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APPARITION DE LA SALETTE.

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La Salette est une paroisse du canton de Corps, au département de l'Isère, diocèse de Grenoble, à environ 40 kilomètres au Sud-Est de cette ville. Le 19 septembre 1846, il se passa sur une des montagnes de cette paroisse un fait merveilleux et extraordinaire que nous allons raconter.

Au hameau des Ablandins, sur le territoire de la Salette, se trouvaient à cette date deux enfants, employés comme bergers à la garde des troupeaux de leurs maîtres. Mélanie Mathieu (Calvat), née à Corps, le 7 novembre 1831, âgée de 15 ans, était depuis six mois au service de Baptiste Pra. Maximin Giraud, né également à Corps le 27 août 1835, venant de terminer sa 11ème année, avait été gagé comme pâtre le 13 septembre par Pierre Selme.

Tous les deux conduisaient et gardaient les vaches de leurs maîtres dans un endroit de la montagne désigné sous le nom de Planeau-sous-les-Baisses. Ils se virent pour la première fois le jeudi, 17 septembre. Le vendredi ils se rencontrèrent encore et firent plus ample connaissance ; et au déclin du jour ils se séparèrent en se disant : à demain, à qui sera le premier sur la montagne !

Le lendemain, 19 septembre, était un samedi de Quatre-Temps, veille de la fête de Notre-Dame des Sept-Douleurs. Les enfants revinrent, amenant leurs troupeaux et se retrouvèrent de nouveau. Dans le ravin de la Sézia, qui limite à l'Ouest le Planeau-sous-les-Baisses, sont trois sources : l'une appelée la Fontaine-des-Bêtes, où l'on avait coutume d'abreuver les troupeaux ; une autre dénommée la Fontaine-des-Hommes, plus propre et non souillée par les pas des animaux ; la troisième, la Petite-Fontaine, qui était intermittente ; elle était à sec en ce moment de l'année et ne coulait qu'à l'époque des grandes pluies et à la fonte des neiges.

Entre onze heures et midi les deux enfants menèrent leurs vaches s'abreuver à la Fontaine-des-Bêtes. A leur retour ils entendent la cloche du village sonner l'Angelus et, laissant leurs bêtes regagner leur pâturage, ils vont au bord de la Fontaine-des-Hommes faire leur petit repas. Ils déposent ensuite leurs panetières près de l'endroit où ils avaient mangé et finissent par s'endormir à quelques pas l'un de l'autre.

Vers trois heures Mélanie s'éveille ; ne voyant plus les vaches, elle appelle Maximin qui se lève aussitôt. Ils gravissent la pente qui les sépare du Planeau et aperçoivent leurs bêtes tranquillement couchées sur les flancs de la colline voisine, le mont Gargas. Ils revenaient vers le banc de pierre où ils avaient laissé leurs sacs de provisions, quand Mélanie aperçoit, à l'endroit même où ils avaient reposé, un globe lumineux plus brillant que le soleil.

Sans tarder, la bergère appelle l'attention de Maximin sur cet étrange phénomène. Pendant que tous deux le contemplent, le globe lumineux s'entrouvre, et laisse apparaître dans son intérieur « une Dame » assise sur des pierres amoncelées en forme de banc rustique, les coudes appuyés sur les genoux, la tête plongée entre les mains, comme accablée par un pesant chagrin.

Sous les yeux des bergers immobilisés par la peur, l'Apparition se lève, ôte, de devant sa figure, ses mains qu'elle cache dans ses manches larges et longues, croise le bras droit au-dessus du bras gauche et fait quelques pas vers les petits pâtres en leur disant : « Avancez, mes enfants, n'ayez point peur, je suis ici pour vous annoncer une grande nouvelle ».

A ces paroles, d'une douceur infinie, les voyants s'élancent confiants, vers la Dame, l'approchant de si près qu'une personne, ont-ils dit, n'aurait pu passer entre Elle et eux. Ainsi placés à ses pieds, ils sont tout yeux pour la considérer, et tout oreilles pour l'entendre. Ils remarquent qu'Elle pleure, qu'Elle est d'une taille élevée, et que ses traits respirent la tristesse, la bonté et la majesté. Elle porte sur la tête une coiffure blanche, surmontée d'un diadème étincelant, garni à sa base d'une couronne de roses lumineuses aux nuances variées. Sa robe, blanche aussi, est parsemée de points brillants, et recouverte, sur le devant, d'un tablier aux reflets d'or. Un fichu, également blanc, se croise sur sa poitrine ; les bords en sont ornés d'une seconde guirlande de roses, et d'un semblant de galon en forme de grosse chaîne. Sur son cœur repose, suspendu au cou par une chaînette, une croix au Christ resplendissant et dont les branches sont accompagnées, l'une de tenailles entr'ouvertes, l'autre d'un marteau. Elle porte aux pieds des souliers blancs constellés de perles, surmontés de boucles d'or, et entourés d'une troisième guirlande de rose. Enfin toute sa personne est entourée d'une double auréole de gloire, dont la splendeur cependant, n'atteint pas encore l'éclat de son visage.

