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LES ANCIENS PEINTRES-VERRIERS DE TREGUIER

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Tréguier, célèbre déjà par sa longue suite d'évêques depuis saint Tudual, son fondateur, vit sa renommée s'accroître dès le commencement du XVIème siècle par la canonisation de saint Yves, l'érection du tombeau que lui fit élever Jean V, la translation des restes de ce dernier dans la chapelle qu'il avait fait construire à cet effet, la reconstruction de la cathédrale, l'affluence des pèlerins venant honorer les reliques du grand saint breton, la visite pour la même cause des rois et des ducs qui enrichissaient la cathédrale et donnaient des privilèges très étendus aux évêques. Enfin, sous la sage et intelligente impulsion de ces derniers, Tréguier devenait un véritable centre intellectuel et artistique pour la Basse-Bretagne et la réputation de ses écoles justifiait cette renommée.

Dès le XIVème siècle, des peintres-verriers de talent venaient se fixer à Tréguier.

Au XVème siècle c'était l'art typograhique à peine inventé qui y faisait son apparition par l'établissement d'un des premiers ateliers d'imprimerie fondés en France.

En 1607, Tréguier était choisi pour la tenue des Etats de Bretagne.

Nous allons dans ce chapitre traiter de ces 3 sujets et nous le terminerons par une description très intéressante de Tréguier faite par Christophe de Robien, Président au parlement de Bretagne lors d'un voyage qu'il y fit en 1725.

Peintres-verriers. — En 1847, M. A. de Barthélemy, inspecteur divisionnaire de la Société française pour la conservation des monuments, était allé visiter l'église Notre-Dame de la Cour, dans les Côtes-du-Nord (aujourd'hui Côtes-d'Armor), pour y voir les vitraux et verrières qu'elle contenait et arrêter les mesures à prendre pour leur conservation.

En examinant la maîtresse vitre qui tient le fond du chœur et qui est consacrée à l'histoire de la sainte Vierge, il remarqua au bas de cette verrière une inscription en lettres gothiques en partie frustre dont voici la teneur : ... estant procureur... botoute recteur par le tamps p. olivier Lecoq et iehn le levena victriers de lantreguer et fust ladicte victre faicte bes oblacions et aumoones………

En voyant ces mots, il se souvint que sur le vitrail de saint Yves, à Moncontour, qui porte la date de 1537, il avait remarqué que les paysages servant de fonds à ce vitrail rappelaient les environs de Tréguier et il rechercha dans les archives départementales des Côtes-du-Nord (aujourd'hui Côtes-d'Armor), des documents établissant l'existence des peintres sur verre de cette ville.

Ses recherches aboutirent à un excellent résultat, car en compulsant les anciens comptes de la fabrique de la cathédrale de Tréguier, il releva diverses mentions dans lesquelles les peintres des vitraux de N.-D. de la Cour étaient cités. En poursuivant ses recherches, il put se convaincre que la ville de Tréguier possédait d'habiles peintres sur verre dès le XVème siècle et qu'une partie de la Bretagne lui devait les belles verrières qui ornaient ses cathédrales et ses églises.

D'autre part, M. André, conseiller honoraire à la Cour d'appel de Rennes et directeur du musée archéologique, entreprit en 1878 de traiter de la verrerie et des vitraux peints dans l'ancienne province de Bretagne et fit paraître une étude approfondie à ce sujet dans le Recueil de la Société archéologique d'Ille-et-Vilaine (année 1878, t. XII). Nous en extrayons les passages suivants :

« Au Moyen-Age, près de chaque évêché se trouvaient placées des écoles où les élèves se livraient à l'étude des sciences religieuses et profanes et où se formaient aussi les artistes dont la religion avait à employer les talents pour la décoration et l'ornement des temples du Seigneur. La petite ville de Tréguier sut se distinguer en ce genre, et de ses écoles rayonnait une instruction réelle. Toute une génération d'artistes et de savants témoigne des connaissances artistiques et littéraires qu'on venait y puiser à l'envi.

Dès le XIVème siècle, on voit les peintres-verriers se signaler par leurs talents à Tréguier et dans les environs. Les verrières des églises le montrent aux yeux, et si ce n'est qu'au siècle suivant que des documents écrits viennnt à en nommer les auteurs, il faut bien penser qu'avant eux vivaient d'autres artistes dont ils avaient reçu les leçons. L'on possède, comme éléments à ce sujet, non seulement les vitraux eux-mêmes, œuvres de leurs mains, mais encore les registres des fabriques, où les préposés au gouvernement des paroisses consignaient les articles de la comptabilité financière dont ils avaient à rendre compte. Cette dernière source d'informations curieuses a été mise à profit avec beaucoup de soin par M. Anatole de Barthélemy.

