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L'IMPRIMERIE A TREGUIER

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Imprimerie. — Lorsque Gutenberg imprima sa fameuse Bible, en 1455, à Mayence, on disait que la science des sciences venait d'être manifestée au monde et cette invention de l'imprimerie fut accueillie comme l'une des plus merveilleuses entre toutes celles que les annales de l'humanité avaient eu à enregistrer.

La Bretagne, de toutes les provinces de France, fut une des premières à donner droit d'hospitalité sur son territoire à l'art de la typographie et l'initiative en fut prise par un gentilhomme, ami des lettres, Jean de Rohan, sire du Gué de l'Isle qui eut l'idée de faire imprimer pour lui plusieurs ouvrages formant une sorte d'encyclopédie et appela près de lui, à cet effet, en 1484, Robin Foucquet et Jehan Cress, l'un et l'autre maîtres en l'art d'imprimer. Ces derniers s'établirent à proximité du château du Gué de l'Isle dans une petite bourgade appelée Bréhan-Loudéac (actuellement commune du canton de Rohan (Morbihan) ; ce fut la première imprimerie installée en Bretagne.

Au commencement de l'année 1485, Pierre et Josse Bellesculée, aussi maîtres en l'art d'imprimer, vinrent fonder un second établissement à Rennes.

La même année, un troisième atelier typographique s'établissait à Tréguier et le maître en l'art d'imprimer de Lantréguer dont nous ne connaissons que les initiales Ja. P. terminait le 4 juin 1485 son édition des « Coustumes de Bretaigne ».

Tréguier fut donc la 3ème localité de Bretagne, où l'art typographique fut mis en pratique.

Le nombre des incunables bretons, c'est-à-dire des livres ou livrets imprimés antérieurement à l'an 1500, se monte à 22 et se répartit comme suit :
Bréhan-Loudéac 10
Rennes 3
Tréguier 2
Lantenac 2
Nantes 5
Les 2 incunables imprimés à Tréguier sont : La coutume de Bretagne - Et le Catholicon breton.

La coutume de Bretagne, imprimée à Tréguier par Ia. P. les 17 mai et 4 juin 1485, se divise au point de vue typographique en 3 parties.

La première partie est composée de feuillets liminaires contenant le titre et une table ou répertoire alphabétique de la coutume.

La deuxième partie contient le texte de la coutume, précédé de la table des chapitres.

Enfin, la troisième partie contient les établissements et constitutions des Ducs de Bretagne et l'ancien code maritime connu sous le nom de Coutumes de la mer, mais appelés dans cette partie les noblesses et coutumes au comté de Bretagne.

Cette 3ème partie du volume s'ouvre par ce titre « Establissements du duc de bretaigne sur les pledoieurs et leurs salaires » et termine ainsi : « Cy finissent les coustumes et les constitutions establissemens de bretaingne corrigées et adjustées deuers plusieurs baulx et bons exemplaires. Imprimees en la cite de lantreguer Par Ia. P. le iiiic ior de iung. Lan de grâce mil iiiic iiiixx et v (1485). Deo gracias ».

Il ne reste plus en France de la Coutume de Bretagne imprimée à Tréguier qu'un seul exemplaire déposé à la Bibliothèque nationale.

Le catholicon est un vocabulaire en trois langues, breton, latin et français, imprimé à Tréguier par Jean Calvez et daté du 5 novembre 1499. Cette œuvre magistrale pour le temps dénotait dans ses auteurs une érudition peu commune. M. Le Men, archiviste du Finistère, a donné en 1867 à Lorient une édition abrégée de cet ouvrage.

Le catholicon a eu pour principal auteur le chanoine Auffret de Quoatqueveran, recteur de Ploerin ; c'est lui qui en a eu l'idée, en a tracé le plan et a dressé la liste des mots bretons. C'est Jean Lagadec qui, sous chaque mot breton, a mis le français et le latin correspondants. Mais Auffret et Lagadec ne purent terminer l'œuvre commune qu'ils avaient entreprise, et s'arrêtèrent au mot Pres. Yves Roperz de Kerdu se chargea de terminer ce dictionnaire sur le même plan et en dirigea l'édition ; c'est ce qui résulte des indications suivantes contenues dans ce livre précieux.

