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TRINITAIRES DE SARZEAU

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L'ordre des Trinitaires pour la Rédemption des Captifs fut fondé par saint Jean de Matha et saint Félix de Valois, et inauguré à Rome le 2 février 1198 par le pape Innocent III. 

L'habit de l'ordre fut une robe blanche, avec un scapulaire de même couleur, marqué d'une croix rouge et bleue sur la poitrine ; c'est à causé de ces trou couleurs que le pape donna le nom de la Trinité au nouvel ordre. 

Leur premier couvent fut fondé à Cerfroid, dans le diocèse de Meaux ; il devint naturellement le chef-lieu de l'institut. Leur couvent de Paris ayant été bâti près d'une chapelle de Saint-Mathurin, le peuple donna souvent aux Trinitaires le nom de Mathurins. 

La principale fin de l'ordre était de recueillir les aumônes des fidèles, pour aller ensuite racheter les chrétiens captifs chez les barbares ; chaque maison de l'institut devait consacrer tous les ans un tiers de son revenu à cette bonne oeuvre. 

Les guerres et les pirateries des musulmans firent vivement apprécier les avantages de cette institution, et les Trinitaires eurent plus de 350 maisons dans l'Occident. Le diocèse de Vannes en particulier les reçut à lieux, à Sarzeau et à Cadoudal en Plumelec. La Révolution a détruit leurs maisons en France, et la conquête de l'Algérie les a rendus inutiles pour notre pays.. 

FONDATION

Le duc de Bretagne Jean III aimait le séjour de Sucinio (ou Suscinio) et de toute la presqu'île de Rhuys. Pour témoigner son affection aux habitants, et en particulier aux pauvres, il résolut de fonder un hôpital à Sarzeau et d'en confier le soin aux religieux trinitaires. En conséquence, il acheta, dans la rue du Marché, un « hébergement », c'est-à-dire une maison et des terres, ayant appartenu à Alain de Sarzeau. Cette acquisition est au plus tard de 1338, et peut-être même antérieure, le contrat n'ayant pas été retrouvé. Le duc y fit construire, le long de la rue, une église en forme de croix latine, sous l'invocation île la Sainte-Trinité et des saints Donatien et Rogatien, et au sud, un couvent pour les religieux ; vers l'ouest était la maison destinée à servir d'hôpital. Par acte du vendredi après la Saint-Hilaire 1338 (15 janvier 1339, N. S.), Jean III donna au nouvel établissement le droit de prendre du bois de chauffage dans sa forêt de Rhuys, d'y faire paître les bêtes du couvent, et de pêcher dans ses étangs, sans compter le droit de mouture immédiate dans ses moulins.  Ce droit d'usage dans la forêt ducale était très avantageux, aussi fut-il l'objet d'une constante sollicitude. Le duc Jean IV le confirma le 18 novembre 1381 et le 24 janvier 1397.  François Ier, en 1447, et François II, en 1476, l'approuvèrent également. Le commissaire du roi de France, en 1544, fixa le droit à trente charretées de bois ; Louis XIII, en 1615, le réduisit à vingt-cinq charretées, et finit, en 1641, par assigner un triage de 40 journaux pour la jouissance de ce privilège.

Outre l'usage de la forêt, le fondateur donna des dîmes pour la dotation principale du couvent. Voici l'acte qu'il en fit dresser le 17 avril 1341.  

« Nous Jehan, duc de Bretagne, comte de Richemont, vicomte de Limoges, faisons scavoir à touz que comme nous avons piéça, pour le salut de l'âme de nous et des noz, fondé ung hospital pour povres en nostre ville de Sarzeau, et y avons ordonné quatre frères de l'ordre de la Trinité à y demeurer perpétuellement, pour le divin office faire à la chapelle que fondée y avons, et pour la soustenance des d. povres et des quatre frères avons ordonné qu'ilz auront par chaincun an deux centz livres de annuelle et perpétuelle rente, à leur estre assise en nostre isle de Rhuis, ainsin que les d.  200 livres de rente seront levées et distribuées par les d. frères ; c'est à scavoir que pour leur soustenance ils en retiendront les cieux partz par chaincun an, et le reste ils distribueront bien et loyaument en la soustenance des povres, et n'en compteront de castes ô le chastelain du Succinio qui pour le temps sera, et ilz ne seront tenuz distribuer ailleurs, ni en autres usages, ni aussi d'en compter. 

