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LES CARMES DU BONDON

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Le Bondon ou Bodon est un village situé à un kilomètre au nord-ouest de Vannes. Il est traversé par un vieux chemin public, conduisant de la ville à Sainte-Anne et à Hennebont. Il y avait là jadis une chapelle dédiée à Notre-Dame, construite sur un terrain vague et entouré de grands arbres. 

CHAPELLE

Le Bondon ou Bodon est un village situé à un kilomètre au nord-ouest de Vannes. Il est traversé par un vieux chemin public, conduisant de la ville à Sainte-Anne et à Hennebont. Il y avait là jadis une chapelle dédiée à Notre-Dame, construite sur un terrain vague et entouré de grands arbres. On lisait sur le mur du choeur l’inscription suivante : Ceste chapelle fut commencée en l’onour de Nostre-Dame du Bodon le lundy guatorziesme jour de may l’an mil CCC. XVIII.

Un vieux registre des Carmes de Rennes, qui nous a conservé cette inscription, ajoute ensuite : « Cette chapelle est d’environ 120 pieds de long, et 23 de large ; au milieu d’icelle y a une grosse tour, quarrée par en bas et voustée par en hault, de la quelle les quatre pilliers qui la portent divisent le choeur de l’église d’avecq la neff et deux chapelles collatérales, qui rendent l’église en forme de croix, tant par le dedans que par le dehors ; et la poincte de la tour couverte d’ardoise estoit bien d’environ 80 pieds de hault, mais par laps de temps a esté rabaissée environ de la moytié ». Auprès de la chapelle de Notre-Dame du Bondon se tenaient trois grandes foires par an, savoir : le lundi avant la Mi-Carême, le 1er août et le 25 novembre ; ces foires existent encore à la fin du XIXème siècle, mais transférées en ville. Les oblations, par suite de ce mouvement commercial, étaient assez considérables, et elles donnent la raison des ressources qui avaient permis, avec le concours des seigneurs voisins, de construire une chapelle si vaste et un clocher si élevé.

Le village du Bondon, au point de vue féodal, dépendait de la grande seigneurie de Largoet, qui appartenait alors à la famille de Malestroit ; au point de vue ecclésiastique, il relevait de la paroisse de Saint-Patern, qui comprenait toute  la campagne autour de Vannes.

Quant au nom même du Bondon, Albert Le Grand prétend que le duc Jean V ayant annoncé à la duchesse, en 1425, son intention de donner la chapelle aux Carmes, aurait reçu cette réponse : « Monseigneur, c’est un bon don » ; et le nom du Bondon serait resté depuis au couvent et au village voisin. Cette gracieuse explication est malheureusement contredite par l’histoire sérieuse ; puisqu’on trouve dès 1318 le nom de Notre-Dame du Bondon. D’ailleurs le nom primitif du village est habituellement écrit Bedon et non Bondon, et le peuple de la campagne dit encore aujourd’hui le Bodon.

Voici maintenant le texte de l’acte par lequel le duc Jean V transmit aux Carmes la chapelle de Notre-Dame du Bondon.

« Jehan , par la grâce de Dieu, duc de Bretagne, comte de Montfort et de Richemont, à tous ceux qui ces présentes lettres verront et orront, salut. — Comme dès pieça Nous, considérantz estre chose très méritoire fonder églises et collèges de personnes religieuses sainctes et dévottes, pour faire et dignement célébrer le divin office, et ayant en propoux de fonder ung collège de Frères Carmélistes à l’honneur, gloire et louange du benoist Jésus, nostre Redempteur, et de la glorieuse Vierge Marie, sa benoiste Mère, et en rémission et pardon des péchés de nos progéniteurs, de nous et de noz successeurs, et de tout ceux pour lesqueulx en nostre conscience avons volonté et intention de ce faire, et voulans nosdits propoux et intention mettre, moyennant l’aide de Nostre-Seigneur, à exécution, voyans la chapelle de Nostre-Dame du Bodon, sittuée près nostre ville de Vennes, estre lieu et place très dévotte et pour ladite fondation très propice, et convenable, par l’advisement et délibération de nostre Conseil, avons voulu et délibéré, voulons et délibérons par ces présentes fonder, faire et instituer ledit collège et église des Frères Carmélistes audit lieu du Bodon, ouquel collège, avons voulu fonder et ordonner estre dictes et célébrées deux Messes à notte, à diacre et soubzdiacre, par chacune sepmaine perpétuellement par les Frères religieux dudit convent et collège, scavoir est, l’une de Nostre-Dame à l’introit de Rorate au lundy, et l’autre de Requiem au mercredy, ainsy et par condition que celle messe de Nostre-Dame sera après nostre déceis dicte de Requiem, et en la manière que dessus, et à ce seront lesdits religieux pour eux et leurs successeurs obligez et tenuz ;

« Et tout ce de l’assentement exprès de révérend père en Dieu et nostre bien amé et féal conseiller Amaury, évesque de Vennes, et de son Chapitre, et de dom Pierre Hervou et M. Hervé Albin, curez de Sainct-Pater, en laquelle paroisse l’église et chapelle dudit lieu du Bodon sont sittuées, lesquieulx curez et chacun d’eux, de l’autorité et consantement desdits Evêque et Chapitre, ont consenti et voulu ladite fondation estre faite à ladite chapelle et ès lieux et places à icelles contiguës et adjacentes, qui à icelle fondation seront proufitables et nécessaires, et pour cause d’icelle fondation nous ont cédé et transporté tout le droit raison et action qui leur compétoit et pouvoit compéter et appartenir en icelle chapelle et èsdites places adjacentes et contiguës, et les autres lieux que nous baillerons èsdits Frères pour ladite fondation, tant en fonds, propriété, chasubles, calices, possessions, édifices, que en debvoirs d’offrandes, oblations, luminaires, enterrages, draps d’or et de soye, ornementz, livres, reliques et reliquaires, que en autres choses quelconques, sans rien en excepter, sauff que lesdits curez et les autres curez voisins auront des enterrages qui en l’église dudit collège seront faitz de leurs paroissiens seullement tel droit comme ils ont et prennent en tel cas chez les Frères Cordeliers de nostre ville de Vennes ;

« Et pour retour et recompensation de ce, par l’advisement et délibération de nostre dit Conseil, nous avons baillé, cédé et transporté, baillons, cédons et transportons par ces présentes esdits curez de Sainct-Pater et à leurs successeurs recteurs et curez d’icelle paroisse cinq thonneaux de fromant de rente, à compter dix perrées mesure de Vennes pour chacun thonneau, à estre payez par chacun an par les mains de noz fermiers ou autres faisant la recepte des revenus de noz moulins de Vennes, sis en et soubz nostre estang vulgaument appellé l'Estang-au-Duc, présentz et advenir, et de chacun d’eux, à deux termes, scavoir est, à Pasques et à la sainct Michel en Monte-Gargane par moytié, ainsy et par forme que toutes fois et quantes qu’il plaira à nous et à noz successeurs, nous nous en pourrions descharger et acquitter, baillant et asséant lesdits cinq thonneaux de fromant de rente ésdits curez de Sainct-Pater et leurs dits successeurs en la banlieue de nostre ville de Vennes ou ailleurs en bons lieux suffisantz ; ainsy dict que si ladite assiette est faite en ladite banlieue, iceux curez et leurs successeurs seront tenuz l’aller ou envoyer quérir, cuillir et recepvoir à leurs coustz et despans ; et si ladite assiette est faite hors de ladite banlieue, nous et noz successeurs serons et suymes tenuz le leur faire rendre et porter à noz coustz et despans en nostre dite ville de Vennes ou ès forsbourgs d’icelle, ès termes dessus nommez, et avons voulu et voulons par ces présentes que lesdits curez et leurs successeurs jouissent chacun an desdits cinq thonneaux de fromant de rente, en la manière que dit est, sur l'hipotecque et obligation des revenus de nosdits moulins, que avons à ce obligez et obligeons par ces présentes, en leur en transportant et transportons droiture, propriété, possession et saizine.

