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CHATEAU DE L'HERMINE.

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Depuis l'abandon de la Motte en 1287, les ducs n'avaient plus de château à Vannes ; quand ils venaient au pays, ils logaient chez des particuliers, ou se retiraient à Sucinio Ainsi en agirent Jean II, Arthur II et Jean III. Mais Jean IV, le vainqueur d'Auray, en bâtissant la nouvelle enceinte de Vannes, voulut y annexer un château.

En conséquence, il acquit en 1380 le moulin et l'étang du bas de la Garenne, et donna en échange à l'abbaye de Saint-Gildas de Rhuys son moulin de Pencastel en Arzon.

Il prit encore d'autres terres, comme le prouve une clause de son testament en 1385 : « Item voulons que toutes les terres, maisons et autres pièces qui ont été prises, tant de la terre de l'église que d'autres personnes, pour l'oeuvre de nostre chastel de l'Hermine, soient prisées justement et paiées à ceux qu'il appartiendra. » (Pr. II. 497).

Pour isoler son château, en l'entourant d'eau, il creusa des douves et un étang au bas des Lices, et les mit en communication avec l'étang de la Garenne, qui se déversait dans le port. Deux grosses tours se dressaient sur le côté est de l'ilot ; à l'ouest s'étendait une cour pentagonale, entourée d'édifices accessoires et de tourelles. Bertrand d'Argentré, qui avait vu le château de l'Hermine debout, le décrit en ces termes : « C'est un petit bastiment pour un prince, qui consiste dans un seul corps de logis..., avec deux grosses tours par le dehors, et force petites tours, issantes les unes et autres sur la douve, grande partie portée en muraille et demy-tour. » (Hist. p. 705).

Le plan ci-joint donne une idée du château : la partie ombrée est tirée d'un dessin authentique dressé en 1775 ; le reste est fondé sur la disposition des lieux et sur la description de B. d'Argentré, mais n'est pas aussi sûr que le dessin authentique.

Les bâtiments étaient fort avancés et presque terminés, quand, le 26 juin 1387, le duc les fit visiter au connétable Olivier de Clisson, et le retint prisonnier par trahison dans l'une des grosses tours. Le connétable ne dut la vie qu'au dévouement de Jean de Bavalan, et la liberté qu'au prix d'un traité désavantageux.

Le guet-apens de Jean IV eut lieu au château de l'Hermine : c'est le témoignage formel de Froissard, Le Baud, Bouchard, d'Argentré, Lobineau et autres, historiens anciens. Au XIXème siècle, après la disparition du château de l'Hermine, quelques écrivains ont transporté la scène à la tour dite du Connétable, située à 120 mètres au nord du château.

Il y a là une grave erreur. La tour du Connétable n'a jamais fait partie du château de l'Hermine, et n'a pu par conséquent servir de prison à Clisson. De plus, elle n'était pas encore bâtie en 1387, lors de l'attentat du duc : son style, la beauté des matériaux, la grandeur des fenêtres, l'absence de voûtes, et sa ressemblance avec la petite tour d'Elven accusent nettement le XVème siècle et non le XIVème. — Son nom de tour du Connétable vient, suivant toutes les apparences, du connétable Arthur de Richemont, son contemporain, qui à dû être mêlé à sa construction, et non du connétable de Clisson.

Le château de l'Hermine avait comme dépendance une basse-cour, qui s'étendait vers le nord jusqu'à la tour du Connétable ; il y avait là des bâtiments pour loger les gens d'armes et les troupes du duc, et des écuries pour recevoir les chevaux. Tout à côté était le champ de manoeuvres, qui a conservé jusqu'à nos jours la nom significatif de place des Lices, et qui était alors plus, large qu'il n'est aujourd'hui. Il y avait enfin un parc en miniature, qui s'étendait depuis la ville jusqu'à l'étang du Duc, et pour lequel on payait au prieuré de Saint-Guen ou à l'abbaye de Rhuys une rente annuelle de dix livres six sous ; le parc actuel de la préfecture en occupe la majeure partie.

