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LES ANCIENS EVEQUES DE TREGUIER

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Un catalogue des évêques de Tréguier rédigé au XVème siècle

Le vieux catalogue des évêques de Tréguier a été rédigé à la fin du XVème siècle, probablement par Prigent le Barbu, en mettant en oeuvre, sans grandes recherches et sans beaucoup de critique, des matériaux remontant au plus tôt à la fin du XIème siècle. 

La chronologie des évêques de Tréguier a fait l'objet de nombreuses études. Au début du XVIIème siècle, presque simultanément, Du Paz et Claude Robert publièrent le fruit de leurs recherches, suivis de près par Albert le Grand ; plus tard, dom Taillandier, Ogée, Tresvaux, Hauréau et Onfroy-Kermoalquin, pour ne citer que les principaux, donnèrent à leur tour la liste des prélats qui se succédèrent sur le siège de saint Tugdual ; enfin, plus près de nous, les savantes études du père Gams et de Conrad Eubel, d'après les archives vaticanes, l'ont, semble-t-il, fixée de façon définitive depuis Etienne, successeur de Geffroy Loys, dont l'élection fut confirmée par le pape Honorius III le 23 janvier 1923 [DU PAZ : Histoire de plusieurs maisons illustres de Bretagne... avec l'histoire de tous les diocèses de Bretagne, Paris, Buon, 1620, p. 851 et suivantes. — C. ROBERT : Gallia christiana, 1626, p. 491-493. — Albert LE GRAND : Vies, gestes, morts et miracles des saints de la Bretagne Armorique, ensemble un ample catalogue chronologique et historique des évêques des neuf évêchés d'icelle, etc., Nantes. 1636 ; voir la Vème édition, dite des trois chanoines, Quimper, 1901, p. 253 et suivantes. — D. TAILLANDIER : Histoire ecclésiastique et civile de la Bretagne, Paris, 1756, T. II, p. LXXIII et suivantes. — OGEE : Dictionnaire de Bretagne, Rennes, 1778-1780 ; voir édition Marteville et Varin, Rennes, 1843, p. 922 et suivantes. - TRESVAUX : L'église de Bretagne, Paris, 1839, p. 348 et suivantes. — B. HAUREAU : Gallia Christiana, Paris, 1856, T. XIV, p. 1117 et suivantes. — Abbé U. ONFROY-KERMOALQUIN : Etudes sur les villes de Bretagne, Guingamp, 1846, p. 295 et suivantes — P. Pius Bonifacius GAMS : Series episcoporum, Ratisbonne, 1873, p. 641 et suivantes ; chronologie également reproduite par le Cte DE MAS LATRIE : Trésor chronologique, Paris, 1889, p. 1503. — Conrad EUBEL : Hiérarchia catolica Medii Aevi, Regensburg, 1898. Nouvelle édition, T. I (1913), p. 494 ; T. II (1901), p. 279 ; T. III (1910), p. 337]. 

Or, si l'on excepte la chronologie publiée par le père Albert, erronée en de multiples points, et celle donnée par Ogée, également inexacte comme l'ont montré les continuateurs de la Gallia Christiana, les autres ne présentent entre elles que des divergences insignifiantes.

En particulier, la première en date ne diffère de celles de Gams et Eubel que par l'addition d'un évêque, Raoul, indiqué comme le successeur de Richard du Perrier, alors que les précédents auteurs le confondent avec ce prélat, et par la permutation, due sans doute à une erreur de typographie, des évêques Alain et Robert Paynel.

Il ne nous a donc pas paru sans intérêt de rechercher à quelles sources du Paz avait puisé, et d'examiner quelle confiance il convenait d'accorder à la chronologie des prédécesseurs d'Etienne publiée par cet auteur.

Le savant dominicain n'indique pour ce catalogue aucunes références ; mais, si l'on veut bien remarquer que, seul avec le père Albert, il donne la liste des prétendus évêques de Lexobie, et que, dans la suite des successeurs de saint Tugdual, il offre jusqu'au XIème siècle les mêmes lacunes et la même mention de l'épisode d'Hasting, il est naturel de conclure qu'il eut, pour cette époque tout au moins, une source commune avec le bon hagiographe de Morlaix.

Or, parmi celles citées par ce dernier, est mentionné plus particulièrement un catalogue manuscrit extrait l'an mil cinq cent quatre-vingt-dix par noble et discret messire Maudet de Trogoff, chantre et chanoine de la cathédrale de Tréguier, d'un légendaire également manuscrit de cette église, légendaire sans doute disparu aujourd'hui, mais dont, fort heureusement, la Bibliothèque nationale possède un extrait, précieux document signalé par Léopold Delisle à S. Ropartz pour son étude sur Pierre Morelli (Note : S. ROPARTZ Pierre Morell, bourgeois de Guingamp et évêque de Tréguier au XIVème siècle, Guingamp, 1862, p. 19) et connu également de Chardin (Note : P. CHARDIN : Recueil de peintures et sculptures héraldiques : La cathédrale de Tréguier. Tirage à part du Bulletin monumental, 1886, p. 61. Cette étude, bien que renfermant de nombreuses et graves erreurs, comme nous le montrerons plus loin, a été cependant insérée dans les quelques travaux publiés sur la cathédrale, notamment par A. GUILLOU : Essai historique sur Tréguier par un Trégorrois, St-Brieuc, 1913 (tirage à part des Mémoires de la Société d'Emulation, T. L).

L'identité d'orthographe des évêques de Lexobie, l'absence des mêmes surnoms parmi les successeurs de saint Tugdual, enfin la relation d'Hasting dans les mêmes termes, permettent d'affirmer que du Paz eut connaissance de ce document qu'il suivit scrupuleusement et dont il combla quelques lacunes, tandis qu'Albert le Grand s'en écarta sensiblement en plusieurs points.

Ayant ainsi précisé l'original sur lequel s'est appuyé du Paz, il convient maintenant de l'examiner en détail.

Copie d'un livre ancien estant aux archives de l'église de Treguer parlant des bénéfices et dignitez de cette église [Bibliothèque nationale, f. fr. n° 18697, p. 181 et suivantes].

Nomina illorum qui fuerunt episcopi in Trecoria et primo qui fuerunt ante Tugdualum.  

1.   Drenualus. 24. Guinganton.  47. Crismalius.  
2.   Congualus. 25. Guoharus.   48. Guonanus.  
3.   Hostoberus.  26. Horarnocus.  49. Guenualus.  
4.   Entcanetus.  27. Vidohaelus. 50. Eudinaclus.  
5.   Nicarus.   28. Distrius seu Distirus. 51. Goedratus.  
6.   Feletus.    29. Francianus.     52. Cathocus.  
7.   Isarnarus.     30. Ricitarius. 53. Ruoretus.  
8.   Grallonus.   31. Nitiorus.       54. Bodmaelus.  
9.   Hastrivelinus. 32. Guivenninus.    55. Idgenus.  
10.  Semperius.  33. Brunaelus.      56. Menianus.  
11.   Ermenus.      34. Guenmaelus.  57. Daboznalus.  
12.   Guennanus.  35. Guogueinus.  58. Gozemrinus.  
13.   Drobualcus.  36. Hioarmanus.   59. Ysarnatus.  
14.   Mananus.      37. Neiturus.       60. Tanguitus.  
15.   Hugarnotus.  38. Guentatus.    61. Guonhaelus.  
16.   Nicarius.      39. Gloruenus.   62. Dogmaelus.  
17.   Guenualus.    40. Guennalus.    63. Conanus.  
18.   Francoricus.   41.  Voyennus.       64. Riocus.  
19.   Botmaelus. 42. Cretus.         65. Rivalonus.  
20.  Tutiorus.  43. Tugdualus.   66. Joannes.  
21.   Guenmaelus.  44. Manuanus.       67. Guenualus.  
22.   Conualus.   45. Guornarus.   68. Tiridianus.  
23.   Doxclomenus. 46. Guyonhalus.

Et sic ante Tugdualum fuerunt Trecorenses sexaginta octo praelati [Note : De la Borderie et Mgr Duchesne ont fait justice de la légende de Lexobie. « Cette fable, écrit le premier auteur, a été, au XIIème siècle, développée avec une impudence insigne. On a inventé une série épiscopale de 66 (68) évêques lexobiens antérieurs à saint Tugdual et remontant à Drenualus, prétendu disciple de N.-S., compagnon de Joseph d'Arimathie dans sa mission fabuleuse en Grande-Bretagne et fondateur de l'évêché de Lexobie en l'an 72 de Jésus-Christ. Acceptée avec ferveur pendant le moyen-âge, elle a reçu ses derniers perfectionnements au XVIIème siècle du bon Albert le Grand » (Mémoires de la Société archéologique des Côtes-du-Nord, 2e série, T. II, p. 342]. Rien cependant ne s'oppose à ce que le Yaudet ait été le siège d'un évêque régionnaire. Longnon y a même eu le siège de l'évêque des Ossismii, mais il est à remarquer que Litharedus n'est pas mentionné dans le catalogue des évêques de Lexobie, pas plus d'ailleurs que Liberalis et Albinus.[LONGNON : Les cités gallo-romaines de la Bretagne : Congrès scientifique de France tenu à Saint-Brieuc en 1872. Mémoires de la Société d'Emulation, T. X, p. 441 et suivantes, et tirage à part 1873, p. 49 et suivantes]].

Sanctus Tugdualus, patronus hujus Trecorensis ecclesiae [Note : Suivant de Barthélemy et de la Borderie, qui ont étudié les vies écrites de saint Tugdual, c'est entre 530 et 540 que cet abbé fonda, au confluent du Jaudy et du Guindy, le grand monastère de Traoun Trecor où il mourut et fut inhumé le 30 novembre 553 [alias 559, alias 564]. Sur les vies de saint Tugdual : A. DE BARTHELEMY : Etude sur une vie inédite de saint Tugdual attribuée au VIème siècle (Mémoires de la Société des Antiquaires de France, T. XLIV, 1884). — Du même auteur : Les reliques de saint Tugdual, évêque de Tréguier (Extrait de la Revue de Bretagne, Vendée et Anjou, Vannes, 1901). — DE LA BORDERIE : Les trois vies de saint Tugdual (Mémoires de la S. A. C.-du-N., loc. cit.). — Du même auteur : Histoire de Bretagne, T. I, p. 355 et suivantes et 557 et suivantes]. Mgr Duchesne, Molinier et l'abbé Duine ont montré que la première vie de saint Tugdual datait au plus tôt du IXème siècle, la seconde du XIème, la troisième vraisemblablement de la fin du XIème siècle ou du début du XIIème ; et que toutes les trois étaient sans valeur historique. Mgr Duchesne indique en particulier que la première vie doit être considérée comme l'avant-propos d'un terrier. « Saint Tugdual, écrit ce savant auteur, y est considéré beaucoup moins comme un héros de l'ascétisme ou de l'apostolat que comme le fondateur de la mense épiscopale de Tréguier » [Mgr DUCHESNE : Revue celtique, T. X, p. 253, et Bulletin critique, T. X, Ière série, p. 226). — MOLINIER : Sources, n° 381. — Abbé DUINE : Memento des sources hagiographiques, Rennes, 1918, p. 61. — En ce qui concerne en particulier la date de la troisième vie, les arguments de Mgr Duchesne sont faibles en regard de ceux de la Borderie, et il semble bien qu'on doive la dater de la seconde moitié du XIème siècle, vers 1060-1070].

Sanctus Revelinus [Note : Saint Ruelin, Ruilin ou Rivelin, successeur de saint Tugdual, qui, suivant la légende, l'avait désigné. Une chapelle lui était autrefois dédiée à Tréguier dans la rue neuve, chapelle dont il ne subsiste plus traces aujourd'hui. Gaultier du Mottay a signalé un portrait de ce saint, daté de 1741, au manoir de Baloré, en Trévou-Tréguignec, portrait que nous n'avons pu trouver. Sur saint Ruelin, voir LA BORDERIE : Les trois vies de saint Tugdual, loc. cit., p. 319. — DUINE : loc. cit., p. 82 (N° 60). — GAULTIER DU MOTTAY : Répertoire archéologique, p. 306]. La vie de saint Ruilin en 9 leçons est transcrite sur un manuscrit de la Bibliothèque Nationale (f. latin N° 1148, p. 57 et suivante). Ce manuscrit, bien connu des hagiographes bretons, eut pour premier possesseur Messire Jehan Loz, chanoine et official de Tréguier, comme l'indique sur la garde son ex libris : Hec legenda est mei Johannes Loz canonici Trecorensi. Fils du second mariage de Guillaume, sr de Guernaleguen, et de Jeanne de Kersulguen, il fut reçu chanoine le 11 septembre 1489 à la place de Jehan Jehannin et mourut en 1502, peu après l'un de ses demi-frères, Henry, également chanoine, puis chantre de Tréguier, dont il était l'un des exécuteurs testamentaires. Henry, fils du premier mariage de Guillaume et de Catherine Hengoat, était lui-même frère d'autre Jean, recteur de Louannec, décédé en 1492].

Perbgatus [Note : Pergat, archidiacre de Tréguier, et plutôt intrigant selon les deuxième et troisième vie de saint Tugdual. Divers hagiographes le confondent avec saint Pergat, patron de Pouldouran. L'abbé Duine a montré que l'histoire de l'archidiacre Pergat n'était probablement qu'un récit légendaire destiné à expliquer la situation particulière de l'archidiacre de Tréguier. [DUINE : loc. cit., p. 140 (N° 127). — Voir également LARGILLIERE : Les saints et l'organisation primitive dans l'Armorique bretonne, Rennes, 1925, p. 123-124] [Note : Le catalogue omet saint Cunwal, que sa vie indique évêque du monastère de Tréguier au temps de Judhael, vers 580. [V. A. OHEIX : Vie inédite de saint Cunwal. Revue celtique, T. XXXII, Paris, 1911. — DUINE : loc. cit., p. 82 (N° 61). - LARGILLIERE : loc. cit., p. 86]].

Leoternus seu Leotrenus seu Leotecinus [Note : Ogée et ses continuateurs ; ainsi que Gams, identifient Leothericus avec Haelrit, ce que rien n'autorise. [Sur l'évêque Haelrit, vivant en 842, voir : F. DUINE : Le schisme breton (Annales de Bretagne, T. XXX, p. 425 ; T. XXXIV, p. 492, et T. XXV, p, 97) — Mgr DUCHESNE : Mémoires de la Société d'histoire et d'archéologie de Bretagne, T. I, 1920, p. 3 et suivantes]].

Felix [Note : Dans la lettre d'invitation adressée aux évêques de Bretagne par le Concile de Savonnières, en 859, seuls les sièges de Garurbrius et de Félix ne peuvent être identifiés avec certitude. Ce sont là les deux évêques de Saint-Brieuc et Tréguier, c'est tout ce que l'on peut dire (Mgr DUCHESNE : Fastes épiscopaux, II, p. 269). M. Lot pense que l'on doit identifier Garurbrius avec Gernobrius qui prit part au synode de Quierzy où fut condamné Godeschale, synode tenu en mars-avril 849 (F. LOT  :  Mélanges d'histoire bretonne, p. 85). Le siège de Saint-Brieuc est généralement attribué à Garurbrius, ce que le présent catalogue semble confirmer, mais rien n'autorise, ainsi que nous venons de le dire, cette attribution (V. GUIMARD : Histoire des évêques de Saint-Brieuc, p. 4). Il est à remarquer que le catalogue ne fait pas mention de la réforme des évêchés bretons par Nomenoë, en 848].

Martunis.

Dyonisius.

Gozennanus [Note : Gozennanus ou Gorennan, suivant la troisième vie de saint Tugdual. Ce fut lui qui transporta à Laval et à Chartres les reliques de ce saint, transférées ensuite à Château-Laudon. La Borderie place cet exode de l'évêque entre la mort de Salomon et la soumission d'Hasting, soit entre 874 et 882. Vogel indique, avec plus de vraisemblance, que l'occupation de Tréguier et des îles Saint-Maudez et Saint-Rion eut lieu après la retraite des Normands de la Loire, soit entre 882 et 890 (die Normannen und das frankische Reich. Heidelberg, 1906, p. 352). Pour le comte de Calan, par contre, la mention d'Hasting ne peut servir à dater cet exode qu'il croit du début du Xème siècle et provoqué, comme beaucoup d'autres, par l'invasion de 919 (Mémoires de l'Association bretonne, T. XXIV, 1905, p. 101)].

Note : Dans sa magistrale étude sur le schisme breton au IXème siècle, M. F. Lot voit un abbé évêque de Tréguier dans Urvoet ou Wroet, abbé de Saint-Tugdual, mentionné dans l'achat de l'église du Saint par Hepgou, fils de Rivelen, acte que M. Latouche a daté de 884 à 914. (LA BORDERIE : Cartulaire de Landevennec, acte XXIV. — F. LOT : op. cit., p. 84. — LATOUCHE : Mélanges d'Histoire de Cornouaille, p. 65 et suivantes). Il est à remarquer, cependant, que les noms indiqués dans l'acte, dont Urvoet, sont précédés de l'indication « coram multis testibus cornubiensibus nobilissimis ». Nous pensons donc, si l'acte est véridique, qu'il ne s'agit pas là d'un abbé de Tréguier, mais bien plutôt d'un abbé de Landudal, ancienne trêve de Briec. (Voir à ce sujet : FAWTIER : Saint Samson, évêque de Dol, Annales de Bretagne, T. XXXV, p. 161, note I). Mgr Duchesne mentionne bien en 884 un évêque Hinworet, mais siégeant à Saint-Pol de Léon. C'est à lui que Vurmonoc, moine de Landevennec, dédia sa Vie de saint Pol Aurélien (Voir Mgr DUCHESNE : Catalogues épiscopaux de la province de Tours, p. 88). 

Hastinc gubernavit sedem, per eumque vacavit, annis per centum demptis bis quinque, perempto praesule non ente nec in hoc aliquo residente [Note : Albert le Grand donne la variante : Hasteing obtinuit sedem....].

