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SOCIÉTÉ LAIQUE DES DAMES DE CHARITÉ A VANNES au XVIIème siècle

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Il y a trois siècles, à Pouy, prés de Dax, dans les landes de Gascogne, naissait, d'une famille pauvre, Vincent de Paul.

Saint Vincent de Paul et les Dames de Charité.

Je ne vous énumérerai pas les oeuvres qu'il a fondées, vous les connaissez ; je vous signalerai qu'il débuta, en 1617, par organiser des confréries laïques parmi les femmes pour le soulagement des malades. C'est de cette œuvre, que je veux vous entretenir quelques instants.

A quelle époque cette institution fut-elle fondée à Vannes ? Des recherches historiques dans les Archives départementales, communales et hospitalières du Morbihan nous disent qu'au :

« Au XVIIème siècle, tandis que des administrateurs zélés dirigeaient à Vannes les œuvres de bienfaisance créées ou patronnées par le Roi, une société de Dames, dites de la Charité, veillait avec non moins de dévouement au soulagement des souffrances plus intimes, visitant et soignant à domicile les pauvres malades de la ville et des faubourgs, qui ne pouvaient aller ni à l'Hôtel-Dieu, ni à l'Hôpital général. Pour rendre ces soins plus efficaces, elles songèrent, en 1682, à appeler à leur aide ces Filles de la Charité de l'institut de M. Vincent, dont la réputation croissait de jour en jour ; vivant avec une sobriété et une simplicité remarquables, n'usant point de vin, se passant de domestiques, élevées, d'ailleurs, dans l'ardent amour du sacrifice et de l'abnégation, elles étaient naturellement désignées pour ce poste de combat contre les misères cachées de la famille, contre les afflictions souvent délaissées de la rue, véritables mères et sœurs de ces déshérités du peuple qu'on nomma jusqu'à la Révolution, dans un langage tout à la fois trivial et touchant, les pauvres de la marmite ».

Nous ne suivrons pas ici le laborieux accroissement de l'ordre des Filles de la Charité dans notre ville ; mais puisqu'un heureux hasard m'a mis en possession du 1er livre de compte de la marmite, nous allons dépouiller ensemble ce qu'ont fait les Dames laïques pendant les années 1698, 1699, 1700, 1701 et 1702.

Ce registre, que j'ai déposé à nos Archives départementales, porte sur sa couverture en parchemin.

Tome I. — Livre pour la congrégation des Dames de la Charité.

Et plus bas, en note, 138 ans le 1er 1835.

Nous sommes donc admis à penser que c'est en 1697 que l’œuvre fut fondée à Vannes ou du moins régulièrement administrée. De cette année, il ne me reste aucun renseignement.

Mais, pour l’année 1698, voici les noms des Dames quy questeront pour les pauvres :
Pour le mois de janvier. — Mademoiselle MARCE et Mademoiselle KERCADIO.
Février. — Madame COUETEC.
Mars. — Madame la Présidente DE MONTIGNY.
Avril. — Madame DE KERVASY.
May. — Mademoiselle KERGONNANO.
Juin. — Madame DE VILLE-CHAUVE et Mademoiselle SAINT-GEORGE.
Juillet. — Madame PENVERNE.
Aoust. — Madame DE COMBLE.
Septembre. — Madame la Comtesse DE LANNION.
Octobre. — Madame HÉLO.
Novembre. — Madame la Procureuse du Roy.
Décembre. — Madame DE VAUDURAN.

Les noms de ces dames n'étaient pas destinés à venir jusqu'à nous, c'est au verso de mon registre, sur deux feuilles tenues par quatre pains à cacheter que je puis relever encore
Les noms de celles quy questeront dans l'année 1702 :

Janvier. — Madame DU BOT et Mademoiselle LA BELLANGERIE.
Feuvrier. — Madame COUETEC et Mademoiselle DU ROUVRAY.
Mars. — Madame DU PARC et Mademoiselle DE COCODU.
Avril — Madame DE PENVERNE et Mademoiselle DU RUMEN.
May. — Mademoiselle KERG0NNANO et Mademoiselle KERVENO.
Juin. — Madame DE VAUDURAN et Mademoiselle GRANDILLE.
Juillet. — Mademoiselle VILLECHAUVE et Mademoiselle KERROUAR.
Aoust. — Mademoiselle DARSENAC et Mademoiselle KERYO
Septembre. — Mademoiselle COIPEL et Mademoiselle DU LEZAR.
Octobre. — ?
Novembre. — Madame de ROSCANVEC et Mademoiselle DE TRUELLEIN.
Décembre. — Madame DE CARDELAN.