« Nous, voulant et désirant faire chose qui à Nostre Seigneur Jésus Christ plaise, pour ce sommes tenuz de faire celluy fondement qu'il soit establi à perpétuelle apartenance et à Dieu plus agréable, avons assigné et assignons, donné et donnons ans d. povres et frères, pour eux et leurs successeurs à perpétuité, pour la cause dessus dicte, pour nous et noz successeurs, toutes nos dixmes que nous avons en la paroisse de Sarzeau et Saint-Guédas, aux terres quartives et censives, et les vignes, o le hébergement et aultres rentes et lieux, que mous reteismes de nostre très cher frère le comte de Montfort, faisant crier et bannir sur les hoirs feu Alain de Sarzeau, ainsin toutesfois que les d. dixmes, vignes et autres héritaiges seront prisés par bonnes gens dignes de foy, exceptez le hébergement et les courtilz, qui ne seront point prisés, mais leur demeureront sans prisage, et en oultre des 200 livres ; et si elles vaillent moins, nous sommes tenuz à les leur parfaire et les leur asseoir en rente valable ce qui s'en défaudra en nostre d. isle de Ruis ;

« Et pour que les choses soient plus loyaument prisées, nous voulions et ordonnons que par les d. frères et nostre d. chastelain du Succinio soient ordonnés loyaux gens pour cueillir et aouster de touz pointz les d. dixmes de cest prochain aoust, et ce fait se fera le d. prisage, comme dit est, et tournera ce qui cueilli en sera ausd. frères pour le prix qui sera prisé, et en auront droit pour les causes et manières dessus dites.

« Nous, de certaine science et délibération comme conseillé, baillons et livrons aus d. frères la saézine des d. choses et les en vestons par la tradition de ceste lettre, et les leur amortissons pour eux et leurs successeurs à jamais tous jours, et leur promettons en bonne foy, pour nous et les noz, à les leur garantir bien et loyaument à jamais, sans que nous, ni aultre, ni aucun de noz successeurs y puisse jamais rien réclamer, ni demander quelque chose que ce soit, ni par quelque voye que ce soit.

« Donné au Sucynio, le mardy après Quasimodo (17 avril), l'an de grace M. CCC. quarante et un » (Pr. I. 1412. — Sarzeau. Copie).

Par une bulle datée du 5 juillet 1353, Urbain V accorde des indulgences à ceux qui viendront en aide à la maison des Trinitaires de Sarzeau fondée par Jean III, duc de Bretagne, en l'honneur de la sainte Trinité et des bienheureux Donatien et Rogatien : " Cum itaque, sicut accepimus, redditus et proventus capelle domus de Sarzau, ordinis sancte Trinitatis et redemptionis captivorum Venetensis diocesis, quam quondam Johannes dux Britannie in honorem et sub vocabulo sancte Trinitatis ac beatorum Donatiani et Rogatiani pro recipiendis et sustentandis ibidem tam religiosis quam aliis pauperibus illuc undique confluentibus fundasse dicitur et dotasse, post ipsius ducis obitum propter guerras in ducatu Britannie continue ingruentes sint adeo diminuti et attenuati ... " (Bulle du 5 juillet 1353 ; Reg. Vat. 252, f. 136, v° ).

Peu après cette fondation mourut le duc Jean III. La guerre de succession, qui vint alors déchirer la Bretagne, eut son contre-coup sur les dîmes de Sarzeau. Le châtelain ou receveur de Sucinio mit arrêt sur ces revenus, et Charles de Blois fut obligé de lui écrire en 1360, pour lui ordonner de payer aux Trinitaires ce qui leur était dû.

Bientôt les Cisterciens de Prières, qui avaient aussi des dîmes à Sarzeau et dans les environs, se trouvèrent en désaccord avec les Trinitaires. Après de longues procédures, une transaction fut conclue le 16 mai 1401, et complétée le 7 septembre 1437. En vertu de cet arrangement, une ligne de démarcation fut tracée dans la paroisse, et désormais chacun resta tranquille dans ses quartiers.

La dîme des Trinitaires, estimée 200 livres à l'origine, parut augmenter continuellement avec le temps, parce que l'argent devenant de plus en plus abondant, perdait sa valeur primitive.  La dîme ne changeait guère, c'était l'argent qui changeait en se dépréciant. Une déclaration fournie par le ministre de Sarzeau à la Chambre ecclésiastique de Vannes, en 1756, porte ce qui suit « Le principal du revenu de la maison consiste dans les dîmes, perçues à la dixième, sur six cantons ou frairies. Des six cantons, il s'en trouve actuellement quatre affermés, savoir : la frairie du Ruant 725 livres, la frairie de Duer 361 livres, la frairie de Prorozat 100 livres, et le canton de Boquido 347 livres. Pour les deux autres (Saint-Jacques et Kercambre), ils font lever la dîme à leurs frais : ils en perçoivent, année commune et frais déduits, 827 livres ». Total 2.360 livres.  

Il faut y ajouter la dîme du vin, environ 10 barriques, à 15 livres l'une, produisant 150 livres.

