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L'artillerie de Tréguier en 1600.

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Un des documents qui se rapporte au XVIème siècle est un inventaire de l'artillerie de la ville de Tréguer (aujourd'hui Tréguier), en date du 3 mai 1600.

Tréguer n'ayant jamais eu de murailles, n'ayant donc jamais été une place forte, on ne s'attend pas à y trouver de l'artillerie. Et — ce qui d'abord semblera plus singulier — c'est que la présence de cette artillerie était due probablement à cette absence de murailles.

Sous l'influence de ses deux évêques, François de la Tour et Guillaume du Halegoët, Tréguer fut l'une des rares villes de Bretagne qui, pendant toutes les guerres de la Ligue, gardèrent à la cause royaliste une fidélité inébranlable. Aussi fut-elle très maltraitée, cruellement pillée et ravagée par les ligueurs et par leurs alliés les Espagnols, en 1589, 1590, 1591, 1592. Guillaume du Halegoët, succédant à François de la Tour sur le siège de Tréguer en 1593, demanda au roi de protéger sa ville épiscopale contre le retour de pareils désastres ; cette juste demande fut exaucée. On éleva quelques ouvrages en terre autour de la cathédrale et de l'évêché ; on arma ces ouvrages d'artillerie, et Tréguer depuis lors n'eut plus à subir aucune attaque, car ces bandes pillardes, si empressées à se jeter sur les villes ouvertes et sans défense, y regardaient à deux fois quand il fallait affronter les boulets de canon.

En 1599 et 1600, les guerres de la Ligue finies partout, même en Bretagne, la paix et la sécurité rétablies, Henri IV ordonna à Sully, grand-maître de l'artillerie, d'inspecter par lui ou par ses lieutenants, tous les canons et autres pièces à feu dispersées en province, pour faire rentrer dans les arsenaux de l'Etat celles qui pourraient sans inconvénient être retirées. En exécution de cet ordre, Jean de Maignan sieur de la Gardelle, lieutenant du grand-maître de l'artillerie, vint à Tréguer le 3 mai 1600 et dressa l'inventaire des pièces et munitions d'artillerie existant dans cette ville.

Dans la cour du manoir épiscopal on trouva un gros canon « raccourci », deux coulevrines, une bâtarde (ou serpentine), et trois moyennes. Au XVIIème siècle le canon proprement dit lançait un boulet d'une trentaine de livres ; celui de la coulevrine était de 20 livres et celui de la bâtarde de 24. La moyenne était une pièce intermédiaire entre le canon et la coulevrine.

Ces sept pièces étaient de fabrication française ; le canon portait l'écusson de Bretagne et un semis de fleurs de lis et d'hermines sur sa volée ; les coulevrines, des fleurs de lys, une salamandre couronnée et la lettre F, initiale du roi François Ier. La bâtarde était marquée d'une H couronnée, initiale du roi Henri II, et du croissant, mystérieux symbole de Diane de Poitiers. Deux des « moyennes » portaient de même l'H couronnée ; et la troisième un écusson de Bretagne plein sans lettre ni symbole cette dernière devait remonter au XVème siècle, avant le mariage d'Anne de Bretagne.

Sur la grève, devant le port de Tréguer, il se trouva encore deux gros canons marqués l'un et l'autre d'une rose couronnée ils étaient de fabrication anglaise et du calibre d'Angleterre, moins fort de deux lignes que celui de France.

En tout, neuf pièces d'artillerie. Les munitions ne manquaient point dans la cour de l'évêché étaient empilés 506 boulets du calibre de France et 1.105 du calibre d'Angleterre ; dans un cellier sur le quai de Tréguer, 3 pipes et 32 barriques contenant plus de 17.000 livres de poudre, etc., etc.

Le lieutenant du grand-maître de l'artillerie ordonna d'expédier à Paris les deux canons d'Angleterre qui étaient sur le port, le canon raccourci et la bâtarde de la cour de l'évêché, et d'envoyer au château de Dinan neuf barriques de poudre pesant 2.894 livres. Le reste fut provisoirement laissé à Tréguer, sans doute parce que l'on craignait encore le renouvellement de la guerre contre l'Espagne.

