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CROISSIERE DE SURCOUF SUR LA " CLARISSE "

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CROISIÈRE DE LA « CLARISSE ».

Le corsaire Robert Surcouf (1773-1827)

Les autorités de l'île ne prirent aucune part à ces manifestations et soulevèrent un conflit des plus irritants. L'Emilie était partie avec une commission en guerre et non pas avec une lettre de marque ; le général de Malartic en conclut que ce bâtiment avait été détourné de sa mission et saisit le tribunal de commerce d'une demande en confiscation de toutes les prises ; il eut gain de cause.

Tout fut mis aux enchères et vendu, y compris le Triton, cette prise magnifique.

En proie au mécontentement le plus vif, Surcouf prit le parti de venir demander justice à Paris. L'affaire fut portée devant le Conseil des Cinq-Cents, qui reconnut le Malouin comme créancier de la nation, et accompagna cette décision d'un exposé des motifs des plus élogieux.

Le payement de 1.700.000 livres tournois n'était pas sans présenter de nombreuses difficultés, en un temps où les finances françaises étaient dans l'état lamentable que l'on sait. Surcouf abaissa de lui-même sa créance à 600.000 francs. C'était d'un désintéressement fort estimable, d'autant mieux que, ainsi que nous l'avons dit, le capitaine de la Diana n'avait pas payé sa rançon. Surcouf passa à Saint-Malo une partie considérable des quatorze mois que dura son séjour en France. Sous sa rude écorce de marin, le coeur de ce jeune homme de vingt-quatre ans se prit d'amour pour une jeune fille, dont la famille était amie de la sienne, et il était fiancé lorsque, en juillet 1798, il partit pour les Indes à bord de la Clarisse, dont un armateur de Nantes lui avait confié le commandement. Le navire était armé en course, muni de 14 canons et monté par 140 hommes.

Cette fois, Surcouf avait ses lettres de marque en règle, et comptait bien se venger sur les Anglais de tous ses mécomptes. Au lendemain du passage de la ligne, la Clarisse fit la rencontre d'un gros trois-mâts anglais de 26 canons et l'attaqua. Les deux navires échangent leurs bordées. Les formes rases de la Clarisse la préservent en grande partie des boulets de l'ennemi, dont la carène haute et allongée est, au contraire, bonne cible à ses canonniers. Un Anglais s'est avancé audacieusement sur la volée d'un canon, tout en dehors du sabord et, en cette position, charge sa pièce, en dépit des balles qui sifflent à ses oreilles. Il est blessé par le capitaine lui-même, qui le voit glisser sous la volée en s'y cramponnant encore, puis tomber à la mer, après avoir lancé sur la Clarisse un regard que Surcouf a déclaré n'avoir pu oublier de sa vie. La lutte continue ; voici que les deux capitaines se sont choisis comme cibles à leurs balles. Le Malouin croit à un moment s'être débarrassé de son adversaire, lorsque, par une embrasure, il aperçoit une carabine braquée sur lui : « Je suis perdu ! » s'écrie-t-il. Une violente commotion le renverse, mais ce n'est qu'un étourdissement : la balle a seulement cinglé le nez. Un instant après, il abat le commandant anglais et, pour profiter du désarroi de l'ennemi, commande les préparatifs d'abordage ; mais soudain, un de ses mâts, brisé par des boulets s'abat sur le pont. L'anglais met à profit le moment de désordre qui en résulte sur la Clarisse et prend le large.

Surcouf aborda à Port-Louis à la fin de 1798. Quelques semaines lui suffirent aux préparatifs d'une nouvelle campagne, qui devait le mettre au rang des plus illustres corsaires dont fasse mention l'histoire de notre marine. En vue de Sumatra, il attaque deux navires anglais qui complètent un chargement de poivre, et, malgré leur artillerie double de la sienne, va audacieusement se poster entre eux deux. Il choisit 40 de ses marins, les confie à son frère Nicolas Surcouf qui l'a accompagné et de qui la valeur et la capacité font le plus précieux des lieutenants ; il les jette dans des embarcations, avec mission d'aller attaquer le plus grand des anglais sur le bord opposé à celui qui combat. Peu d'instants après, un hurlement formidable s'élève du navire, soudainement envahi par les Français, dont une épaisse fumée a masqué le mouvement. Nicolas Surcouf, épargné par les pistolets du capitaine, le saisit à la gorge et le poignarde. Les Anglais s'efforcent de repousser les assaillants, mais ils ont été décontenancés par cette irruption imprévue et se rendent.

