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LA BARONNIE DU TIERCENT

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Lorsque fut créée au XIème siècle l'importante baronnie de Fougères, son territoire rural se composa de 4 circonscriptions, anciens pagi plus vieux qu'elle, et dont le nouveau baron fit autant de sergenteries. D'après une charte de l'abbaye de Rillé, datée de 1163, ces subdivisions de la baronnie de Fougères furent : le Désert ou sergenterie de Louvigné, — le Coglais ou sergenterie de la Villegontier, — le Loerre ou sergenterie du Bois-Février — et le Vendelais ou sergenterie du Tiercent.

Dans leurs intéressantes recherches d'histoire locale, MM. Maupillé et Le Bouteiller attribuent au Vendelais 21 paroisses, savoir : Vendel, Le Tiercent, Saint-Sauveur, Romagné, Javené, Chienné, Billé, Combourtillé, Parcé, Dompierre, Luitré, Baillé, Saint-Mard-le-Blanc et Saint-Hilaire (Communes de l'arrondissement de Fougères) ; Princé, Châtillon, Montautour, Montreuil-des-Landes, Izé, Saint-Christophe-des-Bois et Mecé (Communes de l'arrondissement de Vitré). Cette sergenterie était assez considérable et rapportait environ 3.000 livres à la recette de Fougères au XVIIème siècle. Aussi en démembra-t-on quelques paroisses pour former deux autres sergenteries secondaires, celles de la Châsse-Beauvais, en Romagné, et des Vairies, en Saint-Sauveur-des-Landes. Il est peut-être bon de rappeler ici que la sergenterie, appelée aussi vairie, était un office féodal qui, moyennant certains avantages concédés par le seigneur, obligeait le vassal qui s’en trouvait chargé à recueillir les impôts et les amendes perçus dans sa région.

« Doit le seigneur du Tiercent, — dit encore l'Aveu de 1678 — présenter à la Cour de Fougères, un sergent féodé, tant pour la cueillette des rentes féodales dues à ladite Cour sous la juridiction du Tiercent que pour assister aux audiences et faire les exploits requis ».

Quand le duc de Bretagne, puis le roi de France devinrent barons de Fougères, cette baronnie fut encore divisée en trois grandes châtellenies : Fougères, Antrain et Bazouge-la-Pérouse ; la paroisse et la seigneurie du Tiercent furent comprises dans la châtellenie d'Antrain. Enfin lorsque Louis XIV établit en Bretagne l'intendance et les subdélégations, le Tiercent fit partie de la subdélégation de Saint-Aubin-du-Cormier.

Quoique le seigneur du Tiercent relevât directement du baron de Fougères, étant son sergent féodé dans le Vendelais, il ne tenait néanmoins de ce baron la terre du Tiercent que « par le moyen du seigneur de Chauvigné » car, est-il dit dans plusieurs chartes, « les lieux, manoirs, appartenances, terres arrables, eaux et pescheries, tous les hommes et subjects, juridictions et obéissances qui appartiennent au seigneur du Tiercent ès paroisses du Tiercent, Baillé et Saint-Médard-le-Blanc, ledit seigneur du Tiercent confesse les tenir dudit seigneur de Chauvigné prochement et noblement » (Déclarations de la seigneurie du Tiercent au XVème siècle).

Nous possédons malheureusement si peu de chose sur les origines de la châtellenie de Chauvigné qu'il nous est impossible de bien déterminer comment la famille du Tiercent se trouvait descendre « en juveignerie » de celle de Chauvigné. Mais il est à remarquer que ces deux anciennes maisons avaient à peu près les mêmes armoiries au XIVème siècle. En 1356 le sceau de Raoul de Chauvigné porte cet écusson : quatre fusées rangées et posées en fasce, surmontées de trois mouchetures d'hermine ; les sceaux d'Alain du Tiercent en 1379 et de Pierre du Tiercent en 1402 portent également l'un et l'autre : quatre fusées rangées et posées en fasce (D. Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, I, Planches, n° 63 et 242).

