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TREMBLAY.
Ecclesia quæ vocatur Trembleit, 1058 (cart. Nigr. Sti Flor. Salmur) ; Ecclesia de Trembliaco, XIème siècle (D. Morice, P. 1. col 387) ; Sti Martini Trembliacensis (ibid., col 389) ; Trembleium (ibid., col 486, 645) ; Trembleyum, XVIème siècle.
Histoire. — L’origine de la paroisse de Tremblay remonte au XIème siècle. Au moment où elle nous apparaît dans l’histoire, sa situation était semblable à celle que nous avons constatée pour l’église d’Antrain : c’est-à-dire qu'elle était encore possédée par des laics et était la propriété de trois seigneurs, dont les actes contemporains nous ont conservé les noms : Hervé, fils de Burchard, que nous connaissons déjà, Alfred et Raoul.
Hervé, le premier, écoutant la voix de l'Église, qui joignait les prières aux menaces et employait tous les moyens en son pouvoir pour obtenir des seigneurs laïcs l'abandon des temples qu'ils détenaient au mépris de ses lois les plus formelles, Hervé se détermina à céder aux religieux de Saint-Florent de Saumur la part de l'église de Tremblay qu'il avait recueillie dans l'héritage de son père, et qui consistait dans la moitié des dîmes de la paroisse et la moitié des revenus de l'autel.
Il paraît qu'à cette époque notre paroisse n'avait pas encore d'église proprement dite, et que le service divin y était célébré dans un édifice qui n'avait pas été construit pour ce saint usage. Hervé lui rendit donc un éminent service en imposant à l'abbaye, comme condition de sa donation, d'employer les premiers revenus qu'elle en retirerait à la construction d'une église, et ensuite d'y entretenir continuellement et à tout jamais un ou deux religieux pour être chargés du soin de son gouvernement et de son administration.
Les co-propriétaires d'Hervé ne tardèrent pas à suivre son exemple et se dessaisirent également, en faveur de l'abbaye de Saint-Florent, de leur part de propriété, laquelle consistait dans un sixième des dîmes de la paroisse, dans l'autre moitié du revenu de l'autel et dans une égale portion dans le produit des droits de sépulture.
Malgré cette double donation, une partie encore assez notable de l'église de Tremblay restait en dehors de la possession de l'abbaye de Saint-Florent.
Hervé, ou peut-être son père Burchard, avait remis la direction de la paroisse à un prêtre qui avait été marié avant d'entrer dans les ordres, et qui avait un fils du nom de Moïse. Ce prêtre étant venu à mourir, son fils, se portant comme héritier, s'était empressé de le faire remplacer, et avait de son chef nommé à la cure un prêtre qui desservait la paroisse sous sa dépendance.
L'autorité ecclésiastique ne manqua pas d'intervenir dans la circonstance, mais longtemps sans pouvoir rien obtenir. Enfin, Moïse, effrayé des censures dont il était menacé et aussi, dit l'acte qui nous fait connaître ces détails, touché par la grâce, Moïse consentit à se désister de ses prétentions, et céda également aux religieux de Saint-Florent les droits qu'il pouvait avoir sur les autels de Tremblay, ainsi que les deux tiers de la part du revenu attribué au desservant, se réservant l'autre tiers pour lui-même.
Les religieux acceptèrent ces dispositions, et l'acte destiné à en perpétuer le souvenir fut dressé, devant l'église même de Tremblay, en présence de l'abbé Sigon, qui était alors à la tête de l'abbaye de Saint-Florent et qui se trouvait pour lors sur les lieux.
Tous ces évènements s'étaient passés antérieurement à l'année 1058, époque à laquelle fut dressé l'acte en question, et qui, étant un acte confirmatif, suppose nécesairement aux faits qu'il relate une antériorité de quelques années. Cependant le cimetière n'avait pas été compris dans ces arrangements et Moïse prétendait le conserver. De là entre lui et les religieux une contestation qui ne dura pas moins de vingt années [Note : Elle ne finit que sous l’épiscopat de Sylvestre (de la Guerche), qui fut évêque de Rennes de 1076 à 1093], et dans le cours de laquelle les foudres de l'Église frappèrent plus d'une fois le violateur de ses lois.