Trente-quatre ans plus tard, en 1790, les chiffres sont plus élevés : la dîme des grains est estimée 3.616 livres, et les dix barriques de la dîme du vin, à 240 livres.

Au milieu de ces variations, qu'était devenu l'hôpital fondé par le duc Jean III ? Après avoir eu sa part d'épreuves, pendant la guerre de succession, par la suppression momentanée des dîmes, il avait repris sa tranquille existence, et logeait les pauvres de la paroisse, ou les passants dépourvus de ressources.

En 1401, les Trinitaires, au nombre réglementaire de quatre religieux, continuaient à célébrer l'office divin et à pratiquer l'hospitalité.

Le 1er mars 1552 (N. S. 1553), Jehan de Cambout, sénéchal de la cour de Rhuys, accompagné du procureur et du greffier, fit une visite à la Trinité. « Dans la maison de l'hospital du dit lieu, avons trouvé, dit-il, une chappelle de Saint-Eloy en assez bonne réparation, n'y ayant que ung aultier seulement. Quant à la d. maison et hospital, y avons trouvé quatre charlitz, ès queulz n'y avoit et n'y a aulcunes couettes, linceulx, né langeux, pour recepvoir les pouvres, qui y pouroint venir, et nous a le ministre Copalle dict estre puis peu de temps et en l'an, venu en la maison, mais que avecques le temps il fera garnir les d. lictz. Quant au reste de la d. maison et hospital, la coupverture est en assez bonne réparation... » (Orig. papier).

Le 16 octobre 1578, Jacques de Bogar, sénéchal de Rhuys, fit aussi, à la requête du procureur du roi, et aux termes d'un arrêt du parlement, une visite à la Trinité ... « En l'hospital du d. couvent, avons trouvé deux lictz garnis de couettes de plume, et couvertures et linceulx blancz, prestz à recevoir les pauvres passanz et souffreteux : ce que le ministre nous a dit faire ordinairement, lorsqu'il passe pauvres estrangers, mesme leur bailler l'aumosne, et n'en reffuzer aucun. Sur quoy, des témoins séparément enquis nous ont dit le contenu cy dessus estre véritable, n'ayant oncques ouy aulcun pauvre se plaindre, ains au contraire se louer du dit ministre... » (Ibid).

Deux lits seulement pour un hôpital, c'était bien peu. L'établissement fut néanmoins maintenu jusque vers 1650, où le ministre Marc Brayer, trouvant qu'il ne venait plus de pauvres, le fit fermer.

Immédiatement, M. de Francheville, de Sarzeau, eut recours à la justice, et poussa l'affaire au parlement. Voici l'arrêt de la cour du 16 juin 1654. 

« Entre le procureur général du roy, demandeur, d'une part, et frère Marc Brayer, ministre de la Trinité de Sarzau, défendeur, d'autre part : 

Veu par la Cour la remonstrance et requeste et lettre de commission du d. procureur général du roy du 22e aoust 1653, et conclusions par lui prises le 28 may 1654, tendant à ce que le d. défendeur eust esté définitivement condemné de restablir l'hospital de la ministerie de Sarzau et y entretenir douze lits garnis, et y recevoir et nourrir les pauvres passans, comme luy et ses prédécesseurs l'ont faict, et y ont esté obligés de tout temps immémorial...

Appointement en droict et à mettre ensuy en la barre de la d. cour devant un conseiller et commissaire d'icelle entre les d. parties le 26e mars 1654, contenant leurs dires et raisons ;

Brefves cédules des d. parties des 28e et 31e may au d.  an 1654 ;

Et tout ce que par elles a esté produict par devers la d. cour considéré, 

LA COUR, en la demande du d. procureur général du roy, a mis les parties hors de cour et de procès, sans despens.

Faict au parlement à Rennes le 16 juin 1654. Signé : Monneraye » (Copie Papier).

Le parlement n'ayant pas voulu trancher rigoureusement, les parties en vinrent à une sorte d'accommodement tacite. Le procureur n'insista pas pour l'établissement de douze lits, et le ministre rétablit quatre lits comme anciennement.

Un procès-verbal du 25 septembre 1675 constate en effet que l'hôpital de Sarzeau possède quatre lits pour les pauvres passants et que la maison les héberge.

En 1724, M. Pierre de Francheville, seigneur de la Motte-Rivault, fonda l'hospice de Sarzeau, et en confia le soin aux Filles de la Sagesse. A partir de ce moment, l'hôpital de la Trinité devint inutile et finit bientôt par être fermé définitivement.

