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VANNES — A partir de 1789.

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Quelques années plus tard, de graves évènements avaient lieu en France : devant le déficit des finances, le roi Louis XVI convoquait les Etats Généraux : les élections eurent lieu à Vannes, en avril 1789, au moins pour les députés du Tiers et du Clergé paroissial, car la Noblesse et le haut Clergé assemblés à Saint-Brieuc s'abstinrent en déclarant que, en vertu des privilèges de la Bretagne, ces élections ne pouvaient avoir lieu qu'au sein des Etats de la province ; quoi qu'il en soit, la réunion eut lieu à Versailles, le 5 mai. Dès lors, les évènements se précipitent : serment du jeu de paume, le 20 juin ; réunion des trois Ordres ; suppression des privilèges, dans la nuit du 4 août ; les biens ecclésiastiques sont, par un heureux euphémisme, mis, le 2 novembre, à la disposition de la nation ; le 20 janvier 1790, les provinces font place aux départements ; le 13 février, les voeux monastiques ne sont plus reconnus ; le 13 avril, la religion catholique cesse d'être la religion de l'Etat ; le 12 juillet, la constitution civile du clergé est votée et le faible souverain la sanctionne malgré lui, le 21 août ; le Chapitre de Vannes proteste contre cette constitution et est supprimé, le 30 octobre, par le Directoire du département ; le 27 novembre, le serment de fidélité à la Nation, la Loi, le Roi, et d'obéissance à la constitution décrétée par l'Assemblée Nationale, devient obligatoire.

Toutes ces innovations portaient gravement atteinte aux croyances héréditaires du peuple breton profondément traditionaliste : il en résulte une inquiétude qui se traduisit par des rassemblements, d'abord pacifiques comme celui qui eut lieu, le 7 février 1791, au Bondon et que 20 soldats et autant de gardes nationaux suffirent à disperser sans coup férir, puis par des mouvements plus significatifs,comme la marche des marins de Sarzeau sur Vannes, le 13 février, sous la conduite de Francheville, aux cris de : Mon âme à Dieu, mon coeur au roi ! La porte Saint-Salomon fut jetée bas à la suite de cette tentative.

Le clergé qui avait protesté contre la constitution civile, refuse de prêter le serment qu'il considère comme contraire à sa conscience : un seul prêtre sur cinquante, s'y soumet dans le district de Vannes. Mgr Amelot, considéré comme responsable de l'agitation, est cité à la barre de l'Assemblée et est conduit à Paris sous l'escorte de deux gardes nationaux ; il passe en Suisse, puis en Allemagne, et de là en Angleterre, d'où il ne revint qu'en 1815.

Le 6 mars 1791 on procéda à l'élection d'un évêque constitutionnel pour le remplacer : l'abbé Guégan désigné se déroba ; on fut obligé, le 27 mars, de procéder, en même temps qu'à l'élection de divers fonctionnaires de l'ordre judiciaire, à celle d'un autre candidat épiscopal : l'abbé Le Masle, curé d'Herbignac, fut élu et accepta, mais quatre curés seulement pour tout le diocèse, dont deux pour Vannes, purent être nommés. Les prêtres insermentés ne reconnurent, naturellement, pas l'évêque intrus et beaucoup d'entre eux affectèrent de terminer l'Oraison dominicale par cette singulière invocation : mais délivrez-nous du Masle, ainsi soit-il.

Le 13 avril, le Pape condamne le serment : le 4 juin, tous les professeurs du collège, insermentés, sont licenciés ainsi que les soeurs de l'hôpital ; devant les vexations infligées aux prêtres auxquels ils sont restés attachés, les habitants protestent et le sang coule en plusieurs endroits.