«Sy mandons et commandons à touz et chacun noz receveurs et fermiers dessus ditz, présentz et advenir, etc... 

« En tesmoign perpétuel de ce, avons fait mettre à ces lettres nostre scel en lacz de soye et cire verte, le derroin jour de janvier, l’an de grâce mil-quatre-cenz-vingt-quatre. (N. S. 1425).

Par le Duc,

« De son commandement, en son Conseil, ouquel le comte d’Estampes, l’évesque de Vennes, le Président, Messires Pierre Eder et Jehan de Kermellec, conseillers, Me Jehan Doguet, Jehan de Pennerven, généraux procureurs de Bretaigne-Gallo et Basse-Bretaigne, le Doyen de Nantes, Jehan Chauvin, Jehan Garin, le procureur de Broérech, Jehan Guého, Pierre Loret, et autres estoint. A. Guillemet ».

Ces lettres furent lues et publiées au sein des Etats tenus à Vannes le 12 février 1424. (N. S. 1425). — (Largoet).

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ENCLOS

Le don de la chapelle de Notre-Dame du Bondon pour l’établissement des Carmes n’était qu’un commencement de fondation ; il fallait en outre un terrain suffisant pour bâtir un couvent et constituer un pourpris. Le Duc lui-même, dans l’acte de donation de la chapelle, mentionnait « les places adjacentes et contiguës et les autres lieux qu’il voulait bailler ès Frères pour la dite fondation ». Or ces terres appartenaient pour le fief et le fonds à Jean de Malestroit, seigneur de Kaer, et pour la jouissance à Pierre Loret, qui en tirait une rente de 59 sous 10 deniers. Le Duc s’adressa donc aux deux intéressés et il en obtint le contrat suivant :

« Comme noble home Messire Jehan de Malestroit, seigneur de Kaer, eust autrefois baillé et transporté en pur et perpétuel héritage à Pierre Loret, pour luy et ses héritiers, les maisons, courtil et hebregement, avecques la maison et hebregement de l’hospital, que feu home de bon mémoire noble et puissant Messire Jehan de Malestroit, son aieul, seigneur de Malestroit, et dont le dit sire de Kaer est hoir principal, et luy mesme souloint avoir et tenir et leur appartenoint jouxte et au derrière de l’église Nostre-Dame du Bodon, avecques un grand clos en prée, boais et terres de labour, contenant douze journaulx de terre ou environ, comme celles choses sont closes à plesses, haies et fossés, situées d’un costé devant la dite église, entre le grand chemin par où l’on va de la ville, de Vennes à Grandchamp, et le domaine terres et héritages de Jouachin de Camsquel, d’un et autre costé, et le chemin par où l’on va de la dite église du Bodon au pont Mahé d’un bout, et les terres du village de Camsquel d’autre bout ; .. à tenir les dits héritages noblement, à foy et à rachapt du dit sieur de Kaer, de ses héritiers et cause-ayantz, à l'usement et coustume des autres rachaptz et nobles tenues de Bretagne ;

« Et soit ainsy que puis le temps du dit transport et contract, mon souverain seigneur Mgr le Duc ait eu en dévotion de fonder et édiftier un collège de religieux de Nostre-Dame du Carmel, en l’honneur et révérance de Dieu et de la benoiste Vierge Marie, Mère de Dieu, pour l’édification et emplacement duquel collège les dites maisons courtil et herhregement, avecques le dit grand clos de prée joignant au dit courtil et herbregement, estoint et sont bien propres et nécessaires, et désiroit le dit sieur de Kaer les donner et transporter au dit collège et moutier, en dotation et fondation de certaines messes, offices et services divins, selon sa dévotion.., le dit sieur de Kaer, tant pour luy que pour ses héritiers, a baillé, livré, cédé et transporté, baille, livre, cède et transporte ausd. religieux et collège et à mon dit seigneur le Duc les dits maisons, courtil, hospital et hebregement sittués, jouxte et au devant la dite église, avecques le dit grand clos de prée, joignant au dit hebregement, comme celles choses se poursuivent...

« Et pour que le dit Loret se assentit à ce que dit est, mon dit seigneur le Duc a promis, doibt et est tenu bailler et assurer au dit Loret cinquante et neuf soubs dix deniers de rente valante et levante en bons lieux et suffisantz... Et partant le dit Pierre Loret s’est assenty au transport et baillée que le dit sire de Kaer a fait ausd. religieux et collège du dit clos et hebregement, et en a quitté et quitte le dit sire de Kaer et ses héritiers.

« Les quelles choses toutes et chacunes tenir, fournir et accomplir, sans jamais encontre venir, par eux ny par autres en aucune manière, promirent jurèrent et eux obligèrent les ditz sieur de Kaer et Pierre Loret, et mon dit seigneur le Duc soit y assentit, authorisa et confirma toutes et chacunes les choses dessus dictes... Donné tesmoigns le sceau estably aux contractz de nostre court, avecques le sceau de mon dit de Kaer... Ce fut fait le unziesme jour d’apvril l’an mil quatre cenz vingt et cinq, après Pasques. Signée : Guillemet, passe.. » (Largoet).

Après avoir lu cette pièce, on voit combien s’est encore trompé le P. Albert Le Grand, en disant que « le duc Jean V donna aux Carmes une sienne maison de plaisance, située hors la ville de Vennes ». La vérité est que le Duc ne possédait pas un pouce de terrain au Bondon. Pour donner la chapelle aux Carmes, il lui avait fallu d’abord en obtenir la concession de ceux qui en avaient la propriété, puis indemniser les curés de Saint-Patern, qui en avaient la jouissance. De même pour l’enclos, il en avait obtenu la cession de Jean de Malestroit, qui en était le propriétaire foncier, et il avait accordé une indemnité à Pierre Loret, qui en avait la jouissance.

Si le duc Jean V est le principal fondateur des Carmes du Bondon, parce que le premier il en a eu l'idée, et qu’il a payé largement pour en écarter les usufruitiers, il n’en est pas moins vrai que les propriétaires de la chapelle et de l’enclos ont pris part à sa bonne oeuvre et qu’ils ont droit au titre de fondateurs secondaires. Aussi les moines, pendant plus de deux siècles, n’ont fait aucune difficulté pour reconnaître les Malestroit de Kaer comme leurs fondateurs après le Duc, et ce n’est que plus tard qu’ils leur ont contesté ce titre, afin de se rattacher directement au Roi. Dans l’acte de fondation on ne trouve aucune trace de dotation pour les religieux, et cela peut-être parce qu’ils devaient vivre d’aumônes et du produit de leur enclos. Le duc fondateur leur imposa deux messes chantées par semaine, et c’est probablement pour compenser cette charge qu’il leur alloua sur son domaine une rente annuelle de 60 livres monnaie, ou 72 livres tournois, qui a été fidèlement payée jusqu’à la Révolution.

Les Carmes s’établirent au Bondon dès 1425, car on voit dans l’enquête pour la canonisation de saint Vincent Ferrier, qu’un démoniaque fut conduit en cette année à la chapelle de ce lieu et présenté au P. Thomas, Carme, qui s’y trouvait. Les religieux durent se loger provisoirement dans la maison et l’hôpital mentionnés ci-dessus.

Le couvent qu’on leur bâtit semble avoir formé deux côtés d’un carré, dont l’église occupait au sud le troisième côté. Les édifices primitifs ont été sans doute retouchés dans la suite des temps, et même détruits en partie, mais on y voit encore deux ou trois grandes fenêtres ogivales, qui pourraient bien remonter au XVème siècle.

