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ROBERT SURCOUF ET BONAPARTE

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SURCOUF ET BONAPARTE. LES CROISIÈRES DU « REVENANT ».

Le corsaire Robert Surcouf (1773-1827)

L'année 1801 venait de commencer et la guerre se continuait toujours. Surcouf revint en France pour la troisième fois depuis son départ aux Indes, ramenant son vaillant navire, armé en aventurier, et dont les flancs recelaient une véritable fortune, propriété du corsaire et de ses armateurs. Chemin faisant, il force à se rendre, après un combat d'artillerie à armes égales, un beau trois-mâts portugais, l'Ebre, qu'il rançonne. La navigation devient pleine de périls à l'approche des côtes de France, dont les ports ne cessent d'être bloqués par les vaisseaux de la marine britannique. S'il prend chasse devant l'un d'eux, c'est pour aller se heurter dans un autre, et, en présence de telles forces, songer à combattre serait pure folie.

Un jour, pour accélérer sa fuite, ralentie par le lourd chargement de la Confiance. Surcouf est obligé de border ses avirons de galère, puis de faire jeter par-dessus bord sa drôme, ses embarcations, quatre de ses canons. Ces mesures sont insuffisantes, l'anglais gagne encore sur lui. Surcouf fait mouiller ses voiles, pour donner plus de prise au vent ; voilà qu'au lieu de le sauver, tous ses efforts le mettent en face d'une corvette ; il paye d'audace, arbore le pavillon de Saint-Georges et réussit à passer, mais sans lasser son premier poursuivant qui gagne de vitesse. La situation paraît désespérée. Il distance cependant son ennemi, c'est pour tomber en face d'une flotte entière : il y a bien 150 voiles, dont plusieurs navires de guerre ; il s'en échappe par miracle et enfin parvient à débarquer à La Rochelle, le 13 avril.

Surcouf était en France depuis moins de six mois, lorsque la paix tant souhaitée avec la Grande-Bretagne fut signée à Amiens, le 1er octobre 1801. Cette paix permit au marin de goûter pendant quelques mois le charme de l'union qu'il avait contractée dès son arrivée à Saint-Malo. Mais la haine n'était pas éteinte entre la France et l'Angleterre : une nouvelle rupture éclata au mois de mars 1803.

Note : Robert Surcouf s'est marié le 28 mai 1801, à Saint-Malo, avec Catherine Blaize de Maisonneuve (1779-1848), dont il eut plusieurs enfants : - Caroline-Marie (1802-1852), épouse d'Auguste de Foucher de Careil (né en 1791) ; - Eléonore (1804-1839), épouse de Pierre Claude Florian Sevoy (né en 1786) ; - Auguste (1806-1867) ; - Edouard (1810-1823) ; - Robert-Victor (1812-1813) ; - Marie-Pauline (1814-1860), épouse d'Achille, baron Guibourg (1799-1890) ; - Adolphe Eugène (1816-1878).

Le premier consul fit mander Surcouf à Paris pour l'entretenir de la situation des intérêts français dans l'Océan Indien. L'accueil fut tel que le méritait celui que l'on a surnommé le roi des corsaires.

« Je suis heureux, monsieur Surcouf, dit Bonaparte, de voir le mortel ennemi de l'Angleterre ; » il lui fit compliment de ses succès et lui offrit sur le champ d'entrer comme capitaine de vaisseau dans la marine de l'Etat, avec le commandement de deux frégates de la mer des Indes. Très flatté d'une telle proposition, Surcouf accepta, mais en exprimant le désir de ne relever que de lui-même. Cette condition ne pouvait être agréée. Visiblement irrité, Bonaparte se leva et Surcouf se retirait déjà. 

Le général le retint : « Monsieur Surcouf, vous connaissez mieux que personne la guerre maritime. Quel est votre avis ?

— Vous me demandez là, général, une chose bien grave, répondit le corsaire, mais le Lloyd me fournit la manière dont je dois juger. De 1793 à 1797, l'Angleterre a perdu 800 navires de plus que nous. J'en conclus, puisque nos flottes ont subi des désastres, que ce sont les corsaires qui ont établi la différence en faveur de notre nation. Depuis six ans, le chiffre des prises anglaises a suivi les proportions précédentes ; celui des nôtres a triplé »

Bonaparte écoutait avec attention : « Eh bien ! que concluez-vous ? fit-il avec impatience.

