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ORIGINE DE TREGUIER

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Lors des émigrations, les Bretons quittaient leur île généralement sous la conduite de chefs guerriers et quelquefois sous la conduite de moines ou d'évêques. En débarquant sur la côte armoricaine, ils se groupaient par famille et par clans et formaient ainsi des agglomérations qui prenaient le nom de plo, ou plou, si la colonie était représentée par un chef guerrier, et celui de Lan si le chef était ecclésiastique.

Les communes bretonnes actuelles dont les noms commencent par plo plou ou Lan, comme Plouëc, Plougrescant, Plouguiel, Ploezal, Lantreguer, Lanmodez, Langoat, etc., remontent pour la plupart aux premiers temps de la colonisation bretonne. Il est à remarquer que sur les 96 communes françaises dont les noms commencent par plo ou plou, 90 appartiennent à la Bretagne.

A l'origine, ces clans ou plou avaient tous leur autonomie particulière et vivaient indépendants les uns des autres, mais ils devinrent bientôt si nombreux et si rapprochés qu'ils reconnurent la nécessité de se grouper sous l'autorité et le commandement d'un chef militaire que l'on appela tantôt roi, tantôt comte ou duc et confièrent ce commandement à leurs anciens chefs de l'île de Bretagne.

C'est ainsi que la péninsule armoricaine se divisa en trois principautés qui prirent les noms de : Cornouaille, Domnonée, Et bro Weroc ou Vannetais breton.

Nous n'avons à nous occuper ici que de la Domnonée.

Ce nom de Domnonée (dumnonia domnonici) était le nom d'une grande tribu celtique de l'île de Bretagne faisant partie des celtes Brythons. Cette tribu vint presque toute entière débarquer en Armorique sous la conduite d'un prince nommé Riwal ou Rigwal et imposa son nom à toute la partie du littoral nord de la péninsule depuis l'embouchure du Couesnon jusqu'à celle de l'Elorn limitée au sud par une immense forêt appelée la forêt de Brecilien.

Le pays de Tréguier faisait donc partie de la Domnonée. Lorsque les chefs de plou de la Domnonée résolurent de se grouper sous l'autorité d'un chef suprême, ils choisirent pour les commander Riwal, qui devint ainsi le premier roi de la Domnonée et la gouverna jusqu'en 520.

Son fils Deroch lui succéda, augmenta son royaume de tout le pays de Léon et régna de 520 à 535.

Sur ces entrefaites, l'empire romain s'étant effondré, les Bretons armoricains eurent bientôt pour voisine immédiate la monarchie des Mérovingiens et voulant vivre en bonne intelligence avec ces derniers, reconnurent leur suzeraineté notamment le roi de la Domnonée, sans toutefois que cette suzeraineté portât la moindre atteinte à leur existence nationale ni à leur indépendance.

En quittant l'île de Bretagne, Riwal y avait laissé sa sœur Pompeïa, mariée à un prince breton nommé Hoël suivant les uns et dont le nom ne serait pas parvenu jusqu'à nous, suivant d'autres historiens, notamment M. de la Borderie.

Cette sœur de Riwal avait un fils nommé Tudual ou Tudgwal dont les Trécorrois doivent conserver précieusement le nom [Note : Dans les litanies anglaises du VIIème siècle, le nom de St-Tugdual se trouve écrit ainsi Tutwal. Ce nom est composé de 2 mots bretons tut ou tud (gens) et wale (gallois ). D'après cette étymologie qui paraît exacte, on ne devrait pas mettre la lettre g dans le nom du saint, mais l'écrire Tudual : l'usage contraire a prévalu (Annotation Tresvaux dans la vie des saints de dom Lobineau (t. I, p. 178)], car il fut le fondateur de Tréguier ou Lantreguer, ainsi qu'on va le voir.

Le christianisme était répandu dans l'île de Bretagne dès le milieu du IIIème siècle, mais y devint surtout florissant lors de l'arrivée dans cette île vers l'an 429, de St-Germain-d'Auxerre et de St-Loup-de-Troyes, dont les principaux disciples furent St-Dubuc et St-Iltud qui y fondèrent de nombreux monastères.

