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Histoire du culte de la Sainte-Vierge dans l'arrondissement de Vannes.

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Le diocèse de Vannes, que sa piété a fait nommer le sanctuaire de la Bretagne, se distingue éminemment par sa dévotion a Marie. On y trouve un ensemble de monuments, d'institutions pieuses, de confréries, d'associations, de pèlerinages et de pratiques religieuses, qui révèlent la tendance générale des cœurs vers la Mère de Dieu. Il est plus de vingt églises ou paroisses auxquelles sa piété n'a voulu donner d'autre nom que celui de Marie : on les appelle Locmaria, c'est-à-dire locus Mariœ, propriété ou sanctuaire de Marie ; et la Mère de Dieu en a été réellement la fondatrice. Sa statue, précieusement placée dans un chêne ou un petit oratoire, y attirait des pèlerins qui ne pensaient d'abord qu'à prier, puis bâtirent à côté une demeure pour y vivre à l'ombre de Marie, une hôtellerie pour loger les visiteurs, et ainsi se formèrent les bourgs et les villes. Les populations agglomérées se subdivisèrent en associations, sous le nom de fréries ; nom qui faisait souvenir tous les membres qu'ils devaient s'aimer comme des frères ; et ces fréries, placées sous le vocable de la Vierge, étaient chargées de pourvoir à la décoration et à l'entretien de son sanctuaire. De là vient qu'il n'y a presque pas une paroisse qui n'ait sa chapelle de la Vierge ; de là enfin cette dévotion si prononcée de tout le Morbihan envers la Mère de Dieu.

Ce dévouement au culte de Marie éclatait au même degré dans les princes qui gouvernaient la contrée ; et les seigneurs, qui ne leur cédaient guère en puissance, les égalaient au moins en zèle pour la Mère de Dieu : le roi Hoël Ier, qui vivait de 511 à 545, avait, selon le récit que nous en a laissé le biographe Albert (Vies des saints de Bretagne, éd. Migne, 4837, p. 464), « une grande dévotion envers la Reine des anges : non content de maintenir et amplifier les fondations faites par ses prédécesseurs en son honneur, il se voulut obliger soi, son royaume et toute sa noblesse au service de cette Dame par un vœu et serment solennel, instituant en son honneur un ordre de chevaliers sans reproche, desquels il se déclara chef et grand maître, et leur donna pour accoutrement les livrées royales de Bretagne, savoir : le grand manteau d'écarlate blanche, dit herminienne, doublé de rouge incarnat, le mantelet et le chaperon de même, et au col avoient le cordon de soie blanche et noire, au bout duquel pendoit une hermine d'or passante au naturel, accolée de la jarretière flottante de Bretagne à la devise bretonne Kent mervel, c'est-à-dire : pltitôt mourir ; duquel ordre les chevaliers, le jour de leur réception, faisoient hommage à la Vierge Marie, jurant solennellement d'employer leur corps, honneur et biens pour la défense de son honneur et amplification de son service ».

En 1381, le duc Jean IV, qui bâtit à Vannes le château de l'Hermine, releva cet ordre et en changea le collier (Dom Lob., t. II, col. 628).

Après la famille ducale, les Rohan rivalisaient de zèle pour le culte de la sainte Vierge ; on les voit fonder des églises, des chapelles, des couvents en son honneur et mesurer sur leur puissance le nombre et la richesse de leurs pieuses fondations.

A leur exemple, les peuples ne respiraient que le dévouement à Marie ; et on en a pour preuve les confréries ou associations dans lesquelles ils s'engageaient. En tête de ces confréries, figurait et figure encore le tiers ordre de Notre-Dame du Mont-Carmel, institué dans presque toutes les paroisses ; ce qui est d'autant plus remarquable, que les maisons de retraite de Vannes, d'Auray, de Josselin et de Guémené étaient les seules où l'on pût être reçu, et que, d'un autre côté, ce tiers ordre, prescrivant, avec l'esprit de pénitence et d'humilité, des jours d'abstinence et de jeûne non imposés par l'Église, des vêtements simples, modestes et de couleur à peu près noire, n'avait d'attrait que dans la foi et par la foi.

