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SITES PITTORESQUES DU RÉGAIRE DE L'ÉVÊCHÉ DE TRÉGUIER

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Parmi les sites les plus pittoresques du nord-ouest des Côtes-d'Armor sont les vallées du Jaudy et du Guindy.

Nés au pays de Louargat, ces deux cours d'eau coulent vers le nord, puis le Guindy oblique à l'est et ils se confondent pour former la rivière de Tréguier, de cette ville épiscopale à la mer.

C'est le long de leur cours inférieur que s'étendent, sur une vingtaine de kilomètres, les paroisses de l'ancien fief ecclésiastique de l'Evêque et du Chapitre, le Regaire de Tréguier.

Le fief du Chapitre était formé des paroisses de Plouguiel et de Plougrescant, entre le Guindy, la rivière de Tréguier, la mer et les paroisses de Penvenan et Camlez, du domaine royal de Lannion.

Celui de l'Evêque comprenait les paroisses et trêves de Lisle-Loy, Pouldouran, Trédarzec et Troguéry, sur la rive droite du Jaudy, de Berhet, Langoat, Lanvézéac, Mantallot et Le Minihy, au sud-ouest de la ville de Tréguier, entre les deux rivières, et celles de Coatréven, Lanmérin et Trézeny, sur la rive gauche du Guindy. L'évêque avait, de plus, le manoir de la Fougeraye-rouge, proche de Berhet mais dans la paroisse de Prat, au Comté de Guingamp, et relevant de Lannion. Il avait aussi, près de cette dernière ville, à l'embouchure du Léguer, en Ploulec'h, le petit territoire de Coz-Yeaudet, l'ancienne Lexobie gallo-romaine, chef-lieu primitif présumé de son diocèse au VIème siècle.

La ville même de Tréguier, construite au confluent du Jaudy et du Guindy, sa magnifique cathédrale, son évêché-abbaye, ses rues pittoresques, ont fait l'objet de nombreuses études, de même que le manoir de Kermartin et l'église du Minihy-Tréguier, berceau et première sépulture du grand saint Yves Hélory (1253-1303), second patron des Bretons d'Armorique, après Mme sainte Anne, ayeule du Christ, el reconnu patron des gens de loi par les Avocats du monde entier.

Son souvenir est partout présent dans les sanctuaires de Basse-Bretagne, où il est représenté seul ou accosté des plaideurs, le pauvre et le riche, et des sculptures archaïques rappellent, au perron de Langar, en Trédarzec, et à la Porte-Rouge ou Porz-Ru, en Langoat, que ces manoirs eurent l'insigne honneur de le recevoir sous leurs toits.

Dès le temps de la préhistoire ce très vieux pays fut sillonné de voies antiques. Celle de Lexobie ou Coz-Yeaudet, venant par Lannion et Rospez, traversait Lanmérin, Langoat et la Roche-Derrien, pour se bifurquer, à Pommerit-Jaudy, vers Saint-Brieuc et Guingamp. Celle de Carhaix au Castel-bras traverse, du sud ou nord, Berhet, Mantallot, Le Minihy, Tréguier, Plouguiel et Plougrescant où elle s'arrête à la mer.

De Tréguier se détache, à l'ouest, en passant par Troguindy, la voie du Port-Blanc, en Penvenan, port d'embarquement vers les Iles Britanniques environné de menhirs et de dolmens témoignant de son antiquité plusieurs fois millénaire.

Langoat possède la sépulture de sainte Pompée, sa patronne, mère de saint Tugdual, évêque régionnaire et premier abbé de Tréguier au VIème siècle.

C'est dans la partie rurale du fief ecclésiastique que nous dirigerons nos pas, vers des monuments moins connus mais qui méritaient de l'être pour leur valeur artistique et comme témoins d'un long passé.

Le manoir épiscopal de la Fougeraye-rouge a été remplacé, en 1663, par une maison massive à porte ronde et petites fenêtres, moins importante, sans doute, que sa devancière. Mais, sur la maison Robin, au bourg de Prat, se remarque un bel écusson de Jean de Bruc, évêque de Tréguier de 1422 à 1431, rappelant la présence des prélats trécorrois du XVème siècle en cette paroisse. Ce blason est aux armes des seigneurs de la Bouteveillaye [Note : de la Bouteveillaye : d'argent au sautoir de sable chargé de onze besants d'or] dont la mère de l'évêque était l'héritière, et que son fils avait substituées à ses armoiries paternelles [Note : de Bruc : d'argent à la rose de gueules boutonnée d'or].