Gratianus [Note : Cratianus ou Gratias est généralement identifié avec le personnage mentionné dans la troisième Vie de saint Tugdual comme ayant fait reconstruire l'église de Tréguier après le départ des barbares. Le récit mentionne que le charpentier Goeder, tombé du haut de l'église, échappa miraculeusement à la mort par l'intercession du Saint patron. De la Borderie (Commentaires historiques des trois Vie de saint Tugdual, loc. cit, § VIII, p. 319 et suivantes) place cet épisode entre 940 et 950. Si le siège de Tréguier fut abandonné 90 ans, comme l'indique la mention de ce catalogue précédent Gratias, dans laquelle Hasting personnifie évidemment les barbares dont il fut l'un des chefs, l'élévation de Gratias au siège de Tréguier doit être reculée jusqu'en 972-980 au moins, date plus vraisemblable d'ailleurs, puisque, ainsi que l'a montré M. Lot, les côtes nord de la Bretagne furent encore ravagées par les normands entre 958 et 960 (F. Lot : Date de l'exode des corps saints de Bretagne, p. 12 et suivantes). Il est d'ailleurs à remarquer que, dans la Troisième Vie de saint Tugdual, Gratias n'est nullement qualifié d'évêque mais simplement de « vir sacris litteris imbutus ». Peut-être fut-il consacré évêque après la reconstruction de l'église, le texte est muet sur ce point ; car ce qui importe, c'est le miracle arrivé à Goeder par l'intercession de saint Tugdual. Plusieurs légendaires rapportent d'ailleurs des miracles identiques, par exemple pendant la construction de Saint-Pierre de Montmartre].

Paulus [Note : Albert le Grand, dans sa Vie de saint Félix (V° éd., p. 93) indique que Paul, abbé du monastère de Saint-Paul, en l'île d'Ouessant, fut élu évêque de Tréguier par le clergé de ce diocèse, siège dont il prit possession en 990. Le même auteur le mentionne encore dans la Vie de saint Efflam, lors de la reconnaissance du corps de ce saint et de sa translation, l'an 994 (id. p. 587). Or, pas plus dans la Vie de saint Félix publiée par D. Lobineau (Vie des Saints, Rennes, 1725, p. 206) que dans la Vie de saint Efflam publiée par La Borderie (Saint Efflam, texte de sa vie latine et inédite, p. 21 et suivantes), il n'est fait mention de l'évêque Paul. De la Borderie ajoute que cet évêque, indiqué par Albert le Grand, n'a laissé aucun acte authentique venu jusqu'à nous, mais qu'il figure dans les anciens catalogues et qu'il n'existe contre son épiscopat aucun argument, aucune difficulté sérieuse. Cependant, comme ce savant le mentionne lui-même (loc. cit., p. 23), à la suite du vieux légendaire de Tréguier que nous ont laissé les bénédictins (Bibliothèque Nationale, f. fr. 22321, p. 710), dom Denys Brient a montré qu'il n'était pas de cet avis en ajoutant : « Cette extravagante légende (la Vie de saint Efflam) que le Père Albert a pris soin d'accompagner de dates précises, est un monument de l'esprit de fable qui a régné vers le XIVème siècle, depuis que les romans du roi Arthur et autres semblables devinrent à la mode... ». La chartre de 990, accordée par Conan le Tort à l'abbaye du Mont Saint-Michel (Dom Morice, Pr. I, col. 350-351) indique d'autre part les titulaires des neuf évêchés bretons. Les sièges de Constantin, Retwalat et Dredcand ne peuvent être toutefois discriminés [Tréguier, Saint-Brieuc, Léon]. Il n'y est pas fait mention de l'évêque Paul].

Soffrus.

Gulielmus. Hic florebat sub annum domini 1101 [autre écriture : 1151, mortuus est 1175, auquel succéda Yves dit le Breton, archiprêtre de Tours et non archevêque comme le dit Belleforest. Cet Yves, allant à Rome, fut dévalisé de ses biens et chevaux et tant battu qu'il mourut huit jours après. Au lieu de lui fut élu Geffroy Loiz, fils d'autre Geffroy, bourgeois de Guingamp, comme témoigne Sigebert] [Note : il y a ici confusion complète tant sur la date donnée au catalogue que sur le commentaire de l'annotateur qui s'applique à un évêque que nous trouverons tout à l'heure. Différents auteurs indiquent, en effet, un Guillaume, évêque de Tréguier, mentionné en 1032 dans l'acte de fondation de l'abbaye Saint-Georges de Rennes. Or, si l'on se reporte au texte original (D. Morice Pr. I, col. 369 et cartulaire de Saint-Georges), l'on voit qu'il est impossible, là encore, d'établir la discrimination des sièges occupés par Salomon et Guillaume, évêques de Tréguier et de Léon. A. Oheix a fait remarquer, avec juste raison, qu'en 1040 Salomon, étant mentionné sans indication de siège dans un acte concernant Plougasnou, (Cartulaire de Saint-Georges, édition de Bigne-Villeneuve, p. 118) était vraisemblablement évêque de Tréguier (A. OHEIX : Les évêques de Léon aux Xème et XIème siècles, Mémoires de l'Association bretonne, 1911, p. 242 et suivantes]. Si la châtellenie de Morlaix-Lanmeur fut bien donnée par le duc Alain III au vicomte de Léon, en récompense de l'appui qu'il lui avait prêté en ses guerres, et resta dans le comté de Léon jusqu'en 1179, date à laquelle Henry II enleva ce fief a son indomptable adversaire Guyomarch de Léon et le fit rentrer dans le comté de Tréguier, elle ne cessa d'appartenir à l'évêché de Tréguier comme le montre l'épisode de la Troisième vie de saint Tugdual concernant l'évêque Martin. Notre excellent ami, M. Le Guennec, a bien voulu nous faire remarquer, à propos de l'acte de 1032, que la présence de Josselin de Dinan à cette fondation montre combien de Courcy a fait erreur en avançant que les fiefs de Plougasnou et Bodister étaient passés par alliance de la branche aillée des Guicaznou aux Dinan-Montafilant puisque, deux cents ans plus tôt, ces derniers possédaient déjà lesdites terres. Le fief de Pestel, que le livre des Ost de 1294 indique aux Dinan, n'est autre que le pays de Pouc'hastel, c'est-à-dire la châtellenie de Morlaix-Lanmeur qui avait pour chef-lieu féodal Castel-Dinan, en Plouigneau, et non le Yaudet, comme indiqué par la Borderie. Cette dernière cité doit bien être considérée, croyons-nous, comme le chef-lieu du pagus civitatis, ainsi que l'ont indiqué De Barthélemy, Longnon et Largillière. Les objections faites par de la Borderie pour contredire le texte de la première Vie de saint Tugdual sont en effet bien faibles, pour ne pas dire sans valeur. Que Carhaix soit le chef-lieu d'un pagus civitatis en Cornouailles, en quoi cela empêche-t-il, en effet, qu'il y ait eu au IXème siècle un pagus civitatis en Domnonée ? N'y avait-il pas dans cette dernière région deux pagi Daoudour ! (Voir sur le camp de Castel-Dinan : LE GUENNEC : Mottes féodales du pays de Morlaix, Mémoires de la S. A. F., T. XLII, p. 90 et suivantes)]. 

Note : Le catalogue omet ici l'évêque Martin, mentionné dans la troisième Vie de saint Tugdual comme ayant éteint un incendie en Plouigneau avec les reliques du saint, miracle qui prouve, ainsi que nous venons de le dire, que cette dernière paroisse appartenait à cette époque à l'évêché de Tréguier. Or, ce Martin, suivant Tresvaux et Hauréau, est connu par le cartulaire de Saint-Serge d'Angers, Chapelain de Geffroy, comte d'Anjou, il fut nommé à l'évêché de Tréguier quelques jours après la mort d'Hubert, évêque d'Angers, l'an 1047 (Voir aussi MABILLON : Annales O. S. B., IV, p. 574).

Guido.

Gaufridus.

Hugo [Note : Hugues, abbé de Pabu Tual et évêque de Tréguier, donna à l'abbaye du Mont Saint-Michel le Roch Hirglas en l'an 1086 (D. Morice, Pr. I, col. 460. Sur ce prieuré, voir : R. LARGILLIERE : Le prieuré de Roch Hirglas, en Plestin. Mémoires de la Société d'Emulation des C.-du-N., 1923, T. LV, p. 23 et suivantes].

Note : Le catalogue omet Raoul, mentionné dès 1110, suivant Albert le Grand, dans l'acte de fondation de la Confrérie de la Sainte-Trinité, en l'église Saint-Mathieu, es faubourgs de Morlaix. En 1123, il est témoin d'une donation à Saint-Melaine, par Etienne, comte de Lamballe, de vingt sols sur le fumage de Guingamp ; en 1128, il confirme la fondation du prieuré de Saint-Martin de Morlaix, par Hervé, vicomte de Léon ; en 1130, il accueille avec joie les quatre religieux venus du monastère de l'Aumône, au diocèse de Chartres, pour fonder l'abbaye de Bégard [D. Morice, Pr. I, col. 546, 558, 563]. Enfin, en 1134, il donne à l'abbaye de la bienheureuse Marie de Blois, abbaye dite du burgus medius, de l'ordre de Saint-Augustin, l'église de Sainte-Croix de Guingamp pour y mettre un abbé et douze chanoines [Gallia Christiana, T. VIII, col. 1390]. On sait que cet abbé fut Jean de Châtillon, plus tard évêque de Saint-Malo, béatifié et connu sous le nom de saint Jean de la Grille. 

Note : Le catalogue omet également Guillaume, mentionné à la fondation de Sainte-Marie de Boquen en 1137 [Chronicum Britannicum, D. Morice, Pr. I, col. 5]. Il dut mourir en 1144, car la tradition et divers catalogues indiquent que les deux évêchés de Tréguier et de Saint-Malo, ayant été vacants à quelques jours d'intervalle, furent offerts à Jean de Châtillon qui opta pour le second. 

Note : A Guillaume succéda Hugues, qui reçut en 1144 le bref du pape Lucius II, lui signifiant de regarder l'archevêque de Tours comme son métropolitain. 

Note : Le catalogue omet encore autre Guillaume qui assista le 17 septembre 1151, à Mayenne, au mariage du comte Henry avec Mathilde de Vendôme et ratifia le même jour la donation faite à Marmoutier de l'abbaye Saint-Sauveur de Guingamp, en ruines [D. Morice, Pr. I, col. 610]. En 1152, il fut présent à la confirmation, par le comte Henry, des dons faits par ses ancêtres à l'abbaye de Saint-Melaine ; et, vers la même époque, érigea en paroisse Saint-Magloire de Châtelaudren [D. Morice, Pr. I, col. 619, et Anciens évêchés de Bretagne, T. IV, p. 359]. Accusé de simonie en 1154, il se disculpa ; et, en 1158, assista au Mans à la consécration de la cathédrale Saint-Julien par l'évêque Guillaume de Passavant [Actus Pontificum cenomannis in urbe digentium, Archives historiques du Maine, T. II, p. 468]. Guillaume est encore mentionné dans diverses fondations faites par le duc Conan et la duchesse Marguerite aux abbayes de Beaulieu, Coetmalouen et Sainte-Croix de Guingamp [D. Morice, Pr. I, col. 635, 636, 641, 661]. En 1170, il confirma à l'abbaye de Saint-Melaine les biens qu'elle possédait dans son diocèse ; et, vers cette époque, assista à la fondation faite en faveur de l'abbaye de Sainte-Croix de Guingamp par Derrien, sr. de la Roche, Amicie, sa femme, et Eudes, leur fils, pour l'édification d'une église et la création d'un bourg près de leur château de la Roche [D. Morice, Pr. I, col. 639. Sur ces fondations de villes du XIème au XIIIème siècles en Bretagne, signalons la très remarquable étude de M. Bourde de la Rogerie dans les Mémoires de la Société d'Histoire et d'Archéologie de Bretagne, T. IX, 1928, p. 69 et suiv.]. Il convient de remarquer, à ce sujet, qu'il y a peu de villes de Bretagne sur lesquelles il ait été publié autant d'erreurs, si l'on excepte l'article de Gaultier du Mottay, que sur la Roche et son fondateur Derrien, indiqué par tous les auteurs, à la suite de Le Baud, du Paz et de Dom Lobineau, quatrième fils du comte Eudon et vivant en 1090. Or, dans les nombreuses chartres, tant françaises qu'anglaises, concernant le comte Eudon, sa femme Orguen et leurs fils, il n'est fait, à notre connaissance, aucune mention de Derrien, alors que sont cités : Geffroy, Alain le Roux, Alain le Noir, Etienne, Guillaume, Brient, Robert, Richard, et même deux bâtards, Ribaldus et Bardulfus [Voir entre autres : Bibliothèque Nationale, f. fr., 18.711, 22.348, etc. et les cartulaires de l'Ouest dont, en particulier : Cte BERTRAND DE BROUSSILLON : Cartulaire de l'abbaye Saint-Aubin d'Angers, T. II, p. 173]. On trouve simplement mention d'un Prigent, fils d'un Derrien, parmi les signataires de la donation mentionnée plus haut par l'évêque Hugues en 1086 ; mais rien n'indique qu'il soit fils d'Eudon ; car, si la chartre spécifie bien que le lieu Hirglas est abandonné à l'abbaye du Mont Saint-Michel avec l'assentiment de tous les fils du comte Eudon, nulle part il n'est dit que les signataires soient les seuls fils du comte. La présence de Prigent n'indique d'autre part nullement que son père Derrien fut vivant à cette époque. Le cartulaire de Redon mentionne un Derrien vivant à la fin du Xème siècle, fils d'Alain et filleul de Tanqui, comte de Poher ; peut-être le père de Prigent en était-il un descendant. Les chartres publiées par les auteurs des Anciens évêchés viennent complètement démentir la généalogie ordinairement acceptée du fondateur de la Roche, qui, par la position de ses fiefs, Lanloup, Goudelin et la Roche, était vraisemblablement l'un des petits-fils du comte Etienne et de la comtesse Havoise. Mentionné encore en 1202, son fils Eudes lui avait succédé en 1203, ce qui vient démontrer, en outre, l'erreur des divers généalogistes des Maisons de Penthièvre et Avaugour, attribuant à cette époque la seigneurie de la Roche-Derrien à Conan, frère du comte Alain, ce qu'aucun acte n'autorise, du reste. Notons, en terminant, que la Chronique de Lamballe de Messire Jean Chapelain indique au chapitre XXI que Derrien était le quatrième fils d'Henry, comte de Penthièvre, ce qui paraît plausible sans être certain ; et, qu'ayant eu en partage la seigneurie de la Roche-Jaudy, il y fit bâtir un beau et fort château à l'abri duquel se développa la ville qui prit le nom de la Roche-Derrien [Bibliothèque Nationale, f. fr. 22.329, p. 696]. Revenons à Guillaume, évêque de Tréguier. Il mourut en 1174, d'après la mention suivante : « 1174. Guillermus épiscopus de Trégel, humanœ vitœ finem fecit, cui successit Ivo Brito, archipresbiter (alias archidiaconus) Turonensis » [DELISLE : Chronique de Robert de Torigni, Rouen, 1873, T. II, p. 47].

Evenus [Note : Yves le Breton, se rendant à Rome en 1179, fut attaqué et dévalisé par des voleurs et tant battu qu'il mourut huit jours après, suivant la même chronique. « Episcopus de Treguer, cum pergeret Romam, ablatis rebus omnibus suis et equis, verberatus est ita ut deficeret intra octo dies ; in loco ejus electus est Gauffridus Lois filius cujusdam burgensis, ejusdem nominis, de Guingamp » (Ibid., T. II, p. 79)].

Gaufridus [Note : Geffroy Lois portait pour armes suivant S. Ropartz : d'argent à l'aigle éployée de sable (S. ROPARTZ : Histoire de Guingamp, T. II, p. 102, planche IV). Il fit donation en 1180, à l'abbaye de Saint-Jacut, de l'église Saint-Pierre de Penvénan avec toutes ses appartenances, donation confirmée par le pape Clément III le 13 mars 1188 (Anciens Evêchés, T. IV, p. 280 et 281). En cette dernière année, il confirma égarement les biens de Saint-Melaine en son diocèse (D. Morice, Pr. I, col. 713], et, vers la même époque, fut témoin à la fondation de l'abbaye Saint-Rion par le comte Alain [Ancien Evêchés, T. IV, p. 8]. Présent également à la fondation par le même seigneur, de l'abbaye de Beauport en 1202 (id., p. 46 et 47), il est encore mentionné dans diverses chartres de cette dernière abbaye jusqu'en 1207, entre autres dans la donation aux moines d'une foire par le comte Conan. En 1212, il scelle la donation à l'abbaye de Boquen, par le comte Alain, de sept rais de froment sur sa dîme de Tréméloir (id., T. HI, p. 232) ; enfin, en 1216, il figure à la donation faite à Saint-Sauveur de Guingamp par Geffroy, fils d'Eudon, des droits de havage. Il dut mourir en 1221. L'évêque Etienne ne portait encore que le titre d'élu lorsque, par bulles du 9 avril de cette dernière année, le pape lui accorda le pouvoir d'absoudre les clercs de son diocèse atteints par l'excommunication des cardinaux Jacques de Gualla et Robert Curzon, légats du Saint-Siège en Angleterre, soit pour avoir entretenu des concubines, soit pour avoir porté « des manches cousues et des cappes à manches ». L'élection d'Etienne, ancien archidiacre de Tréguier, avait été contestée par le chantre et trois chanoines ; mais ceux-ci ayant finalement renoncé à leur opposition, Honorius III se hâta de mander à l'archevêque de Tours, par bulles du 23 janvier 1223, de vérifier l'élection et de confirmer l'élu, faisant valoir l'inconvénient qu'il y avait pour le diocèse de Tréguier à être privé de pasteur, d'autant qu'à cause de la guerre du duc de Bretagne, le pays était à l'état presque complet de ruines (B.-A. POCQUET DU HAUT-JUSSE : Les papes et les ducs de Bretagne, T. I, p. 105)].