Après le tiers ordre, venait la confrérie de Notre-Dame de la Merci, qui avait pour signe d'association un scapulaire, et pour but la rédemption des captifs par des aumônes destinées à racheter les chrétiens tombés entre les mains des infidèles. Un mandement de l'évêque de Vannes, en 1750, fait ressortir l'excellence de cette confrérie et les grands privilèges que le saint-siége y avait attachés.

Les confréries du Scapulaire et du Rosaire sont encore plus répandues ; presque tous les enfants reçoivent le scapulaire, le jour même de la première communion ; et pas une paroisse où la confrérie du Rosaire ne compte de nombreux associés et n'ait un autel qui lui soit consacré. Le chapelet a toujours été et est encore par excellence la prière du Breton ; on lui a proposé le Rosaire vivant, qui se borne à une dizaine de chapelet par jour ; mais le Breton, surtout celui des campagnes, a peu goûté cette confrérie, parce qu'il n'estime pas le chapelet entier capable de fatiguer sa dévotion.

La confrérie de Notre-Dame des Sept-Douleurs compte de nombreux associés ; toutefois l'archiconfrérie de Notre-Dame des Victoires en compte encore plus ; et tous les jours elle prend en ce diocèse de nouveaux accroissements.

A toutes ces confréries, il faut ajouter l'association des Enfants du cœur admirable de la Mère de Dieu, fondée par le P. Eudes, laquelle existe encore dans un grand nombre de paroisses ; et la confrérie des Sacrés Cœurs de Jésus et de Marie, dont les associés portaient au bras les cœurs de Jésus et de Marie brodés sur un morceau de drap. On les porte encore en quelques endroits aujourd'hui, mais seulement pendant les offices.

Nous passons sous silence les confréries de Notre-Dame de la Chandeleur, des Agonisants, des Trépassés et de l'Espérance, qui sont florissantes en plusieurs paroisses. Ces aperçus généraux suffisent pour faire déjà pressentir au lecteur la dévotion du diocèse de Vannes à l'endroit de la sainte Vierge. Maintenant pour la lui faire connaître en détail, nous visiterons, selon notre itinéraire accoutumé, les quatre arrondissements dont se compose ce diocèse, savoir Vannes, Ploërmel, Lorient et Napoléonville.

 

HISTOIRE DU CULTE DE LA SAINTE VIERGE DANS L'ARRONDISSEMENT DE VANNES.

La cathédrale de Vannes, dédiée dès le principe aux apôtres saint Pierre et saint Paul, a eu dès lors plusieurs chapelles et autels en l'honneur de la sainte Vierge. En 1436, l'évêque de Vannes fit réparer ou construire, au chevet de la cathédrale, une chapelle de Notre-Dame de Pitié ; en 1497, la dernière chapelle de la nef, au midi, à droite en entrant, fut consacrée à la Mère de Dieu ; en 1633, le chapitre fit élever, au chevet de la cathédrale, déplacé du lieu où il était autrefois par la reconstruction du chœur, la chapelle qu'on y voit encore ; enfin, en 1770, un des autels latéraux fut dédié à Notre-Dame du Rosaire, et on transforma l'antique chapelle de Notre-Dame de Pitié en avant-chapelle du sanctuaire, où l'on voit l'image de Notre-Dame tenant dans ses bras le corps inanimé du Sauveur.

La piété des fidèles fit diverses fondations dans cette cathédrale : en 1310, le chanoine Dubois-Hilier, en 1449 Jean de Saint-Léon, évêque de Vannes, et en 1638 Sébastien de Rosmadec fondent chacun une messe quotidienne à l'autel Notre-Dame ; vers l'an 1400, une messe de la Vierge est fondée à l'autel du saint sacrement, et en 1417, dom Jean Deriau en fonde une pour tous les samedis à l'autel Saint-Michel. En 1448, Alain Durand et Sylvestre Parisi fondent chacun trois messes par semaine à la chapelle Notre-Dame ; en 1514 le chanoine Guillaume du Bouyer, fonde à la même chapelle une messe pour tous les mardis et vendredis ; déjà, en 1512, le chanoine Jean le Mauscauf en avait fondé une pour tous les lundis à l'autel de Notre-Dame de Pitié.

