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LES FRERES MINEURS OU CORDELIERS DE BERNON EN SARZEAU

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Bernon est situé à 4 kilomètres au nord-ouest de Sarzeau. Là se trouvait une ancienne maison de campagne des ducs de Bretagne. Jean II (1286-1305) y séjournait volontiers, comme le prouvent les comptes de, son trésorier. Ses successeurs aimaient à y respirer le grand air : ils avaient au nord le golfe pittoresque du Morbihan, avec ses innombrables îles, au sud l'immense Océan, et vers le sud-est la forêt de Rhuys et le château de Sucinio.

Ville de Sarzeau (Bretagne).

Le duc François Ier renonça à tous ces agréments, pour fonder, vers 1449, dans sa propriété de Bernon, une communauté de Frères Mineurs de l'Observance. L'acte de foundation n'existe plus aux Archives départementales, mais on trouve dans le testament du duc un article ainsi conçu : « Item, voulons et ordonnons le convent de Bernon, par nous en commencé, estre parachevé et accompli... Donné et faict nostre ville de Vannes, le 22e jour de janvier 1449 (N. S. 1450) ». (Pr. II. 1519).

Ainsi on travaillait au couvent en 1449, et il est probable qu'il fut habité l'année suivante. Le duc fondateur mourut le 17 juillet 1450, au château de Plaisance près Vannes, et fut inhumé dans le chœur de l'église abbatiale de Redon, où il avait choisi lui-même sa sépulture. Sa fondation de Bernon vers 1449 semble répondre à celle que son frère Pierre avait faite deux ans auparant à l'île Sainte-Catherine.

Le duc François Ier assigna à cet établissement une aumône annuelle de 50 livres tournois, qui fut reconnue par le roi François Ier le 21 février 1527 (N. S.), par le roi Henri II le 6 octobre 1547, et par Louis XV le 12 avril 1723 : elle se payait encore en 1790 à Nantes.

Une autre rente de 200 livres tournois sur le domaine du roi, payable à Rennes, et servie jusqu'à la Révolution, paraît représenter la dotation primitive et les services religieux imposés à la communauté.

En ajoutant à ces revenus les honoraires des messes et des prédications, le produit des quêtes et la jouissance de l'enclos, on aura l'ensemble du temporel.

Avec le temps, il y eut quelques fondations de services religieux. Ainsi, en 1608, Vincent Huteau, sieur de Boédic, fit son testament et légua 300 livres aux moines de Bernon ; le capital fut placé, et la rente servit à faire dire des messes.

De même, le 22 janvier 1625, Pierre Le Livec, sieur de Kerbodo, donna sa maison d'Auray à Bernon, à condition d'avoir des services religieux, les uns à Auray, les autres au couvent ; cette maison fut saisie en 1693, pour refus de payer pour elle une taxe de 232 livres ; elle fut vendue 300 livres.

Ainsi encore les religieux ayant fait les obsèques solennelles de Françoise du Lain, dame de Monternault et de Beausoleil, en 1629, et celles de Jean de Noyal, son mari, en 1630, leur fils Jean de Noyal assigna une rente annuelle de 36 livres tournois sur sa propriété de Beausoleil, pour l'entretien de leur sépulture dans la chapelle et la célébration de services religieux.

De même, Marie Le Goff, épouse de Me Noël Surzur, procureur au siège royal de Rhuys, légua, par son testament du 2 juin 1688, une rente annuelle de 15 livres, pour avoir des services et des messes pour elle et son mari.

Ces services et d'autres fondations semblables aidaient les religieux à vivre. La maison, en 1664, comptait 32 religieux, mais tous n'étaient pas au couvent la fois, plusieurs étant occupés au dehors à prêcher des carêmes ou des avents.

Plan du couvent des Frères Mineurs ou Récollets de Bernon (Sarzeau, Bretagne).