Une description des lieux en 1790 s'exprime ainsi : « De l'autre côté du vestibule d'entrée, à droite, est un corps de logis, qui contient dans le bas une salle boisée et une petite chambre à côté ». Voilà bien l'ancienne salle de l'hôpital et l'ancienne chapelle de Saint-Eloy ; mais il n'y est plus question d'autel, ni de lit pour les pauvres.

Le duc Jean III n'avait pas fondé seulement un hôpital, mais aussi un couvent, et c'est l'histoire de cet établissement qu'il s'agit de poursuivre maintenant, en étudiant son personnel et son temporel, ou, en d'autres termes, ses religieux et ses biens.

 

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RELIGIEUX

D'après l'acte de dotation de 1341, les Trinitaires de Sarzeau devaient être au nombre de quatre. A la rigueur, ce nombre était suffisant pour réciter ou chanter l'office à deux choeurs, mais quand un des religieux était malade ou absent et qu'un autre était à l'autel pour la messe conventuelle, il n'en restait plus que deux au choeur, un de chaque côté : c'était bien maigre.

Les premiers religieux nous sont inconnus.  En 1360, on rencontre « Frère Yves Brient, ministre de l'hospital de Sarzau, et frère Jehan Calouch », mentionnés par Charles de Blois.

En 1401, à propos des dîmes, on trouve les Frères Gervais Raoul, ministre de l'hospital de Sarzau, Guillaume Le Rouxeau, Berthelot Le Bret et Laurent Pengréal. Le même ministre acheta, en 1408, pour 9 livres et 2 sols monnaie, une maison et un courtil, situés dans la même rue que la Trinité.

Le Fr. Jehan Brémelin, ministre, cité dès 1437, acheta hors de Sarzeau, en 1439, un courtil et un pré, reçut en don, en 1449, un grand pré des époux Daynard, et fit en 1450 et 1453 des accords pour des dîmes particulières.

Son successeur, Fr. Jehan de Nimègues, mentionné dès 1467, reçut en 1463 une seconde prairie du fils Daynard, de Keralvé, et prit part à divers actes jusqu'en 1486.

Le Fr. Jehan Le Sacier, ministre de Sarzeau, reçut la fondation d'une messe à chanter tous les lundis, faite par Anne de Bretagne en décembre 1512, moyennant une rente annuelle de 10 livres monnaie ou 12 livres tournois ; il vivait encore en 1529, comme administrateur.

Le Fr. Jehan de Francheville, ministre, assisté des FF.  Guillaume Benoît et Jean Le Moel, céda en 1529 à Jean du Bot, sieur de Kerbot, et à sa famille la jouissance de la chapelle méridionale de l'église, pour une rente de 4 livres par an. Le Fr. Etienne? Le Voyer est mentionné comme ministre en 1540.

Le Fr. Régis, pourvu vers 1543, disparut en 1552.

Le Fr. Etienne Coppalle, pourvu en 1552, y trouva deux religieux, Pierre Guyomar et Jehan, avec deux prêtres auxiliaires : il fit en 1562 un aveu détaillé au roi, et fut obligé de vendre une vigne en 1563 et un champ en 1570, pour payer ses taxes ; il résigna en 1571.

Le Fr. Jean Le Joubioux, son successeur en 1571, vit continuer la vente des biens, pour payer les impôts extraordinaires ; il avait pour confrères, en 1578, Olivier Le Calvé, Noël Le Corre et un prêtre séculier, D. Jean Salomon, pour parfaire le nombre de quatre résidants. Il mourut en 1591.

Le Fr. Adrien Lécuyer, élu en 1591, mourut en 1599.

Le Fr. Laurent Hullin lui succéda. Il reçut en 1609 la visite du provincial, qui fit l'ordonnance suivante : « Nous Fr. Regnault Rihouey, ministre de la maison de Saint-Jacques de Dinan, Vicaire et Provincial de Bretagne et Normandie, avons enjoint doresnavant chanter, chacun jour de dimanche et festes gardées, matines et prime, et après la grand'messe tierce et sexte.

Les matines seront dictes, depuis Pasques jusques à la Saint-Michel (29 septembre), environ les 5 heures du matin, la grand'messe à 9 heures, vêpres à 3 heures de l'après-midy ; en hyver les matines seront à 6 heures.

Avons très expressément commandé aux ministre et religieux de continuer doresnavant sans interruption les saintes hosties au ciboire et de les renouveler à tout le moins de trois semaines en trois semaines, et de mettre une lampe pendante devant le grand autel.

Et d'aultant qu'avons trouvé la sacristie estre mal fournie de linges, avons aussy commandé au Fr. Hullin, ministre, d'en achapter ou faire faire, à tout le moins six touailles et nappes, deux aubes avecq leurs amiz et saintures, trois surpelis de toile blanche, et un second missal à l'usage soit de Rome soit de Vennes.