Stephanus qui vivebat tempore Gregorii noni p. p. Hic vinxit mensae episcopali ecclesiam de Penguenan et decimas de Plougrescant anno domini 1222 [Note : La date de 1222, donnée par le catalogue, est manifestement erronée, l'élection de Grégoire IX datant de 1227. C'est, en effet, par bulle du 22 juillet 1228 que le pape confirma l'union à la mense épiscopale de Tréguer de l'église de Penvénan et des dîmes de Plougrescant (copie de cette bulle : Bibiliothèque Nationale, f. fr. 18.697, fol. 181). Dès 1227, les évêques de Rennes, Saint-Brieuc et Tréguier avaient été contraints de s'exiler sous divers prétextes. A la suite d'un conflit avec Olivier, sire de la La Roche-Derrien, au sujet des privilèges dont jouissait l'évêque dans ce port, Etienne excommunia ce seigneur et jeta l'interdit sur sa terre. Celui-ci, avec plusieurs chevaliers et leurs vassaux, marcha sur Tréguier, mit à rançon les gens de l'évêque, dont quatre furent même massacrés, et fit enfermer les habitants de la ville dans la cathédrale où ils s'étaient réfugiés. Il nomma enfin un anti-évêque que l'on croit reconnaître dans Pierre, qualifié d'évêque de Tréguier dans une transaction de 1228 entre l'abbaye de Saint-Georges et un chevalier Derrien [B.-A. POCQUET : id., T. I, p. 80 et 106]. Etienne, qui avait dû prendre la fuite, s'associa à ses compagnons d'exil pour excommunier le duc, après l'assemblée de Redon, en 1228. Rappelé en 1230, il fut contraint de quitter à nouveau son siège en 1234 et se réfugia en Normandie, ainsi que l'évêque de Saint-Malo. Par bulle du 26 juin de cette dernière année, le pape ordonnait au clergé régulier et séculier de cette province de pourvoir à leur entretien. Ce second exil fut d'ailleurs de courte durée, puisqu'en 1235, Etienne, rentré à Tréguier, s'occupa de la fondation du couvent des Dominicains de Morlaix qu'il ratifia en. 1237. Il présida la cérémonie de fondation de l'église le dimanche dans l'octave de l'Ascension. 1238 (Voir Albert LE GRAND : loc. cit., p. 264, et LEJEAN : Histoire de la ville de Morlaix, 1846, p. 40). Vivant encore en 1239, il dut mourir vers 1240].

Hamo [Note : Hamon est mentionné dans un arbitrage relatif à l'abbaye de Boquen l'an 1242 (Anciens Evêchés, T. III, p. 239) et dédia, le dimanche après l'octave de saint Pierre et saint Paul 1250, l'église des Dominicains de Morlaix. Il mourut vers 1255, comme le prouve une lettre d'André, évêque de Saint-Brieuc, s'excusant de ne pouvoir assister « pour cause d'utilité publique » à la consécration des évêques de Vannes et de Tréguier (D. Morice, Pr. I, 960)].

Note : Le catalogue omet cet évêque sacré en 1255 qui n'est d'ailleurs connu que par l'initiale, de son prénom H, ce qui l'a fait généralement confondre mec son prédécesseur. Le samedi après l'octave de la nativité de la Vierge 1261, il fit accord avec l'abbé et le couvent de Saint-Michel relativement à la chapelle de Kermangaret, en Plestin (Extrait des titres de l'abbaye du Mont Saint-Michel, Bibliothèque Nationale, f. lat. 17.029, p. 83]. Il mourut en cette dernière année ou l'année suivante, puisque, selon Gams, Alain de Lézardrieux siégeait déjà en 1262. 

Alanus de Leshardrieu qui a fondé anniversaire le 22 février [Note : Une curieuse note du marquis de Molac apprend qu'en 1267 « l'évêque de Tréguier en usa, deux ans après, avec plus de modération que celui de Rennes (Maurice de Treziguidi), quoique le duc eut entrepris d'exercer une autorité immédiate sur les sujets de l'évêque et du chapitre. L'évêque, au lieu de plaider, accommoda le différend par le conseil de gens de bien dont il convint pour arbitres. Il fut convenu que le duc renoncerait à ses prétentions injustes, se réservant seulement le droit de régale à la mort des évêques » (Bibliothèque Nationale, f. lat. 17.029, p. 83, et voir l'accord D. Morice, Pr. I, col. 1005). La même année, l'évêque transigea avec Daniel, abbé de Sainte-Croix de Guingamp, sur la possession de l'église de Ploumagoar (D. TAILLANDIER : loc. cit., II, p. CXXIII). En 1271, Alain de Lézardrieux, malade, s'excuse auprès des grands vicaires de Tours, de ne pouvoir assister à la consécration de Pierre, élu de Saint-Brieuc (D. Morice, Pr. I, 1024). Il mourut quelques années plus tard, vers 1275. En 1276, nous trouvons en effet son successeur, l'évêque Alain de Bruc et Derrien, recteur de Goudelin, demander l'arbitrage de l'archevêque de Tours, dans une contestation qui s'était élevée avec l'abbaye de Beauport au sujet de la nomination de Derrien. Or la sentence, rendue la même année, indique que le choix de Derrien avait été fait par Alain, jadis évêque de Tréguier (Anciens Evêchés T. IV, p. 199)].

Alanus de Bruc. Hujus episcopi tempore erat beatus Yvo officialis Trecorensis [Note :  Ce fut sous l'épiscopat d'Alain de Bruc que les Cordeliers vinrent s'établir à Guingamp, le 4 octobre 1283, et les Jacobins l'année suivante, le 14 décembre 1284 (Mémoires de la Société d'Emulation C.-du-N., T. LVII, p. 59 et suivantes). Par bulle du 23 mai 1291, le pape accorda une année et quarante jours d'indulgences à tous ceux qui visiteraient l'église de Tréguier à l'une des quatre fêtes de la Vierge ou à la fête de saint Tugdual (E. LANGLOIS : Registres de Nicolas IV, n° 4670. Par bulle du 13 février 1292, il accordait à Alain la faculté d'élire un chanoine et de le pourvoir d'une prébende (Id. n° 6641). En 1293, l'évêque fonda en la cathédrale une chapellenie de trois messes hebdomadaires en l'honneur de saint Nicolas, dotée d'une rente sur le grenier de l'évêché et sur des biens personnels en Trézeny et Lanmérin (Archives C.-du-N., G. 118). Alain de Bruc mourut en 1296, au moment où l'on venait de lui adjoindre, sur sa demande, comme coadjuteur, Yves dit Nutzune (Le Nuz ?) chantre de Léon et archidiacre d'Ach (Voir la bulle du pape du VIII des calendes de mai 1296, publiée dans Gallia Christiana, T. XIV, p. 1124)].

Gaufridus Tournemine. Hujus tempore moritur beatus Yvo anno domini 1303 [Note : Par lettre datée du jeudi après la fête de saint Marc, 26 avril 1296, le chapitre de Tréguier demandait à l'archevêque de Tours de ratifier l'élection récemment faite de Geoffroy de Tournemine (D. Morice, Pr. I, col. 1117). Le 15 août de cette même année, il assista à la fondation, par le duc, de l'église collégiale de N.-D. du Mur à Morlaix (LEJEAN : loc. cit., p. 42) et mourut en 1317. A la mort de l'évêque, le pape se réserva l'évêché ; signification en fut faite au chapitre le 14 février 1317 (fig. 1).

évêques de l'évêché de Tréguier

Fig. 1 - Contre sceau de Geoffroy de Tournemine, 1298

(D. Morice, I., N° CXXIII)

Joannes Rigaudy qui fonda anniversaire [Note : Jean Rigaud, de l'ordre des frères mineurs, était, suivant la tradition, un homme de très grande valeur. Pénitencier apostolique, il fut pourvu de l'évêché de Tréguier le 21 février 1317 et mourut en 1323. Il était l'auteur d'une Vie de saint Antoine de Padoue. Les journaux du trésor de Charles IV le Bel indiquent qu'en l'an 1322 le roi imposa une dîme biennale sur les diocèses de la province de Tours, la redevance annuelle de Tréguier étant de 400 livres tournois. (Edition Viard, n° 8846 et 8847)].

Le catalogue fault en cet endroit, comme on peult voir, des enquestes de saint Yves [Note : Cette lacune est aujourd'hui comblée par le magnifique ouvrage de La Borderie, Daniel, Perquis et Tempier (Monuments originaux de l'Histoire de saint Yves, Prud'homme, 1887)].

Petrus de bella insula, alias de l'Isle [Note : Pierre de l'Isle, archidiacre de Tréguier et maître en théologie, fut pourvu le 16 septembre 1323. Par testament du 11 avril 1325, Guillaume de Coëtmohan, originaire de Saint-Gilles-Pommerit (aujourd'hui Saint-Gilles-le-Vicomte), chantre de Tréguier, prieur de Houdan, chanoine de Paris et conseiller au Parlement, fondait, entre autres dispositions, le collège de Tréguier à Paris. Il nommait comme exécuteur testamentaire son très cher ami l'évêque de Tréguier et le priait de s'occuper de cette fondation « étant dans la confiance qu'il voudrait bien contribuer beaucoup à la perfection de cet établissement, ainsi qu'ils en avaient souvent conféré ensemble ». (Bibliothèque Nationale, f. fr. 22329, fol. 129 et suivants, et D. Morice, Pr. II, col. 1787 et suivantes). Pierre de l'Isle n'en eut pas le temps étant décédé en 1327].

Yves du Boisboissel [Note : Yves du Boiboissel était, selon l'enquête de 1341 pour la succession du duché, fils de Juhel le Prévot et frère de Chenin le Prévot et de Margelie du Boisboissel (Bibliothèque Nationale, f. fr. 22338, p. 118 et suivantes]. Chantre de Saint-Brieuc, il fut pourvu de l'évêché de Tréguier le 7 octobre 1327. Avec Guy de Bretagne, il se rendit à Rome en décembre 1329, muni d'une procuration du chapitre, pour supplier le pape Jean XXII de procéder à la canonisation de saint Yves (J.-M. VIDAL : Registres de Benoît XII, n° 5062). Transféré à Quimper le 31 août 1330, puis à Saint-Malo le 22 janvier 1333, il fut en procès avec le doyen et le chapitre de ce dernier évêché et le pape dut intervenir le 30 août 1338 (DAUMET : Lettres closes de Benoît XII, n° 421). Il mourut en 1348.

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Fig. 2. - Sceau et contre-sceau d'Yves du Boisboissel, 1334 

(Bibliothèque Nationale).

Il est à remarquer que les armes de cet évêque qui nous ont été transmises par Gaignières, sceau et contre-sceau de 1334, sont les mêmes que celles de la Maison Prigent : d'azur à une fasce d'or accompagnée de trois molettes de même 2 et 1 (fig. 2) (Bibliothèque Nationale, f. lat. 17027, p. 34)].

Alanus Helory [Note : Alain Helory, chanoine de Saint-Pol-de-Léon, fut pourvu le 31 août 1330. Il édicta en 1334 d'importants statuts publiés par Dom Martène (Thesaurus novus anecdotorum, 1717, T. IV, p. 1113 et voir aussi D. Morice, Pr. I, col. 1370]. Différents articles sont à mentionner : L'évêque prescrit à tous les prêtres du diocèse de posséder la légende et l'histoire de saint Tugdual, patron du diocèse, sous, peine de cent sols d'amende ; à tout chapelain ayant charge d'âmes de venir processionnellement avec ses ouailles, rendre visite à l'église de Tréguier le dimanche après la Trinité, sous peine de 30 sols d'amende ; et, parce que, écrit-il, « des prêtres récitent les heures de saints ignorés et qui probablement n'ont jamais existé, nous ordonnons, voulant honorer autant qu'il est en notre pouvoir les patrons de notre diocèse, c'est-à-dire les bienheureux Yves et Tugdual, qu'à l'avenir soient dites le lundi les heures de saint Yves, le jeudi celles de saint Tugdual et le samedi les heures de la bienheureuse Vierge Marie, exception seulement les jours de fêtes solennelles et aux époques de l'Avent, de la Quadragésime et de Pâques ». Ce dernier statut montre que, la bulle de canonisation de saint Yves datant seulement du 19 mai 1347, l'évêque n'avait pas attendu Rome. Un autre statut prescrit l'excommunication de tous ceux qui troublent ou violent les immunités, franchises et libertés du Minihy. Enfin, les autres ont, pour la plupart, rapport aux devoirs du clergé et n'eurent pas l'air de plaire à son chapitre. Un différend éclata d'autre part au sujet du droit de procuration réclamé par l'archevêque de Tours pour avoir visité en 1336 l'église cathédrale, l'évêque et le chapitre. L'évêque fut condamné à payer, comme chef du diocèse, par sentence rendue par  l'archevêque le vendredi d'après la fête de la Madeleine 1336, de l'avis de l'abbé de Bégar (Bégard) et de l'archidiacre de Penthièvre (Archives C.du-N., G. 118). Alain mourut en 1338, suivant le chronicon britannicum, et eut pour successeur Richard du Perrier, archidiacre de Tréguier (D. Morice, Pr. I, col. 7)].

Richardus de Piru qui incepit novum opus ecclesiae Trecorensis anno domini millesimo trecentesimo tricesimo nono [Note : Richard du Perrier fut consacré par l'archevêque de Tours le dimanche avant le carême 1338 (D. Morice, Pr. I, col. 1392). Il commença, suivant la tradition, l'agrandissement de la cathédrale l'année suivante, comme l'indique d'ailleurs le catalogue ; et, dès le 19 décembre 1342, le pape accorda une indulgence d'un an aux pèlerins venant prier sur le tombeau d'Yves confesseur. Pendant la guerre de succession, en décembre 1345, nous trouvons l'évêque participant à la défense de la Roche-Derrien avec Hugues Arrel, capitaine de la ville. La place ayant du se rendre honorablement à Northampton, les défenseurs, dont Richard, purent en sortir avec leurs biens ; mais, afin de ne laisser aucun retranchement sérieux dans le voisinage, les anglais détruisirent, à peu de temps de là, les églises de Tréguier et des environs et en particulier la cathédrale. Seuls, suivant la chronique, le tombeau de saint Yves et l'église-mère de Tréguier furent épargnées (Société de l'Histoire de France : Continuation de la chronique de Richard Lescot, religieux de Saint-Denis. Edition Jean le Moine, Paris, 1896, p. 67 et 68]. A la suite de ces événements, l'évêque et le chapitre, craignant que le corps de saint Yves ne fût volé, s'adressèrent au pape Clément VI pour demander l'autorisation de lever de terre ces précieuses reliques et de les mettre en sûreté, même en un lieu caché si besoin était. Le pape accorda par bulle du premier septembre l'autorisation de procéder à l'exhumation du corps du bienheureux et de le mettre en lieu sûr en attendant que des temps plus propices permissent une translation solennelle (Reg. Vat. Clément VI, fol. 84, bulle publiée par le père Denifle : La désolation des églises et des monastères pendant la guerre de Cent ans, T. II, p. 50). Le pape décida, le 12 mai 1349, cette translation solennelle, cérémonie qui eut lieu en grande pompe le 29 octobre suivant. A cette occasion et pour en perpétuer le souvenir, il accorda indulgences à tous ceux qui, à l'avenir, visiteraient l'église, la chapelle et le tombeau du saint, tant aux deux fêtes principales que durant les octaves (Archives C.-du-N., G. 119]. L'évêque mourut, suivant Gams, en 1353. De Courcy, Chardin et ceux qui les ont copiés sans la moindre critique, ont placé la sépulture de cet évêque dans la chapelle Saint-Martin et ont indiqué d'autre part un emplacement erroné de cette chapelle. Or, l'acte du 25 août 1483 sur lequel ils s'appuient, acte par lequel le chapitre permet au chanoine P. Lesné d'édifier sa sépulture en la chapelle Saint-Martin, indique simplement qu'en cette chapelle était inhumé feu de bonne mémoire Raoul évêque de Tréguier, sans préciser aucun nom. Nous croyons, quant à nous, qu'il s'agit non de Raoul du Perrier, plus généralement désigné d'ailleurs sous le prénom de Richard, mais plutôt de l'évêque Raoul Rolland, décédé en 1441 et dont le souvenir devait être bien vivant encore en 1483. En 1353 d'ailleurs, date de la mort de l'évêque du Perrier, la chapelle Saint-Martin ou n'était pas encore construite, ou avait été détruite comme nous venons de le dire et comme le confirme l'étude architectonique. D'autre part, la chapelle Saint-Martin n'était pas à l'emplacement de la chapelle actuelle de Saint-Joseph, vers le cloître, comme l'écrivent tous les auteurs. L'acte suivant vient montrer en effet que c'était la chapelle absidiale, à droite de la chapelle d'axe, dédiée comme toujours à la Vierge. « 30 juillet 1486. — Jean Perrault de la ville de Morlaix, Jehan le Louenan et Jean le Coq de la cité de Tréguier, vitriers, sont invités par le chapitre à faire le devis d'une des vitres de la chapelle Saint-Martin en l'église cathédrale devers le martray » (Archives C.-du-N., Registres du greffe du chapitre de Tréguier, non classés). Deux autres actes viennent confirmer cette position, la chapelle saint Tugdual étant nettement déterminée par l'enfeu de l'évêque Christophe du Chastel toujours visible, et font connaître de plus l'emplacement exact de la chapelle Sainte-Catherine dont on réparait déjà une vitre en 1469, suivant les comptes du chapitre. « 19 juillet 1483, permission à Guyomar le Gal, sacriste, d'une tombe devant la chapelle Saint-Martin, emplacement existant entre cette chapelle et la chapelle Sainte-Catherine ». « 1516, s. d. Bertrand Lorans bourgeois de Lantreguer obtient un enfeu jouxte le pilier entre la chapelle Sainte-Catherine et la chapelle Monsieur Saint-Tugdual ». Il serait aussi aisé de démontrer, à l'aide des titres du chapitre, que les emplacements indiqués parles mêmes auteurs pour les chapelles Saint-Jean l'évangéliste, Saint-Nicolas, etc,.., sont tous aussi fantaisistes ; mais ceci, étant en dehors du sujet que nous traitons actuellement, nous entraînerait trop loin. Bornons-nous aujourd'hui à signaler que la chapelle Saint-Nicolas était la première du déambulatoire donnant sur l'aile nord du transept, que la chapelle Saint-Jean l'évangéliste était à hauteur du maître-autel du côté de l'évangile, à l'emplacement de la chapelle actuelle Saint-Joseph ; enfin, que la chapelle actuelle du Rosaire, sur l'aile sud du transept, était au XVème et XVIème siècle sous le vocable de l'Ecce Homo].

Radulphus anno 1348 [Note : Raoul, d'après ce qui précède, doit être confondu avec Richard du Perrier].

Robertus Paynel qui per translationem post fuit Nannetensis [Note : Robert Paynel (d'or à deux fasces d'azur accompagnées de 9 merlettes de gueules ; quatre en chef, deux au milieu et trois en pointe], d'abord chanoine de Saint-Pol-de-Léon, fut pourvu de l'évêché de Tréguier le 15 mai 1353 et transféré à Nantes le 19 novembre 1354. Il mourut le 23 février 1366].