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CARMELITES

Les Carmes occupaient leur couvent depuis 35 ans, quand Françoise d'Amboise, veuve du duc de Bretagne Pierre II, leur parla de son projet de fonder un établissement de Carmélites auprès de leur maison, afin d’avoir toujours à proximité les secours spirituels des religieux. A cet effet, elle obtint, dès le 16 février 1460, une bulle du pape Pie II, autorisant la fondation, prescrivant une séparation absolue entre les deux maisons, fixant le personnel futur à 18 religieuses, 4 novices, 3 tourières, et déléguant l'évêque de Vannes pour veiller à l’accomplissement de toutes ces conditions. En même temps la duchesse obtint d'Alain Le Faucheur, prieur du Bondon, et des frères de la communauté, la jouissance du bas de leur église, pour y faire le choeur des religieuses ; en outre elle reçut tout le terrain situé au sud de l’église jusqu’au chemin public, et même une partie du pré des religieux vers l’ouest : le tout fut ratifié par le prieur provincial Jean de la Nuce et par le prieur général Jean Soreth.

Aussitôt commencèrent les travaux pour la construction du monastère et l’aménagement du choeur. On peut voir encore aujourd’hui le mur fermant le choeur des religieuses et le séparant du reste de l’église ; on y retrouve d’un côté la place de la grande grille, et de l’autre la petite fenêtre servant à la communion. C’est tout ce qui nous reste ici de la B. Françoise d’Amboise. Ce vénérable débris est d’autant plus précieux qu’il marque d’une manière certaine la largeur de l’ancienne chapelle, son axe et sa direction vers l’est, et qu’avec les mesures déjà connues il permet de restituer sur le terrain et sur le papier le plan de l’église primitive.

Quant au couvent des religieuses, qui devait être construit au midi de leur choeur, il n’en reste actuellement aucune trace, et il est impossible d’en donner un plan même approximatif.

Les travaux du monastère touchant à leur fin, neuf religieuses Carmélites furent appelées de Liège, et arrivèrent à Vannes le 31 octobre 1463. Elles furent logées provisoirement au château de l'Hermine, et le 21 décembre suivant elles furent conduites processionnellement au Bondon par le prieur général Jean Soreth, par l’évêque de Vannes Yves de Pontsal, et par un grand nombre de personnes de la noblesse, de la bourgeoisie et du peuple.

Le nouveau monastère fut dédié aux Trois Maries, c’est-à-dire à Marie, mère de Jésus, à Marie, mère de Jacques, et à Marie surnommée Madeleine : c’est ce qu’indique du reste le sceau de la communauté.

Le 21 mars 1467 (N. S. 1468), la communauté des Carmes du Bondon, composée des FF. Yves Alain, prieur, Pierre Brient, Pierre Boterel, Yves Parin, Jehan Ponloye, Jehan Loers, Michel Rivalen, Thierry Norart, Paul Vaillant, Jacques Hirel et Jehan Rondel, se réunit en chapitre. Après avoir ratifié la première cession de terrain faite en 1460 par leurs prédécesseurs à la duchesse, ils autorisèrent la construction d’une chapelle latérale entre le bâtiment des religieuses et le bras sud de l’église, pour servir spécialement à la sépulture des soeurs.

En retour, la duchesse donna aux Carmes : 1° un capital pour acheter une rente de six livres, destinée à l’entretien de la lampe du Saint-Sacrement et à la fourniture d’un cierge pour les messes et les heures de Notre-Dame ; une somme de 600 écus, pour construire une seconde chapelle au sud, le long du choeur de l’église ; 3° un grand nombre d’ornements ecclésiastiques, tels que chasubles, chapes, dalmatiques, etc...  pour le service exclusif de l’église du Bondon. Enfin, pour améliorer la situation des soeurs, elle donna cent écus d’or aux religieux, pour avoir leur prairie située sur le bord de la voie publique à l’entrée du chemin qui conduit du Bondon au Vincin. Tous ces arrangements furent sanctionnés le même jour par le provincial de Touraine, et le lendemain par le Père général Jean Soreth, qui se trouvaient au Bondon.

Le 24 mars 1468, Françoise d'Amboise, à la veille de  prendre l’habit religieux, fixa d’une manière définitive la dotation du couvent des Trois-Maries. Elle donna les rentes qu’elle avait acquises à Plouagat, à Plouhinec, et sur différents particuliers, montant au chiffre de 534 livres par an, et promit de compléter incessamment le total de 600 livres, qui avait été précédemment fixé par divers actes.

Le lendemain, 25 mars, fête de l'Annonciation, la bienheureuse duchesse se présenta dans la chapelle de Notre-Dame du Bondon, avec quatre de ses damoiselles, qui voulaient aussi se donner à Dieu, et là, en présence de l’évêque, du clergé et d’une foule considérable, elle reçut l’habit des Carmélites des mains du R. P. Soreth et fut ensuite admise dans la clôture.

Pendant son noviciat, Françoise se signala surtout par son humilité, remplissant les emplois les plus communs, et voulant toujours prendre la dernière place ; il fallut même l’intervention du P. général pour l’obliger à prendre comme fondatrice, la première place après la prieure.

L’année révolue, la novice fut admise à faire ses voeux, du consentement unanime de la communauté, le 25 mars 1469 (N. S.). Elle les prononça devant l'Evêque, qui bénit ses habits et devant le R. P. Soreth, qui fit une pieuse exhortation à l’assistance. La nouvelle professe était au comble de la joie elle était détachée du monde et elle espérait désormais vivre ignorée au fond du couvent. Mais ses soeurs ne l’entendaient pas ainsi ; dés la première élection qui eut lieu en 1469 elle fut nommée prieure, et malgré ses répugnances elle dut accepter la charge. Au bout de trois ans, elle fut heureuse de se voir remplacée, conformément à la règle, mais trois, ans après, en 1475, les suffrages de ses soeurs l’appelèrent de nouveau à gouverner la communauté.

C’est au milieu de ses occupations que la B. Françoise d'Amboise fut invitée par le Duc et par le Pape à prendre possession du monastère des Coëts près de Nantes, et à y conduire une colonie de Carmélites. Elle quitta le Bondon au mois de décembre 1477, emmenant avec elle neuf de ses religieuses.

Celles qui restèrent ici, ne pouvant se consoler du départ de leur mère, se plaignirent bientôt de l’âpreté de l’air et d’autres inconvénients, qu’elles n’avaient pas remarqués auparavant, et elles finirent par obtenir du Pape, le 13 décembre 1479, l’autorisation de quitter le Bondon pour se réunir à leurs soeurs des Coëts.

Ce n’est que cinquante ans plus tard, qu’un essaim de Carmélites revint des Coëts à Vannes, pour s’établir au couvent de Nazareth.

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FONDATIONS

La plus grande partie des archives du Bondon se compose d’actes de fondations, et de procédures soulevées à leur occasion. Pour être complet, il faut nécessairement en donner le résumé, malgré l’aridité du sujet.

Le 31 janvier 1425, le duc Jean V fonda deux messes chantées par semaine, l’une au lundi et l’autre au mercredi.

Vers 1463, Françoise d'Amboise fonda une messe chaque samedi pour le repos de l’âme de sa mère, Marie de Rieux.

Le 21 mars 1468, la même Françoise fonda l’entretien de la lampe du Saint-Sacrement et d’un cierge à Notre-Dame.

Vers 1481, le seigneur du Garo fit aussi une fondation, qu’il hypothéqua avec les deux précédentes sur deux tenues à Lézolvan, en Grandchamp.

Le 13 avril 1499, Marie du Pont, veuve de Kaer, donna une rente de 20 livres monnaie pour avoir 3 messes chantées par semaine.

Le 30 novembre 1499, Béatrix de Rostrenen, dame d'Acigné, donna une rente de 34 perrées 1/4 de froment, 37 perrées d’avoine, 23 poules et 7 livres d’argent, pour 3 messes chantées par semaine.

Le 20 février 1506 (1507), Odet de Loyon donna des rentes sur divers immeubles, pour avoir une messe chantée par semaine.

Le 4 avril 1510, Jean, seigneur de Kaer, donna une rente de 6 livres monnaie pour fonder l’anniversaire de sa mère au 8 septembre.

