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LES CAPUCINS DE VANNES

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Les Capucins forment une des trois branches de l'ordre de Saint-François ou des Frères Mineurs.

En 1525, un certain nombre de religieux de l'Observance, désireux de se rapprocher plus étroitement de la manière de vivre des premiers compagnons de saint François, obtinrent du pape Clément VII l'autorisation de fonder une congrégation séparée : ce qu'ils firent sous la conduite du Père Mathieu Baschi, d'Urbin. Les membres de cette congrégation, appelés d'abord Ermites de saint François, furent bientôt nommés Capucins par le peuple, à cause de la forme de leur capuce, plus ample et plus long que celui des autres Franciscains ; ils portent une robe brune avec un cordon blanc et laissent pousser leur barbe. 

Les Capucins furent autorisés, dès 1528, à élire un Vicaire général, et ils obtinrent enfin en 1619 la faveur d'avoir un Ministre général pour eux. Cette famille religieuse a eu l'honneur de compter parmi ses membres saint Félix de Cantalice, saint Séraphin de Monte-Granaro, saint Joseph de Léonisse, saint Fidèle de Sigmaringen , etc.. 

ORIGINE

Les Frères Mineurs Capucins pénétrèrent en France en 1572 et s'étendirent graduellement dans toutes les provinces. La Bretagne les accueillit avec joie, et Vannes les reçut en 1614. M. Laurent Peschart, conseiller au parlement, et Dame Julienne Phélippot, sa femme, sieur et dame de Lourme, de Limoges, de Coetergarf, etc... leur offraient un terrain, joignant la muraille de leur jardin de Limoges, afin de s'y établir. Le terrain, c'était beaucoup, mais pour bâtir il fallait des matériaux ; les Capucins, n'ayant absolument rien, à cause de leur extrême pauvreté, jetèrent les yeux sur les ruines du manoir ducal de Lestrénic, situé près de Vannes, et demandèrent au roi de leur en abandonner les débris disponibles. Leur prière fut entendue, comme le prouve la lettre suivante.

« Louis (XIII), par la grâce de Dieu, Roy de France et de Navarre, à nos amez et féaulx conseillers les président et trésoriers généraux de France au bureau de nos finances estably à Nantes, salut. - Nous voulons et vous mandons que, suivant l'arrest... ce jourd'hui donné en nostre Conseil, vous ayez à faire prescrire et limiter par nos juges et officiers de Vannes aux religieux Capucins les matériaux et pierres, de quelque sorte qu'elles soient, charpente et autres choses qui seront trouvées utiles et propres à la construction du couvent que les habitants de nostre ville de Vannes désirent leur faire faire en icelle, des démolitions et ruines de nostre maison de Lestrénic, qui est près de la dite ville ; lesquels matériaux nous avons par nostre arrest accordé et permis, accordons et permettons, par ces présentes, aux dits religieux de faire prendre et enlever, pour leur servir à la construction de leur dit couvent, sans toutesfois que les bastimens qui sont garnis de charpente et couverture puissent être abattus, ny les murailles du parc et enclos ; et enjoindre, comme nous enjoignons par ces présentes, à ceux qui habitent au dit bastiment, et jouissent du dit lieu de Lestrénic, de les réparer et entretenir en bon estai, à peine d'y être contraints. Donné à Nantes, le 26e jour d'aoust, l'an de grâce 1614, et de nostre règne le 5e. Par le Roy, en son Conseil : signé : Fayet ». (Archives des Ursulines).

De leur côté, les seigneurs de Limoges, par acte du 25 juillet 1615, déclarèrent « donner une pièce de terre, joignant la muraille du jardin de limoges, pour que les religieux Capucins y fassent planter la croix, construire une église et un couvent, et former un jardin et un pourpris... Les dits sieur et dame de Lourme s'obligèrent en outre de faire bastir à leurs propres frais et dépens une chapelle en l'église du dit couvent... A quoi a été présent le R. P. Jean-Baptiste, gardien du couvent de Saint-Malo, député et envoyé exprès par le R. P. Joseph de Para, provincial du d. Ordre » (Archives départementales, Q. 293).