Hugo de Montrelais qui per translationem post fuit Briocensis et deinde cardinalis ecclesiae Romanae [Note : Hugues de Montrelais (d'or à six cottices d'azur (fig. 3), d'abord prieur de Marsay en Poitou et doyen de Nantes, fut pourvu le 19 novembre 1354 et transféré à l'évêché de Saint-Brieuc le 21 août 1357. Créé cardinal du titre des quatre saints couronnés le 20 décembre 1375, et plus connu sous le nom de cardinal de Bretagne, il mourut à Avignon le 26 février 1384. Le nécrologe de Saint-Pierre de Nantes indique : 26 Februarii Anniversarum domini Hugonis de Monasterio legum, cardinalis Britanniae, titulo quator coronatorum, episcopi Sabinencis (Bibliothèque Nationale, f. fr. 22309, fol. 652)].

évêques de l'évêché de Tréguier

Fig. 3 - Armes d'Hugues de Montrelais

Note : Le catalogue omet ici l'évêque Alain …, dit Alain Thomé par les uns, François Alain par les autres, sans références d'ailleurs. De l'ordre des frères prêcheurs, pénitencier apostolique, il fut pourvu le 21 août 1357, et mourut en 1362

Evenus Begaignon, nobili genere, qui fuit ordinis fratrum predicatorum [Note : Yves Begaignon, d'argent fretté de gueules de six pièces, originaire de Plestin (Plestin-les-Grèves), religieux au couvent des dominicains de Morlaix, puis pénitencier apostolique, fut pourvu le 28 novembre 1362. Le 26 averil 1364, entouré de son chapitre, il reçut Charles de Blois et lui présenta les reliques de saint Yves. Il lui fit présent d'une parcelle pour le Roi de Chypre qui en avait fait la demande, ayant été sauvé d'un grand péril par l'intercession du saint. Charles, en reconnaissance, par acte signé sur le champ en la cathédrale et confirmé à Nantes par la duchesse le jour de la nativité de Saint Jean-Baptiste, exempta les évêque, chantre, chapitre et gens d'église de la cathédrale « de tous impôts, gabelles, aides, subsides et redevances quelconques, tant sur les blés, vins et autres choses nécessaires à leur sustentation, que sur les fruits de leurs bénéfices qu'ils pourraient avoir à vendre ou troquer à l'avenir et à perpétuité en tous les havres et ports de l'évêché » [Archives C.-du-N., G. 118]. Le roi de Chypre, de son côté, fit présent à la cathédrale d'un cavalier en argent émaillé, portant les armes de son royaume, statuette qui se trouvait encore en 1626 dans le trésor. Par ses statuts de 1365 [D. MARTENE, loc. cit., p. 1118], l'évêque rétablit à Tréguier la grande foire qui, depuis la peste et les guerres, se tenait devant le manoir épiscopal de la Fougeraye, en Prat, au grand dommage des habitants de Tréguier. Il interdit le charivari et le chevalet qui se pratiquaient lors des remariages et défendit que l'on fit coucher les petits enfants dans le lit de leurs parents à cause des accidents par étouffement, alors très fréquents. En 1370, il y eut nouvelle discussion au sujet du droit de procuration, mais cette fois-ci entre le chapitre et le représentant de l'archevêque. Le 29 juillet, les chanoines déclarèrent solennellement à celui-ci, devant le portail de la Trinité, que, de mémoire d'homme, ils n'avaient eu à payer ce droit. Even Begaignon, appelé à la Curie par le pape Grégoire XI, en mai 1371, et nommé grand pénitencier de l'église romaine, se démit alors de son évêché].

Joannes Brun qui fuit in curia romana advocatus pauperum, oriundus de Peumerit-Jaudy [Note : Jean le Brun, de la maison de Kermorvan, en Saint-Agathon, près de Pommerit-le-Vicomte et non Pommerit-Jaudy, fut d'abord chantre de Dol avant d'être pourvu de l'évêché de Tréguier le 5 mai 1371. Absent de sa ville épiscopale « par évidente nécessité », écrit-il, il publia la même année, le vendredi avant la Saint-Luc, d'importants statuts datés de sa maison de Guingamp (D. MARTENE, loc. cit., p. 1120, et D. Morice, Pr. I, col. 668 et suivantes) et d'autres en 1372 et 1374 (D. MARTENE, id., p. 1122 et 1125 et D. Morice, Pr. II, col. 51 et 84). Il imposait, entre autres, aux recteurs d'avoir les statuts du diocèse en un livre bien écrit et de les étudier ; et exigeait qu'ils eussent un sceau propre contenant le nom de la paroisse. Il définissait les devoirs des avocats et notaires des cours épiscopales, réglait les cas d'excommunication et le cérémonial, notamment contre les perturbateurs des franchises et immunités du Minihy de Saint-Tugdual. Il indiquait également les peines de suspension contre les prêtres trouvés en état d'ébriété et interdisait qu'ils fussent proposés pour gouverner une paroisse. Enfin il ordonnait que tous les dimanches et fêtes des quêtes fussent effectuées, avant toutes autres, pour les oeuvres de la fabrique de l'église de Tréguier. Ne pouvant se rendre à Angers à l'enquête pour la canonisation de Charles de Blois, le 15 novembre 1371, il adressa une lettre à ce sujet [D. LOBINEAU : Histoire de Bretagne, T. II, col. 32}. Sous son épiscopat, les bretons, aidés des français, chassèrent les anglais de l'évêché. La Roche-Derrien fut reprise par Bertrand du Guesclin, qui, à cette occasion, par chartre du 11 juillet 1373, confirma les privilèges maritimes de l'église et de la ville de Tréguier (Archives C.-du-N. G. 118, publiée dans Bibliothèque de l'école des chartres, T. III, 2° série, 1846, p. 233 et suivantes). Jean le Brun mourut en 1378].

Theobaldus de Malestredo, post fuit corisopitensis [Note : Thébaut de Malestroit était le troisième fils du second mariage de Jean de Chateaugiron sire de Malestroit, Largoët, Oudon, et portait de gueules à neuf besants d'or 3. 3. 3 (Bibliothèque Nationale, Dossiers bleus, n° 420}. Sa provision demandée au pape par son frère, le capitaine général, fut accordée en vertu d'une commission du Saint-Père par trois cardinaux, dont Hugues de Montrelais, le 19 mars 1378 (voir, à ce sujet : B.-A. POCQUET DU HAUT-JUSSE : Malestroit en Italie et l'autonomie du clergé breton [Mémoire de la S. H. A. B., T. VII, 1926, p. 65 et 66]). Il demanda mainlevée de son temporel le 1er mars 1379 [D. Morice., Pr. II, 237]. Les statuts de 1380 montrent qu'il régnait alors parmi le clergé, un grand désordre auquel l'évêque s'efforça de remédier. (D. MARTENE, op. cit., p. 1126 et D. Morice, Pr. II, col. 292). Transféré à l'évêché de Quimper le 3 décembre 1383, il mourut le 2 mai 1408].

Hugo de Keroulay, doctor notabilis utriusque juris [Note : Hugues de Keroulay (de vair au chef de gueules chargé d'un lion issant d'or, couronné, armé et lampassé d'azur), doyen de Saint-Malo, fut pourvu le 2 décembre 1383. Présent au parlement de 1384, il y fut chargé d'une ambassade en France par le Duc. Il mourut à la fin de cette dernière année].

Petrus Morelli, de Guingamp, qui post mortem dicti domini Hugonis fuit electus unanimi consensu capituli trecorensis, secunda die mensis Augusti et adiit curiam et fuit ea electio confirmata Avenione 21 die ejusdem mensis per dominum Clementium papam septimum pontificatus sui anno VII. Fuerunt presentes viginti sex cardinales et deinde, decima die septembris, fuit consecratus per dominum cardinalem Ambianencem alias Tusculanum in domo fratrum predicatorum, Avenione, alliis dominis cardinalibus presentibus presentibus anno domini 1385 [Note : Pierre Morell, ou plus exactement Morelli, était fils d'autre Pierre, de Guingamp. S. Ropartz lui a consacré une importante notice à laquelle nous renvoyons le lecteur. Signalons en outre, deux curieuses décharges données par cet évêque le lundi après Pâques 1395 et le 15 juin 1396, à deux patrons de barques dont l'un allait charger du vin à Saint-Martin-de-Ré, décharges mentionnant que les villes de Lantreguer et de la Roche-Derrien et les habitants d'ycelles sont bienveillants au roi de France, Monseigneur » (Bibliothèque Nationale, f. fr., 20889, fol. 60). Le roi Charles VI, par lettres du 5 octobre 1391, datées de Saint-Germain-en-Laye, avait, en effet, pris l'évêque et le chapitre sous sa protection (Ordonnance des rois, T. VII, p. 443). L'écu de ce prélat : d'argent au lion de gueules tourné à dextre, qui se voyait autrefois à son tombeau en l'église N.-D. de Guingamp, orne encore la clef de voûte de la seconde travée du choeur de la cathédrale de Tréguier. Il figure également sur les deux clefs de voûte des premières travées du déambulatoire ; mais ces deux dernières ont été, comme plusieurs autres d'ailleurs, malencontreusement reblasonnées à tort récemment (de gueules au lion d'argent torné à dextre surmonté d'une crosse en pal). L'inventaire du trésor de la cathédrale, dressé en 1636 indique que sa crosse s'y trouvait alors et en donne la description : « Une crosse d'argent, autrefoys dorée, émaillée en la crosse où il y avait quelques pierres enchâssées, dont à présent il manque et cinq qui y sont à présent, le manche garny de trois boulles et partout relevé à fleurs de lis en bosse, qui se desmonte à cinq pièces et le bas du pied cassé et démonté, et la pièce représentée, avec deux écussons d'argent au lion de gueules ; au dessus des dits écussons manque une barre d'argent »].

Yvo Hyrgoet, corisopitensis diocesis magister in medicina et physicus domini ducis, authoritate ordinaria, tempore substructionis tenuit per duos annos [Note : Yves Hyrgouët, pourvu en 1401, décéda en 1403. Plusieurs auteurs, Guy le Borgne et l'abbé Kermoalquin entre autres, indiquent que ce serait en réalité Yves de Kergoët. Suivant une généalogie ancienne, imprimée en 1715 et reproduite par la comtesse du Laz (Carhaix-Vannes, 1899, p. 19), il serait fils puîné de Jean de Kergoët et eut pour aîné haut et puissant Guillaume, chevalier de l'Hermine (d'argent à cinq fusées de gueules en fasce surmontées de quatre roses de même en chef). Aucun acte ne vient malheureusement confirmer cette identification, d'ailleurs possible].

Hugo Stoquer, ordinis fratrum predicatorum, parochiae Minihy-Trecorensis, et cancellarius Britanniae, tenuit per annum et duos menses vel circa [Note : Hugues le Stoquer, de l'ordre des dominicains, bachelier en théologie et confesseur des ducs Jean IV et Jean V, fut pourvu le 20 août 1403 à la place de Pierre évêque de Lestourre « presidente regimini » de l'évêché de Tréguier. Transféré à Vannes à la place d'Henri le Barbu le 25 août 1404, il reçut ordre du pape, par bulle du 21 mars 1405, de venir se faire sacrer le dimanche après la Pentecôte, à la Curie, à Gênes. Il fit son entrée solennelle à Vannes le 1er janvier suivant et mourut en 1408. (Voir bulle du pape Benoît XIII au peuple des villes et diocèse de Tréguier à l'occasion de sa nomination à l'évêché de Tréguier : Bibliothèque Nationale, Nouv. acq. fr. 3165, et sur son entrée à Vannes : Mémoires de la Société polymathique du Morbihan, 1874, p. 22)].

Bertrandus du Parron, de Gasconia, qui fuerat elemosynarius ducissae de Navarra, qui tenuit episcopatum Nannetensem, occupatus tempore substructionis [Note : Bertrand (alias Bernard) du Peyron, aumônier de la duchesse de Navarre, portait pour armes une colonne contonné de quatre roses. Elu en 1392 à l'archidiaconé de la Mée, il reçut en outre, quelques années plus tard, un canonicat prébendé de Nantes et un de Saint-Aubin de Guérande ; enfin, sur la recommandation de la duchesse, il fut élu évêque de Nantes et prêta serment au duc Jean IV sans avoir été sacré. Le pape, ne pouvant admettre ce procédé, l'invita à renoncer au siège de Nantes et à accepter Vannes, ce qui fut conclu, et Henri le Barbu, évêque de Vannes fut transféré à Nantes. Mais la duchesse et les évêques bretons, qui venaient de se soustraire à l'obédience de Benoît XIII, n'admirent pas à leur tour, cette mutation ; et Bernard, confirmé par l'archevêque de Tours, resta à Nantes jusqu'à ce que la restitution d'obédience du 19 juillet 1403 vint tout remettre en question. L'évêque, peu soutenu par Jean V, dut accepter son transfert à Tréguier dont l'évêque Hugues Le Stoquer, frère prêcheur et conseiller du duc, fut transféré à Vannes comme il vient d'être dit (B.-A. POCQUET, loc. cit., T. II, p. 442 et suivantes). Mécontent, Bertrand du Peyron en appela au parlement de Paris qui critiqua vivement sa nomination à un évêché dont il ne parlait ni n'entendait la langue et lui adjugea définitivement celui de Nantes par arrêt du 21 mai 1407, ce que le pape ne voulut accepter. Finalement, l'évêque permuta le 17 septembre 1408 avec Chrestien de Hauterive, évêque de Tarbes].

Christianus de Alta Ripa, magister in theologia, ordinis fratrum ermitarum sancti Augustini, oriundus Tournacensis diocesis, qui ab eremo Tarbiensi fuit ad istum notabiliter translatus [Note : Chrestien de Hauterive reçut les lettres de mainlevée de son temporel le 6 octobre 1408 et, par actes des 1er décembre 1408 et 26 novembre 1412, le duc confirma les exemptions précédemment accordées à l'évêque et au chapitre (Archives C.-du-N., G. 118). Par acte du 28 octobre 1416, l'évêque légua aux écoliers du collège de Tréguier, à Paris, pour l'augmentation de leur bourse, une maison sise à Paris, rue des Petits-Champs, près de l'église Saint-Honoré, à charge de faire dire tous les vendredis une messe pour le salut de son âme en la chapelle Saint-Yves, messe dite par un écolier, et à la condition que sa sœur Jacqueline en ait l'usufruit. Cette maison fut aliénée en 1458 moyennant une rente de 10 livres parisis ; quant à la messe hebdomadaire, elle fut remplacée le 27 avril 1767 par six messes annuelles (Inventaire des titres du collège de Tréguier, Archives nationales, M. M. 481). Le nom de l'évêque était mentionné dans le nécrologe du collège, pièce curieuse qui mérite d'être citée (Archives nationales M. 193) : « On recommande aux boursiers, comme une partie importante de leur devoir, d'offrir tous les jours leurs prières à Dieu pour les fondateurs et bienfaiteurs, qui, par leurs pieuses libéralités, leur ont procuré le bien inestimable d'une éducation honnête et chrétienne. Leur reconnaissance ne doit pas se borner au temps de leurs études ; elle doit s'étendre aussi loin que les avantages de leur bonne éducation, c'est-à-dire à toute leur vie ». Les noms de ces fondateurs et bienfaiteurs, contenus dans le nécrologe, sont les suivants :

1. Guillaume de Koetmohan, prêtre, chantre de l'église de Tréguier et fondateur du collège ;

2. Chrétien d'Hauterive, évêque de Tréguier ;

3. Les fondateurs du collège de Kerambert ;

4. Olivier Donyou, docteur ès-droit canon, fondateur de six bourses ;

5. Philippe Rivallon.

Par acte du 4 juin 1417, l'évêque donnait 450 livres de rentes pour la fondation d'une quatrième vicairie sans cure, « pour le soulagement des trois vicaires curés de la cathédrale en la célébration de la grand'messe et des anniversaires, avec deux offices de diacre et sous-diacre pour assister le vicaire en la semaine qu'il desservira ». La présentation était réservée à Chrestien de Hauterive sa vie durant et, après sa mort, au chantre et au chapitre (Archives C.-du-N., G. 118). Il mourut peu après. A sa mort, les chanoines élurent Salomon Periou, secrétaire et argentier du duc. Le pape ne voulut le confirmer, mais lui accorda une pension de 500 florins. Plus tard, Salomon fut curial et mourut au château de Zagarolo, au diocèse de Palestrina, vers le 28 août 1424 (B.-A. POCQUET : loc. cit., T. II, p. 496)].

Matheus Roderc de Lannion, magister in theologia [Note : Mathieu Rœderc (Roederc) fut pourvu le 15 décembre 1417. La Gallia christiana (T. XIV, col. 1129) indique qu'il ne put s'occuper de son église, ayant été souvent choisi comme ambassadeur par la duchesse Jeanne et qu'il passa son court épiscopat en dehors de son diocèse. La chartre de confirmation des privilèges de Tréguier, accordée le IIIème jour d'octobre 1421 par le duc, « consideranz auxy l'ennuy, prison et detencion de corps que le dit reverend père a eu et souffert par la capcion que le dit de Bloys et ses complices firent à sa personne la où il alait en ambascade pour notre delivrance », éclaire le motif de l'absence de l'évêque et montre en même temps combien il ne perdait de vue, comme d'ailleurs tous ses prédécesseurs et successeurs, les franchises de Tréguier et du Minihy de Saint-Tugdual (Voir Bibliothèque de l'Ecole des chartres, op. cit., 1846 ; et actes de Jean V, édition Blanchard, n° 1445). Différents auteurs, dont le père Gams, indiquent qu'il appartenait à la maison du Cosquaer. Guy le Borgne, dans son armorial indique également : « Cosquer, sr. de Barach en Louannec : d'or à un sanglier de sable. Cette première maison a donné un évêque de ce diocèse et a retenu les armes que vous trouverez sur Barach ». D'autres le font sortir de la maison de Kermarec en Buhulien. Aucun acte n'autorise cependant ces diverses identifications. Comme les chartres ducales, les archives du chapitre n'indiquent que les deux graphies Rœderc et Roder, et mentionnent qu'une soeur de l'évêque fut inhumée en la chapelle Saint-Nicolas de la cathédrale, ce qui vient confirmer, en passant, que les chapelles donnant sur le déambulatoire étaient terminées à cette époque. C'est sous l'épiscopat de Mathieu Rœderc que le duc accomplit en l'honneur de saint Yves les diverses promesses faites pendant sa détention. Par acte du 7 août 1420, il fit entre autres la fondation d'une messe quotidienne à célébrer devant le tombeau de saint Yves, dite plus tard messe du duc, et de douze anniversaires solennels à chaque premier du mois non empêché, fondation dotée de 500 livres de rentes en faveur du chapitre, à prendre sur les port et hâvre de la Roche-Derrien (Voir le texte dans ONFROY-KERMOALQUIN, op. cit. ; et dans Abbé ALLAIN : Le chapitre de Tréguier, Revue de Bretagne et Vendée, juin 1901]. Mathieu Rœderc, mentionné encore à la fin de l'année 1421, était décédé au début de 1422].