Avons aussy, pour la conservation de la vitre principale du coeur, ja rompue a demy, et des effigies et représentations des fondateurs qui sont en icelle, enjoinct et commandé au d. ministre de la faire remettre en plomb neuf, et ce dans le jour et feste de Saint-Michel prochaine venante, pour éviter aux coups de vent qui pourroient survenir en hyver.

Aussy avons commandé et ordonné au d. Hullin, ministre, de plus prés prendre garde que les religieux ne sortent de la maison, soubz quelque prétexte que ce soit, sans son exprès congé... comme aussy nous commandons ausd. religieux d'obéir à la présente ordonnance, et de porter honneur, révérence et obéissance à leur d. ministre.

Avons commandé au d. ministre que par cy-après la chambre qui est sur le pré ne servira que pour les religieux malades, ou pour les allans et venans, et que Fr. Thomas Lécluze y estant à présent en sortira dans trois jours, et prendra chambre au dortoir de la maison.

Comme au, pareil avons commandé ausd. religieux de bailler les clefz de leurs chambres et jardins, et les oupvrir toutes et quantes fois que le d. ministre voudra voir et visiter les dits lieux.

Touchant le vestiaire, avons ordonné au d. ministre de bailler à chacun des d. religieux, chacun an, la somme de trante livres tournois : et oultre auront les pratiques et profiltz qui leur pourront advenir en l'église.

Et du contenu des présentes ordonnances avons commandé et enjoint au d. ministre de rapporter certification de l'obéissance et accomplissement d'icelles, au premier chapitre général, auquel l'avons cité à comparoir en personne le dimanche 9 mai 1610, à la maison de Cerfroy, et d'y apporter ses papiers de recepte et mise.

Les ordonnances cy-dessus ont esté leues ausd. ministre et religieux assemblez en chapitre...

Fait ce mardy, 19e jour du mois de may 1609, soubz nostre seign et cachet et celuy de nostre adjoint. Signé : R. RIHOUEY, vicaire. Symon, not. apost. royal, adjoint » (Sceau de la Sainte Trinité).

Le même Fr. Laurent Hullin rendit aveu au roi le 20 avril 1618, de tous les biens de la maison.

Le Fr. Thomas Lécluze était ministre en 1625, lorsque André du Bot, seigneur de Kerbot, fit une fondation de messe et obtint la permission de faire quelques travaux dans sa chapelle. Il était assisté du Fr. Laurent Hullin, ex-ministre, du Fr. Yves Besnier, profès, et d'un novice.

A cette époque, la réforme de l'ordre de la Trinité s'étendait de plus en plus en France. Le 13 mai 1634, intervint un arrêt du Conseil du roi, donné contradictoirement entre le général de l'ordre et les religieux réformés.

A Sarzeau, il y avait désaccord pour la réforme. Le Fr. Marc Brayer, ministre, n'en voulait pas ; mais les FF. Laurent Hullin, ex-ministre, Thomas Heulot et Rolland Le Hescho la désiraient. Ceux-ci firent, le 15 janvier 1642, un concordat avec le R. P. Alexis Berger, visiteur provincial de la congrégation réformée, pour l'introduction de la réforme à Sarzeau, et en obtinrent l'enregistrement au Conseil privé du roi, le 7 février suivant, avec commission à l'évêque de Vannes pour la mise à exécution.

En conséquence, M. Guillaume Le Galloys, vicaire général, spécialement délégué par l'évêque, se rendit à Sarzeau, le 26 mars 1642, accompagné des PP. Jérôme Louvernail, Denis Cassel et Ignace Gory, trinitaires réformés. Ayant fait donner copie au ministre de sa commission et de l'arrêt du Conseil, il se présenta devant le couvent avec sa compagnie.

« Arrivés à la grande porte, dit-il dans son procès-verbal, avons trouvé le d. sieur ministre, lequel, après lecture itérative des d. arrest et commission, a déclaré s'opposer formellement à l'exécution du d. arrest, contre lequel il entend se pourvoir vers Sa Majesté...

Sur quoy, après avoir fait par diverses fois commandement par  huissier au d. Brayer d'obéir au d. arrest du 7 février et ouvrir les portes ausd. religieux, ce qu'il a refusé faire, luy avons demandé, le requérant les d. réformés, qu'il eut représenté et mis en liberté le Fr. Le Hescho, qui estoit au dedans du couvent, lequel seroit descendu d'une chambre haulte, où il s'estoit fait voir par la fenestre, et se seroit présenté à l'huisset de la grande porte pour sortir sur le pavé et nous venir trouver.