Le 28 décembre 1512, François Le Pennec, Sr de Caden, donna 25 livres de rente sur des immeubles, pour 3 messes par semaine.

Le 16 juillet 1515, Guy du Quirisec, archidiacre, donna 1,000 livres à placer, pour avoir une messe basse par jour.

Le 6 mars 1515 (1516), Louise du Garo, dame de Kerméno, fonda par testament deux messes basses par semaine.

Le 15 juillet 1517, Jean de Monternault donna une rente de 6 livres sur un pré, pour avoir une messe par semaine.

Le 28 janvier 1526, le roi François Ier donna ou confirma une rente de 60 livres monnaie pour la messe chantée le dimanche.

Le 4 février 1531 (1532), Pierre Madégo donna des terres situées à Brestevan en Theix, pour avoir 2 services par an et des prières.

Le 12 octobre 1519, transfert de la fondation Bouczo au Bondon, hypothéquée sur la tenue du Grisso-Parfin.

Fondations sur diverses maisons de Vannes et d’ailleurs, à charge de messes en nombre inconnu.

Fondation faite par les seigneurs de Camsquel, mais on n’en connaît ni les revenus ni les charges.

Le 1er juillet 1583, Pierre du Théno, Sr du Pargo, légua une rente de 15 livres, pour une grand’messe par semaine.

Le 13 juillet 1587, le sieur et la dame de Coetec donnèrent 780 livres pour avoir 3 messes basses par semaine.

Le 22 septembre 1591, Louis Thomas, Sr du Pargo, donna une rente de 18 livres pour une grand’messe par semaine.

En 1595, mention d’un legs de 300 livres de Marguerite du Magouéro, pour une messe basse par semaine.

Le 8 février 1629, Charles de Trédazo, Sr de Kerisouet, donna une rente en grains, pour une messe basse par semaine.

Le 21 février 1630, Guillaume Bidé, Sr de la Grandville, donna une rente de 12 perrées, pour une messe et une procession par mois.

Le 30 janvier 1632, David Papin, Sr de la Tévinière, donna une rente de 150 livres, pour deux messes basses par semaine.

Vers 1638, fondation d’une rente de 15 livres pour des messes au profit d'Olivier de Kerboulart.

En 16... Jeanne de Quélen, douairière de Lesvellec, donna 300 livres à placer, pour une trentaine de messes.

En 16... Amaury Lubin, Sr de Kerlan, donna une rente de 20 livres sur un pré, pour avoir 40 messes basses.

En 1641, Julien de Livilion, recteur de Ploeren, donna un capital pour fonder des messes à son intention.

Le 11 février 1648, Jeanne de la Coudraye donna une prairie près Trussac, pour trois messes par semaine.

Le 22 mai 1648, Jean Gouyon, Sr de Vaudurant, donna une rente de 5 perrées de seigle, pour 65 messes par an.

Le 2 novembre 1649, Julienne Guillo, dame de Kermelen, donna 10 livres de rente, pour 20 messes basses par an.

En 16... Rollande de Plumaugat, veuve de la Ville-Pierre, donna 600 livres à placer en rente, pour avoir des messes.

Vers 1660, les soeurs Martin, de Saint-Patern, donnèrent une rente de 25 livres, pour une messe tous les lundis.

En 16... Pierre de Sérent, seigneur de la Rivière, donna 1,000 livres à placer en rente, pour avoir des messes.

Le 29 février 1664, Sébastien Thomazo, recteur de Saint-Avé, promit 3,000 livres, pour fonder 188 messes.

Le 24 novembre 1664, Catherine de Francheville donna une rente de 60 livres, pour 56 messes par an ; ce qui fut révoqué en 1685.

Le 28 avril 1665, Pierre Le Bouhellec, prêtre, légua une maison en Saint-Avé, pour un service et 52 messes par an.

Le 19 juin 1665, fondation de 57 messes pour les donateurs de deux pièces de, terre situées à Pontivy.

Le 30 décembre 1666, transaction pour une rente de 12 livres, due pour la fondation de G. Bino, dame du Rest.

Le 26 janvier 1667, Pierre Riaud, Sr de Saint-Canton donna une rente de 65 livres, pour avoir 105 messes par an.

En 16.. Yvonne Doriot donna une rente de 60 livres, pour fonder des messes à son intention.

En 16.. Madame Le Valois de Villechauve donna pareillement une rente pour fonder plusieurs messes.

Le 15 décembre 1684, Jeanne Basselinne fonda une messe basse par mois à dire à la prison de Vannes. 

Le 1er décembre 1707, Marguerite Jégat, veuve Le Courtois, fonda une messe par mois à dire au Bondon.

A cette liste incomplète, on peut ajouter diverses expositions du Saint-Sacrement fondées au même lieu.

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SEPULTURES

Les fondations de services religieux étaient fréquemment accompagnées de réserves pour les sépultures. Les archives nous ont conservé la trace de quelques-unes de ces inhumations chez les Carmes du Bondon.

Ainsi Béatrix de Rostrenen, veuve de Jean V d'Acigné, bienfaitrice de la maison, choisit sa sépulture dans le choeur, du côté de l’évangile, prés du mur de la sacristie. On lisait sur sa tombe : Cy gist le corps de haulte et puissante dame Béatrix de Rostrenan, dame d’Assigny, de Couédor et de la Chesnaye, laquelle trépassa le XXVe jour de mars l’an M. D. V. (N. S. 1506).

Odet de Loyon, qui avait fait une fondation en 1507, et avait obtenu un enfeu pour lui et ses successeurs dans la chapelle de Notre-Dame de Paradis, située au midi du choeur, mourut en 1516. Voici son épitaphe : Cy gist le coeur de noble homme Odet, seigneur de Loyon, de Boismoraud et de Clergerel, premier écuyer tranchant de la Rogne, capitaine de Vennes en son vivant, lequel décéda à Moulins en Borbonoys, le mardy XIIe jour d’augst l’an M. D. XVI. Dieu en ait l’âme.

Les quatre gros piliers qui portaient la tour centrale étaient décorés des armes des seigneurs de Camsquel, et rappelaient le concours généreux fourni par eux lors de la construction de l’église. Cette famille possédait plusieurs tombes prohibitives dans cet espace et près de l’entrée du choeur. La chapelle du transept nord étant dédiée à Notre-Dame de Pitié, c’est la que François Le Pennec, sieur de Caden, faisant une fondation en 1512, acquit un terrain pour enfeu, « de dix piez de large sur vingt piez de long, en descendant droict de l’aultier à l'huys et porte du cloistre, avecq faculté d’y avoir tombes, escabeaux, vitres et escussons de ses armes, et aultres intersignes, à l’exclusion de touz aultres ».

La chapelle du transept sud portait le nom des Trois-Maries ; elle appartenait aux seigneurs du Garo et à ceux du Pargo, qui avaient leurs armes dans les vitres et leurs enfeus sous le pavé. C’est là que parait avoir été inhumée, en 1516, Louise du Garo, femme de Jean de Kerméno, seigneur de Kerguéhennec. C’est là que Pierre du Théno, seigneur du Pargo, choisit sa sépulture en 1583, et que Louis Thomas, autre seigneur du Pargo, obtint, en 1591, une nouvelle concession de terrain.

Deux chapelles avaient été ajoutées à la nef de l’église. Celle du sud, bâtie en 1468 par les Carmélites, pour leur servir de sépulture, paraît avoir reçu plus tard les noms de Saint-Laurent et de Sainte-Thérèse ; celle du nord, d’une date postérieure, était dédiée à Sainte-Barbe, puis à la Conception de Notre-Dame. C’est la que Jean de Monternault fut inhumé en 1517 ; c’est là pareillement que furent enterrés plusieurs membres de la famille de Kerboutier, seigneurs de Coetec et de Botcoarh.