Grâce à cette libéralité, au don des matériaux de Lestrénic, et aux offrandes des fidèles, les Capucins commencèrent leurs travaux.

Les bâtiments furent disposés autour d'un cloître carré, suivant l'usage : au nord l'église, à l'est et au sud les habitations des religieux. Il parait que ces travaux hâtifs laissèrent à désirer, car quinze ans plus tard, en 1630, la communauté de ville, « deubment avertie de la ruine de la couverture de l'église des Capucins, et de la ruine de la muraille du chanceau, chargea le procureur syndic de leur donner la somme de mille livres, par les mains du sieur d'Aguenéac, leur père spirituel (ou trésorier), pour aider à la réparation nécessaire ; nos seigneurs des Comptes suppliés de passer la dite somme en allocation » — De plus l'assemblée chargea le syndic de faire faire sept confessionnaux pour les religieux (Archives Mairie. BB. 3.)

 

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SANITAT

Au commencement de 1633, la peste ravageait la ville de Vannes, et de petits logements avaient été dressés sur la Garenne, pour isoler les malades pauvres. Les Capucins de la ville se dévouèrent au salut de ces malheureux, mais deux d'entre eux furent atteints de la peste et y succombèrent, savoir, le P. Anaclet, de Rennes, le 26 février 1633, et le P. Emmanuel, de la Chapelle, le 28 du même mois. Ils furent inhumés sur la Garenne, comme les autres victimes du fléau. Ce cimetière des pestiférés était situé plus bas que la chapelle actuelle de la Providence, le long du chemin qui descend vers la Tannerie, et est enfermé aujourd'hui dans le jardin de la communauté : on en a retiré plusieurs fois des  ossements humains.

Le 10 juin 1647, les restes des cieux Capucins, morts victimes de leur charité, ayant été exhumés avec l'autorisation des Vicaires capitulaires et du recteur de Saint-Patern, furent placés dans une châsse en chêne, avec une double inscription sur ardoise, transportés processionnellement au couvent des Capucins, par les soins du R. P. François, de Tréguier, provincial, et disposés sous les marches du grand autel, du côté de l'évangile (Reg. Saint-Patern).

L'épreuve subie par les Capucins eut un bon résultat pour eux. Suzanne Peschart, fille et héritière des fondateurs, douairière de Castelan et propriétaire de Limoges. Voyant que le terrain donné aux religieux était trop resserré pour les temps de maladies contagieuses, leur donna, par acte notarié du 5 octobre 1648, « trois quantités de terre sous pré, joignant le terrain qu'ils occupaient déjà, ces quantités de pré, contenant 51 cordes, pour augmenter leur enclos et y bâtir un Sanitat, propre à loger les religieux malades, et les tenir ainsi écartés de la maison principale... ».

La même dame, rendant aveu, le 27 juin 1649, à Mgr Charles de Rosmadec, évêque de Vannes, pour la terre de Limoges, qui relevait du fief des Régaires, mentionne comme suit l'établissement des Capucins :

« ... Un clos de terre, joignant le jardin de Limoges, où est à présent bâti le couvent avec l'église des Capucins, leur donné par feu Messire Laurent Peschart, père de la dite dame... Le dit enclos des Capucins fermé de murailles, contenant sous fond quatre journaux, une corde et demie... Item, un autre enclos de terre, au bout du précédent, contenant un demi-journal et deux cordes, depuis peu donné par la dite dame de Câtelan, pour servir de Sanitat aux dits Pères Capucins... Item, en leur église, une chapelle appelée Notre-Dame-de-Bon-Espoir, où sont inhumés les dits seigneur et dame de Lourme » (Archives départementales Q. 293).

Ce sanitat, projeté dés 1648, ne fut commencé que douze ans plus tard. « Le lundy 22 juillet 1660, dit une Note de la maison, nous avons commencé à avoir des ouvriers : il y en avait trois à la perrière et deux à chercher les fondements. On a fait marché séparément avec M. Laurent, architecte, pour la maçonne ..., avec un maître charpentier pour la charpente et l'escalier, ... avec un couvreur pour la couverture, etc... A l'achèvement des travaux, depuis le commencement jusqu'au 23 juin 1662, qu'on acheva de le meubler, on arriva au total de 2,004 livres ». Cette somme, qui paraît modérée pour nous, avait été une lourde charge pour l'économe des pauvres Capucins.