Enfin cet homme, ramené sans doute par les années à des sentiments plus chrétiens de modération et de désintéressement, et, pour prévenir les terribles jugements de Dieu que semblaient lui présager les nombreuses excommunications dont il avait été frappé, consentit à se dessaisir, en faveur des religieux, du cimetière qu'il leur avait si longtemps disputé.
L'acte de renonciation, qu'il dressa lui-même, est empreint d'une couleur si vive des mœurs de l'époque, qu'il me semble intéressant de le faire connaître. Moïse n'y prend d'autre titre que celui de pécheur : Ego Moyses peccator. Il confesse que le cimetière n'est pas sa propriété, mais bien celle de Dieu et de Saint-Martin de Tremblay : Cimeterium Dei et sancti Martini Trembliacensis. Enfin, il déclare qu'il le tenait pour la perte de son âme, et que c'est pour cette raison qu'il le rend à Dieu et à Saint-Florent.
Cette restitution fut symbolisée par un couteau que Moïse déposa sur l'autel.
L'acte nous apprend ensuite que, quelque jours après, il se présenta à la maison des moines avec deux de ses fils, qui étaient majeurs. Payen et Hervé, afin que ceux-ci donnassent leur adhésion à la cession faite par leur père ; ce qu'ayant obtenu d'eux, il essaya d'intéresser les moines par la peinture de la situation indigente à laquelle il était réduit, et les pria de lui donner, pour l'amour de Dieu, le moindre témoignage de leur bienveillance. Ceux-ci, touchés de sa position, prirent conseil de Sylvestre, évêque de Rennes, et lui donnèrent, à titre de grâce, une somme de trente sous afin de l'avoir pour défenseur et pour soutien contre tous ceux qui voudraient injustement attenter à leurs droits. (D. Mor.. P. 1, col. 389).
Ainsi fut assurée à l'abbaye de Saint-Florent de Saumur la possession pleine et entière de la paroisse de Tremblay, et l'on ne voit pas qu'elle ait été pour elle, dans la suite, l'objet d'aucune contestation.
Les religieux s’y établirent dès lors d'une manière stable et permanente, et ils y fondèrent un prieuré qui devint un des membres les plus importants de l'abbaye dans le diocèse de Rennes.
Quoique, dans le cours du moyen âge, il ait eu à subir les vicissitudes de nombreuses révolutions qui l'avaient considérablement amoindri, lors de la réformation du domaine du roi en 1680 il conservait encore cependant une certaine importance ; son temporel se composait alors : de la maison du prieuré et de ses dépendances, situées en Nord de l'église et comprenant 21 journaux ; du fief du Bourg, 59 journaux ; du fief de la Bousselais, 32 journaux ; enfin, des dîmes des paroisses de Tremblay, d'Antrain, de Rimou et de Saint-Léger.
Le droit de haute, moyenne et basse justice était attaché au prieuré avec tous les autres droits et prééminences inhérents à cette grande situation.
Il serait intéressant de savoir à quelle époque le prieuré a cessé d'être occupé par les religieux ; mais les données nous font complètement défaut pour résoudre cette question. M. Brune, dans son Cours d'archéologie religieuse, dit qu'en 1630 il était encore desservi par trois religieux. Je n'ai rien trouvé qui pût confirmer ou infirmer cette opinion ; mais si l'on considère que, près de deux siècles auparavant, il était déjà tombé en commende, on ne croira peut-être pas devoir rapprocher autant de nous l'époque à laquelle il fut abandonné à l'administration séculière.
Voici les noms des prieurs de Tremblay que j'ai pu découvrir dans mes recherches : 1486, Olivier de Broon, abbé de Saint-Melaine et de Saint-Aubin-des-Bois. — 152., Pierre Bourgneuf, trésorier et chanoine de la cathédrale, recteur de Saint-Germain de Rennes. — 1680, Jean-Louis Brunel étudiant en l’Université de Paris. — 1691, M. Fulgence Lupert — 1769, D. Jehan-B.-Guillaume de Belgrade, prieur de Saint-Gildas de Rhuys.
Recteurs de Tremblay.
1558, M. Michel Le Ray, + 1588. — 1588, M. Michel Le Bon. — 16....., M. Bertrand Goudel, + 1651. — 1651, M. Mathurin Jouneaux. — 1673, M. Francois Tison, + 1716. — 1716, M. Charles Roullier, + 1766. — 1766, M. Charles Le Verrier, + 1779. — 1779, M. François Le Ray.