Note : Le catalogue omet ici l'évêque Jean de Bruc, né en 1386, fils de Pierre et d'Isabeau de la Bouttevillaye. Bachelier en droit, maître des requêtes, conseiller du duc, archidiacre de Nantes dès 1410, il fut le premier vice-chancelier de Bretagne (Actes de Jean V, p. LXXXV et suivantes). Pourvu de l'évêché de Tréguier le 25 avril 1422, ses statuts synodaux de 1423 et 1426 nous ont été transmis (D. MARTENE, loc. cit., p. 1129 et 1131 et D. Morice, Pr. II, 1140-1191). Ils prohibaient entre autres les marchés et ventes publiques les dimanches et fêtes de Notre-Seigneur, de la Vierge et de la Toussaint. En 1429, Jean de Bruc exposait au pape que, depuis longtemps, les évêques de Tréguier ignoraient le breton, et même étaient souvent étrangers au duché ou moines mendiants ; que, pour ces raisons, ils ne se souciaient pas de résider et qu'il en était résulté que, depuis quarante ans, l'archidiacre de Plougastel, Jean de Nandillac, gouvernait l'évêché en maître omnipotent. Le bel enfeu de cet archidiacre se voit encore dans la nef de la cathédrale, décoré de ses armes, que l'on trouve également dans la chapelle Saint-Joseph, dans le cloître, et dans l'église du Minihy. Jean de Bruc, transféré à Dol en 1430, prit possession de ce siège par procureur le 15 mai 1431 et y décéda en 1447 (Voir Pouillé de l'Evêché de Rennes, T. I, p. 414). Il portait les armes de sa mère : d'argent au sautoir de sable chargé de 5 (alias 11 et 12) besants d'or, armes que l'on voyait autrefois sur son enfeu en la cathédrale de Dol. Ce tombeau, à deux pieds de celui de Thomas James, était recouvert d'une plaque de cuivre gravée, le représentant en habits épiscopaux avec mitre et crosse, et aux quatre coins quatre écussons en bannière aux armes de la Bouttevillaye, ainsi qu'un autre sur sa poitrine. A l'entour était gravée l'épitaphe suivante : « Hic jacet pie recordationis et ecclesie defensor dominus Johannes de Bruc, venetensis diocesis parochioe de Glenac oriundus, olim de Trec (effacé) millesimo quadrin gentesimo septimo, cujus anima in pace requiescat. Amen » (Bibliothèque Nationale, f. lat. 17.092, p. 140 et 141, et f. fr. 22.329, p. 36). C'est donc à tort que les annotateurs de Dubuisson Aubenay ont rectifié la description de ce tombeau donnée par l'auteur (DUBUISSON AUBENAY : Itinéraire de Bretagne en 1636. Société des bibliophiles bretons, T. IX, p. 29). C'est sous l'épiscopat de Jean de Bruc que furent faits, à Tréguier les travaux d'adduction d'eau. Suivant une note de Guy Le Borgne, Alain Dollo permit aux citoyens de Lantreguer, l'an 1422, d'asseoir les tuyaux de leur pompe par les terres de son manoir de Travantez.

Petrus Piédru, deinde translatus Macloviensis [Note :  Pierre Piedru, fils de Guillaume, bourgeois de Nantes, et de Jeanne Mauléon, licencié en droit, chantre et chanoine de Nantes, fut nommé, en 1416, conseiller et maître des requêtes, trésorier et garde des lettres de Monseigneur le Duc à la place d'Hervé le Grand. Le 22 mai 1423, en vertu des pouvoirs conférés par le pape, il absout le frère de Jean V, Richard de Bretagne et sa femme qui s'étaient mariés sans dispense. Pourvu de l'évêché de Tréguier le 25 septembre 1430, il résigna ses fonctions de garde des lettres entre les mains de Messire Jean Prigent, official de Vannes et plus tard évêque de Saint-Brieuc (Actes de Jean V, loc. cit., introduction XC-XCI). Des statuts édictés en son absence par ses vicaires généraux (D. MARTENE : loc.. cit., p. 1133, et D. Morice, Pr. II, col. 1243], le huitième s'étend sur les inconvénients qu'il y a pour un pasteur à ne pas connaître les moeurs et la langue de ses ouailles. Or, précisément, Pierre Piedru ne comprenait ni ne parlait le breton et ne semble pas, pour ce motif, avoir été très apprécié à Tréguier ; aussi, le pape désirait-il vivement son transfert dans un évêché gallo. Le siège de Saint-Malo étant devenu vacant par le décès d'Amaury de la Motte le 5 août 1434, le Souverain Pontife, qui se l'était réservé, y transféra l'évêque de Tréguier par bulle du 25 août et nomma à sa place, par bulle du 6 septembre, Raoul Rolland, archidiacre du Desert, pensant ainsi satisfaire le duc, qui avait autrefois recommandé ce dignitaire. Mais, c'était compter sans le chapitre de Saint-Malo qui avait élu, à la place d'Amaury, Guillaume Boutier, abbé de Beaulieu, conseiller et aumônier du duc, et sans le duc, qui considérait l'évêque Piedru comme incapable d'avoir à Saint-Malo l'heureuse influence qu'il attendait de Guillaume. Aussi, le concile de Bâle étant réuni et venant précisément de rétablir le droit d'élection pour le chapitre et de n'admettre la réserve pontificale que pour les cas indiqués dans le Corpus juris, le duc écrivit, dès le 7 octobre, aux Pères qui y siégeaient pour demander confirmation de l'élection de son aumônier et l'annulation du transfert de l'évêque de Tréguier. Le 16 octobre, nouvelle lettre indiquant notamment « que Saint-Malo est le rempart de tout le duché, dans un golfe important tourné vers l'Angleterre et la Normandie ; qu'il y faut un évêque agréable au clergé et au peuple, car des prélats remarquables n'ont pu souvent défendre qu'avec peine la cité malouine contre les agitations populaires, ce qui ne serait pas le cas de Pierre Piedru, détesté des nobles du duché, des chanoines de sa cathédrale et des citoyens de la ville ». La lecture publique de cette lettre ne dut flatter que très médiocrement l'amour propre de l'évêque, qui, désigné cependant par le duc, siégeait précisément au concile depuis mars 1434 ; mais, ayant de nombreux partisans à Bâle, ceux-ci n'hésitèrent pas à fabriquer de fausses lettres du duc et à les adresser au doyen du chapitre de Saint-Malo pour qu'il reçut le nouvel élu. Le duc, au courant, écrivit une troisième lettre le 30 décembre, indiquant qu'il est exaspéré de ces translations d'évêques qui, après un mariage conclu, ne sont pas contents de la modicité de leurs revenus et aspirent immédiatement à un autre siège, « comme le rossignol saute de branche en branche », translations ruineuses, d'autre part, pour les finances du duché, duquel il est ainsi sorti récemment plus de 60.000 écus d'or. Le 26 janvier, n'obtenant toujours pas de décision, il écrivit une lettre au pape, dont copie aux pères du Concile, indiquant que Raoul Rolland a été « de tout temps serviteur, conseiller et allié de ceux de Blois, ses anciens ennemis, qui autrefois le prindrent par trahison ». Aussi suppliait-il Sa Sainteté de ne pas pourvoir cet évêque du siège de Tréguier « en considérant la division et inconvénient qui, par le moyen du dit Rolland, pourraient venir en son pays, à grans péril et dangier de lui et de ses subjez ». Il recommandait encore son aumônier Guillaume, abbé de Beaulieu, « car pour nuls riens ne pourrait souffrir ne endurer qu'en son pays ycelui Rolland ait bénéfice d'évêché ». Malgré l'intervention du roi Charles VII en faveur de Guillaume Boutier, qui était neveu de Bertrand Duguesclin, le pape maintint ses nominations et Jean V se soumit en juin. L'abbé de Beaulieu renonça de son côté à l'évêché de Saint-Malo, sur lequel il reçut en compensation une pension de 600 écus d'or ; et Pierre Piedru prit possession de ce dernier siège qu'il occupa jusqu'à sa mort survenue le 24 novembre 1449 (Voir Abbé VAUCELLE : La Bretagne et le concile de Bâle. Rome Cuggiani, 1906, et Actes de Jean V, loc. cit., n° 2180). Suivant le père Le Large, Pierre Piedru portait pour armoiries : parti d'or et de sable au lion coupé de l'un et de l'autre (Bibliothèque Sainte-Geneviève, mss. 689, et Guillotin de Corson : Pouillé de Rennes, T. I, p. 593). C'est cet évêque qui avait fait construire le palais épiscopal détruit en 1594].

Radulphus Rolland, oriundus parrochiae de Plounez, diocesis briocensis, magister in artibus parisiensis, utriusque juris doctor et sacri palatii causarum auditor, qui fuit existens in curia romana, promotus per dominum Eugenum papam quartum, anno domini 1434, die sexta mensis septembres, qui obiit in domo episcopali Trecorensi, die veneris sancta, anno domini 1441 [Note : Raoul Rolland, dont la nomination rencontrait tant d'hostilité de la part de Jean V, était fils d'autre Raoul, sr. de Kerheloury, en Plounez (d'argent à 3 aiglons d'azur membrés et becqués d'or), et d'Anne Briand (de gueules à trois roues dentées d'argent). Le duc ne lui tint du reste pas rancune et, par lettres du 25 mars 1439, après la mort d'Alain du Parc, il donna à l'évêque et au chapitre de Tréguier, pour la fondation de la messe du duc, la jouissance des terres de Plouguiel et Plougrescant (Actes de Jean V, n° 2411 et 2413, et Archives Nationales, S. 3235], puis, dans divers actes, l'appelle son cher et bien-aimé conseiller. Dans ses importants statuts (D. MARTENE : op. cit., p. 1137-1149, et D. Morice, Pr. II, col. 1273 et suivantes), Raoul confirme ceux de ses prédécesseurs et insiste notamment sur la tenue des prêtres, sur leur présence personnelle dans le lieu où s'exerce leur ministère, sur les peines à appliquer aux perturbateurs des libertés et franchises du Minihy de Saint-Tugdual, et sur la publication au prône du nom des excommuniés. Il ordonne aux caquins de se tenir au bas des églises, de ne pas se mêler aux autres, de ne pas toucher les vases sacrés et de ne se présenter qu'après les autres fidèles au baiser de paix. Au sujet de cette dernière cérémonie, dont les questions de préséance donnaient lieu à scandales, l'évêque précise que l'on doit respecter les usages immémoriaux et que les délinquants seront frappés d'une amende de 30 livres au profit de l'oeuvre de la cathédrale de Tréguier, ce qui montre que certains travaux se poursuivaient encore en 1438. En 1440, les amendes infligées aux chapelains, qui ne se conforment pas aux statuts, sont applicables, au contraire, par moitié à la chapelle Saint-Yves de Kermartin et à l'hôpital de Sainte-Marie-Madeleine à Tréguier. Enfin, l'évêque rappelle les fêtes secondaires qui doivent être célébrées, fêtes au nombre de soixante-six, pendant lesquelles les juridictions, tant ecclésiastiques que civiles, ne peuvent siéger. Il prescrit spécialement de célébrer la fête de Saint-Gonery à Plougrescant, Plouguiel et Tréguier le 18 juillet. Outre ses statuts, Raoul Rolland rédigea un important recueil des droits et recettes de l'évêché de Tréguier, manuscrit conservé aujourd'hui aux Archives des Côtes-du-Nord (aujourd'hui Côtes-d'Armor) et connu sous le nom de Raoulin (Archives C.-du-N., G. 119. — Des extraits ont été publiés par A. DE BARTHELEMY : Revue de Bretagne et Vendée, 1873, p. 337 et suivantes). Décédé le jour du Vendredi-Saint en 1441, il fut inhumé, sans doute, dans la chapelle Saint-Martin de sa cathédrale, comme nous l'avons vu par Chardin ; mais ayant été, comme plusieurs autres d'ailleurs, reblasonné de façon fantaisiste et complètement erronée (d'azur à 3 aiglons d'or), cet auteur ne l'avait identifié (P. Chardin : op. cit. p. 75)].

Johannes de Ploeuc, legum doctor, corisopitensis diocesis, du Tymeur, parochiae de Ploelavyen, qui fuit electus unanimi consensu per capitulum trecorense quarta die mensis maii anno domini millesimo quadringentesimo quadragesimo secundo quibus die et anno fuit etiam per dominum nostrum Eugenium papam quartum electus, confirmatus seu pronuntiatus in episcopum trecorensem Florentiae et die mercurii sexta mensis junii obit in manerio de Coetezlan ubi pro mutatione aeris propter infirmitates quibus detinebatur declinaverat cujus corpus, die jovis sequenti, fuit delatum ad ecclesiam Trecorensem et fuit sepultum in introïtu chori a parte superiori ejusdem ecclesiae ante pulpitum anno domini 1453 

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Fig 4 - Manoir de Coetezlan (Coadelan)

[Note : L'évêque Jean de Plœuc (ou Ploeuc), sur lequel ce catalogue donne tant de précieux détails, était le second fils de Jean, sr. du Tymeur, en Poullaouen, et de Jeanne du Chastellier, fille elle-même de Jean et de Blanche de Rochefort. Ses armes : chevronné d'hermines et de gueules de six pièces, se voient encore au tympan de la fenêtre de la sacristie actuelle et en bosse dans le cloître avec les armes de ses successeurs, Jan de Coetquis et Christophe du Chastel, armoiries malheureusement très martelées, mais reconnaissables cependant (Voir croquis dans CHARDIN : loc. cit., p. 74). En dehors des faits signalés, rappelons que, le 17 août 1447, par mandat du pape Eugène IV, il érigea l'église paroissiale de Tonquédec en collégiale. Dans ses statuts de 1450, les seuls qui nous soient parvenus (D. MARTENE, p. 1152, et D. Morice, Pr. II, 1522), l'évêque, voyant que les fêtes chômées du diocèse étaient une charge trop grande pour le peuple, permit pour vingt-deux d'entre elles de vacquer aux affaires, après la messe, comme à l'ordinaire. Il maintint cependant la fête de Saint-Georges dans les paroisses de Plougasnou et de Pleubian, celle de Saint-Gonéry à Plougrescant, la fête de Saint-Maudet à Hangoat, celle de Saint-Eutrope à Plougonven, enfin celle de Saint-Briac à Bourbriac. Ces statuts réglaient également les formalités pour changement de domicile].

Hic episcopus fundavit psalletam sex puerorum cum magistro ; et ut hujus ecclesiae quae penitus caruebat per antea procurat sibi decimas seu magnam partem decimarum de Pledernec cum certis decimis de Penguenan assignari et uniri in perpetuum quam inchoando priusque hujus modi unio sortiretur effectum, tenuit et sustentavit circiter per decem an nos expensis propriis ita plenarie sicuti a viginti annos et penitus fundada continuata existis ; fecitque pariter impetrari ad securiorem et laudabiliorem cultus divini continuationem cum augmento duodecim vicariatus ejusdem ecclesiae cum sacristu, et ecclesiam parochialem de Tredarzec sibi unitam et in perpetuum annexam reservata sibi eorum institutione et tunc ad presentationem dominorum cantoris et capituli ejusdem ecclesiae cum omnimodo dispositione, provisione et regione prefatorum magistri et sex puerorum psallettae in posterum plenarie pertinere ut constat in provisionibus apostolicis salubriter super hujus expeditionem, in quorum commemorationem salutarem fuit continue ad ipsius pretectum sepulchrum per pueros ipsius psalettae quotidiana recommandatio fidelium deffunctorum cum de profundis et collectis mortuorum. Unde etiam consueverunt ipsi pueri ad benedictionem ipsorum mense sibi assumpti regratiationem ipsius quondam episcopi primi sui fundatoris in domino salubriter memorari [Note : La psallette de Tréguier a fait l'objet d'une étude de Lamarre présentée en 1863 à la Société d'Emulation, qui, malheureusement, n'en a publié qu'un compte rendu sommaire. La psallette, instituée par acte du vendredi 5 mai 1444, fut dotée des fruits d'un canonicat, de l'émolument de la chape de la fondation ducale, enfin de cinquante livres de rentes dues à la chapellenie Saint-Nicolas, fondée autrefois par Catherine de Troguindy, dame de la Rochejagu, et annexée à la psallette par consentement des héritiers d'Alain du Parc en date du 18 janvier 1443. Les titres de cette chapellenie font connaître que cette fondation était assise sur des dixmes en Penvénan, Plouguiel et Plougrescant. Le pape Nicolas V confirma la fondation, par bulle du 27 juin 1449 ; et, quelques années plus tard, par acte du 6 février 1453, le duc Pierre déchargea les havres et port de La Roche-Derrien des 500 livres de rente dues au chapitre pour la fondation de son père et donna en échange ses droits sur les paroisses de Plouguiel et Plougrescant, qui relevèrent ainsi totalement du chapitre. Par autre bulle du 30 avril 1451, le même pape avait conféré à Pierre de la Chapelle la paroisse de Pommerit-Jaudy, valant cent livres tournoi, suspendant ainsi, indiquait-il, l'union, à la psallette nouvellement instituée, de l'une des quatre paroisses dont les revenus lui étaient attribués. Les trois autres étaient : Pédernec, Louargat et Pommerit-le-Vicomte (Registres du Vatican, 471, fol. 220, v°, et Registres de Latran, 482, fol. 53, v°). Enfin, par bulle du XII des calendes de février 1456, le pape Calixte III confirma aux seigneurs, chantre et chanoines du chapitre, le droit de nommer, instituer, déposer et révoquer les sacriste, recteurs, vicaires, maître et enfants de la psallette fondée durant le siège épiscopal de feu de bonne mémoire Jean de Ploeuc, évêque de Tréguier, sans attendre le consentement ni l'appel du seigneur évêque. Comme le mentionne le catalogue, le sacriste était en même temps recteur de Trédarzec et devait donc, en principe, résider en cette dernière paroisse. Il fut reconnu que, « pour la conservation du trésor, ministration du trésor et autres fonctions », il était nécessaire qu'il demeura à la cathédrale ; aussi, par acte du 24 septembre 1474, le grand vicaire de l'évêque Christophe du Chatel l'exempta-t-il de résider à Trédarzec à condition de constituer à sa place, en cette dernière paroisse, un prêtre capable de célébrer la messe, d'administrer les sacrements et de remplir les autres fonctions curiales (Archives C.-d -N., G. 118)].

