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LE CHAPITRE DE LA CATHEDRALE DE TREGUIER

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Coutumes, Usages, Revenus, Charges et Privilèges des Chanoines

Parlons d'abord de la Psalette. Dès 1444, il est établi dans l'église de Tréguier « un maître de psalette avec six enfants de choeur, sous l'épiscopat de Jean de Plouëc (Note : D'hermines à 3 chevrons de gueules. A noter que dans le mémoire on écrit toujours Jean de Plouec et non Jean de Plœuc), de bonne mémoire, après consentement et entente des seigneurs chantre, chanoines et Chapitre. Au chapitre est réservée la provision, nomination, élection, déposition, destitution quelconque de la maîtrise, sans que les seigneurs Evêques puissent y prétendre aucun droit »

Cette fondation est dotée des fruits d'un canonicat et prébende de 50 livres de rente due à la chapellenie Saint-Nicolas, fondée à la cathédrale par Catherine de Troguindy, dame de la Roche-Jagu, de concert avec son fils Henri. Cet acte passé au lieu capitulaire, le vendredi 5 mai 1444, paraphé Yv. Even et Jean Glaven, not. Callixte III, par une bulle donnée à Rome aux calendes de nov. 1456,. approuve et confirme ces actes et donation. A la mort du seigneur évêque Jean de Plouec, Raphaël Gerbe, cardinal diacre du titre de Saint-Georges, devint évêque de Tréguier. Il résigna ses fonctions à Jean de Coëtquis (Note : D'argent au sautoir de gueules accompagné en flancs et en pointe de 3 quintefeuilles, et au chef d'un annelet de même). 

Dès 1457, une contestation s'élève entre l'évêque et les chanoines touchant les prérogatives que leur accordait la bulle d'institution de la maîtrise. Le seigneur évêque d’Urbin, député et légat du Pape, donne raison au Chapitre qui maintient tous ses droits, « sans qu'on puisse à l'avenir ni inquiéter ceux qu'il aura désignés, ni les priver des honneurs ou des revenus par autre que les chanoines, sous les peines portées par la Bulle donnée à Rome, dans la maison du commissaire de Sa Sainteté, le 8 juillet 1457, la troisième année du pontificat de Callixte III » (Note : De gueules au chevron d'or accompagné de 3 croix potencées de même)  — Signée et scellée d'un sceau rouge avec un fil de soie. 

Un jour les officiers du seigneur évêque Grigneaux s'étant permis de faire sonner la petite cloche de l'office canonial, et d'avancer l'heure, il s'en suivit un grand trouble... du moins parmi les chanoines. L'évêque fut obligé d'affirmer qu'il n'avait donné aucun ordre, et consentit qu'à l'avenir les cloches sonneront quand le Chapitre le jugera à propos, sans demander avis à personne. Fait à Tréguier, le 20 avril 1514 paraphé J. de Keryec, sic Deus me adjuvet

Comme si l'on craignait quelques difficultés nouvelles au sujet de ces privilèges auxquels, il faut le croire, le Chapitre tenait d'autant plus qu'ils étaient extraordinaires, les chanoines provoquèrent une troisième confirmation du Concordat passé entre l'évêque et eux. La lettre du pape Léon X, dans le sens de la bulle de Callixte III, est du 29 mars 1520. Elle est suivie de près : 1° d'une lettre de maintenue de juridiction et correction sur les employés de la cathédrale, octroyée par le roi François Ier, duc de Bretagne. Nantes, 17 mars 1523 ; 2° d'un placet signé par le même roi et duc aux sénéchaux et juges de Rennes, Ploërmel, Morlaix, Guingamp et Goëlo, en faveur des chanoines de Tréguier, sur la même question ; 3° d'une lettre du même laissant au Chapitre le droit d'assigner les heures de l'office du choeur, distribuer les clefs des archives et du trésor, poser des armes et armoiries aux vitres, tombes et escabeaux, prohibitivement à tous autres. Ces deux dernières lettres données à Nantes, le 15 décembre 1523 et le 18 décembre 1523, signées par le roi et duc.

Le duc François Ier, on le voit, voulait par tous les moyens, dût-il outrepasser la mesure, faire accepter l'union de la Bretagne à la couronne de France. Il tâche de gagner les bonnes grâces du Chapitre de Tréguier, qui était une puissance à cette époque. Il va plus loin, en reconnaissant à tous les « ecclésiastiques du pays, province et duché de Bretagne, tous les privilèges et prérogatives quelconques, avec mêmes libertés et franchises, comme ils en usaient avant l'union de la province à la couronne, sans rien changer, innover ou ôter que par l'avis et conseil des gens des Etats de Bretagne ». Cet acte est donné au Plessix, collationné à l'original, et signé Cohier. 