Dans le courant du XVème siècle disparut la famille de Chauvigné ; la seigneurie portant ce nom devint la propriété de nobles, étrangers à la Bretagne (Les Le Gris et du Quesnel). Les sires du Tiercent en profitèrent naturellement pour se dégager, autant qu'ils le purent, de cette petite suzeraineté. Comme la baronnie de Fougères tombait à la même époque aux mains des ducs de Bretagne, ce fut à ces princes et plus tard aux rois de France, leurs successeurs à Fougères, que les seigneurs du Tiercent s'accoutumèrent à rendre directement leurs aveux. Cependant en 1603 le baron de Bonnefontaine, devenu seigneur de Chauvigné, faisait bien remarquer que la seigneurie du Tiercent n’était qu'un arrière-fief de Fougères et un fief propre de Chauvigné (Archives de la Loire-Inférieure. Déclarations de Bonnefontaine et de Chauvigné). En 1678, le même baron, rendant aveu au roi, déclarait que « à cause de la seigneurie de Chauvigné, démembrement de la baronnie de Fougères et unie à la baronnie de Bonnefontaine », Gilles de Ruellan, baron du Tiercent, « tenoit de lui son manoir et sa métairie du Tiercent, ses moulins de Saint-Martin et de Perret, les prééminences des églises du Tiercent et de Saint-Mard-le-Blanc et les fiefs de la Rouaudaye, de Montéchart et de la Papillonnaye » (Archives de la Loire-Inférieure, B, 1414).

Gilles de Ruellan n’est pas moins explicite dans la déclaration qu'il fit au roi de sa baronnie du Tiercent, le 10 septembre 1678 : « Déclare ledit seigneur du Tiercent tenir du roy, noblement, à foy, hommage et rachapt, par le moyen du seigneur de Chauvigné, soubs la chastellenie d'Antrain, le manoir seigneurial du Tiercent, etc … ». Aux biens constituant le fonds du domaine du Tiercent proprement dit, il ajoute même les seigneuries des Renaizières et des Mezandrès qu'il avoue tenir également « par le moyen du seigneur de Chauvigné » (Archives de la Loire-Inférieure, B, 1414).

Il n'est donc pas douteux qu'à l'origine la seigneurie du Tiercent fut un démembrement de celle de Chauvigné ; ce qui n'empêcha pas son possesseur de devenir de bonne heure sergent féodé du baron de Fougères dont il tenait directement plusieurs fiefs.

Aussi le seigneur du Tiercent devait-il chaque année « 179  sols, 15 deniers » au baron de Fougères et une rente un peu plus forte au seigneur de Chauvigné : « 26 boisseaux d’avoine et 2 mangers l'un de 5 sols, 7 deniers, et l'autre de 2 sols seulement » (Déclarations du Tiercent en 1450 et 1678. — On appelait manger un repas dû à l'origine par le vassal à son seigneur et remplacé plus tard par une somme d'argent).

II

Au XVème siècle, la seigneurie du Tiercent se composait de ce qui suit : « Le lieu, manoir, domaine, colombier, garenne, bois, estang, haies, prés et appartenances d'iceluy lieu nommé le Tiercent, situé ès paroisses du Tiercent et de Saint-Mard-le-Blanc, contenant de six à sept vingt journaux de terre. — La mestairie, estang et bois de la Vallée, en Saint-Mard, contenant 50 journaux. — Le lieu, domaine, estang et bois de Montéval, en Baillé, contenant 70 journaux. — Les moulins de Saint-Martin au Tiercent, de Perret, des Flégès et de Montéval, en Baillé. — Les fiefs ou baillages du Tiercent s'étendant en Le Tiercent et Saint-Mard-le-Blanc, valant de rente 48 livres par deniers, une mine (Mesure de capacité pour les grains comprenant 8 boisseaux) de froment et quatre mines d'avoine, plus une poule de chaque tenancier. — Le Grand-Fief de Baillé, en ladite paroisse, valant de rente 44 livres par deniers, 9 mines de seigle et 8 mines d'avoine, et de chaque vassal un chapon ou une poule. — En certaine terre, vallée et rochers, nommés le Val de Perret, est assise la justice du seigneur du Tiercent, à trois poteaux, scavoir deux pour ladite terre et seigneurie et un poteau par grâce et gratification de nostre souverain sire et seigneur (le duc de Bretagne, baron de Fougères) et est ladite justice en la paroisse de Baillé ». — Enfin les terres nobles du Haut-Flégé, en Baillé, du Fail, en Saint-Mard-le-Blanc, et de la Cherbaudière, en Saint-Hilaire, sont tenues « en juveignerie » du seigneur du Tiercent.