Si nous passons en Berhet, deux documents nous attirent. An bourg même de Berhet se voit une pierre aux blasons de Merien Le Chevoir [Note : Le Chevoir : de gueules au croissant d'argent accompagné de 3 mâcles de même rangées en chef] et Marie de Kersaliou [Note : de Kersaliou : d'argent à 3 fasces de gueules, au lion de sable brochant sur le tout], seigneur et dame, en 1365, de Coadelan, en Prat. Les deux écus, affrontés et penchés dans des niches ogivales, sont timbrés de heaumes à voiles et cimiers : une tête de licorne pour Le Chevoir, une tête de chien pour Kersaliou.

Le château de Coadelan, dont les douves baignent un superbe menhir, témoin des civilisations superposées, fut reconstruit vers 1500 par Roland Le Chevoir, descendant direct des précédents, et Jeanne Le Rouge [Note : Le Rouge : d'argent fretté de gueules], son épouse, dont les blasons se trouvent accolés sur la cheminée d'une chambre haute du grand logis.

Après son union au fief de Coëtconien, en Berhet, la seigneurie de Coadelan étendit sa juridiction aux paroisses et trêves de Berhet, Botlezan, Brélidy, Caouënnec, Cavan, Langoat, Lanneven, Mantallot, Prat et Quemperven, mais, malgré cette importance, le titre de chastellenie lui était contesté en 1704.

La principale curiosité de Berhet est Notre-Dame de Confort. Cette grande chapelle fut édifiée, au bord de la voie de Carhaix, à proximité de leur manoir, par les seigneurs de Coëtconien, de la maison du Perrier.

On y rencontre deux statues tombales de chevaliers, l'une gît abandonnée dans le cimetière, l'autre est couchée, près du choeur, dans une riche tombe arcade ornée du blason du Perrier [Note : du Perrier : d'azur à 10 billettes d'or : 4. 3. 3. 1], brisé d'un lambel à 3 pendants posé en chef. On y lit l'inscription suivante : « Jehan du Perier sgr de Coetarraut le Menez et Coetcoien me fit faire ». Des bustes d'homme et de femme, en costumes du XVIème siècle, encadrent l'arcade, ornée de rinceaux et de pinacles, surmontée d'un soleil rayonnant et d'un écu timbré d'un heaume, avec deux lions pour supports.

Le reste de l'édifice, l'autel et les sablières, sont un véritable armorial des seigneurs de Coëtconien et de leurs alliances : de Botilliau, de Coëtconien, de Kerprigent, du Menez et de Kergrist [Note : de Botilliau : d'argent à 7 feuilles de sinople : 3. 3. 1. — de Coëtconien : de gueules à 3 quintefeuilles d'argent, posées 2 et 1. — de Kerprigent : d'azur à 3 colombes d'or posées 2 et 1. — du Menez : de gueules à la fasce d'argent. — de Kergrist : d'or au croissant de sable accompagné de 4 tourteaux de même, 3 en chef et 1 en pointe], armoiries seules, accolées ou écartelées, en bosse ou en peintures. Celles de Kergrist y sont aussi en alliance avec le blason des du Bouilly [Note : du Bouilly : d'azur à la bande d'argent accostée de 2 croissants de même], héritiers des du Perrier de Coëtconien, et des Le Chevoir de Coadelan, dont ils transmirent les biens aux Le Corgne de Launay, Chrestien de Tréveneuc et de Kergariou.

Ce bel édifice est devenu, de nos jours, le véritable centre paroissial de Berhet, bien que l'ancienne église existe encore et soit même entretenue, mais Confort est sur une grande route et plus au centre de la commune, les habitants s'y font enterrer, seule la mairie avoisine encore l'ancien sanctuaire.

Le seigneur de Coëtconien avait droit de colombier et des prééminences en diverses églises ou chapelles. Elles lui étaient disputées dans les églises de Cavan, Prat, Quemperven et Trézélan, mais il jouissait sans conteste de celles de l'église de Berhet el des droits de fondateur de Notre-Dame de Confort.

L'église de Mantallot est moderne et son petit territoire n'offre plus de monuments curieux. On y voyait autrefois la chapelle de Pertu et les manoirs de Coattanlay et du Loc'hou.

Lanvézéac est isolé du corps du Regaire par Cavan et Quemperven, entre Berhet et le Guindy. Cette minuscule paroisse a été récemment unie à celle de Caouënnec, on ne dit plus la messe dans son ancienne église qu'à certaines fêtes de l'année.