Le mémoire de M. Burlot indique qu'il se trouvait aux archives un sac « dans lequel sont les procédures en la Cour du Parlement de ce pays entre le sieur évêque Guy Champion (Note : D’azur à 3 écussons d’argent chargés chacun de 3 bandes de gueules) et le Chapitre, depuis 1622 jusqu'à 1633 ». D'après un concordat passé entre les parties, les points suivants furent débattus et décidés : 1° Le grand-vicaire ne fera aucun office pontifical au préjudice du chanoine chantre, premier dignitaire ; 2° le mandat et visa de collation de charge de sacristain faite par l'évêque sera revu en tous ses points ; 3° les chanoines auront, comme autrefois, la clef de la bibliothèque qui est au-dessus de la sacristie, dans une salle commune au Prélat et au Chapitre ; 4° l'évêque devra payer le prandium aux suppôts du bas-choeur le jour où il officiera pontificalement ; 5° la sentence des requêtes sera réformée touchant la résidence et la distribution au choeur ; 6° le Chapitre aura la disposition des offices et recettes de Plouguiel et Plougrescant, avec pouvoir de conférer et bailler les fermes au plus offrant ; l'évêque pourra, s'il le veut, assister au Chapitre lorsque sera traité le fermage ; 7° l'assemblée synodale se réunira, et les statuts seront portés par l'avis et le conseil du Chapitre, tant pour le lieu que pour la matière ; 8° les comptes de fabrice seront soumis aux chanoines, qui les examineront ; 9° au choeur, l'usage romain et les cérémonies ordinaires de ladite église seront observés pour les encensements ; 10° aux assemblées capitulaires, les suffrages seront libres, et les décisions prises à la pluralité des voix ; 11° l'évêque doit donner au Chapitre avis du motif de son absence lorsqu'il est hors du diocèse, pour le service du roi ou de la province : il devra toujours assister à la fondation ducale, dont aucun chanoine ne pourra se dispenser. Cette transaction est datée du 15 juillet 1633 et signée : Monneraye.

 

ECUSSONS AUX VITRES ET PORTES DU CHOEUR

Nous avons vu que le Chapitre avait droit de poser des armes et armoiries aux vitres de la cathédrale. Il usait de son droit en accordant l'autorisation de décorer les fenêtres et d'orner les tombes aux bienfaiteurs ou fondateurs de chapellenies. Un acte en latin porte que les seigneurs du Verger (Trédarzec) avaient obtenu la permission de mettre leurs armes et écussons aux deux vitres qui sont au-dessus des deux portes supérieures du choeur. Ces armes étaient de gueules à dix billettes d'or, à une fasce à la dernière billette (Cathédrale de Tréguier, M. P. CHARDIN). Le Chapitre reconnaît ce droit même aux futurs seigneurs du Verger. — Acte daté du 23 novembre 1517, signé : de Goeslin, capituli scriba

D'après un extrait des Registres du Chapitre, cette faveur est confirmée à noble homme Henry de Kernec'h (Note : D'argent au pin de sinople chargé d'une pie. Ces armoiries se voient sur la maison du Calouar, au bourg de Louannec) , seigneur de Kericuff et du Verger, avec devoir d'entretenir et faire réparer ces vitres lorsqu'il sera besoin. Pour cela il est placé hypothèque sur la terre et le lieu du Verger et toutes les dépendances. — Acte du 5 juin 1609, signé : Coadalan, Nic. de Trogoff, Henry de Kermec'h, et B. Le Chevoir, chanoines. 

Au cas où ceux qui possèdent en privilèges ne réparent pas leurs vitres en temps opportuns, ils sont déclarés déchus et privés de leurs droits ; le chapitre se réserve la faculté d'en disposer en faveur de ceux qui présentent de meilleurs conditions. Une sentence dans ce sens fut rendue en la cour royale de Lannion, sur l'instance, de messire Math. Lhostis, trésorier de la fabrique de Tréguier et publiée dans les villes de Morlaix, Lannion, Guingamp, Pontrieux, Tréguier et ailleurs. — Mois de juillet 1602, signée Cozober, greffe. 