Dans un aveu de 1679, le seigneur de Coetec, qui était en même temps seigneur du Pargo, mentionne deux chapelles dans l’église du Bondon comme relevant de lui, savoir, celle de la Conception de Notre-Dame, dépendant de Coetec, et celle de la Trinité ou des Trois-Maries, dépendant du Pargo.

En 1624, les religieux construisirent un choeur neuf à l’est de l’ancien, et mirent celui-ci dans la nef. Aussitôt M. Pierre de la Touche, seigneur de Camsquel et de Keroland, conseiller au Parlement, se plaignit de cette innovation, qui laissait un peu plus loin du sanctuaire ses tombeaux de famille. — Mais qu’y faire? Pouvait-il raisonnablement empêcher les religieux d’agrandir leur église? Ne pouvait-il pas exhumer les cendres de ses ancêtres et les rapprocher du nouveau sanctuaire? La famille d'Acigné, qui avait un tombeau dans l’intérieur même de l’ancien choeur aurait eu plus de raison de se plaindre, et néanmoins on ne trouve aucune trace de réclamation. 

C’est dans le choeur nouveau, que M. David Papin, seigneur de la Tévinière, de Pontcallec, etc... choisit en 1632 sa sépulture, « en un endroit au hault du dit choeur, advis et joignant les trois premières chères (stalles), proche du marchepied de l’authel et du cotté de l’évangille, distant du pignon de 22 piedz, au quel lieu il aura une tombe prohibitive pour luy et les siens, armoiée de ses armes et épitaphe, quelle tombe sera platte et à fleur de terre, avec six piedz de long et trois piedz de large ». — C’est également dans le choeur neuf et près du balustre du côté de l’épître, que fut inhumé M. Bino, seigneur du Rest.

Parmi les autres personnes inhumées dans diverses parties de l’église du Dondon, on peut citer :

Olivier de Kerboulart, en Saint-Nolff, mort vers 1638 ;

Jacques Gouyon, sieur de Vaudurand, mort en 1647 ;

Laurence de Plumaugat, veuve de M. de Granclos, morte en 1649 ;

Jean Le Gouverneur, recteur de Saint-Nolff, mort en 1652 ;

Mathurine Berthelot, tertiaire du Carmel, morte en 1669 ;

Sébastien Thomazo, recteur de Saint-Avé, mort en 1670 ;

Sébastien de la Touche, seigneur de Camsquel, mort en 1683 ;

René de la Touche, seigneur de Camsquel, mort en 1699 ;

Renée-Elisabeth de Chouppes, dame de Camsquel, morte en 1710 ;

Pierre de Kerboutier, seigneur de Coetec et du Pargo, mort en 1661.

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REFORME

Le R. P. Philippe Thibaut avait commencé la réforme de son ordre en France en 1604, avec l’autorisation du Prieur général des Carmes. Graduellement il avait introduit l’étroite observance dans les diverses maisons de la province de Touraine. C’est en 1624 que la réforme fut admise au Bondon : ce qui fut sanctionné au chapitre provincial tenu à Ploërmel le 29 septembre 1625.

Les Réformés renonçaient aux adoucissements autorisés par la coutume, et ils tendaient à l’observation plus rigoureuse de la règle ; ils ne conservaient pas, comme les anciens religieux, leurs noms de famille, mais ils prenaient des noms de saints : pratique avantageuse pour l’humilité et l’égalité des frères, mais funeste pour les recherches historiques.

Une réforme parallèle et plus radicale avait été commencée en Espagne par saint Jean de la Croix ; et pour les distinguer on appela les réformés de France Grands Carmes et ceux d'Espagne Carmes Déchaussés.

Les nouveaux religieux du Bondon étaient à peine installés quand ils s’engagèrent dans une affaire très hasardeuse. Ils désiraient avoir en ville une chapelle publique, afin de rendre leurs prédications et les confessions plus accessibles aux fidèles. Ils jetèrent les yeux sur la chapelle des Lices, bâtie en 1427 par le duc Jean V en l’honneur de Notre-Dame de Chartres, et desservie par un chapelain, dont la présentation appartenait au roi, et l’institution à l’évêque. Ils s’adressèrent donc au chapelain, qui était alors M. Robert Morin, et obtinrent de lui une résignation de son bénéfice en leur faveur le 8 avril 1627. Sur le vu de cette démission et sur la requête des Carmes, le roi Louis XIII donna des lettres patentes, le 12 mai suivant, pour leur conférer la chapelle et la chapellenie à perpétuité, moyennant le consentement de l’évêque. Ce consentement fut donné, et l’affaire paraissait réglée, quand une vive opposition se produisit en ville. La chapelle des Lices était publique, les offrandes appartenaient à la fabrique de la cathédrale, ses intérêts étaient gérés par un député du chapitre et par un député de la ville ; elle était de plus le siège d’une confrérie du Saint-Sacrement, et les Cordeliers y acquittaient plusieurs fondations. Or on avait négligé de consulter tous ces intéressés dans la jouissance de la chapelle, et on avait sacrifié leurs droits.

Un procès fut entamé par le Chapitre devant le présidial de Vannes, et les Carmes furent déboutés par sentence du 26 octobre 1627. Les religieux en appelèrent aussitôt comme d’abus, au parlement de Bretagne, et celui-ci rendit l’arrêt suivant le 20 juillet 1628 : « La Cour, en l’appel comme d’abus, dit qu’il a été mal et abusivement procédé, conféré et uny ; a cassé, rejetté et annulé tout ce que fait a été ; a mis et met l’appellation et ce dont a esté appelé au néant ; et faisant droit au principal, a débouté les dits religieux Carmes de l’effet et entérinement des lettres par eux obtenues ».

Battus de ce côté, les Carmes s’occupèrent de réviser leurs fondations. Ils avaient subi la loi commune de la dépréciation graduelle de l’argent, et certaines fondations, qui dans l’origine étaient rémunératrices, étaient devenues avec le temps une charge pour la maison. De ce nombre était la fondation faite en 1499 par Marie du Pont, dame de Ker, et augmentée en 1510 par son fils, Jean de Malestroit, seigneur de Ker. En 1647, le F. Auxence de Jésus-Marie, prieur du Bondon, s’adressa à Messire Rolland Morin, seigneur du Trest et de Ker, et président de la Chambre des Comptes de Bretagne, et lui demanda, comme seigneur de Ker, de vouloir bien réduire la charge imposée jadis par Marie du Pont. M. Rolland Morin y consentit volontiers, et n’exigea plus qu’une messe basse par semaine, une messe chantée et une procession au 16 juillet, et un anniversaire solennel au 8 septembre.

En retour il demanda qu’on lui reconnût son titre de fondateur secondaire, à cause du don de l’enclos fait par ses prédécesseurs, et qu’on lui permit à lui, et à ses successeurs, d’entrer à ce titre dans la clôture. Les religieux, consultés à ce sujet par leur prieur, le 26 avril 1647, en plein chapitre, trouvèrent la demande très juste, et ils donnèrent au R. P. Auxence une procuration où ils disaient : «... Avons consenty et par ces présentes consentons que le dit seigneur de Ker, au dit nom, et sans préjudice des droits des seigneurs souverains ducs de Bretagne, premiers et principaux fondateurs du dit couvent, jouisse du titre de second fondateur ou premier bienfaiteur d’icelluy, avecq pouvoir d’y entrer et lui et ses successeurs, seigneurs du dit Ker... ».

Muni de cette pièce, le prieur se rendit à Nantes, pour en faire part à M. Rolland Morin et lui demander de modérer son droit d’entrée à l’égard des femmes. Par acte du 8 mai 1647, « le dit seigneur du Trest et de Ker, voulant, à l’imitation de ses prédécesseurs, favorablement traiter les susdits religieux, ayant mesme dessein d’y faire eslever une sépulture dans un lieu éminant au choeur de leur église, au moins incommodant que faire se pourra, a consenty et consent, tant pour la dame sa compaigne, que pour toutes autres dames de Ker, que les compaignes des seigneurs de Ker, à l’advenir, ne pourront entrer dans la maison et pourpris du dit monastère que trois fois en leur vie, dont elles seront tenues de donner acte, ou pourront les dits religieux le prendre ainsy qu’ils verront bon estre ».