Tout proche et au nord du bourg était le manoir du Rohou, maison seigneuriale de la paroisse. Il a été remplacé, au siècle dernier par une métairie mais conserve encore, à son entrée, des piliers de pierre aux armes des de la Noë, ses anciens seigneurs [Note : de la Noë : d'azur au lion d'or, armé, lampassé et couronné de gueules].

Il fut le berceau de la famille des Tertres, en breton : du Rohou, qui portait pour blason : de gueules au lambel d'argent. Il passa aux Jégou, Le Gonidec, Hingant, de la Noë et Rault-Maisonneuve ; cette dernière famille le possède encore.

Descendant le cours du Guindy, nous arrivons à Lanmerin, dont l'église porte les blasons des Lagadec de la Salle et Le Borgne de Guinan [Note : Lagadec : d'hermines à une quintefeuille de gueules. — Le Borgne : d'azur à 3 huchets d'or, posés 2 et 1.]. La Salle donna son nom à une famille portant pour armes un lion rampant. Un de ses membres ratifia le traité de Guérande, qui mit fin à la guerre de succession de Bretagne, en 1381.

Ce fief passa aux Lagadec puis au Le Peletier de Rosambo. Guinan avait moins d'importance féodale mais jouissait aussi de préminences à Lanmerin.

La chapelle Saint-Jérôme, près du village d'Ennès et au bord de la voie antique de Coz-Yeaudet, est une des plus intéressantes du pays.

Kermorvan est un manoir d'architecture très quelconque, mais il a donné son nom à une famille noble, portant : d'or à la fasce d'azur surmontée d'un oiseau de même ; il avait une moyenne justice, exercée à Tréguier, et des prééminences dans l'église de Trézény.

Henri de Kermorvan était sergent féodé de Trézény en 1395, son fief passa aux de Kersaliou, puis aux Barazer [Note : de Kersaliou : d'argent à 3 fasces de gueules, au lion de sable brochant sur le tout. — Barazer : de gueules à la barre d'hermines accostée de 2 annelets d'argent], dont les armes se voient à l'entrée de l'église paroissiale.

Le blason de Kermorvan est sculpté sur la cuve baptismale. Le mi-parti, à 3 pièces indistinctes et bordure engreslée, uni à une fasce accompagnée de 3 fleurs de lys posées 2 et 1, est difficilement identifiable. Les Loz de Kerillis y ont aussi placé leur blason [Note : Loz : de gueules à 3 éperviers d'argent, becqués et membres d'or, posés : 2 et 1.]. On y remarque également un écusson ovale, à 3 chevrons, en alliance avec un croissant en abîme entouré de pièces indistinctes qui pourrait être aux armes d'une Le Gualès [Note : Le Gualès : de gueules à un croissant d'argent accompagné de 6 coquilles de même en orbe, 3 en chef, 2 et 1 en pointe] ; les 2 écus sont timbrés d'une couronne de comte.

L'église de Coatreven a aussi ses litres armoriées. La plus grande porte deux écussons ovales, timbrés d'une couronne de marquis et soutenus par deux palmes. Celui du mari porte une aigle éployée, blason difficile à reconnaître, celui de la femme les armoiries de Montfort [Note : de Montfort : écartelé aux 1 et 4 de gueules à une molette d'argent, aux 2 et 3 : d'azur au cygne d'argent, à la croix (engreslée) d'argent brochant sur l'écartelé], dont la croix n'est plus, ici, engreslée.

Les blasons de Coatreven et de Chefdubois [Note : de Coatreven : écartelé d'or et d'azur, à 3 croissants de gueules posés : 2. et 1. sur le tout. — de Chefdubois : de gueules au sautoir d'or cantonné de 4 coquilles d'argent] s'y trouvent naturellement à l'honneur.

Un sire de Coatreven se croisa en 1248, un autre ratifia le traité de Guérande en 1381. Leur héritière épousa d'abord le sire de Lesversault, en Brélidy, puis, vers 1377, Geoffroy, sgr de Chefdubois, en Pommerit-Jaudy. Perronnelle de Chefdubois porta, en 1495, Coatreven aux de Boiséon qui le possédaient encore au XVIIème siècle. Peut-être doit-on à cette puissante famille la construction du beau manoir de Kermerot, en Coatreven, qui ne porte plus aucune trace héraldique de ses constructeurs.