Ouvrant de nouveau la bouche, l'Apparition dit aux enfants : « Si mon peuple ne veut pas se soumettre, je suis forcée de laisser aller le bras de mon Fils ; il est si lourd et si pesant, que je ne puis plus le retenir. Depuis le temps que je souffre pour vous, si je veux que mon Fils ne vous abandonne pas, je suis chargée de le prier sans cesse, et vous, vous n'en faites pas cas. Vous aurez beau prier, beau faire, jamais vous ne pourrez récompenser la peine que j'ai prise pour vous.

Je vous ai donné six jours pour travailler, je me suis réservé le septième, et on ne veut pas me l'accorder ! C'est ce qui appesantit tant le bras de mon Fils !

Ceux qui conduisent les charrettes, ne savent pas jurer sans y mettre le nom de mon Fils. Ce sont les deux choses qui appesantissent tout le bras de mon Fils.

Si la récolte se gâte, ce n'est qu'à cause de vous. Je vous l'ai fait voir l'année passée, par les pommes de terre ; vous n'en avez pas fait cas ; au contraire, quand vous en trouviez de gâtées, vous juriez et vous y mettiez le nom de mon Fils. Elles vont continuer à pourrir, et cette année, pour Noël, il n'y en aura plus ».

A ces mots : « pommes de terre, » comme Mélanie (qui ne savait, ainsi que Maximin, que le patois du pays) jetait sur son compagnon un regard étonné, la mystérieuse Interlocutrice s'interrompant : « Ah ! dit-elle, vous ne comprenez pas le français, mes enfants ; eh bien ! attendez, je vais vous parler autrement ».

S'exprimant dès lors en patois, Elle répète sa dernière phrase et continue :

« Si vous avez du blé, il ne faut pas le semer, car tout ce que vous sèmerez, les bêtes le mangeront, et ce qui viendra tombera en poussière quand vous le battrez.

Il viendra une grande famine ; mais avant qu'elle arrive, les petits enfants au-dessous de sept ans prendront un tremblement, et mourront dans les bras des personnes qui les tiendront ; les grands feront pénitence par la faim. Les raisins pourriront, et les noix deviendront mauvaises ».

A cet endroit de son discours, la Dame, se tournant un peu vers Maximin, lui confie un secret. Le petit berger ne trouve pas que son ton de voix ait changé, et cependant, à ses côtés, Mélanie n'entend plus rien, bien qu'elle voie remuer les lèvres de l'Apparition. Vient ensuite le tour de la bergère de recevoir sa confidence particulière, dans les mêmes conditions que son compagnon. Les deux secrets ont été donnés en français.

Se faisant de nouveau entendre à tous les deux à la fois, la Dame continue en patois :

« S'ils se convertissent, les pierres, les rochers, deviendront des monceaux de blé, et les pommes de terre se trouveront ensemencées d'elles-mêmes ».

Puis Elle interroge les bergers :

« Faites-vous bien votre prière, mes enfants ? ».

« Oh ! non, Madame, pas beaucoup, » répondent-ils avec une égale franchise.

« Ah ! mes enfants, reprend-Elle, il faut bien la faire, soir et matin ; quand vous n'aurez pas le temps, dites au moins un Pater et un Ave Maria, et, quand vous le pourrez, dites-en davantage. Il ne va que quelques femmes un peu âgées à la messe, les autres travaillent le dimanche tout l'été, et, l'hiver, ils ne vont à la messe que pour se moquer de la religion. Pendant le Carême, ils vont à la boucherie comme des chiens ».

Une nouvelle question jaillit alors des lèvres de la douce Visiteuse :

« N'avez-vous pas vu du blé gâté, mes enfants ? ».

Maximin répond aussitôt pour sa compagne et pour lui :

« Non, Madame, nous n'en avons point vu ».

« Mais toi, mon enfant, insiste-t-Elle, s'adressant spécialement au petit garçon, tu dois bien en avoir vu, une fois auprès du Coin, avec ton père. Le maître du champ dit à ton père : Venez voir mon blé gâté. Vous y allâtes tous deux. Vous prîtes deux ou trois épis de blé dans vos mains, vous les froissâtes, et tout tomba en poussière. Puis, vous vous en êtes retournés. Quand vous n'étiez plus qu'à une demi-heure de Corps, ton père te donna un morceau de pain, en te disant : Tiens, mon enfant, mange encore du pain cette année ; je ne sais pas qui en mangera l'année prochaine, si le blé continue à se gâter de la sorte ».

En face de ces détails si précis, les souvenirs de Maximin se ravivent, et il répond :

« C'est bien vrai, Madame, je m'en souviens maintenant, tout à l'heure je ne me le rappelais pas ».