Iste laudabiliter deffendit et conduxit juridictionem eccelsiasticam sanamque et integram et plenam successoribus commisit. Eam etiam contra majores et potentiores deliquentes direxit ipsam, clerum et miserabiles personas inter ceteras oves suas defendens summopereque dilexit et civitatem istam.

Item, inter alia gesta ipsius recommandabilia, ordinavit primo incipi et edificari fecit claustrum istius ecclesiae et fecit ad perfectum conduci vita commite ac revestiarum et librariam desuper pariter radicines fieri fecit et perfecit ; fecit que scribi illam magnam lecturam Bellevacen. Avenione et deferi sumptuosa cujus major pars est in eadem libraria [Note : Voir à ce sujet : DE LA BORDERIE : La Bibliothèque du Chapitre de Tréguier au XVème siècle (Archives du bibliophile breton : Rennes, 1907, T. IV, p. 33 et suivantes). Le catalogue original, conservé aux Archives des Côtes-du Nord (aujourd'hui Côtes-d'Armor), mentionne bien entre autres : Speculum naturale domini Vincencii Belvacen. in XVIII libris].

Item fecit mundare et totaliter devote et ornate honestari totam presentem ecclesiam per antea multum ab intus minus honestam et deformens, fecitque fieri ejus pavementum quo ex toto caruebat, magnum altare cum tabula et reliquo ipsius ornamenti apparatu. Fecit etiam ecclesiam depingere desuper angelis, patriarchis et prophetis. Item fecit reparare magna organa et parva de novo fieri.

Item magnum vitrum australe ipsius ecclesiae fieri fecit et de propriis solidis ita similiter magnum vitrum de Sancti Yvonis de villa Martini.

Item donavit fabricae istius ecclesiae pannum sericum purpureum magni pretii auro contextum et figuratum quem Avenione detulit pro capella sua integra isti ecclesiae data et tapeta paramenti chori, etc. [Note : Voir inventaire de la sacristie de l'église cathédrale de Tréguier en 1626 : « Une lampe d'argent à trois petits couneaux armoiés au bas des armes du Sr. évêque de Plouec, à trois chevrons rompus semés d'ermines » et « une chappe de drap d'or à fond de velours rouge cramoisy, avec une chasuble, deux tunicques, une estolle et un fanon de mesme parure, armoyé des armoiries du seigneur évêque de Ploec » (Mémoires de la Société archéologique des C.-d.-N., T. II, 28 série, p. 17)].

Fecit etiam multum aperte planare plateam villae unde fecit ad ipsius magnum decorem removere inestimabilem quantitatem terrae et ejusdem pavementum quod nunquam habuerat fieri et signanter inter ecclesiam Polydonius et portem episcopalem. Item magnam cochleam cum habitationibus seu estagiis sibi inherentibus et magna stabula seu magnam grangiam et magnum puteum episcopales.

Procuravit cum hoc continuare et perficere capellam domini ducis parumper antea aliquantulum incœptam ac ad eam cum magnis difficultatum quaestionibus fecit defferi et in eadem solemniter inhumari corpus quondam domini Johannis ducis Britanniae anno domini 1452 qui decesserat anno domini 1442 et fuit ibidem extunc sepultum seu veracius depositum in ecclesia sancti Petri corpus ejus quia hic eligerat sepeliri quod cum magna fieri potuit difficultate.

Iste quondam J. de Plœuc, tempore famis et caritatis et denudationis bladorum fecit dari totum frumentum sui horrei per modum mutui coloniis et pauperibus.

Nulla unquam sequita solutione mundana unde opportuit ipsum accomodare a fratris suis de capitulo et suis officiariis provisionem residui anni domus suae.

Item ultra et praetermissas et elemosinas per ipsum coutume fieri ordinatas fecit quandoque in septimana sancta ad clamorem pauperum pietate motus dari sigillum suum custodi portae suae ad sigillandum gratias pro deo omnes litteras absolutionum.

Item jeunabat per majorem partem temporis, annis ultimis suae vitae ab usu carnis penitus abstinendo praeterquam in infirmitate sua ultima de consilio confessorum et medicorum parvo tempore.

Et ista de multis gestis suis laudabilibus hic signantur initio recolenda ad laudem Dei et salutem animarum et in caudam suis successoribus in exemplum salutare.

Obiit die septima messis aprilis post Pascha anno domini 1453, praesentibus inter ceteros, magistricis Prigentio Barbuti thesaurenci, Joanne Johannin, Aufredo de Coatqueveran canonicis ejusdem ecclesiae, ipsius quondam domini Johannis episcopi contemporaneis et toto cursu suo temporali concomitantibus dum agebat in humanis et testibus ad ipsa cum populo.

Denuus per decessum dicti de Plouec, sexto calend. Augusti ejusdem anni 1453, fuit per Nicolaum papam quintum provisus huic ecclesiae Trecorensi in episcopum domino reverendissimo magistro Joanne Coatquis, ejusdem diocesis, tunc episcopo Rhedonensi et ad istam ecclesiam translato ; et, die martis 26° mensis martii obtinuit possessum hujus ecclesiae vigore provisionis apostolicae per procurationem ; die Jovis undecima aprilis post judica me celebrant, ejus Joannis adventum ut moris est.

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Fig. 5 - Sceau de Jean de Coetquis, 1451 

[Note : Jean de Coetquis était frère d'Olivier, sr de Kernéguès, époux d'Amice de Plusquellec et de Philippe, abbé de Bégard, puis évêque de Léon, archevêque de Tours, enfin cardinal d'Avignon, décédé en 1441. Ses armes : d'argent au sautoir de gueules cantonné de trois roses de même et d'un annelet en chef, se voient, comme nous l'avons dit, dans le cloître (fig. 5). A la mort de Robert de la Rivière, évêque de Rennes, Nicolas V, qui s'était réservé cet évêché, y transféra, par bulle du 24 avril 1450, l'évêque de Saint-Malo, Jacques d'Epinay, que le duc avait désiré y nommer à la mort de Guillaume Brillet. Mais, d'une part, Pierre II venait de succéder à son frère François et n'avait pas la même sympathie pour Jacques d'Epinay qu'il accusait d'avoir participé au meurtre de Gilles de Bretagne ; et, d'autre part, le chapitre de Rennes venait d'élire, malgré la réserve pontificale, Jean de Coetquis, alors chanoine et archidiacre du Désert. Le duc envoya donc à Rome Jean Ynisan et Olivier Pontsal pour informer le pape de sa décision de ne pas accepter la mutation de Jacques d'Epinay ; mais le Souverain Pontife refusa de revenir sur cette nomination par lettres des 17 septembre et 6 octobre 1450, tout en protestant pour l'avenir de dispositions conciliantes pour le duc. Sur ces entrefaites, Jean de Coetquis avait pris possession du siège épiscopal de Rennes, sans que Jacques d'Epinay fit valoir ses droits, et remis à Pierre II les insignes de la dignité ducale. Le pape fulmina aussitôt contre lui les sentences d'excommunication, de suspense et d'interdit par bulles affichées sur les portes de la cathédrale et lues dans le choeur ; puis il envoya au duc un ambassadeur pour disculper Jacques d'Epinay. Pierre II n'accepta pas les raisons du légat et s'obstina à maintenir Jean de Coetquis. Cette situation durant encore à la mort de Jean de Ploeuc, le pape et le duc se mirent d'accord pour confirmer la translation de Jacques d'Epinay à Rennes et nommer à Tréguier Jean de Coetquis, en lui assignant en outre une pension de mille écus à payer moitié par l'évêque de Rennes et moitié par celui de Saint-Malo. Il était entendu, d'autre part, que le pape adresserait à Jean de Coetquis une bulle de réhabilitation, une de confirmation pour tous ses actes comme évêque de Rennes, enfin une troisième de nomination à l'évêché de Tréguier, ne faisant pas mention de son élection invalidée à Rennes, bulles qui furent expédiées le 27 juillet. Le 26 septembre, à Châteaubriant, Jean de Coetquis conclut accord à ce sujet, en présence du duc, avec Jean, Guy et Richard d'Epinay, procureur de Jacques, qui s'engagèrent entre autres en son nom, pour s'acquitter de la part de pension qui incombait à l'évêque de Rennes, à nommer Philippe Helcuff, neveu de Jean, à l'archidiaconé de Rennes ou à une paroisse valant cent écus d'or. Malgré ces engagements, Jean de Coetquis refusa de quitter Rennes ; aussi le pape, par bulles du 28 novembre, chargea l'évêque de Saint-Brieuc, l'abbé de la Chaume et le trésorier de Dol de publier à nouveau les peines ecclésiastiques contre lui et de le priver de ses droits sur l'évêché de Tréguier. Enfin, en janvier suivant, tout s'arrangea : Jacques d'Epinay prêta serment au duc comme évêque de Rennes le 14 février et Jean de Coetquis prit possession du siège de Tréguier par procureur le 26 mars. Lui-même fit son entrée solennelle le jeudi 11 avril, et l'on voit par le catalogue que le serment de respecter les libertés de Tréguier, qu'il dut prononcer avant que les portes de sa cathédrale ne s'ouvrent devant lui, ne fut pas juré en vain (Voir abbé E.-R. VAUCELLE : Catalogue des lettres de Nicolas V concernant la province ecclésiastique de Tours. Paris, 1908. Introduction, p. XXVI et suivantes, et actes n° 1321, 1348, 1352, 1356). Jean de Coetquis, comme ses prédécesseurs, édicta d'importants statuts (D. MARTENE : op. cit., 1154 et suivantes, et D. Morice, Pr. II, col. 1524 et suivantes). Scandalisé de ce que dans les églises et chapelles de son diocèse l'on vendait ou échangeait les enfeux comme l'on eût fait de choses profanes, d'où nombreux scandales, violations de sépultures, etc., il interdit d'innover enfeu ou siège sans la consultation du recteur ou chapelain et sans l'accord du procureur et de la majorité des paroissiens. « Egalement, écrit-il, parce que des nobles ou marchands de notre diocèse font vitrer les verrières des églises et chapelles, quelquefois par dévotion, quelquefois aussi par ambition et orgueil, ils prétendent, par l'apposition de leurs armes, s'approprier des droits de sépulture et autres, alors que ces emblèmes ne confèrent aucun droit de propriété ». L'évêque fulmine également contre les nobles et surtout contre les femmes qui, par orgueil, se placent dans le choeur parmi les prêtres ; aussi leur interdit-il de stationner ou de s'asseoir à moins de quatre pieds du choeur. Il diminua comme son prédécesseur, « Jean de bonne mémoire », le nombre des jours de chômage. Enfin, en 1462, il proscrivit les fileries nocturnes à cause des scandales entre hommes et femmes qui les suivaient].

Tempore istius Joannis, convenerunt commissarii Petri ducis Britanniae et majores patriae una cum ipso domino Joanne quondam episcopo apud Guingampum super certis rempublicam concernantibus tractaturi, qui inter cetera proponentes billotum vini in posterum debere curare et exigi per civitatem ac Minyhum seu asylum Trecorensis, petentes a dicto episcopo suum ad hoc prebere consensum saltem ad certum tempus sine prejudicio cum protestationibus ad reedificationem murorum pre fatae villae de Guingampo applicandum, quibus penitua renitit assentare. 

Postremo infra brevi temporis spacium, venerunt ad istam civitatem certi alii, super eodem negotio, commissarii ducis cum armata comitiva, petentes tamen prius ab ipso episcopo consensum exequendi, suam commissionem ducalem super exactione et collatione hujusmodi billotti impositi per minihum suum qui pro consensu et licentia per eos petita prohibuit eisdem sub paena censurarum et ut ne hoc facerent quoquomodo qui statim commoti recedentes ab ipso incoeparunt praefatam commissionem exequitioni demandare in domibus circa plateam villae.

Quo a prefato episcopo cognito, fecit convocari suum capitulum et clerum civitatis, et indutis canonicis vicariis et capellanis habitibus chori ecclesiasticis ; et, ipse, armatura pontificali munitus, cappa, mitra et bacillo pastoralibus, crucifixi, vexillo precedente, intrepidus processus ad campum et plateam civitatis et coram domibus ubi etiam predicti commissarii cum certis sagittariis ducis et aliis armatis suam commissionem exequentes idem perversum denarium valiter et de facto a quibus exigendo, et jam magnus rumor et tremor erat commotus et vehemens contentio inter ipsos commissarios et cives peregrinos et plebanos qui venerant ad indulgentias beati Yvonis et nundinas ipso die festo ipsius sancti in mense octobrii faciente stationem [Note : Fête anniversaire de la translation des reliques de saint Yves le 29 octobre].

Ipse episcopus, cum processione sua, coram domibus et de prope quibus erant ipsi executores incoepit audacter sententias suas fulminare contra ipsos. Qui quidem commissarii et sua comitiva hoc videntes beato Yvone ut pie reditur interveniente obstupuerunt et penitus mansuescerunt omnes absque ulteriori executione recedentes in nomine domini. Unde aliqui de concilio domini ducis incitaverunt et acute commoverunt duci contra ipsum episcopum et totam civitatem crimen rebellionis et lese majestatis imponentes dicendo ipsum episcopum campanae convocationis ad rebellionem contra principem suum longo tractu fecisse pulsari et ut qui tamen semper confisus in domino, intervenientibus patronis ecclesiae, beatis Tugdualo et Yvone, accessus ad dominum ducem, vix diebus multis repulsis, aliquibus tamen benevolis suis de consilariis domini ducis de pacificatione ipsius tractantibus finis ad justificationem admissus et auditus ; et dux, de privilegiis ad plenum informatus mansuescit et remisit eum cum pace ac suorum privilegium integritate quod miraculose creditu idem episcopus impetrasse quia multis suspicabatur cdntrarium evenire.

Obiit autem 23e die mensis septembris in civitate ista in palatio episcopali anno domini 1464. Die quidem crastino fuit inhumatum corpus ejus in choro istius ecclesiae coram et prope sedile episcopale ejusdem. Anima sua possideat paradisium !

Tempore dicti Johannis de Coetquis, dominus Christophorus de Castro, leonensis diocesis, utriusque juris doctor, tunc temmpore archidiaconus praedictae leonensis ecclesiae, per aliquos annos eidem domino Joanni de Coatquis fuit administrator ecclesiae trecorensis et postmodum et immediate per sanctissimum dominum nostrum Paulum papam secundum promotus et confirmatus in pastorem et episcopum ecclesiae trecorensis et exinde fecit introïtum suum solemniter die 21e mensis julii anno domino millesimo quadringentesimo sexagesimo quinto ; et, post laudabilem vitam in regione gregis sibi commissi, obiit anno domini 1479 die nona mensis decembris [Note : Le chapitre de Tréguier ayant fait savoir à Pie II que Jean de Coetquis, plus que nonagénaire, était malade, impotent, et pour tout dire en enfance « a bono sensu devius ad pueriles mores est deductus », le pape lui donna comme coadjuteur à vie Christophe du Chastel, fils, suivant le P. Anselme, de Thomas et de Maria de Coetelez et neveu du cardinal de Coetivy, qui prêta serment de fidélité au Saint Siège entre les mains du cardinal d'Estouteville le 28 décembre 1461. Christophe, bien que pourvu déjà de l'archidiaconé de Léon et d'un canonicat à Tréguier, était tout jeune, un acte de 1459 le mentionnant maître ès-arts et étudiant à Paris. Mal accueilli par le clergé du diocèse, le pape, pour fortifier son autorité, le nomma en 1463 administrateur du diocèse ; mais certains officiers, qui abusaient de la sénilité de Jean de Coetquis, ayant été révoqués par Christophe du Chatel, et s'étant soulevés contre lui, le duc le pria de ne plus troubler Jean de Coetquis dans la jouissance du temporel de l'évêché. Le pape intervint à nouveau et le nomma coadjuteur le 16 juin 1464, puis, à la mort de Jean, évêque, par bulles du 7 janvier 1465 (B.-A. POCQUET : loc. cit. T. II, p. 849-851). En 1467 et 1469, ses vicaires généraux publièrent les statuts synodaux rappelant les précédents (voir D. MARTENE : op. cit., 1167, et D. Morice, Pr. III, col. 147 et suivantes). Ce fut sous son épiscopat, en 1472, que l'on augmenta le cimetière de la cathédrale et que l'on bâtit la chapelle Saint-Fiacre (Archives C.-d.-N., G. 118). En cette même année, le pape promulgua à Rome une bulle d'excommunication majeure et d'interdit contre tous pirates, corsaires, pillards et larrons, tant par mer que par terre, d'Angleterre ou autres provinces, troublant et inquiétant les pèlerins et personnes dévotes qui visitent l'église de Lantreguer pour y gagner les indulgences concédées. Il chargeait de l'exécution le cardinal Alain de Saint-Praxède et les abbés de Sainte-Croix et de Beauport (id.). Christophe de Chastel fit de nombreux dons à son église et l'inventaire déjà cité de 1626 mentionne : « un grand calice d'argent doré avec sa pataine, haut d'un ampan et demy, portant les armes du Sr evesque du Chastel » et « la grande piscine d'argent avec sa prise et aspergeoire, armoyée des armes du Sr evesque du Chastel, à trois fasses de gueules avec une crosse ». Par son testament du 12 novembre 1479, l'évêque indiquait son désir d'être inhumé en la chapelle Saint-Tugdual, où il fondait une altaristye d'une messe hebdomadaire dotée d'une rente de 100 sols monnoie pour l'achat de laquelle il léguait 100 livres monnoie. Il en réservait la présentation au chapitre et fondait en outre deux anniversaires pour lesquels il laissait 8 livres monn. de rente (Archives C.-d.-N., C. 118). Le tombeau est toujours visible dans la chapelle Saint-Tugdual, décoré de ses armes que l'on voit également au-dessus de la porte Saint-Jean, dans le cloître, enfin sur l'un des murs de ce dernier avec les armes de ses deux prédécesseurs. Un autre écu en bannière des armes des du Chastel, mais sans crosse et mitre, se voit également dans la chapelle Sainte-Anne, soutenu par deux angelots avec la devise : si plet à Dieu].