Déjà en 1513, le Chapitre avait autorisé par acte capitulaire messire Guillaume Guiscanou, seigneur de Kerpheliple, chanoine de Tréguier, « à faire construire une autre porte au haut du choeur, du côté du cloître, en pierres de taille, à dire d'ouvriers. Il pourra faire une voûte et arcade à côté de cette porte et y apporter les armes de ses père et mère et autres de son alliance, ainsi qu'à un escabeau et deux vitres, l'une vers le manoir épiscopal, l'autre au bas de la cathédrale. Ce droit est pour lui et ses héritiers prohibitivement à tous autres » (Du 13 juin 1513) signé : R. et O. de Kernec' h. 

« Le droit d'enfeu, dit M. P. Chardin, p. 52 du Bulletin monumental, 52° volume de la collection, n'était pas spécialement réservé aux familles nobles. C'était une véritable propriété concédée volontairement, moyennant une rente annuelle, ou en considération de l'engagement pris par le concessionnaire de supporter des charges souvent assez lourdes ». Nous verrons plus loin des fondateurs d'altaristies obtenant les honneurs de la sépulture dans la cathédrale. 

 

LES GUERRES CIVILES A TREGUIER

C'est sous l'épiscopat du seigneur évêque de la Tour (Note : D’azur à la tour donjonnée d’or) en 1592, que les Espagnols descendirent à Tréguier, mettant tout à feu et à sang, « emportant, dit Albert Le Grand, le bras de saint Tugdual et la gencive de saint Yves »

Guillaume du Hallegoet ou Halgoet (Note : D’azur au lion morné d’or) de la maison de Kergresc, en Plougrescant, devient évêque en 1594, par résignation de son prédécesseur, et occupa le siège de saint Tugdual jusqu'en 1599, et non en 1602, comme l'écrit Albert Le Grand. Durant trois, ans l'évêque fut obligé de se renfermer dans son manoir épiscopal, contraint d'entendre l'office d'une des garrittes de la cathédrale, n'osant descendre pour y assister, ainsi que les chanoines, à cause du péril évident d'être pris par les gens de guerre. 

Voici une déposition faite devant les juges de Lannion, le 11 mai 1594, à la requête du Chapitre, au sujet des guerres civiles à Tréguier. On y rapporte ce qui suit : « Yves du Cosquer dépose qu'il est notoire qu'au mois de novembre 1589 les ennemys rebelles au Roy tenant le party du duc de Mercœur suscitèrent les communes et paysans dudit evesché de Tréguier à prendre les armes contre ceux qui voulaient se maintenir en l'obéissance du Roy, et en ayde les uns des autres assiégèrent la ville de Lautréguier où s'était retiré le deffunct seigneur de Châteauneuf avec nombre de gentilshommes et gens de guerre serviteurs du Roy, quelle ville ils prirent, ravagèrent et emportèrent tous les meubles qu'ils trouvent en icelle, tant aux églises, maisons ecclésiastiques qu'aux maisons des habitants, sans y rien laisser que partye des gros boisages, ayant été l'évesque dudit Tréguier, avec un sieur Cousin, chanoine de son église, contraint de se retirer quelques jours à Grandville, craignant de tomber ès mains des ennemys, lesquels le menaçaient particulièrement pour s'être mis en tout devoir de maintenir la noblesse et les habitants de Lautréguier au service du Roy, s'étant et tous ceux de sa cathédrale, excepté quelques-uns montré très affectionné au Roy, ce que connaissant bien iceux ennemys, il n'y eut église, maison épiscopale et autres maisons bénéficiales qui ne fut entièrement pillée et ravagée, et les bleds de leurs revenus qu'ils y avaient fait ramassser emporté et distribué à un chacun ; — depuis lequel temps il s'est fait trois autres ravages en icelle de la part desdits ennemys, , savoir : au mois d'août 1590, au mois de mai 1591, au mois d'août 1592. Une partie de l'armée espagnole fit descente par mer, brûlèrent la meilleure partye de ce qu'il y avait de plus beau logis en ville, et grand nombre des maisons des paroisses voisines, ce que le déposant a depuis vu, ayant été plusieurs fois à Lautréguier, même puis peu de temps ; sur lesquelles maisons brûlées il est dû plusieurs rentes à l'évesque et aux seigneurs chanoines, dont ils n'ont pu se faire payer, comme aussi puis le commencement des présents troubles jusqu'à maintenant il aura été impossible de jouir quel que soit que bien que les autres rentes et revenus de leurs bénéfices et dignités, qui consistent pour la plupart en dîmes, prémices et droits de neumes, pour être situés et deubs en pays d'ennemy, et avoir été pris et saisis par lesdits rebelles .... Cet evesché de Tréguier a toujours nourry et entretenu grand nombre de gens de guerre tant d'un party que d'un autre. Au mois d'août dernier, on y a envoyé deux régiments francais qui y sont encore, encore qu'il y ait été douze garnisons entretenues tant de l'un que de l'autre party. Et à présent est aussi l'armée anglaise, lesquelles garnisons et autres gens de guerre ont levé et lèvent journellement aussi grand nombre de deniers par ledit evesché, et. commettent lesdits régiments et armées anglaises tant de ravage que le peuple n'a plus aucune commodité de vivre de telle façon qu'il leur est impossible de payer les rentes qu’ils doivent auxdits ecclésiastiques et à leurs seigneurs, et sont tellement minés et affligés que partye des hommes quittent maisons, et terres demeurent en friche sans être labourées ni ensemencées, et si ledit evesché n'est en peu de temps déchargé des gens de guerre, lesdits ecclésiastiques, même les gentilshommes seront contraints d'aller vivre autre part..... A dit le témoin Yves du Cosquer qu'encore que lesdits gens d'église n'ayant joui de leurs revenus, ils ont fait toujours devoir en la célébration des divins offices, quoique partyes de leurs logis fussent démolies, les boisages et charpentes brùlés et incendiés les rendant inhabitables »