Lors une multitude de personnes et gens à nous incogneus se seroient jettés, avec les FF. Hullin et Heulot, à l'ouverture du d. huisset, pour entrer par la d. porte en la cour du couvent, portans en leurs mains haches et marteaux, qu'ils avoient tenus cachés. Et iceux, faisant effort d'entrer, auroient esté repoussés par nombre de personnes qui gardoient, armées d'harquebuses et espées, la porte du d. couvent parle dedans, ou auroient esté blessés nombre de personnes et religieux aux mains et bras, entre autres les d. Brayer et Heulot.

Pour laquelle violence et tumulte apaiser, avons faict les remonstrances à nous possibles aux uns et aux autres, et s'estans les sieurs séneschal et procureur du roy de Rhuis trouvés sur les lieux, les aurions requis nous vouloir aider à apaiser ce tumulte et émotion, et n'aurions pû empescher ny retenir cette populace, qui auroit enfin rompu et ouvert les portes, et les d. religieux réformés, avec les d. FF. Hullin et Heulot, entrés dans le couvent et église, nous ont faict venir à la porte de l'église le d. Hescho, qui nous a déclaré estre content et ratifier, comme il avoit faict cy-devant, le d.  concordat ... 

Et en mesme temps ont les d. religieux réformés chanté le Veni Creator, et le d. Louvernail, éleu et par eux nommé ministre au d. couvent, a touché et baisé le grand autel, ouvert les portes, sonné les cloches, entré au dortoir, au réfectoir et autres lieux du d. couvent, et nous a déclaré prendre possession de la d. église, du couvent et revenu d'iceluy... ».

Cette élection tumultueuse et cette prise de possession ne furent pas maintenues. L'année suivante (1643), le procureur de la congrégation réformée des Trinitaires se plaignait au roi des désordres vrais ou faux qui régnaient encore à Rieux et à Sarzeau. Il est à croire qu'après cette plainte et les ordres du souverain ; la réforme fut paisiblement acceptée à Sarzeau, mais par esprit de transaction le Fr. Marc Brayer fût maintenu comme ministre. Il y mourut en 1661.

Jean Héron, son successeur, gouverna jusqu'en 1670.

Jean-Aguenin Le Duc, pourvu en 1670, cessa en 1695.

Simon Mestrault, pourvu en 1695, devint provincial.

Jean-Baptiste de Castellane, gouverna de 1719 à 1739.

Jean-Nicolas du Foussé d'Auzon, de 1739 à 174...

René Janotin de Belair, ministre jusqu'à 1780.

Jean-Baptiste de la Houssaye, de 1781 à 1791, provincial.

Les Trinitaires de Sarzeau, comme ceux de Rieux, eurent, vers la fin de leur existence, l'ambition de se rapprocher des chanoines réguliers et d'en prendre parfois le titre.

Les quatre derniers religieux en 1790 étaient :

Jean-Baptiste de la Houssaye, profès de 1748, âgé de 62 ans.

Jean Le Quinio, profès du 9 novembre 1757, âgé de 53 ans.

Louis Le Calvé, profès du 30 novembre 1784, âgé de 29 ans.

Dominique-Jehan Mabile, profès du 6 avril 1785, âgé de 33 ans.

Leur maison fut fermée et vendue en 1791. 

M. de la Houssaye ne prêta point de serment, et mourut à la Grationnaye en Malansac vers 1812.

Jean Le Quinio, frère du conventionnel, apostasia et mourut matérialiste à Kerbley en Sarzeau en 1808.

Les deux autres restèrent fidèles, et ne prêtèrent aucun serment.

M. Mabile fut nommé recteur de Billiers en 1810.

 

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BIENS

L'église des Trinitaires de Sarzeau, bâtie vers 1338 par le duc Jean III, appartenait nécessairement au style ogival du XIVème siècle. Elle avait la forme d'une croix latine, et mesurait 78 pieds de long sur 25 de large. La sacristie était derrière le choeur.

Le maître-autel, placé au fond du sanctuaire, avait reçu, sous Louis XIV, un rétable en tuffeau, soutenu par quatre colonnes de marbre noir. Le choeur était entouré d'une boiserie, et de stalles sur les côtés.

La chapelle du nord, dédiée à saint Sébastien, était depuis 1468 à l'usage des Daynard de Keralvé ou Keralier, et de leurs successeurs. Celle du sud, dédiée à la Sainte-Vierge, avait été concédée en 1529 à la famille du Bot. Les autels de ces chapelles avaient aussi reçu, dans les derniers temps, des rétables avec deux colonnes en marbre noir ou en pierre marbrée. Les concessionnaires avaient droit d'enfeus, de bancs et d'armoiries dans les vitres.

Au-dessus de la chapelle du sud, s'élevait un petit clocher renfermant trois cloches et une horloge.