Telle paraît être, d'après plusieurs Aveux de 1435 et années suivantes, la seigneurie primitive du Tiercent s'étendant seulement en trois paroisses : Le Tiercent, Baillé et Saint-Mard-le-Blanc (Archives d'Ille-et-Vilaine et de la Loire-Inférieure).

Au siècle suivant, cette seigneurie s’est agrandie aux alentours et voici sa composition en 1540 :

« Le fonds des maisons du lieu et manoir du Tiercent, cours, jardrins et vergers, comme le mur du jardrin le comporte jusqu’au ruisseau venant de l'Estang Neuf, y compris le fonds de la maison de la mestairie dudit lieu, contenant le tout ensemble 3 journaux ». — Plusieurs bois futaies et taillis, anciennes vignes, mottes et garennes, fonds du moulin de Saint-Martin, terres du pourpris et de la métairie, le tout contenant 136 journaux valant de rente 44 livres 6 sols 5 deniers, — la métairie de la Gravelle, contenant 75 journaux valant 23 livres 18 sols 11 deniers [Note : La Gravelle, en la paroisse du Tiercent, est une vieille terre seigneuriale donnant son nom à une famille noble représentée dès 1157 par Jean de la Gravelle, et en 1181 par Guillaume de la Gravelle. En 1435, Alain de la Gravelle rendit aveu à la baronnie de Fougères pour sa terre de la Gravelle et son fief de la Papillonnaye avec juridiction. Guillaume de la Gravelle, mari de Jeanne du Boays, vivant en 1472, fut le dernier seigneur de ce nom. Il eut pour héritier Jean Le Veneur, fils de Renée de Talye, qui rendit aveu en 1501. Jean du Chastellier, seigneur des Flégès, devint ensuite possesseur de l'ancien manoir de la Gravelle appelé les Vieilles Cours. Propriété en 1540 de Gilles du Tiercent, la Gravelle passa dès 1545 à Jean du Chastellier, seigneur de Villecourte ; en 1575 et 1602 à Julienne du Chastellier, femme de Bertrand du Guesclin, seigneur de la Roberie, puis à Michel Porée, seigneur du Parc, qui vendit cette terre à Jean de la Noë, sieur de la Chardronnaye, habitant la Gravelle en 1658. Devinrent après propriétaires de la Gravelle : Julienne de la Noë, femme de Bertrand Roullier, sieur du Frétay (1680), Gabrielle Roullier, femme de Gilles Le Vavasseur (1730), Jeanne Le Vavasseur, morte à Saint-Mard en 1775, enfin Jacques Le Bon, sieur de la Louairie, son héritier, demeurant en 1784 à la Brunière, au Tiercent. La Gravelle se composait à l'origine d’un manoir avec colombier, bois, étang et métairie. Le fief de la Gravelle et son moulin sur la Minette, appelé Moulin-Neuf, furent distraits de la terre et du manoir au XVème siècle ; possédés en 1500 par François de Tréal, seigneur de Sur-Minette, ils furent vendus en 1573 par Marguerite de Tréal à Jean de la Belinaye, qui les annexa à sa seigneurie de la Belinaye, en Saint-Christophe-de-Valains]. — la métairie de Montéval, contenant 63 journaux et valant 24 livres 10 sols 10 deniers, — la métairie de la Vallée, contenant 63 journaux et valant 24 livres 10 sols 10 deniers, — la métairie de la Couvrie, contenant 52 journaux valant 17 livres 17 sols 8 deniers, — la métairie du Rocher-Poirier (en Saint-Ouen), contenant 43 journaux et valant 16 livres 12 sols 8 deniers, — enfin trois métairies en Saint-Brice, à savoir la Forêt-Neuve, contenant 78 journaux et valant 18 livres, — la Huasserie, contenant 60 journaux et valant 20 livres, — et la Maubaichère, contenant 54 journaux et valant 15 livres. L'ensemble de toutes ces métairies était de 627 journaux de terre estimés valoir 205 livres de rente.

Viennent maintenant les étangs et moulins : l'Etang-Neuf, derrière le château du Tiercent, et les étangs de Saint-Martin, de Montéval, de la Gravelle et de Perret, — les moulins à blé de Saint-Martin et de Perret, le moulin à draps de Montéval et le moulin de la Perviaye, tous établis sur le cours de la Minette et valant, avec la pêche des étangs, environ 65 livres de revenu.