Tous ces points ayant été réglés d’un commun accord, il ne restait plus qu’à les ratifier en chapitre. Le 30 octobre 1648, le nouveau prieur, F. Mathias de Saint-Bernard, réunit ses religieux et leur donna lecture du traité passé avec M. du Trest. Par un revirement inexplicable, les moines refusèrent de le ratifier, « tant parce qu’il étoit contraire aux droits des ducs de Bretaigne et à la justice, que parce que ny le P. Auxence ny la communauté n’avaient pu entrer en traité avec le sieur du Trest, cela leur estant défendu par l’assemblée provinciale tenue à Loudun le 13 mai 1642 ». — Ces raisons étaient vraiment pitoyables : le titre de fondateur secondaire, basé sur le don de l’enclos, loin d’être contraire à la justice, était la reconnaissance d’un fait indéniable ; loin d’être contraire aux droits des ducs de Bretagne, il les confirmait, car le titre de fondateur secondaire présuppose celui de fondateur principal. Quant à la défense portée par l’assemblée de Loudun, si elle est réellement bien interprétée, les religieux du Bondon avaient eu tort de donner au P. Auxence leur procuration pour traiter ; et en rejetant le traité signé, ils devaient des réparations à M. du Trest.

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PROPRIETES

A propos de l’enclos, voici la description qu’en donnait, vers ce temps, le registre des Carmes de Rennes. « Le pourpris, tant en jardins, prairies, terres arables, bocages el pastourages, est bien de dix arpenzs ; et sur l’advenue de la ville de Vannes il y a un beau bocage bien clos, en forme de triangle, quy environne l’église du costé du midy, planté de grands-arbres, comme fresnes, ormes, chesnes, oultrepassant la haulteur de l’église et du couvent, pour rompre la violence des ventz, qui sont fort violentz à cause de la proximité de la mer.

« A cause des foires, il y a de grandes portes entre le chemin et les terres qui sont maintenant closes, et qui s’ouvrent aux dits jours de foires, pour recevoir tant les bestes vénables que les aultres marchandises. Il s’y jetait aussi anciennement une soule le dimanche après la Purification : les religieux la debvoint, ayant le droit du seigneur ; mais cela est supprimé depuis peu de temps, n’estant ny utile ny décent à des religieux ».

Aux trois foires du Bondon, le seigneur de Largoet, représenté par son fermier, percevait un droit de coutume, consistant en un pot de vin sur chaque tavernier. Les religieux voyaient d’assez mauvais oeil la perception de ce droit, parce que les foires se tenaient principalement sur leur terrain. Aussi l’attaquèrent-ils plusieurs fois en justice, notamment en 1599, 1679 et 1729, mais toujours sans succès.

Les juges du présidial s’expriment ainsi en 1599 «.., Nous avons déboutté et débouttons les religieux demandeurs de leurs demandes, fins et conclusions, et avons maintenu le seigneur de Largoet en la jouissance et perception du debvoir d’un pot de vin sur chacun tavernier, vendant vin ausdites foires, tant au dedans que dehors le pourpris du dit couvent, et néantmoins luy avons fait deffences de lever aucun debvoir sur pain, viande ou autre chose que sur le dit vin, sur les peines quy eschéent... ».

Les rapports entre les religieux et le seigneur de Largoet, qui était le seigneur féodal du Bondon, étaient donc assez tendus. Aussi lorsqu’en 1679, on procéda à la réformation du domaine royal, les Carmes laissèrent de côté la dame de Largoet, Madeleine de Castille, veuve du fameux Nicolas Fouquet, et rendirent aveu directement au roi. Dans cet acte, passé le 26 décembre 1679 par devant Le Clerc et Rio, notaires royaux, ils déclarèrent « tenir au proche fief du roi, sous la sénéchaussée de Vennes, le couvent et l’enclos du Bondon, situés en la paroisse de Saint-Patern, consistant en l’église, cloistre, dortoirs, maisons, jardin, verger, bois de futaye, appartenances et dépendances, avec un pré joignant le dit enclos... ». Il y avait dans cet exposé une confusion, un mélange de droits, qui ne fut peut-être pas remarqué sur le moment, mais qui donna lieu plus tard à une rectification, ainsi qu’on le verra.

En attendant, les commissaires du roi, qui étaient Jean-Baptiste de Cornulier de Boismaqueau et Pierre Dondel de Keranguen, n’ayant pas reçu de réclamation contre cette déclaration, en prononcèrent l’admission le 12 novembre 1683, et ordonnèrent « qu’elle serait insérée au papier terrier du domaine de Vennes, en la paroisse de Saint-Patern, à la charge de tenir la maison et monastère du Bondon de Sa Majesté, à devoir d’obéissance, foy, hommage, en fief d'Eglise amorty, et de célébrer deux messes par chaque semaine, aux jours de lundi et mercredi, pour Sa Majesté, suivant leur fondation, sans préjudice des droits du roy et de plus grand impunissement, s’il y eschet ».

Outre le couvent et l’enclos, les Carmes avaient encore d’autres propriétés qu’il est bon de passer en revue.

La première en date était située à Brestevan en la paroisse de Theix ; elle consistait en quelques prairies et terres labourables, et avait été léguée en 1532 par le prêtre Pierre Madégo, à charge de messes et de prières.

La seconde propriété était un fonds de tenue au village de Grisso-Parfin en Grandchamp, servant de dotation à une chapellenie, dont les Carmes s’étaient chargés en 1549.

La troisième propriété consistait en un petit pré, situé à Botcoarh, donné, paraît-il, par le sieur et la dame de Coetec et de Botcoarh, auteurs d’une fondation en 1587.

La quatrième consistait en un grand pré, situé derrière l’enclos des Carmes déchaussés de Vannes, et donné en 1648 par Mlle de la Coudraye, pour trois messes par semaine.

La cinquième acquisition, la plus importante de toutes, fut celle de la terre de Lanoë près de Vannes ; ce n’était plus un don à charge de services religieux, mais un achat à deniers comptants ; les Carmes l’acquirent le 24 juin 1664 de M. Sébastien Thomazo, recteur de Saint-Avé, moyennant le prix de quatorze mille livres tournois, dont une faible partie fut laissée par le vendeur pour une fondation faite par lui au Bondon.

La sixième et dernière acquisition fut celle du pré de Matras et du champ des Mottes à Pontivy, faite le 20 juin 1665 pour le prix de six mille livres ; cette somme avait été fournie par plusieurs donateurs, qui voulaient offrir un ermitage aux religieux ; en retour, le prieur, au nom de sa communauté, promit de faire dire pour eux une messe basse par semaine et cinq autres par an à jours fixés.

Telles étaient les propriétés immeubles des Carmes du Bondon. Nous les retrouverons plus loin, quand il s’agira d’étudier les ressources de la communauté ; nous les retrouverons encore quand il faudra mentionner leur confiscation et leur vente au profit de la nation.

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TRANSACTION

Les Carmes avaient laissé en dehors de leur enclos, vers l’ouest, un petit terrain vague, de forme triangulaire, qui ne leur rapportait rien. En 1727, ils l’affermèrent à un sieur Peltier au prix de sept livres par an, et lui permirent d’y bâtir une maisonnette. M. de Cornulier, seigneur de Largoet, ayant appris ces faits en 1752, contesta la validité de la concession, et poussant l’affaire au fond, il réclama la reconnaissance formelle de son droit féodal sur le couvent du Bondon.