Toute la nef avait une boiserie d'environ huit pieds de hauteur. Le pavé était partout parsemé de tombes diverses, et de nombreuses fondations avaient été faites par les personnes qui y avaient leur sépulture.

Au midi de l'église était le couvent. Il ne nous reste aucune description de son état primitif. Le procès-verbal de visite de 1553 se contente de dire : « Puis suismes entrez en la grande salle et refectouer, où le ministre nous a dict et respondu les religieux estre au nombre de troys, et deux presbtres séculiers pour les ayder... En la grande salle et réfectouer avons trouvé une table à deux trétaulx, ung grand bancq, ung escabeau, une vieille armoyre, un bancq à trédos à trois coffres, une chaire, une vieille table et un escabeau. A la cuisine, une poaile d'assier, une petite chaire, une sallière, ung chandellier de cuyvre, une quarte, deux escuelles à oreilles, deux platz rompuz. Au cellier, quatre fustz, un garde-manger, quatre fustz de pippe, un gand escabeau. En la salle haulte, un failli bancq non garny, une vieille armoire, un charlit garny. En la chambre du ministre, ung coffre à claflure, un banc, une armoire, un charlict garny, une table et un charlict sans fons. En la chambre au bout du dortouer, ung failli charlict et ung escabeau. En la tierce chambre du dortouer, une couchette garnye, ung banc, deux chaires, ung dressouer. En la chambre au-dessus du portal, ung coffre, un dressouer. En la chambre basse, une table longue o son banc, un dressouer et buffet garny, ung coffre et une vieille table ronde. En la boullangerye, deux mées à paste. En la carderie, troys charniers ».

Le procès-verbal de visite en 1578 constate plusieurs réparations ou acquisitions récentes : « Avons trouvé les chambres haultes du grand corps de logeis blanchies et bien acoustrées, garnies de lictz et aultres meubles tons neuffz, et les fenestres closes et garnies de leurs vitres et grilles toutes neufves ».

Cependant le couvent, après plusieurs siècles d'existence, finit par menacer ruine. Il fallut le rebâtir en 1783, et emprunter à cet effet plus de douze mille francs. Ce bâtiment, qui existe encore au début du XXème siècle, fut aménagé de la façon suivante : dans l'en-bas, à droite du vestibule, une salle à manger, puis la cuisine ; à gauche, une chambre à coucher et un cabinet ; au premier étage, six chambres pour les religieux, et au-dessus deux vastes greniers.

Quant aux dépendances immédiates du couvent, voici quel était leur état en 1790, suivant une note du ministre.

La cour d'entrée contient environ onze cordes et demie.  A l'ouest de cette cour est un corps de logis, contenant en bas un petit caveau, un pressoir, une buanderie, trois petits cabinets et une remise ; en haut, une chambre et deux greniers.

Derrière ce bâtiment, vers l'ouest, un petit logis, avec caves et chambres de domestiques, et de plus un jardin fruitier, suivi d'un jardin à fleurs ; le tout contenant 33 cordes.

Au midi de la cour, il y a une belle grange, une écurie avec grenier au-dessus, et une volaillerie. La basse-cour, qui suit, contient 35 cordes, et renferme l'aire à battre, une petite grange et une fuie.

Le grand jardin est au levant du couvent ; il contient un journal et 46 cordes environ. Il est séparé de la prairie par une douve et une petite pièce d'eau.

La prairie contient trois journaux, y compris deux petits bois ; l'un au haut, l'autre au bas.

La vigne, qui s'étend plus loin, contient quatre journaux et 42 cordes.

Au haut de l'église, sur la rue, est une chapelle qui dépend de la maison, et qui sert à la congrégation des hommes et à celle des femmes alternativement, et au bout est une chambre à donner.

Tout l'enclos contenait 11 journaux et 20 cordes 1/2. En outre, le couvent possédait une maison, rue du Four, affermée 120 livres ; une maison située rue de la Fontaine, affermée 83 livres ; une autre maison près de la congrégation, louée 75 livres ; une maison en face du portail du couvent, affermée 88 livres ; une autre maison, rue du Marché, affermée 60 livres ; deux prés, situés au Bundo, affermés 126 livres ; enfin sept autres prés, situés en divers lieux, loués 141 livres.  Total : 693 livres, en 1790.

Dans le passé, le couvent avait possédé diverses autres pièces de terre, mais elles avaient été vendues en partie au XVIème siècle, pour payer les taxes de guerre ; il lui en restait encore cinq.

Voici quel était en 1790 le budget de la maison.

REVENUS

Dîmes des grains en Sarzeau et Saint-Gildas, environ : 3.616 livres.

Dîmes des vins, environ dix barriques par an : 240 livres.

Ferme de cinq maisons à Sarzeau : 426 livres.

Ferme de neuf prés divers : 267 livres.