Ce sanitat, ou infirmerie isolée, qui avait été construit si péniblement, n'existe plus aujourd'hui : on en chercherait vainement la trace dans l'enclos du couvent.

 

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ERMITAGE

Le 3 juillet 1695 fut un jour heureux pour les Capucins : c'est en ce jour qu'ils reçurent en don la petite propriété de l'Ermitage près de Trussac. Il y avait eu là un modeste établissement religieux, dont l'histoire peut trouver ici sa place. Voici d'abord une pétition, adressée aux juges présidiaux de Vannes, au mois d'août 1672, et renfermant de précieux détails.

« A Messieurs les Juges présidiaux de Vennes supplie humblement Frère Guillaume Henry, religieux hermite, faisant tant pour luy que pour Frère Jacques du Doué, presbtre, aussi religieux hermite du Tiers ordre de saint François ; — Exposant que de tout temps immémorial, le lieu de Saint-Colombier, autrement l'Hermitage, situé proche le bord de la mer, en la paroisse Saint-Patern, a esté habité et possédé par des hermites du mesme ordre que le suppliant et son compagnon, fors depuis environ les cinq ans derniers (1667), qu'arriva le décès de Frère Olivier, aussi hermite ; du depuis le quel temps le dit lieu de Saint-Colombier est demeuré inhabité ; et a le dit suppliant eu advis que les sieurs syndics ou économes de l'hospital de cette ville de Venues jouissent du dit lieu et perçoivent les fruits et revenus du jardin ; au quel lieu de l'Hermitage le suppliant et son compagnon presbtre prétendent rentrer, comme estant leur bien et maison conventuelle. A la quelle fin le suppliant requiert qu'il vous plaise, Messieurs, luy permettre de faire assigner les dits sieurs syndic de la ville et économes de l'hospital de (Saint-Nicolas), pour voir estre dit et ordonné que le dit suppliant et son dit compagnon presbtre rentreront dans le dit hermitage de Saint-Colombier, pour y vivre suivant leur règle et ordre, par offre (qu'il fait) de communiquer à Messieurs les gentz du roy ses capacités, voeux et réception en la religion : et ferez bien. Signé : Fr. Guillaume Henry, hermite du Tiers ordre, Trégarot, procureur ».

Cette pétition obtint son effet. Le 14 novembre 1672, la communauté de ville consentit à la rentrée des tertiaires dans l'Ermitage. La chancellerie donna des lettres de restitution le 13 novembre 1675 et le présidial de Vannes sanctionna le tout le 19 décembre suivant. (Archives départementales, H).

Voici maintenant une autre pétition, concernant la chapelle. « A M. le Séneschal et premier magistrat du siège présidial de Vennes supplient Père Mathieu Roger, presbtre, religieux hermite du Tiers ordre de saint François, Frère Guillaume Henry et Fr. François Lubert, du mesme ordre, tous deumeurantz dans l'hermitage de Saint-Colombier, proche cette ville, en la paroisse de Saint-Patern ; — Qui remontrent que leur petite chapelle n'est grande ny compétante à suffire pour contenir le peuple voisin du dit lieu à entendre la sainte messe, qui s'y célèbre journellement, laquelle chapelle se peut facilement accroistre et agrandir, en démolissant le pignon d'icelle, et le portant à droite ligne au bout du jardin, et allongeant à proportion les longères, ce qui rendroit la d. chapelle très belle et commode pour le peuple ; — Et comme dans l'enclos et jardin du dit lieu est une mazure et ruisne d'une grande chapelle, dont les murailles sont encore debout et menacent prompte cheuste, les matériaux de la quelle pourroyent servir pour l'agrandissement de la petite chapelle : Qu'il vous plaise permettre aux remontrantz de démolir la mazure de la dite grande chapelle, et de se servir des matériaux d'icelle pour les employer à l'agrandissement de la dite petite chapelle. Fr. Guillaume Henry. - Trégarot, procureur ».