[En marge : Aveu de Christophe du Chastel, évêque de Tréguier, de ressortir par appel aux plaids généraux de Rennes et de là on parle même du droit de regale, le siège vacant, et que, au surplus, le duc lui pardonna la faute de s'être fait sacrer et fait son entrée sans avoir fait serment de fidélité, juillet 1466 ; puis, dans le texte, cette autre note : je trouve en ce temps le siège vacant étant dans la main du duc l'an 1481 [Note : Christophe du Chastel étant décédé le 9 décembre 1479, le duc fit saisir les revenus du diocèse le 28 décembre et recommanda au pape Pierre Chouan, que le souverain pontife ne voulut agréer. (Peut-être Pierre Chohan ? En tout cas, il ne s'agit pas de Pierre Chauvin, celui-ci étant décédé avant le 31 juillet 1474, comme l'a très justement remarqué M. B.-A. Pocquet du Haut-Jussé). Le duc se refusant à faire d'autre présentation, Sixte IV, par bulle datée du XVème jour des calendes de septembre 1480, l'avertit que jusqu'à ce qu'il lui indique un prélat capable, il séquestrait l'évêché entre les mains du cardinal de Saint-Georges (DE BOISGELIN : Inventaire manuscrit des titres du château de Nantes, cassette A)]. 

Christophoro de Castro successit in episcopatu trecorensi dominus Raphael tituli sancti Georgii ad velum aureum diaconus cardinalis per Sixtum papam quartum fuit promotus et electus in administrationem istius ecclesiae trecorensis et cepit eam per vicarios suos quatuor annos vel eo circa [Note : Raphaël Riaro, créé cardinal diacre du titre de Saint-Georges au voile d'or, le 10 décembre 1477, prêta serment au duc comme administrateur du diocèse de Tréguier le 11 septembre 1481 et résigna en faveur de Robert Guybé (ou Guibé), en 1483, Il mourut le 9 juillet 1521].

Per cessum dicti Raphaelis, dominus Robert Guybé, aetate juvenis, scientia et moribus senex et preclarus, frater germanus Michaelis Guybé tunc rhedonensis, per dictum P. P. IV fuit promotus et confirmatus in predictae ecclesiae Trecorensis anno domini 1483 

évêques de l'évêché de Tréguier

Fig. 6 - Sceau de Robert Guibé

[Note : Robert Guybé, fils d'Adenet et d'Olive Landais, soeur du trésorier général de Bretagne, était, en dépit de son jeune âge, déjà chanoine et chantre de Dol, prieur de Sainte-Croix de Vitré, archidiacre de Dinan et de la Mée. Chapelain du pape, il résidait à Rome dans l'entourage de Thomas James, au château Saint-Ange, lorsqu'il fut pourvu de l'évêché de Tréguier par bulles de Sixte IV reçues le 16 mai 1483 et prêta serment de fidélité au duc le 20 mai de la même année. Il portait pour armes : d'argent à trois jumelles de gueules accompagnées de 6 coquilles d'azur 3. 2. 1. au chef d'or (fig. 6). A la séance du 23 mars 1886 de la Société archéologique des Côtes-du-Nord (aujourd'hui Côtes-d'Armor), M. L. Prud'homme montra à ses collègues un incunable imprimé à Rome en 1485, intitulé : Roberti Guibae, Britanni Episcopi Trecorensis ad Innocentium Octavum Pont. Maximum, legati Illustrisimi et Invictissimi Francisci Ducis Britanniae, Oratio, in obedientia proetanda. Robert, en effet, ambassadeur du duc à Rome, résidait toujours dans cette ville en 1485 et ne fit son entrée solennelle à Tréguier que le 6 septembre 1492, entrée dont le récit nous a été conservé. Il avait auparavant fait prendre possession de son siège par ses grands vicaires dont l'un Jean de Parthenay, doyen et chanoine de Saint-Brieuc, lui légua par testament du 11 mars 1492, 80 écus en souvenir de ce qu'il avait été son vicaire pendant le trouble des guerres (Bibliothèque Nationale, f. fr., 22329, p. 146). Robert, dans les statuts qu'il édicta (Originaux conservés aux Archives des C.-du-N., publiés par D. Martène, op. cit., p. 1171 et suivantes et par D. Morice, col. 463, 740, 775], rappelle ceux de ses prédécesseurs et notamment celui de Jean de Coëtquis relatif aux fileries et celui de Raoul Rolland concernant la tenue des prêtres, encore déplorable chez quelques-uns. Il règle l'élection des procureurs des fabriques, leurs pouvoirs, la façon dont ils doivent rendre compte de leur gestion. Il s'élève contre la mauvaise répartition des charges, trop souvent égale pour les pauvres qu'elles écrasent et pour les riches. Il ordonne qu'à l'avenir elle soit fixée par le recteur ou son curé assisté de deux ou trois paroissiens, ou, à la grand-messe, par la majorité de ceux-ci. Transféré à Rennes le 24 mars 1502, créé cardinal le 1er janvier 1505, il fut pourvu de l'évêché de Nantes le 22 janvier 1507. Il mourut à Rome le 9 septembre 1513 et fut inhumé dans l'église Saint-Yves des Bretons (Voir GUILLOTIN DE CORSON : Pouillé de Rennes, T. I, p. 82). Sous son épiscopat, les chanoines passèrent de nombreux marchés pour l'embellissement de leur cathédrale et de la chapelle Saint-Fiacre. Tout d'abord avec Albert de Horst, du pays de Hollande, pour peindre les onze panneaux et les deux bouts du petit chantereau comme suit : « savoir les ymages des douze apôtres. Au-dessus, au milieu seront les anges démontrant les instants du jugement avec les ymages des morts ressucitant et au-dessus seront les quatre évangélistes et plusieurs autres petites ymages, chaque pannelet pour la somme de 9 livres monnaie ». Peu après, le 11 novembre 1485, pour couronner ce petit chanceau, commande à Jehan Dedie, également du pays de Hollande et ouvrier en la façon de faire les images de bois, « d'une croix ronde à branches pour tenir l'image du Crucifix et une montagne dessous en laquelle seront les ossements des morts avec deux images, l'une de Notre-Dame à droite et celle de Saint-Jean l'évangéliste à gauche, et trois petites images d'anges qui recevront le sang de N.S., deux sous les bras et un formera pour le coté et les pieds, et un image de pélican et ses petits à la manière accoutumée ». Ce dernier travail étant achevé, Albert de Horst fut chargé, le 17 avril 1486, d'en faire la peinture : « les dits visages de carnation et les cheveux couleur de poil, N.-D. manteau de drap d'or et d'azur, or bruni, et l'envers du manteau rouge ; Saint Jean en rouge et or bruni et la doublure d'azur, les trois anges l'un d'or bruni, le second de drap rouge, le troisième de drap d'azur, le pélican d'or bruni. La croix et la montagne sont stipulées de verts de gris avec les autres étoffements et les ossements et images des morts ». On ne peut que regretter la disparition de ce specimen de l'école hollandaise, regrets atténués cependant par la note suivante, du marché que le sr. Blévin, peintre de Saint-Quay-Portrieux, passa avec le chapitre le 4 juillet 1768 pour la peinture, moyennant 70 livres, du tabernacle et du retable du grand autel : « qui m'oblige de retoucher les huit tableaux qui sont au-dessus des petits autels qui accompagnent la grande porte du chœur, de les mettre en état et de les retoucher comme s'ils étaient neufs ». Or, nous connaissons les retables de Blévin ! D'autre part, le 18 juillet 1486, le gouverneur de la chapelle Saint-Fiacre passait commande à Jehan Perrault de Morlaix, Jean le Louénan et Jehan le Coq de Tréguier, tous trois vitriers ayant pour plege Alain Riou, pour faire de nouveau la grande vitre de la chapelle ainsi qu'il suit : « Au premier rang des panneaux, les images de MM. Saints : Eutrope, Tugdual, Yves et Maudet. Au second rang les ymages du Crucifix au milieu et des deux larrons à dextre et à senestre avec les ossements des morts et aussi les images de N.-D. à dextre et Saint-Jean l'évangéliste, de face, à senestre, avec aussi les chapiteaux et tabernacles, moyennant 20 livres monnaie ». Le vendredi 2 janvier 1483, les frères mineurs du couvent des Sept-Iles vinrent présenter au chapitre de Tréguier une lettre du duc suppliant les chanoines d'autoriser les frères à transférer leur couvent à Plouguiel sur les terres que le seigneur de Kerousy avait données à cette intention (Bibliothèque Nationale, f. fr. 22329, fol. 691)].

Vir venerabilis, utriusque juris doctor, magister Johannes Calibet, hujus diocesis, fuit (electus) et regionem obtinuit per spatium trium annorum vel circa ; fecit introïtum suum solemniter die dominica 4e septembris 1502 et dum ad hunc urbem gressus dirigeret, obiit apud sanctum Michaelem in gravia, anno domini 1504. Sepultus est in introïtu chori ante pulpitum [Note : Jean de Calloët (d'or à la fasce d'azur surmontée d'une merlette de même) était fils cadet de Pierre sr. de Lannidy et de Marguerite de Coëtquis, fille aînée de Kernegues et nièce du cardinal. Grand homme d'Etat, secrétaire du roi, il fut pourvu le 24 mars 1502 et fit son entrée solennelle à Tréguier le 4 septembre, cérémonie dont le récit a été publié (D. Morice, Pr. III, p. 858). Conseiller du roi, maître des requêtes et président des comptes en Bretagne, il testa le 6 novembre 1504 et mourut en tournée épiscopale à Saint-Michel-en-Grève et non au Mont Saint-Michel comme l'a écrit du Paz le 7 mars 1505. Sa tombe, au bas du choeur, au sud, était recouverte d'une plaque de cuivre portant l'épitaphe suivante. « Hic jacet reverendissimus pater in christo dominus Joannes Calloet, juris utriusque doctor, Trecorensis episcopus, Trecorensis et Corisopitensis ecclesiarum cantor et canonicus, christianissimi Regis consilarius Britanniae que camerae praeses »].

Antonius de Grignaulx, Petragoriansis diocesis, qui nobili et spectabili ortus, lingua facundus, justitia insignis, nulli prefato secundus, in pontificali officio exercendo perceleber, scientia mixtus, per spatium triginta duorum annorum et octo mensium vel circa regionem hujus diocesis obtinuit et tandem, post varios casus sibi adversos, anima illius, relicto terrae cadavere, hospite Christi apud divinam misericordem evolata in indute hospite prius recepto in urbe Loches apud Pictones. Insigne autem velum quod super corpus Christi et super caput divini Yvonis feri solet zelo bono ductus, huic contulit ecclesiae et multe alia bona atque dona contulisset si tempora illi opportuna fuissent et prospera. Ipse autem vitam mutavit morte anno domini 1537, die decima sexta mensis novembris, Paulo III Pontifice maximo. Cum coelicolis in pace quiescat, quia nihil potis est sperare voluntas altius huc cursus nostris haec ultima votis meta [Note : A la demande de la reine Anne, le chapitre de Tréguier élut, le 21 novembre 1505, Jean des Grigneaux, de la maison des Cholets en Périgord (de gueules au chevron d'or accompagné de trois croix potencée de même) qui se démit peu après en faveur de son frère Antoine, lequel fut, élu le 22 décembre 1505. Pendant de longues années, le nouvel évêque fut en désaccord avec son chapitre ; aussi fut-il fréquemment absent de Tréguier, comme l'indiquent les actes capitulaires. Le conflit éclata au sujet de la juridiction des clercs de la cathédrale que l'évêque revendiquait ainsi que le chapitre. Le 17 juin 1509, les chanoines déclarèrent à l'évêque que, de temps immémorial, ils avaient le droit de corriger, châtier, mettre en prison, priver d'habit et des distributions tous chanoines, chantres, chapelains et suppots, ou autres portant habit, en la cathédrale, ès causes criminelles et fameuses pour quoi le seigneur évêque et ses grands vicaires étaient tenus de leur prêter les prisons de l'évêché. Aussi, le 12 juillet suivant, l'un des chapelains, Jean du Cosquaer ayant invectivé le grand vicaire, les chanoines revendiquèrent le droit de le juger. Le verdict fut d'ailleurs assez curieux : le grand vicaire fut débouté de sa plainte, comme mal fondée, et Jean du Cozquaer absous de ce chef, mais privé cependant de l'habit, comme manquant par trop de respect aux dignitaires. Un accord finit par se faire, en 1514, à l'avantage du chapitre, peu après la cérémonie de la dédicace de l'église de Saint-Jean-du-Doigt, à laquelle avait procédé l'évêque, le 18 novembre 1513. Bien que le chapitre ait vu ses privilèges confirmés par l'ordonnance royale du 17 mars 1523, il accusa l'évêque de nouveaux griefs, entre autres de troubler l'ordonnance des offices du choeur, ce dont Antoine de Grigneaux se défendait d'ailleurs. Les chanoines intentèrent procès à l'évêque et firent confirmer leurs privilèges par ordonnance du 23 décembre 1523 qui stipulait que le chapitre avait le droit, prohibitivement à tous autres, d'assigner les heures et de régler l'office du choeur, de distribuer les clefs des archives et du trésor, de permettre et de prohiber les lieux d'enfeu et de sépulture, les armes aux vitres, tombes et escabeaux de l'église cathédrale. Ce furent ces processifs chanoines qui décidèrent l'agrandis­sement du choeur tel qu'il est aujourd'hui, en gagnant une travée vers la nef et qui passèrent marché le 22 mars 1508 avec Gérard Dru et Tugdual Kergus pour les belles stalles dont on peut encore aujourd'hui admirer les restes (Cet intéressant marché a été publié par A. DE BARTHELEMY Mélanges historiques et archéologiques, Paris, 1856, T. II, p. 112 et suivantes). Le 29 juillet 1506, ils avaient déjà fait marché avec Jehan Kerbizien et Gilles Poulen, fondeurs, pour une cloche pesant dix mille livres, cloche qui, fendue dix ans plus tard, dut être refondue par Jacques Hurel. Quelques années après, les stalles terminées, Messire Guillaume Guicaznou, sr. de Kerphilippe et chanoine de Tréguier, s'obligea le 13 juin 1513 à faire construire la porte au haut du choeur, devers le cloître, en pierre de taille et le chapitre, en reconnaissance, lui permit de faire édifier une voûte et arcade à côté de la porte et d'y apposer les armes de ses père et mère et de leurs alliances avec droit d'escabeau également armoyé, enfin le droit d'apposer les mêmes armes à deux vitres, l'une vers le manoir épiscopal près des grandes orgues (croisillon nord), et l'autre au bas de l'église avec droit, prohibitifs pour lui et ses héritiers. Le 30 août 1522, un autre chanoine, Henry de Kerguenech, s'obligea à faire bâtir la porte du bout du choeur, vers le midi, de pierres de taille, moyennant le consentement du chapitre de faire faire une voûte sous l'arcade près de cette porte et d'y faire mettre les armes de sa maison prohibitives à toutes autres, sans néanmoins pouvoir disposer ni aliéner les dites prééminences à d'autres qu'aux descendants de sa maison (Archives C.-du-N., titres non inventoriés)].

 

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ADDITIO

Louis, Cardinal de Bourbon, archevêque de Sens, primat de France, succéda au dit de Grignaulx (Grigneaux) en l'évêché de Tréguier et en prit possession par procureur au mois d'août 1538 [Note : Louis de Bourbon (de France, au bâton de gueules), fils de François, comte de Vendôme, et de Marie de Luxembourg, né à Ham, le 2 janvier 1493, fut pourvu, entre autres, de l'évêché de Tréguier, le 14 juin 1538, et en prit possession par son procureur Guillaume Cornery, le 20 août 1538. Il fut en différent avec son chapitre sur la répartition des offrandes, sur les annates, sur le droit de présentation de la paroisse de Trédarzec et autres du Minihy, enfin sur le salaire des suppots pour les offices pontificaux. Il se démit de son évêché en 1542 et mourut à Paris le 11 mars 1557].

Hippolyte d'Este, cardinal de la très illustre maison de Ferrare, fut évêque de Tréguier après ledit Louys et en prit possession par procureur au mois de janvier 1543 [Note : Hyppolite d'Este, fils d'Alphonse duc de Ferrare et de Lucrèce Borgia, créé cardinal le 20 décembre 1538, par le pape Paul III, eut l'administration, entre autres diocèses, de celui de Tréguier, vacant par la résignation du cardinal de Bourbon, le 26 avril 1542. Lui-même résigna cet évêché en 1548 et mourut le 2 décembre 1572].

Jean des Ursins, parisien, succéda audit Hippolyte et fit son entrée le dimanche de Pâques fleuries, l'an 1548. Il mourut l'an 1566, le dimanche 27 octobre, sur les quatre heures du matin, à Paris 

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Fig. 7 - Sceau de Jean Juvenal des Ursins

[Note : Jean Juvenal des Ursins (bandé d'argent et de gueules de six pièces, au chef de gueules chargé d'une quintefeuille d'argent (fig. 7) et soutenu d'un chef d'or, sceau f. lat. 17029, p. 86), abbé du monastère de l'Aumône au diocèse de Chartres, fut pourvu le 26 novembre 1548. Fils de Jean et de Louise de Varie, neveu de Charles, grand prieur d'Aquitaine, il était petit-fils de Michel sr. de la Chapelle et d'Yolande de Montbran. Un curieux tableau, conservé actuellement au Louvre, représente l'arrière-grand-père de l'évêque, Jean baron de Tramel et conseiller du roi, sa femme Michelle de Vitry et leurs onze enfants, parmi lesquels Jean, archevêque de Laon, Guillaume, chancelier de France et bailli de Sens, et Jacques, archevêque de Reims. La maison des Ursins ou Ursini, originaire d'Italie, avait eu de nombreux membres pourvus des plus hautes charges et dignités, notamment plusieurs cardinaux dont l'un élu pape sous le nom de Nicolas III].

Claude de Kernevenoy, abbé de Bégard [Note : Claude de Kernevenoy (vairé d'or et de gueules au franc canton d'hermines), fils cadet de Philippe et de Marie du Chastel, elle-même fille aînée de Louis et d'Ysabeau de Boutteville, fut élu en 1566 et reçut le placet du roi grâce à l'appui de son frère aîné, François, gouverneur du futur Henry III. Non confirmé par le pape, il résigna en 1572 après la mort de son frère], eut le placet du roi qui ne fut pas admis par le pape ; néanmoins il jouit de l'évêché un long temps après ledit Jean des Ursins, mais à la fin, voyant que le pape ne voulait passer ses bulles, résigna ledit évêché à Baptiste le Gras, natif de Saint-Brieuc, lequel fit son entrée l'an 1572 [Note : Jean-Baptiste le Gras, chanoine de Tréguier, docteur en droit canon, fut pourvu le 4 juillet 1572 et mourut le 22 février 1583. Il fut inhumé à l'entrée de la chapelle Saint-Yves sous une dalle de marbre rouge sur laquelle est actuellement gravée l'inscription rappelant la sépulture du duc Jean V, tombe qui lui avait été concédée, alors qu'il n'était que chanoine, le lundi 24 novembre 1564. Par son testament, Jean-Baptiste le Gras fit fondation de deux anniversaires solennels : l'un le premier vendredi de carême, et l'autre le premier mardi après le grand pardon de Tréguier, fondation pour laquelle le sr. de la Villecadour, frère de l'évêque, s'engagea à payer la somme de 220 écus soleil pour l'achat des rentes stipulées, fondation ratifiée le 17 avril 1584 (Archives C.-du-N., G. 118)].