Voilà assurément un tableau bien sombre des malheurs de la guerre. Albert Le Grand ne parle guère que des événements qui se passèrent autour de Morlaix ; mais la déposition d'Yves du Cosquer, en ce qui concerne le pays de Tréguier concorde bien avec ce qui est écrit précédemment sur l'état de siège sous lequel vivaient l'évêque et ses chanoines. L'évêque du Hallégoet se fit enterrer dans la chapelle de Saint-Gonnéry, en Plougrescant, près de Kergresc. Son tombeau en granit, très bien conservé, porte cette épitaphe que m'a procurée M. le chanoine Le Pon, de douce et regrettée mémoire. « Ci-gît messire Guillaume du Halgoet, evesque été de Tréguier qui a fondé céans une messe perpétuelle à notes et à tous les dimanches et festes solennelles, les vespres du jour avec les vespres et laudes Pro defunctis, avec l'antienne Domine miserere, a estre chantée à perpétuité, et pour dotation a baillé mille écus pour estre convertis en rentes au denier quinze, recours à la fondation qui a été rendue parmi les lettres de céans et celle de l'evesché. Priés Dieu pour son âme 1599 »

 

Traitement des chanoines

1752 — « La première fondation du Chapitre consiste dans ce qu'on appelle le Minihy Saint-Tudual, dans lequel la dîme ecclésiastique est partout à la 12° gerbe, sans qu'aucun seigneur y ait aucune dîme inféodée ou féodale. Ce Minihy s'étend dans toute la paroisse du Minihy Paul Lantréguiec, celle de Langoat, Mantallot. Lanmérin, Lauvézéac, Berhet et Trézény. 

1° Le gros de l'évêque comme chanoine consiste dans une portion de la dîme du Minihy et dans une autre portion à Langoat. 

2° Le gros du chantre comme chanoine consiste dans une portion de la grande dîme de Langoat, un tiers de la dîme de Kerlast, Kerderrien et celle de Mantallot. 

3° Le gros du trésorier comme chanoine consiste dans une portion de la dîme du Minihy et dans une autre à Langoat. 

4° Le gros du scolastique comme chanoine consiste dans un tiers de la dîme de Kerlast et de Mantallot et toute la dîme de Berhet. 

5° Le théologal avait une rente affermée 360 livres en 1756. 

Depuis les portions congrues, en 1686, le Chapitre a abandonné mal à propos la dîme de Berhet laquelle vaut en 1752, 400 livres de boni, outre les 300 livres de portion congrue. Il a abandonné celle de Lanmérin qui aurait produit 150 livres, celle de Mantallot aurait valu 100 livres de boni au moins. Cette dîme est affermée 80 écus, 20 boisseaux froment, 10 charrettées de foin ; il y a 82 demi-boisseaux froment comme premier, le pourpris consiste en un verger et plusieurs champs »

 

Tenue des hommages

L'hommage ou serment de fidélité, qui ne concernait que les terres nobles, était dû par le vassal, à chaque mutation soit de vassal, soit de seigneur. Le vassal qui le rendait devait déclarer ce qu'il possédait comme fiefs et faire connaître la cause de son acquisition. 