Cette demande fut agréée par le procureur du roi le 9 avril 1674 et par le séneschal le 23 du même mois.

Quelques années après, l'ermitage de Saint-Colombier était vacant de nouveau par le départ des religieux. Les Récollets de Bernus demandèrent à l'occuper, à la condition d'y mettre trois religieux de leur maison : ce qui fut accepté par l'évêque le 2 janvier 1679, et le lendemain par le sénéchal et le procureur du roi.

Les Récollets n'ayant pu continuer leur service dans la maison, l'Ermitage fut abandonné provisoirement à l'hôpital de Saint-Nicolas, et enfin cédé aux Capucins de Vannes les 3 juillet 1695 (Archives départementales, H).

 

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SEPULTURES

Laurent Peschart, conseiller au parlement de Bretagne et fondateur du couvent des Capucins, mourut vers 1646, et fut inhumé dans la chapelle de la sainte Vierge, située du côté de l'évangile dans l'église du monastère.

Sa femme, Julienne Phélippot, l'avait précédé dans la tombe, et avait été enterrée dans le même lieu, comme le dit formellement sa fille Suzanne Peschart, dans son aveu de 1649.

Leur fils unique, François Peschart, né en 1618, devint seigneur de Limoges à la mort de sa mère, épousa Olive du Coudray, et mourut sans postérité, avant son père.

Suzanne Peschart recueillit Limoges dans la succession de son frère et en profita pour donner, en 1648, comme on l'a vu, quelques parcelles de terre aux Capucins, afin d'agrandir leur enclos et de leur permettre de bâtir un sanitat.

Après elle, Limoges passa aux Trévegat, seigneurs de Locmaria en Ploemel, de Kerbervet en Grand-Champ et d'autres lieux : famille parlementaire, comme la précédente.

Messire François de Trévegat, conseiller au parlement de Bretagne, domicilié à Limoges, dès 1659 au moins, y mourut le 25 janvier 1679, et fut inhumé le lendemain dans la chapelle seigneuriale de l'église des Capucins.

Sa femme, Françoise de Quélen, soeur de la fondatrice de la maison du Père-Eternel, mourut également à Limoges, et fut inhumée, le 29 octobre 1687, dans la même chapelle de l'église des Capucins.

Messire René-François de Trévegat, frère et beau-frère des précédents, conseiller au parlement de Bretagne, comme son aîné, mourut à Limoges, et fut inhumé, le 12 décembre 1711, dans la même chapelle.

Sa femme, Françoise-Ursule de Francheville, le suivit à son tour, et fut inhumée près de lui.

Messire Vincent de Trévegat, neveu des précédents et fils aîné de François, né en 1664, seigneur de Locmaria, de Limoges, etc... en 1679, fut aussi conseiller au parlement de Bretagne, mourut sans alliance, et fut inhumé chez les Capucins le 21 septembre 1728.

Perrine de Trévegat, sa cousine germaine, fille de René, veuve de M. Ferret du Timeur, mourut le 5 janvier 1731, dans la maison de la Retraite des femmes de Vannes, et y fut enterrée, mais son coeur fut apporté à la chapelle des Capucins.

Messire Joseph-François de Trévegat, frère de la précédente, né en 1688, marié en 1711 à Anne-Vincente de Larlan de Kercadio, fut à son tour conseiller au parlement de Bretagne et seigneur de Limoges, etc... Il mourut le 17 juillet 1733, et son coeur fut apporté aux Capucins de Vannes. Il laissa deux fils : Jean-Marie-Vincent, qui mourut a 13 ans, et qui fut inhumé le 18 août 1733, et Julien-François qui mourut peu après sans alliance.

Un lit encore aujourd'hui dans la chapelle funéraire l'inscription suivante : « De toute la famille des Trévegat de Limoges il ne reste que les cendres : la chapelle de ce monastère, dont ils étoient fondateurs, les renferme. Dieu a récompensé leurs oeuvres. Imitez-les : le Seigneur vous pardonnera. Priez pour le repos de leurs âmes ». La propriété de Limoges, avec le titre de fondateur des Capucins et le droit d'enfeu dans la chapelle, passa à la, famille de Blévin, qui était alliée à celle des Trévegat.