Outre ces fondations pour messes, la cathédrale en avait beaucoup d'autres, les unes pour entretenir un chapelain à quelqu'un des autels consacrés à Marie, les autres pour faire célébrer dans le rite le plus élevé quelques fêtes de la sainte Vierge, d'autres pour des processions à l'autel Notre-Dame, d'autres pour des antiennes à la Vierge, chantées par le chœur et les enfants de la psalette en surplis, par exemple, pour l'Alma aux cinq grandes fêtes de la Vierge, pour l'Inviolata tous les vendredis, pour les heures du petit office chantées devant l'autel de Marie. Malheureusement la révolution de 1793 a fait main basse sur toutes ces fondations, de telle sorte que la cathédrale n'a plus aujourd'hui d'autre fondation que celle que fit en 1846 une religieuse carmélite, pour le chant de la messe et des vêpres le 16 juillet, en l'honneur de Notre-Dame du Mont-Carmel ; mais, quoique abolies, ces fondations n'en démontrent pas moins la tendre piété des siècles passés à l'endroit de la sainte Vierge.

L'église du séminaire était, comme la cathédrale, un monument d'amour pour la sainte Vierge; c'était l'église d'une ancienne paroisse, aujourd'hui supprimée : elle s'appelait vulgairement Bourg-Maria, et figure dans des actes de 1419, sous le titre de Santa Maria de Monte, ou Notre-Dame du Mené. Elle avait une chapellenie dite de Notre-Dame de la Conception, fondée en 1533.

De quelque côté qu'on portât ses pas dans la ville de Vannes, on trouvait partout des souvenirs de la sainte Vierge : ici c'était Notre-Dame de Chartres, fondée sur la place des Lias en face du château ducal de l'Hermine, par le duc Jean V [Note : L'acte de fondation se conserve encore à Vannes, écrit en latin], où se fit, le 16 novembre 1455, le mariage de François II, duc d'Etampes, avec Marguerite, fille aînée du duc François Ier. Malheureusement la Révolution n'y a pas laissé pierre sur pierre. Là c'était, à l'église Saint-Paterne, une chapellenie de l'Assomption, une autre de la Conception, une troisième de Notre-Dame, et à l'hospice Saint-Yves une chapelle de Notre-Dame de Bon-Secours. Ailleurs c'était, d'une part, le couvent de la Visitation de Notre-Dame ; de l'autre, la maison des filles de Marie, autrement dites dames de la Retraite, lesquelles faisaient donner, chaque année, dans leur maison seize retraites, où assistait un nombre prodigieux de personnes : ces saintes religieuses, toutes d'extraction noble, et qui faisaient tant de bien, eurent la douleur d'être dispersées par la Révolution, de voir leur maison convertie en palais de justice, et ne purent se rétablir qu'après un demi-siècle, en 1847. Sur une autre partie de la ville, vous trouviez les dames de la Charité de Saint-Louis, qui avaient la confrérie de Notre-Dame des Sept-Douleurs, et en conservent encore la chapelle ; les filles de Jésus, dont l'ordre est placé sous l'invocation de l'Immaculée Conception, et dont toutes les maisons, sauf celle de Bignan, sont dédiées à la sainte Vierge ; les religieuses du Cœur de Marie, ou de Notre-Dame de la Charité, qui avaient été fondées par le P. Eudes en 1683, pour retirer du mal les filles perdues ou prémunir les filles exposées, et dont la maison a été convertie en Hôtel-Dieu ; enfin les Carmes déchaussés de sainte Thérèse, ces fervents apôtres du culte de Marie, dont la maison sert maintenant de palais épiscopal. Aujourd'hui les églises des ursulines, des petites sœurs des pauvres, de l'hôpital général, des filles de saint Vincent de Paul, du collége des jésuites, et la chapelle de la paroisse Sainte-Paterne, consacrée aux congrégations de jeunes gens et jeunes filles parlant la langue bretonne, sont toutes sous le vocable de l'Immaculée Conception. Enfin la rue même de la préfecture, qui est une des principales de la ville, porte le nom de rue Notre-Dame.