Le seigneur de la Villeneuve avait aussi droit d'enfeu et escabeau dans l'église paroissiale dont la nef renferme une tombe aux armes des Trogoff de la Villeneuve [Note : de Trogoff : d'argent à 3 fasces de gueules], seules et mi-parties d'un fretté qui ne correspond pas à leurs alliances connues. La Villeneuve leur était venue, au XVIème siècle, par Marguerite Le Moal dont la postérité masculine la possédait encore au XVIIIème siècle. La famille de Trogoff possédait aussi Kerharant, en Coatreven, et, en Langoat, dans la frairie de Tréveznou, le manoir à tourelle ronde du Goffelic, démoli au XIXème siècle, lequel leur venait de la famille de Hengoat.

En arrivant dans la paroisse de Langoat, la plus considérable du fief de l'Evêque, nous rencontrons, au sud de la voie de Coz-Yeaudet, les manoirs de Tréveznou et de Kermouster.

Tréveznou est une belle construction du XVIème siècle, malheureusement démolie en partie. Les vastes salles du rez-de-chaussée renferment deux cheminées monumentales d'un beau style Renaissance.

C'était un manoir à cour close, portail, chapelle et colombier, en partie disparus, avec prééminences d'église à Langoat et juridiction, dite de Tréveznou-Kerlastre, en Langoat, Lanmerin, Quemperven et Rospez, relevant de l'Evêque et du Roi.

Acquis, vers l'an 1500, par Olivier de Larmor, Tréveznou fut porté par sa petite-fille aux de Rosmar de Kerdaniel. Devenu propriété des Rogon de Carcaradec, il est passé, par alliance, vers 1863, à la famille de Broc de la Ville-au-Fourrier, qui le possède encore.

Kermouster a moins d'allure mais a été construit, cependant, avec un souci de symétrie. Ce fut un fief des de Hengoat, Loz et de Quelen.

Rejoignant la voie du Yeaudet au nord de Kermouster, nous trouvons d'abord Porz-Ru ou la Porte-Rouge, décorée d'une image de saint Yves, Traurout, avec sa tour ronde, longtemps possédé par les de Kermarec, qualifiés comtes de Traurout, et Kergaric, à cour close et tourelles rondes, qui fut aux Fleuriot, de Kernevenoy, Lesné et de Quelen.

Au nord et tout près de Kergaric est Le Launay, restauré en 1662 par Christophe de Trolong et Renée du Halegoët dont son cadran solaire, finement gravé, porte les armes [Note : de Trolong : écartelé aux 1 et 4 : d'argent à 5 tourteaux de sable posés en sautoir ; aux 2 et 3 : d'azur au château d'argent. — du Halegouët : d'azur au lion d'or].

L'église de Langoat fut reconstruite au XVIIIème siècle et trouvée alors fort belle. Dans la nef est le cénotaphe en pierre de sainte Pompée, édicule intéressant qui semble dater du XVème siècle. Une maison du bourg possède une cheminée à l'écu armorié de 10 tourteaux qui peut être le blason primitif de Trolong.

Dans l'extrême sud de la paroisse sont les restes du manoir de l'Etoile dont les premiers seigneurs portaient : d'azur à 3 étoiles d'or posées 2 et 1. A cette famille aurait appartenu Eon de l'Etoile, dangereux illuminé, mort en 1148, condamné à la prison perpétuelle par le Concile de Reims. Il avait fondé une secte et se croyait appelé à juger les vivants et les morts.

Le fief de l'Etoile fut possédé dans la suite par les Geslin de Trémargat et Pinart de Cadoalan.

Suivant, à l'est de Langoat, la voie du Coz-Yeaudet, nous trouverons la chapelle de Coat-Croas ou du Bois de la Croix, datée de 1599 et ornée d'écussons frustes superposés, tenus par deux anges. Un peu plus loin le Castel-Du, commandant le croisement des voies antiques du Yeaudet et de Carhaix. Son énorme enceinte de terre, cernée de douves, peut être d'origine saxonne, fut utilisée par les belligérants de Blois et de Montfort au XIVème siècle.

Chef-du-Pont, commandant le passage du Jaudy, fut un manoir avec chapelle, relevant du Comté de Guingamp et du Regaire de Tréguier. Sa vaste juridiction s'étendait en Brélidy, Coatascorn, Guénézan, Hengoat, Lanmodez, Pédernec, Pleubian, Pluzunet, Pommerit-Jaudy, Prat, la Roche-Derrien et Trézélan, dans le Comté de Guingamp, en Berhet, Langoat, Mantallot, Le Minihy-plou-lan-Tréguier et Prat, dans le fief épiscopal.

Cette importante seigneurie fut possédée par les familles de Coëtmen, d'Acigné, de Coëtquen, Le Carme, de Crézolles, de Cleuz, du Halegoët, du Cambout, Crozat de Thiers, de Béthune et de Broglie.