Archéologie. — L'église de Tremblay est sous l'invocation de saint Martin.
En examinant l'église de Tremblay et en se reportant à ce que nous avons vu que, dès 1058, elle appartenait aux religieux de Saint-Florent de Saumur, en vertu d'une donation qui leur avait imposé l’obligation de construire une église, il est impossible de ne pas s'arrêter à la pensée que le vaisseau actuel, du moins dans ses principales parties, ne soit celui-là même qu'ils construisirent alors.
En supposant donc, ce qui est vraisemblable, qu'ils se mirent immédiatement à l’œuvre, il me sera permis de dire, avec M. Brune, que l'église de Tremblay peut être considérée comme l'une des premières qui aient été reconstruites dans nos contrées, après les terribles invasions des Normands, au Xème siècle.
Envisagée à ce point de vue, elle mérite, à tous égards, de fixer l'attention de l’archéologue ; car, outre qu'il peut voir en elle un spécimen fort curieux de l'architecture romane dans nos contrées, il peut encore la considérer comme une sorte de type d'après lequel se coustruisaient les nombreuses églises dont se couvraient alors nos campagnes.
C'est pourquoi il ne m'a pas semblé hors de propos de donner ici une description complète de cette église, et d'entrer dans des détails que j'aurais omis si elle n'avait pas, pour les autoriser, son incontestable caractère d'antiquité, que reflète, pour ainsi dire, chacune des assises de ses vieilles murailles, et que confirme son acte de naissance, inscrit dans nos archives.
Aspect général de l'église. — L'église de Tremblay, vue de la rue qui longe le cimetière au Sud, frappe tout d'abord les regards par un ensemble de détails auxquels ils ne sont pas accoutumés, et qui résultent principalement de l'appareil et de la couleur de ses murs, de la forme de ses contreforts méplats et peu saillants, des baies étroites et cintrées à leur amortissement, qui se dessinent à la partie supérieure de son transept, et enfin de l'abside circulaire qui la termine à l'Est.
Vue à l'intérieur, elle est formée d'un vaisseau composé d'une nef accompagnée d'un collatéral au Nord et de deux transepts, et terminée à l'Est pas une abside circulaire. Ainsi donc, sa forme serait rigoureusement celle de la croix latine, si elle n'était pas modifiée par l'adjonction du collatéral. Celui-ci communique avec la nef par quatre arcades à plein cintre sans aucun caractère d'architecture, et avec le transept, auquel il est adapté par une arcade du même genre.
Ces arcades ont été, suivant toutes les apparences, refaites en même temps que le mur de côtière du Nord, vers la fin du XVIème siècle. Il ne reste, dans cette partie, de la primitive église, que les bases en granit qui soutiennent les piliers sur lesquels reposent ces arcades : elles sont ornées de moulures dont le caractère accuse hautement l'origine Je serais également porté à croire que les énormes piliers cylindriques auxquels elles servent d'appui sont également de cette époque ; ils sont construits en moëllons et recouverts de badigeon, seulement ils ont dû être retouchés à leur surface lors de la reconstruction.
Du reste, il est facile, dans toutes les parties de l'église, même pour l’œil le moins exercé, de reconnaître les parties anciennes de celles qui ont été retouchées, d’abord à la forme des arcades, dont le cintre, pour ces dernières, est toujours surbaissé, mais surtout aux bords extérieurs de leurs voussoirs, qui sont arrondis dans les unes, tandis qu'ils sont à vive arête dans les autres.
Quelque grandes donc qu'aient été les altérations qu'ait subies l'église de Tremblay, il est aisé, avec les parties que le temps et la main des hommes ont respectées, d'en rétablir le plan et d'en décrire les principaux caractères ; c'est ce que je vais essayer de faire maintenant.
La nef. — La nef, mesurée à l'intérieur, donne une longueur de 21m 30, sur une largeur de 5m 70.
Elle est surmontée d'un simple doublis, et rien n'annonce qu'elle ait été voûtée autrefois.
Elle recevait la lumière, du côté du Midi, par trois petites ouvertures pratiquées dans le mur, un peu au-dessous du toit. Une seule d'entre elles existe encore dans son état primitif. Vue extérieurement, elle a la forme d'une meurtrière, arrondie à son sommet, sans aucun relief ou ornement sur le plein de la muraille, et ayant en hauteur de 0m 75 à 0m 80 sur une largeur de 0m 10 à 0m 12. A l'intérieur, au contraire, elle présente un évasement considérable, disposition qui est trés-favorable à la diffusion de la lumière.
