tourmante pour 1,740 livres. 

Le 11 janvier 1792, une maison et un jardin, rue de la Tannerie, furent cédés à M. Janin, pour 1,325 livres.

Le 21 avril 1792, deux maisons et un jardin, rue de la Petite-Garenne, furent acquis par M. Salel, pour 735 livres.

Le 3 octobre 1792, une maison située rue de la Concorde ou du Four, fut achetée par M. Quermeleuc, pour 3,000 livres.

Le même jour, la prairie située près du chemin du Grador fut adjugée à M. Josse, pour 1,175 livres.

Le 15 décembre 1792, une maison située rue de la Concorde ou du Four, fut vendue à M. Philippe au prix de 2,950 livres.

Le même jour, la maison neuve près du perron de l’église fut cédée au même acquéreur pour 3,200 livres.

Le 16 octobre 1793, le jardin, le pré, le verger et le bois furent adjugés à M. Pavec, pour 20,400 livres.

Le même jour, le petit jardin du prieur fut vendu à M. Philippe pour la somme de 310 livres.

Le 18 janvier 1795, une maison située près de l’enclos fut cédée au sieur Thomas pour 705 livres.

Le même jour, trois maisons de la Petite-Garenne furent adjugées à M. Le Merle pour 3,055 livres.

Enfin une maison située rue de la Concorde ou du Four, fut vendue à M. Houdiart ; et une autre, de la même rue, conservée comme annexe de la gendarmerie, n’a été aliénée qu’en 1860.

La chapelle fut adjugée à M. Houdiart ; elle devint ensuite un dépôt pour les voitures du roulage, et elle donna ce nom à la rue voisine.

Quant au couvent, il fut affecté au logement de la gendarmerie, et il a gardé cette destination jusqu’en 1860, où une nouvelle caserne fut achevée sur le Champ-de-Foire.

A cette époque, le département du Morbihan était à la recherche d’un terrain pour la construction d’un hôtel de la Préfecture. Le Conseil général jeta les yeux sur l’ancien couvent des Dominicains et particulièrement sur son ancien enclos. Il vota la construction de l’édifice le 24 février et le 31 août 1860 : ce qui fut autorisé par une lettre du 20 juin, et déclaré d’utilité publique par un décret du 28 juillet 1861.

L’ancien jardin des religieux avec partie de l’enclos fut racheté du sieur Quennec, l’ancienne chapelle, du sieur Robo, le jardin de l'Hôtel-Dieu, de M. Claret ; le reste de l’enclos, vers le sud-est, ne fut acquis qu’en 1864 et 1866 de la famille Jollivet-Castelot pour 28,600 francs. 

L’adjudication des travaux de la nouvelle préfecture fut faite le 4 août 1862, au sieur Jean-Marie Normand pour 552,580 francs. Les modifications apportées ensuite au plan primitif firent dépasser ce chiffre. C’est alors que furent démolis le couvent et la chapelle des Dominicains.

J.M. Le Mené

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