Enfin les bailliages au nombre de 12 : Grand-Fief de Saint-Mard et fiefs de Bourseul et de Lessarigné, en Saint-Mard-le-Blanc, — Grand-Fief de Baillé, — Fiefs de Montéchard, la Papillonnaye et la Rouaudaye au Tiercent, — fiefs de Melleray, Sallarin, la Coursonnière, le Rocher-Poirier et la Poterie, en Saint-Ouen-des-Alleux. Tous ces fiefs rapportaient ensemble environ 137 livres d'argent, 12 mines d'avoine, 9 mines de seigle et une mine de froment, plus 8 chapons et une cinquantaine de poulets et de corvées.

De ce compte résulte que la seigneurie du Tiercent valait au XVIème siècle environ 400 livres de rente, dont il fallait retrancher : l'acquittement de certaines redevances en deniers et en grains à la baronnie de Fougères, — les honoraires de pieuses fondations faites par les seigneurs du Tiercent à Baillé et à Saint-Christophe-de-Valains, — les gages des officiers de la juridiction en haute justice du Tiercent, savoir pour le sénéchal 100 sols, pour le lieutenant et le procureur 60 sols à chacun, — enfin l'entretien d'un sergent à la cour de Fougères, à raison de la sergenterie féodée du Tiercent, entretien coûtant cent sols par an (Archives de la Loire-Inférieure, B, 1400).

Telle se trouvait, à peu près, constituée la seigneurie du Tiercent quand Gilles Ruellan, seigneur du Rocher-Portail, en fit l’acquisition en 1602 et obtint son érection en baronnie. Voici comment, en 1608, s'opéra cette érection.

III

Précédemment, en 1575, Henri III, voulant récompenser l'un de ses fidèles serviteurs, le vaillant capitaine François du Breil, seigneur des Hommeaux, en Saint-Broladre, marié à Louise Le Séneschal, dame du Rocher-Séneschal, en Saint-Brice, et des Plessix-Séneschal, en Saint-Mard-le-Blanc, unit ces trois terres et en forma une baronnie sous le nom des Hommeaux. Mais cette création n'eut qu'une existence éphémère, car Louise Le Séneschal mourut sans postérité dès 1576, et les terres du Rocher et des Plessix, séparées de celle des Hommeaux, échurent à son héritier collatéral, François de Carné.

Ce dernier seigneur vendit, en 1596, le Rocher-Séneschal et les Plessix-Séneschal à Gilles Ruellan ; celui-ci acheta, vers la même époque, la seigneurie des Renaizières, également en Saint-Mard-le-Blanc, que lui vendit Christophe de Tassé, et les fiefs du Boisbaudry, en Tremblay. A la prière de Gilles Ruellan, Henri IV, par lettres patentes du 7 décembre 1608, fit revivre l'érection, précédemment décrétée en 1575, du Rocher-Séneschal en baronnie, non plus en union avec les Hommeaux, que ne possédait pas Gilles, mais en union avec le Tiercent. Rappelant les services que ce seigneur lui avait rendus pendant la guerre de la Ligue en Bretagne, le roi « joignit et unit aux dites terres du Rocher-Séneschal et des Plessix-Séneschal, celles du Tiercent, des Renaizières et du Boisbaudry-en-Tremblay, à toutes lesquelles appartiennent tous droits de justice haulte, moyenne et basse, nombre de sujets, tant nobles que roturiers, et qui sont de belle et grande estendue dans les paroisses du Tiercent, Saint-Mard-le-Blanc, Saint-Thomas de Baillé, Saint-Georges de Chauvigné, Tremblay, Saint-Ouen-des-Alleux, Sainte-Hilaire-des-Landes, Saint-Brice, Saint-Etienne et Saint-Germain-en-Coglais, Saint-Ouen-la-Rouairie et aultres ; lesdites relevant immédiatement du roi, à cause de sa baronnie de Fougères ». Le roi termine ses lettres en ordonnant que « doresnavant et à toujours ladite nouvelle baronnie porte le nom et titre de baronnie du Tierzant » (Archives de la Loire-Inférieure, B, 69).

En 1615, Louis XIII renouvela ces lettres patentes d'érection du Tiercent en baronnie.