Parmi les gardiens de Bernon, on peut citer :
P. Jacques Raoul, en 1585.
P. Yves S..., en 1595.
P. Julien Bauder, en 1611.
P. Mathurin Jossert, en 1620.
P. Julien Bauder, en 1624.
P. Pierre Le Roux, en 1627.
P. Jacques Rio, en 1636.
P. Michel Le Métayer, en 1641.
P. Martin Deslandes, premier gardien Récollet, en 1642.
P. François Bizien, en 1644.
P. Jean Allaire, en 1645.
P. Pierre Le Diouguel, en 1646.
P. Isidore de May, en 1648.
P. Bernardin de Gaudemont, en 1650.
P. Siméon Cauvet, en 1652.
P. Charles Brehault, en 1654.
P. Eusèbe Le Du, en 1656.
P. Vincent Le Mouel, en 1658.
P. N..., en 1660.
P. Séverin de Beauregard, en 1662.
P. Chrysologue Simonneau, en 1664
P. Justin Alliou, en 1666.
P. René Couesnel, en 1668.
P. Justin Alliou, en 1671.
P. Laurent Perrin en 1673.
P. Chérubin Collet, en 1674.
P. Laurent Perrin, en 1675.
P. Antoine Désalleurs, en 1677.
P. Théodore Le Boulleux, en 1679.
P. Chérubin Collet, en 1681.
P. Antoine Désalleurs, en 1683.
P. Pierre Le Roux, en 1684.
P. Chrysostome Maligorn, en 1686.
P. Casimir Fablet, en 1688.
P. Vincent Gachot, en 1691.
P. Bonaventure Geffroy, en 1693.
P. Joseph de Kergadiou, en 1697.
P. Nathanaël Le Tohic, en 1701.
P. François Marie, en 1703.
P. Bonaventure Geffroy, en 1704.
P. Chrysostome Maligorn, en 1706.
P. Jean l'Évang. Henry, en 1709.
P. Norbert Le Joubioux, en 1712.
P. Grégoire Guillemot, en 1714.
P. Daniel Kergoff, en 1715.
P. Grégoire Guillemot, en 1718.
P. Chrysostome Maligorn, en 1719.
P. Bénin Le Dorz, en 1720.
P. Daniel Kergoff, en 1721.
P. Henri-Max. Soret, en 1723.
P. Gratien Raoul, en 1727.
P. Innocent Louis, en 1744.
P. Henri-Max. Le Verger, en 1755.
P. Antonin Perron, en 1771.
P. Didace N..., en 1775.
P. Paul Durox, en 1779.
P. Didace N..., en 1781.
P. René Denis, en 1789.

Voici quelle était la disposition des bâtiments, au moins dans les derniers temps. Le couvent formait un carré et avait un cloître entourant un petit parterre. Sur le côté du midi était la chapelle, avec une chaire du côté de l'évangile, quatre confessionnaux et deux autels ; derrière le maître-autel se trouvait le chœur des religieux, surmonté d'un petit clocher ; puis la sacristie avec une salle au levant. Sur le côté nord étaient situées la cuisine, deux décharges et une salle. Sur les côtés du couchant et du levant étaient le réfectoire et la salie capitulaire, avec plusieurs pièces accessoires. Au premier étage se développait une série de chambres ou de cellules, destinées aux religieux de la maison et aux étrangers qui venaient pour les chapitres provinciaux. Au-dessus s'étendaient de vastes greniers. (Voir le plan.).

Au nord des bâtiments, il y avait dans la cour une fagoterie, un pressoir, deux écuries, une boulangerie, et derrière celle-ci une petite vigne et un petit verger, séparés par le chemin qui conduisait au bois taillis. Ce bois, situé au nord-ouest, était divisé en neuf coupes et suffisait à la consommation de la communauté ; on y voyait une petite chapelle voûtée en pierre et surmontée d'un calvaire.

A l'est du couvent, vers la mer, s'étendait un jardin muré, partagé en quatorze carrés. Au bas du jardin se trouvait comme aujourd'hui encore, une maison qui pouvait servir de buanderie, et dont le premier étage servait de logement au jardinier.

M. du Buisson-Aubenay, qui visita le couvent en 1636 s'exprime ainsi : « Les armes de la duchesse Anne avec l'alliance de France sont au grand vitrail de l'église, qui est petite et fort basse. Le cloistre est chétif, mais le jardin est beau, et accompagné de longues allées de haults et gros lauriers, que l'on va voir par curiosité, avec une petite maisonnette ayant une fontaine d'eau douce, et une seule chambre haulte.

Outre ce jardin, il y a un bosqueteau à costé de la court, où il y a aussi force lauriers. Mais la pluspart sont morts par le grand hyver, ou par la négligence des religieux, qui subjects à devenir paralytiques en ce lieu là, en ont attribué la cause à l'odeur ou vapeur qui sort des lauriers, lesquels ils ont pour ceste raison négligés et laissés aller en décadence ».

C'est six ans après ce voyage, savoir le 3 mai 1642, que la réforme des Récollets fut introduite à Bernon, avec le P. Martin Deslandes pour gardien, conformément à la décision du chapitre provincial réuni à Cézambre.