Les environs de Vannes étaient, comme la ville même, tout pleins des souvenirs de la sainte Vierge. A la porte de la ville, était le couvent de Nazareth, donné par la reine Anne en 1513, composé des meilleures familles de la Bretagne, de l'Anjou et du Poitou, et, depuis la Révolution, converti en prison, maison de correction et refuge, dirigé par les religieuses de la Miséricorde de Jésus, qui ont dédié leur chapelle à l'Immaculée Conception. Le Bondon, près de Vannes, avait : 1° le couvent des Trois-Marie, fondé, en 1463, par la vénérable Francoise d'Amboise,veuve de Pierre II, duc de Bretagne, pour des religieuses carmélites, qui n'y furent que peu d'années et passèrent de là au couvent des Coëts, dans le diocèse des Nantes ; 2° une chapelle de Notre-Dame, à laquelle le duc Jean V fit de grands présents ; 3° un couvent de Carmes auxquels ce même prince, honorant en eux les fidèles serviteurs de Marie, donna sa maison de plaisance du Bondon avec la chapelle attenante.

Sous les murs de la cité, était encore Notre-Dame du Féty, bâtie en mémoire du retour de saint Vincent-Ferrier, lequel, s'étant embarqué pour l'Espagne sur les instances de ses disciples qui le pressaient d'aller y refaire sa santé épuisée, fut ramené par la mer, malgré le pilote, jusqu'à Vannes, où il rentra au milieu des transports de joie de toute la ville. Tout près de Vannes, se trouve également Notre-Dame du Vainsain, lieu de pèlerinage qui reçoit, chaque année, le lundi de la Pentecôte, un grand nombre de pèlerins. Un bref du saint-siége, en date du 3 juin 1598, concernant ce prieuré, en démontre l'ancienneté.

Toutes les paroisses relevant de Vannes comme chef-lieu de canton nous offrent, si on en excepte trois, chacune un monument de son amour pour la sainte Vierge. Saint-Avé, paroisse composée de deux bourgs, le bourg d'en bas et le bourg d'en haut, a, depuis l'origine, réglise d'en bas sous le vocable de l'Annonciation ; et on y invoque la sainte Vierge sous le nom de Notre-Dame du Loc, c'est-à-dire du lieu. Séné avait une chapellenie de la Conception, une autre du Rosaire, avec une chapelle de la sainte Vierge ; Noyalo avait une chapelle de Notre-Dame de Miséricorde et de Notre-Dame de Recouvrance avec une chapellenie. Surzur, église du seizième siècle, avait une frérie sous le nom de Recouvrance ; Baden en avait une sous le titre de Notre-Dame de Peumern. Theix joignait à la chapellenie de Notre-Dame d'Aberdon une chapelle de Notre-Dame la Blanche fort ancienne. Plœren joignait à un sanctuaire de Locmaria et à une chapellenie du Rosaire, Notre-Dame de Bethléhem, appelée par corruption Béléan ; édifice qui porte inscrite la date de 1407, et fut élevé par le sire de Garo, châtelain d'un vieux manoir voisin, dont il ne reste plus qu'une tour carrée parmi quelques débris. Ce preux chevalier, parti pour la croisade, était tombé près de Bethléhem entre les mains des Sarrasins avec son fidèle écuyer, et ces barbares ennemis les avaient jetés tous les deux dans un coffre qu'ils avaient fermé à double tour. Le sire du Garo, dans le premier moment, se résigna à la mort ; mais venant à penser à son manoir de Bretagne, à sa femme et à ses enfants, il supplia Notre-Dame de Pitié, de Consolation et d'Espérance de ne pas permettre qu'il ne revît plus des personnes si chères ; et il lui promit, si jamais il pouvait les revoir, de lui bâtir une belle chapelle sous le nom de Notre-Dame de Bethléhem. Pendant ce temps-là, l'écuyer se lamentait et était demi-mort de frayeur. Tout à coup, raconte la tradition, ils éprouvent une commotion : Hélas! monseigneur, dit l'écuyer, on nous porte en terre, c'en est fait de nous ; et se sentant transportés avec une vitesse incroyable sans jamais s'arrêter : Hélas! disait l'écuyer, il m'est avis que tous les diables du pays enlèvent ce coffre de malheur ! — Ne seraient-ce pas plutôt les anges qui le portent sur leurs ailes ? répondit le chevalier. Enfin ils sont déposés par terre. Juste ciel ! crie l'écuyer ravi, j'ai ouï chanter le coq du Garo. Le sire du Garo regarde par les fentes du coffre, et reconnaît les bois de son castel. Des passants aperçoivent ce coffre et l'ouvrent. Nos deux prisonniers se reconnaissent en Bretagne, rendus à leur pays et à la liberté. Le sire du Garo fit aussitôt bâtir la chapelle de Bethléhem.