Comme la baronnie des Hommeaux, celle du Tiercent ne conserva pas longtemps son intégrité. Après la mort de Gilles Ruellan, décédé en 1627, sa fille, Vincente Ruellan, femme de Jacques Barrin, seigneur de la Galissonnière, eut en partage la terre et la seigneurie du Rocher-Séneschal, distraites par suite de la baronnie du Tiercent et unies plus tard au marquisat de Saint-Brice. Les fiefs du Boisbaudry-en-Tremblay furent, d'autre part, annexés par le baron du Tiercent à son marquisat de la Ballue et ne figurent point dans les déclarations du Tiercent en 1680 et 1750.

La baronnie du Tiercent se trouva, dès lors, composée d'une façon définitive, comme nous allons le dire, et elle demeura telle jusqu'en 1789.

La haute-justice du Tiercent — relevant seulement de Fougères, — s'exerçait au bourg de Saint-Mard-le-Blanc, dans un auditoire qu’accompagnaient une prison et un logement de geôlier. Ses fiefs s'étendaient en huit paroisses : Le Tiercent, Saint-Mard-le-Blanc, Baillé, Saint-Ouen-des-Alleux, Saint-Mard-sur-Couasnon, Vieuxvy, Chauvigné et Saint-Christophe de Valains. Les fourches patibulaires du Tiercent se dressaient sur le rocher de Perret, en Baillé ; nous avons vu qu'elles consistaient, dès 1435, en trois poteaux ; deux d'entre eux existent encore en partie, transférés aujourd'hui à l’entrée du cimetière de Baillé. Un second gibet, également à trois piliers et dépendant de la seigneurie des Plessix-Séneschal, s'élevait sur la lande de Saint-Mard-le-Blanc. Le seigneur du Tiercent avait aussi le droit d’avoir au Tiercent, à Baillé et à Saint-Mard-le-Blanc, des piloris, c'est-à-dire des piliers avec ceps et collier, pour attacher et exposer en public les malfaiteurs condamnés par ses juges.

Ce même baron avait afféagé au bourg de Saint-Mard-le-Blanc deux maisons nommées la Maison-Franche et la Maison-Cernée ; les détenteurs de ces logis lui devaient « oultre la foy, hommage et obéissance, un escu soleil de rente ou monnoie d'icelle valeur apurée à 33 sols, 4 deniers mon., avec douze pots de vin blanc des parties d'Anjou et trois couples de pains blancs payables aux six principales festes de chaque année, scavoir à Pasques, Pentecoste, Saint-Jean-Baptiste, Nostre-Dame-My-aoust, Toussaints et Noël, deux pots de vin et un pain à chaque feste, plus une paire de cousteaux et un poignart » (Déclaration de la seigneurie du Tiercent en 1678).

Gilles Ruellan avait obtenu d'Henri IV en 1603 l'érection de quatre foires, deux au bourg de Saint-Mard-le-Blanc le 25 avril et le 11 juin, et deux au Tiercent le 6 mai et le 29 août (Archives du Parlement de Bretagne).

Au baron du Tiercent appartenaient « un droit de pesche prohibitive à tout autre dans la rivière de Minette en l'étendue de ses fiefs » et un « droit de garenne avec mottes à connils ».

Le sire du Tiercent, seigneur fondateur et prééminencier de l'église du Tiercent, y jouissait des prières nominales, de lisière armoiriée, et au côté de l'Evangile, au joignant du chanceau, d'une chapelle renfermant son banc et son enfeu. — Il avait également une chapelle prohibitive dans l'église de Vieuxvy, du côté de l'Evangile, à cause de sa terre de la Sénéchaussière [Note : Cette seigneurie après avoir appartenu jusqu'à la fin du XVème siècle à la famille Le Séneschal, vint vers 1513 aux mains de Briande du Tiercent qui la donna à son fils Jacques de Cluhunaud ; Gilles Ruellan l'unit de nouveau au XVIIème siècle au domaine du Tiercent] — Dans l'église Saint-Georges de Chauvigné, sa terre des Mézandrés lui donnait aussi droit à un banc, une litre et un enfeu devant l'autel de la Vierge. — Comme seigneur des Plessis-Sénéchal et du fief de Saint-Mard, il jouissait des mêmes privilèges dans l'église de Saint-Mard-le-Blanc, dont il se disait fondateur ; sur la façade occidentale de cet édifice on voit encore les écussons aux quatre fusées accolées des anciens sires du Tiercent. — Enfin, à raison de son fief de Saint-Martin de Baillé, il se trouvait fondateur de l'église de Baillé et y jouissait de prééminences, écussons, banc et enfeu ; de plus, le presbytère de Baillé s'élevant dans ce fief, le recteur devait chaque année présenter au seigneur du Tiercent « un chapeau ou couronne de roses, amendable de 5 deniers monnoie » (Aveu du fief de Saint-Martin-de-Baillé en 1789).