Tudual, élevé dans la religion chrétienne, se voua de bonne heure à la vie monastique et devint bientôt chef d'une nombreuse communauté. A la mort de son père, vers l'an 525, poussé par son zèle apostolique, il prit la décision de venir avec une grande partie de ses religieux, évangéliser le pays armoricain et y rejoindre sa famille qui y avait émigré. Il emmena, en conséquence, avec lui 72 religieux, un grand nombre de laïques, sa mère Pompeïa plus connue des bretons sous le nom de Coupaia, sa sœur Seva et une pieuse veuve nommée Maëlhon.

Après une heureuse traversée, il débarqua avec ses compagnons devant le port actuel du Conquet au bord d'une rivière où il ne tarda pas à établir son Lan ou monastère qui fut appelé Lan Pabu, devenu aujourd'hui Trepabu ou Trebabu.

Ce monastère à peine édifié, Tudual vit le nombre de ses religieux augmenter de jour en jour et quand, après quelques années, il vit la règle parfaitement établie, il conçut le projet de parcourir avec un certain nombre de ses compagnons d'émigration, toute la Domnonée, pour y étudier la situation religieuse et y fonder des monastères.

Deroch, alors roi de la Domnonée et cousin-germain de Tudual, comme on l'a vu plus haut, apprenant l'arrivée de ce dernier en son royaume, vint le trouver, lui promettant toute la part qu'il voudrait dans ses terres.

Dans ses pérégrinations, Tudual arriva sur le haut d'une colline d'où s'offrit à sa vue un paysage aussi étendu que magnifique ; dans le lointain, la pleine mer et s'en détachant un véritable fleuve qui, en atteignant le pied de cette colline se bifurquait pour en baigner la base ; à mi-coteau et descendant en pente douce entre deux bras de mer (le Jaudi et le Guindi) une riante vallée appelée alors Traoun Trecor.

Charmé par cette vue et appréciant tous les avantages qu'il pourrait tirer de cette belle situation, Tudual résolut d'édifier en ce lieu un grand monastère qui serait le principal de son ordre. Il en parla au roi Deroch qui lui envoya des ouvriers en nombre considérable et fournit à tous les frais de construction du nouveau monastère qui fut établi sur l'emplacement actuel de la cathédrale et du palais épiscopal, et que Tudual vint habiter avec un grand nombre de compagnons.

Indépendamment de ce monastère, Tudual érigea encore une chapelle sur le haut de cette colline d'où son œil ravi avait découvert le lieu de sa retraite et sans nul doute en commémoration de ce beau jour [Note : Il ne reste plus trace de cette chapelle ; sur son emplacement et par arrêté de son chapitre, Christophe du Chastel, alors évêque de Tréguier, fit construire en 1474 une Eglise sous le vocable de Saint Michel, auquel on avait coutume à cette époque de consacrer les hauts lieux. Cette Eglise elle-même, abandonnée en 1793, fut démolie en 1841 et il n'en subsiste plus que la tour qui vue de très loin au large rend de grands services à la navigation et sert d'amer aux navires].

Peu à peu, les habitants de la région, attirés par les bienfaits de ces religieux, vinrent se grouper autour d'eux et se mettant volontairement sous la dépendance d'un chef ecclésiastique, Tudual, formèrent le Lan Trecor d'où le nom de Trécorrois [Note : On appelle indifféremment les habitants de Tréguier Trécorrois ou Trégorrois. Au point de vue historique, Trécorrois rappelle davantage le nom originaire du pays (Trecor) et en langue latine on a toujours dit Trécorrenses. Au point de vue grammatical, Trégorrois est plus conforme à la règle bretonne qui veut que devant le mot Tre le C se change en G] que portent encore aujourd'hui les habitants de Tréguier et de Lantreguer, le nom breton de la ville.

Tréguier eut donc pour fondateur St.Tudual, et remonte comme origine à l'an 532 de notre ère, c'est-à-dire 7 ans après la venue de Tudual en Armorique, et trois ans avant le décès du roi Deroch son cousin, arrivé en 535.

(Adolphe Guillou, 1913).

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