Je voudrais avoir plus de temps à moi pour vous donner seulement une idée de la fermeté des caractères de l'écriture de ces deux listes. Celle qui les a écrites était, je puis vous l'assurer, une maîtresse femme.

Actuellement voyons les œuvres. Je ne puis mieux faire que de parcourir les quelques feuillets qui nous restent de ce manuscrit.

Nous sommes en 1698.

Dans cette assemblée du mois de janvier les dames ont été d'avis de donner par chaque assemblée à Mademoiselle Golvein, pour son hospital sur la Garenne, dix-huit livres, ce que j'ay fait, cy ... 18 livres.

Dans la même assemblée on a arresté de paier 20 sous par mois pour faire à prendre à coudre à la fille de Jeanne Le Bihan, du quartier de la Vieille-Bouscherie.

Pour une aune et demie d'étoffe, à 30 sous l'aune, pour Jaquette Gillet, qui a une fort grande incommodité et qui estoit toute nue, d'auprès de Saint-Michel, du quartier de Madame la comtesse de Lannion, et du bord pour border le tout… 2 livres 07 sols.

Le 13 janvier, paie pour un mois expiré ce jour-là pour du lait à deux liardées par jour pour l'enfant de Vincente Le Cam, qui tombait en étizie, du quartier de Poulho, de Madame de Vaudurand, ci ..... 2 livres 05 sols.

Le 16 janvier, pour un mois expiré le méme jour, aussy pour du lait à deux liardées par jour, pour l'enfant de Joachim Corolla, pour l'ayder à seuvrer son enfant, du quartier de Madame de Combes… 2 livres 05 sols.

C'est qu'on remarque que c'est après que les enfants de ces pauvres gens sont seuvrés qu'ils tombent d'ordinaire la pluspart en langueur faute de quelques bonnes nourritures, ce qui dégénère souvent en hétizie ou hydropique, et s'ils n'en meurent pas, ils restent incommodés ou infirmes toute leur vie, et par là sont hors d'état de la gagner et de travailler.

Le 16 janvier 1698, payé pour un, mois expiré ce jour-là 50 sous à François Guyo du bourg de Noyallo pour que sa femme nourrit l'enfant de Jean Jacob du quartier de Poulho, sa femme étant grosse, de sorte que cet enfant, qui n'a environ que 7 mois, tetait de mauvais lait, parce qu'ils n'avaient pas le moyen de le mettre en nourrisse. Ce sont ces sortes d'indigences qui causent mille sortes de maux qu'on voit en visitant les pauvres, parce qu'ils sont mal nourris dès leur enfance, ce qui leur fait un mauvais tempérament et de mauvais sang, ci… 2 livres 10 sols.

La dépense de la marmitte au mois de janvier se monte à cent vingt et deux livres six sols six deniers, ci ... 122 livres 06 sols 6 deniers.

Les assemblées se succèdent mois par mois, celle du 3 février 1698 relève les noms de chacune des dames qui sont chargées de visiter un des quartiers de la ville et la somme qu'elles ont dépensée pour ce quartier.

Je relèverai de saillant :

Dans le faubourg Saint-Patern, donné à Madame Penvern ... 15 livres.

Plus pour du pain à une fille folle pour le mois de janvier......... 01 livre 05 sols.

Madame Hilo, pour les personnes de famille qui sont devenues pauvres qui n'osent demander… 14 livres 08 sols.

Donné à la pauvre demoiselle qui ne veut pas être nommée, par ordre de Madame la Marquise du Plessix ... 01 livre 16 sols.

Donné à la femme qui a soin de la chapelle des Lisses 8 sols.

Un mois de nourrice à Nicolle Taquet pour l'enfant de Jacques Penbos, de Saint-Patern .... 3 livres.