On trouve dès 1739, dans les registres de la paroisse de Saint-Patern, la .mention de Philippe-François de Blévin, seigneur de Limoges, de Penhoet, et autres lieux ; et d'Anne Marie-Angélique de Marbeuf, sa femme. Ce seigneur mourut en 1779, et eut pour successeur son fils, Alexandre-Marie de Blévin, qui vendit, le 10 avril 1781, le domaine de Limoges, avec tous ses droits, à M. Pierre-Baptiste-Louis Charpentier de Lenvos.

 

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POPULARITE

Les Capucins, étaient d'excellents missionnaires. Un auteur protestant, Menzel, qui les avait vus à l'oeuvre, s'exprime ainsi à leur sujet : « Ils se distinguent par une grande pureté de moeurs, par l'austérité de leur vie, et par une activité désintéressée pour le salut des âmes. Le peuple se sentait attiré vers les Capucins, qui allaient à pied d'un endroit et d'un pays dans un autre, qui étaient comme chez eux dans les plus humbles chaumières, et qui renonçaient à toutes les jouissances et commodités de la vie terrestre. Dans la bouche d'un moine barbu et pieds nus, qui, outre sa robe, n'avait pas même une chemise sur le corps, et qui couchait sur une paillasse ou sur le plancher, la doctrine de la mortification chrétienne paraissait beaucoup plus convaincante que dans la bouche de tout autre prédicateur ».

Ce qu'ils ont fait ailleurs, les Capucins l'ont fait en Bretagne. Leur vie pénitente touchait les peuples, et leur présence seule était une éloquente prédication. Entièrement dévoués au service du prochain, ils étaient zélés prédicateurs et infatigables missionnaires. Ils ont puissamment contribué à faire germer et à développer l'esprit de piété, qui règne encore en Bretagne. Ils pouvaient d'autant plus facilement entreprendre des oeuvres de ce genre qu'ils étaient nombreux dans les vingt maisons qu'ils possédaient dans la province en 1671, on y comptait environ 450 religieux.

La maison de Vannes avait sa part de la popularité générale. La faveur que lui avait témoignée la communauté de la ville, à l'époque de sa fondation, subsistait encore un siècle après, comme le prouve la délibération suivante, du mercredi 10 mai 1713. « La communauté de la ville étant assemblée, le R.P. Gardien du couvent des Capucins de cette ville, accompagné dû R. P. Séraphin de Glavignac, est entré en communauté, après avoir été receu au haut de l'escalier par M. Lubin de Kergrain et M. Félot, nommés par la communauté à cet effet, et ayant pris place dans le banc des ecclésiastiques, le R. P.  Gardien a remontré à la communauté que dimanche prochain (14 mai), l'ouverture des indulgences plénières pour la canonization de saint Félix (de Cantalice) se fera au monastère des Capucins de cette ville par une procession générale de tous les ordres : pour quoy ils prient la communauté de vouloir bien y assister en corps, et de donner les autres marques publiques de sa piété. La communauté délibérant, après que M. de Kergrain-Lubin et M. Félot ont reconduit les dits RR. PP. Capucins au haut de l'escalier de l'hostel de ville, a arresté que la maison de ville assistera et marchera en corps à la procession générale, pour l'ouverture des indulgences de la canonization de saint Félix, dimanche prochain, et que pour cet effet on s'assemblera à l'hostel de ville à huit heures du matin ; et comme les RR. PP. Capucins sont hors d'estat de subvenir à la dépense où ils se sont engagés pour cette canonization, et que Mgr l'Intendant n'a jamais refusé à la communauté la liberté de leur faire quelques charités, quand ils ont été engagés à des dépenses extraordinaires par des chapitres généraux, la communauté a arresté que M. de Glavignac, lieutenant de maire, escrira incessamment à Mgr l'Intendant pour le supplier de permettre à la communauté de disposer de ce que Sa Grandeur voudra bien régler, tant pour donner par forme de charité aux religieux Capucins, que pour subvenir aux frais d'un feu de joye et décharge d'artillerie, qu'il aura la bonté de permettre ; et a aussy arresté que les milices bourgeoises prendront les armes, et que l'on fera tout ce qui dépendra de la communauté pour marquer la joye publique et la vénération pour la solennité de la feste.  Signé : Nouvel de Glavignac, lieutenant de maire de Vannes. — Du Téno Le Verger, eschevin. — De Quergrain Lubin, eschevin. — De Bellefontaine Jan — Félot. — Morin. — Bégaud. — Racouet. — Pihan. — Le Thiers. — Duran. — Jarno. — Thomas. — Moigno. — Du Bodan ». (Mairie.  BB. 11).