En face se dresse, à pic sur le Jaudy, la motte du château de La Roche-Derrien, couronnée maintenant d'une pacifique chapelle. Cette puissante forteresse, fondée en 1070 par Derrien de Penthièvre, passa en 1221 aux de Clisson, en 1269, aux Gouyon-Matignon, et devint place-forte ducale dès 1311. Elle fut assiégée en 1345, 1346, 1347 et 1394, au cours de la guerre de Succession de Bretagne. Le bienheureux Charles de Blois y fut fait prisonnier en 1347. Ce fief devint, en 1481, apanage de la maison de Bretagne-Vertus, laquelle le transmit par alliance, en 1628, aux de Rohan qui le possédaient encore en 1789. La superbe église des XIIIème et XIVème siècles, voisine de la motte du château, rappelle, dans ses verrières modernes, le siège de 1347.

C'est au nord-est de la petite ville qu'est le territoire de Lisle-Loy, ancienne trêve de Pommerit-Jaudy relevant du Regaire.

Il renferme le manoir du Cosquer, à tour ronde et cour close, possédé par les familles de Launay de Toureault, du Bourblanc d'Apreville et de Cornulier-Lucinière.

Tout près se trouve la minuscule chapelle de Notre-Dame du Folgoët qui fut peut-être le sanctuaire de la trêve et l'oratoire du manoir.

Elle renferme, comme devant d'autel, un bien curieux bas-relief du début du XVIIème siècle. Le Père Eternel y tient le rôle de Pieta, ayant sur les genoux le cadavre du Christ portant une barbiche Louis XIII. Deux anges tendent une draperie derrière le groupe divin entouré de saints du Paradis portant leurs attributs distinctifs : le père Noë avec son arche sur la tête, les petits Innocents poursuivis par leurs bourreaux, saint Jean-Baptiste avec l'Agneau de Dieu, saint Pierre tenant la Clef du Ciel, saint Christophe transportant l'Enfant-Jésus, saint Jean l'Evangéliste tenant son calice, saint Paul l'épée de son martyre, etc...

Troguéry était un fief sans manoir mais avec moyenne justice. Le porche de son église abrite un curieux bénitier aux armes de ses seigneurs. On y reconnaît les blasons de Sylvestre de la Feillée et Marguerite du Perrier, son épouse, vivants en 1490 [Note : de la Feillée : d'or à la croix engreslée d'azur. — du Perrier : d'azur semé de billettes d'or], accompagnés d'autres armoiries à déterminer.

La paroisse de Troguéry renferme encore les manoirs de Kerbien, ou Kerbihan, et de la Villebasse.

Kerbian a une cheminée à l'écu mi-parti de Le Du [Note : Le Du de Kerbihan : de sable à la fasce d'argent accompagnée de 3 coquilles, de même : 2 en chef et 1 en pointe] et d'un écartelé à identifier.

La Villebasse semble être le plus ancien manoir rural des Côtes-d'Armor. Sa construction ogivale a été attribuée aux Templiers comme celle du prieuré des Fontaines, en Plouagat, avec lequel il offre des analogies. Quoiqu'il en soit, il était sécularisé-depuis longtemps et appartenait à la famille de Cornulier au XVIIIème siècle.

Il avait droit de colombier et sa chapelle existe encore à l'étage de la maison. Au-dessus du porche deux lions assis et affrontés, coiffés de heaumes à cimiers, surveillent l'entrée du manoir.

Pouldouran, trève de Hengoat, avait manoir, chapelle, colombier, moyenne et basse justice, pilori et carcan au bourg, prééminences de l'église tréviale et relevait en partie de Tréguier et de Bolloy-Lézardré au Comté de Guingamp. Ce fief donna son nom à une famille portant d'azur semé de 10 billettes d'or, 4, 3, 2 et 1, au franc canton de gueules chargé d'un lion d'argent. Elle passa ensuite aux Loz, aux de Begaignon et de Sarsfield. L'église actuelle est moderne et rien ne rappelle à Pouldouran son importance féodale.

On entre en Trédarzec par Kerhir d'où l'on doit avoir une belle vue mais dont l'aspect est peu pittoresque. C'est pourtant un très ancien fief, possédé par les de Trolong, du XIVème au XVIème siècle, les Poulart et du Quelehnec au XVIème, de Kerousy, du XVIème au XVIIIème, de Cillart, de 1754 à 1831, puis par la famille de Roquefeuil qui l'habite encore vers 1938.

La chapelle voisine de Saint-Nicolas est toujours entretenue.