Pour un mois d'apprentissage à coudre de la fille de Jeanne Le Bihan … 1 livre.

La marmite se monte à…. 96 I. 12 s. 6 d.

Dans l'assemblée du 3 mars 1698, les mémes œuvres se représentent sous la même forme, si ce n'est

Pour deux petits cierges pour communier les pauvres malades ... 10 sols.

La marmite se monte à … 93 livres 07 sols 6 deniers.

Le lundi, 7 avril : La marmitte se monte à … 83 livres 16 sols.

C'est la fin de l'hiver et
Il faut refaire le fourneau de la marmitte des pauvres chez les Sœurs grises, ci …… 1 livre 10 sols.

Dans l'assemblée du 5 mai :
La dépense de la marmitte se monte à … 69 livres 14 sols.

Mais cette fois on inscrit :
Le 9 mai 1698, j'ay donné aux Sœurs grises, pour des drogues …… 17 livres.

L'assemblée du 2 juin nous fournit le prix de revient des provisions ; en effet :
Dépense de la marmite… 80 livres 03 sols.
On a achetté pour la provision de bois :
Scavoir une battelée de gros bois… 31 livres 10 sols.
Quatre cents de fagots……… 15 livres 04 sols.
Pour mettre le gros bois en atteille …. 1 livre 12 sols.
Deux cent cinquante livres de beurre terre :
Beurre qui coutte 16 livres le cent, ci .... 40 livres.

Le produit des quêtes est inscrit, je ne relèverai que le plus généreux.

Monsieur de Limoges, qui donne tous les mois soixante livres pour distribuer aux Dames pour la visite des quartiers.

Enfin, les comptes sont réglés comme il résulte de cette note.

Et ainsi arrêté à la Retraite des femmes, ce 1er juillet 1701. Signé : J. Clays, recteur de Saint-Salomon.

Il manque malheureusement à ce grand livre de la charité bien des feuillets ; mais tel qu'il est, il nous montre que ces Dames s'occupaient avec une grande intelligence, l'ordre et l'économie d'une famille bien tenue, de toutes les œuvres qui, depuis, se sont partagé votre zèle et votre charité, allaitement et hygiène de la première enfance, œuvre de l'apprentissage, médicaments gratuits fournis aux malades, habillement des pauvres et, enfin, cette marmite qui coûte jusqu'à 122 livres 06 sols 6 deniers pour un seul mois.

Chaque mois aussi, l'Hôpital Saint-Yves, qui se fondait sur la Garenne, recevait une somme de 18 livres.

Détail caractéristique de l'époque.

Si chaque dame de quartier reçoit telle somme parfaitement notée pour les besoins de ses pauvres, seule, celle qui tenait le livre inscrit mensuellement :

Le quartier du Mené. — C'est moi ? — Rien.

Et la colonne des chiffres reste en blanc. La main gauche devait ignorer ce que donnait la main droite.

Non contente d'administrer cette œuvre, de la diriger, d'en tenir les comptes, cette trésorière-modèle ne demandait rien à l'œuvre pour subvenir aux besoins de son quartier.

Tant de secours distribués indiquent qu'il y avait de grandes misères à soulager à cette époque. Cependant Vannes, pour ses 10.000 habitants, comptait un très grand nombre de couvents où se distribuait largement la sportule.

L'Hôtel-Dieu ou Hôpital des malades existait rue Saint-Nicolas.

Enfin, par lettres-patentes datées de novembre 1684 la création de l'Hôpital-Général était assurée à Vannes, et, comme conséquençe, la mendicité était absolument interdite dans cette ville sous les peines les plus sévères.

Des archers spéciaux étaient chargés d'arrêter les mendiante et les vagabonds ; ils les conduisaient de force soit à l'hôpital, soit à la tour du Connétable qui lui servait de succursale, soit aux prisons.

Une déclaration royale de 1724 renouvelle ces prescriptions, et, jusqu'à la Révolution, les mendiants restent à la charge de l'Hôpital- Général.

Je ne saurais mieux terminer ce récit de souvenirs historiques qu'en formulant le voeu de voir bientôt notre ville soulagée de cette plaie honteuse de notre époque, la mendicité, qui, le plus souvent, n'est que l'exploitation de la charité publique.

A. MAURICET.

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