Titre (F. Ier V°) : « Cy est le catholicon en troys langaiges scauoir est breton franczoys et latin selon lordre de l'a. b. c. d. etc.

Incipit (F. 1er V° au bas de la 2ème colonne) : « Incipit dictionarius britonum continens tria ydiomata videlicet britanicum secundum ordinem litterarum alphabeti. gallicum et latinum superaddita a M. Lagadec diocesis trecorensis, compositus ad utilitatem clericorum nouellorum britanie ».

Souscription (F. 105e V°, col. 2) : « Cy finist ce presant libure nomme le catholicon lequel contient trois langaiges scauoir, breton, franczoys et latin lequel a este construit compile et intitulé par noble et venerable maistre Auffret Quoatqueueran en son temps chanoine de treguier, recteur de Ploerin près Morlaix preuoians que cestoit vne chose propice et vtile de mettre ces trois langaiges concordens lung à laultre quant affin et pour instruire les simples gens a auoir la cognoissance desditz langaiges ainsi que le libure le demonstre. Et imprime a la cité de lantreguer par Iehan Caluez le cinquiesme iour de nouembre. Lan mil cccc.iiii vingtz et dix neuf ».

Après cette souscription se trouvent les trois vers bretons suivants : Euzen Roperz (credet guerz) à Kaerdu - En composas (ung pas ne fallas tu - Bep enn yssu) hac en continuas.

Voici la traduction de ces 3 vers, d'après le savant M. de la Villemarqué :

« Yves Roperz de Kerdu, croyez-le bien, le composa (ce livre) et le continua jusqu'à la fin, sans qu'il y manquât rien d'aucun côté ».

Il existe trois exemplaires connus de cet incunable, un à la Bibliothèque de Quimper, un à la Bibliothèque nationale sous la cote X 1429 + A et le troisième à la Bibliothèque municipale de Rennes (126 D 5).

Jean Calvez, entr'autres ouvrages, imprima encore de 1496 à 1505 les mandements de Mgr Christophe de Penmarch, évêque de Saint-Brieuc, et en 1506 et 1507 ceux de son successeur, Mgr Olivier du Chastel. Ces mandements se trouvent aujourd'hui aux archives du Vatican dans un registre constitué au temps de la duchesse Anne par le curé de Plévenon, paroisse du diocèse de St-Brieuc ; ils y furent découverts par M. Georges de Manteyer, membre de l'Ecole française de Rome en étudiant les origines du fonds de la reine de Suède. Le registre qui contient ces mandements porte dans ce fonds de manuscrit le n° 988.

Les renseignements font défaut pour savoir si Jean Calvez eut des successeurs à Tréguier et s'il en eut, jusqu'à quelle époque fonctionnèrent les presses de Tréguier. Ce qu'il y a de certain, c'est que Tréguier ne figure pas au tableau alphabétique du nombre des imprimeries de Bretagne fixé pour chaque ville par l'arrêt royal de 1704.

En 1723, P. Levieil vint s'établir à Tréguier et y installer une imprimerie en vertu des droits de sa femme, la veuve Lecornu, dont le premier mari avait exercé à Port-Louis.

A son décès arrivé en 1762, les délégués du roi ne permirent pas de lui donner de successeur pour se conformer à l'art. 5 de l'édit du 12 mai 1759 qui supprimait l'imprimerie à Tréguier.

Tréguier est resté sans imprimerie jusqu'en 1858 et c'est à cette époque que M. Auguste Le Flem, appartenant à une vieille famille trécorroise, a eu l'heureuse inspiration et l'honneur de faire revivre l'art typographique dans sa ville natale. A sa mort arrivée en 1878, son fils, mon excellent ami, Edmond Le Flem, prit sa succession et exerça lui-même jusqu'à son décès, c'est-à-dire jusqu'en 1896. Depuis cette époque l'imprimerie fondée par M. Auguste Le Flem et cédée par sa fille Mlle Le Flem, encore libraire à Tréguier, est aux mains de M. Ourgant.

(Adolphe Guillou - 1913).

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