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LE CHATEAU DU TIERCENT

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On peut regarder comme chose certaine que trois châteaux se sont succédé au Tiercent : une construction féodale habitée du XIIème au XIVème siècle par les premiers sires du Tiercent, — le manoir avec tour, bâti au XVème siècle, détruit à la fin du XVIème, et dont les ruines subsistent encore, portant en 1678 le nom de Vieilles Salles, — le logis moderne élevé au XVIIème siècle par les Ruellan et actuellement habité par les possesseurs de la terre du Tiercent.

De ces trois châteaux, on ne sait absolument rien du premier ; on ignore même où il s'élevait et l'on est réduit à supposer qu'il occupait à peu près l'emplacement du deuxième.

Nous sommes mieux renseignés au sujet de celui-ci, puisque sa tour et partie de ses salles se dressent encore dans la cour du troisième château.

Nous avons par ailleurs relaté les textes complets des Aveux des sires du Tiercent en 1435, 1540, 1680 et 1750 concernant leur habitation seigneuriale. Invariablement on signale au Tiercent l'existence d'un simple « manoir » ; il n'y est même jamais fait mention des douves avec pont-levis qui entouraient d'habitude des logis nobles beaucoup moins importants ; nulle part dans ces Aveux il n'est parlé de fortifications.

Les Déclarations faites au Roi en 1678 par le baron du Tiercent et par le seigneur de Chauvigné sont plus explicites ; elles mentionnent l'une et l'autre la tour qui subsiste encore au château du Tiercent, édifice rappelant un peu l'architecture militaire du moyen-âge.

Voici comment Gilles de Ruellan décrit sa demeure en 1678 : « Le lieu et manoir seigneurial du Tiercent consistant en maisons, salles, chambres, arrière-chambres, cuisine, caves, greniers, logement de pressoir, écurie, buanderie, avec un vieil logement qui autrefois servoit à salles, la tour au bout, le tout à présent ruisné de couverture et sans superficie, avec logement à l'autre bout appelé la Chambre de Coëtlogon, cave dessous, grenier dessus ; la grande cour entre lesdits logis, circuitée de murailles, portail vers septentrion pour y entrer. Les haut et bas jardins aussi circuits de murailles, compris l'emplassement du colombier ; partie du bois de haulte fustaie joignant lesdits jardins, à prendre au joignant du cimetière de l'église de la paroisse du Tiercent jusqu'au ruisseau qui descend de l'estang derrière les Vieilles Salles, faisant séparation de ladite paroisse du Tiercent et de celle de Baillé et se rendant à la rivière de Minette, au-dessous dudit bois. Le fonds dudit estang derrière lesdites Salles et d'aultre petit estang et rivière, terre gaste entre iceux, le tout en un mesme pourpris, contenant, compris les gallois à l'entour de l'église et le lieu où se tient la foire, 18 journaux » (Archives de la Loire-Inférieure, B, 1414).

De son côté le baron de Bonnefontaine déclare, à la même époque, que Gilles de Ruellan, baron du Tiercent, tient de lui à cause de sa châtellenie de Chauvigné : « le manoir du Tiercent avec les logis, tour, salles, portail et autres édifices, colombier et garennes, etc. » (Archives de la Loire-Inférieure, B, 1414).

Comme l'on voit, ce qui subsistait au XVIIème siècle du manoir du Tiercent, seconde demeure des sires de ce nom, était désigné à cette époque par la dénomination de Vieilles Salles. De cette construction très soigneusement faite en belles pierres de granit, il reste, de nos jours, quelques pans de murs à-demi couverts de lierre et ombragés par les grands arbres d'un parc moderne. On y remarque surtout une fort jolie porte ogivale, dont le tympan renferme deux écussons frustes ; tout joignant, au coin Sud-Ouest du logis aspecté à l'Occident, se dresse la haute tour à épaisse muraille, que nous venons de signaler ; elle est aujourd'hui sans toiture, ses planchers se sont effondrés et l'on ne reconnaît ses trois étages qu'aux cheminées superposées de ses salles et à ses fenêtres accompagnées intérieurement de bancs en pierre. A ce logis seigneurial devaient appartenir un écusson grossièrement sculpté dans le granit, représentant les quatre fusées accolées du Tiercent, soutenu par un lion et transféré à l'intérieur du nouveau château — et un autre écusson moins important mais aux mêmes armes et naguère placé à l'extérieur de la métairie de la Porte.

Ruines de l'ancien château du Tiercent

Ce qui reste de ce vieux manoir rappelle les constructions du XVème siècle ; peut-être est-il l'oeuvre de Jean Ier du Tiercent, gouverneur de Rennes et constructeur des fortifications de cette ville en 1428. La tour du Tiercent a quelque rapport avec celle d'un château voisin, la Haye-Saint-Hilaire ; ces deux manoirs n'étaient point des forteresses, mais chacun d'eux avait sa tour pouvant servir de refuge en cas de pressant danger.