Les deux autres baies ont fait place à des fenêtres sans caractère d'architecture.
Le mur de côtière est construit en blocage, et le mortier qui a servi à le construire est composé en grande partie avec de la chaux et de la brique pilée, qui lui a communiqué sa couleur.
Il était buté par trois contreforts, construits en pierres de moyen appareil, saillants de 0m 25m à 0m 30, et se terminant, à 0m 25 du toit, par un simple larmier. Tel est du moins l'état actuel ; mais je serais assez porté à croire que le mur a été exhaussé lorsqu'il a dû recevoir la charpente actuelle. Des corbelets en pierre de granit, grossièrement taillée, étaient destinés à servir de supports aux poutres. L'un d'eux présente sur sa face antérieure les linéaments d'une figure humaine, dessinés en creux.
A l'intérieur, la muraille affecte un plan assez fortement incliné, résultant de son amincissement, à mesure qu'elle s'élève.
L'intertransept et les transepts. — L'intertransept est séparé de la nef par une grande arcade qui appartient à la restauration du XVIème siècle. Cette arcade repose sur d'énormes piliers carrés, complètement massifs, et concourt avec les arcades des transepts et de l'abside à former le support d'une tour carrée qui s'élève au-dessus de cette partie du vaisseau. La largeur de cette arcade est de 4 mètres.
La longueur de l'intertransept, depuis le parement extérieur des piliers qui le séparent de la nef jusqu'à l'entrée de l'abside, est de 6m 80, sa largeur est de 5m 30. Il est recouvert, ainsi que les transepts, d'un simple plafond, au milieu duquel se dessine une ouverture circulaire destinée à donner passage aux cloches.
Les transepts sont construits en pierres de moyen appareil ; ils sont butés par quatre contreforts, disposés deux à deux à chacun de leurs angles.
Le transept sud communique avec la nef au moyen d'un passage d'environ 0m 70 de large, pratique obliquement dans l'angle du massif qui le sépare de l'intertransept.
Ce transept appartient entièrement à la construction primitive, et abstraction faite d'une malheureuse fenêtre rectangulaire, ouverte dans la partie inférieure de son pignon, et de la destruction de la petite abside, on peut dire qu'il se présente à nous tel qu'il fut construit à l'origine. Il mesure intérieurement 6m 80 en longueur sur 5m 70 en largeur.
Il communique avec l'intertransept par une arcade dont l'ouverture est de 4m 40.
Cette arcade, semblable en tout point à celle qui forme l'entrée de l'abside, nous donne une idée de ce qu'étaient les deux autres avant leur reconstruction. Elle est à plein cintre et munie, à son intrados, d'un arc doubleau qui repose sur un pilastre ou pied droit, au sommet duquel un simple chanfrein tient lieu de chapiteau.
Ce chanfrein, partant du pilastre contigu à l'entrée de l'abside, se développe tout autour de sa paroi, et forme, à la naissance de la voûte, une sorte de corniche dont la simplicité n'exclut pas la grâce.
Ce transept est éclairé, au Sud et à l'Est, par deux fenêtres et par une seule à l'Ouest. Ces fenêtres, de la même forme que celles de la nef, mais beaucoup plus grandes, sont également placées à la partie supérieure de l'édifice.
Le transept nord diffère de celui-ci par le nombre de ses ouvertures, qui n'est que de trois, une seule de chaque côté. Peut-être avait-on pensé que le jour venant principalement du côté du Midi, on pouvait se dispenser de les multiplier du côté opposé.
La reconstruction du collatéral, dont ce transept forme le prolongement, a nécessité la reconstruction d'une partie de son enveloppe extérieure ; mais je ne pense pas que sa forme et sa disposition intérieure aient été modifiées.
Les gables des pignons me paraissent être d'une époque postérieure au reste de l’édifice : ils ne présentent ni le même appareil, ni le même mode de construction : ils sont en moëllons et se détachent de la muraille, sur laquelle ils reposent par un retrait en forme de larmier.
L'abside. — L'abside, vue extérieurement, présente l'aspect d'un petit édifice, de forme semi-circulaire, accolé au pignon occidental de l’église : elle est construite en pierres de grand appareil, et butée par quatre contreforts entièrement droits de semblables matériaux. Ces contreforts ont une saillie de 0m 12 à 0m 15, et s'élèvent jusqu'à la hauteur du toit sous lequel vient s'abriter leur sommet.