Les biens des émigrés sont confisqués, les prêtres insermentés arrêtés et internés à Port-Louis en attendant leur déportation ; le costume ecclésiastique est interdit, les congrégations enseignantes et hospitalières sont supprimées, les nombreux couvents de Vannes sont fermés et leurs occupants jetés à la rue, le 1er octobre 1792. Le 14 mars 1793, le tirage au sort pour la levée de 300.000 hommes amène des troubles et Vannes manque d'être prise par les gars de Sarzeau ; le 13 avril, les statues tumulaires, les armoiries et les signes extérieurs religieux sont martelés ; le 20 juillet, l'argenterie des églises et les cloches sont confisquées pour faire des sous ou des canons ; au commencement d'août, les suspects sont internés au Petit Couvent et les religieuses de tout habit à Saint-Nicolas. Les rues de Vannes dont les noms rappellent des faits locaux ou des monuments disparus sont affublées de dénominations dont quelques unes subsistent encore, telles que : rue de la Confiance, de la Concorde, de la Bienfaisance, de la Vertu, de l'Unité, de la Justice, de la Bonne Foi, de l'Amitié, de la Vérité, de la Loi, de l'Égalité.

Malgré ces mesures violentes, Vannes était mal notée en haut lieu : Le représentant Prieur de la Marne vint y mettre bon ordre, le 22 octobre 1793. Il n'y trouva pas la moindre idée de l'esprit public, rien que fédéralisme et modérantisme ; le despotisme de la richesse et du rang offre encore la hideuse image de l'ancien régime ; l'égoïsme règne dans cette ville. Les Administrateurs du département, malgré l'adresse d'approbation qu'ils ont envoyée à la Convention à l'occasion de la mort du roi, ne sont pas jugés assez révolutionnaires et sont, dès le 29 octobre, incarcérés au Petit Couvent ; le 31, la Terreur est mise à l'ordre du jour contre les ennemis du peuple, la ville est cernée par des troupes pendant que de minutieuses perquisitions sont faites pour découvrir les suspects et désarmer la population : deux cents arrestations vont grossir le nombre des prisonniers. Le 2 octobre, Prieur ordonne, la valeur n'attendant pas le nombre des années, l'armement de tous les jeunes citoyens de 9 à 16 ans, et leur remet un tambour et un drapeau sur lequel est inscrit : « L'espoir de la patrie ».

Toute cette agitation ne pouvait, suivant le goût du temps, se passer sans fêtes symboliques : le 3 novembre, au cours de celle de la Régénération, Prieur baptise civiquement un petit malheureux auquel il inflige les prénoms de Marat-Montagne, puis, aux pieds de la statue du Sans-Culotte qui doit remplacer saint Vincent Ferrier, le représentant daigne, de sa main, allumer le bûcher qui va réduire en cendres quelques parchemins et des registres de droits féodaux : ce fut fort émouvant, mais les ouvriers qui avaient travaillé à préparer cet auto-da-fé, ne furent pas payés.

Prieur constate .ensuite un chose épouvantable : le Tribunal Criminel de Vannes n'a pas encore prononcé une seule condamnation à mort ! le tribunal est cassé et transporté, le 20 novembre, à Lorient, ville plus régénérée d'où il ne revient que le 17 décembre 1794 ; pendant ce temps, les campagnes environnantes sont en insurrection permanente, sous la direction de Silz, Cadoudal, Guillemot et Lemercier. Tout étant bouleversé, Prieur de la Marne dont la reconstruction était le moindre des soucis, va plus loin exercer ses talents.

Le culte de la Raison est organisé à Vannes, le 1er avril 1794 et une demoiselle Quellenec joue, plus ou moins volontairement, le rôle de la nouvelle divinité. L'évêque constitutionnel chassé de sa cathédrale, cache en la quittant les reliques des saints protecteurs de la ville dans la sacristie de l'église du Mené, puis aux Cordeliers ; douze jours plus tard, tout culte est supprimé : l'évêque et ses prêtres qui refusent d'apostasier sont luis au Petit Couvent ; les statues vénérées de Sainte Anne d'Auray et de Notre Dame du Roncier sont livrées aux flammes et quelques débris seulement peuvent nous être conservés.