Cette absence de fortifications peut venir d'ailleurs de ce que les sires du Tiercent séjournèrent rarement dans leur manoir pendant très longtemps : nous les avons vus habiter de préférence, au XVème siècle, la Chapelle en Guignen, et, au XVIème siècle, la Houssaye en Saint-Maden ; les Ruellan, après eux, affectionnèrent aussi la résidence du Rocher-Portail, d'abord, puis celle de la Ballue. Tous parurent peu souvent au Tiercent [Note : Cependant les Registres de baptêmes nous montrent quelquefois les Ruellan tenant au Tiercent des enfants de la paroisse sur les saints fonts : ainsi firent de 1730 à 1740 Olivier et Jean-Marie de Ruellan, Angélique et Mauricette de Ruellan, Roberte du Louët dame de Ruellan, etc.], qui perdit promptement ainsi son caractère de demeure féodale et finit même par tomber en ruines. Peut-être, d'ailleurs, ce château fut-il victime des guerres de la Ligue qui désolèrent la fin du XVIème siècle.

C’est à la famille Ruellan qu'il faut attribuer la construction du nouveau château du Tiercent. C'est un bâtiment régulier du XVIIème siècle, sans grand caractère architectural.

On y voit avec plaisir le portrait du dernier baron du Tiercent, Louis-Charles de Ruellan. L'ancienne cour murée, renfermant les remises à carosses et s’étendant entre les deux châteaux, a récemment fait place à une jolie pelouse plantée d'arbres ; on y retrouve toutefois le pavillon, accolé aux ruines des Vieilles Salles, mais moins vieux qu'elles, conservant le nom de Mme de Coëtlogon, l'une des filles de Gilles Ruellan, morte en 1622.

Nouveau château du Tiercent

Dominant une pittoresque vallée, le château du Tiercent offre avec sa vieille tour un intéressant aspect. Il est même devenu une agréable habitation, à la suite des embellissements que vient d'y exécuter, tant en la maison qu'aux alentours, la famille Collin de La Contrie.

II

Il nous reste à parler de cette famille qui possède le Tiercent depuis cent ans.

Au moment où s'ouvrait la période révolutionnaire, se mariait à Bazouge-la-Pérouse, le 10 septembre 1789, Louis-Charles-René Collin de La Contrie, né à Bazouge le 22 novembre 1761, avocat au Parlement de Bretagne, sénéchal de la Ballue et du Plessix-Chesnel, fils de Bazile-Guillaume, notaire et procureur au siège royal de Bazouge, sénéchal de Beauvais-Moulines et procureur fiscal de plusieurs juridictions ; il épousait Adelaïde-Félicité Renoult. L'année suivante les nouveaux époux eurent une fille, Marie-Josèphe-Louise, que tint, le 23 août 1790, sur les fonts baptismaux de Bazouge, Louis-Charles de Ruellan, baron du Tiercent (Registre paroisse de Bazouge. — Notes de M. l'abbé Paris-Jallobert).

Peu de temps après ce seigneur partait pour l'étranger, quittant la Bretagne qu'il ne devait plus revoir. Avant d'aller en exil, il confiait ses intérêts de fortune à M. Collin de La Contrie. Celui-ci habitait avec sa femme le château de la Ballue, lorsqu'en 1792 les gendarmes et les dragons envoyés par le Directoire du district de Fougères vinrent y perquisitionner à l'occasion du complot contre-révolutionnaire de Tuffin de la Rouairie, mais on ne l'y trouva pas.

Collin de La Contrie était, en effet, lié avec le marquis de la Rouairie et faisait partie du Conseil de la division de Fougères, présidé par Aimé Picquet du Boisguy, dirigeant les mouvements d'insurrection dans cette partie de la Haute-Bretagne (Lenotre, Le marquis de la Rouairie et la conjuration bretonne, 68).

On sait comment la mort de Tuffin de la Rouairie, arrivée le 30 janvier 1793, et la découverte de ses papiers firent avorter la conjuration bretonne.

Collin de la Contrie se joignit alors aux Vendéens dans leur excursion d'Outre-Loire, puis aux Chouans du pays de Fougères et « ne cessa depuis de servir le parti du Roi avec un zèle éclairé et une fidélité inviolable » (De Beauchamp, Histoire de la guerre de Vendée, IV, 121).

Après la défaite des Vendéens et l'extermination de leur vaillante armée, le comte de Puisaye se mit à la tête des Chouans de Bretagne et conçut le plan d'une organisation de leurs troupes. Il divisa la province en six arrondissements, ces arrondissements en cantons, ces cantons en paroisses. Chaque arrondissement eut son conseil particulier, comme chaque canton et chaque paroisse ; les conseils d'arrondissement reçurent leurs instructions du conseil général de l'armée, composé de députés de chaque arrondissement, au nombre de deux par arrondissement, et des généraux de l'armée.

Collin de La Contrie représenta à ce Conseil général l'arrondissement de Rennes et de Fougères, formé du département d'Ille-et-Vilaine, auquel on ajouta « les extentions dans la Normandie et dans le Maine occupées par M. du Boisguy ».