De la ces deux tableaux appendus aux murs de la chapelle, dont l'un représente le sire du Garo à cheval portant un étendard, et l'autre le montre sortant du coffre avec son écuyer, entre deux soldats sarrasins, chargés apparemment de la garde des prisonniers et subitement transportés comme eux de la Palestine au fond de la Bretagne. De là un troisième tableau reproduisant le même sujet et donné par un voyageur qui, passant dans le pays en 1845, fit réparer ce petit monument, dont l'histoire l'avait intéressé et dont la pauvreté le touchait. Au dix-septième siècle, Catherine de Francheville, fondatrice de la maison de retraite à Vannes, venait à pied, tous les samedis, prier dans ce sanctuaire ; et, de nos jours encore, on y voit souvent en prière les habitants de Vannes et des environs, spécialement le jeudi saint et le second dimanche de septembre. Les mères y vont recommander leurs enfants qui ne marchent pas encore, et les femmes des îles y sollicitent le retour de leurs maris ou de leurs fils naviguant sur la mer (Ogée, t. II, p. 303 ; Cayot-Delandre, p. 143 ; Revue de Bretagne, ann. 1857, juillet, p. 74). Cette chapelle avait autrefois un prêtre administrateur avec une chapellenie à la charge de deux messes par semaine.

En sortant du port de Vannes, on trouve Notre-Dame de l'Ile d'Ars, église fort ancienne, reconstruite dans toutes ses parties à diverses époques, classée aujourd'hui parmi les monuments historiques ; et en face de l'Ile d'Ars, sur la côte d'Arradon, s'élève une jolie chapelle domestique, vers laquelle les marins, en danger de périr, tournent leurs vœux et leurs prières.

Telles sont toutes les pieuses richesses du canton de Vannes. Le canton de Questembert a aussi sa bonne part. Il nous offre, dans la paroisse de Berric, trois chapelles de la Vierge, celle de la Présentation au château de Trémouar, celle de Notre-Dame de Pitié et celle de Notre-Dame des Vertus, où est attachée une frérie, où on va processionnellement célébrer l'office le jour de l'Assomption, et d'où autrefois, à l'issue des vêpres, l'on se rendait en procession à la fontaine de Notre-Dame ; il nous offre au Cours de Molac l'église de l'Assomption dans la paroisse de Molac Notre-Dame de la Conception ; à Peaule une chapelle de la Vierge pour la congrégation des hommes ; à Larré la chapelle de Moustoir-Maria ; à Lauzach Notre-Dame de la Clarté, où l'on va en pèlerinage pour les maladies d'yeux, surtout le 8 septembre. La fontaine qui est à deux cents pas de la chapelle, et à laquelle on attribue la vertu de guérir les yeux malades, semble indiquer que là s'exerçait autrefois le culte druidique, d'autant plus que, dans les environs, on voit un dolmen et les débris d'un menhir de quatre mètres de longueur (Cayot-Delandre, p. 243). La fenêtre ogivale du fond de la chapelle accuse le quinzième siècle, tout le reste a été réédifié depuis ; on y a fait une façade moderne, surmontée d'une flèche octogone. Quant au chef-lieu de canton lui-même, Questembert a Notre-Dame du Lô, à la Bréhardaie, et la chapelle de l'Immaculée Conception chez les sœurs de Charité.