Enfin, la chûte de Robespierre, le 27 juillet 1794, vint amener une détente, mais la chouannerie, cette trop énergique protestation des campagnes, ne cessa, que très momentanément, et très incomplètement, le 29 avril 1795, lors du traité de la Mabilais auquel les chefs morbihannais refusent de souscrire. D'incessants combats avaient lieu à Grand-champ, à Trédion, à Camors ; ces affaires généralement heureuses pour les troupes de la République furent plus efficaces que le traité. Au moment où une accalmie semblait se produire, le 26 juin 1795, une flotte anglaise se montrait dans les eaux de Quiberon et débarquait le lendemain, sur la plage de Carnac, une petite armée d'émigrés et de soldats de toute opinion sortis des pontons anglais ; les chouans reprirent aussitôt les armes, vinrent aux devant d'eux, et tentèrent, à Elven et Coëtlogon, de prendre à revers les troupes qui n'avaient pu s'opposer au débarquement.

A cette nouvelle, Vannes fut dans une grande agitation : le général Hoche qui venait d'y arriver de Rennes et qui avait établi son quartier général à l'hôtel Dondel, rue Saint Vincent, jugeant que la ville n'était pas capable de se défendre, ordonna d'évacuer sur Ploërmel les vivres et les munitions, et invita les administrations publiques à se tenir prêtes à suivre le mouvement éventuel de la garnison.

Les représentants Blad et Tallien arrivèrent à Vannes, le 18 juillet, et se logèrent dans la première impasse de la rue Notre-Dame, dans l'immeuble où sont de nos jours (vers 1925) les bureaux des Ponts et Chaussées. Le 22 juillet, l'armée royaliste n'existait plus : les soldats avaient fait leur oeuvre, les bourreaux allaient commencer la leur. Le 27 juillet, le comte de Sombreuil l'évêque de Dol et quatorze chefs ou prêtres, sont jugés à Auray et expédiés, le jour même, à Vannes où ils sont enfermés, vers minuit, dans la tour Sud, aujourd'hui démolie, de la Porte Saint Patern ; ils en sortirent, douze heures plus tard, pour être fusillés à la Garenne, contre le mur où une plaque de marbre rappelle leurs noms et leur exécution ; leurs corps furent inhumés au cimetière actuel qui avait, trois ans auparavant, remplacé les cimetières paroissiaux autour des églises.

Les Commissions militaires eurent une pénible et lourde charge à remplir : 172 condamnations furent prononcées à Quiberon, 221 à Auray, 657 à Vannes et 1 à Port Louis : l'une de ces commissions, malgré les fureurs du général Lemoine, eut le courage de se déclarer imcompétente. A Vannes, les séances eurent lieu au Présidial, à l'hôtel de Limur, à la Mairie et au couvent de la Retraite ; ajoutons que les soldats refusèrent de participer aux massacres et qu'il fallut y employer des étrangers, principalement des Belges et des Allemands. Les exécutions eurent lieu à la Garenne, à l'Ermitage, au Bondon et à Larmor, du côté de Séné ; elles durèrent plus d'un mois. Les ossements des victimes furent plus tard recueillis et déposés à la cathédrale dans la chapelle Saint Louis.

La Convention, arrivée au terme de sa sanglante existence, voulut, avant de se séparer, le 26 octobre 1795, exiger des prêtres libérés le serment dit de soumission et obéissance, et décreta contre les récalcitrants la réclusion, la déportation et l'exécution dans les vingt-quatre heures ; le Directoire qui lui succéda tenta l'application de ces prescriptions : aussitôt la chouannerie reprit de plus belle avec des chefs hardis et énergiques comme Cadoudal, Guillemot, Mercier la Vendée, Sol de Grisolles ; les combats de Meucon, Muzillac, Sarzeau, Elven, Grand Champ et Pont du Loch donnent presque à cette guerre de partisans l'allure d'une grande guerre. Les prêtres relâchés furent de nouveau arrêtés et le tribunal réinstallé à Vannes, se mit à l'oeuvre.

