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VANNES — Les Bourbons.

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A la guerre civile et aux ruines qu'elle avait entassées,. succédèrent d'autres fléaux : la famine sévit atrocement, de 1595 à 1598 ; la mortalité fut épouvantable ; les loups, laissés libres de se multiplier en repos pendant que les humains s'entretuaient, pullulaient ; leur audace croissait et, même dans les villes fermées, il n'était pas prudent de sortir le soir. La peste succéda à la famine, de mai à décembre 1598. Devant l'excès de toutes ces misères, éclata, en 1599, la nouvelle effrayante que l'Antéchrist venait de naître à Babylone et tout le monde se prépara à la fin imminente du monde.

Ces sinistres présages furent, malgré tout, suivis d'une période de tranquillité et de reconstitution. L'évêque Martin de Bellassise qui prit possession de son siège en 1601, s'occupa de remettre de l'ordre dans son clergé un peu en déroute par suite de la période agitée qu'il venait de traverser. Il installa à Calmont-Haut, près du château de Limoges, un couvent de capucins remplacés depuis par le Grand Séminaire. C'est à lui que la cathédrale doit la belle tapisserie de la vie et des miracles de Saint Vincent Ferrier, jadis exposée autour du chœur, puis reléguée dans un grenier, à la merci des rats et de l'humidité qui firent de leur mieux pour la détruire ; sur l'heureuse initiative du curé, M. Buléon, on essaie en ce moment de la réparer.

A la mort d'Henri IV, les Etats demeurent à Vannes. Après la démission de l'évêque Martin de Bellassise, sous le Pontificat de Sébastien, de Rosmadec, le 25 juillet 1624, la statue miraculeuse de Sainte Anne d'Auray fut retrouvée et les pélérinages commencèrent sous la direction des Carmes réformés. La même année, s'installent à Vannes : les Ursulines, là où se trouve le collège Saint François-Xavier, puis les Carmes, à l'ancien évéché, les Jésuites, près de l'Hôtel de Ville, au collège Saint Yves fondé en 1574 et les Jacobins à la Préfecture.

La voûte de la cathédrale fut entièrement refaite et se voit encore au dessus du malencontreux plafond qui coupe en deux la hauteur de la nef ; on y lit le nom de compagnonnage de l'artiste qui mena à bien cet ouvrage : G. LE. LOU. BLANC. LABR. TOUTE. L'EGL. L'AN. 1626. ET 1627.

En 1633, une terrible épidémie de peste sévit sur Vannes et, pour s'en débarrasser, la Communauté de ville se mit sous la protection de Saint Vincent Ferrier ; la maladie cessa aussitôt et un tableau votif représentant la première entrée du saint fut placé dans la cathédrale : ce tableau très intéressant, dont quelques personnages sont certainement dûs au pinceau d'un maître, est en si mauvais état que si une complète réparation n'intervient pas rapidement, ce souvenir de l'histoire de notre ville disparaîtra A la suite du vœu, on eut l'idée assez naturelle de rechercher ce qu'étaient devenues les reliques du saint protecteur : on essaya vainement de rappeler les souvenirs des anciens de la cité, on fouilla partout, on mit la cathédrale sens dessus dessous et, le 7 août 1634, on finit par découvrir, au fond de la sacristie, dans une armoire où l'on remisait les vieux ornements hors de service, une boite contenant des ossements ; des hommes de l'art les indentifièrent avec ceux restés dans un reliquaire et s'assurèrent que les reliques de saint Vincent Ferrier étaient bien retrouvées. La translation dans la châsse en argent qui se trouve dans la chapelle Saint Vincent, eut lieu le 5 septembre.

En 1644, la reine d'Angleterre, Henriette de France, vint à Vannes ; une plaque apposée, dans la rue des Chanoines, sur la maison où elle fut logée, rappelle cette visite et la bonne réception faite à cette souveraine.

Sébastien de Rosmadec mourut en 1646 et fut remplacé par son neveu, Charles de Rosmadec qui fonda les maisons préhendales qui entourent encore la cathédrale et installa les Visitandines là ou se trouve la caserne des Trente. Un Hôpital Général, l'hôpital saint Nicolas, fut fondé en 1663, devant la porte Saint Patern, pour recueillir les mendiants, tristes reliquats de la guerre, qui pullulaient et constituaient un véritable danger ; ils y étaient admis d'office par les soins des Chasse-gueux, soumis à un régime sévère et astreints au travail ; lorsqu'ils demandaient leur exeat, on leur remettait le bien mince pécule, fruit de leur travail et on les prévenait que s'ils reparaissaient en ville, ils recevraient le fouet et, en cas de récidive, seraient tondus et emprisonnés.

Le 24 août 1671, mourut à Vannes, à l'âge de 65 ans, une sainte personne connue et encore vénérée sous le nom de la bonne Armelle chose vraiment incroyable, ce modèle des servantes sut gagner le ciel sans faire damner ses maîtres.

En 1675, les nouveaux impôts sur le tabac et le papier timbré ayant amené des troubles à Rennes, le Parlement toujours en conflit avec le duc de Chaulnes, gouverneur de Bretagne, fut, par arrêt du 20 octobre 1673, transféré de Rennes à Vannes. La plupart des conseillers, atteints d'une crise d'absentéisme, restèrent à Rennes pour des raisons plus ou moins réelles de santé ; les autres se résignèrent et prévoyant que l'exil serait de longue durée, firent construire les hôtels qui forment la plus grande partie de la rue Saint Vincent. En octobre 1689, le Parlement, ayant offert au roi 200.000 livres pour l'aider dans la guerre de la Ligue d'Augsbourg, fut autorisé à revenir à Rennes, le 1er février 1690. Le 5 mai 1679, une maison de retraite fondée par Mlle de Francheville est construite là où se trouve le Tribunal de Commerce ; une autre maison de retraite pour les hommes fut installée près du collège Saint Yves. Le 16 décembre 1680, fut fondé le Petit Couvent, maison de refuge devenue depuis l'Hôpital Mixte, rue de la Loi.