En dessous est Langar, manoir bas à tour ronde, cour close et perron orné de l'effigie de saint Yves. L'écu aux 3 pommes de pin [Note : du Mouterou : d'azur à 3 pommes de pin d'or posées 2 et 1, les queues, en bas] des du Mousterou qui l'ont construit est répandu à profusion sur porte, fenêtre et cheminées. Il passa, par alliance, aux Loz de Guernhaleguen.

Kerguézec fut le berceau d'une famille encore existante portant écartelé : d'argent à l'arbre de sinople et d'azur plein.

Tronan, sur la hauteur voisine, possède tour ronde à fuie, gerbière élégante et portes ogivales. Il renferme une cheminée aux armes de Larmor [Note : de Larmor : d'hermines à la fasce de gueules accompagnée de 6 mâcles de même, 3 en chef et 3 en pointe] brisées d'une coquille sur la fasce, en signe de juveigneurie.

Kervec cache son pavillon, à meneaux et tourelle ronde, dans un coin retiré du bourg de Trédarzec.

Le Bot est une belle demeure, construite en grand appareil, avec cour close de servitudes et portail. Son pavillon central, très élevé au-dessus du logis, mais sans relief extérieur, se retrouve dans beaucoup de manoirs du littoral des Côtes-d'Armor [Note : La Villeneuve, en Lanmodez ; Saint-Georges, en Plouha ; Buhard, en Trégomeur ; Bonabry, en Hillion ; Nantois, en Pléneuf ; etc...] et abrite l'escalier. Ce fief donna son nom à une famille portant : d'argent à la fasce de sable chargée de 3 molettes d'argent. Il passa ensuite aux Charlet, Le Du, de Rosmar, de Kerderrien et de Trogoff.

Le Carpont sera notre dernière étape sur la rive droite du Jaudy. Les constructions sévères, entourant sa cour close, ont des cheminées polygonales à têtes dentelées. Sa chapelle renferme de belles boiseries. Ce fief avait droit de colombier et moyenne justice ; il appartenait, au XVIIIème siècle, à la famille Le Gonidec.

Repassant par Trédarzec, le pont de Tréguier nous amène à la ville épiscopale, nous en remonterons les rues en pentes pour visiter Saint-Michel, dont la belle tour à flèche ajourée, veuve de son église démolie, est entourée d'avenues qui nous conduisent au Minihy-Tréguier. Nous y ferons dévote visite à la belle église collégiale, y verrons les feuillets enluminés du bréviaire authentique de saint Yves, le vieux manoir des Chapelains, peu connu des touristes, et gagnerons Kermartin et son colombier médiéval.

Il appartenait, dès 1250, à Helory de Kermartin, époux d'Azon du Plessix, lequel en construisit le colombier actuel et fut le père de saint Yves. Jeanne de Kermartin le porta, vers 1420, à Thébaud Bérard, seigneur de la Croix-Voye, et Françoise Bérard, vers 1502, à Maurille de Quelen de Loguevel. Il passa, toujours par alliances, aux familles Le Saint de Trauoas, Pavic de Crec'- hangoëz, de la Rivière du Plessis-Hérupel et Mottier de la Fayette. Cette dernière famille le vendit, en 1792, aux de Quelen de la Ville-Chevalier, parents de ses anciens seigneurs.

Le manoir, incendié au XIXème siècle, fut reconstruit sans souci de son style primitif, mais on y replaça un lit ancien en souvenir de celui de saint Yves qui avait été détruit par les flammes.

Remontant la rive gauche du Guindy, nous rencontrons Mezaubran, manoir de diverses époques, possédant des parties curieuses. Sa très modeste chapelle s'abrite sous des chênes séculaires.

Ce fief avait des prééminences dans la cathédrale de Tréguier.

Possédé primitivement par une famille de l'Isle, il passa en 1518 aux Le Gualès, en 1675 aux du Maine du Bourg, et devint, au XVIIIème siècle, la propriété des Le Gonidec de Traissan.

Le joli petite manoir de Saint-Renaud aurait été, à l'origine, un prieuré. C'est une charmante construction du XVIème siècle.

Guernalio conserve une tourelle et un logis anciens servant de servitudes à l'habitation reconstruite. On a replacé dans celle-ci le blason des Fleuriot [Note : Fleuriot de Guernalio : d'argent au chevron de gueules accompagné de 3 quintefeuilles d'azur], dont les quintefeuilles sont d'un dessin fantaisiste. Guernalio appartint aussi à une famille Milon.

Keriec est un ancien manoir peu curieux et sans histoire.