 

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REVOLUTION

Les agents de la Révolution n'eurent garde d'oublier les Capucins. Voici le procès-verbal d'une visite faite chez eux le 10 mai 1790. « Nous Jean-Jacques Blanchet, Jacques Glais, Joseph-Marie Bourgerel-Lucas, officiers municipaux de la ville de Vannes, certifions que ce jour, sur les neuf heures du matin, nous nous sommes transportés à la communauté des RR. PP. Capucins de cette ville. A l'endroit se sont présentés les RR. PP. Robert-Marie Salou, dit P. Hyacinthe, de Quimper, gardien, âgé de 49 ans ; Jean Ragneau, dit le P. Jean-l'Evangéliste, de Fontenay, vicaire, âgé de 30 ans ; Jean-Louis Auger, dit P. Alexis, de Guémené, âgé de 60 ans ; Maurile Le Provost, dit P. Clément, de Saint-Brieuc, âgé de 40 ans ; le Frère Guillaume Riou, dit Fr. Placide, de Lesneven, âgé de 52 ans ; et François-Antoine Labrely, dit Fr. Gabriel-Ange, de Vannes, âgé de 48 ans. Ayant requis les dits religieux de s'expliquer sur leur intention de sortir de leur maison, ils nous ont déclaré, savoir, le d. R. P. gardien être décidé à rester, le d. R. P.  vicaire ne pouvoir s'expliquer quant à présent, le d. R. P. Auger vouloir rester, le R. P. Le Provost ne pouvoir s'expliquer quant à présent, le Fr. Riou vouloir rester, et le Fr. Labrely ne pouvoir s'expliquer quant à présent. Ayant examiné ce que la maison pouvoit contenir de sujets, avons vérifié et vu qu'elle pouvoit facilement contenir cinquante religieux. A l'endroit les d. religieux ont déclaré ne posséder aucun autre bien que leur maison, leur jardin, un verger y joignant et un petit bois, le tout dans l'enclos, et une petite maison avec un jardin, nommée l'Ermitage, proche le village de Trussac, leur donnée le 3 juillet 1695 par le bureau des pauvres de l'Hôtel-Dieu de Vannes, pour faire changer d'air aux religieux convalescents. Ils nous ont déclaré qu'ils n'ont aucune dette, que la maison de leur soeur est chargée d'une rente féodale de dix livres au profit de l'évêque, à cause de son fief des Régaires ; ils nous ont aussi déclaré n'avoir point d'argent monnayé....  Dans la sacristie nous avons trouvé quatre calices avec leurs patènes d'argent, un ostensoir et une custode aussi d'argent, une petite croix d'ébène garnie d'argent, deux douzaines de chasubles bonnes et mauvaises, 40 aubes en toile sans garniture. A la lingerie nous avons trouvé quatre paires de draps (pour les malades), quinze douzaines de serviettes et deux douzaines d'essuie-mains. Dans la bibliothèque nous n'avons trouvé aucun manuscrit ; elle nous a paru contenir environ 2000 volumes d'ouvrages antiques et en très grande partie incomplets » (Archives départementales, Q. 293).

Le 21 mars 1791, le directoire du département, opérant une réduction des maisons religieuses, désigna le couvent des Capucins de Vannes pour demeure à ceux d'Auray et d'Hennebont, aux Cordeliers de Vannes et de Bodelio et aux Augustins de Malestroit. Quinze Capucins de diverses maisons se réfugièrent à Vannes, mais les autres religieux n'y vinrent pas.