La guillotine montée place du marché, là où se trouve la statue de Richemont, commença à fonctionner, le 31 décembre ; sept prêtres insermentés y furent envoyés ; l'un deux pendant le trajet de la prison au lieu d'exécution parvint à s'échapper, mais il fut atteint dans la rue de la Boucherie, — la rue de la Loi actuelle — et massacré à coups de baïonnette.

Cette recrudescence de rigueurs dura peu, et, après la soumission provisoire de Cadoudal, le 2 juin 1796, les lois d'exil furent rapportées. Cependant le coup d'état du 18 fructidor vint arrêter la pacification et inaugurer la guillotine séche de l'île de Ré et de la Guyane ; enfin l'établissement du Consulat et le Concordat mirent fin aux persécutions.

M. Mayneaud de Pancemont fut sacré évêque de Vannes, le 11 avril 1802, à Notre Dame de Paris ; il s'occupa activement à réparer les ruines accumulées dans son diocèse par la Révolution, mais il ne put contenter les irréductibles des deux partis et fut, le 23 août 1806, peut-être à l'instigation de l'archiprêtre de Lorient, victime d'une aventure pas banale : parti en tournée de confirmation pour Monterblanc, il fut arrêté par une bande dirigée par La Haye Saint Hilaire, dépouillé de son chapeau, sa soutane et ses chaussures, lié sur un cheval et emmené dans la lande épaisse. Son vicaire général fut renvoyé à Vannes demander au préfet la grâce de chouans arrêtés à Sulniac quelques jours auparavant. Le préfet ayant accordé la liberté des deux chouans, La Haye Saint Hilaire relâche l'évêque mais conserve comme otage son secrétaire qu'il déclare ne vouloir remettre en liberté qu'en échange d'une somme de 24.000 livres en or, de l'anneau pastoral et de la croix de la Légion d'honneur du prélat. On peut juger de la fureur de l'Empereur à cette nouvelle.

La Haye Saint Hilaire arrêté près de Monterblanc, fut fusillé sur la Garenne, le 6 octobre 1807 ; Monseigneur de Pancemont, depuis sept mois, avait succombé à son émotion bien légitime et reposait dans l'enclos du Père éternel.

Pendant les Cent Jours, les élèves du collège de Vannes s'adressent au chevalier de Margadel qui les abouche avec le Conseil supérieur royaliste dont il est membre. Ils sautent le mur du collège, se procurent quelques armes, font leur jonction à Brech avec les chouans de Sol de Grisolles et les marins d'Auray, ont un petit succès à Sainte-Anne et vont à Redon où un navire anglais doit leur apporter de quoi compléter leur armement. Le 10 juin, le général Rousseau les attaque à Muzillac où il essuie un échec, grâce à l'aide apportée aux écoliers par les gars d'Elven et les marins d'Auray ; par contre, le Général Bigarré les met sen déroute complète à Auray, le 20 juin, et les eût détruits, sans trop de peine, si la nouvelle de Waterloo ne fût venue arrêter les hostilités.

Nous voici arrivés aux temps ou les principaux évènements qui eurent Vannes pour théâtre : le voyage de l'empereur Napoléon III, la rectification du Port, le sabotage des vieux monuments, la démolition de nombreuses maisons des XVème et XVIème siècles et de l'une des tours de la Porte Prison ; la reproduction, en très petit, d'une des tours de la cathédrale abattue par la foudre et l'imposition d'une galerie rayonnante sur un édifice flamboyant, la construction d'une préfecture, d'une halle aux grains, d'un tribunal, d'un hôtel de ville, de casernes et d'écoles normales ont besoin d'un reculement au moins séculaire pour revêtir l'ombre d'une importance ; tenons nous en donc là, en constatant avec satisfaction que notre chère et paisible ville éprouve depuis longtemps le sort des gens heureux : pas d'histoire.

(E. Fonssagrives).

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