Les vides qu'ils laissent entre eux et les murs des transepts présentent cinq ouvertures, hautes d'environ 1m 20 sur 0m 20 à 0m 25 de largeur, amorties en plein cintre à leur sommet, sans la moindre ornementation ni même le moindre relief sur le plat du mur.
Sauf une retouche faite extérieurement à la fenêtre la plus rapprochée du transept nord, ce petit édifice me semble être encore aujourd'hui tel qu'il fut construit au XIème siècle.
A l'intérieur, dans la partie la plus rapprochée de l'inter-transept, il affecte la forme rectangulaire et se termine ensuite, comme à l'extérieur, par un hémicycle dont l'effet est fort gracieux, et qui, comme le dit M. Brune, que j'aime toujours à citer, offre un aspect auquel nos yeux ne sont pas accoutumés.
L'ouverture de cette abside, dans le plan des murs des transepts, est d'environ 4m 45. A 0m 22 de leur point de départ, les parois forment, des deux côtés, un ressaut à angle droit d'environ 0m 22, et se rapprochent ainsi de manière à ne plus présenter qu'une ouverture de 4 mètres.
Ce ressaut forme, tout le long des pieds droits et à l'intrados de la voûte sur laquelle il se prolonge et se développe, une platebande qui s'harmonise d'une manière fort gracieuse avec les autres platebandes résultant de la disposition des pilastres et des arcs doubleaux des arcades de l'un et l'autre transept.
Les parois se prolongent ensuite parallèlement dans une longueur de 2m 75. Arrivées à ce point, elles se rapprochent de rechef par une nouvelle saillie de 0m 22 ; cette saillie donne encore naissance à une nouvelle platebande, qui, en se continuant à l’intrados de la voûte, coupe agréablement le nu de la muraille et en détruit l’uniformité. C’est aussi à partir de ce point qu'elles se courbent pour prendre la forme circulaire et décrire un demi-cercle, dont le rayon est d'environ 1m 70 ; en sorte que l'axe intérieur de l'abside est d'environ 4m 90.
Des cinq fenêtres qui l'éclairent, deux sont placées dans la partie droite de la paroi ; les trois autres dans l'hémicycle, à peu près à égale distance les unes des autres, celle du fond étant précisément dans l'axe de l'abside.
Cette disposition est, comme il est facile de le sentir, très-favorable à la concentration de la lumière, dont elle fait converger tous les rayons sur un même point, qui est précisément celui où se trouve placé l'autel.
La fenêtre proprement dite s'ouvre en arrière de 0m 20 sur le plan de la muraille, dans une fausse baie qui lui sert d'encadrement, et dont les contours sont dessinés par une forte moulure torique.
Cette abside était, dans le principe, accompagnée de deux absides plus petites placées au milieu du mur oriental des transepts. Ces absides secondaires ont été démolies lors de la restauration de l'église, en 1801, et l'on ne saurait trop déplorer leur destruction. Néanmoins, l'abaissement du sol, dans cette partie du cimetière, ayant mis en relief les fondations sur lesquelles elles reposaient, il m'a été permis d'en prendre exactement la mesure, et à défaut de description, je puis du moins en faire connaître les dimensions. Elles devaient extérieurement présenter l'aspect d'un petit édicule de forme semi-circulaire, ayant 3m 20 de diamètre, et faisant saillie d'environ 2 mètres sur le mur des transepts. Rien n'indique qu'elles aient été munies de contreforts. Leur faîte n'arrivait pas à la hauteur des murs de la grande abside.
A l'intérieur, elles devaient produire l'effet d'une grande niche, dont la profondeur était de 2m 50, et dont l'ouverture, large de 2 mètres, se terminait à la hauteur du chanfrein qui règne en guise de corniche autour et à la naissance de la voûte de l'abside.
Il y a tout lieu de croire que ces petites constructions, trop étroites pour renfermer un autel, étaient destinées à la conservation du trésor de l'église et des divers objets servant au culte, à une époque où les églises n'avaient pas encore de sacristies.