Plan du château de l'Hermine à Vannes (Bretagne).

Le duc Jean IV mourut le 1er novembre 1399, et l'on fit le 13 janvier suivant l'inventaire des armes du château de l'Hermine. On y voit figurer des arbalètes, des milliers de viretons ou de traits, quinze canons de diverses grandeurs, des sacs de poudre et des boulets en pierre. On y mentionne aussi la salle à manger du duc, garnie d'un dais, sa chambre de retrait ou de travail, sa chambre à coucher, la salle base du gouverneur Crafford, et autres pièces. (Archives de Nantes).

C'est au château de l'Hermine que demeurait le duc Jean V quand il reçut à Vannes en 1418 saint Vincent Ferrier et qu'il le vit prêcher sur la place des Lices. C'est là que mourut la pieuse duchesse Jeanne de France, 20 septembre 1433. C'est là que séjournèrent souvent les ducs François Ier et Isabeau d'Ecosse, Pierre II et la B. Françoise d'Amboise. C'est là qu'eut lieu le festin du mariage de François, comte d'Étampes, avec Marguerite de Bretagne.

« Au disner, dit Le Baud, le duc (Pierre II) mena la dame nouvelle espousée en la salle de l'Hermine, où elle sist au milieu du dais, et près (sa soeur) Madame Marie de Bretagne, et au haut l'évesque de Nantes ; et y avoit en la dicte salle cinq autres tables pour les dames. Le duc disna dans la chambre à parer, au joignant de la dicte salle ; avec les principaux seigneurs ; les autres en diverses chambres du chasteau ; le duc avoit le marié près de lui sous son dais.

Après le disner, environ quatre heures commencèrent les danses aux haults menestriers. Le duc mena Madame de Malestroit, Monsieur de Laval mena la duchesse, les autres seigneurs les autres dames et continuèrent les danses jusqu'à la nuist. Le lendemain commencèrent les joustes, qui durèrent jusques au quart jour suivant ; et après que les seigneurs eurent passé aucuns jours en grande joie, festes et esbatemens, se dispartirent de Vennes ».

Le 31 octobre 1463, les neuf religieuses Carmélites venues de Liège, pour fonder une maison au Bondon, furent conduites au château de l'Hermine par Françoise Amboise et présentées au duc. Elles furent logées dans les appartements supérieurs du château, et y dressèrent un oratoire pour y chanter leurs offices du jour et de la nuit. Elles en sortirent le 21 décembre suivant, pour s'établir au Bondon.

Sous le duc François II, le chancelier Chauvin, poursuivi par Landais, fut enfermé au château de l'Hermine et y mourut de misère le 5 avril 1483.

Abandonné aux capitaines où gouverneurs de Vannes, pour leur servir de logement, le château fut visité en 1518 et 1532 par le roi François Ier (Pr. III, 946, 997). Il avait pour capitaine en 1543 et 1556 M. de Monterfil, en 1573 François de Kermeno, seigneur de Keralio, en 1590 René d'Aradon, et en 1625 Pierre de Lannion.

Cependant il s'en allait graduellement en ruine par insuffisance de réparations, et il commençait à gêner l'expansion de la ville. En 1614, les Etats de Bretagne, réunis à Nantes, pris d'un zèle exagéré pour la sécurité inférieure du pays, demandèrent au roi Louis XIII « que le chasteau de Vennes fut entièrement ruyné du costé de la ville, et la fosse comblée ». Le roi accorda cet article, et le travail fut exécuté.

Peu après on bâtit sur les Lices les grandes maisons qui masquent la basse-cour et celles qui cachent l'étang ou les douves de l'Hermine ; en 1678 on ouvrit la porte Poterne, pour faire suite à la rue de ce nom ; puis on acheva la rue Saint-Vincent pour loger les membres du parlement exilés à Vannes.