Le 10 octobre 1795 les pouvoirs de Collin de la Contrie furent vérifiés par le Conseil général et déclarés valables. Le même jour, il prêta le serment exigé des députés de maintenir de tout leur pouvoir la religion catholique dans l'ancien exercice de son culte et de rétablir la monarchie française sur ses anciennes bases. Il fut alors chargé, conjointement avec Lemercier, député de Vannes, « de la correspondance avec les différentes armées et les administrations subordonnées au Conseil général, de la rédaction, impression et promulgation des adresses, arrêtés et procès-verbaux et de la garde des archives » (De Contades, Un chouan à Londres, Louis-Charles de la Contrie, brochure extraite de la Revue de la Révolution, p. 8).

En 1796 on songea à réunir à Londres les représentants des diverses armées royales pour venir à bout d'un esprit de rivalité produisant les plus funestes résultats. Puisaye choisit pour représenter l'armée de Bretagne le comte de Botherel et M. Jouet qui se trouvaient alors à Londres. Il leur adjoignit Collin de la Contrie, dont il faisait grand cas et en qui il avait toute confiance. Dès qu'il eut reçu les instructions de Puisaye, Collin de la Contrie se prépara à partir. Il avait été choisi à juste titre, car nul mieux que lui n'était au courant des affaires du parti, du fort et du faible des petites armées. Mais comprenant la responsabilité qui devait peser sur lui dans cette circonstance, il écrivit le Journal de son voyage et séjour à Londres aux mois d'avril, mai, juin et juillet 1796, comme député de l'armée catholique et royale de Bretagne (De Contades, Un chouan à Londres, Louis-Charles de la Contrie, brochure extraite de la Revue de la Révolution, p. 8 et 10).

Nous ne pouvons raconter ici ce voyage de Collin de la Contrie à Londres ; le comte de Contades l'a d'ailleurs résumé dans son étude historique précitée : Un chouan à Londres. Disons seulement que sa conduite « pleine d'honnêteté, d'énergie et de constance » méritait récompense. Le 7 août, Puisaye reçut Collin de la Contrie chevalier de Saint-Louis le brevet signé par Monsieur à Edimbourg était daté du 15 juin 1796.

De retour en Bretagne, Collin de la Contrie demeura le fidèle ami du comte de Puisaye, mais ce dernier perdit, comme l'on sait, toute autorité dans notre province ; puis la pacification ne tarda pas à paralyser le mouvement de la chouannerie.

Rentré dans la vie de famille, Collin de La Contrie ne tarda pas à acheter, vers 1804, croyons-nous, le château et la terre du Tiercent que lui vendit Mme de Muzillac, retirée à Paris.

A la Restauration, Louis XVIII voulut de nouveau récompenser Collin de La Contrie, il l'anoblit par lettres patentes du 14 décembre 1822 (Guérin de la Grasserie, Armorial de la Noblesse de Bretagne). Il lui donna pour armoiries : Parti au 1er de gueules, à la tour d'argent maçonnée de sable ; au 2ème d’or, au lion de sable tenant à la patte dextre une fleur de lis au naturel ; et pour devise ces mots : Consilio et gladio, rappelant le double rôle de conseiller et de soldat qu'avait si bien rempli Collin de La Contrie.

Cet homme de bien et de valeur mourut au Tiercent le 10 mars 1834. Il fut inhumé dans le cimetière de cette paroisse, près du porche de l'église ; on y voit encore sa tombe et sa croix qui portent ces deux inscriptions : Louis-Charles-René Collin de La Contrie, écuyer, chevalier de Saint-Louis, colonel dans les armées royales de l'Ouest. — Vir probus Deo, patriae, suisque devotus, vitam beneficiis plenam exhalavit X martii 1834. ln memoria aeterna erit justus.

De son union avec Adelaïde Renoult, qu'il avait perdue dès le 19 septembre 1808, Louis Collin de La Contrie laissait plusieurs enfants dont l'un, nommé Edouard, hérita de la terre du Tiercent.

Né en 1804, Edouard Collin de La Contrie, conseiller à la Cour d'appel de Rennes, chevalier de la Légion d’honneur, épousa, en 1838, Adèle Le Tarouilly et mourut veuf le 10 mai 1879.

Il laissait un fils unique, Edouard-Marie-Vincent-de-Paul Collin de La Contrie, né le 25 mars 1840, marié le 10 octobre 1863 à Denise de Lantivy de Trédion et décédé à Rennes, en son hôtel, le 23 juin 1894.

De cette dernière union sont sortis deux enfants : 1° Paul-Auguste-Edouard-Marie Collin de la Contrie, né à Rennes le 1er octobre 1864, marié à Rennes, le 2 juillet 1889, à Ernestine du Beaudiez, dont il a deux enfants, Paul et Françoise. C'est à lui qu’appartiennent à la fin du XIXème siècle le château et la terre du Tiercent. 2°  Marie Collin de la Contrie, née à Rohan le 18 septembre 1870 et mariée à Rennes, le 28 juillet 1889, à Gaston Besnard de la Vieuxville dont elle a également deux enfants nommés Yves et Gaston (Guillotin de Corson).

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