1672. — D'après une consulte de Montalembert, du 18 mai 1672, d'ordinaire les biens amortis étaient exempts d'hommage ; mais il n'est pas sans exemple que le seigneur du fief se soit réservé ce droit, et alors les possesseurs de main-morte sont tenus de s'en acquitter. Ce droit se prouve ou par la présentation des titres, ou par la possession qui le fait proclamer (D'Aegentré, Coutumes de Bretagne, édition, 1628, p. 69). 

Pour le Chapitre de Tréguier on peut dire que tous les biens anciens sont exempts de charge féodale envers l'évêque, parce qu'ils sont censés procéder de la partition faite entre l'évêque et le Chapitre de la cathédrale, et conséquemment de même nature et dignité. Mais, à l'égard des biens acquis depuis, le Chapitre peut être tenu de faire hommage par un député du corps, si les titres ou la possession justifient de ce droit. L'Eglise doit fournir aveu à d'autres seigneurs qu'au roi, et bailler homme vivant, mourant, confisquant, (art. 369 des Coutumes de Bretagne). 

Au cas où c'est le Chapitre qui reçoit hommage, d'après une consulte de Montalembert, de 1663, la tenue doit être ainsi intitulée : « Tenue des hommages reçus par N. et N. députés du Chapitre en la juridiction exercée par les juges dudit Chapitre ». Ce qui étant présupposé, il est nécessaire que les juges tiennent l'audience pour conclure et énoncer les défauts, délais et saisies. Les députés, pas plus qu'aucun seigneur, ne peuvent tenir l'audience ; ils reçoivent les hommages personnellement, pas autre chose. Il n'est dû aucun salaire au sergent féodé pour l'assistance qu'il doit lors de la tenue des hommages. Le sergent est obligé de servir pendant les hommages, tant pour l'audience que pour conduire et précéder les députés et officiers de la juridiction. Il y a trois sergents, de Kerousy, Keralio et Leshildry, en Plouguiel.

 

Relation de M. de la Grève, chanoine de Tréguier, à propos de la visite qu'il fit à l'église collégiale de Laval, en 1869

« Il y a dans cette église une grande châsse revêtue de plaques d'argent doré, qui est élevée au-dessus du grand autel, au milieu. La tradition est que ladite châsse est remplie de reliques et particulièrement de saint Tudual, et n'a été ouverte de mémoire d'hommes. De plus il y a un petit reliquaire contenant une relique dudit saint, que les femmes enceintes vont prier pour leur heureuse délivrance. A côté du grand autel il y a trois évêques, saint Tudual tient le milieu, la tiare en tête, et la croix en main. La grande vitre derrière le grand autel est composée de 30 panneaux. Dans les six en bas sont les Seigneur et Dame de Laval à genoux, les mains jointes ; dans les 24 autres est représentée une partie de la vie et des miracles de saint Tudual, savoir : au premier, l'embarquement du saint avec ses compagnons sur une mer agitée à laquelle il parait commander de s'apaiser ; — au second, il y a un dragon qui semble vouloir le dévorer ; — au troisième, un ange le console en sa maladie ; — au quatrième, il y a autre dragon qui engloutit une personne et que le saint conjure ; — au cinquième, il délivre un possédé ; — au sixième, les habitants vont le prier en sa solitude ; — au septième, l'évêque le reçoit et l'embrasse ; — au huitième, l'évêque l'envoie en mission ; — au neuvième, il assiste à l'enterrement de l'évêque ; — au dixième, le prince et le peuple l'invitent à accepter l'épiscopat ;  — au onzième, le roi de France confirme son élection ; — au douzième, on le consacre évêque ; — au treizième, il reçoit ses religieux ; — au quatorzième, il prêche ; — au quinzième, il est en prière ; — au seizième, le peuple le prie de le délivrer de mouches malfaisantes ; — au dix-septième, un ange l'avertit de se mettre en chemin et de faire un voyage ; — au dix-huitième, les cardinaux le reçoivent, et l'habillent de pourpre et en chape rouge ; — au dix-neuvième, les cardinaux lui mettent la tiare sur la tête ; — au vingtième, un ange lui parle de rechef ; — au vingt et unième, il paraît monté sur une haquenée blanche ; — au vingt-deuxième, il parait malade et environné de ses religieux ; — au vingt-troisième, un ange enlève son âme en présence desdits religieux ; — au vingt-quatrième, il y a un religieux à l'autel, et d'autres qui l'assistent....... Il est à remarquer que jusqu'à sa consécration il est dépeint avec des rayons »

C'est comme on le voit, la légende de saint Tugdual y compris le séjour à Rome, son pontificat ? et son retour miraculeux à Créc Michel, près de Tréguier, sur un cheval blanc qu'un ange lui présenta hors de la ville Eternelle, en lui ordonnant d'aller résider en son évêché.