Le château de l'Hermine, malgré ces mutilations, était resté la propriété du roi, successeur des ducs. Sur la demande de la communauté de la ville de Vannes, Louis XIV, par lettres patentes du mois de mars 1697, lui en fit don, permit de le démolir et d'en employer les pierres à divers travaux publics. — En vertu de ce don, la ville fit réparer ses murailles, reconstruire le pont de Saint-Vincent, bâtir les quais de Calmont-Bas, et fournit quelques matériaux à l'hôtel-Dieu et à la Retraite des hommes (1750). Enfin, le 18 octobre 1784, la communauté afféagea au sieur Julien Lagorce, traiteur, l'emplacement du château, avec les restes des murs et des deux grosses tours, ce qui fut approuvé par l'intendant le 13 mars 1785.

L'acquéreur y fit construire un grand hôtel, qu'il vendit à M. Castelot le 24 août 1802. Cet édifice, restauré et surélevé, a été acquis en 1874 par l'État, pour en faire une école d'artillerie. Depuis ce temps, l'étang des Lices a été comblé et le moulin démoli.

Voici, à titre de curiosité, l'inventaire fait en 1400 des armes du château de l'Hermine :

« A tout ceulx qui ces présentes lettres verront ou orront, Jehan, seigneur de Malestroit, salut.

Savoir faisons que comme il ait plu à ma souveraine damme Madamme Jehanne, fille du roy de Navarre, duchesse de Bretaigne, contesse de Richemont..., nous avoir ordonné, commis et député par ses lettres patentes, à estre son capitaine et garde de ses chastel de l'Ermine et ville de Vennes, durant son bon plaisir, nous cognoissons et certiffions par ces présentes que aujourd'hui nous avons receu en nostre garde de ma d. damme, par la main de Robert Crafford, naguère capitaine des d. lieux, par inventaire,... toutes et chacune les artilleries et choses qui s'ensuyvent :

Quarante et une arbalestres, et une d'acier, dous (deux) à radouber, et dous (deux) autres de nulle valeur, — item onze tours à tendre arbalestres ; — quatre grans tours à vir à tendre arbalestres ; — ouyt canons ; — trois poches de cuir de poudre de canon, contenant environ cinquante livres ; — trois rondelles et demie pleines de salpêtre ; une demi-rondelle de souffre ; — item seix fustz de lances ; — trois paniers — dix-ouyt milliers viretons (traits) ferrez, et cinq milliers viretons defferrez ; — trois pilliers de fer pour bonder canons ; — sept douzaines et quatre séettes (flèches) ferrées ; — doze dozaines de durdres ferrées ; — quarante petites pièces d'acier ; — traize livres de fil d'arbalestres ; — vingt cordes de tours ; — trois casses de bois où y a riagatz, acenix et autres choses pour faire pouldre de canon ; — traize cros et saize boucles de baudrier ; — quatorze baudriers non garniz ; — une enclume et quatre livres de fer blanc ; — un costeret plain de rousine ; — dous granz pièces de rousine ; — une cuvette plaine de gème ; — un pié de chèvre pour miner ; — ouyt livres de colle ; — dix petites pierres de canon ; — ouyt paires de fers à prisonniers ; — onze garrotz ferrez, et vingt-quatre garrotz non ferrez ; — dous hauce-piez garniz, dont les sièges sont au haut du chastel ; — dous sièges (affûts) de canons ;— un canon en son siège, garni de ses appareilz ; — quantité de chanvre ; — un autre canon o son siège, garni de ses appareilz, estant devers la mer ; — un hauce-pié garni ; — en la salle près la petite garde robe, trois paires de meules à braz pour mouldre blé ; — en une petite chambre sur la napperie, neuff planches de syprès ; — douze granz canons de fer, au bas du chastel ; — un petit canon ; — un hauce-pié d'arbalestre ; — dous canons de fer ; — mille neuff cenz et doze fers de viretons, longs, appelez engreignes ; — en la chambre basse, où Crafford souloit menger, en une huge, savoir est, cinquante ef neuff piéz de chièvre enmanchez, quarante piez de chièvre sans manche, et environ dous cenz grox cloz pour garnison ; — la salle est garnie du days, bancs, tables et bruchetz ; — en la chambre de retrait de Mgr (le duc), que Dieu absolle, il y a dous tables, dous landiers et un chandelier de fer ; — en la chambre où Mgr, que Diex pardoint, couchoit, un banc, une fourme, dresouer, trois tables, une estranne, un grant chandelier de bois, une grant custode de bois pour mètre orloge, doux landiers, dont il y a un rompu ; — cinq coèttes et dous traversins de plumes ; — item ou dit chastel dous petits canons et un garrot ; ainsi est somme des canons, tant granz que petits, quinze canons ; — item en la salle, seix platz d'estain, pendus pour mètre torches ; — en la chambre Crafford, ouyt paires de fers à prinsoniers ; — trois poullées de coèvre pour les engins ; — cinq barres longues de fer et une barre plate, — deux bacins de letton, pour mètre vin à fredir ; — dedenz une huge, eschelles de bois et de cordes pour eschelles.