La tour. — La tour primitive, placée sur le carré central, entre la nef, l'abside et les transepts, n'existe plus ; elle est remplacée aujourd'hui par quatre pans de muraille qui s’élèvent à peine de quelques mètres au-dessus des transepts, et qui portent pour couronnement un dôme en charpente terminé par une lanterne : le tout formant un ensemble peu gracieux qui contraste singulièrement avec la partie de l'édifice à laquelle il appartient.
L'église de Tremblay fut brûlée au mois de novembre 1795, à la suite d'un combat soutenu par les républicains contre les royalistes qui vinrent les attaquer.
Les premiers, forcés d'abandonner le cimetière dans lequel ils s'étaient retranchés, se réfugièrent dans la tour, d'où ils dirigeaient un feu meurtrier sur leurs adversaires. Ceux-ci, après plusieurs pourparlers, désespérant de pouvoir les en déloger, apportèrent dans l'église de la paille et des fagots auxquels ils mirent le feu, espérant que les assiégés, incommodés par la fumée, se décideraient à se rendre. Mais le feu gagna bientôt la toiture et produisit un effroyable incendie qui, dans quelques instants, dévora tout ce qui, dans l'église, était susceptible d'être consumé.
Les parties incendiées et celles qui avaient le plus souffert furent rétablies en 1801 ; c'est à cette époque que fut construite la façade occidentale, sur une des pierres de laquelle on lit le nom de M. Lambert, le recteur d'alors, qui fut plus tard curé d'Antrain, et au zèle duquel la paroisse de Tremblay est redevable de la restauration de son église.
On remarque dans l'église de Tremblay un autel dont la description doit trouver place dans cette notice.
Cet autel, qui appartenait autrefois à l'église de l'abbaye de Rillé, est tout en marbre, même les degrés qui servent pour y monter.
Le fond ainsi que les degrés sont en marbre brun grisâtre, dont la couleur sombre fait ressortir de la manière la plus avantageuse le tombeau et le tabernacle, qui sont en marbre blanc.
Celui-ci attire principalement les regards moins par lui-même que par les accessoires qui l'accompagnent, et qui sont en bois peint, doré ou argenté, suivant les sujets à représenter ou les effets à produire.
Il est, comme je l'ai dit, tout entier en marbre blanc, et sa façade, qui se développe en lignes courbes, embrasse toute l'étendue de l'autel, dont sa base recouvre le gradin supérieur.
Il est enveloppé d'un nuage sur lequel se tiennent debout l'ange et l'aigle symboliques ; le premier, dans l'attitude de l'adoration et les yeux fixés sur l'autel ; le second, le regard élevé vers le ciel.
Des flancs du nuage et sur le devant se détachent les deux autres animaux symboliques, le bœuf et le lion, les yeux dirigés vers le tabernacle qu'ils couvrent de leurs ailes.
De la partie inférieure du nuage et sur les côtés s'échappe un jet de flamme qui se ramifie en se développant le long de l'autel, et va se rattacher à un chandelier à trois branches qui repose sur un bourrelet que forme, en se relevant, à son extrémité, le prolongement de la base du tabernacle.
Emre l'ange et l'aigle et sur le sommet du tabernacle s'élève une colonne au pied de laquelle est placée une gerbe de froment, chargée de ses épis.
Aux deux tiers environ de sa hauteur, elle est coupée transversalement par un nouveau nuage sur le milieu duquel se dresse le pélican symbolique, adossé à la colonne, entre deux anges, dont l'un semble être en adoration, tandis que l'autre laisse échapper de sa main un long cep de vigne, chargé de ses fleurs et de ses fruits, qui se développe, en forme de guirlande, le long de la colonne, et descend jusqu'à sa naissance sur le tabernacle.
Celle-ci se termine par trois figures disposées horizontalement à son sommet.
Au-dessus s'élève un petit baldaquin surmonté d'une Gloire : au milieu se dessine le triangle symbolique avec le nom de Jehovah, et le bord inférieur est légèrement voilé d'un nuage dans lequel se montrent des anges.
Une rainure de quelques centimètres de profondeur, qui règne tout le long de la colonne, du côté opposé à l'autel, et un petit appareil, dont la fonction a dû être de soutenir une poulie, placé au sommet de cette rainure, donnent lieu de supposer que, dans l'origine, ce petit baldaquin était destiné à servir de Ciborium, c'est-à-dire à recevoir et à abriter le vase dans lequel en conservait la sainte Eucharistie.