— Si j'avais l'honneur d'être comme vous à la tête du gouvernement de la France reprit le corsaire, je laisserais dans les port tous mes vaisseaux de ligne ; je ne livrerais jamais de combats aux flottes et aux escadres britanniques, mais je lancerais sur toutes les mers une multitude de frégate et de bateaux légers, qui auraient bientôt anéanti le commerce de l'Angleterre et la mettraient à votre discrétion ».

Il y eut un moment de silence.

« Ce que vous me dites là est bien grave, Monsieur ; cependant, vous devez avoir raison, puisque les chiffres sont là, mais je ne puis, pour l'honneur de la France, anéantir sa marine militaire. Continuez à servir dignement la patrie ».

Le général tendit la main au corsaire, dont il s'était fait, en un instant, le plus fidèle et le plus dévoué des partisans.

N'ayant pas à sa disposition le navire qu'il eût souhaité conduire aux Indes, Robert Surcouf, avec son beau-père, M. Blaize, s'occupa d'armer plusieurs corsaires : la Caroline, pour son frère Nicolas, qui fit en Orient une glorieuse campagne et fut prise finalement dans un combat inégal contre une corvette de guerre ; le Marsouin et une seconde Confiance, qui, sous le commandement de Jean-Marie Pottier de la Houssaye, illustra dans la Manche le pavillon de Surcouf et fit une quinzaine de grosses prises, enfin le Napoléon, de 400 tonneaux.

Cependant, le repos pesait par trop à sa robuste nature ; Surcouf mit pour lui-même un bâtiment sur chantier, en entoura la construction de tous les soins et de toute la sollicitude d'un père qui attend de son enfant de grandes choses, la poussa tant qu'il pût et reprit enfin la mer, le 2 mars 1807, sur le Revenant. C'était un superbe trois-mâts, réalisant toutes les conditions de légèreté et de vitesse que Surcouf attendait de son corsaire, armé de 18 pièces de canon, portant un état-major recruté parmi la noblesse et la bourgeoisie maritime de Saint-Malo , avec un équipage de 192 hommes Il prit la route des Indes. Dans les parages de Madère, Surcouf fit la rencontre d'un négrier de 16 canons, Aun et il l'enleva à l'abordage.

Le 26 mars, il manqua faire pendre un capitaine américain, qui faisait la traite en fraude. L'Américain avait accepté la sentence avec un courage remarquable. Sans aucune défaillance, il se passa lui-même un grelin autour du col et déclara au corsaire qu'il lui pardonnait sa mort, que la situation critique de sa famille l'avait seule réduit à cette extrémité. Le souvenir des siens, qu'il ne reverrait plus, fit couler sur son visage, à la peau tannée par les embruns, les larmes que la crainte de la mort n'avait pu amener. Surcouf en profita pour faire grâce, en lui demandant sa parole d'honneur qu'il abandonnerait la traite.

Le 10 juin, le Revenant entrait dans les eaux de Port-Louis. Le retour de Surcouf dans la mer des Indes causa une nouvelle panique dans les établissements anglais. Les Compagnies d'assurances élevèrent leurs primes dans une proportion considérable, et en quelques cas refusèrent d'assurer. Des croiseurs supplémentaires furent demandés par la Compagnie, qui entoura ses bâtiments d'un filet d'abordage. 250.000 francs furent mis à la disposition de qui prendrait Surcouf. Le capitaine malouin lisait un jour dans un journal de Calcutta : « Nous espérons que Surcouf sera bientôt pris par nos croiseurs ; on mettra ce pirate dans une cage de fer et on le montrera au peuple ». « Ces gens-là me dégoûtent », fit-il. La première croisière du Revenant se termina, le 31 janvier 1808. Le Trafalgar, le Mangle, l'Amiral Applin, la Suzannah, la Hunter et combien d'autres avaient été capturés (Philippe Descoux).

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