Donné ou dit chastel de l'Ermine, soubz notre séel, le XIIIème jour de janvier, l'an mil CCC. IIIIxx dix et neuff. (N. S. 1400).

Plan du château de l'Hermine à Vannes (Bretagne).

 

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Don du château de l'Hermine.

1697.Louis (XIV), par la grâce de Dieu roy de France et de Navarre, à tous présens et advenir, salut.

Nos chers et bien amez les maire et habittans de nostre ville de Vennes en Bretagne nous ont fait représenter qu'il restoit deux tours ou mazures de chasteau, appelé de l'Hermine, de la ditte ville, qui menacent ruine, les quelles pouroient en tombant rompre une digue qui est au pied du dict chasteau, qui sert pour arrester et faire escouler les eaux qui viennent de plusieurs estangs des environs, ce que causeroit un grand désordre et des domages considérables aux particuliers qui ont des maisons et jardins au dessous du dict chasteau, tant par la chutte de ces mazures que par des innondations d'eaux qu'elles pouroient causer ; les dits habittans nous ayant, très humblement supliés de leur permettre de faire démolir les dittes tours et de leur en accorder les matériaux, pour s'en servir à la construction d'un quay du costé des Capucins, dans la rue basse de Calmont, qui seroit d'une belle décoration et seroit d'une grande utilité aux marchands de la ditte ville, pour la facillité de leur commerce, nous aurions renvoyé leur placet au sieur de Nointel, maistre des requestes et intendant de la ditte province, pour prendre connoissance du contenu en iceluy et nous donner son advis sur la demande des dits habittans ; à quoy il auroit satisfait le 3 du présent mois.

Pour ces causes et autres à ce nous mouvans, après avoir fait examiner en nostre Conseil l'avis du dit sieur de Nointel, cy avecq le dit placet attachez sous le contre-scel de nostre chancellerie, de nostre grace spécialle, plaine puissance et authorité royalle, nous avons ausdits exposans permis et accordé, et par ces présentes signées de nostre main leur permettons et accordons de faire démolir et prendre les matériaux qui restent du dit chasteau appellé de l'Hermine, dont nous leur avons fait et faisons don par ces dittes présentes, pour s'en servir à la construction du dit quay, pour l’embélissement et commodité des marchands et habittans de la dite ville. — Si donnons en mandement...

Donné à Versailles, au mois de mars, l'an de grace 1697, et de notre règne le 55ème. Louis.
Par le Roy : COLBERT.
Vannes. Sceau de cire verte.

Château de l'Hermine à Vannes (Bretagne).

Jh-Mie LE MENÉ.

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