Le château de l'Hermine tombé en ruines fut définitivement condamné le 12 août 1697 ; il fut tranformé en carrière de pierres pour la construction de l'Hôtel Dieu en 1720, du pont saint Vincent et des quais en 1724. On acheva de le démolir en 1784 ; son emplacement fut vendu le 18 octobre de cette année à un sieur Lagorce qui y construisit l'hôtel cédé en 1874 à l'Etat pour en faire une Ecole d'Artillerie. La Porte-Poterne fut ouverte sur la Garenne en 1678. Deux ans après, le logis de la Motte, bien abimé lui aussi, fut entièrement reconstruit : confisqué en 1791, transformé en préfecture, remanié en 1857, démoli dix ans plus tard, il ne reste plus de cet édifice où se sont passés les évènements les plus marquants de l'histoire de Vannes, derrière l'inesthétique dôme des magasins Saint Rémy, qu'un terrain vague et quelques pans de murs gallo-romains en blocage.

La porte du Nord, porte Saint Jean ou porte du bourreau, fut ouverte en 1686 ; quatre ans après, Vannes offre au roi, pour soutenir l'effort de ses ennemis, un don de 100.000 livres. Un édit d'août 1692, ayant créé des maires permanents, Mathieu Le Clerc s'installa, l'année suivante, dans l'ancienne Chambre des comptes qui, transformée, depuis 1560, en Maison de ville, fit office de Mairie jusqu'en 1886, et qui, découronnée de son campanile, abrite vers 1925 le Conservatoire de Musique.

En 1704, la porte dite du Pays de Caer, fut condamnée et remplacée par la Porte Saint Vincent ornée d'une statue du saint ; cette statue, au cours de la révolution, fut remplacée par l'image jugée plus convenable d'un sans culotte et la déclaration des droits de l'homme y fut inscrite à la place du cadran solaire. Saint Vincent reprit plus tard sa place : une légende prétend que lorsqu'il abaissera sa main droite qu'il tient levée, Vannes subira le sort de la ville d'Ys.

Après la mort de Louis XIV, un grand nombre de gentilshommes du pays vannetais entrèrent dans la conspiration dirigée par la duchesse du Maine et l'ambassadeur d'Espagne, Cellamare : le centre, en Bretagne, de cette folle entreprise, fut le manoir de Kergurioné dans la paroisse de Crac'h, appartenant alors aux Coué de Salarun. Les plus naïfs enfantillages, les plus grandes imprudences, le manque absolu de direction et d'entente, les plus lamentables défections signalèrent cette conspiration de carnaval qui se termina par un drame : le 26 mars 1720, quatre des principaux meneurs : Pontcallec, Montlouis, Talhouët et du Couédic, montèrent sur l'échafaud au Bouffray de Nantes.

L'année suivante, une tempête fit tomber sur le transept une partie de la tour de Saint-Patern qui, en 1726, acheva de s'écrouler en écrasant la nef ; l'église fut reconstruite en 1770. En 1750, pour donner de l'ouvrage aux chômeurs, la Garenne fut transformée en promenade ; et en 1767, Sesboué, où se trouve maintenant le syndicat agricole, fut transformé en dépôt de mendicité.

Le jansénisme amena quelques troubles : en 1762, à la suppression des Jésuites, le collège de Vannes fut confié à une Commission d'administration et son premier Principal fut l'abbé Marc le Rieux. En 1763 et 1764 des troubles eurent lieu à Vannes au sujet de l'exportation des grains ; six des mutins furent pendus. Sous le pontificat de Mgr de Bertin, la cathédrale eut à subir une véritable et regrettable refonte et, grâce au lamentable mauvais goût des gens d'alors, devint le bizarre mélange architectural qu'elle est de nos jours ; un plafond en anse de panier dissimula l'ancienne voûte en carène qui le domine encore de onze mètres ; le choeur roman fit place à des arcades quelconques, en 1770 ; un très bel autel en marbre, oeuvre de Fossati, fut planté au milieu de l'inter-transept et habilement placé juste sur une ligne de rupture d'une voûte en tuffeaux : les belles portes flamboyantes des Chanoines et du Duc, furent murées pour éviter les courants d'air ; les stalles des chanoines furent exilées derrière l'autel, de manière à les empêcher de suivre les offices ; enfin, comble d'horreur, d'affreux vases pseudo-grecs surmontèrent, à l'entrée du choeur, les colonnes ornées des lions de Montfort et des naïves statues moyenageuses d'Hercule et de Samson. Sous Mgr Amelot, en 1776, la nef fut dallée avec des pierres tombales empruntées, au moins quelques-unes, aux tombes des anciens évêques ; le choeur fut pavé de carreaux en marbre noir et blanc, et pour les supporter, le corps de saint Vincent-Ferrier fut installé dans le transept de gauche et. la crypte où il avait si longtemps été vénéré fut comblée, sans souci des tombes ducales qui sont enfouies sous trois mètres de décombres et de terre de cimetière.

Mgr de Bertin mourut le 23 septembre 1774 et sa statue tombale à la cathédrale semble encore tourner la tête pour regarder aveu étonnement toutes ces profanations.

(E. Fonssagrives).

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