Après quelques procédures intervint, en 1753, la transaction suivante, curieuse à plus d’un titre. « Entre les soussignants Messire Toussaint de Cornulier, chevalier, seigneur de Boismaqueau, conseiller du roy en ses conseils, président à mortier au parlement de Bretagne, mary et procureur de droit de dame Marie-Angélique-Sainte de Cornulier d’une part, et le R. P. Ange de Saint-Augustin, religieux de la communauté des Grands Carmes de Rennes, procureur syndic des Carmes de la province de Bretagne, et fondé en procuration des RR. PP. prieur et religieux de la communauté du Bondon près Vannes, en date du 14 novembre 1753...  d’autre part ;

« A été reconnu que le dit sgr président de Cornulier, en la dite qualité, auroit fait assigner en sa juridiction du comté de Largouet le nommé Jean Peltier, par exploit du 22 juin 1752, pour luy estre ordonné d’apparoir les actes ou titres, en vertu desquels il s’étoit mis en jouissance d’un terrain en forme de triangle, attenant d’un côté au mur de l’enclos du couvent des Pères Carmes du Bondon, joignant d’autre côté les terres de Camsquel et le chemin de Vannes à Grandchamp, estre condamné à en payer la jouissance, et à en abandonner la propriété à la seigneurie de Largouet, appartenant à Mme la présidente de Cornulier, avec tous dommages, interests et dépens ;

« Pour réponse à la quelle demande, le dit Peltier auroit communiqué un acte du 12 novembre 1727, luy consenty par les RR. PP. Carmes du Bondon, au rapport de Le Moine et Pacheux, notaires royaux à Vannes, portant arrenternent qu’ils luy auroient fait du dit terrain, à la charge d’une rente annuelle de sept livres, même auroit avisagé en cause les dits PP. Carmes, à l’effet de le garantir et libérer, par autre exploit du 7 février 1753 ; 

« Sur quoy le dit sgr président de Cornulier auroit soutenu que le dit terrain étoit du domaine propre de la seigneurie de Largouet, et que l’enclos de la maison conventuelle des d. PP. Carmes du Bondon, également que leurs cloistres, jardins, bois, prez et prairies étoient dans le propre fief de la même seigneurie ; ce qui auroit donné lieu aux d. PP. Carmes de demander le renvoy de l’instance au présidial de Vannes, où elle est actuellement pendante ; mais les parties ayant préféré la terminer à l’amiable, sur la vue de leurs titres respectifs, elles en ont traité, accordé et transigé aux points, clauses et conditions suivantes :

« Premièrement, il a été reconnu que l’établissement des Pères Carmes au lieu du Bondon est de fondation ducale, et que néantmoins, à l’exception de leur église ou chapelle, tout ce qu’ils possèdent au dit lieu, consistant en leur maison conventuelle, cloistres, jardins, bois, prez, prairies, y compris le terrain arrenté au dit Peltier, est en la mouvance directe et prochaine de la seigneurie de Largouet, suivant les aveux et anciennes inféodations des seigneurs de Largouet envers le roy, des 14 septembre 1470, 28 aoust 1533, 1er may 1542, et 17 juillet 1694, duement reçus et vérifiés par les jugements de la réformation du domaine, et nouvellement confirmés encore par un arrest de la Chambre des Comptes de Bretagne du 1er juillet 1719, qui, sur la réclamation du seigneur de Largouet, a déchargé les d. PP. Carmes de rendre aveu au roy, laquelle reconnaissance le d. P. Ange de Saint-Augustin, au dit nom, n’a pas cru pouvoir refuser de faire ;

« En conséquence des dits titres, et non obstant l’aveu rendu au roy par les PP. Carmes du Bondon en 1679, et reçu par une sentence de la réformation du domaine du 12 novembre 1683, sans néantmoins entendre préjudicier en aucune manière aux droits du roy, et sans que le d. sgr président de Cornulier, ou ses successeurs en la seigneurie de Largouet, puissent au surplus prétendre aucuns droits de fondation ou patronage sur l’église et chapelle du Bondon, ni sur le couvent ou dépendances, mais seulement les droits de féodalité sur le dit couvent, maisons et terres en dépendantes au dit lieu du Bondon;

« En second lieu, que le terrain arrenté par les PP. Carmes du Bondon au nommé Jean Peltier est véritablement de l’ancien domaine et dépendance du couvent, qu’ainsy ils ont eu droit de faire le dit arrentement, renonçant le dit seigneur président de Cornulier à y rien prétendre, fors les droits de féodalité seulement, qui demeurent réservés à la seigneurie de Largoet ;

« En conséquence de quoy, il a été en troisième lieu convenu que les d. PP. Carmes du Bondon rendront dans les six mois à la seigneurie de Largouet leur aveu par lequel ils reconnaîtront tenir prochement leur maison conventuelle et dépendances de la dite seigneurie, également que la rente de sept livres leur due sur le terrain arrenté au dit Peltier, sans aucune autre charge ni devoir, leur promettant le dit seigneur de Cornulier toute garentie en cas de réclamation des dits droits et mouvances, soit de la part du domaine du roy, soit de tous autres, ainsi que tout seigneur de fief la doit à ses vassaux, et renonçant à les inquiéter et rechercher pour aucuns droits seigneuriaux d’indemnité, de rachat, et autres quelconques.

« Au moyeu de quoy, la dite instance demeure éteinte et terminée, et les parties hors procès, sans dépens, de part ni d’autre ; s’oblige le P. Ange de Saint-Augustin, au dit nom, de faire ratifier et approuver, dans le même terme et délay de six mois, la présente par la communauté des PP. Carmes du Bondon, même par le R. P. Provincial à l’assemblée de la première congrégation de leur ordre, et d’en remettre les expéditions au dit seigneur président de Cornulier ; à défaut de quoy les parties rentreront dans leurs droits respectifs, comme si le présent n’eut été fait, et sans que les reconnaissances y portées puissent leur préjudicier en aucune façon, ni pour le fonds du terrain arrenté à Peltier, ni autrement. Fait double à Rennes... »Largoet.

Il était difficile d’être plus juste et plus net dans le règlement des droits réciproques, et il est à présumer que la ratification demandée fut donnée, quoique le texte n’en ait pas été encore retrouvé.

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REVENUS

En 1757, toutes les communautés et tous les bénéficiers du diocèse de Vannes furent obligés de fournir à l’assemblée du clergé diocésain un tableau véritable de leurs revenus, à cette époque, afin de faire une nouvelle et plus juste répartition des décimes et des impôts.

Les Carmes du Bondon s’exécutèrent le 1er octobre de cette année, et voici le résumé de leur déclaration :

I.Revenus en argent.

Ferme des fruits de l’enclos et des prairies : 220 livres.

Ferme d’un pré et de terres à Brestevan : 30 livres.

Tenue du Grisso-Parfin, grains, etc : 18 livres.

Ferme du pré de Botcoarh, près Bernard : 10 livres.

Ferme du pré, derrière les Carmes déchaussés : 150 livres.

Ferme de la métairie de La Noë : 500 livres.

Ferme des terres de Matras et des Mottes : 270 livres.

Rente du Duc, sur le domaine royal : 72 livres.

Rente sur les tailles de Bretagne (placements) : 69 livres 6 sous.

Rente sur Pontcallec, irrégulière depuis 1718 : 150 livres.

Rente sur la seigneurie de Ker : 31 livres 6 sous.

Rente sur la terre de Loyon : 60 livres.

Rente sur la terre du Pargo : 34 livres 13 sous 4 deniers.

Rente sur divers immeubles : 108 livres 6 deniers.

TOTAL :  1,723 livres 5 sous 10 deniers.

II. Revenus en grains.

Sur la Chesnaye, Lézolvan, le Grisso-Parfin, Kerizouet, la Granville et le Guern ; en tout : 40 perrées de froment, 22 de seigle, 38 d’avoine et une de mil ; le prix était variable, et d’ailleurs une partie du grain était consommée dans la maison.

III. Charges en 1757.

Au R. P. Provincial, pour droit de visite : 45 livres.

Au même, pour l’entretien du cours d’études : 80 livres.