Produit du pré de l'enclos, environ : 60 livres.

Produit des vignes de la maison, 20 barriques : 480 livres.

Produit en grains de cinq petits champs : 60 livres.

Rentes sur le domaine de Rhuys : 12 livres.

Rentes sur diverses maisons et prés : 24 livres 6 sols.

Constituts sur divers particuliers 101 livres 17 sols.

Total : 5.287 livres 3 sols.

CHARGES

Intérêts des emprunts pour la construction de la maison : 643 livres.

Réparations aux maisons de la ville et autres : 250 livres.

Travaux des vignes : 250 livres.

Frais de vendanges, de récoltes, etc. : 700 livres.

Décimes du roi : 422 livres.

Rente due au domaine : 15 livres.

Total : 2.280 livres.

En retranchant les charges du revenu total, il reste donc 3.007 livres 3 sols pour l'entretien du culte, la nourriture et l'habillement des religieux, les gages des domestiques, et l'extinction graduelle des dettes, sans compter beaucoup de petites dépenses accessoires.

En ce qui concerne le mobilier en 1790, il y avait : 

A l'église : une lampe, six grands chandeliers et dix petits, le tout de cuivre.

A la sacristie : un soleil, deux calices, un ciboire, une lampe, une croix de procession, un plat et des burettes, un encensoir et sa navette, et deux petits reliquaires, le tout en argent.

De plus, 23 chasubles de diverses couleurs, deux dalmatiques, douze parements d'autel, dix aubes, etc...

A la salle à manger : quinze couverts, une écuelle, quatre grandes cuillères, huit cuillères à café, le tout en argent. De plus, une trentaine de nappes, vingt à trente, douzaines de serviettes, quatre chandeliers argentés, etc... 

A la cuisine : casseroles, et batterie ordinaire.

Dans les chambres : cinq lits garnis, avec armoires, tables, chaises, etc... 

A la bibliothèque : environ 100 volumes in-folio, 150 in-quarto, 40 in-octavo et 4 à 500 in-douze.

Aux granges et écuries : un pressoir monté, une charrette et un vieux cheval. 

(Arch. Q. 301).

Tous les biens mobiliers furent confisqués aussi bien que les immeubles, et le tout vendu au profit de la nation, sauf l'argenterie qui fut envoyée à la Monnaie.

Le 20 avril 1791, le premier pré du Bundo fut adjugé au sieur Mouillé pour 1.168 livres.

Le même jour, une maison et son jardinet à Sarzeau furent cédés au sieur Touzeau pour 700 livres.

Le 28 septembre 1791, le couvent, les maisons et l'enclos furent adjugés à Jean-Claude Valet, de Vannes, pour 16.400 livres.

Le même jour, une maison et son jardin furent vendus au sieur Borchers, en faveur de la somme de 1.850 livres.

Le 9 novembre 1791, la seconde prairie du Bundo fut cédée à M. Jollivet pour le prix de 2.370 livres.

Le même jour, une prairie située près de Sarzeau fut abandonnée au sieur Ribot pour la somme de 1.750 livres.

Le 3 mars 1792, une maison et un jardin furent adjugés à M. Villemain au prix de 1.108 livres.

Le 30 mars 1792, une tenue à Kerhern en Pluvigner fut vendue à M. Le Conte pour 3.350 livres.

Le 13 mars 1794, deux prés et des terres furent vendus à M. Brunet pour la somme de 2.340 livres.

Le même jour, quatre prairies furent vendues à MM. Borchers et Valet pour le prix de 2.165 livres.

Le 23 avril suivant, deux vignes furent adjugées à Jean-Claude Valet pour la somme de 3.077 livres.

Le même jour, une maison et un jardinet, rue du Marché, furent cédés au même Valet pour 800 livres.

Le 30 juillet 1794, une maison et un jardin, près du couvent, furent adjugés à M. Javouray pour 1.825 livres.

Le 5 août 1796, la sacristie et la chapelle de la congrégation furent vendues au susdit Valet pour 720 livres.

Le 8 avril 1798, l'église des Trinitaires fut adjugée au même Valet pour 12.159 livres, en assignats dépréciés qui ne valaient pas 1.200 livres en argent.

Enfin, le 2 mars 1799, trois parcelles de terre furent vendues à J. M. Layec pour 672 livres.

Tout était vendu ; la fondation de Jean III n'existait plus. L'église, la sacristie et la chapelle de la congrégation étaient condamnées à disparaître.

Plus tard, la propriété du couvent et de l'enclos fut achetée par M. Paschal Lange, de Lorient, qui la vendit en 1847 à la société de Picpus. Ces religieux ont alors relevé la chapelle et amélioré la propriété.

(J.M. Le Mené et G. Mollat).

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