Le directoire, considérant que la communauté n'avait pas le nombre réglementaire de vingt personnes, renvoya les religieux et ferma la maison le 27 juin 1791.

Peu après, les biens des Capucins furent mis en vente. La petite propriété de l'Ermitage, située près de Trussac, fut vendue le 9 novembre 1791 à M. Fougeroux  pour 1,425 livres.

L'église, le couvent et l'enclos allaient subir le même sort, quand M. Pierre-Baptiste-Louis Charpentier de Lenvos, propriétaire de Limoges, et à ce titre représentant des fondateurs du couvent, revendiqua la propriété de ces immeubles : il espérait par ce moyen les sauver de la vente et les réserver pour des temps meilleurs. Mais le directoire, juge et partie dans l'affaire, le débouta de ses prétentions par un jugement en date du 19 décembre 1791. En conséquence l'église, le couvent et l'enclos furent déclarés légalement acquis à la nation, et le 30 janvier 1792, ils furent adjugés à M. Danet, aîné, pour la somme de 11,175 livres.

 

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URSULINES

Les Ursulines de Muzillac, de la congrégation de Paris, dispersées par la Révolution, s'étaient réunies à Vannes, au nombre de sept, dans une maison dite de la Sentière, sur la Rabine, et dès 1804 elles y avaient ouvert un petit pensionnat. Elles conservaient toujours l'espoir de rentrer dans leur ancien couvent, quand Mgr de Pancemont les engagea à s'établir définitivement à Vannes, et sur son conseil elles rachetèrent l'ancien établissement des Capucins.

L'acte fut passé le 19 décembre 1806, en l'étude de M. Hervieu, notaire, entre M. Jean-Joseph Danet, receveur général du Morbihan, représenté par M. Morand, d'une part, et les soeurs Elisabeth-Marie-Anne Crespel, Elisabeth-Rose Giraud, et Julie Desjardins-Compère, d'autre part ; celles-ci déclarant l'acquisition commune entre elles et transmissible jusqu'à la dernière survivante, qui en disposerait à sa volonté, sans que leurs familles y pussent rien prétendre. Le prix d'acquisition fut fixé à 25,000 livres tournois. On voit que le vendeur, qui l'avait payé 11,175 livres à la nation, faisait une excellente affaire.

Les Ursulines prirent possession de leur local le 1er juillet 1807, après y avoir fait les réparations les plus urgentes. Plusieurs religieuses dispersées vinrent les y rejoindre. Dès le 8 janvier 1808, M. Allain, vicaire général, s'exprimait ainsi sur leur compte : « A Vannes, les Ursulines parisiennes sont réunies au nombre de vingt dans l'ancienne maison des Capucins, qu'elles ont achetée ; elles sont autorisées provisoirement par le gouvernement ; elles ont une école gratuite et tiennent un pensionnat ». Depuis cette époque, elles ont été définitivement approuvées par l'Etat, et reconnues comme établissement public. Les religieuses ont conservé l'église des Capucins. Ne pouvant utiliser pour leur usage le choeur des religieux, situé derrière le maître-autel, elles en ont fait construire un autre dans l'ancien cloître, et ouvrir une grille du côté de l'épître, afin de voir le prêtre à l'autel. Elles ont aussi décoré leur chapelle de statues et de verrières.

Pour répondre au désir des familles et favoriser le développement de leurs oeuvres, elles ont construit au midi du couvent, en 1857, une vaste maison pour le pensionnat. Plus tard, en 1878, elles ont bâtis au nord de la chapelle, deux corps de bâtiments, pour les demi-pensionnaires, pour les externes, pour les novices et pour différents besoins de la communauté.

En 1899, la communauté comprend 48 religieuses et 2 novices ; le pensionnat 60 jeunes filles, le demi-pensionnat 50, et l'externat 350. Comme on le voit, la maison est prospère, et sa prospérité s'explique facilement par les nombreux succès qu'obtiennent, tous les ans, les élèves, dans les examens  publics.

J.M. Le Mené

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