En 1647, ils furent tracassés pour le passage en franchise de leurs provisions. C'est pourquoi ils adressèrent au roi la supplique suivante :

« Les relligieux mendiants Récollets de l'estroicte observance de Saint-François, de Bernon, isle de Rhuis en Bretaigne, remonstrent très humblement à Votre Majesté qu'encore que par les privilèges de nos roys, .. tous les religieux et religieuses de l'ordre de Saint-François soient exempts, francs et déchargés de tous ports, péages, subsides, passages et impôts quelconques, mis et à mettre sur toutes et chacunes les provisions que les d. religieux et religieuses feront amener et conduire en leurs convents par eau et par terre, tant bleds, vins, bois, poissons salés, que toutes provisions a eux nécessaires, — néantmoins, par une prétention nouvelle, au mois de décembre 1647 , les commis de M. Toussaint de la Ruelle, fermier général des cinq grosses fermes, traites et impositions foraines d'Anjou, voyant que les suppliants et leur père spirituel vouloient faire transporter de la province d'Anjou en leur d. convent situé en celle de Bretaigne un tonneau de pruneaux, un tonneau d'huile de noix et 35 pipes de vin, tant pour servir aux messes qui se célèbrent journellement au d. convent, que pour la nourriture des religieux d'iceluy et des hostes et religieux que y passent et y font séjour, suivant leur règle, l'auraient empesché, alléguant pour raison devant les maistres des ports et juges des traites que les suppliants ne sont point des quatre ordres mendiants, lesquels Sa Majesté par le bail du d. Ruelle a exemptés, tellement que par sentence du d. maître des ports auroit esté ordonné que les d. suppliants se pourvoieroient vers Votre Majesté ...

Qu'il vous plaise descharger les suppliants de tous et chacuns droits de péage, contrée, sortie et autres impositions généralement quelconques, pour les vivres et commoditez nécessaires pour leur voyage en leur d. couvent de Bernon ».

On ne connaît pas la suite de cette affaire, mais les Récollets étant une branche de l'ordre mendiant de Saint-François, durent certainement obtenir la franchise pour leurs provisions.

Le père temporel de leur couvent était Claude de Francheville, seigneur de Truscat, au moins depuis 1669 jusqu'en 1681; après lui c'était son fils Daniel, au moins jusqu'en 1690. C'est ce même Daniel qui fut avocat général du roi au parlement de Bretagne, puis évêque de Périgueux.

En 1693, le 21 mai, le P. Vincent Gachot, gardien du couvent de Bernon, déclara, pour satisfaire aux ordres du roi, qu'il y avait dans l'enclos un bois taillis, contenant environ quatre journaux, et un bouquet de bois divers d'un demi-journal, mais aucun bois d'œuvre.

Vers 1700, les Récollets eurent un différend avec le seigneur de Kerlein, qui avait un banc dans leur église et qui en retour leur avait donné le droit de pêche dans son étang, avec fourniture de bateau et de filets. Or le seigneur ayant désséché son étang pour le convertir en pré, le droit des religieux se trouva naturellement supprimé. Ceux-ci réclamèrent une compensation, et ne l'ayant pas obtenue, ils mirent en 1701 à la porte de leur chapelle le banc du seigneur.

Le 12 août 1724, M. Claude Le Vacher, nouveau seigneur de Kerlein, voulant rétablir les privilèges de ses prédécesseurs, obtint des religieux le droit de remettre un banc seigneurial, moitié plus petit que le premier, dans leur chapelle, du côté de l'évangile et sous la chaire, avec enfeu au-dessous et armoiries de Kerlein dans la fenêtre voisine et dans l'infirmerie. En retour il promit de leur donner, tous les ans, 200 bottes de foin, une barrique de vin du cru de Kerlein, et une perrée de gros froment de Rhuys.

Les religieux acceptèrent la libéralité et promirent de dire une messe basse par semaine, jusqu'au temps portépar les constitutions de leur ordre. Les religieux de la maison étaient alors le P. Henri-Maximilien Soret, gardien; le P. Victorin Le Gallic, vicaire; le P. Antonin Ryo, discret ; le P. Fortuné Bézien, prêtre ; le P. Pierre Le Rouzic, prêtre ; et le F. Prosper Loger, diacre ; auxquels iL faut ajouter quelques frères servants.