Le Merdy, un peu plus moderne, est aussi plus important, avec restes de cour close. Il dut être le berceau de la famille de ce nom qui portait : écartelé d'argent et de gueules, à 3 fleurs de lys, posées 2 et 1, de l'un en l'autre. Plusieurs de ses membres prêtèrent serment de fidélité au duc de Bretagne Jean V, en 1437.

La branche des marquis de Catuélan, en Hénon, a transmis, de nos jours, par alliance, son château et son titre aux Espivent de la Villeboisnet.

Le Bilo, reconstruit au XIXème siècle, occupe une situation superbe dans une presqu'île du Guindy. Il fut possédé par les de Bolloy, Le Lagadec, et la famille de Roquefeuil qui l'habite au début du XXème siècle (vers 1938).

Troguindy, fief debachellerie, parfois qualifié vicomte, surveillait, sur son promontoire, la voie du Port-Blanc, au passage du Guindy. Sa maison, très remaniée, n'a plus allure de forteresse, mais conserve quelques murailles de sa cour close, une tourelle ronde, et sa chapelle Saint-Roch cachée au fond du vallon. C'était une fort belle seigneurie avec haute justice en Camlez et Penvénan, au domaine royal dé Lannion, fourches patibulaires à 4 pots, quintaine, foires et marchés au bourg de Penvénan, pêcheries sur le littoral de cette paroisse, prééminences dans la cathédrale de Tréguier, les églises de Camlez et de Penvénan et les chapelles de Kervenan et Saint-Maudez en cette dernière paroisse.

Une tombe en mi-relief de la chapelle Sainte-Anne de la Cathédrale de Tréguier montre l'effigie d'un seigneur de Troguindy, accompagnée des blasons de Troguindy et de Kerbouric unis par alliance dès le XIVème siècle [Note : de Troguindy : de gueules à 9 besants d'or : 3. 3. 2. 1. — de Kerbouric : d'argent au sautoir de gueules cantonné de 4 quintefeuilles de même].

Traversant ici un pont, nous passerons du fief de l'Evêque dans celui de son chapitre et contemplerons, des hauteurs de la rive gauche du Guindy, le beau parc du Bilo, ombrageant de ses futaies la rivière qui l'enserre, et la ville de Tréguier détachant sur le ciel les flèches de sa cathédrale et la silhouette de ses maisons échelonnées en cascades au flanc du coteau.

L'église de Plouguiel a été reconstruite mais conserve, dans un bas-côté, la tombe arcade d'un chevalier en armure du XVème siècle, de la maison de la Forest de Kernivinen, en Plouguiel [Note : de la Forest : d'or à l'arbre d'azur].

Au sud-est du bourg, la Rochenoire, manoir avec chapelle, surveille le confluent du Jaudy et du Guindy. Ce fief ancien, possédé au XVIIIème siècle par la famille de Sarsfield, relevait de Bolloy-Lézandré, au comté de Guingamp, et de l'Evêque et du Chapitre de Tréguier, avec prééminences dans l'église de Plouguiel.

Au nord du bourg est Kerousy, Les seigneurs de ce nom, portant : d'or au lion de sable, fondèrent, en 1483, pour les Cordeliers de Tréguier, le couvent de Saint-François en Plouguiel. Ses religieux assuraient le service du bac joignant les deux rives du Guindy. Un Kerousy fut vice-amiral de Bretagne en 1486, un autre chevalier de Saint-Michel et gouverneur de Tréguier au XVIème siècle. Passé par alliance, au XVIIème siècle, aux de Marbeuf, ce manoir devint plus tard maison de campagne des évêques de Tréguier, remplissant, plus près de chez eux, l'ancien rôle de la Fougeraye-rouge.

Non loin de l'entrée de son avenue, mais à droite de la route de Plougrescant, se dresse une croix aux armes de Louis de Kermel et Louise de Bolloy, vivants en 1580 [Note : de Kermel : de gueules à la fasce d'argent accompagnée de 2 léopards d'or. — de Bolloy : écartelé d'or et d'azur].

Une longue allée sinueuse mène, au nord-ouest, à Keralio, le plus important des châteaux actuels de l'ancien regaire de Tréguier. Cerné de douves profondes, que franchissent plusieurs ponts, il conserve une belle tour crénelée du XVème siècle, des parties d'autres époques, un très grand corps de logis à gerbières monumentales et un pavillon moderne très élevé, formant un ensemble imposant. Sa chapelle, dédiée à sainte Anne, située au-delà des prairies qui bordent ses douves, est sur le territoire de Plougrescant. Il avait haute, moyenne et basse justice, fourches patibulaires à trois pots, et relevait du Chapître. Sa juridiction, unie à celle de Lezernant en Plougrescant, s'étendait en Camlez, Minihy-Tréguier, Penvénan, Plougrescant et Plouguiel et s'exerçait à Tréguier.