Aux dames de Nazareth, pour rente constituée : 335 livres.

Aux demoiselles Chevalier de Quimperlé, en rente : 90 livres.

A Mlle Gobé, pour une rente viagère : 55 livres.

TOTAL : 605 livres.

Avec le reste, il fallait nourrir et habiller les religieux, entretenir le culte, réparer les bâtiments, etc. Les ressources auraient été certainement insuffisantes, si des quêtes et des honoraires de prédications n’avaient pas réussi à combler le déficit annuel.

Les religieux auraient pu trouver quelque ressource extraordinaire dans l’exploitation des gros arbres de leur pourpris. Mais depuis longtemps le pouvoir central, sous prétexte de conserver des bois pour les constructions navales, défendait d’abattre les grands arbres, sans son autorisation, non seulement dans les forêts de l'Etat, mais encore dans les bois des communautés religieuses.

Ainsi les Carmes du Bondon, ayant besoin de planches en 1741 pour réparer le lambris de leur église, en même temps qu’un dortoir et un grenier du couvent, furent obligés de se soumettre à toutes les formalités administratives. Ils demandèrent donc l’autorisation d’abattre 130 arbres sur les 300 qui couvraient leur enclos et qui dépérissaient à vue d’œil ; après l’enquête et l’avis du grand-maître des eaux et forêts, après le rapport du contrôleur général des finances, le Roi, en Conseil d'Etat, accorda l’autorisation demandée, à la condition de planter le même nombre de jeunes arbres, et de remettre au greffe de la maîtrise les pièces justificatives de l’emploi des vieux arbres et de la plantation des jeunes. Décidément la centralisation était bien gênante.

Le nombre des religieux à entretenir au Bondon a beaucoup varié suivant les époques. En 1468 on voit figurer au chapitre onze religieux profès, auxquels il faut ajouter nécessairement quelques novices, quelques frères lais, et peut-être quelques absents. En 1510, on trouve vingt-et-un religieux, réunis en chapitre : c’est le chiffre le plus élevé qu’on ait trouvé jusqu’à présent. En 1629, il y en avait au moins douze ; en 1757 ils n’étaient plus que six, et en 1790 ils étaient réduits à quatre.

Les quatre derniers religieux s’appelaient : Fr. Jacques Biard, prieur, âgé de 59 ans, Fr. André Nicole, âgé de 71 ans, Fr. Pierre Sauvé, âgé de 56 ans, et Fr. Jean Michel Corlay, âgé de 52 ans. Interrogés le 18 novembre 1790, s’ils voulaient cesser ou continuer la vie commune, ils déclarèrent vouloir sortir de leur couvent, sauf le Fr. Sauvé. Celui-ci, ne pouvant rester seul au Bondon, se retira chez les Carmes de Sainte-Anne, où il trouva un asile jusqu’au moment de la fermeture de la maison.

Ainsi finit la communauté des Carmes du Bondon, fondée par le duc Jean V en 1425.

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ALIENATIONS

L’Assemblée nationale avait confisqué les biens de l'Eglise et décidé leur vente graduelle.

Avant de procéder à l’adjudication, les administrations locales firent généralement dresser un procès-verbal d’estimation par des experts jurés.

Voici celui qui fut rédigé pour le Bondon, le 24 janvier 1791 ; il renferme des détails topographiques, qui ne sont pas dénués d’intérêt.

« Au midi du cloître se trouve l’église principale, et une chapelle collatérale au bas de la dite église du côté de l’évangile, (on voit que les autres chapelles avaient été démolies) ; la dite église plafonnée, contenant des bancs sans accoudoir, deux enfeus, une chaire, un confessionnal et une balustrade en fer.

La maison servant de communauté comprend : un parloir ayant son entrée sur le petit bois ; un cloitre à la suite, au centre duquel est un jardinet ; un vestibule à l’angle nord-est du dit cloître ; au couchant du dit vestibule, et à gauche en entrant, un appartement servant de bucherie, et à la suite au couchant une botte (cabinet) d’aisance ;

Au levant du dit vestibule, à droite en entrant par le cloître, est un autre vestibule, ayant au nord une salle à manger, avec une dépense et un office, et au midi une ancienne cuisine, puis la cuisine actuelle ; au midi de la cuisine est la cave, puis l’arrière sacristie, et ensuite la sacristie touchant à l’église.

Le premier étage de la maison est servi par deux escaliers, dont le principal est en pierre à noyau, donnant dans le premier vestibule ; au couchant se trouvent deux chambres, avec porte de communication, un cabinet, et une sortie sur une galerie en bois ; vis-à-vis le principal escalier est un corridor, desservant trois chambres de maître et huit cellules ; au bout est le choeur.

Dans la cour et au couchant de la maison, un hangar couvert de paille et soutenu par trois piliers de pierre ; de plus et accolée au mur et au couchant une écurie avec un grenier au-dessus.

Et avons estimé les dits logements la somme de 1,200 liv., attendu l’entretien qu’ils demandent et leur nombre inutile ; et le jardin la somme de 2,000 livres ; les bois et les émondes 1,900 livres ; total : 5,100 livres. Arrêté à Vannes les jour et an cy-dessus. Signé : Jehanno, Le Claire, experts ». (Q. 85).

Deux mois après, c’est-à-dire le 14 mars 1791, eut lieu l’adjudication. « Le Directoire du district de Vannes, passant à l’adjudication définitive des bâtiments, bois, vergers, courtils, pâture et autres dépendances du monastère des Carmes du Dondon, à la chaleur des enchères et à l’extinction des feux ; une première bougie allumée, il a été demandé par le héraut qui vouloit faire valoir les dits Liens au-dessus de la somme de 11,348 livres, prix de la dernière enchère. Ils ont été portés par M. Guyot (de la Chauvelaye) à 11,448 livres, puis à 12,148 livres par le sieur Saint-Julien, à 12,448 livres par le sieur Guyot, et une dernière bougie allumée et éteinte sans que la dite enchère ait été couverte ; le Directoire, ouï le procurateur et le procureur syndic, a déclaré adjuger et adjuge au dit sieur Joseph Guyot, négociant, demeurant à Vannes près le port, paroisse de Saint-Patern, les dits bâtiments, jardins, bois, vergers, prés, courtils, pâtures et autres dépendances du monastère des Carmes du Bondon, pour la dite somme de 12,448 livres, que ledit sieur Guyot acceptant s’oblige de payer et acquitter à la caisse du district, aux termes et dans les délais prescrits par les décrets de l’Assemblée nationale, concernant l’aliénation des domaines nationaux... Signé : Jacq. Glais, — Serres, fils, — Bernard, — Lucas, fils, — Rollin, proc. syn. — De la Boessière. » (Q. 165).

Le même jour, 14 mars 1791, la petite prairie de Botcoarh fut vendue au même acquéreur pour 269 livres.

Déjà, dès le 14 décembre 1700, les terres des Mottes et de Matras, à Pontivy, avaient été cédées au Sr Duparc, pour 12,100 livres. Le 19 janvier 1791, la grande prairie, située près des Carmes déchaussés, avait été vendue à M. Malherbe, pour 4,450 livres.

Le 24 mai 1791, la métairie de Lanoë fut adjugée à M. Tilman-Delisle pour la somme de 25,000 livres.

Le 29 mars 1794, les terres situées à Brestevan en Theix furent vendues au sieur Robert pour 2,850 livres.

Enfin, le 18 avril 1798, la tenue du Grisso-Parfin en Grand-Champ fut adjugée à N.. Le Drévo pour 33,300 livres.

Tout était vendu ; l’établissement des Carmes n’était plus qu’un souvenir historique.

L’acquéreur du couvent s’empressa de démolir l’église, le cloître et le bâtiment de l’est, en sorte qu’il ne reste plus, à la fin du XIXème siècle, que le corps de logis du côté du nord et les murs de l’enclos.

J.M. Le Mené

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