Le canton de Carentoir avait, à Carentoir même, une chapellenie de Notre-Dame, fondée en 1614, à la charge de deux messes par semaine, et une chapelle de Notre-Dame des Vertus, dotée d'une chapellenie particulière. Aux Fougerets et à la Chapelle-Gaceline, c'était Notre-Dame de la Nativité ; à Glenac, Notre-Dame de la Présentation ; à Tréal, Notre-Dame de Guichardaie ; Notre-Dame de Bonne-Nouvelle sur la voie romaine et la chapelle neuve Notre-Dame, destinée à devenir l'église paroissiale.

Dans le canton d'Elven, nous trouvons, à Elven même, Notre-Dame de la Clarté nouvellement rebâtie ; à Tréfléau, Notre-Dame de Cran, qui n'a guère de remarquable que la bizarrerie des figures sculptées autour du chœur ; et à Monterblanc, Notre-Dame de Montgolérian, bâtie sur une éminence d'où elle domine tout le pays, et très-fréquentée surtout le 16 juillet, fête du Mont-Carmel.

Dans le canton d'Allaire, on trouve a Béganne Notre-Dame de Bourg-Confort, chapelle en ruine ; à Saint-Jacut, à Saint-Jean, à Saint-Vincent, à Saint-Perreux une chapelle de la Vierge en bon état. Le canton de Sarzeau a une chapellenie de la sainte Vierge, et surtout Notre-Dame de Peuvins, bâtie sur l'isthme d'une petite presqu'île environnée par l'Océan, et très-vénérée des marins. Elle est la chapelle d'une frérie. Dans le canton de Rochefort, les paroisses de Malansac et de Miniriac sont sous le vocable, l'une, de la Nativité, l'autre, de l'Assomption avec le titre de Reine de miséricorde. Saint-Congard a Notre-Dame de Lorette ; Pluherlin a Notre-Dame de Bon-Reconfort et Notre-Dame de la Barre, à laquelle est annexée une frérie ; Caden a la chapelle dite de Bourg-Maria et la chapelle de Sainte-Marie. Enfin Rochefort même a Notre-Dame de la Tronchaie, ainsi appelée de la découverte d'une statue de la Vierge dans le tronc d'un coudrier. A une époque qu'on croit antérieure au douzième siècle, on éleva une chapelle en l'honneur de la Vierge trouvée ; puis vers le commencement du seizième siècle, on bâtit l'église actuelle. En 1498, Jean, sire de Rieux et de Rochefort, institua, pour sa vie, des chanoines chargés d'y dire tous les jours l'office canonial ; et son fils rendit la fondation perpétuelle, en stipulant que les seigneurs de Rochefort auraient leur sépulture au milieu du chœur. Notre-Dame de la Tronchaie est toujours en grande vénération ; on en célèbre la fête le 15 août, et beaucoup de personnes des paroisses voisines se rendent à cette fête. La façade nord de l'église est percée de grandes fenêtres ogivales, ornées de sculptures bizarres assez bien exécutées ; mais l'exhaussement du sol du cimetière au-dessus du niveau du pavé nuit beaucoup à son effet. Clément XI, en 1707, érigea dans cette église, sous le titre de Notre-Dame de la Tronchaie, une confrérie des Agonisants, dont la fête principale est la Visitation de la sainte Vierge.