Bien que des témoignages écrits prouvent dès le XIVème siècle, l'existence des peintres verriers de l'Ecole de Tréguier, il faut entrer cependant dans le XVème siècle pour connaître avec certitude le nom de ces artistes ».

Les communications et recherches de M. de Barthélemy font connaître quels étaient ces artistes et leurs travaux, et les registres capitulaires de la cathédrale de Tréguier compulsés par lui établissent les comptes de ce qui était dû et payé à ces artistes, le montant, l'étendue et l'importance des travaux qui leur étaient commandés ainsi que le prix alloué pour les rémunérer. Malgré tout l'intérêt qui s'y rattache, il n'entre pas dans le cadre de cette étude de rapporter ici tous ces décomptes, mais pour les connaître il suffit de se reporter au travail de M. André dont je viens de parler, où ils se trouvent tous consignés. Nous nous contenterons de donner les noms des peintres verriers trécorrois dénommés dans ces décomptes avec les dates correspondantes de leurs travaux.

Et auparavant, il y a lieu de remarquer que, si vers 1913 les verrières que l'on fabrique sortent de 2 ateliers différents (le fabricant de verre et le décorateur ou le peintre sur verre), il n'en était pas ainsi autrefois ; la même main produisait le verre et le décorait et le peintre-verrier était un industriel doublé d'un artiste. Cette industrie du verre était tellement en honneur qu'elle n'entraînait pas dérogeante à la noblesse et c'était là un privilège des gentilshommes verriers fabriquant, ainsi qu'on le disait, le verre l'épée au côté. Aussi ne faut-il pas s'étonner de voir dans la nomenclature qui va suivre le nom de Yvon Derrien, seigneur de Ponthis. Ce gentilhomme, qui prenait la qualification de vitrier et traitait avec le chapitre pour le raccommodage et le rétablissement des panneaux de vitre, appartenait à la bonne noblesse du pays ; les Derrien étaient seigneurs de la Ville-Neufve, de Goasfilon, de Ponthis et portaient d'argent à deux lions de gueules affrontés.

Dans cette nomenclature un nom frappera tout particulièrement les Trécorrois, c'est celui de Robin, car les hommes de ma génération ont connu M. Robin Kerlast, professeur de dessin au collège de Tréguier, et sa famille ; tous les Robin étaient encore à notre époque peintres-décorateurs et joignaient à leur profession celle de vitriers et il est assez singulier de voir se continuer pendant plusieurs siècles la même profession dans la même famille, avec cette différence que de peintres-verriers ils étaient devenus peintres-vitriers ; j'ai pu m'assurer en compulsant les archives municipales que les Robin connus par nous descendaient en ligne directe des peintres-verriers dénommés ci-dessous :

Noms des peintres-verriers trécorrois :
1. Olivier Lecoq et Jean le Levenan (associés), de 1468 à 1494.
2. Jehan Macé et Jehan Raoul (associés), de 1505 à 1516.
3. Jean Le Bornic, 1523.
4. Guillaume Michel, de 1532 à 1590.
5. Hervé Bourriguen et Yves le Berre (associés), de 1619 à 1620,
6. Jean Lagot, de 1625 à 1631.
7. Alain Hervé, de 1633 à 1634.
8. Yvon Derrien, sieur de Ponthis, 1638.
9. Quelen, 1638.
10. Maquet et Robin (associés), 1648.
11. Robin, de 1652 à 1654.
12. Traon, 1658.
13. Ponthis et Traon, 1662
14. Ponthis, 1664.
15, Jean Charles, de 1665 à 1666.
16. Jegot, 1673.
17. Pierre David, de Lannion, 1681.
18. François Robin, 1702.
19. Maurice Robin, de 1714 à 1715.
20. Pierre Béhic, 1756 à 1770.

Il reste malheureusement vers 1913 peu de vitraux sortant des ateliers de Tréguier ; ces fragiles chefs-d'œuvre n'ont pu résister aux injures du temps ni surtout aux méfaits des hommes.

Comme nous l'avons dit plus haut, des magnifiques verrières qui ornaient les 68 fenêtres de la cathédrale de Tréguier, il ne reste plus qu'un fragment à la fenêtre de la sacristie donnant sur le cloître. Des fenêtres de l'église de St-Yves au Minihy qui, d'après les comptes de la fabrique, en étaient garnies, il ne reste plus rien, mais les verrières de N.-D. de la Cour et de Moncontour, qui subsistent encore, suffisent pour faire apprécier le talent des artistes trécorrois qui les exécutèrent et la réelle beauté des ouvrages qui sortaient de leurs ateliers.

(Adolphe Guillou - 1913).

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