Robert Surcouf se tourne vers le second bâtiment qui, pour éviter un sort semblable tente de se jeter à la côte. Les chaloupes de Surcouf lui ferment la route et en un clin d'oeil l'enlèvent à l'abordage. L'affaire avait été chaude ; la coque du corsaire était tellement criblée de boulets que Surcouf n'osa poursuivre sa croisière si heureusement commencée et s'en revint à l'île de France avec ses deux prises.

La Clarisse reprit la mer au mois d'août 1798 et mit le cap sur Java. Plusieurs navires furent encore capturés, dont la Nostra Signora de la Conception, qui transportait 116.000 piastres.

Surcouf revient dans les passes du Bengale. Il y capture un gros navire de la Compagnie des Indes, l'Auspicious, de 20 canons, dont la vente produisit 1.032.000 francs. Le 17 décembre, il rencontre le corsaire Malartic dont le commandant, Jean Dutertre, est de ses amis. Les officiers du Malartic sont conviés à un banquet à bord de la Clarisse et l'on croira sans peine que les tables étaient richement servies, en ces navires où les prises de tous les jours apportaient les richesses des deux mondes. Le repas est fort gai. Dutertre n'épargne point à son hôte ses compliments sur ses vins exquis et propose de lui faire goûter aussi des mets délicieux, réservés aux ladies de Calcutta :

« J'accepte volontiers, dit Surcouf, à condition, qu'en attendant, tu soignes ta toilette et celle de ton équipage ».

Disons qu'à bord de la Clarisse régnait la propreté la plus minutieuse, que la tenue des hommes était rigoureusement surveillée et ajoutons qu'à ce moment du dîner, les vins généreux échauffaient un peu la tête des convives. Et Surcouf continue :

« J'ai capturé les modes des fashionables de Covent-Garden ; je te les donne. Vous serez élégants comme les muscadins de Paris ».

Un peu piqué par une telle offre, Dutertre riposte avec vivacité :

« Tu sais bien que nous ne sommes pas des damoiseaux : quand je donne, je ne vends pas, et si tu t'avises de m'envoyer tes colis, je les f… par-dessus bord ».

Ce petit incident ne trouble pas la fin du dîner ; il n'empêche pas davantage que vins et vêtements offerts de part et d'autre ne soient transbordés. Mais lorsque Dutertre s'en revient sur le Malartic, ses pieds s'étant heurtés contre un des ballots de Surcouf, il a un violent accès de colère.

« Accoste la Clarisse, » commande-t-il, et embouchant son porte-voix : « Tiens, Robert, voilà le cas que je fais de tes cadeaux », et il les fait jeter à la mer.

« Et voici comment j'apprécie les tiens », répond à son tour Surcouf, qui envoie les bouteilles rejoindre les vêtements.

« Nous nous retrouverons à terre », sont les derniers mots échangés, et nos amis de tout à l'heure, maintenant brouillés à mort, s'en vont chacun où les conduit leur fortune.

Celle de Surcouf le mit sur la route d'une grosse frégate dé 56 canons et 622 hommes d'équipage, la Sybille, contre laquelle les 14 canons de la Clarisse ne pouvaient faire grande résistance. L'on n'avait de chance de salut que dans la fuite, qui fut des plus difficiles. L'anglais donna la chasse pendant plus de trente heures.

Comme présent de bienvenue, le premier jour du XIXème siècle apporta à la Clarisse une superbe compensation, sous la forme d'un beau bâtiment chargé de riz, qui fut pris après canonnade. Le siècle nouveau venu traita, du reste, Surcouf en enfant gâté. Le 4 janvier, bien qu'il ne lui restât plus que 8 canons et un équipage réduit de moitié, il s'attaqua à deux navires américains portant 32 grosses caronades et enleva l'un d’eux à l'abordage (Philippe Descoux).

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