Si de là nous passons au canton de la Roche-Bernard, nous trouvons, à Férel, Notre-Dame de Bon-Garant, pèlerinage autrefois très-fréquenté. Les paroisses voisines y allaient en procession jusqu'en 1709, où la paroisse de Marzan, ayant perdu soixante et dix personnes au passage de la rivière de Villaine, par la submersion du grand bac qui les portait, discontinua ce pèlerinage. Le principal vitrail de cette église est d'une richesse de couleur, d'une délicatesse de peinture dont on voit peu d'exemples ; il forme une série de neuf tableaux représentant chacun un roi d'Israël ; au-dessus de ces rois est la sainte Vierge avec l'Enfant Jésus, et au sommet est le Père éternel. Les fresques de la voûte représentent diverses scènes de l'Ancien Testament. De Férel, poussant plus loin notre pieuse excursion, nous trouvons à Thehillac et à Camoël une chapelle de Notre-Dame de la Salette ; à Penestin, encore une chapelle Notre-Dame, mais avec une chapellenie ; à Marzan, Notre-Dame de Fremer et Notre-Dame de Miquel, cette dernière dédiée à l'Immaculée Conception et décorée d'un groupe de Notre-Dame de la Salette. Enfin nous trouvons, à la Roche-Bernard même, une chapelle Notre-Dame qui eut le malheur d'être deux fois profanée, la première, en 1561, par l'installation du premier ministre protestant en Bretagne, et la seconde, en 1562, par l'imposition des mains sur la tête de la Favide, qui devint ensuite pasteur de Pontivy. Détruite, en 1568, par le capitaine Cuengo, elle s'est relevée de ses ruines et est toujours consacrée à la Mère du Sauveur (Voir Histoire ecclésiastique de Bretagne, par Philippe Lenoir, sieur de Crevain).

Le canton de Grandchamp nous offre, à Plaudren, une chapellenie du Rosaire avec Notre-Dame de Chanpas ; à Plescop, Notre-Dame de Luzurgan, qu'on invoque pour les enfants, atteints de la colique. Enfin, à Grandchamp même, Notre-Dame du Burgos, chapelle très-fréquentée, Notre-Dame du Cloître, Notre-Dame des Fleurs, Locmaria des Prés, Notre-Dame de Lachenaie, chapelle domestique, et Notre-Dame de Lanvaux, ancienne abbaye fondée, en 1138, par Alain, baron de Lanvaux, et convertie, après la Révolution, en une verrerie, qui a été remplacée par un haut fourneau.

Nous arrivons au canton de Muzillac, le dernier qui nous reste à parcourir dans l'arrondissement de Vannes. Nous y trouvons, dans la paroisse de Billiers, Notre-Dame de Prière, abbaye fondée, en 1250, par le duc Jean Ier, dit le Roux, et approuvée par Innocent IV en 1251 ; au Guerno, une église de l'Assomption, fort curieuse, rebâtie en 1570 ; à Damegau, Notre-Dame de Pitié, dont la fête se célèbre le dimanche d'après le 15 août ; à Arzal, Notre-Dame de Moustoir, et la chapelle de Lantierne, très ancienne, appartenant autrefois aux Templiers ; à Ambon, la chapelle de l'Immaculée Conception dans la communauté, et la chapelle de Notre-Dame de la Clarté ; à Noyal-Muzillac, Notre-Dame de Grâce, avec une chapellenie du Rosaire, et Notre-Dame de Benne-Guy, jolie petite chapelle où l'on vénère une belle Vierge en albâtre, haute de soixante-cinq centimètres, et où était aussi une chapellenie, la chapelle maintenant délabrée du château de Kergalio, Notre-Dame de Brangolo, petite église à laquelle Paul IV, en 1613, accorda une indulgence plénière, et dont d'ailleurs la décoration démontre l'importance qu'elle avait autrefois. Le vitrail de la fenêtre du chœur représente Jésus en croix, la Vierge et la Madeleine à ses pieds, et Jérusalem au fond du tableau. A cinq cents mètres de la chapelle, est la fontaine qu'on nomme la fontaine de la bonne Vierge, et où l'on allait autrefois en procession. (Hamon André Jean-Marie).

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