Le seigneur de Kerlein n'était pas le seul à jouir du droit d'enfeu dans la chapelle de Bernon, le seigneur de Keralvé ou Keralier avait le même privilège, comme le prouve l'acte suivant:

« Le 21 janvier 1768, inhumation de Messire Joseph-François, comte de Sérent, chef de nom et armes, gouverneur de l'île de Rhuis, etc.., décédé la veille au soir en son château de Keralvé, dit Keralier, frairie de Coterscoufle en Sarzeau, à l'âge d'environ 69 ans. Le convoi, tant par égard que sur la prière de la famille, attendu la rigueur de la saison, les mauvais chemins et la proximité de Bernon, au lieu de venir d'abord à l'église paroissiale de Sarzeau, selon les lois et l'usage, pour y faire les prières accoutumées, a été dirigé à la d. église de Bernon, la communatité des Pères Récollets, croix levée, précédant le clergé ; MM. Le Denays de Kercambre, Rado du Matz, de Coftournic, et de Francheville, gentilshommes, priés par la famille pour porter les coins du poële, accompagnant le char drapé où était porté le corps ; la communauté de ville de Rhuis, la cloche de ville battant le glas, s'y étant également rendue, la milice bourgeoise sous les armes depuis Keralvé jusqu'au lieu et fin de la cérémonie, rendant les honneurs funèbres.

Vers trois heures après midi, le convoi étant arrivé à l'église de Bernon, le corps a été présenté aux religieux et déposé par nous recteur, après le discours funèbre d'usage en pareille circonstance,.. et après le nocturne et autres prières chantées et l'absoute faite, il a été inhumé dans l'enfeu du d. seigneur de Sérent, en la chapelle de la Sainte-Vierge de cette église, comme seigneur de Keralvé.. ». (Reg. Sarzeau).

En 1790, la communauté comprenait :
1° P. René Denis, de Pontivy, gardien, 43 ans.
2° P. Louis Bonic, de Saint-Pierre de Vannes, 65 ans.
3° P. Yves-Joseph Le Drogo, de Neulliac, vicaire, 38 ans.
4° P. Honoré Morice, de Quintin, 50 ans.
5° Fr. Jean-l'Évangéliste Gilbert, de Rennes, clerc, 40 ans.
6° Fr. Jean-Marie Dordelin laïc, 51 ans.
7° Fr. Jean-Eugène Allanic, laïc, 39 ans.
8° Fr. Toussaint Jaffré, laïc, 33 ans.

Le P. Morice et trois frères se réfugièrent à Pontivy le 1er avril 1791, mais ils en furent bientôt chassés : les autres se dispersèrent d'eux-mêmes.

Le mobilier du couvent fut vendu les 27 et 28 avril 1791, et produisit 497 livres 17 sous. La bibliothèque, renfermant environ 1015 volumes, et l'argenterie, comprenant trois calices, un ciboire, un soleil et une croix, furent réservés.

Le couvent, pris à bail par le P. Denis le 31 mai 1791, pour 330 livres par an, fut vendu avec l'enclos, le 27 juin 1796, à Jacques Reignier, marchand de vin à Vannes, pour 26.000 livres. Il a passé depuis en diverses mains. Les batiments ont disparu les uns après les autres ; les derniers restes du couvent ont été démolis en 1896.

Note : L'ordre de Saint-François d'Assise, fondé en 1209, a subi dans le cours des siècles plusieurs réformes partielles. La plus considérable et la plus célèbre de toutes les congrégations réformées fut celle qu'on nomma de l'Observance régulière. Fondée en Italie par Frère Paulet de Trinci en 1368, elle passa en France en 1388 et s'étendit graduellement sur tout le territoire. Elle obtint en 1444 d'être gouvernée par un vicaire général, qui fut tout d'abord saint Bernardin de Sienne ; il y eut même bientôt deux vicaires généraux l'un pour les provinces de l'Italie, l'autre pour les autres contrées. Ces vicaires généraux étaient simplement confirmés par le ministre général de l'Ordre ; mais dans leur administration ils ne relevaient que du Saint-Siège. En 1517, cette congrégation, devenue très nombreuse, fut érigée en famille distincte, et eut son propre ministre général. Les religieux portent une robe brune et un cordon blanc ; ils sont appelés tantôt Observantins, tantôt Cordeliers de l’Observance, et aussi Franciscains ; ce dernier nom est aujourd'hui le plus usité. Ils ont eu quatre couvents dans le diocèse de Vannes, savoir : l'île Sainte-Catherine dans le Blavet, Bernon en Sarzeau, Bodélio en Malansac, et enfin Pontivy. Une autre réforme, issue de la précédente, et dite de l’étroite observance, s'introduisit en France en 1584. Les religieux de cette congrégation, appelé Récollets, eurent des supérieurs provinciaux, mais ils restèrent soumis au ministre général de l'Observance ; celui-ci pouvait être pris, tantôt chez eux, tantôt chez les Observantins. Ils s'étendirent rapidement, soit en fondant de nouvelles maisons, soit en occupant celles des Observantins qui demandèrent à embrasser leur réforme. C'est par ce second moyen qu'ils s'introduisirent dans le diocèse de Vannes.

Jh.-M. Le Mené.

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