Alors la Dame, usant de nouveau du français, comme pour le commencement de l'entretien et la tradition des secrets, dit par deux fois en cette langue : « Eh bien ! mes enfants, vous le ferez passer à tout mon peuple ».

Ce furent ses dernières paroles.

Maintenant la glorieuse Visiteuse, entourée de ses voyants que l'admiration et l'amour attachent à ses pas, gravit lentement, sans toutefois toucher le sol, ni même faire plier la pointe de l'herbe, le petit tertre sur lequel les bergers étaient montés pour s'enquérir de leurs vaches. Un peu avant d'en avoir atteint le sommet, Elle s'arrête, s'élève à un mètre cinquante environ du sol, la face tournée dans la direction de Rome. Ainsi suspendue, Elle lève les yeux au ciel, et les abaisse ensuite vers la terre. A cet instant seulement, Elle cesse de pleurer ; puis Elle commence à s'effacer, « à se fondre, » ont dit les enfants. L'Apparition avait duré, croit-on, une bonne demi-heure [Note : Cette relation a été empruntée presque textuellement au livre du P. Louis Carlier : « l'Apparition de Notre-Dame sur la Montagne de la Salette ». Quelques détails ont été pris dans le volume « La Salette », par I. Bertrand, Paris, Bloud et Cie].

***

Les deux bergers, revenus le soir au village des Ablandins, racontèrent cette Apparition à leurs maîtres et à quelques voisins, puis, sur le conseil de ceux-ci, dès le lendemain matin, dimanche, à M. l'abbé Perrin, curé de la Salette, et cela, avec une grande simplicité et une parfaite concordance dans leur récit. A mesure que les jours s'écoulaient, le nombre des curieux et des interrogateurs augmentait ; les enfants se prêtaient docilement et simplement à recommencer leur narration, Mélanie à la Salette, et Maximin à Corps, où il était rentré le dimanche même, lendemain de l'Apparition.

Ce qui étonnait tous ceux qui les entendaient, c'était la candeur de leur langage et surtout la facilité avec laquelle ils répétaient en français ce que la Belle Dame leur avait dit en cette langue, qu'ils ne connaissaient pas auparavant et qu'ils ne comprenaient même pas en ce moment, n'ayant jamais parlé que le patois de leur pays.

Bientôt les autorités civiles se préoccupent du fait extraordinaire ; M. le Maire de la Salette interroge les enfants séparément et fait en sorte de les amener à se contredire ; il les mène sur les lieux, au Mont-sous-les-Baisses, et se fait accompagner du brigadier de gendarmerie, pour leur en imposer et les intimider au besoin ; rien n'y fait, leur récit reste toujours le même et toujours concordant.

Le lendemain de ce jour, c'est-à-dire le 27 septembre, M. l'abbé Mélin, curé-archiprêtre de Corps, se rendit à son tour sur la montagne, en compagnie des bergers et de cinq autres personnes. Arrivé sur le Planeau, M. Mélin interrogea les enfants avec un soin minutieux, et constata également que leurs réponses étaient d'une précision et d'une clarté remarquables. Il fut frappé, en outre, de l'identité des deux récits, et de l'assurance tout à la fois modeste et ferme des narrateurs, assurance qui excluait toute idée de mensonge.

Dès ce moment, les curieux et les pèlerins commencèrent à affluer sur la Montagne. Ce qui les frappa tous également, ce fut de voir la Petite Fontaine, qui était à sec le jour de l'Apparition et qui jusque-là était intermittente, remplie d'une eau limpide qui jaillissait abondamment et qui n'a jamais cessé de couler depuis. Bientôt aussi eurent lieu des guérisons qui furent obtenues à la suite de prières ou de neuvaines à la Dame de l'Apparition, ou par l'usage de l'eau de la Fontaine coulant merveilleusement depuis cette époque.

Le bruit de ces événements se répandait au loin et attirait d'innombrables visiteurs, tous désireux d'interroger les Voyants. Ceux-ci recommençaient patiemment leur récit, avec la même dignité, la même conviction simple, répondant victorieusement à toutes les questions fallacieuses, démontant sans aucun effort et comme tout naturellement les objections les plus habiles.

La Presse ne tarda pas à s'emparer d'un fait si extraordinaire, et bientôt ce fut dans toute la France un échange d'articles en sens divers, les uns admettant parfaitement une intervention céleste, les autres niant et dénaturant les faits, véritables pamphlets remplis d'erreurs et de mauvaise foi.

Pendant ce temps, l'Evêque de Grenoble, Mgr de Braillard, usant de la plus grande prudence et de la plus grande sagesse, adressait à ses prêtres une lettre-circulaire datée du 9 octobre 1846, leur défendant de se prononcer sur ces faits, de faire imprimer ou publier quoi que ce fût sur ces événements, et en même temps il instituait deux commissions de théologiens pour étudier le fait, pour recueillir tous les renseignements, documents, éclaircissements requis en une matière si grave.

J.-M. Abgrall.

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