Cette petite composition est, comme on voit, pleine de symbolisme. Je ne m’arrêterai pas ici à en donner l'explication : le lecteur la trouvera aisément lui-même, et un peu de réflexion lui suffira pour lui faire reconnaître qu'il était difficile d'exprimer d'une manière plus simple et plus heureuse les principaux dogmes du christianisme, principalement dans leurs rapports avec l'auguste sacrement de nos autels.
Chapelles. — Il y avait autrefois deux chapelles sur le territoire de la paroisse de Tremblay ; l'une, au Pontavice, sous le vocable de Saint-Aubin, avait été fondée, en 1672, par M Charles de la Palluelle, seigneur du Pontavice ; l’autre, au manoir de la Chattière, avait été fondée, vingt ans plus tard, en 1692, par le marquis de Saint-Brice, sous le vocable de Saint-Julien.
Maisons remarquables. — On voit dans le bourg de Tremblay plusieurs maisons dont la fondation remonte à une époque assez ancienne : deux, entre autres, méritent de fixer l'attention.
La première, située dans le bourg même, au bord de la grande route de Rennes à Antrain, et servant aujourd'hui d'auberge, se fait remarquer par sa façade, construite entièrement en belles pierres de grand appareil, ses fenêtres surmontées de frontons aigus, et une assez jolie tourelle, terminée en cul-de-lampe, qu'elle porte à son angle nord-ouest. Les murs de cette tourelle sont percés de petites meurtrières, propres à laisser passer un canon de fusil, qui indiquent la disposition des esprits à l'époque de troubles où elle fut construite.
Au-dessus de la porte, on lit l'inscription suivante : L'AN 1578 - I. COVPPE - Ft Fe CE LOGIS.
Cette inscription est surmontée d'un triangle dans lequel est encadrée une couronne et dont le sommet est orné d'un bouquet de feuillages.
La seconde, située à l'extrémité du bourg, sur le chemin qui conduit à la lande, doit être encore plus ancienne. Ses ouvertures sont toutes en ogives en accolades, et sont ornées de sculptures qui représentent principalement des productions végétales.
Cette maison, qui est connue, ainsi que la terre qui en dépend, sous le nom du Bois, a vu naître, en 1712, M. le docteur Bertin (Joseph-Exupère), mort à Gahard, le 21 février 1781.
Elle semble avoir été le berceau de la famille Le Bon, dont un des membres, secrétaire du roi, ajouta son nom à son nom patronymique, et dont les descendants, en intervertissant l'ordre des mots, se sont fait appeler Du Bois-Le-Bon.
Une autre maison du bourg de Tremblay a également vu naître, en 1750, le célèbre botaniste Louiche Desfontaines (René), mort à Paris au mois de novembre 1833.
La paroisse de Tremblay était traversée du Sud au Nord par la voie romaine de Rennes à Alaune, dont j'ai déjà parlé à l'endroit de Chauvigné.
J'ai cru en reconnaître les traces dans un grand chemin qui traversait les landes du Bois-Briand, aujourd'hui défrichées, et venait aboutir non loin du village de la Champas. De là, la voie devait se diriger vers la rivière de Loisance.
J'ai inutilement cherché à découvrir le point où elle franchissait cette rivière : la disposition du terrain et l'escarpement des collines qui forment la vallée dans laquelle elle coule, ne permettent que deux suppositions pour l'établissement de ce passage : La chaussée du moulin de la Chattière ou celle du moulin du Vivier. Je pencherais plus volontiers pour cette dernière, Alors la voie, arrêtée à la hauteur de la Champas, se serait inclinée vers le Nord-Ouest, aurait suivi à peu près la route actuelle de Fougères à Antrain, et serait venue passer la rivière à peu près au point où la traverse aujourd'hui la route départementale de Rennes à Avranches : de là, elle se serait dirigée vers Saint-Ouen-de-la-Rouërie et ensuite sur le territoire de Sacey, où l'on en a reconnu les traces.
Au milieu des landes d'Ardillou, non loin de cette voie et sur le sommet d'un plateau d'où l’œil découvre les environs, on voyait encore il y a quelques années une petite esplanade, faite de main d'homme et entourée d'un fossé assez profond, qui ne permettait pas de douter qu'elle n’eût été élevée dans le but de servir à la défense de la contrée. Cette petite fortification, à laquelle je me refuse de donner le nom de camp, qu'on lui donnait, cependant, généralement dans le pays à raison de son peu d'étendue, car elle couvrait à peine une surface de 3 ares, devait avoir eu pour objet l'établissement d'un poste militaire destiné à la surveillance de la voie.