 

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INVENTAIRE DE L'ARTILLERIE DE TRÉGUER. 3 MAI 1600.

Estat et inventaire faict par nous Jehan de Maignan, escuyer, sieur de la Gardele, lieutenant de M. le grand maistre de l'artillerie du gouvernement et du duché de Bretaigne, des pieczes d'artillerie, boulletz, salpestre, souffres, armes de guerre et aultres munitions d'artillerie estantz en la ville de Lantreguier, en la presancze de maistre Jehan de Fredot, commis de M. le controleur general de ladicte artillerie, et maistre Jehan de Aussonne, aussy commis de M. le garde general de ladicte artillerie, suivant et en vertu de la commission du Roy en datte du 29e mars, an presant, 1600, signée : Par le Roy, Monsieur de Rosny, grand maistre et capitaine general de l'artillerie, presant, DE NEUFVILLE, à nous adresante pour faire ledit inventaire. Lesdictes pieczes et munitions nous represantées par Jean Michel, procureur scindic des habitantz de ladicte [ville] de Lantreguier, en la presancze de 0llivier Pavyc, escuyer, sieur de Queralec, capitaine de ladicte ville ; Gilles de Launay, sieur de Kerson, prevost de ladicte ville de Lantréguier. Lesquelles pieczes et munitions s'ensuivent.

Premier.

En la court du logis episcopal dudit Lantreguier.

Ung canon court et renforcé d'une retraicte à l'endroict de la charge, armoyé des armes de Bretaigne, semmé de fleur de lis et armines sur la vollée, monté sur son affus et rouage [Note : Les roues et l'essieu, tout ce qui fait rouler le canon] cy ..... 1 canon.

Deux coullevrines, calibre de France, l'une armoiée d'une salamandre couronnée, et sur la vollée semée de fleurs de lys et de la lettre F [Note : Initiale du roi François Ier] ; et l'aultre armoyée de cinq treifles dans unne auraille [Note : Oreille ou oreillon de la pièce], montées sur leurs affus et rouages ; cy … II coullevrines.

Unne bastarde, armoyée d'un croissant entorné [Note : Entouré] de deux arcqz turcquois, et plus d'une lettre H [Note : Initiale du roi Henri II] couronnée, et semmée de fleurs de lys sur la vollée et des lettres H ; avecq ses affus et rouage, cy … I bastarde.

Trois moyennes à pans, l'une armoyée d'un croissant renfermé de deux arcqz turquois, avecq une lettre H couronnée, et d'un chifre d'une H avecq deux D [Note : Initiale de Diane de Poitiers] et une fleur de lys dessus ; — l'aultre armoyée d'un escusson de trois fleurs de lys avecq deux lettres H, aussy fermées de deux arcqez turcquoiz, deux croissans au deux costez desditz arcqz, et ungn chifre de deux doubles H ; — et la troisiesme armoyée d'un escusson aux armes de Bretaigne plaines ; n'y ayant que deulx affus sans rouage pour les susdictes trois pieczes, cy … III moyennes.

2.

En un cellier dudit lieu episcopal.

A esté trouvé cincq tonnes foncées, sçavoir, deux grandes et deux aultres plus moindres, plaines de mesche d'Engleterre, cy … IIIII tonnes.

Quatre pippes foncées, dont il y en a une fermée à clef, aussy plaines de mesche d'Angleterre, cy … IIII pippes.

3.

En unne chambre au bout dudict cellier de ladicte maison episcopalle.

A esté trouvé huict lenternes [Note : C'était probablement des boites pour les pièces se chargeant par la culasse, comme il en existait encore beaucoup au XVIème siècle] garnyes de leurs anses, sçavoir, trois pour canons, trois pour coullevrine et deux pour bastarde, cy … VIII lenternes.

Dix ecouvillons, pour servir à canon, bastarde et coullevrine, cy … X ecouvillons.

Huict refoullois, pour servir à canon, coullevrine et bastarde, cy…VIII refoullois.

4.

En la court dudict lieu episcopal.