La maison féodale de Keralio, portant : d'or au léopard de sable, était sans doute apparentée aux Kerousy. Elle se fondit, au XVème siècle, dans celle des Clisson ou Sclisson de Penarstang qui conservèrent ce fief jusqu'au XVIIème siècle. Il fut alors acquis par les Artur, riche famille de Saint-Malo, qui le transmirent, par alliance, en 1858, aux de Roquefeuil. Vendu en 1934, il est devenu colonie de vacances d'une oeuvre catholique de la région parisienne.

Plus au nord est une autre importante demeure, le manoir de Lezildry. Il donna son nom à une maison chevaleresque portant : d'azur au croissant d'argent accompagné de 3 besants de même, 2 en chef et 1 en pointe. Connue dès le XIVème siècle, elle donna un chevalier de Saint-Michel, en 1611, et se fondit, en 1703, dans les de Trécesson, ramage de Carné.

La chapelle intérieure du manoir est ornée des blasons de Louis de Lezildry et Renée d'Acigné [Note : d'Acigné : d'hermines à la fasce alaisée de gueules chargée de 3 fleurs de lys d'or], mariés dès 1580. Cette chapelle fut consacrée en 1595, à Dieu, à la Sainte Vierge et à sainte Anne, par Mgr Guillaume du Halegoët, évêque de Tréguier. Son successeur, Mgr Balthazar Grangier, donna, en 1648, la permission d'y dire la messe toute l'année, sauf à Noël, Pâques, la Pentecôte et la Toussaint.

On y voit aussi le blason de Lezildry en alliance avec une fasce unie qui n'est peut-être pas le blason incomplet d'Acigné. Cette seigneurie relevait, en sergentise féodée, de celle de Plouguiel et de Plougrescant, avec droit de colombier, moyenne justice, exercée à Tréguier, et prééminences dans la chapelle Saint-Gonéry et l'église paroissiale de Plougrescant. Auprès du manoir, était un vaste étang, maintenant converti en prairie. Certaines de ses dépendances relevaient de Chef-du-Pont — Coatclaran, juridiction étendue en Penvénan, Plougrescant et Plouguiel, d'autres de celle de Keralio.

Une pierre tombale, transformée en échalier, près de la chapelle Saint-Gonéry, porte un blason mi-parti d'une fasce el de Lezildry.

Saint-Gonéry est une curieuse chapelle dont le plus bel ornement est le splendide mausolée de l'évêque Guilaume du Halegoët, mort en 1602. Sa famille possédait en Plougrescant les manoirs, qui subsistent encore, de Kergrec'h et de Goarmel. Elle donna, outre ce prélat, comme principaux personnages, un chevalier de Saint-Michel, quatre conseillers au Parlement de Bretagne et une abbesse de Saint-Georges de Rennes.

Kergrec'h, berceau d'une famille noble portant : d'argent au pin de sinople chargé d'une pie au naturel, était uni féodalement au fief de Coatclaran en Penvénan, Plouguiel et Plougrescant. Il passa aux familles de Goësbriand, Garjan, du Halegoët, du Cambout, Crozat de Thiers et de Béthune, et appartient, de nos jours, au début du XXème siècle à la famille de Roquefeuil, qui l'habite (vers 1938).

Goarmel, tapi au fond d'une anse sauvage, hérissée de rochers rongés par la mer, possède une tour ronde, une cheminée à hotte portant le lion du Halegoët (d'azur au lion d'or), et son colombier à flanc de coteau. Sa chapelle s'est récemment écroulée (vers 1938). Venu des de Bolloy aux du Halegoët, dès le premier tiers du XVème siècle, il fut aussi transmis par alliance, en 1573, aux du Bourblanc qui l'avaient encore en 1789. Il appartient, vers 1938, à la famille de Coëtlogon, qui l'habite.

Si, de Saint-Gonéry, nous suivons, vers le nord, la voie venant de Carhaix, nous arrivons au Castel-bras où elle rejoignait la mer. De cette extrémité du Regaire de Tréguier, nous embrassons au loin la Manche et la côte déchiquetée où abordèrent successivement les marchands phéniciens, les saints panceltiques, les bretons insulaires et les pirates normands ; c'est l'un des plus beaux paysages maritimes du littoral des Côtes-d'Armor. (Vicomte FROTIER DE LA MESSELIÈRE).

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