Voici quel était le domaine proche de la baronnie du Tiercent :

« Le chasteau et manoir seigneurial du Tiercent, chambres, greniers, caves, cuisines, cour, écurie, haut et bas jardins, avec le bois de décoration et l'estang », — les anciens manoirs des Plessix-Sénéchal et des Renaizières, en Saint-Mard-le-Blanc, de la Sénéchaussière, en Vieuxvy, des Mézandrés, en Chauvigné, et de la Haute-Vallée, au Tiercent [Note : La Déclaration du Tiercent en 1678 signale « le grand corps de logis de la Haute-Vallée servant à salle et la grande cour au devant, circuitée de murailles avec ses tours et portail vers midy »], — les métairies de la Porte du Tiercent et de la Couvrie, en la paroisse du Tiercent, des Renaizières, du Guémorel, de Lourme et de la Basse-Vallée ou la Vallée-Chauvigné, en Saint-Mard-le-Blanc, du Haut-Montéval, en Baillé, des Grand et Petit Mézandrés et du Mézandré-aux-Porcons, en Chauvigné, de la Sénéchaussière et de la Guespinière, en Vieuxvy, — les moulins de Saint-Martin-du-Tiercent, du Houx, de Perret, de Montéval et de Bray, — l'auditoire de la juridiction, au bourg de Saint-Mard-le-Blanc — et les jardins du Bas-Val, en Baillé (Déclarations de la baronnie du Tiercent en 1680 et 1750).

Ruines de l'ancien château du Tiercent

Lorsqu’en 1750 Joseph-René de Ruellan entra en jouissance de la baronnie du Tiercent que lui laissait sa défunte mère, il paya comme devoir de rachat ou de mutation à la baronnie de Fougères la somme de 1833 livres (Archives de la Loire-Inférieure, B, 1386) ; ce qui donne un aperçu du revenu de la seigneurie.

Le dernier baron du Tiercent, Louis-Charles de Ruellan, vulgairement appelé le marquis du Tiercent parce qu'il possédait le marquisat de la Ballue, jouissait d'une belle fortune.

On évaluait à 14.000 livres de rente ce que lui avait confisqué la Nation à la suite de son émigration. Cette portion de ses biens consistait en la totalité de la terre de la Ballue, — le tiers de ses annexes les terres du Rozel, de la Bouexière et de la Rivière, — le tiers de la baronnie du Tiercent — et la totalité des terres de Pommeleuc, la Salle et Quelleneuc, en la paroisse de la Nouée (Aujourd'hui commune du canton de Josselin - Morbihan). Les terres de la Ballue et celles se trouvant en la Nouée furent vendues à des étrangers ; mais Mme de Muzillac et Mlle du Tiercent, soeurs de Louis-Charles de Ruellan, n'ayant pas émigré, conservèrent leurs propres tiers des autres biens et achetèrent la part dont avait été dépouillé leur frère.

Ce fut le 20 octobre 1796 que fut signé le contrat par lequel « le tiers des biens provenant, au Tiercent et aux environs, de la succession d'Hélène de Lambilly, dame de Ruellan, et acquise à la République par l'émigration de son fils, Louis-Charles de Ruellan » fut acheté par les soeurs de ce dernier, Marie-Céleste de Ruellan et Renée-Modeste de Ruellan, veuve de Charles de Muzillac. Cette acquisition comprenait le château du Tiercent et les métairies de la Porte, la Vallée, les Plessix­Séneschal, Montéval, les Mézandrès, la Sénéchaussière et la Guespinière ; la Couvrie fut aussi rachetée par les mêmes dames six jours plus tard.

Peu de temps après mourait à Rennes Mlle du Tiercent ; Mme de Muzillac, son héritière, demeura seule propriétaire de la terre du Tiercent, ayant vraisemblablement passé quelque convention avec son frère, le baron du Tiercent (Guillotin de Corson).

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