Note : La Chronique de Messire Jean Chapelain, chanoine de Lamballe, nous apprend qu'en l'an 1579, le 15 janvier, environ les 12 heures du matin, un ouragan furieux abattit plus de vingt clochers en Bretagne, dont ceux de Saint-Jean de Lamballe, de Saint-Brieuc, d'Auray et de Lantreguer [Bibliothèque Nationale, f. fr. 22329, p. 694, chap. XI].

FIN.

 

NOTA : Que je trouve avoir été évêque de Tréguier : un Georges de Bellanger, élu,

un Guy,

un Jean,

Et ce, immédiatement devant Pierre Morel, mentionné ci-devant, lesquels trois ne sont toutefois en ce catalogue.

 

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Cette copie, ainsi qu'il est indiqué, a été faite sous l'épiscopat de J.-B. le Gras et, par conséquent, entre juillet 1572 et février 1583. L'original, lui, s'arrêtant à la mort d'Antoine de Grigneaux et ne soufflant mot du cardinal de Bourbon, fut donc achevé entre le 16 novembre 1537 et le 14 juin 1538. Il comportait déjà, croyons-nous, un premier complément à une oeuvre plus ancienne.

On peut en effet remarquer que, jusqu'à Pierre Piedru, le catalogue renferme plusieurs omissions, celle de Jean de Bruc entre autres, et qu'il ne contient, jusqu'à Jean de Ploeuc, que de très rares additions aux noms des évêques et pour des faits particulièrement importants :

Union à la mense épiscopale, par l'évêque Etienne, des dîmes de Plougrescant et de la paroisse de Penvénan ; mention des fonctions d'official de Saint-Yves, de sa mort ; enfin commencement de la nouvelle cathédrale, l'an 1339.

Au contraire, tout à coup, l'auteur met en lumière, par de précis et abondants détails, l'une des plus grandes figures de l'épiscopat trégorrois, Jean de Ploeuc ; puis, brosse en un tableau plein de vie l'énergique attitude de l'évêque de Coetquis ; enfin, bien qu'insistant peu sur l'épiscopat de Christophe du Chastel, il relate cependant avec exactitude la date de la mort de cet évêque.

A nouveau, laconisme et imprécision sur les épiscopats de Raphaël Riario, de Robert Guybé et de Jean de Calloët ; puis, sur Antoine de Grigneaux, quelques détails, mais combien peu vivants et quel style prétentieux !

L'on ne peut donc douter qu'il y ait eu deux rédacteurs dont le premier, certainement chanoine sous l'évêque de Ploeuc et ses successeurs, acheva le catalogue vers l'année 1480. Son nom n'est pas indiqué, mais peut être déterminé, croyons-nous, avec quasi certitude. En effet, parmi les chanoines faisant partie du chapitre sous Jean de Ploeuc, trois seulement survécurent à Christophe du Chastel : Prigent le Barbu, trésorier, Jehan Jehannin et Auffray de Coëtquéran, les seuls mentionnés nominativement d'ailleurs dans le catalogue parmi ceux qui assistèrent l'évêque à ses derniers moments. Tous trois figurent entre autres ensemble, le 5 février 1480, à l'élection de Rolland de Troguindy, comme procureur du chapitre, le siège étant vacant. Or, à partir de la fin de l'année 1480, jusqu'à sa mort survenue le 1er avril 1486, nous ne voyons plus Prigent le Barbu assister aux réunions du chapitre, probablement à cause de son grand âge ou de ses infirmités. Jehan Jehannin, au contraire, y fut assidu jusqu'à son décès arrivé le 9 septembre 1489. Quant à Auffray de Coëtquéran, il figure encore dans divers actes postérieurs à la prise de possession de l'évêché au nom de Raphaël Riario, en 1491 notamment.

Puisque le catalogue primitif s'arrête, comme nous venons de l'indiquer, en 1480, il y a donc de fortes présomptions pour que le chanoine le Barbu en soit l'auteur, présomptions qui se transforment, selon nous, presqu'en certitude, lorsque l'on sait que Prigent fut un lettré et un, curieux qui légua son importante bibliothèque au chapitre. Les chanoines reconnaissants firent d'ailleurs placer les armes de ce bienfaiteur dans la fenêtre neuve de la librairie, le 25 février 1486 [Note : La Bibliothèque Nationale conserve un manuscrit provenant de la bibliothèque de Prigent le Barbu (fonds latin 13.060 — Delisle, Cab. 11, 420)].

Si cet ouvrage n'apporte, comme le montrent nos annotations, aucune contribution à la chronologie ancienne des évêques de Tréguier, il est au contraire d'une importance capitale pour l'histoire de la cathédrale. Il confirme, en effet, tout d'abord la date de 1339, retenue par la tradition, pour le commencement des travaux d'agrandissement ; indique l'époque exacte de la construction de la chapelle Saint-Yves ou du Duc ; montre que sous Jean de Plœuc tous les travaux de maçonnerie étaient terminés, puisque cet évêque fit procéder à la décoration murale et à la vitrerie ; enfin rend à son véritable auteur l'honneur d'avoir édifié la librairie et le magnifique cloître que nous admirons aujourd'hui.

L'on voit combien ces dates des différentes campagnes de l'édifice s'écartent de celles données par les quelques auteurs qui ont écrit sur Tréguier et qui se sont bornés d'ailleurs à reproduire les conclusions de la belle monographie que Pol de Courcy publia en 1850 [Note : DE COURCY : Monographie de la cathédrale de Tréguier (Mémoires de l'Association bretonne, Congrès de Morlaix 1850), monographie reproduite dans : Itinéraire de Rennes à Brest et à Saint-Malo, du même auteur, p. 182 et suivantes], conclusions qui, rappelons-le, sont les suivantes : commencement de la nef par saint Yves en 1296, fondations du transept et du choeur en 1339, modification des dernières travées du collatéral nord de 1420 à 1432 pour l'édification de la chapelle du duc, construction à cette époque de la tour centrale et de la tour méridionale, date certaine du commencement du cloître en 1461, achèvement de l'édifice au début du XVème siècle, vers 1507, époque de laquelle datent également certaines chapelles du choeur et le filigrane du porche méridional.

En présence de telles discordances, il n'est pas inutile, croyons-nous, d'examiner rapidement les rares textes qui nous sont parvenus à ce sujet.

Pol de Courcy et les différents auteurs qui attribuent à saint Yves la construction de la cathédrale actuelle se basent sur le passage bien connu [Note : Nous n'avons pas jugé utile de reproduire à notre tour ce long passage que le lecteur trouvera dans les ouvrages suivants ALBERT LE GRAND : loc. cit., p. 170, §§ XXI à XXIII inclus. — S. ROPARTZ : Histoire de saint Yves, St-Brieuc, 1856, p. 165. — Abbé FRANCE : Saint Yves, Etudes sur sa vie et son temps, Saint-Brieuc, 1888, p. 67, et 2ème édition, 1893, p. 146 et suivantes. Il est à remarquer que c'est également l'avis d'HAUREAU : « Ea quidem ecclesia, S. Andrœ sacra, ruinam tertio decimo sœculo fuerat. Recentioris opus, anno 1296, S. Yvo agressus est : quod tamen adeo non ille absolvit, ut contra, quarto decimo sœculo decurrente, imperfectœ basilicœ adjungeretur chorus » (Gallia christiana, T. XIV, 1856)] de la vie de ce saint, rédigée en 1470 par le père Maurice Geffroy, sans remarquer la contra­diction qu'il renferme. Au début, il n'est en effet mention que de « réparer la cathédrale » ; tandis que plus loin, au contraire, il s'agit de « bastir l'église de Landtreguer »

Dom Brient avait déjà montré, longtemps avant de La Borderie, comment le père Geffroy avait « interpolé et étendu avec bien du langage inutile » l'office primitif de Saint-Yves rédigé antérieurement à 1350 et conservé dans le grand légendaire de Tréguier. Or, si l'on se reporte au texte primitif, l'on voit qu'il n'est ici nullement question de construire une église nouvelle, mais seulement de réparer l'ancienne cathédrale [Monuments du procès de canonisation de saint Yves, loc. cit., p. 459-460]. 

Le miracle des arbres, d'autre part, n'est pas rapporté de la même façon, si même l'on peut y voir un miracle ; et il n'est fait aucunement mention de reproches adressés au saint par le seigneur de Rostrenen, pure invention de Maurice Geffroy, qui avait déjà défiguré de façon particulièrement malveillante le passage de l'office primitif concernant l'archidiacre de Rennes [Note : Sur l'œuvre de Maurice Geffroy, voir id., Introduction, p. XLV et suivantes]. Seul le miracle du charpentier, commun d'ailleurs à de nombreux légendaires, est rapporté en termes à peu près identiques ; mais il est à remarquer, fait vraiment extraordinaire, qu'aucun de ces deux miracles n'est mentionné dans l'enquête de canonisation de 1330, enquête qui n'eut pas manqué, semble-t-il, de rappeler également la réédification de la cathédrale par saint Yves si elle avait dû lui être attribuée. 

Un seul point demeure certain cependant, c'est la réparation de l'édifice ancien à l'instigation de saint Yves, vers 1291, date de la bulle papale, et la réfection d'une partie de la toiture, entre autres, que le témoignage de Guillaume de Plochedec, sr. de Château-Thibaud, vient confirmer. 

Nous pensons, quant à nous, que c'est l'afflux des pèlerins au tombeau de saint Yves qui, là comme ailleurs, rendit nécessaire l'agrandissement de la cathédrale et en procura les moyens ; et nous croyons qu'il faut en attribuer l'initiative, ainsi que le commencement de la cueillette des fonds nécessaires à l'évêque Geffroy de Tournemine. M. Prigent a, en effet, montré dans son érudit commentaire du Formulaire de Tréguier, que l'une des lettres qu'il renferme s'appliquait vraisemblablement à cette quête [Note : R. PRIGENT : Formulaire de Tréguier (Mémoires de la S. H. A. B., T. IV, 2ème partie, 1923). Il ne faut pas oublier cependant, qu'à la même époque, d'importants travaux étaient entrepris à l'église de La Roche-Derrien, suivant l'inscription toujours lisible sur la chapelle du vicomte. La nef de cette église, dont certains éléments sont visiblement inspirés de Beauport, présente beaucoup d'analogie, toutes proportions gardées, avec celle de Tréguier, mais l'absence d'arcs formerets dans les voûtes est à remarquer. Ceux des fenêtres du choeur de la cathédrale de Tréguier sont d'ailleurs également beaucoup plus décoratifs que constructifs]. 

La date de 1339, postérieure à l'enquête, transmise par la tradition et confirmée par le vieux catalogue doit donc être considérée comme la date exacte de l'agrandissement de la cathédrale [Note : En 1841, l'inspecteur des monuments religieux avait trouvé un élégant moyen, sinon exact, de concilier les deux traditions. Son rapport sur la cathédrale de Tréguier à Son Excellence le garde des sceaux, ministre des cultes, débute ainsi : « L'ancienne cathédrale de Tréguier a été bâtie par saint Yves qui en posa la première pierre en 1339... » (Archives des Monuments historiques. Dossier Tréguier)]. 

Nous avons indiqué plus haut comment l'édifice fut détruit en 1346 par les troupes de Northampton et il est intéressant de souligner, à ce sujet, que la vieille chronique fait une distinction entre l'église cathédrale, renfermant le corps de saint Yves, qui fut détruite à l'exception du tombeau du saint [Note : Contrairement à ce qu'a écrit de la Borderie, qui prétend que le tombeau de saint Yves épargna l'église] et l'église-mère du diocèse à laquelle les barbares n'osèrent s'attaquer. 

Les chroniques, qui nous sont parvenues, montrent la misère régnant ensuite dans cette contrée si durement éprouvée par la guerre de succession et désertée par de nombreux habitants [Note : V. H. DENIFLE : La désolation des églises et monastères de France pendant la guerre de cent ans, T. II, p. 5o et 748] ; aussi est-il bien difficile de fixer avec précision la date de reprise des travaux qui eut lieu vraisemblablement sous l'épiscopat d'Yves Begaignon. 

A partir de là, ils furent activement poussés, puisque, ainsi que nous l'avons indiqué, les armes de Pierre Morelli ornent la clef de voûte de la seconde travée du choeur. Ils duraient encore sous Yves Hirgouët et Hugues Stoquer, comme le mentionne le catalogue et ne furent achevés que vers 1439, ce que viennent confirmer les armes de Jean V et de Jeanne de France aux clefs de voûte du croisillon nord. 

Les comptes du chapitre pour l'année 1432, qui fort heureusement nous ont été conservés, montrent qu'à cette époque la maçonnerie de la tour méridionale était terminée et qu'en cette même année l'on faisait la charpente du clocher. L'église n'était encore close que de façon bien précaire si l'on en juge par les deux mentions suivantes : « à Jehan Lanin et Guille Kerloque, 4 sols chacun pour avoir ôté la grande neige de l'église par le grand hiver » et « 20 deniers en corde pour fouets pour chasser les chiens de la dite église »

L'on prenait toutefois les mesures pour achever la toiture et nous trouvons, dans les mêmes comptes, commande d'un millier de lattes de bois à Jehan Mahé de Ploegonven et cinq mille pièces d'ardoises à Charles le Trévou de Gourin. 

C'est à cette époque, comme il était naturel d'ailleurs, que fut également édifié le porche de la tour méridionale, comme le montre de façon indiscutable l'écu de sa clef portant un lion et surmonté d'une crosse en pal, armes que différents auteurs, à la suite de Courcy et Chardin, ont attribué soit à un seigneur de Kerouzy, soit à l'évêque Guillaume du Hallegoët, un peu au hasard comme nous l'allons voir. Aucun membre de la maison de Kerousy ne fut en effet évêque de Tréguier ; et, quant à l'évêque du Hallegouet, qui vivait à la fin du XVIème siècle, c'est-à-dire à une époque manifestement postérieure à la construction du porche, il écartelait les armes de sa maison de celles de sa mère, Anne de Kernavenoy, ainsi qu'on peut toujours le voir sur l'un des écus, presque intact, du magnifique tombeau qu'il s'était fait élever en la chapelle Saint-Gonéry de Plougrescant. 

Le compte de 1470 indiquant qu'au mois de septembre l'on réparait le nouveau porche de l'église qui avait été brisé et qu'Henry Plougoulm en sculptait les ymaiges, montre que le porche et le filigrane qui fait corps avec lui existaient donc antérieurement et que l'écu de sa clef ne peut être attribué, en conséquence, qu'à l'évêque Pierre Piedru (1430-1434).

De l'année 1432 à l'année 1460, les registres des comptes du chapitre ont disparu ; mais, à partir de cette époque, en dehors des travaux du cloître et de la librairie, il n'est plus fait mention que de quelques réparations ; le gros oeuvre était terminé depuis longtemps. 

Le fait que le registre de 1461 relate entre autres les travaux du cloître a induit en erreur Pol de Courcy. Ces travaux étaient commencés auparavant, comme le prouve un registre des oblations datant de 1457 et mentionnant au début ; « 19 juin 1457 : Item Petro le Tirant et Rollando en Besque operariis claustri LX. 1 ». « 15 novembre 1457 : Qua somma (XV. 1) fuit data Rollando en Besque pro opere claustri, etc. »

Là encore, il n'y a aucun doute que le cloître ait été commencé, comme indiqué par le catalogue, sous l'évêque Jean de Ploeuc [Note : Il est à remarquer que Rolland le Besque est qualifié de maître de l'œuvre de la cathédrale en juin 1464 (magister opeeris hujus ecclesiœ)]. 

Quant aux chapelles du choeur, il suffit, comme nous l'avons vu, de parcourir les vieux titres du chapitre pour voir qu'elles furent édifiées en même temps que le reste de l'édifice, entre 1380 et 1425, ce que l'étude architectonique confirme pleinement d'ailleurs. Seuls les remplages des fenêtres furent refaits par différents fondateurs et très restaurés récemment.

En résumé, le vieux catalogue des évêques de Tréguier a été rédigé à la fin du XVème siècle, probablement par Prigent le Barbu, en mettant en oeuvre, sans grandes recherches et sans beaucoup de critique, des matériaux remontant au plus tôt à la fin du XIème siècle. Il n'apporte aucune contribution nouvelle à la chronologie ancienne des évêques de Tréguier. 

Par contre, il fait connaître les gestes d'un grand prélat, Jean de Ploeuc, et permet d'affirmer que l'agrandissement de la cathédrale fut commencé en 1339 et terminé vers 1439 [Note : Nous voulons parler du choeur et du transept. Il existe, en effet, dans l'édifice actuel des parties plus anciennes : une partie romane à l'extrémité du croisillon nord, connue sous le nom de Tour Hasting, vraisemblablement de la fin du XIème siècle ou du début du XIIème ; puis, au bas de le nef, la partie basse de trois travées et les piliers correspondants remontant au XIIIème siècle. Le reste de la nef fut reconstruit après les destructions de 1346, puis modifié pour l'adjonction de la chapelle du Duc. L'influence de l'école normande est manifeste dans toute cette dernière campagne comme dans les travaux du choeur et du transept. L'on trouve également, pour les fenêtres hautes du choeur et du transept, une tendance marquée vers le style perpendiculaire anglais] ; que la chapelle du duc fut commencée peu avant 1442 et achevée quelques années plus tard ; enfin, que le cloître fut tracé vers 1450 et la librairie projetée vers cette époque. 

L'on sait, d'autre part, par les comptes du chapitre, que ce cloître fut béni, par l'évêque de Sinople le 25 septembre 1468 et que Raoul le Dun posait les vitres des fenêtres de la librairie en 1466 (R. Couffon).

Bretagne : anciens évêchés bretons, évêché de Dol  Liste des Evêques de Tréguier depuis la fin du XVIème siècle jusqu'à la suppression du siège épiscopal en 1801.

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