A esté trouvé onze centz cinq balles à canon, calibre d'Engleterre ; cy … XIc V boulletz.

Cincq centz six boulletz de coullevrine, calibre de France, cy … Vc VI boulletz.

5.

Sur la grefve du havre dudict lieu de Lantreguier.

A esté trouvé deux canons d'Angleterre hors calibre, et mancque de deux lignes du calibre de France, armoyés chacun d'une rocze [Note : Sic, lisez « roze »] couronnée, à l'un desquelz y a deux meufles de lyon, en l’aultre deux testes d'homme ; montez sur leurs afus et rouages, l'une desquelles roues a trois de ses rais rompus et la ferrure de peu de valleur, cy … II canons.

6.

Dans un cellier estant sur ledit quay de ladicte ville de Lantreguier.

A esté trouvé trois pippes, trante et deux barricques, tant grandes que moyennes et petites, plaines de pouldres, lesquelles auroint besoign d'estre pillées et rechargées, pour avoir esté mouillées lorsqu'on les mena de Guingamp audit Lantreguier. Lesquelles pouldres nous avons faict poiser en la presancze desditz sieurs gouverneur et garde general et dudit Jean Michel et autres habitantz ; et se sont trouvées peser lesdictes pouldres avecques leur fus dix sept mil trois centz quattre vingtz dix livres ; cy … XVII mil III ctz IIII xx X livres de poudre.

Trois mil quattre centz et soixante sept livres de mesche d'Engleterre ; cy … III mil IIII ctz LXVII livres.

Trois combleaux [Note : Combleau, terme d'artillerie, qui se dit du cordage propre à tirer le canon, habituellement au XVIIème siècle long de 15 toises, gros de 4 pouces 1/2 de tour, pesant environ 70 livres. Voir Dictionnaire de Furetière] à servir à canons et coullevrines ; cy … III combleaux.

Trois cables pour servir à démonter et remonter le canon avecq les chèvres ; cy … III cables.

Trois poulies de fonte avec leur cheville de fer pour servir aulx chèvres ; cy … III poulies.

Deulx chèvres pour monter et démonter le canon ; cy … II chèvres.

Touttes lesquelles pieczes, pouldres, boulletz, mesche et autres munitions d'artillerie avons trouvé dans ladicte ville et maison episcopalle de Lantreguier, apprès nous avoir esté faict ouverture des magasins d'icelle par Jean Michel, procureur scindicq des habittantz de ladicte ville, en presancze de MM. de Querallec, capitaine de ladicte ville, et le sieur de Kerson, provost d'icelle ; mesme en la presancze des commis de MM. les controleur et garde general de ladicte artillerie. Et toutz lesditz canons, pouldres, boulletz et autres munitions de ladicte artillerie sont demeurés en la garde dudict Jean Michel et des habittantz de ladicte ville, pour en tenir bon et fidelle compte au Roy et aultres qu'il appartiendra, exceptés dudit inventaire deux canons calibre d'Angleterre, un canon racoursy calibre de France, et unne bastarde aussy calibre de France avecques ses afus et rouage ; et neuf moyennes barriques de pouldre poisons 2894 livres ; le tout mentionné au presant estat et inventaire. Desquels canons, bastarde et pouldre maistre Jehan de Aussonne, commis de M. le garde general de l'artillerie, s'est chargé, suivant nostre certificacion, et a baillé descharge audit Michel pour luy servir et à toutz autres ; et lesditz canons pour estre, suivant nostre commission, conduitz en l'arsenal de Paris pour estre employés à la fonte de ladicte bastarde, et les pouldres mins dans la ville ou chasteau de Dinan.

En tesmoign de quoy avons signé le present estat et inventaire, lesdits sieurs de Querallec et de Kerson, les commis de MM. les controleur et garde general, et ledit Jean Michel, à Lantreguier, ce troisiesme jour de may mil six centz.

Ainsin signé : MAIGNAN. DE LAUNOY. J. MICHEL. OLLIVIER PAVYC. DE FREDOT. et DE AUSSONNE (Copie authentique du 2 juin 1610). (A. de la Borderie).

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