Il n'en reste pas aujourd'hui le moindre vestige ; la charrue les a tous fait disparaître.
Terres nobles. — Les principales maisons de cette paroisse étaient :
1° Le Pontavice, qui en était la maison seigneuriale. Cette terre donnait à son possesseur les droits de moyenne et basse justice, de prééminence dans l'église de Tremblay, de quintaine sur les nouveaux mariés dans la paroisse d'Antrain, de pêche dans le Coësnon, etc.
La terre du Pontavice [Note : Tenue prochainement du seigneur de Saint-Brice comme faisant partie de la grande vairie de Tremblay, qui dépendait de la terre de Saint-Brice. Le seigneur de Saint-Brice avait droit de haute, moyenne et basse justice dans tous les fiefs de la circonscription] comprenait :
DOMAINE
PROCHE.
1° Le manoir et les métairies du Pontavice ; 2° la moitié des
deux moulins, l'autre moitié appartenait au roi ; 3° le bois et la métairie des
Fontenettes ; 4° le lieu de la Fournairie.
MOUVANCES.
Les fiefs de
Montbaudry, de la Mahonnerie, des Fossés, de Villechien, du Tertre, de
Vieil-Fief et du Val-de-Coësnon, contenant environ 530 journaux. Le sergent du
fief du Val-de-Coësnon devait aux seigneur et dame du Pontavice
deux cierges de cire blanche, d'une livre et demie
chacun, le jour de la Fête-Dieu.
Cette terre, qui paraît avoir été le berceau de la famille du Pontavice, passa, vers la fin de XVIème siècle ou le commencement du XVIIème, dans la famille de la Palluelle par le mariage d'Anne du Pontavice avec Pierre de la Palluelle.
A l'époque de la Révolution, elle appartenait à la famille du Hallay.
2° La terre d'Ardenne ou de la Mordanterye, avec droit de basse justice, donnait également à son possesseur droit de prééminence dans l'église paroissiale, et d'enfeu prohibitif sous l'arcade, à l'entrée de la chapelle Notre-Dame.
Ces droits avaient été cédés le 2 mai 1494 (et non 1694) par François du Pontavice [Note : Fils de Jehan du Pontavice, seigneur du Pontavice et de Montbaudry (1425-1489) et de son épouse Thomine de la Barre] à Jeanne du Pontavice, sa sœur, épouse de Richard Liger, sieur d'Ardenne [Note : fils de X Liger et de Jeanne de Langan].
3° La terre de la Chattière, avec droit de haute, moyenne et basse justice, réunie, en même temps que la baronnie de Sens, à la terre de Saint-Brice, en 1568.
4° La Coquillonnaye, avec droit de basse justice, appartenait en 1680 à MM. Barthélemy Ferret et Jacques Michau, conseillers secrétaires du roi. Elle se composait ainsi qu'il suit :
DOMAINE PROCHE.
1°
La maison et métairie de la Coquillonnaye ; 2° le lieu et maison noble de
Mésandré ; 3° la maison noble de la Huettière ; 4° id. de la Herviays.
MOUVANCES.
Les
fiefs des Cartiers, de la Bourdonnière, de la Croix-Sibile, de
Caumereul, de la Paumerais, de la Redeveillais de la Hégronnière, de la Pesnais,
de la Tannerie, de Laugerais, de la Tournée, du Gué-Josselin, de la
Regondais, de la Huettière et des Champs-Blancs (environ 400 journaux).
5° Le fief de la Rouaudais avec droit de basse justice, s'étendant aux fiefs de la Cletterie, etc.
6° La terre de la Hellandière, etc.
Les seigneurs de Montmoron et de la Rouërie avaient aussi des droits et une juridiction fort étendus dans la paroisse de Tremblay : le premier à raison de sa terre de Montmoron (voir Romazy) ; le second, à raison du moulin des Chapeliers, avait le droit de haute, moyenne et basse justice dans les fiefs de la Daye, de Corbigné, de la Martelais, de la Mancellière, du Bois-Verdier, de Peslaine, du Chastelier, de la Forêt, de la Tannerie, et dans le fief aux Galles (plus de 600 journaux).
L. Maupillé.
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