 

A propos de la bulle Unigenitus

Quelle était la conduite, quelle était l'opinion du Chapitre de Tréguier au sujet de la bulle Unigenitus publiée par Clément XI ? L'histoire de l'Eglise nous apprend que l'évêque de Tréguier, Jégou de Kerlivio (Note : D'argent au huchet de sable accompagné de 3 bannières d'azur chargé chacune d'une croix pommelée d'or) suivit les errements du jansénisme, même après la rétractation de l'archevêque de Paris, cardinal de Noailles. Les chanoines se détachèrent de leur prélat, sur ce point, sinon au premier moment du moins dès l'élévation de Mgr de la Fruglaye de Kerver (Note : D'argent au lion de sable armé et lampassé de gueules) au siège de Tréguier (1733-1745). Cet évêque promulgua la bulle Unigenitus et obtint pour son diocèse la grâce du Jubilé dont fut privé en 1725, son prédécesseur, à cause de ses idées jansénistes (Rorbacher). 

Le « mémoire de M. Burlot » ne donne pas le mandement, il signale le fait, de même qu'il affirme qu'en 1750 l'évêque Guy Le Borgne de Kermorvan (Note : D'azur aux trois huchets d'or liés et virolés de même) était en conformité de doctrine, ainsi que le Chapitre, avec le pape Benoît XIV (1746 à 1761). 

Lettre de M. Florentin à l'évêque de Tréguier, du 27 juillet 1731, à propos de la bulle Unigenitus. 

Ce fut le Chapitre qui reçut cette lettre, l'évêque étant mort le 2 août même année. Elle était aux archives : en voici une partie. « Il est important d'éviter l'expression " de règle de foi " que plusieurs donnent à la bulle de Clément XI. Ce n'est point un symbole et une profession de foi. Il faut lui rendre la soumission entière et parfaite qui lui est due, non comme à une simple loi de police et de discipline, mais comme à un jugement dogmatique de l'Eglise universelle, ou, comme le Roi s'est expliqué dans sa déclaration du 24 mars 1730, à un jugement de l'Eglise universelle en matière de doctrine.... Le Roi est persuadé que vous n'étendrez pas à tous les fidèles indifféremment des précautions qui ne doivent être appliquées qu'à ceux qui ont mérité, par leurs discours ou leurs écrits, d'être regardés comme désobéissants aux décisions de l'Eglise. Sa Majesté compte donc que vous ne souffrirez pas que des ecclésiastiques poussés par un zèle indiscret interrogent des personnes à qui leur état, leur profession, leur sexe, leur incapacité même ne permettent pas d'entrer dans des discussions de doctrine. Ces mêmes personnes ne devront pas être inquiétées par des questions hors de leur portée et plus propres à inspirer la curiosité et l'orgueil dont la désobéissance est presque toujours la suite, que l'édification, la soumission et la piété. S'il arrivait que pour des raisons importantes vous vous crussiez obligé de faire quelques demandes qui puissent avoir des suites, le Roi désire que préalablement vous ayez soin de l'en informer ; vous n'aurez qu'à vous adresser soit à lui, soit à quelqu'un des prélats qui composent son Conseil ecclésiastique, vous aurez ainsi l'avantage de n'agir qu'approuvé par le Conseil du sacerdoce et de l'empire »

Si le Chapitre de Tréguier n'était pas janséniste, il était néanmoins sévère dans ses jugements au point de vue de la discipline. Les chanoines de Poitiers lui demandent, en 1737, son avis sur un mandement de leur évêque permettant de manger des oeufs en carême, sans qu'il en ait conféré avec eux. Le Chapitre répond que le Prélat avait outrepassé ses droits, qu'il était de son devoir de ne pas porter de mandement avant d'avoir consulté son conseil capitulaire. 

En note : Le premier évêque de Tréguier qui a permis l'usage des oeufs est Mgr de Kerver qui, en 1733, et toutes les autres années de son épiscopat, autorise ses diocésains à en faire usage depuis le premier dimanche de Carême jusqu'au dimanche de la Passion exclusivement. 

Mgr Guy Le Borgne de Kermorvan les permet depuis le mercredi des Cendres jusqu'aux Rameaux exclusivement (abbé Allain).

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